Tu es lue gardée lionne lue comme un roman noir
Sous ma loupe ma lampe et sous ma couverture
Mon héroïne mon amante du cinquième art tu es lue
Je parcours dans mon lit tes ratures
Tu es lue entièrement complètement lue
Je te dévore des yeux je me paye ta tranche
Tu te livres à mes doigts de papivore goulu
Et j’annote nos marges avec mon encre blanche
Tu es lue et je pends au cou de tous tes signes
Pourtant je ne perçois de toi que les images
Si lue, de la première à la dernière ligne
Je m’endors glissant en toi mon marque-page
Lue, lue si, tu es lue, lue de la tête aux pieds
Couchée dans ma bibliothèque pirogue
Lançant par dessus-bord tes dessous de papier
Maintenant le suspense jusqu’à notre épilogue
Lue dans les coulisses du métro lue à la lune
Des journaux militants des hebdos à parfum
T’es à poil quoi dans une main qui tient la plume
Et tu laisses après toi ton silence écrivain
Allain Leprest