22 octobre 2023

Déjà 24 ans ?


J'aime tout dans cette journée : avoir demandé de l'aide aux grands pour ne pas tout préparer seule, et qu'ils aient répondu présent, avoir cuisiné ensemble. Avoir mélangé famille, amours et amis, et tous les âges de la vie. Avoir savouré le privilège d'être là, tous. Et que les jeunes soient tous restés le soir, les grands-mères devant prendre la route avant la nuit.

J'aime bien l'idée de l'assiette en plus, de l'invité(e) surprise  - la présence inattendue de la grande Elsa, notre prof de chant, a fait je crois très plaisir à Léo, et elle était parfaitement à sa place dans notre petite tribu de vrais gentils.

Dans un monde décidément rude actuellement, c'était doux la gentillesse et la générosité qui circulaient - dans les petites attentions pour tous y compris pour les jumeaux, le plaisir de partager un magnum de bon champagne, un vin exceptionnel, un plat délicieux - et nos gâteaux faits maison - et de jouer ensemble aussi, car sans jeux ce ne serait pas un anniversaire de Léo !

21 octobre 2023

Ménoquoi ?

C'est idiot mais... jamais je n'avais envisagé l'arrivée de la ménopause comme une perspective inquiétante. Plus de règles, tant mieux, quelques bouffées de chaleur, so what ? Ce que je n'avais pas envisagé, c'est le sommeil en miettes, le (vrai) brouillard mental, les montagnes russes émotionnelles et même quelques douleurs aussi diverses qu'inhabituelles. Ni le coup de bambou de la confirmation médicale : ah oui, la chute hormonale a été aussi massive que rapide, pas étonnant que le corps et le cerveau rament sévèrement, il va falloir leur laisser un peu de temps pour s'adapter, là.

Bon. Dans les moments où je récupère quelques neurones et où je n'ai envie ni de pleurer ni d'incendier qui que ce soit, j'imagine que ça peut être une expérience, à observer avec curiosité...

Pour toi : prends le temps des décisions très importantes en te posant les bonnes questions pour ton avenir. Après 50 ans, il faut prendre un autre tournant...Même "si on ne paraît pas notre âge"...toutes et tous, on est à notre âge ! (...) La vie est une fleur... hé ! OUI ! Un chemin à effectuer, un carrefour qui arrive... tout simplement, il faut le franchir car à 50 ans, tout à coup... TOUT nous paraît très sérieux ! Le FUTUR t'appartient : tu sais ce que tu as, ce que tu peux supporter, le choix est à toi, tout simplement : A TOI.

YoYo

17 octobre 2023

Loopings

Ces jours-ci ressemblent aux suites de mon précédent Covid - épuisement constant, angoisse diffuse, sommeil fracassé, maux de tête récurrents, vagues de tristesse irrépressible - pas toujours sans raison, mais parfois, si. Il y a une citation qui me trotte dans la tête, je n'arrive pas à la reconstituer, mais c'était quelque chose comme "...ce n'était donc pas le gris qui changeait selon la lumière mais l'humeur du peintre...", et voilà, j'ai le regard gris ces temps-ci, un regard voilé, l'émotion à fleur de peau. Ce soir, j'ai allumé une petite bougie, offerte par YoYo pour mes 50 ans. Un besoin instinctif de chaleur et de lumière.

Il semblerait qu'il y ait peut-être une raison hormonale à tout cela, un virage un peu trop brutal pour que le corps s'adapte en douceur vers la ménopause - peut-être, mais peut-être pas seulement. C'est l'exact revers de la médaille du nouvel élan, une inquiétude, un découragement, un espace-temps qui favorise la lente remontée de ce que j'ai mis de côté pour continuer d'avancer toutes ces années. Des souvenirs, des images, des émotions ressurgissent, plus intacts que je ne l'aurais espéré. Notre inconscient sait, c'est fou : en écrivant ce billet, je prends soudain conscience de ceci : nous sommes le 17 octobre. Il y a quatre ans, Hugo décidait de quitter cette vie - la vague de chagrin,  la petite bougie s'éclairent autrement...

Je me suis si souvent entendue le dire à l'un ou l'autre de mes patients - c'est parce que vous êtes maintenant en sécurité qu'il y a en vous la place pour laisser émerger ce qui demande encore à guérir. 

(Et puis, en médecine chinoise, la ménopause est pensée comme un second printemps, l'ouverture d'un nouveau cycle).

16 octobre 2023

Sur le bout de la langue

J'aime bien quand au hasard des lectures il y a des phrases qui me sautent aux yeux, me parlent au cœur. Cette semaine, dans l'interview d'une jeune chanteuse neuroatypique : "Je n'en reviens pas de me rendre heureuse". J'adore. Et ça me parle. Cette stupéfaction d'une capacité de bonheur autonome.

Et puis, dans un cartel d'expo : "Chez les Dogons, le même mot signifie tisser et parler. Et dessiner revient à tisser les mots entre eux mais aussi les associations d'idées, les affects, les interrogations, avec les pleins et les vides que le tissage produit, en un "donner forme" original et aléatoire." (Une psy qui gribouille en séance sur les dossiers de ses patients) - Moi qui suis une inconditionnelle de la métaphore du lien, du tissage, de la reprise, cette polysémie m'enchante.

Et parfois ce sont les patients qui me les donnent, comme cet étudiant qui, après un riche échange sur les thématiques existentielles, m'a déclamé de mémoire les premiers paragraphes du texte de Stieg Dagerman, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. Un petit moment de grâce suspendu au-dessus de son désespoir. Il m'a signalé une version enregistrée par Les Têtes Raides du texte intégral, je l'ai dirigé vers Yalom en échange.

Ou cette autre, à qui un médecin étranger a demandé, après une série de malaises consécutifs au deuil récent de son père : c'est une "héritation" ? Oui, voilà, exactement : une héritation. La même s'était émue/amusée (émusée ?) d'une annonce RATP sur son trajet, signalant un ralentissement de la ligne pour cause de petit colis délaissé (le pauvre).

08 octobre 2023

Grand cru

Quand on se promène sur ce blog, il est facile de retrouver nos retrouvailles - ce petit groupe qui se balade en France une ou deux fois par an depuis une formation commune en 2006-2007. Avec ses invariants - les longues marches, les rires et les échanges tous azimuts, et ses variations - l'absence de l'une ou de l'autre, les aléas de nos vies, les lieux aussi - Bretagne, Jura, Drôme... et cette année, Bourgogne. 

Mais ce que je garderai cette année, c'est l'émotion d'une dégustation de vins comme nous n'en aurons jamais dans un contexte commercial - faite par le père de mon amie Céline, vigneron à la retraite mais toujours passionné. Parce que le lieu - cette cave fraîche dans une maison bourguignonne, porteuse de l'histoire de plusieurs générations ;  parce que le vin, un Pommard exceptionnel qui nous a fait remonter le temps jusqu'en 1991 ; mais surtout parce que l'homme, d'une simplicité et d'une générosité rare. Du genre à ne pas vendre une cuvée qu'il n'avait pas jugée suffisamment bonne. Mais à faire goûter et à offrir (il ne vend plus) des bouteilles qu'il apprécie toujours. Du genre à laisser une trace émue dans la mémoire d'anciens collaborateurs, longtemps après son départ. Du genre à raconter des histoires incroyables - comment le monde entier, USA, Japon, est venu à la rencontre de ce couple né dans ces côteaux et qui y vit toujours aujourd'hui. Un petit moment d'exception, où l'émotion vient aussi du plaisir à transmettre quelque chose du travail d'une vie, du regard de Céline sur ses parents à travers nos yeux - une fierté attendrie, ou une tendresse fière...

Une dégustation au coeur d'un week-end où l'hospitalité de Denise et Jean nous a enveloppés du début à la fin - maison accueillante, cuisine familiale, souci de l'autre - c'est comme si tout s'était aligné, la météo radieuse, les couleurs de la fin de l'été, et cette douceur tranquille dans nos liens - 2023 fut un grand cru.