To care : j'aime ce mot, qui dit à la fois la précaution, l'attention, la responsabilité, le souci, l'importance, le soin. Care box : un néologisme pour quelque chose comme, boîte à attention (littéralement en anglais imaginaire, trousse de secours).
31 décembre 2024
Winter Wonderland
24 décembre 2024
Merry Christmas !
23 décembre 2024
15 décembre 2024
12 décembre 2024
Cercles
C'est un cercle de femmes, et à chaque rencontre c'est d'une telle richesse - en même temps il est si difficile d'en rendre compte. Mais de celui-ci je voudrais quand même garder quelques pépites ici :
"...la prière non pas comme demande ou comme parole, mais comme écoute silencieuse, lumineuse..."
"Je repense à cette citation de Christiane Singer, voir l'autre comme Dieu le voit, que j'avais d'abord entendue comme « dans sa perfection d'être », et là je le comprends autrement – avec toute sa perfection ET toute son imperfection mais avec un regard inconditionnellement aimant."
Et puis il y a aussi la joie, les cadeaux échangés, les bonnes choses partagées, et le lien qui demeure entre les rencontres - un fil invisible dans la doublure de nos vies.
10 décembre 2024
Maurice
Ses proches l'affublaient d'autres surnoms affectueux, mais plus la fin approchait et plus il insistait pour être appelé par son prénom, Maurice. Il était venu suite à une rechute de cancer, d'abord pour répondre à la demande inquiète d'une de ses filles, et puis il est resté.
Il est resté pour évoquer tranquillement sa mort avant que sa famille ne soit prête à l'entendre, son souhait d'arrêter les traitements, et ses retours d'espoir quelquefois. Il est resté, parce que nous nous sommes vraiment rencontrés, au-delà du cadre de plus en plus précaire des séances - d'abord au cabinet, puis à distance en visio lorsqu'il a été hospitalisé à domicile. Nous avons évoqué les drames de son histoire familiale, sa compagne et ses filles dont il parlait avec une tendresse rieuse. Mais aussi ses questionnements sur le sens de sa maladie et son rapport à celle-ci, sa représentation de la mort, la médecine chinoise et les spiritualités orientales, et sa gratitude pour la veille attentive de ses amis. La prise en charge de la douleur semblait très ajustée, et lui restait très pudique sur les limitations croissantes imposées par son état.
La dernière fois que je l'ai "vu", il portait une belle chemise blanche, et il m'a annoncé qu'il venait de se marier - chez lui, avec un officier d'état-civil dépêché là pour circonstances exceptionnelles. Rien de romantique cependant, juste le souhait de protéger sa compagne de toujours en accomplissant une formalité qu'ils n'avaient pas jugée nécessaire jusque là.
Il a annulé le rendez-vous suivant, trop fatigué, et les deux messages suivants ont été envoyés par son épouse, le premier pour m'annoncer son hospitalisation, et le second son grand départ.
Nos entretiens sont restés jusqu'au bout sous le signe d'une distance amusée, d'un profond respect réciproque, et de quelque chose de l'ordre d'une reconnaissance mutuelle - l'accompagner a été un privilège, et je me suis autorisée à le lui dire. Je pense que j'ai reçu de lui autant que ce que j'espère lui avoir apporté... Lorsque je pense à lui, je vois ce petit garçon métis sur le dos d'une tortue de mer de Guyane partir vers l'horizon... et je souris.
09 décembre 2024
Madeleines
D'abord il y a eu l'avant-première du documentaire sur Michel Legrand au MK2, avec son contrebassiste qui nous a joué en live la Chanson de Maxence, et puis un karaoké surprise à la fin avec le Cake d'amour et la Chanson des jumelles. Et dans la foulée, j'ai fait découvrir Yentl à Elsa et Sissou.
Et puis ce dimanche, dans un Châtelet entièrement rénové, il y a eu le retour des Misérables en version originale, quarante après. Magnifique mise en scène, voix remarquables, et une vraie émotion à retrouver ces mélodies que je connais toutes par cœur. Un peu trop par cœur - le livret a été entièrement remanié et je trépignais de ne pas y retrouver les textes d'origine - en rentrant j'ai trouvé en occasion sur le net un coffret de la version de 1981, ah mais !
01 décembre 2024
Cœur de verre
- Je ne sais toujours pas quoi te dire...
Ca sonnait infiniment sincère, et l'espace de quelques heures, ça m'a apaisée, un peu. Dans cette optique, il n'y ni fautifs ni reproches - mais des mouvements psychiques qui nous dépassent...
24 novembre 2024
Quelques grammes de douceur
23 novembre 2024
08 novembre 2024
Res-source
J'ai redécouvert que les églises étaient aussi ce lieu où il est simplement possible de s'asseoir en silence et de laisser venir ce qui vient - émotions, pensées, larmes, prière, aussi longtemps et aussi librement qu'on le souhaite. Expérimenté qu'il est possible d'aller bien en allant mal, et d'être pleinement accueillie dans mon chagrin, sans pour autant en charger l'autre (et réciproquement). Très touchée par cette phrase dans le film "Sur un fil" : Je crois que je ne suis plus étanche... je crois qu'il y aurait beaucoup à dire là-dessus. Un prochain billet peut-être... En tout cas, c'était délicieux, ce mélange de profondeur et de légèreté.
06 novembre 2024
Enchantement
...ou comment retrouver son âme d'enfant devant la magie renouvelée du Cirque du Soleil. Quand les lits s'envolent au ciel, que les marionnettes prennent vie et que les lustres dansent, comment résister ?
01 novembre 2024
Toussaint
“Grief, I’ve learned, is really just love. It’s all the love you want to give, but cannot. All that unspent love gathers up in the corners of your eyes, the lump in your throat, and in that hollow part of your chest. Grief is just love with no place to go.”
― Jamie Anderson
29 octobre 2024
Déborder
C'est bizarre, j'ai objectivement connu des moments bien plus durs que celui-ci, mais cette rupture amoureuse semble toucher au cœur de... quoi ?
Peut-être de ce qu'il y a de très petite enfance au cœur de chaque lien amoureux profond, peut-être de la blessure qui se ravive avec la fin de cette famille adoptée et adoptive, peut-être parce que dans ce chagrin-là il n'y a que moi en jeu et que ça m'autorise à flancher - personne d'autre à soutenir cette fois.
Peut-être parce l'absence d'une vraie parole sur cette séparation vient répéter d'autres silences. Peut-être à cause de mon coeur qui déborde d'un amour encore bien vivant mais qui ne trouve plus où se poser.
Peut-être simplement c'est le cumul des dernières années, une fois retiré ce filet amoureux qui m'avait rendue si heureuse depuis bientôt trois ans...
...alors, je reste en mouvement bien sûr - déjeuners ou dîners amicaux, le concert d'Arthur Teboul et celui de Nawel, le massage à quatre mains offert par Laurence et Denis, d'autres projets encore. Et surtout, c'est nouveau, je m'autorise à ne pas faire semblant. A appeler. A demander de l'aide et/ou de la présence. A pleurer aussi souvent que nécessaire, et c'est nécessaire tous les jours. A avoir (un peu) moins peur de peser sur l'autre, à ne pas (trop) juger de la légitimité de ma peine.
Et tout est dans ce (un peu) ou ce (trop). Oui, c'est "juste" un chagrin d'amour. Ou plutôt d'amours. Mais... s'il me permet de baisser un peu la garde, et d'accepter d'être parfois fragile, bien plus que je n'en ai l'air, alors peut-être que ça en vaut... la peine.
PS : un autre regard : Vouloir se rencontrer à l’aide d’un autre qui souhaite se fuir, revient à se choisir un bourreau qui viendra décharger tout ce qu’il refuse de rencontrer à son sujet dans l’espace que nous lui offrons, et qui est à la mesure d’un amour qu’il ne peut contacter en lui.
Cet espace devient alors une abyssale crevasse laissée en plein milieu de notre poitrine par la rupture, devenue inévitable face à notre incapacité de transmuter sa fuite en rencontre.
Stephan Schillinger
24 octobre 2024
Sourire
On n'est pas fort de sourire. Le véritable courage, c'est de faire en soi un espace à la peine. Un lieu immatériel où elle peut s'exprimer. L'autoriser à habiter le coeur et les pensées. Sans la laisser tout coloniser. Juste à sa place. A sa juste place. La vivre comme elle vient, quand elle vient (...). Son sourire d'aujourd'hui ne nie pas sa peine. Au contraire, il la révèle. Il dit la cohabitation des sentiments. Non pas la lutte de puissances que l'on croit s'opposer, mais leur compagnonnage apaisé. Elle peut vivre la joie parce qu'elle sait pleurer dans le noir.
Anne-Dauphine Julliand, Ajouter de la vie aux jours
23 octobre 2024
Submergée
Mais – il y a une part incontrôlable dans ce chagrin. Un truc enfantin, viscéral, quelque chose du tout-petit qui panique, un arrachement – un chagrin déraisonnable, qui me fait mal physiquement, me donne la nausée, me fait perdre pied et m'effondrer en gros sanglots, quand c'est possible, et ravaler mes larmes le reste du temps.
21 octobre 2024
Un regard perdu
Et puis le lendemain, je suis partie avant le jour à Strasbourg, pour une audience avec le juge des tutelles dans l'EHPAD où réside désormais mon père. Là aussi, mission accomplie, nous les enfants prenons la main... mais tout était trop pour mon coeur, la désorientation si visible de Gene, les larmes de Clara essayant de dire à notre père que celle-ci n'est plus en état de prendre soin de lui, la colère rentrée de Cyril - sa façon à lui de gérer son anxiété je pense..
Et surtout le regard perdu de Patrice, incapable de répondre à une question du juge, puis prenant lentement conscience, après le départ de celui-ci que quelque chose s'est passé - quelque chose dont il ne saisit pas les enjeux, mais dont il interprète que ce ne peut être que contre lui... ses derniers mots auront été l'expression de sa déception, il s'est fermé, nous l'avons raccompagné non sans mal dans le service.
J'ai souri tristement à l'aide-soignante qui l'a aidé à s'installer à table, elle m'a dit, vous avez le même sourire que votre papa - il y a eu un éclair de douceur dans ce mot spontané, et l'idée que peut-être alors, il lui arrive encore de sourire.
20 octobre 2024
We did it !
Hello , les Amigos
Je vais me faire le héraut du héros Léo
Petiot, quand nous le gardions , avec Yoyo,
Il fallait compter les " dodos" !
N'aimant pas l'eau , pour la douche, fallait le chrono !
C 'est, n'est-ce-pas Elsa, un excellent frérot ?
Puis, aux sports accro, il s'est fait des abdos
Plus beau que le lavabo, il est devenu coeur d'artichaut !
Now, banco pour le bio
Il ira haut... peut-être, jusqu'au CHÂTEAU ?...
BRAVO Léo , notre écolo !!
08 octobre 2024
Ailes
27 septembre 2024
Under pressure
26 septembre 2024
Sur un fil
Si je me suis trompé, en disant : je t'aime, je préfère avoir dit : je t'aime. On ne me fera pas envier celui qui a eu raison sans aimer (Philippe Léotard).
Folie dure
C'est fou oui. J'ai beau avoir des dizaines (centaines ?) d'heures de travail sur moi à mon actif, j'ai beau savoir que dans ces brusques montées de chagrin incoercible se jouent non seulement le présent immédiat, mais toute la solitude de l'enfance face à l'abandon de l'un, à la dépression de l'autre, ici parfaitement combinées, condensées comme diraient les psys, je plonge quand même.
Largement aidée par l'absorption heure après heure des mêmes détresses archaïques chez ceux que j'accueille, sans plus avoir ce lest interne du - je suis celle qui aime et qui est aimée, voir post suivant. A chaque étape douloureuse de ma vie, je redécouvre non pas l'Amérique mais à quel point il est impossible de faire ce métier sans s'enraciner dans un amour. Et je le fais quand même - quelle est l'alternative ?
Grand bien vous fasse
Il y a un brin d'ironie douce-amère, dans le titre de l'émission dont cette interview est extraite...
...parce que l'amour c'est à la fois le sentiment le plus puissant - d'une puissance à déplacer les montagnes - ce qui fait qu'on peut aimer par exemple une personne qui n'est pas du tout faite pour nous, mais c'est la puissance de l'amour, et absolument fragile parce que comme tout dans la vie, ça passe ! Et ça je crois que quand on aime on est à la fois tenaillé et angoissé par sa puissance - y en a jamais assez, on en veut encore plus, on n'aime jamais à satiété, et en même temps on a la phobie que ça puisse finir. Pourquoi ? Parce que je crois que l'amour est le seul sentiment qui nous donne une raison d'être immédiate. C'est-à-dire, qui suis-je quand j'aime et quand je suis aimée ? Je suis celle qui est aimée et qui aime. Donc imaginez qu'on me retire ça ? Je n'ai plus de sol, je n'ai plus de raison d'être.
Avant, les intervenantes - toutes des femmes, tiens donc - parlaient du retour de l'instabilité, de la perte de ce qui fait repère, et du fait qu'on veut par conséquent à tout prix (à tout prix...) préserver cette stabilité, quitte à se mentir ou à mentir aux autres. Plus loin, elles parlent de la fin de l'élection amoureuse qui nous rend à l'anonymat - ce sentiment d'être à nouveau perdue dans la foule...
Alors ici - peut-être n'y est-on pas vraiment à ce jour dans le désamour, ou juste au bord, ce qui n'est pas moins douloureux peut-être - dés-espoir et haine de soi d'un côté, tendresse impuissante et désolée de l'autre. Mais chacun de ces mots me parle. Oui, je sais que j'existe en dehors de ce chagrin, oui, il y a néanmoins, du sens, du lien et des joies possibles dans cette vie. Ce qui ne me préserve nullement de ces moments récurrents et incontrôlables où effectivement le sol se dérobe sous mes pas, et où c'est l'enfance qui sanglote en moi.
15 septembre 2024
L'effet mer
...est-il éphémère ? Pas sûr, surtout quand on est aussi gâtées - météo, maison, activités - du Festival du grand n'importe quoi, épique, au jacuzzi dans le jardin en passant par le karaoké. Ah, et puis ce Saint-Emilion Grand Cru 2003, mais lui n'a pas fait long feu. Ce qui est moins éphémère encore, c'est la profondeur de nos liens, l'existence de ces témoins de nos vies sur le long terme avec qui parler de nos enfants, de nos parents, de nos ex et de nos présents, de nos petites joies et de nos grandes peines (ou l'inverse), parce qu'elles en savent presque tout depuis toujours. Et puis aussi des trucs légers, sextoys, séries Netflix et maillots de bain.
05 septembre 2024
Leçon d'acupuncture
01 septembre 2024
Célébration
Écoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s'entend,
Entends la voix de l'eau.
Écoute dans le vent
Le buisson en sanglot :
C'est le souffle des ancêtres (...).
Birago Diop
Le feu. La mer. Le soleil. L'amitié. La couleur. La lumière. Un week-end dans toutes les dimensions, avec pour points cardinaux la joie, la liberté, la légèreté, la foi.
22 août 2024
Echos
"Je l’ai aimé parce que rien n’était fait pour.
Parce qu’il se moquait bien d’être séduisant avec moi.
Parce que faire des efforts pour plaire au monde semblait ne pas faire partie de ses volontés.
Parce qu’il avait quelque chose de triste bien caché au fond de l’âme.
Il avait dû naître comme cela, lui aussi, avec cette nostalgie collée aux poignets.
Je l’ai aimé parce que ses yeux observaient tout sans être retenus par rien.
Parce qu’il puait la liberté.
Parce qu’il était prisonnier.
Parce qu’il y avait sur ses lèvres un peu d’amertume et beaucoup de tendresse,
de l’amour qui a pleuré et l’envie de la passion.
Parce qu’il parlait peu.
Parce que lorsqu’il parlait, j’avais envie d’écouter.
Il était nu, même habillé.
Pudique de son âme et de son corps.
En y regardant de près, je l’ai immédiatement soupçonné de ne pas trop s’aimer.
Je l’ai aimé à sa place.
J’avais de la place dans le cœur.
Il y avait, au fond de son regard, un vieux truc perdu, hagard.
J’avais envie de l’aider à le retrouver.
Il souriait peu.
Pourtant, lumineux (...)
Je l’ai aimé parce qu’il était faussement détaché, fragile, sensible, agressif et démuni.
Parce qu’il le cachait.
Je l’ai aimé parce que personne ne s’y attendait.
Et je l’ai écrit.
Pour oublier.
Mais je n’y suis jamais arrivée."
Romy Schneider - pour Alain Delon
En la lisant, je suis très touchée. Parce que cette petite musique est si familière, parce que j'aurais pu écrire ce texte, mot pour mot, encore une fois. Je l'ai écrit d'ailleurs, il y a des années - on ne se refait pas, sous la forme d'un poème qui s'appelle Solitaires. En la lisant je suis profondément en colère. Parce que c'est la porte ouverte à une souffrance garantie, l'excuse à tous les égocentrismes, l'éternel retour du masochisme romantique - ce syndrome de l'infirmière, quel ennui d'être un cliché. Elle le regarde, il se regarde.
15 août 2024
This little light of mine
This little light of mine
Used to be too scared to shine
When mine met yours it would run and hide
But in time I came to find
I wanna shine so bright
It makes this whole world smile
And pay back the beautiful feeling
That allows me to be
Whatever I wanna be
And I am gonna be
Free and easy
11 août 2024
Diptyque
Hauts-fonds
J'ai su dès le début je crois que cette histoire serait une navigation en hauts-fonds – c'est beau, c'est excitant aussi, un peu comme un défi, ça demande de la vigilance et de la technique. Mais le risque est toujours présent, pour une erreur de calcul, une marée un peu rude ou un instant d'inattention, de s'échouer durement sur un rocher affleurant, sans certitude que les avaries nous permettront de repartir.
Étoiles filantes
Et pourtant – ce qu'il faut d'amour pour, une nuit où le découragement et la rupture rôdent, poser les armes, s'allonger sur la terrasse au bord de la piscine, et compter les étoiles filantes la main dans la main, en silence – les apercevoir séparément d'abord, chacun dans son coin de ciel (ne pas oublier de faire un vœu). Rester jusqu'à l'instant où nos regards ont suivi la même. Contre toute attente, un moment suspendu de tendresse mélancolique, d'intimité apaisée.
09 août 2024
Alignée
25 juillet 2024
A tout petits pas
Le tout petit pas, c'est le pas de ma Maman aujourd'hui. La vitesse possible, celle d'une toute petite croisière entre ce balcon avec une jolie vue sur la mer et les pièces de cet appartement de vacances, coquet et bien placé. C'est la conscience des adaptations nécessaires, mais aussi de tout ce qui demeure possible, à commencer par être ensemble, ce qui est déjà beaucoup. Visiter une expo aux Franciscaines, faire quelques pas sur les planches de Deauville. Aller au cinéma, même si les escaliers sont un petit Everest. Ramener du marché des huîtres, des crevettes, du poisson frais. Partager une bière fraîche, un verre de rosé corse. Se réjouir de la présence de Léo et Marguerite, les emmener manger des moules, sur les planches de Trouville cette fois. Regarder jusqu'au bout cette ahurissante mais réjouissante cérémonie d'ouverture des J.O 2024. "Etre avec des gens qu'on aime, cela suffit" - dixit La Bruyère.
17 juillet 2024
Témoin
Parce que le rythme est moins dense, je retrouve beaucoup de joie à accompagner les patients ces temps-ci, et la conscience que c'est un privilège d'être ce témoin de leurs vies. Témoin de cette femme de 75 ans, confrontée à des deuils multiples et transgénérationnels, mais qui dit aujourd'hui - j'ai (re)trouvé de la légèreté, quelque chose de l'enfance qui n'avait pas pu se vivre, et je suis contente : je mourrai en étant vraiment moi-même.
Témoin de de cette autre, à l'histoire fracassée mais qui a fait mentir nombre de déterminismes pour se forger une route professionnelle pleine de sens - j'ai une profonde admiration pour son parcours et pour son intelligence. Tellement en difficulté pour donner sa confiance, mais qui me fait l'honneur de me l'accorder, permettant ainsi une émouvante alliance thérapeutique.
Témoin de cette jeune femme franco-tunisienne, jeune maman, artiste, qui vient interroger notre rapport à l'intime, à la sexualité, aux conditionnements - héritière de deux cultures, de deux époques, de l'émergence du mouvement #metoo, lectrice des textes féministes et LGBT, il y a tellement de richesse dans ses identités multiples, apparemment contradictoires, dans ce travail de l'émergence d'une individualité singulière, portée par sa création.
Ou témoin de ce monsieur en grave récidive de cancer, qui m'interroge en riant sur, à quand la fin de la lune de miel thérapeutique ? Ancien psy lui-même, il n'est pas dupe de ce qui s'engage dans le transfert ; mais il vit aujourd'hui sur un plan spirituel où il a depuis longtemps endossé la responsabilité de sa vie, traversé sa part d'ombre. Alors je ne pense pas non, que notre rencontre sera autre chose qu'un échange d'humain à humain, un endroit où parler de la mort possible et de la vie toujours là, autrement qu'avec ses proches anxieux. Et c'est parfait ainsi.
04 juillet 2024
Regards (un air de famille ?)
30 juin 2024
Papa ?
Il m'a fallu longtemps pour me décider à écrire ce billet-là. Pour essayer de faire le lien entre l'homme que j'ai connu dans mon enfance, celui à qui j'en ai profondément voulu à l'adolescence (et dont l'absence et la violence sous-jacente conditionnent sans doute encore une part de ma vie de ma femme), celui dont je me suis détachée complètement à l'âge adulte, et ce monsieur dans la chambre de l'EHPAD.
Parce que de lien justement il n'y en a pas. Entre lui et moi, entre lui et les autres - sa seconde femme, ses autres enfants, entre lui et lui-même sans doute non plus. Et je ne peux pas m'empêcher de voir cette déroute cérébrale comme l'étape ultime d'une vie de solitude, l'image révélée de la forteresse dans laquelle il s'est enfermé vivant bien avant l'apparition des premiers troubles neurologiques.
La maladie l'a désarmé, faisant de lui un enfant aphasique, perdu au milieu de grands vieillards mais absolument plus en état de vivre même dans une structure plus adaptée à son âge. Il est infiniment ralenti dans sa marche, presque totalement dans sa parole - et sa résignation apparente à laisser la plupart de ses phrases en suspens m'a laissée dans une profonde tristesse. Il nous reconnaît je pense, semble comprendre ce que nous disons, mais pas plus que lorsqu'il allait "bien", il n'y a le moindre accès à ce qu'il pense, ressent, perçoit (l'agressivité en moins cependant) - et il y a quelque chose de bouleversant dans cette mise à nu d'une incommunicabilité qui elle a toujours été là.
J'ai fanfaronné un peu ces dernières années je crois en disant - je trouve ça terrible humainement bien sûr ce naufrage d'un homme intelligent et cultivé, mais ce n'est pas comme si je perdais un petit papa chéri, un père qui m'aurait accompagnée, soutenue, qui aurait été présent pour moi et pour mes enfants. Ca reste vrai mais... sa vulnérabilité aujourd'hui me serre le coeur, autant qu'elle me laisse dans une complète impuissance. Il est trop tard, il est trop loin, et lui souhaiter de pouvoir quitter ce monde est une bien pauvre tentative d'évitement face au constat de ce qui est, et qui peut être encore longtemps.
Dans la chambre, son épouse a accroché plusieurs des tableaux qu'elle a peints. Celui qui fait face à son lit est un portrait de moi à treize ou quatorze ans peut-être, et je ne sais pas ce qui me donne le plus envie de pleurer ici - qu'elle ait eu cette délicatesse, ou la certitude que jamais je n'aurai su ce qu'il y a dans le regard de mon père.
28 juin 2024
Cadeau
Elle est vraiment très chouette, cette étudiante que je suis de loin en loin depuis trois ans. Et malgré l'intermittence de nos rencontres - il s'agit du service de prévention et non d'un cadre thérapeutique - je la vois faire son miel de ces entretiens, et se souvenir avec une acuité étonnante de nos échanges. Aujourd'hui, elle m'a fait un précieux cadeau en me confiant que non seulement elle m'avait adressé nombre de ses camarades, mais qu'ils avaient tous apprécié nos rencontres. Quelle jolie façon de terminer mon année !
24 juin 2024
Johanna & Bruce
23 juin 2024
Et un dimanche à la campagne
J'ai besoin de nos chemins qui se croisent
Quand le temps nous rassemble
Ensemble, tout est plus joli...
Jean-Jacques Goldman, Ensemble
20 juin 2024
Solstice d'été
Many tribes of a modern kind, doing brand-new work same spirit by side
Joining hearts and hands and ancestral twine, ancestral twine...
Xavier Rudd, Spirit Bird
16 juin 2024
08 juin 2024
30 mai 2024
Célébrer
Ca tanguait pas mal ces dernières semaines, et puis il a suffi d'une soirée douce d'anniversaire pour renouer le fil - peut-être grâce aux quelques jours qui avaient précédé, peut-être grâce au lieu et au cadeau choisis avec une vraie attention, intention, peut-être grâce à la bouteille de Pouilly-Fumé qui a remis de la parole là où elle commençait à disparaître dangereusement, peut-être grâce aux heures qui ont suivi. Il n'y a pas de photos de cette soirée des 50 ans de Samir ; mais peut-être n'est-ce pas un hasard (nous aurions pu demander au serveur), tant l'enjeu de ce moment était de restaurer quelque chose de l'intime. Pas de bougies (si, juste une le lendemain matin, date exacte), de bruit, de monde - juste être ensemble.
27 mai 2024
Poupées russes
Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur, notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toutes limites. C’est notre propre lumière et non notre obscurité qui nous effraye le plus.
Nous nous posons la question: “Qui suis-je, moi, pour être brillant, radieux, talentueux et merveilleux?” En fait, qui êtes-vous pour ne pas l’être ? Vous êtes un enfant de Dieu. Nous restreindre, vivre petit ne rend pas service au monde.
L’illumination n’est pas de nous rétrécir pour éviter d’insécuriser les autres. Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous. Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus, elle est en chacun de nous, et au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même. En nous libérant de notre propre peur notre puissance libère automatiquement les autres.
Marianne Williamson
26 mai 2024
Emue aux larmes
Jour de fête des mères
J'en profite pour revenir sur un sujet sur lequel nous n'avons pas échangé : la remise de diplôme de votre fils, à Berlin.
Je me mêle peut-être de choses qui ne me regardent pas, mais ... mais ... je ne sais pas si quelqu'un vous l'a déjà dit, alors je vous le dis moi, de là où je suis pour vous : cette remise de diplôme était aussi LA VOTRE.
Certes c'est Léo "qui a fait le taf" et il mérite amplement les félicitations et les honneurs de cette cérémonie. Mais c'est VOUS, et uniquement vous, qui avez rendu cela possible.
Quasi sans aucune aide, jamais. Avec votre énergie seule, votre volonté et vos "petits poings", vos doutes et peurs, vos moments de découragement surmontés, votre courage d'oser le meilleur pour vos rejetons, votre opiniâtreté et imagination pour trouver des solutions improbables, et ... vos sacrifices matériels et personnels pour cela.
Bref votre amour inconditionnel pour vos enfants.
Alors voilà, en ce jour de fête des mères, je décrète du haut de mes non-pouvoirs, que ce diplôme est aussi le vôtre.
Merlin.
20 mai 2024
21 ans
14 mai 2024
04 mai 2024
Berlin
27 avril 2024
Juliette
24 avril 2024
Off (the record)
23 avril 2024
Sourire aux larmes, trouver du charme...
Quand il a proposé une rencontre non pas dans un café, mais autour d'une guitare, évidemment j'ai dit oui. Je n'étais pas arrivée depuis dix minutes que nous partagions une de mes chansons absolument préférées. J'ai vu son regard amusé et surpris lorsque j'ai fredonné la deuxième voix du refrain : rien que pour ces minutes-là, ça en valait la peine. "C'est incroyable que non seulement tu connaisses celle-là, mais aussi la deuxième voix, même moi je ne la connais pas ?!"
21 avril 2024
Sorcières de Bretagne
Ca m'a fait un bien fou. Découvrir un coin de Bretagne époustouflant, sous un soleil inespéré. et notamment une balade à pied vers une île, accessible seulement à marée basse, ce qui signifie concrètement marcher au milieu de la mer, sur d'immenses étendues de sable entourées de rochers, puis découvrir un petit paradis boisé et des plages de sable blanc aux eaux turquoise. Un monde extraordinairement sensoriel - le sable sous les pieds nus dans l'eau, la caresse du soleil ou le souffle coupant du vent, le toucher du granit, l'odeur des pins, et les couleurs : nous sommes partis sous un ciel chargé, sous des nuages en camaïeu de gris qui semblaient prêts à crever en orage, pour terminer par un bain de lumière éblouissant, au-dessus d'une eau qui reflétait toutes les nuances de vert et de bleu imaginables. Une immense bouffée d'oxygène, de nature, de connexion aux éléments.
Retrouver l'incroyable fluidité de nos échanges avec Cécile, Charlotte et Stéphanie - ce petit groupe pourtant récent dans ma vie mais qui semble être une évidence, une histoire qui va se poursuivre - des femmes thérapeutes, indépendantes à bien des titres, éprouvées par la vie mais curieuses de tout, prêtes à expérimenter autant qu'à questionner leurs expériences. C'est un tel bonheur ces conversations profondes et rieuses à la fois !
Nous avons terminé avec une expérience qui nous ressemble - gentiment barrée, celle du chant vibratoire ; une expérience incroyablement ludique et énergisante, quel plaisir de jouer avec le son... Un week-end de rêve, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi pleinement moi-même, aussi vivante, aussi vibrante, et en même temps dans une telle simplicité : du soleil dans un jardin, de l'intimité et de la confiance, des repas délicieux préparés ensemble, nous nous sommes dit à plusieurs reprises que c'était ça, le bonheur !
11 avril 2024
Y avait longtemps
Avec leur cohorte de troubles du sommeil, coups de barre massifs (chutes de tension ?) et pics anxieux. Ce qui repose la question du, et moi, qui prend soin de moi ? Je sens revenir l'épuisement, le manque de distance, la tentation de l'action-réaction... et l'envie de douceur, de sollicitude, de temps... Une irritation latente aussi - il n'y en aurait pas un pour me tirer vers le haut ? Est-ce que c'est toujours à moi d'être l'oreille, le porteur de projets, l'Elastigirl ? Dans le cadre professionnel, il n'y a pas plus le choix, mais peut-être à repenser encore le temps de travail et puis indéniablement en ce moment, il y a des situations particulièrement lourdes aussi. Et de la lassitude.
31 mars 2024
Toucher l'instant
Un coucher de soleil, des huîtres, des moules et des coquilles Saint-Jacques (pas le même jour !), un volley sur la plage, un nouveau jeu à découvrir ensemble, des œufs de Pâques cachés dans le jardin, une bouteille de champagne, un dessin de lune et des blagues de Toto, un brunch avec des œufs à la coque, écrire nos prénoms sur le sable (et nous faire encercler par la marée), un blind test Disney-Pixar, du bon vin, des fraises et des asperges du marché, des siestes, des ciels de toutes les couleurs (mais majoritairement ensoleillés), prendre le temps de cuisiner, de faire la vaisselle en dansant, de préparer un vrai café qui sent bon - autant de prétextes pour juste être. Là. Prendre le temps surtout de la gratitude, de la conscience de ce qui est précieux ici.
26 mars 2024
Eternel retour
Pourquoi reprendre un travail sur moi quand tout va à peu près bien, quand même les secousses inhérentes à toute vie semblent pouvoir êtres accueillies avec une certaine tranquillité ?
Parce qu'on ne cesse jamais de croître, que ce travail n'a à proprement parler pas de fin, et que cette croissance nourrit aussi mon exercice professionnel.
Parce que je me rends compte que ce pli de mettre de côté mon propre ressenti, héritage de mon histoire autant que de ma pratique, ne sera jamais totalement défroissé.
Parce que dans ce métier où je me rends chaque jour infiniment
disponible pour l'autre, navigant heure après heure dans des mondes plus
ou moins rudes émotionnellement, il
est doux pour moi de pouvoir être à mon tour
accueillie.
De temps en temps, ne plus être celle qui écoute, mais celle qui est écoutée, et mieux encore, vraiment vue.
23 mars 2024
Aller vers la lumière
15 mars 2024
Avance sur printemps
03 mars 2024
Prendre soin
Bien sûr, il s'agit de moments rares, et pas du tout de mon quotidien professionnel. Et, en l'occurrence, de deux patients que j'ai suivi sur des années, et qui m'ont je crois appris autant que ce que je leur ai apporté. Au-delà du cadre, des rencontres.
Le premier est revenu hier pour une séance de clôture profondément émouvante, nommer ceci : oui, je lui ai sauvé la vie le jour où je l'ai fait hospitaliser en urgence. S'en est suivi un échange très fort sur le lien thérapeutique, ce drôle de rapport asymétrique où l'un ne sait rien de l'autre, et qui peut pourtant être un repère décisif, une rencontre qu'on n'oubliera pas. Sur ce métier où l'on accueille avec ce que l'on est, où l'on ne travaille bien qu'en acceptant d'être touché, ému par l'autre. Sur la juste distance thérapeutique, qui n'est ni amitié ni froide neutralité, mais accueil et pas de deux, travail d'équipe. Ex-enfant profondément blessé et autrefois amer, il s'apprête aujourd'hui à fonder une famille, et cultive son jardin au sens propre comme au sens figuré. "J'ai beaucoup grandi", me dit-il.
Pour la seconde, j'ai aménagé le cadre comme pour personne d'autre avant elle, m'adaptant à ce que j'analyse aujourd'hui comme les besoins d'un nouveau-né entre la vie et la mort. L'espace, le temps, le contact pendant et entre les séances, il n'y a rien qu'elle ne m'ait fait interroger, ajuster, et transformer. Jusqu'à le mettre en œuvre dans la réalité, lors d'une séance par téléphone au décours d'une hospitalisation pour une tentative de suicide, lors de laquelle nous ne savions pas si elle allait survivre à son geste. Séance dont elle dit aujourd'hui que c'est le seul contact humain ressenti comme réel qu'elle ait eu pendant cette semaine-là. Aujourd'hui la "nouvelle-née", a bien grandi, (se) pose de toutes autres questions, et interroge d'elle-même la possibilité de commencer à se séparer, et d'espacer nos rencontres. Et je suis d'accord, c'est juste.
(Elle n'a pas tout à fait fini de grandir cependant ; avant une séparation d'un mois pour des raisons professionnelles, elle a évoqué Zou le petit zèbre, un album pour enfants dans lequel ses parents lui préparent une boîte à bisous pour chaque jour d'absence. :-))
28 février 2024
En quête
Un constat ces dernières semaines : mon âme tend à me mettre à la diète. En tout cas, ce qui me faisait envie avant, ne me nourrit plus. Dans le choix de mes lectures, de ce que je regarde ou écoute, il se passe quelque chose de nouveau.
Les films et les séries m'ennuient de plus en plus souvent, je suis ressortie ce matin les mains vides de ma librairie (événement inédit), je questionne de plus en plus le bon usage des informations - être coupée du monde, non, mais être intoxiquée quotidiennement par l'anxiété et l'impuissance devient de moins en moins possible.
Je ne suis pas devenue blasée, ou moins sensible à la beauté pourtant - alors je devine une évolution silencieuse, un appel croissant à quelque chose que je ne sais pas encore nommer. Comme si quelque chose en moi faisait un tri spontané, éliminant le trop attendu, le "consommatoire", le superficiel pour aller vers ce qui me touche, m'enthousiasme, m'émerveille, me donne matière à penser.
Des podcasts inspirants, un roman utopique mais qui laisse profondément à réfléchir (Les Déliés), des musiques lumineuses - sacrées ou joyeuses, une envie de mouvement, dans la danse ou dans le sport, relire aussi plutôt que d'empiler les bouquins neufs - revenir aux sources - je viens de retrouver, comme on retrouverait un vieil ami, Le billet d'excuse, de Christian Bobin.
Peut-être Bobin ne parle-t-il que de cela d'ailleurs - du pas de côté, du silence, de la contemplation - "ne pas céder à l'imaginaire du plein".
22 février 2024
Humilité
La vérité, c'est que je ne sais pas. Et que je suis profondément perplexe (et parfois vaguement envieuse) lorsque j'entends des collègues thérapeutes être si affirmatifs quant à leurs théories, leurs méthodes et leur efficacité. Et déjà par principe, s'ils se réclament d'une seule, je fuis. Rien de plus terrifiant que les monomanies théoriques, l'intégrisme conceptuel, lorsqu'il s'agit de l'humain.
Pour ma part, ma conception fondamentale reste celle énoncée par Victor Raimy en 1949 : "La psychothérapie est une technique indéfinie, appliquée à des situations imprécises, avec des résultats imprévisibles. Pour l’acquisition de cette technique, une formation rigoureuse est souhaitable."
Lorsque la souffrance d'un patient diminue, ou lorsque je le vois évoluer dans ses choix et dans sa vie, qu'il s'agisse d'un suivi bref ou d'un accompagnement à long terme, je peux espérer (et parfois raisonnablement penser) y avoir contribué. Il m'arrive d'en être à peu près sûre, et aussi que cela soit confirmé par les principaux intéressés.
Mais restons modestes : je pense que la vie est thérapeutique. Que les rencontres, l'amitié, l'amour, et même parfois les accidents de parcours sont thérapeutiques. Que pour ceux de mes patients qui bénéficient de prises en charge complémentaires, qu'elles soient psychiatriques ou médicales, ou moins balisées - kinésiologues, naturopathes, mediums et autres chamanes, je serais bien en peine d'attribuer un "coefficient de guérison" à l'ensemble de leurs expériences vécues.
Formée à différentes approches, hantée par la certitude de l'être toujours insuffisamment (et c'est vrai : je ne suis pas une théoricienne), ma seule conviction aujourd'hui est celle que ce qui soigne avant tout, toutes théories confondues, c'est le lien. La qualité de l'alliance thérapeutique, autrement dit, de la présence humaine incarnée. L'expérience que je me reconnais le plus volontiers aujourd'hui, c'est celle de l'être-là. Ainsi que la liberté croissante dans l'expression de mes intuitions, dans le fond comme dans la forme.
Pas une technicienne, mais une tisserande, une passeuse, une passerelle. Et à cet endroit-là, il y a parfois des petits moments de grâce. D'inspiration. Un de mes maîtres parlait de cet instant où l'on s'efface, un autre de la transe du thérapeute, un autre encore d'un artisanat - je crois qu'aujourd'hui les seules formations qui vaillent - pour moi - sont celles qui m'amènent là.