03 mars 2024

Merci

Je regarde Notre corps, bouleversant documentaire de Claire Denis qui a posé sa caméra à l'hôpital Tenon, dans un service qui s'occupe de la santé des femmes dans toutes ses dimensions. Et je suis remplie de gratitude. Pour ces soignants dévoués, empathiques et pédagogues, et pour la chance de vivre dans un pays qui met à disposition des moyens de soins parfois incroyablement techniques, parfois merveilleusement humains.

Mais plus intimement, merci, au vu des trajectoires esquissées dans ces témoignages : pour n'avoir jamais eu à interrompre une grossesse ; pour n'avoir eu aucun mal à tomber enceinte, et avoir été dispensée du parcours du combattant de la PMA ; pour n'avoir pas accouché seule ; pour ne pas souffrir d'endométriose ; pour n'avoir pas eu à affronter, pour moi-même ou pour mes enfants, les questions d'une transition de genre ; pour n'avoir été - à ce jour - atteinte d'aucun cancer, génétique ou non (et pour la fin de vie, a priori je vais attendre encore un peu aussi.)

Par extension, pour être une femme de ce siècle, de ce pays, autonome financièrement (et blanche, hétéro et diplômée).

Ce qui m'évoque aussi cette si jolie chanson de Jeanne Cherhal (et la joie cette semaine de la décision du Parlement d'inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution)  :

(...) Pour cette pilule insensée que je prends sans y penser
Moi qui n'ai jamais fait l'amour avec un compte à rebours
Pour l'audace et le courage de celles qui à mon âge
Ont su desserrer les coutures des générations futures
Pour ce plaisir qui nous dépasse (...)

Jeanne Cherhal, Merci

Prendre soin

Bien sûr, il s'agit de moments rares, et pas du tout de mon quotidien professionnel. Et, en l'occurrence, de deux patients que j'ai suivi sur des années, et qui m'ont je crois appris autant que ce que je leur ai apporté. Au-delà du cadre, des rencontres.

Le premier est revenu hier pour une séance de clôture profondément émouvante, nommer ceci : oui, je lui ai sauvé la vie le jour où je l'ai fait hospitaliser en urgence. S'en est suivi un échange très fort sur le lien thérapeutique, ce drôle de rapport asymétrique où l'un ne sait rien de l'autre, et qui peut pourtant être un repère décisif, une rencontre qu'on n'oubliera pas. Sur ce métier où l'on accueille avec ce que l'on est, où l'on ne travaille bien qu'en acceptant d'être touché, ému par l'autre. Sur la juste distance thérapeutique, qui n'est ni amitié ni froide neutralité, mais accueil et pas de deux, travail d'équipe. Ex-enfant profondément blessé et autrefois amer, il s'apprête aujourd'hui à fonder une famille, et cultive son jardin au sens propre comme au sens figuré. "J'ai beaucoup grandi", me dit-il.

Pour la seconde, j'ai aménagé le cadre comme pour personne d'autre avant elle, m'adaptant à ce que j'analyse aujourd'hui comme les besoins d'un nouveau-né entre la vie et la mort. L'espace, le temps, le contact pendant et entre les séances, il n'y a rien qu'elle ne m'ait fait interroger, ajuster, et transformer. Jusqu'à le mettre en œuvre dans la réalité, lors d'une séance par téléphone au décours d'une hospitalisation pour une tentative de suicide, lors de laquelle nous ne savions pas si elle allait survivre à son geste. Séance dont elle dit aujourd'hui que c'est le seul contact humain ressenti comme réel qu'elle ait eu pendant cette semaine-là. Aujourd'hui la "nouvelle-née", a bien grandi, (se) pose de toutes autres questions, et interroge d'elle-même la possibilité de commencer à se séparer, et d'espacer nos rencontres. Et je suis d'accord, c'est juste.

(Elle n'a pas tout à fait fini de grandir cependant ; avant une séparation d'un mois pour des raisons professionnelles, elle a évoqué Zou le petit zèbre, un album pour enfants dans lequel ses parents lui préparent une boîte à bisous pour chaque jour d'absence. :-))

28 février 2024

En quête

Un constat ces dernières semaines : mon âme tend à me mettre à la diète. En tout cas, ce qui me faisait envie avant, ne me nourrit plus. Dans le choix de mes lectures, de ce que je regarde ou écoute, il se passe quelque chose de nouveau.

Les films et les séries m'ennuient de plus en plus souvent, je suis ressortie ce matin les mains vides de ma librairie (événement inédit), je questionne de plus en plus le bon usage des informations - être coupée du monde, non, mais être intoxiquée quotidiennement par l'anxiété et l'impuissance devient de moins en moins possible.

Je ne suis pas devenue blasée, ou moins sensible à la beauté pourtant - alors je devine une évolution silencieuse, un appel croissant à quelque chose que je ne sais pas encore nommer. Comme si quelque chose en moi faisait un tri spontané, éliminant le trop attendu, le "consommatoire", le superficiel pour aller vers ce qui me touche, m'enthousiasme, m'émerveille, me donne matière à penser. 

Des podcasts inspirants, un roman utopique mais qui laisse profondément à réfléchir (Les Déliés), des musiques lumineuses - sacrées ou joyeuses, une envie de mouvement, dans la danse ou dans le sport, relire aussi plutôt que d'empiler les bouquins neufs - revenir aux sources - je viens de retrouver, comme on retrouverait un vieil ami, Le billet d'excuse, de Christian Bobin.

Peut-être Bobin ne parle-t-il que de cela d'ailleurs - du pas de côté, du silence, de la contemplation - "ne pas céder à l'imaginaire du plein".

22 février 2024

Humilité

La vérité, c'est que je ne sais pas. Et que je suis profondément perplexe (et parfois vaguement envieuse) lorsque j'entends des collègues thérapeutes être si affirmatifs quant à leurs théories, leurs méthodes et leur efficacité. Et déjà par principe, s'ils se réclament d'une seule, je fuis. Rien de plus terrifiant que les monomanies théoriques, l'intégrisme conceptuel, lorsqu'il s'agit de l'humain.

Pour ma part, ma conception fondamentale reste celle énoncée par Victor Raimy en 1949 : "La psychothérapie est une technique indéfinie, appliquée à des situations imprécises, avec des résultats imprévisibles. Pour l’acquisition de cette technique, une formation rigoureuse est souhaitable."

Lorsque la souffrance d'un patient diminue, ou lorsque je le vois évoluer dans ses choix et dans sa vie, qu'il s'agisse d'un suivi bref ou d'un accompagnement à long terme, je peux espérer (et parfois raisonnablement penser) y avoir contribué. Il m'arrive d'en être à peu près sûre, et aussi que cela soit confirmé par les principaux intéressés.

Mais restons modestes : je pense que la vie est thérapeutique. Que les rencontres, l'amitié, l'amour, et même parfois les accidents de parcours sont thérapeutiques. Que pour ceux de mes patients qui bénéficient de prises en charge complémentaires, qu'elles soient psychiatriques ou médicales, ou moins balisées - kinésiologues, naturopathes, mediums et autres chamanes, je serais bien en peine d'attribuer un "coefficient de guérison" à l'ensemble de leurs expériences vécues.

Formée à différentes approches, hantée par la certitude de l'être toujours insuffisamment (et c'est vrai : je ne suis pas une théoricienne), ma seule conviction aujourd'hui est celle que ce qui soigne avant tout, toutes théories confondues, c'est le lien. La qualité de l'alliance thérapeutique, autrement dit, de la présence humaine incarnée. L'expérience que je me reconnais le plus volontiers aujourd'hui, c'est celle de l'être-là. Ainsi que la liberté croissante dans l'expression de mes intuitions, dans le fond comme dans la forme.

Pas une technicienne, mais une tisserande, une passeuse, une passerelle. Et à cet endroit-là, il y a parfois des petits moments de grâce. D'inspiration. Un de mes maîtres parlait de cet instant où l'on s'efface, un autre de la transe du thérapeute, un autre encore d'un artisanat - je crois qu'aujourd'hui les seules formations qui vaillent - pour moi - sont celles qui m'amènent là.

Sujet de philo


 Vrai ou faux ? Argumentez. (Vous avez quatre heures...)

20 février 2024

#résilientes


On a causé veuvage, maladies graves, enfants en souffrance psy, établissements scolaires indélicats, employeurs toxiques, mammographies et dépistage du cancer colorectal, mais aussi Vinted, bijoux, déco, cuisine, animaux totem, jeunes générations en résistance, lectures qui sauvent, et sur tous les points, on a beaucoup ri - mes copines sont des warriors. Et moi aussi. Ah mais !

18 février 2024

Un dimanche mère-fille



L'Egypte à l'Atelier des Lumières, et le revival des Années Twist vu à la création du spectacle il y a... quasi 30 ans (ooops). Pour la petite histoire, dans la nouvelle équipe, deux enfants de la troupe de 1996... c'est joli ! Tous d'excellents chanteurs, danseurs, et une bonne humeur communicative - j'adore cet répertoire, léger et joyeux, que j'écoute souvent pour le plaisir.

08 février 2024

Sorcières

Nous avons besoin de guérisseuses, de femmes qui ont traversé l'enfer et en sont revenues, apportant avec elles l'innocence et la pureté.

Des femmes qui voient l'âme, l'écoutent, lui insufflent les vibrations de l'amour, des mots magiques, des chansons douces.

Des femmes qui peuvent caresser l'âme.

Elles tiennent la main d'un enfant blessé, d'une fille blessée et les soulèvent pour regarder l'arc-en-ciel.

Des femmes qui parlent aux arbres, aux pierres, aux animaux, aux montagnes, à l'eau, qui les écoutent, les comprennent, les conseillent. Elles les aident, les soutiennent.

Des femmes qui ont guéri leurs blessures émotionnelles, la violence, construit leur estime de soi, appris à s'aimer, à aimer, à dire non.

Les femmes qui connaissent les herbes, les fleurs, les arts magiques et ont appris à ne pas en avoir honte.

Des femmes qui, lorsqu'elles bougent, sont accompagnées de rangées d'Anges, et leur mouvement est comme une danse d'énergie, à différents niveaux.

Les femmes qui honorent leurs racines en les transformant et en apportant une nouvelle lymphe à l'arbre.

Des femmes qui ne sont plus des victimes, mais des choix opérants...

Des femmes qui peuvent aider d'autres âmes à se libérer, qui possèdent l'art sacré de la guérison, fruit d'un long parcours de guérison.

Des femmes qui s'expriment en étant humbles, car elles n'ont plus besoin d'être vues par les autres, elles ont pris conscience de qui elles sont.

Elles se sont vus honorées par des bénédictions.

Des femmes qui savent qui elles sont, des femmes qui servent le monde... 

Valeria Boari

04 février 2024

Bonheurs simples

16 janvier 2024

Deux ans déjà ???

14 janvier 2024

Duo de choc

Elles sont pas magnifiques ces grands-mères ?
Elles sont pas magnifiques ces grands-mères ?

13 janvier 2024

Barbelés

C'est une image qui s'est imposée ce samedi soir. Depuis le premier jour, nous savons que cette histoire est un petit miracle funambule, qui peut se déployer dans un espace défini, un périmètre de sécurité soigneusement balisé par une intelligence réciproque de la situation et, dans une certaine mesure, de l'autre. Un espace cependant cerné de barbelés - sans possibilités d'un après ou d'un autrement. Tant que nous ne les touchons pas, ça danse...

Et lorsque nous les touchons ? Ça pique. Et ça pique d'autant plus fort que nous faisons mine de les ignorer le reste du temps.