31 décembre 2023

Finir en douceur


 

28 décembre 2023

27 décembre 2023

Lumilutine !

24 décembre 2023

It begins to look a lot like Christmas


Pour un Noël simple et doux : ouvrir aux esseulés (adoption de Rose, d'Amaury et de Danièle), multiplier les bougies, faire des petites surprises (les fortune cookies), cuisiner maison, apprécier les petits et grands cadeaux attentionnés. C'est vrai, on a finalement séché la messe, mais la joie, le partage et les lumières étaient là quand même.

21 décembre 2023

Sacré

Il y a depuis la petite enfance jusqu’à la tombe, au fond du cœur de tout être humain, quelque chose qui, malgré toute l’expérience des crimes commis, soufferts et observés, s’attend invinciblement à ce qu’on lui fasse du bien et non du mal. C’est cela avant toute chose qui est sacré en tout être humain.

Simone Weil

20 décembre 2023

J'aurais voulu être un artiiiiiiiiiste...


Comme l'indiquait l'enveloppe annonçant le cadeau, "pour la meilleure des mamans de la part de ses deux enfants chéris et parfaits - préférés (car uniques)". Et c'était vraiment double cadeau de retrouver ces chansons que nous aimons depuis toujours dans une spectaculaire mise en scène, et de le vivre tous les trois. Ça a du bon d'avoir des enfants adultes...

13 décembre 2023

Parents pour toujours

"Lors de mon week-end chez Christiane, nous avions beaucoup échangé sur la complicité avec nos adultes-enfants, toujours nos enfants mais des adultes-enfants qui construisent leurs choix.

Et notre accompagnement évolue, se transforme, régresse parfois, l’adulte-enfant-petit refait surface, nous devenons « déchiffreurs » des bas bruits.

La position de parents, s’invente en permanence, se fourvoie aussi, c’est le rythme vivant."

Eric

Les adultes-enfants parfois, et nous comme déchiffreurs des bas bruits, j'adore les formulations d'Eric, dans lesquelles je me reconnais totalement.

08 décembre 2023

Ce qui vient au monde...

...pour ne rien troubler ne mérite ni égards, ni patience. - René Char.

Il y a les étudiants et puis, il y a les désormais jeunes adultes de notre entourage, nos enfants devenus grands. Je me rends compte que j'adore les échanges avec cette tranche d'âge, que je trouve toujours mutuellement enrichissants. Peut-être parce qu'une part de moi est indécrottablement dans ces questionnements existentiels de la vingtaine - le sens, la remise en question, la création, le désir d'une vie vivante - voir le post Rencontre - et qu'en même temps il y a un vrai bonheur aujourd'hui à garder une distance amusée et tranquille, la conscience de dimensions qui leur échappent encore, et j'espère, un peu plus de nuances, mais c'est joli d'avoir vingt ans et cette exigence, cette intransigeance parfois.

C'était un plaisir hier d'inviter mon filleul à la Manufacture, déjà pour partager avec lui ce lieu chaleureux que j'aime particulièrement, et de confirmer notre goût commun pour les conversations réelles. Nous avons causé bouquins, cinéma, philo, poésie, cuisine et bons vins, mêlé dans la même conversation René Char, les Lettres à un jeune poète, le musée d'Orsay, les YouTubeurs et We're not really strangers, et passé tous les deux, je crois ! une charmante soirée.

07 décembre 2023

Dans un souffle

Ce qui compte c’est le spirituel, et le spirituel c’est le noyau sauvage, la pudeur affolée dont les religions ne sont qu’une piètre traduction, un apprivoisement.

L’esprit c’est le vent, les rafales de vent sur les dunes des phrases des livres saints. La grande, l’unique liberté. On voit passer l’esprit dans les yeux en flammes de quelques gitans, de quelques poètes, de nombreuses personnes simples et ignorées du monde, dont le rayonnement dans l’invisible est plus fort que celui d’une étoile à son apogée...

Est spirituel ce qui, en nous, ne se suffit pas du monde, ne s'accommode d'aucun monde. C'est quand le spirituel s'affadit qu'il devient du «religieux».

Je n'aime pas ceux qui parlent de Dieu comme d'une valeur sûre. Je n'aime pas non plus ceux qui en parlent comme d'une infirmité de l'intelligence. Je n'aime pas ceux qui savent, j'aime ceux qui aiment.

Christian Bobin
Autoportrait au radiateur

04 décembre 2023

Karafun


Quel bonheur de massacrer ensemble Les Magnolias, Du côté de chez Swann ou Mourir sur scène, en sifflant des cocktails ! Quand je pense que j'avais la flemme d'organiser quoi que ce soit pour mon anniversaire cette année… Mais qu'est-ce que je ferais sans ELLES ?

03 décembre 2023

L'amour a ses raisons

Je parlais à un ami de ma relation avec Samir, qui continue de nous surprendre l'un et l'autre - nous sommes tellement différents, avec des vies qui semblaient si peu faites pour se rencontrer, et nous avons de temps en temps je crois chacun des "moments d'étrangeté" face à l'autre - et puis j'ai dit - à ce jour, je me sens aimante et aimée, et cet ami a conclu : c'est l'essentiel, que demander de plus ? Et je suis d'accord. L'identité culturelle, les facilités matérielles, c'est sûr, ça aide, et ça ferait une vie tout à fait différente, mais ça ne suffit pas… et cette sensation de douceur et d'intelligence réciproques, elle ne s'achète pas, ni n'est garantie à terme par la proximité sociologique.

Donc - nous avons de la chance. Et peut-être plus en commun qu'il n'y paraît : la gentillesse, le respect, l'attention à l'autre, l'engagement inconditionnel pour nos enfants, l'habitude de nous débrouiller seuls, la sensibilité, la tendresse... et plus parce qu'affinités ;-). Deux des cinq langages de l'amour aussi, le service et le toucher (j'aime beaucoup cette théorie des langages de l'amour, que Halo m'a fait découvrir et que je transmets souvent à mes patients).

30 novembre 2023

Il était une fois

Peut-être tous les spectacles du Cirque du Soleil pourraient commencer comme cela - Il était une fois. Ce serait à chaque fois une histoire différente - il était une autre fois, mais ce serait toujours cet incroyable pouvoir de nous faire, à un moment, décoller du sol pour nous laisser émerveillés, bouche bée devant l'impossible - humains plus qu'humains et comme en apesanteur - un vélo volant, un acrobate sur rouleaux, d'accord, mais sur une balançoire ? La virtuosité technique disparaît derrière une poésie toujours renouvelée - une mer de nuages, des mains animées, un lion invisible, et j'en oublie. On aimerait imaginer le brain-storming qui précède la création de ces bijoux éphémères, ces rêves de gosse où tout est permis - machines volantes, dîner suspendu à quinze mètres du sol, homme-monde cachant dans son gros ventre une vraie petite personne. Pendant deux heures, j'ai retrouvé ce regard qu'on aimerait être celui de l'enfance - un émerveillement pur, un Oh ! sans réserves.

26 novembre 2023

Jour de fête

Une journée si simple et douce, juste tous les quatre - le plus beau des cadeaux d'anniversaire, être ensemble, tranquillement là les uns pour les autres. Partager un bon repas fait maison, une coupe de champagne, découvrir le cadeau des enfants, si LuLu à tous points de vue : trois places pour Starmania - un moment à partager plutôt qu'un objet matériel, pour un spectacle avec les chansons duquel ils ont grandi, et devant lequel je rêvais depuis sa reprise à la Seine Musicale l'année dernière.

De l'écoute, les nouvelles et les projets de chacun, le regard sur le monde de ces jeunes adultes, des câlins pour tous, un jeu, un peu de musique en fond sonore : un moment si chaleureux et lumineux que j'avais l'impression que nous étions au coin d'un feu de cheminée.

25 novembre 2023

Old friends

23 novembre 2023

On the sunny side of the street


Irréductible fan des comédies musicales, j'ai longtemps eu envie de faire des claquettes. Et le répertoire jazz swing des années 30 me met irrésistiblement de bonne humeur : Close the shop and get your hat - leave your worries on the doorstep... Du coup, cette année, je me suis lancée dans le lindy hop, cet ancêtre du rock-and-roll, en plus sautillant et détente - imaginez des pas de charleston mais en danse à deux, impossible de ne pas ressortir de cours avec le sourire (tellement fan que je fais aussi de temps en temps des ateliers de solo jazz - la même chose mais en lignes, façon troupe de Fame - I'm gonna live for ever...)

Ce n'est pas mon premier cours de danse - j'ai fait du modern jazz, de la danse orientale, du tango ; je suis généralement une élève lente, à la coordination motrice approximative, mais volontaire ; là je n'ai jamais été aussi enthousiaste ! Ça m'amuse, ça me fait bouger - indispensable quand on a les fesses vissées sur son fauteuil à longueur de temps, bref, ça m'enchante !

Donc - je me suis fait le meilleur cadeau d'anniversaire possible - hier je me suis offert deux heures de cours particulier à domicile avec Romain, notre prof de groupe, et c'était un super kif ! Déclic, progrès, j'ai plus avancé en deux heures qu'en un trimestre et surtout, j'en suis sortie avec une énergie incroyable, et l'envie de danser encore plus souvent. Trop bien !!! Comme dirait Romain.

19 novembre 2023

Il faudra que je me souvienne...

Ce pourrait être une idée d'écriture lors de chaque nouvelle rencontre - je pense aux histoires d'amour mais on pourrait l'élargir à tant d'autres choses. "Il faudra que je me souvienne", quand tu ne seras plus là, ou quand l'histoire sera terminée, ou quand tu auras quitté ce monde... (C'est en partie la raison d'être de ce blog au demeurant - se souvenir). Il faudra que je me souvienne - de la joie dans tes yeux à chaque fois que nous nous retrouvons, de la douceur de ta peau, des enfants qui se sont glissés dans notre lit ce matin, et de tellement d'autres choses encore.

16 novembre 2023

Rencontre

Régulièrement, dans mon travail auprès des étudiants, il y a des rencontres. Une accroche, une alliance, une émotion qui feront peut-être que ces quelques entretiens, puisque l'idée n'est pas de se substituer à un suivi, laisseront une trace, sèmeront une petite graine sur leur chemin.  

Bien sûr, je fais au mieux pour que tous se sentent accueillis, entendus, et ça fonctionne globalement plus ou moins. Mais force est de constater qu'il y a parfois des rencontres inspirées, quelque chose de l'être à être qui ne se décide ni ne se prévoit. Ce soir il y avait ce jeune homme dans un cursus scientifique top niveau, mais aussi, et peut-être d'abord musicien et poète, avec lequel l'échange est si étonnamment fluide et joyeux, malgré son désespoir et sa lucidité ravageuse, ou plutôt sans doute grâce à eux - il y a là quelque chose que je reconnais, qui ne m'effraie pas, et que je peux par conséquent accueillir.

Un amoureux des mots avec lequel dès le premier entretien il a été question de La Tordue et des Têtes Raides (j'avais presque oublié la subtilité de l'écriture des premiers, redécouverte grâce à lui), du Mal de vivre de Barbara (nous avions gentiment bataillé sur le vers qu'il avait cité spontanément : La solitude ou Le mal de vivre ? - c'est lui qui avait raison), de cette citation de Karen Blixen que j'affectionne tout particulièrement sur l'eau salée qui guérit de tout parce qu'il partait naviguer pour la première fois, des Oiseaux de passage suite à la lecture du poème qu'il venait de composer - un texte remarquablement abouti dans le fond comme dans la forme. Un long et dense poème en vers qui s'achevait par, je mourrai vivant - phrase qui prend une résonance bouleversante lorsque l'on connaît son histoire.

Peut-être suis-je aussi d'autant plus touchée qu'une part de sa difficulté à vivre provient du fossé créé par l'incommunicabilité de son expérience de vie à des jeunes gens de son âge, lui qui a été confronté si intimement à la question de la maladie et de la mort dès ses premières années. Et qu'ici, dans ce lieu de passage, quelque chose peut en être dit. Même si, comme je l'ai lu quelques jours plus tard à propos d'un tout autre contexte "Ceux qui ont vécu (...) n'ont besoin d'aucune explication ; quant aux autres, ils ne peuvent ni comprendre ce que les survivants ont éprouvé alors, ni ce qu'ils éprouvent aujourd'hui."

(NB : c'est probablement vrai de tous les survivants, quel que soit l'événement auquel ils ont survécu)

Je ne prétends pas comprendre en effet. Mais je peux être là, écouter pleinement et tranquillement. Etre dans cette "observation non intervenante d'un soignant non angoissé", comme l'écrit Winnicott - quelque chose d'une bienveillance implicite. Rire ou tout au moins sourire avec lui, un rire qui ne doit rien au cynisme mais plutôt  à une reconnaissance commune de la précarité de nos existences.

13 novembre 2023

L'un ou l'autre ?


Hier je suis allée voir Simple comme Sylvain, cette comédie douce-amère sur un improbable couple entre une prof de philo et un menuisier. La réalisatrice aussi s'intéresse à la philo, et en profite pour disserter sur les formes et les impasses de l'amour... Est-ce qu'il y a une troisième voie entre les amours conjugales qui s'étiolent au mieux en amitiés somnolentes dans un quotidien tue-désir et les coups de cœur (et/ou de cul) sans territoires communs ni projets imaginables ? Mais à quoi bon faire des projets, si tout est voué à se défaire ou à devenir un trompe-l’œil ? Est-ce que les amours sans engagement seraient finalement plus profondes qu'il n'y paraît, parce que l'absence de dépendance, de conventions obligerait à plus de respect et à plus de créativité, et à une forme d'honnêteté sur la fragilité des liens et des êtres ? Mais aussi, est-ce qu'il n'y a pas une forme de paresse, ou de lâcheté (et la garantie de déceptions récurrentes) dans le fait de ne pas chercher à construire quoi que ce soit ? Et puis, c'est quoi le bon dosage ressemblances sécurisantes / différences inspirantes ? Je ne sais pas... toujours pas !

05 novembre 2023

Résurrection !

C'est un peu vexant que ce soit dû à l'industrie pharmaceutique, mais je revis. Sommeil OK, bouffées de chaleur disparues, neurones retrouvés, et je n'ai plus l'impression d'avoir 120 ans. Ni de réflexions inquiètes de mes patients - vous avez l'air vraiment fatiguée aujourd'hui ?

Du coup je redeviens curieuse. Vu deux films délicieux, Les enfants des autres, et je me suis reconnue dans ce lien fort et fragile que l'héroïne tisse avec la fille de son nouveau compagnon, cet exercice de funambule qui lui fait dire, mais tout ce qui vous arrive à vous m'arrive un peu à moi aussi ? Et puis Mes rendez-vous avec Léo, un petit bijou d'humour, de subtilité et de délicatesse, sur un sujet qui aurait pu être scabreux s'il n'avait été porté avec autant d'élégance par la délicieuse Emma Thompson - quand je serai grande je veux être Emma et sa façon de pouvoir dire ou faire à peu près n'importe quoi tout en restant classe, et ce personnage de femme mûre qui se découvre, quel bonheur...

Je redeviens aventureuse aussi, emmène mes patients - grâce à leur confiance, merci à eux - dans des voyages hypnotiques qui se révèlent initiatiques, ou dans l'exploration de ressentis d'avant leur venue au monde, dont ils - elles en l'occurrence - reviennent étrangement apaisées... 

Et plus libre que jamais avec les étudiants - n'ayant pas de responsabilité "thérapeutique" dans ce cadre, je deviens je crois soignante précisément de par la liberté que cela me donne - la possibilité de l'humour, de la complicité dans les références culturelles partagées ou suggérées, du dévoilement mesuré ou sous-entendu, du conseil ou tout au moins de l'indication parfois. Non que j'en sache forcément davantage, mais je suis sans doute un petit peu plus loin sur la route.

Comme cette étudiante en philo avec qui évoquer Dufourmantelle et son éloge du risque, les expériences spontanées de conscience élargie, la nécessité de s'ancrer dans le corps et dans le souffle pour ne pas trop partir dans une pensée désincarnée... Et puis il y a ceux qui reviennent de tellement loin et qui vont bien ou presque bien aujourd'hui, et qui sont un vibrant hommage à l'espoir et peut-être aussi au sens de ce travail - Maxime, Elsa, Lunia...

Ce qui pousse aussi, dans son double sens de l'élan et de la croissance végétale, c'est quelque chose de l'appel de la dimension spirituelle - je me suis remise à lire Christiane Singer, me suis amusée de me voir écouter des podcasts cathos, ou essayer de formuler maladroitement quelque chose du "là où j'en suis", quelques convictions encore timides. Tout en constatant à quel point cet appel a en fait toujours été là, dans les émerveillements de l'enfance, dans les lectures de l'adolescence, dans les expériences de l'adulte... ce monde invisible, cousu dans la doublure du quotidien, ce toucher de la Présence dont parle Singer justement.

Et puis il y a à nouveau de l'énergie et de la disponibilité pour accueillir les gens que j'aime, échanger avec mes enfants, avec Maman, emmener les jumeaux au musée, passer du temps avec Céline, avec Stéphane, avec Cécile, avec Dominique, avec Michaële... et avec moi-même aussi - ce week-end je l'ai passé en compagnie de mon chat, avec de quoi écrire, de quoi lire et du thé - ce dimanche, non pas "grasse matinée" mais carrément "grasse journée" (crédit @Soledad) !

22 octobre 2023

Déjà 24 ans ?


J'aime tout dans cette journée : avoir demandé de l'aide aux grands pour ne pas tout préparer seule, et qu'ils aient répondu présent, avoir cuisiné ensemble. Avoir mélangé famille, amours et amis, et tous les âges de la vie. Avoir savouré le privilège d'être là, tous. Et que les jeunes soient tous restés le soir, les grands-mères devant prendre la route avant la nuit.

J'aime bien l'idée de l'assiette en plus, de l'invité(e) surprise  - la présence inattendue de la grande Elsa, notre prof de chant, a fait je crois très plaisir à Léo, et elle était parfaitement à sa place dans notre petite tribu de vrais gentils.

Dans un monde décidément rude actuellement, c'était doux la gentillesse et la générosité qui circulaient - dans les petites attentions pour tous y compris pour les jumeaux, le plaisir de partager un magnum de bon champagne, un vin exceptionnel, un plat délicieux - et nos gâteaux faits maison - et de jouer ensemble aussi, car sans jeux ce ne serait pas un anniversaire de Léo !

21 octobre 2023

Ménoquoi ?

C'est idiot mais... jamais je n'avais envisagé l'arrivée de la ménopause comme une perspective inquiétante. Plus de règles, tant mieux, quelques bouffées de chaleur, so what ? Ce que je n'avais pas envisagé, c'est le sommeil en miettes, le (vrai) brouillard mental, les montagnes russes émotionnelles et même quelques douleurs aussi diverses qu'inhabituelles. Ni le coup de bambou de la confirmation médicale : ah oui, la chute hormonale a été aussi massive que rapide, pas étonnant que le corps et le cerveau rament sévèrement, il va falloir leur laisser un peu de temps pour s'adapter, là.

Bon. Dans les moments où je récupère quelques neurones et où je n'ai envie ni de pleurer ni d'incendier qui que ce soit, j'imagine que ça peut être une expérience, à observer avec curiosité...

Pour toi : prends le temps des décisions très importantes en te posant les bonnes questions pour ton avenir. Après 50 ans, il faut prendre un autre tournant...Même "si on ne paraît pas notre âge"...toutes et tous, on est à notre âge ! (...) La vie est une fleur... hé ! OUI ! Un chemin à effectuer, un carrefour qui arrive... tout simplement, il faut le franchir car à 50 ans, tout à coup... TOUT nous paraît très sérieux ! Le FUTUR t'appartient : tu sais ce que tu as, ce que tu peux supporter, le choix est à toi, tout simplement : A TOI.

YoYo

17 octobre 2023

Loopings

Ces jours-ci ressemblent aux suites de mon précédent Covid - épuisement constant, angoisse diffuse, sommeil fracassé, maux de tête récurrents, vagues de tristesse irrépressible - pas toujours sans raison, mais parfois, si. Il y a une citation qui me trotte dans la tête, je n'arrive pas à la reconstituer, mais c'était quelque chose comme "...ce n'était donc pas le gris qui changeait selon la lumière mais l'humeur du peintre...", et voilà, j'ai le regard gris ces temps-ci, un regard voilé, l'émotion à fleur de peau. Ce soir, j'ai allumé une petite bougie, offerte par YoYo pour mes 50 ans. Un besoin instinctif de chaleur et de lumière.

Il semblerait qu'il y ait peut-être une raison hormonale à tout cela, un virage un peu trop brutal pour que le corps s'adapte en douceur vers la ménopause - peut-être, mais peut-être pas seulement. C'est l'exact revers de la médaille du nouvel élan, une inquiétude, un découragement, un espace-temps qui favorise la lente remontée de ce que j'ai mis de côté pour continuer d'avancer toutes ces années. Des souvenirs, des images, des émotions ressurgissent, plus intacts que je ne l'aurais espéré. Notre inconscient sait, c'est fou : en écrivant ce billet, je prends soudain conscience de ceci : nous sommes le 17 octobre. Il y a quatre ans, Hugo décidait de quitter cette vie - la vague de chagrin,  la petite bougie s'éclairent autrement...

Je me suis si souvent entendue le dire à l'un ou l'autre de mes patients - c'est parce que vous êtes maintenant en sécurité qu'il y a en vous la place pour laisser émerger ce qui demande encore à guérir. 

(Et puis, en médecine chinoise, la ménopause est pensée comme un second printemps, l'ouverture d'un nouveau cycle).

16 octobre 2023

Sur le bout de la langue

J'aime bien quand au hasard des lectures il y a des phrases qui me sautent aux yeux, me parlent au cœur. Cette semaine, dans l'interview d'une jeune chanteuse neuroatypique : "Je n'en reviens pas de me rendre heureuse". J'adore. Et ça me parle. Cette stupéfaction d'une capacité de bonheur autonome.

Et puis, dans un cartel d'expo : "Chez les Dogons, le même mot signifie tisser et parler. Et dessiner revient à tisser les mots entre eux mais aussi les associations d'idées, les affects, les interrogations, avec les pleins et les vides que le tissage produit, en un "donner forme" original et aléatoire." (Une psy qui gribouille en séance sur les dossiers de ses patients) - Moi qui suis une inconditionnelle de la métaphore du lien, du tissage, de la reprise, cette polysémie m'enchante.

Et parfois ce sont les patients qui me les donnent, comme cet étudiant qui, après un riche échange sur les thématiques existentielles, m'a déclamé de mémoire les premiers paragraphes du texte de Stieg Dagerman, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. Un petit moment de grâce suspendu au-dessus de son désespoir. Il m'a signalé une version enregistrée par Les Têtes Raides du texte intégral, je l'ai dirigé vers Yalom en échange.

Ou cette autre, à qui un médecin étranger a demandé, après une série de malaises consécutifs au deuil récent de son père : c'est une "héritation" ? Oui, voilà, exactement : une héritation. La même s'était émue/amusée (émusée ?) d'une annonce RATP sur son trajet, signalant un ralentissement de la ligne pour cause de petit colis délaissé (le pauvre).

08 octobre 2023

Grand cru

Quand on se promène sur ce blog, il est facile de retrouver nos retrouvailles - ce petit groupe qui se balade en France une ou deux fois par an depuis une formation commune en 2006-2007. Avec ses invariants - les longues marches, les rires et les échanges tous azimuts, et ses variations - l'absence de l'une ou de l'autre, les aléas de nos vies, les lieux aussi - Bretagne, Jura, Drôme... et cette année, Bourgogne. 

Mais ce que je garderai cette année, c'est l'émotion d'une dégustation de vins comme nous n'en aurons jamais dans un contexte commercial - faite par le père de mon amie Céline, vigneron à la retraite mais toujours passionné. Parce que le lieu - cette cave fraîche dans une maison bourguignonne, porteuse de l'histoire de plusieurs générations ;  parce que le vin, un Pommard exceptionnel qui nous a fait remonter le temps jusqu'en 1991 ; mais surtout parce que l'homme, d'une simplicité et d'une générosité rare. Du genre à ne pas vendre une cuvée qu'il n'avait pas jugée suffisamment bonne. Mais à faire goûter et à offrir (il ne vend plus) des bouteilles qu'il apprécie toujours. Du genre à laisser une trace émue dans la mémoire d'anciens collaborateurs, longtemps après son départ. Du genre à raconter des histoires incroyables - comment le monde entier, USA, Japon, est venu à la rencontre de ce couple né dans ces côteaux et qui y vit toujours aujourd'hui. Un petit moment d'exception, où l'émotion vient aussi du plaisir à transmettre quelque chose du travail d'une vie, du regard de Céline sur ses parents à travers nos yeux - une fierté attendrie, ou une tendresse fière...

Une dégustation au coeur d'un week-end où l'hospitalité de Denise et Jean nous a enveloppés du début à la fin - maison accueillante, cuisine familiale, souci de l'autre - c'est comme si tout s'était aligné, la météo radieuse, les couleurs de la fin de l'été, et cette douceur tranquille dans nos liens - 2023 fut un grand cru.

29 septembre 2023

Câlin

On dit que “apapachar” (“cajoler”, dans son sens le plus proche en français) est l’un des mots les plus jolis qui existent et l’action qui consiste à “caresser avec l’âme” l’est encore plus.

Ce magnifique mot provient du mot nahuatl “apapachoa” (une langue indigène du Mexique) et a déjà fait le tour du monde. Le terme en nahualt n’a pas ce sens si émotionnel, mais celui celui qui est utilisé en espagnol (“apapachar”) a accentué l’aspect “caresse de l’âme”.

Un “apapacho” est plus qu’un câlin et qu’un bon moment, c’est plutôt une complicité, une rencontre émotionnelle, quelque chose qui va au-delà d’un simple contact affectueux. Peut-être que pour la plupart d’entre nous, caresser avec l’âme est très clair mais pour beaucoup, l’intensité est plus ou moins grande selon la culture ou la vision de la tendresse.

(Merci Guilou !)

27 septembre 2023

Se laisser surprendre

A force de ne voir que ce qui est recommandé-estampillé-validé par Télérama, le Monde ou France Inter, j'avais oublié ceci : le bonheur de se laisser surprendre. Ce soir j'ai vu quatre des films de fin d'études de la promo 2023 de la Femis, et je me suis laissée complètement embarquer dans ces courts ou moyens métrages, sans avoir la moindre idée de ce que j'allais voir ensuite. Un regard quasi-documentaire sur une traductrice de l'OFPRA, suivi d'une œuvre muette et kaléidoscopique - fragments de vie citadine ou champêtre, animaux, lumières, textures, suivie d'un improbable danseur dans une cabine de bateau pirate sur une mer déchaînée, suivi d'une fiction en noir et blanc sur un soldat déserteur de la guerre en Ukraine... 

Le tout introduit par des étudiants débordant d'humour et de créativité, malgré la gravité des sujets traités. L'année prochaine, je poserais bien deux jours de congés pour assister à la totalité des projections - la vitalité tous azimuts, ce côté pochette surprise, c'était inspirant - un privilège inattendu de notre travail auprès des étudiants. 

26 septembre 2023

Un coeur sans rempart ?

Je l'ai appelé de mes vœux ce moment, depuis des années ; et honnêtement, je n'avais plus l'espoir qu'il soit un jour possible. Mais... je nous vois tous les deux à la Manufacture, devant un Spritz et un café allongé, parler doucement, comme sur la pointe des pieds, rire et pleurer - pas nécessairement en même temps, et même évoquer ensemble cet autre café des Gobelins, quelques numéros plus haut, où tout a commencé. 

Et puis le lendemain, je suis tombée sur ce passage, dans ce livre si joliment nommé :
En notre milieu, ce fin fil de présence qui remue le coeur : touchons-le. Et faisons un pas. Sans le déchiffrer répondons simplement à ce frémissement, avec notre coeur qui tremble et ses allures de fleur. Un matin ou un soir, au milieu du jour allons, ouvrons une porte ou un jardin. Soyons simple, enfin. 

Marie-Laure Choplin, Un coeur sans rempart

Alors... je ne sais pas quelle sera la suite. Si ce miracle fragile pourra se maintenir dans cette ouverture et cette recherche d'authenticité. Mais je sais que ce moment m'a profondément apaisée autant que bouleversée - aussi contradictoire que cela puisse sembler. 

24 septembre 2023

P'tit con, va !

Ce matin-là - exceptionnellement Samir et les jumeaux avaient tous les trois dormi à la maison - Naïm me demande à brûle-pourpoint : "Mais, d'habitude, ça ne te rend pas triste de prendre ton petit déjeuner toute seule ?"

Sur le moment, et dans la douceur de cette drôle de "vie de famille en pointillés", j'ai éclaté de rire. Possible qu'il y ait des jours où ça me donnerait plutôt envie de pleurer... s'il m'avait posé la question ce jour-là, je pense que j'aurais fondu en larmes.

Et en même temps, ces enfants-là aussi grandiront, et partiront, et ce sera le signe que le job est fait ; récemment, j'ai eu un coup de cœur pour une vignette qui disait "I'm not an empty nester, I'm a bird launcher" : je ne suis pas un nid vide, mais une lanceuse d'oiseaux.

Et en même temps, ce n'est pas comme si le quotidien partagé était toujours un chemin de roses, et il n'y a pas tant de vies de couple que je trouve enviables. La solitude à deux, sans même parler du conflit, peut être si dure...

Alors ? Alors je ne sais pas. Pour le moment tout est bien comme ça. Pour le moment. Et demain ? Demain sera un autre jour...

15 septembre 2023

Bibliophile et papivore

Après le temps des vacances, reviennent l'envie et l'amour de mon métier, cette curiosité insatiable pour l'être et ses méandres. Mais avec à nouveau l'envie et l'énergie d'écrire, de lire et de relire.

C'est fou, le plaisir que je retrouve à prendre le temps "d'écrire mes patients", que j'avais perdu quasi-complètement à l'époque du Covid, comme si le média téléphone nous désincarnait trop pour que j'aie encore cet élan après la séance : prendre des notes.

A lire, au hasard ou plutôt pas du tout au hasard - une piste suggérée en amène une autre, de nouveaux patients apparaissent qui viennent confirmer la nécessité d'approfondir telle ou telle de de ces thématiques (ça marche aussi avec les impasses des patients de longue date), les synchronicités s'accumulent et montrent la voie.

Et dans le nouveau je retrouve l'ancien - ces livres me renvoient à des lectures précédentes, que je relis autrement aujourd'hui, que je retrouve avec joie aussi. Comme si depuis mes débuts les ouvrages qui ont survécu à mes différents déménagements témoignaient d'une cohérence, d'un chemin de plus en plus plein.

Alors - prochaine étape, je vais proposer un partage de lectures à mes collègues, comme un rendez-vous à la fin de nos réunions - quelques minutes pour partager, prêter, recommander. Pour ne pas laisser dormir dans les bibliothèques de chacune les ouvrages qui pourraient stimuler la réflexion, tout en enrichissant nos liens (dis-moi ce que tu lis...). Des bouquins psy, mais pas seulement - tant la fiction aussi nourrit notre métier.

05 septembre 2023

Témoin

Pour des raisons autant personnelles que professionnelles, j'ai croisé nombre de psys dans ma vie. Mais avec cet homme, il y a une histoire particulière, une petite musique qui fait que je suis retournée lui parler à diverses époques de ma vie. Le première période date d'avant mon mariage ; il y en a eu une seconde dans les tumultes du Cifp ; une troisième longtemps après la séparation d'avec David, mais je n'arrive plus à la situer précisément dans le temps.

Certaines de ses phrases m'ont marquée, nourrissent la personne et la thérapeute que je suis, par exemple, celle-ci. Hier, je la devinais ; aujourd'hui, je la comprends. J'ai eu envie d'aller le lui dire, et de le remercier. Et de lui dire aussi - à ce jour je vais bien.

C'était émouvant de refaire ce trajet, de retrouver le lieu - et aussi cette qualité de silence, de présence. De constater que nos chemins d'être convergeaient - mais je pense que cela était écrit, d'une certaine façon, dès la première rencontre.

Il a été question d'une authenticité qui ne part plus de la blessure, des autres plans de la réalité (d'où est-ce que je parle, quand je parle ?), d'être dans notre métier des passeurs, qui doivent s'effacer. De notre incompréhension navrée devant les querelles de chapelle, de la multiplicité des chemins possibles pour accompagner l'humain. De la nécessité, maintenant que j'ai un "chez-moi-maison", d'avoir un "chez-moi-professionnel", idéalement dans un lieu mais d'abord intérieurement, comment trouver des moyens de soutenir l'ouverture de conscience de ces dernières années. De "garder ma lumière allumée", comme l'écrivait Loïc Lantoine.

03 septembre 2023

Un nouvel élan

Elsa et Léo ont pris leur envol, Samir va avoir plus que jamais besoin de se consacrer à son travail et à ses enfants ; alors bien sûr il y a des petits ou plus grands moments de vague à l'âme et d'anxiété. Mais aussi un souffle nouveau, un élan inespéré - l'envie de bousculer l'emploi du temps, de faire la tournée des copains, de danser (lindy hop et ecstatic), d'ouvrir la maison (HomeExchange, CouchSurfing, AirBnb), de me remettre à lire et à écrire sur le plan pro et sur le plan perso, dans la suite des vacances, et pourquoi pas plus de yoga, et pourquoi pas reprendre un chemin thérapeutique ou spirituel, et, et, et...

Ce grand élan joyeux, ce regain d'adolescence, cette re-décision d'être heureuse, curieuse, vivante, je me souviens les avoir déjà vécus à l'issue du divorce - notamment avec l'ouverture sur le monde - je viens d'envoyer une proposition d'hébergement CS à une Islandaise qui fait aussi de l'échange de maisons, ça fait rêver non ?

01 septembre 2023

Belle jeunesse

Amphi de rentrée à l'ENS, phrase attrapée au vol dans le couloir : "Mon but c'est de maximiser les chances de bonheur dans la société."

26 août 2023

Mais oui !

 Tout à l'heure, en rentrant, un instant magique : je marchais dans dans la rue, et j'ai senti une petite main se glisser dans la mienne.

J'ai baissé les yeux, c'était un petit garçon d'environ 6 ans. On a fait quelques pas ensemble, j'ai gardé quelques savoureuses secondes cette petite main, ce petit garçon qui marchait, confiant, avec moi ... et puis je lui ai parlé doucement et j'ai cherché sa mère, qui était un peu plus loin. 

Il marchait perdu dans ses pensées sans doute, il avait pris ma main sans lever la tête, il s'était juste trompé de maman.

Mais j'ai adoré son regard quand je lui ai parlé, quand il a levé les yeux vers moi ... c'était tout sauf de la peur.

J'ai adoré ce moment.

La vie est magnifique parfois.

Céline

01 août 2023

(Res)sources


Un road trip aller-retour vers le Portugal avec une improbable tribu - Samir, son meilleur ami, les jumeaux et une ado de 14 ans ? Même pas peur. J'avais confiance, un bon feeling à propos de Jean et d'Emma, que je n'avais pourtant vus que le temps d'un dîner, et le goût des expériences inédites. Bien m'en a pris. 

Il y avait TRES longtemps que je n'avais pas pris de vacances comme celles-ci, sans alibi géographique ou culturel. En Algarve, si les plages sont magnifiques, pas de musées ou de châteaux, mais la mer, le soleil, et la piscine de la maison. Rien d'autre. Des heures chaudes pour lire ou faire la sieste. Un coup de vent rafraîchissant le soir - l'Atlantique est à quelques minutes de marche. Un temps long, tranquille, profondément ressourçant, qui m'a replongée dans des sensations de vacances d'enfance : le sable brûlant, les draps frais de la sieste, le goût du melon, la peau salée qui tiraille un peu, vivre en maillot de bain. Une déconnexion totale des patients, des soucis et du monde. Et des bonheurs en colliers de perles :

- Je me suis baignée en mer, tous les jours, parfois plusieurs fois par jour. Karen Blixen écrit, l'eau salée guérit de tout - la mer, la sueur ou les larmes - c'est vrai. C'est comme se reconnecter directement à soi et à l'univers en même temps, une prise directe avec l'énergie de la vie. Le matin. Le soir. Et même, pour la toute dernière baignade, à la nuit tombée. 

- Mais j'ai aussi aimé cette piscine à la même température que l'air ou presque, où nous plongions dix fois par jour, où nous avons nagé sous les étoiles, chahuté en plein midi.

- Et cette famille provisoire avec laquelle cuisiner, jouer, bavarder - j'avais emmené de quoi dessiner, faire des jeux de société, un atelier d'origami, qui m'a évoqué tellement de souvenirs, avec Léo et Elsa bien sûr, mais aussi avec Cyril et Clara, avec Paul... 

- Et les étapes du voyage - la jolie nuit chez Ghislaine à l'aller, qui nous a reçus avec le grand coeur qui est le sien, et la nuit en refuge de pèlerins de Compostelle au retour - deux moments pleins du charme de l'inattendu : voir jouer les jumeaux et Neela, discuter synchronicités, dormir à 6 dans un dortoir, qui l'aurait prédit ?

- J'ai lu, tellement : Circé, de Madeline Miller, offert par Hugo, une version féminine de l'épisode bien connu de l'Odyssée. Les débuts, de Claire Marin, intéressant. Orgueil et préjugés, Jane Austen bien sûr. Chavirer, de Lola Lafont. Troublant. Le coeur synthétique, de Chloé Delaume - décevant. Beloved, de Toni Morrisson, magnifique à bien des titres mais si dur qu'à l'heure où j'écris, je ne l'ai pas encore achevé. Ma vie sur la route, de Gloria Steinem, si inspirant que j'ai enchaîné en rentrant avec La révolution intérieure - parfait exemple du livre qui apparaît exactement au moment où on en a besoin. Des plumes féminines et féministes, toutes. 

Je constate que désormais chaque jour ou presque je me surprends à faire des arrêts sur image, avec une conscience de plus en plus aiguë de la valeur de ce que je vis au moment où je le vis. Ce n'est pas nouveau, je pense qu'enfant j'avais déjà cette espèce de nostalgie au coeur de l'instant. C'est une des raisons d'être de ce blog d'ailleurs - préserver... Jeune adulte, j'avais écrit :

"Le regret déjà de la seconde écoulée, avant même la seconde passée. Comme une tentative dérisoire, minuscule, de se protéger de cette douleur-là : ceci ne sera plus, et nous le savons."

La bonne nouvelle c'est qu'aujourd'hui, cette attention à l'instant je ne la ressens plus comme une douleur, mais comme une occasion de gratitude, un grand MERCI silencieux, la conscience de faire provision de bonheur.

25 juillet 2023

(Couldn't agree more)

I think midlife is when the Universe gently places her hands upon your shoulders, pulls you close, and whispers in your ear:

I’m not screwing around. It’s time. All of this pretending and performing – these coping mechanisms that you’ve developed to protect yourself from feeling inadequate and getting hurt – has to go.

Your armour is preventing you from growing into your gifts. I understand that you needed these protections when you were small. I understand that you believed your armor could help you secure all of the things you needed to feel worthy of love and belonging, but you’re still searching and you’re more lost than ever.

Time is growing short. There are unexplored adventures ahead of you. You can’t live the rest of your life worried about what other people think. You were born worthy of love and belonging. 

Courage and daring are coursing through you. You were made to live and love with your whole heart. It’s time to show up and be seen.

Brené Brown

21 juillet 2023

Ce n'est rien...

 ...tu le sais bien le temps passe ce n'est rien...

(C'est ma période chanson française, cf post précédent).

Mais quand même ça fait un drôle de petit pincement au coeur en repartant, et pas mal d'émotions... Avant tout il y a la joie de leur joie - d'autant qu'il est formidable cet appart, lumineux, charmant et spacieux. Et l'émotion devant cette jeune adulte qu'est devenue ma petite fille, et la fierté devant le chemin qu'elle a parcouru, et que j'ai accompagné de mon mieux. 

Mais il y a aussi la page qui se tourne, les photos qui défilent à toute allure - ce bébé joufflu, cette gamine qui rentre à l'école, cette adolescente déboussolée, tous ces moments partagés,  et la conscience que peut-être pas tout de suite, mais à la rentrée, la maison me semblera bien vide et qu'il me sera difficile d'imaginer qu'il n'y aura pas de retour, et qu'il faut désormais écrire autrement la suite de l'histoire.

Et c'est comme une tourterelle
Qui s'éloigne à tire-d'ailes
En emportant le duvet qui était ton lit un beau matin
Et ce n'est qu'une fleur nouvelle
Et qui s'en va vers la grêle
Comme un petit radeau frêle sur l'océan...

Bonne nav' petit radeau ! Je sais maintenant que tu tiens bon les vagues, la traversée devrait être belle.

20 juillet 2023

Toujours un coin qui me rappelle

Je marche seul le long des rues
Où nous allions tous deux avant
À chaque pas je me souviens
Comme on s'aimait auparavant...
 
Je l'ai fait. Reprendre la rue Jacob - passer la place Furstenberg, m'arrêter devant chez Ladurée, voir que la galerie Dina Vierny n'a pas changé de déco, mais que la petite bijouterie Lucile a disparu, que le vendeur de tissus orientaux Simrane est toujours là mais que la boutique Blanc Bleu a été remplacée. 
 
J'ai jeté un coup d’œil dans le hall de chacun des beaux hôtels du quartier (et celui-ci, y étions-nous allés, voyageurs sans bagages et sans réservation ? et souvent la réponse est : oui...), marché jusqu'au tout premier, l'Hôtel du Danube avec sa façade en boiseries, et cette petite chambre mansardée aux draps fleuris avec vue sur les toits de zinc - un fantasme parisien, et tellement d'émotions contradictoires alors.

J'ai cherché nos vélos du regard, nous ai aperçus remontant vers Saint-Germain, nous disant silencieusement au revoir devant la librairie la Hune, remplacée depuis par une enseigne de luxe. Je t'entends devant la joaillerie me dire, il n'y a rien que tu ne puisses décider d'avoir, et plus qu'une promesse matérielle, j'y entends ta perpétuelle invitation à rêver grand, à oser vouloir le meilleur.

J'ai hésité à m'enfuir, c'était beaucoup, trop peut-être ? et puis non - au contraire je suis allée prendre un café au Pré aux Clercs, le garçon m'a fait un gentil compliment (un prix d'ami ? non, un prix de beauté plutôt), je l'ai pris comme un clin d’œil de ta part, là-haut, comme un souffle léger sur la tristesse douce mais profonde qui me serre la gorge encore maintenant.

14 juillet 2023

Un moment doux

J'aurais pu garder beaucoup de clichés de ce week-end de 14 juillet : le plateau d'huîtres et de crevettes, les images poétiques de l'expo-projection aux Franciscaines, un château de sable à marée montante, le coucher du soleil mordoré du premier soir, mais c'est celle-ci qui  m'émeut le plus. Parce qu'elle dit quelque chose de la fragilité, de la distance respectueuse mais attentive entre ma maman convalescente et mon amoureux. De leur fragilités respectives en fait, pour elle après un mois d'hospitalisation, pour lui qui vit comme un oiseau sur la branche mais sait se rendre disponible pour l'autre, sans jamais le faire remarquer. C'était joli et doux - et puis, les moules-frites et le Chablis ce soir-là étaient délicieux.

07 juillet 2023

Plus grand que nous

Il suffit de plonger dans les eaux claires de Port-Cros, au-dessus des fosses de sable blanc, au milieu des posidonies, pour observer la vie qui foisonne, l'infinie créativité de la nature - ou encore de descendre ne serait-ce que le début du sentier botanique de la Fondation Carmignac, de se laisser émerveiller par la stupéfiante variété des plantes grasses ou des arbustes fleuris, qui répondent à la non moins émouvante créativité humaine - artistique, architecturale, esthétique. Il suffit d'ouvrir les yeux, de se relier au souffle du vent, à l'énergie de la mer. Il suffit, et il devient impossible d'ignorer ce que Bobin nomme les preuves en miettes de l'existence de Dieu - Dieu ou l'Univers, la Source, ou le nom qu'on voudra bien lui donner, l'essentiel n'est pas là. Ce que Walsch écrit aussi à sa manière lorsqu'il donne la parole à Dieu : "Je parle à chacun. Tout le temps. La question n'est pas : à qui je parle, mais : qui écoute ?"

06 juillet 2023

Un lieu sûr

Un lieu sûr, c'est ce qu'on installe en hypnose ou en EMDR avant d'aller à la rencontre des traumas petits ou grands - un refuge intérieur, un signal pour le cerveau qu'à cet instant précis, nous sommes bien vivants, calmes et en sécurité. Ce peut être un lieu d'enfance, un lieu de vacances, un lieu imaginaire - l'essentiel c'est d'apprendre à notre esprit à l'évoquer de la façon la plus complète et sensorielle possible afin de pouvoir y revenir.

Depuis la première fois que j'ai fait cet exercice, mon lieu sûr, c'est l'avant d'un voilier en navigation. Il n'y a pas plus complexe ni plus apaisant pour moi en termes de sensorialité. Je vois : le bleu de la mer et celui du ciel, la voile gonflée, l'écume qui déferle et la petite girouette en haut du mât. J'entends - les vagues qui se coulent le long de la coque, le vent qui siffle à mes oreilles, le cliquetis des filins contre les haubans. Je sens la chaleur du soleil, la caresse de l'air, le contact du teck sous ma main. Mais surtout, je ressens la danse du bateau sur les vagues, le mouvement dans mon corps, cette berceuse lente et sensuelle, et, ce que j'aime par-dessus tout, cette suspension du temps et de la pensée. Enfin les mots s'arrêtent, le mental fait silence... Juste : être.

Il y a aussi des souvenirs magnifiques, le lien aux forces de la nature et à leur pouvoir de régénération, la présence d'un absent, la confiance et l'abandon aussi ; si je suis là, c'est que j'ai passé la main, confié la barre : je peux me reposer, sur l'onde et sur l'autre. Juste : respirer.

Cette année j'ai réalisé aussi que ce rythme coulé de l'étrave qui fend les flots, au-delà d'être hypnotique, avait aussi quelque chose de profondément érotique. Une vague lente et cyclique qui résonne loin au creux du ventre au portant, une sensation de puissance à peine domptée au près, et je me suis surprise à me poser la question : suis-je la vague ou bien le voilier, le mouvement ou bien l'accueil ? Les deux mon capitaine - comme dans l'amour, les frontières s'effacent, les questions n'ont plus cours. Juste : sentir.

05 juillet 2023

Lars

C'est une rencontre de hasard comme on en fait dans les ports - un homme solitaire sur un magnifique bateau, venu confirmer l'hypothèse de Charles sur les marins qui sont "ces grands tendres partis bouder au fond des mers". Ici un étranger récemment veuf, qui après de graves soucis de santé avait formé avec son épouse un projet de tour du monde - et qui se retrouve seul à bord, avec un chien pour seul compagnon.

De Lars je garde une série de clichés solaires - son arrivée dans le plus simple appareil, sa complicité avec le chien Hans, le repas délicat qu'il nous a préparé, le cappuccino qu'il m'a spontanément offert tôt un matin, livré en annexe s'il vous plaît, un récit de vie au travers des tatouages qui couvrent le haut de ses bras - mais aussi un sentiment de profonde mélancolie.

Du charisme, de l'humour, mais une infinie solitude - des enfants adultes qui vivent au loin, aucun ami intime, une blessure paternelle que l'on devine entre les lignes (I looked in my father's eyes...) - une sincérité touchante aussi, lorsqu'il évoque sa vie à bord - les rencontres de mouillage qui amènent une brève chaleur humaine, une joie éphémère mais le renvoient tôt ou tard à la cabine trop grande et trop vide où le sommeil ne vient pas. Pour le moment il est perdu et l'admet - lost in translation. Au lendemain de cet échange il me dira : Merci d'avoir posé les vraies questions. 


04 juillet 2023

S'adapter

Beaucoup plus tard, devenue adulte, la cadette s'entendrait dire à une amie : "Si un enfant va mal, il faut toujours avoir un œil sur les autres". Avant d'ajouter, pour elle-même : "Car les bien-portants ne font pas de bruit, s'adaptent aux contours cisaillants de la vie qui s'offre, épousent la forme des peines sans rien réclamer. Ils seront les gardiens du phare détestant les vagues mais tant pis, refuser serait déplacé. Un sentiment de devoir les guide. Ils se tiendront là, vigies dans la nuit noire, se débrouilleront pour n'avoir ni froid ni peur. Or, n'avoir ni froid ni peur n'est pas normal. Il faut venir vers eux."

(...) Dira-ton un jour l'agilité que développent ceux que la vie malmène, leur talent à trouver chaque fois un nouvel équilibre, dira-t-on les funambules que sont les éprouvés ?

(...) Il sentait qu'une frontière le séparait des enfants de son âge. Il perçait l'épaisseur humaine très facilement. Il attrapait un regard, une mélancolie, une attente, un sentiment d'infériorité, un amour secret, une peur. Il flairait autrui à la façon d'un animal. Mais il veillait à rester humain pour éviter le rejet car, il le devinait, les grands sensibles sont des proies.

Clara Dupont-Monod, S'adapter

03 juillet 2023

Revenir

Plus ma vie se transforme, plus la notion d'une continuité se perd, et plus - en tout paradoxe - il me devient précieux de revenir.

Ces dernières années tout a changé si vite - lieux de vie, de travail, amours, et les enfants sont passés de l'adolescence à l'âge de jeune adulte en à peine le temps de reprendre mon souffle. Et si j'ai posé mes valises dans mon nid sous les toits, à bien des égards je me sens encore nomade.

Je n'ai nulle part où revenir - pas de maison de famille (l'île de Ré, autrefois ?), pas de maison-famille, ce cocon rassurant autant que possiblement aliénant, pas de terroir ou de racines, de filiation ou d'affiliation forte à une culture, une langue, une terre -  et je ne suis pas sûre qu'aujourd'hui cela me manque encore. Pourtant - je ressens un indicible bonheur à revenir. Cette semaine, c'est la maison d'Agnès et Yves qui m'a inspiré cette réflexion - la piscine bleue, le petit studio du fond de la cour, la visite à Mamé et puis bien sûr, habiter sur l'eau, le bruit du vent, la berceuse des vagues, l'horizon ouvert.

Revenir - mettre mes pas dans mes propres traces. Reconnaître. Savourer ce sentiment d'enfiler un vêtement confortable et doux, cette simplicité sereine du familier. Etre comme à la maison - mais ailleurs. Ce qui tient beaucoup sans doute à la qualité des êtres au moins autant que des lieux. Mais aussi aux détails qui n'en sont pas : parce que je connais les prénoms des enfants, l'endroit où ranger le sucre et l'histoire de la famille, et peut-être aussi le nom du chien, la façon de faire tourner la clé du portail, alors je suis un peu chez moi...

C'est bon de revenir. De retrouver - des visages, des voix, des couleurs - il y a quelque chose de très profondément nourrissant, réconfortant dans cette continuité dans la discontinuité, qui est pour moi beaucoup liée aux maisons. Celle d'Emilie, celle de Ghislaine, Pen Wern auparavant, Montlevon encore un peu, Trouville, peut-être ? Aux maisons, ou aux jardins - ce n'est sans doute pas un hasard si toutes ces maisons sont en connexion directe avec la nature ? Ou peut-être au lien - ou à l'idée que je m'en fais - peut-être ces lieux sont-ils intacts dans mon coeur parce qu'ils ne sont associés qu'à des instants lumineux ?

Des maisons à mi-chemin entre la réalité et l'imaginaire, des maisons transitionnelles - comme autant de doudous mentaux ou de madeleines invisibles - et peut-être ma terre à moi est-elle un archipel de liens, une mappemonde affective, une collection de refuges. 

02 juillet 2023

Les Tisserands

Les créatifs culturels ont entrepris de créer une nouvelle culture, fondée sur la restauration de la qualité de tous les liens endommagés ou rompus : le lien d'écoute et d'estime entre soi et soi, le lien de solidarité et de fraternité avec autrui, le lien de symbiose avec la nature (...) L'ensemble forme ce que j'appelle le triple lien (à soi, à autrui, à la nature). Il y a donc trois grandes familles de Tisserands : celle du lien intérieur, celle du lien social, celle du lien écologique. Leur engagement complémentaire est fondamental parce que la mère de toutes les crises que connaît actuellement notre civilisation humaine est la menace d'une déchirure du monde.

Abdennour Bidar, Les Tisserands ou Réparer ensemble le tissu déchiré du monde

Un petit essai qui me va droit au coeur - ce titre merveilleux... et rejoint mon intuition et ma conviction que si espoir il y a, il passera par la reconnaissance et l'amplification de ce travail de tissage à tous les niveaux, dans un monde marqué par les clivages et les ruptures. Cette question du lien et de sa réparation me tient tellement à coeur, qu'elle explose dans toutes les dimensions de ma vie, affective, professionnelle, et à travers mon écriture aussi - forcément, je suis réceptive ! Réceptive aussi à sa conscience aiguë de l'interdépendance de ces dimensions, et à la conviction de l'auteur que cette conscience croissante pourrait amener vers une spiritualité nouvelle, multiple, nourrissante car au service du vivant sous toutes ses formes - sa compréhension du lien à soi dépassant largement le cadre du développement personnel ou du soin psychique pour ouvrir à la transcendance.

Résolument de la première famille, celle des tisserands du lien à soi, j'espère aussi apporter un peu, à ma modeste mesure, un peu au lien social comme au lien écologique... à tout petits pas, à tout petits points, comme un fil de plus dans la trame du monde.

01 juillet 2023

Quatre saisons

Quatre rencontres avec des femmes remarquables, en recherche, toutes plus ou moins dans des métiers d'accompagnement. C'était la dernière ce week-end, et vraiment encore une fois ce fut beau et bon de partager, d'expérimenter, d'apprendre les unes des autres - comme dans tous les groupes, c'est comme si chacune faisait un petit bout du chemin pour les autres, comme si chacune avait sa pièce du puzzle - toutes différentes mais toutes avec les mêmes questions - nos vies, nos familles, nos enfants, nos amours, nos métiers, nos choix...

De cette dernière rencontre je retiens cette remontée de l'arbre familial au travers des souffrances enfantines, pour redescendre sereinement à la femme thérapeute, tisserande que je suis aujourd'hui. Et aussi ce souhait : laisser retourner le(s) passé(s) à la Terre, pour s'élever vers la légèreté. 

24 juin 2023

Elémentaire

Dans notre improbable histoire, se niche un bonheur plus improbable encore, en tout cas inespéré, celui d'une petite famille provisoire, éphémère peut-être, mais qui m'enchante par ses plaisirs simples - un barbecue sur la terrasse, des rires, des jeux, des câlins - hier, un concours de massages avec les enfants, des trucs idiots et quotidiens - préparer un petit déjeuner, les envoyer au lit, aller voir ensemble le dernier Pixar - Elémentaire donc - qui parle si bien des héritages familiaux et culturels, et du défi que cela représente de se comprendre vraiment lorsqu'on a des trajectoires de vie tellement différentes - l'eau et le feu peuvent-ils vraiment s'accorder dans la durée ?

17 juin 2023

Merci la vie

Décidément, ce mois de juin ! Souvent, je pense à cette phrase de Teresa : What is not to love ? Bien sûr, je la trouve magnifique en toutes circonstances - comme un mantra, une invitation - qu'est-ce qui sur cette Terre, ou dans cette vie, ne serait pas à aimer, même quand c'est tellement difficile, ou si fragile ? Mais il faut bien reconnaître qu'il y a des moments où c'est plus facile qu'à d'autres : gratitude !

Un bonheur n'arrivant jamais seul, ce week-end il y a eu aussi le coup de fil d'Elsa pour partager sa joie : stage en alternance trouvé, chez une fleuriste dont le travail l'intéresse et avec qui le contact est tout de suite bien passé : tellement heureuse pour elle !

09 juin 2023

On dirait le Sud...


 ...le temps dure longtemps... ou peut-être, c'est ce temps répété, retrouvé, qui me fait tellement de bien à chaque passage à Cairanne : le chemin dans les vignes, la maison d'Emilie et Arnaud, les grands-parents des deux côtés, le coucher de soleil sur les hauteurs du jardin, le marché provençal, les petits villages perchés - il y a quelque chose de profondément satisfaisant, rassurant dans ces retrouvailles chaleureuses autour de bonnes choses simples - les melons, les cerises, le bon vin. Des odeurs et des couleurs si familières - même si je n'ai pas pu m'empêcher de chercher Jingo du regard. Et puis c'était un bonheur de voir la maison en mode fête pour l'anniversaire d'Arnaud, et de déguster les pizzas tout juste sorties du four à pain rénové : que demander de plus ?

07 juin 2023

Un discours

Bonjour à tous,

Laissez-moi commencer par tous vous remercier d'être là ; ça signifie tellement pour Cyril et Lika, et pour moi aussi, de les voir si bien entourés.

Cyril, Marion m'a mis la pression en me disant que tu comptais sur mon speech, je vais faire de mon mieux !

Pour ceux qui ne me connaissent pas, je m'appelle Lucile, et je suis la grande sœur de ce séduisant jeune marié ; je sais, je pourrais presque être sa mère, mais je vous promets, je suis vraiment sa sœur.

Plus précisément, je suis sa grande demi-soeur. Alors on va se mettre tout de suite d'accord : demi ? Quel demi ? Qui pourrait n'aimer Cyril qu'à moitié ? Au-delà des liens du sang, il y a avant tout des liens de cœur, une famille choisie, des souvenirs qui se construisent et des affinités qui se confirment.

Cyril, quand j'étais gamine, j'aurais rêvé d'avoir un grand frère ; bon, ça c'est raté, mais je suis tellement heureuse d'avoir un frère comme toi, qui partage mon goût pour le bon vin et la... plus ou moins bonne chanson française (oui, tu as massacré le Coup de soleil en karaoké pour tes 30 ans, ne nie pas), mais aussi, pour parler plus sérieusement, un frère avec qui la confiance, le dialogue et la solidarité réciproque vont de soi.

Et puis c'est la classe d'avoir un petit frère à la fois brillant, mature et beau gosse (même avec la moustache !), et pourtant gentil, simple et généreux.

Avant cette semaine, je n'avais rencontré Lika qu'une seule fois, mais le coup de cœur a été immédiat. Sa vivacité, son naturel, son attention à l'autre m'ont conquise tout de suite – te souviens-tu de cette coupe de champagne surprise sur la Limmat ?

Très vite, j'ai pensé, cette ravissante jeune femme, c'est Cyril au féminin – à moins qu'il ne soit une Lika au masculin ? Des jumeaux amoureux, la même énergie à laquelle rien ne résiste, le même rayonnement, une dream team que j'imagine sans peine s'épauler pour le meilleur pendant les 100 prochaines années.

Je comprends tellement que vous vous soyez choisis ; un amour comme celui-ci n'est pas facile à trouver, et c'est une chance de le vivre : prenez-en grand soin. (Un petit conseil au passage : Cyril, la meilleure façon de terminer une discussion en étant sûr d'avoir le dernier mot, c'est : tu as raison, ma chérie).

J'ai attendu cette journée avec impatience, car j'étais certaine qu'elle refléterait votre créativité, votre goût et votre générosité ; elle est effectivement merveilleuse, et elle vous ressemble : merci pour tout ce que vous avez préparé.

Avoir des frères et sœurs beaucoup plus jeunes, c'est vraiment chouette. Ça permet d'aller de nouveau à des mariages (quand tous vos copains sont en train de divorcer), ça permet de croire à nouveau en l'amour et d'avoir des étoiles plein les yeux (et moi je suis une grande romantique, définitivement fleur bleue).

Ça permet même de s'attendrir à nouveau devant des bébés – Clara et Thibaud ont déjà commencé, Cyril et Lika, je compte sur vous. Dans cette famille de cœur, je suis très heureuse d'avoir une nouvelle sœur, et bientôt je l'espère, une petite nièce ou un petit neveu !

Mais avant que ce ne soit le bon moment pour cela... rêvez grand. Sachez qu'on ne se souvient pas des jours, mais des instants : créez-vous des instants extraordinaires - je sais que vous avez ce talent-là. Mais n'oubliez pas non plus qu'il y a aussi un bonheur secret dans le fait de faire ensemble des choses ordinaires. Et remerciez-vous d'exister – il n'y a pas de plus belle déclaration d'amour. 

Trois jours de rêve


 D'abord parce que tout était plus que parfait - un lieu incroyable en pleine nature avec une vue à l'infini sur la vallée, des vieilles pierres provençales, une piscine. Parce que l'accueil, au vrai sens du terme, avait été pensé dans ses moindres détails, avec une multitude de bonnes idées attentionnées - cocktail somptueux mais repas simple pour mieux aller danser, location de baby-foot, crêpes bretonnes à volonté pour le brunch, et j'en oublie, beaucoup. Une fête 5 étoiles, et bien plus encore dans les yeux !

Ensuite parce que c'était beau de voir les jeunes mariés si bien entourés par des amis de très longue date - un groupe aux origines et aux langues diverses (22 nationalités !), tous milieux sociaux confondus, mais chaleureux et aimant. Et que c'est quasi miraculeux que Papa et Gene aient pu être là l'un et l'autre, et participer pleinement à l'événement.

Et surtout - parce que c'était émouvant cette cérémonie en plein air, ces vœux en allemand/français/anglais/polonais où ce qui ne se saisissait pas du fait de la barrière de la langue se communiquait cependant dans l'émotion palpable des mariés et de leurs proches. Un mariage inoubliable. Et j'aime assez l'idée que ces vœux soient prononcés en dehors de tout cadre administratif ou religieux - un engagement en toute liberté, un lien qui s'affirme simplement face à ceux qui comptent pour Cyril comme pour Lika, en même temps qu'un magnifique cadeau pour tous. 

27 mai 2023

Le prix de la liberté

Arrivée à la cinquantaine, juste au moment où ma vie était censée se ralentir, se stabiliser et devenir plus prévisible, elle s'est accélérée, est devenue instable et imprévisible (...).

Je ne voulais pas restaurer le passé. Ce dont j'avais besoin, c'était d'une construction toute neuve (...) Il était vain de vouloir faire entrer une ancienne vie dans une nouvelle (...).

Cependant, créer ce foyer, un espace pour une mère et ses filles, a été une telle leçon d'humilité, une expérience si dure, profonde et intéressante qu'à ma grande surprise j'ai découvert que je travaillais très bien au milieu du chaos. J'avais les idées claires, j'étais lucide ; l'installation en haut de la colline et la nouvelle situation avaient libéré en moi quelque chose jusque-là enfermé et étouffé. J'ai gagné en vigueur à cinquante ans, à un âge où mes os étaient censés se fragiliser. J'avais de l'énergie parce que je n'avais pas d'autre choix que d'en avoir (...).

La liberté n'est jamais libre*. Quiconque s'est battu pour être libre sait ce qu'il en coûte. 

Déborah Lévy, Le coût de la vie

La première fois, j'aurais voulu restaurer le passé - comme Déborah Lévy l'écrit ailleurs dans le texte, "Pour moi, il n'y aura pas de fin au deuil de ce vieux désir de vivre un amour durable qui ne réduirait pas ses personnages principaux à moins que ce qu'ils sont."

La seconde - j'avais compris je crois, et je me suis sentie portée par cet élan vers une construction neuve, ce regain d'énergie incontournable lorsqu'il faut à nouveau tout assurer seule (mais aussi par la fierté qui l'accompagne). Et le plaisir d'explorer une identité nouvelle, lorsqu'on n'est plus la compagne et, les enfants ayant grandi, lorsqu'on a moins besoin d'être la mère.

Déborah Levy écrit longuement sur le bonheur que lui apporte son vélo électrique, qui lui donne des ailes et le sentiment de maîtriser sa vie (dans une modeste mesure) : je suis tellement d'accord !

*La traduction perd à mon sens l'essentiel : Freedom is never free : la liberté n'est jamais gratuite...

25 mai 2023

Juste cet après-midi

Juste cet après-midi, il y a eu J, qui a perdu si brutalement sa meilleure amie, sa sœur de coeur élue, et sa joie de vivre. Dont la peine indicible croît avec cette absence qui n'en finit plus de s'imposer, et s'immisce dans chaque souvenir. J'imagine et elle me le confirme, les jumelles de Demy, qui dansent et chantent dans un monde arc-en-ciel - et puis Catherine sans Françoise...

Et puis V, une étudiante ukrainienne dont le frère est en ce moment sur la ligne de front, et qui présente pour sa fin d'études le projet d'un centre de soins psychiques à destination des traumatisés de guerre inspiré du kintsugi : dans un bâtiment éventré par un missile, ne pas chercher à restaurer à l'identique mais utiliser l'espace ainsi créé pour proposer de nouvelles circulations, un tissu cicatriciel visible mais créateur de nouveaux possibles.

Et puis A, livrée à elle-même depuis toujours, poly-consommatrice à quinze ans, sous emprise à dix-sept, submergée par l'angoisse aujourd'hui - logorrhéique, insomniaque, infiniment fragile et pourtant si résistante, résiliente. Une maturité bien trop précoce aussi - je la vois comme un petit esquif dans la tempête, sur une mer sombre dont elle seule sait ce qui se dissimule dans les abysses.

Et puis L, ce petit génie mathématique chinois à l'anglais traînant avec qui je poursuis depuis presque trois ans un dialogue intermittent (car à qui adresser cet ovni ?), qui gagne en profondeur à chaque rencontre, et révèle un questionnement existentiel et un humour insoupçonnables autrefois. Et je vois progressivement émerger du gamin terrifié de nos tout premiers échanges autrefois un jeune adulte qui revendique de plus en plus son indépendance de pensée et d'action.

Et encore J, une autre intelligence affûtée autant que perturbante, qui tente désespérément de trouver le chemin qui lui permettrait de ressentir une émotion, quelle qu'elle soit, sans pour cela avoir à se plonger dans des situations où la souffrance, la sienne ou celle de l'autre, parvient seule à lui donner la sensation d'être un peu vivante. 

Chez tous, la rapidité de pensée, la lucidité sont vertigineuses. Et le désespoir, tout autant. Leur intelligence, leur beauté, leur jeunesse ne les sauvent de rien, les sauveront peut-être. Ils sont incroyables. Ils sont bouleversants. 

23 mai 2023

Association de malfaiteurs


Léo avait dit, tu me réserves ta soirée, c'est une surprise. OK ! Après un petit dîner en terrasse, je suis arrivée les yeux bandés devant un lieu où j'ai reconnu des rires familiers - nous y avons retrouvé Agathe et Cécile, elle aussi en mode blind date, pour une soirée karaoké spéciale Fête des Mères - mais quelle idée géniale !!! On a dansé, on a chanté, et on a même bien pensé, à les remercier (même si ce n'était pas les Champs Elysées, ta da ta da ta.) Super touchée par l'idée, par sa mise en œuvre - nous réunir autour de quelque chose que nous partageons depuis toujours, c'était très bien vu, et plein d'amour.

20 mai 2023

Trouville

14 mai 2023

Une si jolie journée

Qui nous aime nous suive ! Ce jour-là, un mélange de générations, d'histoires et d'horizons, juste réunis par l'envie de célébrer ensemble les 20 ans de notre Ellie dans la joie et la bonne humeur. J'adore - l'idée d'une tribu évolutive de gens de coeur, au-delà des conventions et des ruptures, où les traditionnelles frontières amis, amours, familles n'ont pas lieu d'être. Pourquoi Ellie ? Peut-être parce qu'il y a des facettes d'Elsa que ma petite fleur a envie, en tout cas à ce jour, de laisser dans le passé... alors va pour Ellie (ou Rose ? Ou Marguerite ? Est-ce qu'Ellie évoluera un jour vers Lily  - qui peut signifier lys ou muguet ?), l'essentiel, c'est qu'elle fleurisse. Ce fut joyeux, bruyant, chantant, et délicieux - autant d'instants précieux.