Je ne me souviens plus de la première fois que j'ai lu le Journal d'Etty Hillesum. Ni même comment ce livre est arrivé jusqu'à moi (Bobin ? Comte-Sponville ?). Mais je sais que c'est probablement un de ceux que j'aurai le plus relus. Celui que j'emmènerais sur une île déserte. J'adore Etty, comme une amie intime, une grande soeur de coeur. Parce qu'elle est tellement vivante, incarnée, désirante, tellement tendue entre le ciel et la terre, comme la Sagittaire que je suis, les sabots bien plantés dans la boue mais la tête levée vers les étoiles.
Etty qui, comme la petite Thérèse de Lisieux, dit : Je choisis tout. Qui écrit en 1942 à Amsterdam, alors qu'elle vit les brimades et les persécutions, voit venir la déportation : Je sais déjà tout. Et pourtant je considère cette vie belle et riche de sens. A chaque instant.
Etty qui tutoie Dieu ou ce qu'elle nomme Dieu en elle, et élargit son amour des hommes - au sens le plus terrestre, sensuel, amoureux du terme - jusqu'à l'amour de l'humanité. Dont les mots mêlent trivialité et spiritualité, humour et sagesse, racontent une histoire, celle de la fille qui ne savait pas s'agenouiller - et qui s'agenouille pourtant. L'histoire d'une âme qui n'en finit plus de s'élever malgré l'étau qui se resserre - parce que cette vie s'accomplit sur un théâtre intérieur : le décor a de moins en moins d'importance.
Etty qui témoigne sa gratitude pour chacun des petits bonheurs qu'elle vit tant qu'il en est encore temps - une chambre propre, un repas préparé, des livres, de bons amis, parce qu'elle voit tous ces possibles s'évanouir peu à peu, et dont les mots prennent une résonance toute particulière en cette période : Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Etty qui témoigne sa gratitude pour chacun des petits bonheurs qu'elle vit tant qu'il en est encore temps - une chambre propre, un repas préparé, des livres, de bons amis, parce qu'elle voit tous ces possibles s'évanouir peu à peu, et dont les mots prennent une résonance toute particulière en cette période : Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Je ne sais pas à quoi ressemblera le monde d'après le virus, et moins encore celui d'après la bascule climatique. Mais je suis certaine que ce texte restera pour moi une source majeure d'inspiration - plus simplement, une source.