31 décembre 2019

Éclairons nos lanternes

Je bouquine pas mal en ce moment sur les passerelles possibles entre psychologie, neuro-biologie et spiritualité. Au détour d'une de ces lectures, je suis tombée sur cette analogie très parlante : le cerveau adulte fonctionnerait comme un projecteur : finalement, il ne voit que ce qu'il connait déjà, observe les secteurs du monde qu'il a déjà cartographiés au travers de données pré-enregistrées. Et plus nous avançons en âge, plus ce "mode par défaut" (une autre idée très intéressante) est figé, peu susceptible de s'ouvrir à l'inconnu, ou même de l'apercevoir. 

A l'inverse, le cerveau des jeunes enfants serait comparable à une lanterne, éclairant dans toutes les directions un monde toujours nouveau et plein de sensations, de surprises et d'émotions non émoussées par le déjà-vu, la paresse pragmatique d'un système nerveux qui s'imagine aller à l'essentiel - alors qu'il passe justement à côté (et bien souvent se sclérose dans des perceptions anxieuses ou dépressives). Ce regard de l'enfant invite donc à créer des solutions fécondes, des actions inédites, des associations nouvelles.

Et si en 2020 nous passions en mode lanterne ? 

Comme le dirait Loïc Lantoine : Gardez vos lumières allumées. 

30 décembre 2019

Un autre Noël

Tout simple, tous les quatre, improvisé autour d'une tartiflette et d'un verre de bon vin. Avec des petits cadeaux attentionnés et personnalisés, appelant à plus de moments partagés, et sans concertation préalable. Léo a fait office de DJ en cuisine et pour la suite, et nous avons même dansé ! Je suis enchantée des échanges émouvants et sincères générés par mon cadeau pour lui, un jeu qui invite chacun à revenir sur l'année passée avec des questions telles que : qu'est-ce qui t'a le plus surpris ? De quoi es-tu le plus reconnaissant ? Quelle a été ta meilleure décision ? Et ainsi de suite. J'attends avec impatience la soirée de demain, où nous explorerons la seconde partie du jeu, celle à propos de nos projets et de nos rêves pour l'année à venir !

25 décembre 2019

Noël bleu :-)


22 décembre 2019

Relax !


21 décembre 2019

Secret Santa 2019


19 décembre 2019

C'est là

Quand je suis attentive à la vie, quand je relis la Care Box aussi, dont cette attention est la raison d'être, je me dis que ce que je cherche en ce moment avec de plus en plus d'intensité, et de persévérance, en fait, c'est là... et que lorsque je ne le trouve pas, c'est surtout parce que c'est moi qui n'y suis pas ! 

Un clin d'oeil aux Conversations avec Dieu donc :  "Je parle à chacun. Tout le temps. La question n'est pas : à qui je parle, mais : qui écoute ?"

Cet appel intérieur croissant à une prise de recul, à une dimension spirituelle, à un regard qui aille au-delà des contrariétés mineures et des angoisses majeures, il y est répondu, toujours. Par les rencontres anciennes ou nouvelles, par les lectures qui tombent à pic, par les échanges inattendus, par des signes discrets ou flagrants... par ces modalités de prière atypique mais vivante décrites par Maurice Bellet ici

Dans la vie matérielle aussi - situation professionnelle qui se stabilise, équipe super, les enfants qui se débrouillent chacun au mieux de leurs contextes respectifs...

Dans la capacité à se saisir du bon : OK, les grèves entraînent un énorme trou dans le budget de décembre. Mais aussi une charge mentale diminuée puisque beaucoup moins de travail, et beaucoup plus d’activité physique :  indéniablement, je vais mieux (et dois réfléchir sur le rythme que je m'inflige).

Depuis le 1er décembre chaque soir je prends un petit temps de prière-médiation-accueil-de-la-journée. La forme et la durée varient, j'ai souvent l'impression de me disperser, de ne pas atteindre la qualité de présence, de silence, d'ouverture du coeur à laquelle j'aspire. Et pourtant : tout est là, et aussi dans cet effort maladroit mais quotidien.

18 décembre 2019

Et quelques autres :-)


Dix-sept manières de prier sans en avoir l’air

I - Marcher de long en large
dans une église romane, belle, assez grande (...)
et ne penser à rien
rien du tout
laisser le regard errer
laisser la pierre chanter
laisser le lieu dire
et s’en aller, au bout d’un temps,
sans aucune hâte.

II - Lire un livre de forte pensée
avec un désir fort de la vérité (...)

III - Ouvrir la sainte Écriture
ouvrir seulement le Livre
et partir en songerie (...)

IV - Dire une demande du Notre Père
une seule,
une seule fois.

V - Se désoler infiniment de ne pas prier (...)
et en souffrir
et décider enfin de s’en remettre là-dessus à Dieu
et attendre, hors de toute pensée.

VI - Dormir
et le cœur veille.

VII - Comme un petit enfant, dire des choses à Dieu (...)

VIII - Converser de choses et d’autres
et soudain
il se fait sans mon Dieu qu’on l’ait voulu
qu’on se met à parler de l’essentiel (...)

IX - Ouvrir la Sainte Écriture
et ça y est !
Ce n’est pas un livre, ce n’est pas le Livre,
c’est le lieu de la Parole qui s’entend par-delà les mots
rêve sans rêve en marge du texte en son milieu (...)

X - Désirer, désirer désespérément (...)
avoir si faim, avoir si soif
du monde différent
et de soi-même différent.

XI - Écrire (...)
Laver les mots jusqu’à ce qu’ils soient tout purs
et ronds et lisses (...)

XII - Ecouter la musique (...)

XIII - Se tenir dans la paix (...)

XIV - Sortir de l’église
quitter la célébration (...)

XV - Douter, intensément douter de Dieu (...)

XVI - (...) mais simplement le réel (...)
et l’attente nue
de ce qui doit venir au monde
pour qu’il en soit sur la terre comme au ciel.

XVII - Travailler de ses mains (...)

Maurice Bellet - Texte complet ici

17 décembre 2019

Par les villages

Joue le jeu. Menace le travail encore plus. Ne sois pas le personnage principal. Cherche la confrontation, mais n’aie pas d’intention. Évite les arrière-pensées. Ne fais rien. Sois doux et fort. Sois malin, interviens et méprise la victoire. N’observe pas, n’examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant. Sois ébranlable. Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond, prends soin de l’espace et considère chacun dans son image. Ne décide qu’enthousiasmé. Échoue avec tranquillité. Surtout aie du temps et fais des détours. Laisse-toi distraire. Mets-toi pour ainsi dire en congé. Ne néglige la voix d’aucun arbre, d’aucune eau. Entre où tu as envie et accorde-toi le soleil. Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus, fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur, apaise les conflits de ton rire. Mets-toi dans tes couleurs, sois dans ton droit, et que le bruit des feuilles devienne doux. Passe par les villages, je te suis.
Peter Handke

13 décembre 2019

Tips

Hier soir, j'ai traîné dans ma bien-aimée Shakespeare Library. Où entre autres pépites sont affichés les conseils d'écriture de Raymond Chandler. En voici deux qui me plaisent particulièrement, et me semblent pouvoir s'appliquer à bien d'autres domaines que l'écriture :

The challenge is to write about real things magically. 

The more you reason, the less you create. 

11 décembre 2019

Clairvoyance (2)

(...) Tu sais bien que tu n'es pas seule (...). Surtout, ne te tourmente pas, laisse-toi libre... en toi. Je ne peux pas expliquer cette connexion avec mes étoiles, mais même sans parler, en moi, je sais... c'est peut-être cela être "libre" ?

Le reste est trop intime pour être partagé, mais voilà - ce matin, dans ma boîte mail, il y avait un cadeau.

09 décembre 2019

Les deux loups

Un matin, un vieux Cherokee voit son petit-fils en colère, suite à une dispute avec son meilleur ami. Il vient vers lui, et lui raconte une histoire, celle d’un combat ordinaire – celui que mène chaque être humain sur Terre.

Parfois, dit-il, il m’arrive également de ressentir de la haine contre ceux qui se conduisent mal. Cette colère ne blesse pas mon ennemi, et elle m’épuise. C’est comme avaler du poison et désirer que ton adversaire en meure. Souvent, j’ai combattu ce sentiment. En fait, un constant combat a lieu, tous les jours, à l’intérieur de moi-même. Et ce entre deux loups.

- Deux loups, grand-père ?

- Oui, deux loups. L’un est méchant. Il ne connaît que la colère, l’envie, la jalousie, la tristesse, le chagrin, l’avarice, l’arrogance. L’apitoiement et un sentiment d’infériorité le poussent au ressentiment, au mensonge et à la vanité. L’autre est bon. Il connaît la paix, l’amour, l’espérance, la sérénité, l’humilité, la bienveillance, l’empathie, la générosité, la vérité, la compassion et la foi.

Intrigué, le petit-fils réfléchit et demande :
- A la fin, grand-père, quel loup remporte ce combat ?

Aussitôt, le vieux Cherokee se tourne vers son petit-fils, le regarde dans les yeux, et lui répond :
- Celui que tu nourris. Celui que tu décides de nourrir.

06 décembre 2019

Une machine à café

Être étudiant étranger, c'est souvent cumuler hébergements incertains et petits boulots. Quand les changements de domicile entraînent l'absence d'un quelconque formulaire, la Préfecture suspend l'obtention de votre récépissé. Dès lors, votre employeur suspend votre contrat de travail, et vous passez d'une coloc fragile à une sous-loc pourrie. C'est ce qui lui est arrivé. Au même moment, un ancien coloc lui a offert ce qui lui semblait un rêve modeste, un horizon accessible, le plus petit chez-soi possible : une machine à café. Pour l'odeur du café fraîchement passé, la chaleur réconfortante de la tasse, le geste de faire un petit quelque chose pour soi. Aujourd'hui la cafetière, toujours flambant neuve et dans son carton d'emballage, est entreposée dans le box d'un autre jeune guère moins précaire. Parce que dans le nouvel endroit, il n'y a même pas ça : la possibilité de poser une machine à café...

03 décembre 2019

One love

Après cinq ans, mais comme hier, cette connexion qui se rétablit, entre nous, mais aussi - grâce à ces retrouvailles, après ces semaines difficiles, entre moi et moi-même - désir de vie, de voyages, d'imaginer à nouveaux des possibles. L'envie de mettre à jour ma bucket list. De me reconnecter à ceci.  Ou encore à cela. Où et quand me suis-je à ce point perdue de vue, ces dernières années ? 

Tellement émue par notre facilité à nous glisser dans quelque chose de fluide et d'intime, dans une parole personnelle, engagée, à nous réjouir d'être ensemble dans une belle expo, un café de Montparnasse, un spectacle approximatif ou juste à la maison, l'essentiel étant d'être là. 

Tellement touchée aussi par le temps qu'il pris avec et pour Elsa seule, par ses mots et ses gestes justes pour lui signifier une présence sincère à sa peine - où j'ai retrouvé cette sensation de famille, cette façon que nous avons d'accompagner nos enfants respectifs comme s'ils étaient les nôtres - à Paris, à Denver ou en Jamaïque. Et ce sens partagé de la présence à l'instant et du lien : Bring me flowers while I am here...

29 novembre 2019

Médecine du coeur

Le thérapeute transpersonnel porte l'intention d'accueillir et, pour cela, de se déshabiller de tout ce qui l'a rétréci pour pouvoir habiter ce qui lui permet d'aimer. Il se détend, il s'enracine dans son corps pour faire place à ce vaste plus vaste que lui qu'on peut appeler mystère, présence, qu'on peut appeler amour.

B. Blin & B. Chavas, Manuel de Psychothérapie Transpersonnelle

Lorsque vous ne cachez pas le monde derrière des paroles et des étiquettes, le sens du miraculeux revient dans votre vie, sens qui s'est perdu depuis longtemps, depuis que l'humanité s'est retrouvée possédée par les mots au lieu de simplement les utiliser. De cette façon, une certaine profondeur réapparaît dans votre vie. Les choses retrouvent leur nouveauté, leur fraîcheur.

Eckhart Tolle, Nouvelle Terre

24 novembre 2019

Bougies et bisous

Un clin d'oeil aux bijoux et babioles de la grande Juliette ! Décidément, c'est ma formule d'anniversaire préférée : maison ouverte, chacun arrive et part quand il veut, on mélange les générations, la famille et les amis, on mange, on boit, ça sent le vin chaud à la cannelle, c'est la meilleure façon de passer tout en douceur les fins d'après-midi des dimanches de novembre. Et cette année, en plus, nous avions double ration d'anniversaires et de gâteaux, pour les 67 ans de Léo.

21 novembre 2019

Clairvoyance

Qu'est-ce que c'est ? Une faculté ? Une illusion ? Un don ? Une intuition ? Une communication d'inconscient à inconscient ? Un moment de poésie pour doux rêveurs et gentils illuminés ? Une connexion à d'autres niveaux de réalité qui s'abriterait derrière un support, derrière un folklore - thème astrologique, cartes ou tarots, peu importe - le message vient d'ailleurs, arrive autrement ? Un reflet du présent, une blague de nos neurones-miroir, je lis ce que tu es, ce que tu rêves ? Une perspective sur l'avenir, ou un reflet du désir ? Un moteur possible, une incitation à... ouvrir les yeux ? Je n'ai pas les réponses, mais j'ai les questions. 

18 novembre 2019

Transmissions

Ce n'était pas gagné d'avance, qu'après quelques heures de consultations, alors que je suis supposée me reposer, un soir de novembre, j'arrive à me mobiliser pour la première date d'un séminaire consacré à la psycho-patho adolescente - à Montsouris de surcroît.

Mais j'ai bien fait. Parce que la bonne surprise, c'est que cette première était animée par le Professeur Jeammet lui-même. Et que c'était beau de l’entendre s'adresser à un public composé majoritairement d'internes pour marteler l'importance de la relation, la nécessité de faire de chaque entretien une rencontre - entre soignant et patient mais aussi entre le patient et lui-même - et notamment entre le patient et sa force vitale, ses ressources singulières, son fonctionnement propre. Un temps de réflexion, dans tous les sens du terme. Pour insister sur l’impératif d'une vision dynamique, non arrêtée, la recherche d'un sens toujours à (re)créer. En ces temps de DSM, de diagnostics par QCM et de médications lourdes, ça faisait du bien... 

Je suis repartie fatiguée (22h30), assez bouleversée (la sensibilité et la finesse dans l'expression de la jeune fille du deuxième entretien filmé me rappelait nettement quelqu'un que je connais bien), mais contente. Parce qu'il me semble que ma façon de mener la rencontre, de créer de l'alliance n'est pas si éloignée de celle de ce vieux lion de la psychiatrie. Parce que je me sens proche de son plaidoyer pour la vie, pour le droit à ne pas être entravé par des symptômes qui sont toujours et d'abord une tentative de s'adapter, pour une pensée complexe, multi-référentielle.

15 novembre 2019

Maxime

Je ne suis pas fan de son dernier album mais... ça n'a pas de prix de l'entendre chanter Comme un arbre dans la ville, Caricature, Passer ma route, Restons amants, Ambalaba, Les jours meilleurs - autant de strates de notre vie... Ou d'être émue par un duo avec son fils Arthur - dans un joli mash-up Fontenay aux Roses / Education sentimentale. Et terminer juste en guitare-voix avec San Francisco et Parachutiste, avec la salle qui fredonne - je le regardais, ce public globalement de la génération précédente, en me demandant à quoi ils ressemblaient en 1972, année de sortie de Mon Frère et... de ma naissance.

Ce petit monsieur replet et dégarni là-bas, avait-il des cheveux longs et des chemises indiennes ? Cette dame faussement blonde, de longs colliers, une mini-jupe et un bandeau dans les cheveux ? Ils voulaient juste des jours meilleurs...

Pas à pas

Si la Care Box sert à attraper au vol les petits moments d'émotion, alors il faut y mettre celui-ci ; en réponse à mon annonce d'un nouvel arrêt de travail, un coup de fil de mon directeur - pas pour m'engueuler parce que je plante pour la troisième fois en un mois une petite structure associative fragile, mais pour me souhaiter recul et repos. Et me proposer, si cela s'avère possible, un aménagement du temps. Et m'interdire d'affirmer quoi que ce soit sur ma date de retour : "Prends le temps dont tu as besoin."

Quand j'ai raccroché, c'est bête mais j'étais émue aux larmes. 

10 novembre 2019

Shinrin-yoku


Ou "bain de forêt", en japonais. Il paraît que c'est thérapeutique. J'en suis convaincue. Un bain de forêt, un bain de couleurs. 


08 novembre 2019

Petits sourires

Quand je sens que je m'effrite, je compte les petites (et pas si petites) joies, que j'enfile en collier :
Celles qui passent :
Une ostéo aux mains magiques.
Un déjeuner avec Julien, au bon moment, avec le bon message (Merci la Vie).
Une place pour Elsa auprès d'une thérapeute de confiance.
Un gros pull doudou de mon enseigne favorite.
Le retour de Bali d'un Léo ravi (et ses rigolotes cartes postales a posteriori :-)). Le voir s'inspirer de nos voyages, utiliser notre réseau - ici, les conseils de Victor. Et les Buddha Bowls qu'il nous a fait la surprise de préparer pour le petit déjeuner du lendemain.
Commencer, le temps d'un remplacement de quelques semaines, une nouvelle activité pro - ici sur un lieu type Maison Verte, ce dont j'avais envie depuis longtemps, avec une chouette collègue de surcroît.
Un dîner de copines avec mes fées (et des cookies de la fortune).
Et celles à venir :
Un week-end doux dans un gîte charmant au bord de la forêt ; prendre un bain de forêt, se décrasser de la noirceur intérieure et extérieure.
Le concert de Maxime Le Forestier.
Un double anniversaire simple et chaleureux.
Accueillir Halo bientôt.

04 novembre 2019

Quand je demande

Quand je demande à ceux que je rencontre de me parler d'eux-mêmes, je suis souvent attristée par la pauvreté de ma moisson.

Beaucoup persistent à ne pas me comprendre, habitués qu'ils sont à ne pas attribuer d'importance à la vie qui bouge doucement en eux.

On me dit: je suis médecin ou comptable mais rarement : ce matin, quand j'allais pour écarter le rideau, je n'ai plus reconnu ma main... ou encore: je suis redescendu tout à l'heure reprendre dans la poubelle les vieilles pantoufles que j'y avais jetées la veille; je crois que je les aime encore...ou je ne sais quoi de saugrenu, d'insensé, de vrai, de chaud comme un pain chaud que les enfants rapportent en courant du boulanger.

Qui sait encore que la vie est une petite musique presque imperceptible qui va casser, se lasser, cesser si on ne se penche pas vers elle ?

Ce que je veux savoir, c'est de quelle façon ils ont survécu au désespoir d'être séparé de l'un par leur naissance, de quelle façon ils comblent le vide entre les grands rendez- vous de l'enfance, de la vieillesse et de la mort, et comment ils supportent de n'être pas tout sur cette terre.

Je veux savoir ce qu'ils perçoivent de l'immensité qui bruit autour d'eux.

Et j'ai souvent peur du refus féroce qui règne aujourd'hui, à sortir du périmètre assigné, à honorer l'immensité du monde créé... 

Mais ce dont j'ai plus peur encore, c'est de ne pas assez aimer, de ne pas assez contaminer de ma passion de vivre ceux que je rencontre.

Christiane Singer

Prière

Je réfléchis, je réfléchis énormément, je suis devant ta mort comme devant une énigme, une pensée dont je ne sais trop ce qu'elle contient de tendre et de terrible, tu ne m'as jamais rien donné que de noble et de pur, je cherche dans ta mort ce qui est caché de noble et de pur, j'écris comme tu m'as appris à le faire : je cherche matière de louange partout, même dans le pire.

Christian Bobin, La plus que vive

03 novembre 2019

Mère

...un livre que l'on reçoit comme réfléchissant toute la lumière du monde... c'est tout à fait comme cela que je l'ai reçu, et d'autant plus comme un cadeau qu'il n'est pas venu par moi, mais jusqu'à moi. Un livre qui rassemble, simplifie, éclaire ; un accès à une spiritualité possible, lumineuse et simple - écologique par nature. Un livre au bon endroit, au bon moment, à la croisée de mes chemins et des mes questionnements intérieurs. Un livre-forêt, dense et touffu mais aussi plein de vie et de sève, à l'écriture limpide et poétique à la fois. 

Refuge

L'espace sacré, c'est le lieu, matériel ou immatériel, où le coeur vient se ressourcer. C'est en lui que l'âme trouve le repos le temps d'une pause bien méritée. C'est un portail entre les mondes visibles et invisibles (...). Dans l'espace sacré, l'être a accès à la mémoire, à l'amour, à la sagesse, à la beauté - au calme et à la douceur (...).

Comment peut-on seulement vivre sur cette Terre, sans, de temps en temps au moins, prendre refuge ? Prendre refuge dans quelque chose qui nous protège, nous accompagne, nous guide ; prendre refuge dans la présence tout en grâce d'un colibri ou d'un rouge-gorge, dans la force minérale d'une montagne sacrée, dans l'indicible et bouillonnante sagesse d'une forêt que l'on aime ; prendre refuge dans quelque chose qui nous rassure, nous réchauffe l'âme, nous fait du bien  ; dans un chant qu'une amie de coeur nous chante ; dans un livre que l'on reçoit comme réfléchissant toute la lumière du monde, ou un ouvrage à l'épaisse couverture décrivant les peuplades gardant et soignant de leur sagesse la Terre-Mère ; prendre refuge dans un sourire que l'on nous a fait au cours d'une randonnée, dans la parole d'un sage vivant au sommet des montagnes : "La vie est un éclat de rire !" ; dans les valeurs nobles où le respect tient la part du lion ; prendre refuge dans les croyances qui nous emplissent d'espoir, dans un code éthique en phase avec le Tao ; ou encore, prendre refuge dans un lieu préservé, dans un jardin que l'on soigne de mille attentions, dans un sanctuaire que l'on garde comme un trésor ? (...)


Je chemine vers le coeur pur et je prends refuge en lui.
Je chemine vers la clarté, et je prends refuge en elle.
Je chemine vers le vivant, et je prends refuge en lui.

Laurent Huguelit, Mère

Le temps n'existe pas

Tu n'avais pas oublié, car on n'oublie jamais rien. Parfois, on croit oublier, mais il suffit de se reconnecter à la mémoire du coeur et tout est là. Tout est écrit quelque part, pour toujours, rien ne s'efface. C'est écrit dans la terre, dans l'eau, dans l'air, dans le feu. C'est écrit dans les larmes versées, dans les éclats de rire, dans le corps, dans le sang. La mémoire est partout présente et lorsque tu prends la plume pour fleurir la page blanche de tes mots colorés, tu la rends disponible, visible - tu la communiques. C'est une communication avec la mémoire qui est rendue possible par les mots.

Laurent Huguelit, Mère

31 octobre 2019

Je voudrais un miracle

Je voudrais un miracle.

Remonter le temps.
Il y a trois semaines.
Hugo était encore là.
Il y a deux mois.
Elsa était en soins et en classe.
Il y a trois ans.
C'était déjà dur mais encore gérable.
Il y a quatre ans.
Il y a dix ans.
Nous allions voir les vitrines de Noël des grands magasins et nous lisions les premiers Pico Bogue. 

Je voudrais un miracle.

Je voudrais avoir encore l'âge où il est possible d'appeler à l'aide, et de voir arriver une fée ou un bon génie qui console, protège, prend l'intendance en charge, essuie vos larmes et vous prépare un  bon chocolat chaud en vous assurant que tout ira bien (mais je pense que je n'ai jamais eu cet âge-là). 

Je voudrais un miracle.

27 octobre 2019

Croire

Ça me bouleverse le poids des mots, qui sont notre seul et fragile rempart contre ces jours si sombres. Je t'aime, je suis là, je te fais confiance, tu es forte, courageuse, mais je compte sur toi pour nous demander de l'aide quand tu en as besoin. Des mots si légers et si décisifs à la fois...

Au moment où tout paraît si difficile, il n'y aurait rien d'autre à poser qu'un acte de foi ? Croire en moi, croire en elle, croire en la vie. Croire que ce long chemin si imprévisible, si singulier, lui a donné les armes pour faire de cette ultime épreuve un moment de vérité. Croire que c'est précisément ce tutoiement du pire, ce coude-à-coude avec la mort qui peut lui permettre de choisir la vie, de décider de se sortir des peines enfantines et des colères adolescentes pour entrer pleinement dans la responsabilité de soi : se soigner, étudier, aimer, se donner les moyens de vivre sur tous les plans.

Elsa n'aura pas un chemin ordinaire ; mais en a-t-elle jamais eu un ? Si je relis ses mots d'enfant, sa vivacité, sa lucidité - parfois extra-lucidité, son humour ont toujours été là - ses fragilités aussi. 

Peut-être nous faut-il retrouver Blizzard ici : Parce qu’on est de ceux qui guérissent, de ceux qui résistent, de ceux qui croient aux miracles...

Hors service

Dix jours avant le drame, je me demandais déjà par quel miracle notre bateau-maison survivrait à une brutale sortie de soins d'Elsa, en l'absence de tout projet réaliste et organisé. Et j'étais terrifiée par le risque de vivre encore une fois les élans d'espoir fou, d'enthousiasme provisoire, puis la longue et dangereuse glissade vers le vide qui sont maintenant notre lot depuis des années. Mais là...

Comment repenser la vie, reconstruire le futur, à partir de ce point de non-retour ? Où trouver l'énergie, en travaillant à temps plein, de tenir en respect l'angoisse de laisser Elsa seule tout en continuant à chercher et à mettre en place des propositions, soins, CNED, associations, projets ?

Suis K.O depuis vingt-quatre heures. Nauséeuse, incapable de me lever, d'échapper au vertige et à l'envie de vomir. Terrassée par l'impuissance, l'inquiétude, l'ampleur d'une tâche qui n'en finit plus et qu'ici je ne sais plus par où commencer, enfin, reprendre, enfin poursuivre...

23 octobre 2019

20 ans de Léo, Part 2


 Le casting cadeau c'était, un moment à vivre, un moment d'échange et de partage privilégié, singulier, un moment d'exception qui reste dans nos mémoires, une expérience nouvelle, la découverte d'un univers. 

Je suis heureuse de m'être entendue dire en partant, cette soirée est exactement comme je l'avais espérée. Et même au-delà, parce que c'est si bon de se laisser surprendre. Par la qualité et la sincérité de nos échanges : plus de trois heures passées comme en rêve, par l'inventivité des plats (ce turbot avec sa mousse de potiron au rhum...), par l'élégance du service, attentif sans être guindé.


Parce qu'elle lui a offert tant de premières fois : premières huîtres (en gelée d'eau de mer, avec une crème de raifort et un petit morceau de poire comice), première invitation à goûter les vins, première découverte des rituels de la gastronomie française : cette attention portée aux moindres détails - la présentation, la vaisselle, les mises en bouche, les mignardises, le champagne exquis, les menus dégustation en plusieurs plats accompagnés chacun d'un vin différent, les mariages de saveurs inattendus, pigeon et grué de cacao, sorbet à la betterave couronnant le dessert supplémentaire offert par la maison pour l'anniversaire...

Parce que j'ai adoré qu'au moment précis où j'évoquais mes grands-parents paternels, qui m'ont donné le goût des belles et bonnes choses, l'accès à cet artisanat d'art que devient la cuisine quand elle atteint ces niveaux, on nous présente un joli vin blanc du Château de Jau, si étroitement lié pour moi au souvenir de chaque été passé avec eux, et où nous avions aussi emmené Léo et Elsa. J'y pense maintenant : le blanc de la seconde entrée venait lui du pays de la Loire, soit de l'histoire de mes autres grands-parents...

20 ans de Léo, Part 1


22 octobre 2019

Sur le fil

En escale entre deux séquences de travail, au milieu de cette semaine bouleversée et bouleversante, je me pose dans un bar de la Butte-aux-cailles. Au serveur un peu lourdingue, je demande "quelque chose qui me change les idées". Il y a un vieux monsieur au comptoir, que je ne remarque que lorsqu'il s'approche, et me propose... de l'accompagner à une lecture théâtrale faite par des élèves du Conservatoire le soir même . Pourquoi ? Parce que j'ai entendu que vous aviez besoin de vous changer les idées... je suis très touchée de son geste spontané (mais j'ai un groupe à animer après, qui s’avérera très émouvant aussi), on papote, c'est un homme de théâtre, qui vient prendre son café ici à 18h parce que le théâtre est un monde de la nuit...

En partant il me laisse un flyer - après avoir enseigné le théâtre pendant des années, aujourd'hui il invite les aspirants acteurs à...marcher sur un fil. Le thème comme l'illustration du flyer me vont droit au coeur, un ange est passé. 

17 octobre 2019

Le soleil noir

Ce même jour, ailleurs, quelques heures plus tard...

...mais un enfant est mort,
Là-bas, quelque part,
Mais un enfant est mort,
Et le soleil est noir...
Barbara

Le rire médecin

Ce n'est pas fréquent, une équipe de dix psys, d'orientations différentes, partageant dans un même lieu des missions multiples, riches d'une histoire institutionnelle complexe mais ayant su la traverser. Une équipe dans laquelle il est possible de poser, déposer aussi ce qui nous anime, nous bouleverse, nous habite. Ce matin-là, nous fêtions le départ de l'une d'entre eux, mais cette photo, nous l'avons faite pour celle qui manquait, hospitalisée ce matin-là.

"Parce qu'il sait qu'il faut rire de ce qui fait mal pour garder son équilibre, pour empêcher le monde de vous rendre complètement fou. Mac sait que rien ne va sans douleur. Mais il se refuse à laisser la douleur éclipser le côté humoristique des choses, de même qu'il se refuse à laisser l'humour prendre le pas sur le mal."

Ken Kesey, Vol au-dessus d'un nid de coucou

13 octobre 2019

Entre la poire et le gorgonzola

Elle attendait depuis des mois qu'il n'y ait pas trop de monde sur le stand, la vendeuse de notre traiteur italien adoré sur le marché. Pour me poser juste une question : "Vous ne seriez pas "médecin-psychologue" vous ?" Euh, médecin non mais... comment savez-vous cela ? Elle savait, parce que je l'avais reçue pour quelques entretiens conjugaux au Planning Familial de Vitry, il y a plus de dix ans de cela. Elle se souvenait de moi. De nos échanges, qui l'ont aidée à prendre la décision de sortir d'une situation de couple devenue intenable. Elle vit seule avec ses enfants désormais, mais se sent bien, en équilibre. Elle voulait juste me le dire. Mon cadeau du dimanche. 

11 octobre 2019

Golden Lights

Je suis fière
Fille de la Terre (...)
Fille de l'Eau
Comme la rivière
Fille du Vent
Pleine de mystères
Fille du Feu
Pleine de lumière

Je suis fière
Fille de la Terre.

A nouveau.

Je ne l'ai pas lu, je me suis juste fait happer par la phrase au détour d'une critique littéraire...

La fin d'une histoire d'amour - et encore plus d'une famille - assassine le pays miraculeux de l'enfance. La chute nous fait basculer de l'âge adulte à la fragilité de l'enfant abandonné que nous restons toujours plus ou moins.
Olivier Frébourg, Où vont les fils ?

Le propre du trauma : un passé qui n'en finit plus de redevenir présent.

29 septembre 2019

Retrouvailles

Je n'étais pas inquiète, même si je n'avais pas vu certains d'entre eux depuis, on a calculé, sept ans ! Parce que la liberté et l'authenticité de la parole sont fondatrices de ce petit groupe, issu de notre formation au Conseil Conjugal et Familial - achevée il y a 12 ans déjà. 

Région superbe - le Jura à l'automne, belles balades, joli gîte, fromages et bons vins, mais surtout, ce plaisir de se retrouver comme hier à parler du présent, du passé et du futur, conjuguer nos verbes aimer à tous les temps et à tous les modes, amour conjugal, filial, parental, au fond nous ne parlons (presque) que de cela, et c'est ce qui fait la force de ce petit groupe, ces partages d'expériences de vie dans une infinie bienveillance. 


Comme me l'a dit Isa au moment de nous dire au revoir, nous repartons chacun avec quelque chose en plus - un soutien possible, un regard différent, une expérience semblable mais jamais identique, du grain à moudre - mais ce qui en fait tout le prix c'est cette absence totale de jugements hâtifs, de conseils assénés ou de projections massives - juste une chambre d'écho, une humanité partagée. Il suffit d'écouter - et d'être si bien écouté, on s'écoute soi autrement.

Ce qui n'empêche ni les rires, ni les chansons : on s'en souviendra, de nos 24 kilomètres de dénivelés, et de la petite flûte à Papa !

27 septembre 2019

Les loyautés

Ce sont des liens invisibles qui nous attachent aux autres - aux morts comme aux vivants -, ce sont des promesses que nous avons murmurées et dont nous ignorons l'écho, des fidélités silencieuses, ce sont des contrats passés le plus souvent avec nous-mêmes, des mots d'ordre admis sans les avoir entendus, des dettes que nous abritons dans les replis de nos mémoires.

Ce sont les lois de l'enfance qui sommeillent à l'intérieur de nos corps, les valeurs au nom desquelles nous nous tenons droits, les fondements qui nous permettent de résister, les principes illisibles qui nous rongent et nous enferment. Nos ailes et nos carcans.

Ce sont les tremplins sur lesquels nos forces se déploient et les tranchées dans lesquelles nous enterrons nos rêves.
Delphine de Vigan 

23 septembre 2019

Symbole hic

Offre d'emploi : Recherche sens du symbolique et de la poésie ordinaire, regard attentif. 

Parce que leur absence est la source de mille petites douleurs plus ou moins invisibles, de blessures secrètes, de déceptions silencieuses (ou non, d'ailleurs).

Ce qui blesse sans tuer est si souvent là - dans le discours des patients, des proches, et dans le mien aussi, comme une langue seconde qu'on rêverait si fort d'entendre, souterraine mais essentielle.

- savoir reconnaître la valeur sentimentale des objets, l'importance de leur transmission 
- multiplier les petits gestes, cadeaux symboliques, attentions du quotidien, mots de gratitude simple qui reconnaissent et soutiennent l'existence du lien
- attraper au vol une phrase, une image, un rai de lumière (c'est si facile avec nos téléphones) et le partager ; autant de variations sur le thème : je pense à toi 
- inventer des rites, célébrer des passages ou des dates anniversaires, se donner les moyens de réaliser des rêves, fussent-ils tout à fait modestes (rêver donc, pour commencer), ménager des surprises, illuminer un visage...

Quelquefois c'est plus subtil encore, entendre un silence, une demande non formulée, savoir s'arrêter sur une émotion fugace, prendre garde à sa propre maladresse.

Qualités requises ? Imagination, empathie, capacité d'émerveillement - de soi, de l'autre - et... sens du symbolique. 

22 septembre 2019

Nourritures terrestres

On déjeune chez Grand-Mère, ça papote expos, cinéma et littérature, Fondation Cartier, Tarantino et nourrices au 19ème siècle, et à l'instant même où je me fais la réflexion, Maman souligne cette chance que nous avons, qu'un déjeuner dominical chez nous puisse aussi ressembler à ça, cet accès à la culture qui nous rassemble et nous nourrit - tout autant que son délicieux petit salé aux lentilles. 

06 septembre 2019

Océanique

Dans notre gîte magique, nous avions un bain nordique - genre de baignoire géante chauffée à 37°C,  au feu de bois, posée dans ce jardin au milieu des causses, le soir sous les étoiles. Nous avons testé, et pour moi ce fut un moment d'exception, une transe légère, comme une méditation spontanée - à la fois totalement présente et absolument ailleurs - incarnée et absente, vivante jusqu'au bout des ongles et grandie jusqu'au ciel, tournée vers l'intérieur et sensible au plus petit froissement des feuilles alentour, aux rires des canards (les canards rigolent, dans le Lot, et pourtant il n'y a pas de quoi :-)), à la multiplication des étoiles au fur et à mesure que la nuit avançait. Un moment de connexion intense avec soi, avec le monde.

04 septembre 2019

Veilleurs

Je ne suis pas une fana des cimetières. Au moment où nous sommes passés près de Capdenac, je n'étais pas sûre d'avoir envie de rechercher une tombe que je n'étais même pas certaine de pouvoir  localiser. Mais au moment où nous passions près du village, Deezer nous a proposé une chanson d'Aznavour pour moi étroitement liée aux obsèques de ma grand-mère. 

J'y suis donc allée. Je l'ai retrouvée. Le lieu était paisible, le marbre tiédi par le soleil, et je m'y suis sentie bien, en paix et pleine de gratitude. Aussi quand Ronan m'a proposé de redescendre au village chercher des fleurs, j'ai acquiescé avec joie. Papoté avec la fleuriste, en lui parlant de cette amie de la famille qui nous avait accueillis si généreusement lors des deux enterrements. Je n'aurais pas été capable de la reconnaître, mais elle était la seule personne que j'aurais eu envie de voir là-bas. 

La fleuriste la connaissait - mais ce n'est pas elle qui a permis qu'à cet instant précis, Anne-Marie apparaisse devant la boutique et que nous tombions dans les bras l'une de l'autre. Qu'elle m'apprenne qu'elle était la filleule de mon grand-père, me montre la maison de naissance de mon père et me promette d'arroser mon rosier.

On en pensera ce que l'on voudra, mais, si chaleureuse que soit cette femme, je suis néanmoins convaincue que cette rencontre parfaitement improbable et ce gros câlin que nous avons échangé, me sont venus directement de mes grands-parents, là-haut. 

J'aurais pu passer ma route. Ne pas retrouver la tombe. Ne pas revenir pour les fleurs. J'aurais pu le faire dix minutes avant, ou dix minutes après. Nous ne nous serions pas vues. Ce soir-là, je suis restée baignée par la sensation de leur présence aimante, d'être veillée par eux.

Et quand nous avons quitté le village - Aznavour chantait à nouveau.

01 septembre 2019

Se mettre au vert

La première bonne surprise, c'est ce luxe de partir quand tout le monde rentre - c'est doux comme une sieste crapuleuse, un délice clandestin. Accompagné de pas mal d’avantages en nature : routes tranquilles, sites touristiques sans foules bruyantes, restaurants paisibles.

(Et d'un peu d'anxiété anticipatrice : les cars entiers de cheveux courts et gris -bermudas unisexe - ou antisexe - Décathlon, qui donnent modérément envie de prendre l'âge). 

La deuxième bonne surprise, c'est de découvrir que je peux être heureuse en vacances loin de la mer, en marchant sur les chemins - du coup je reviens avec un fantasme de Chemin de Saint-Jacques nettement renforcé -  ou en pagayant sur les rivières - la descente du Célé en kayak restera mon souvenir favori de cette semaine-là.

Et ainsi de suite, de surprise en surprise - voir billets ci-dessus - à commencer par ce magique gîte Atypique le bien nommé, sis au Bout du Lieu, ça ne s'invente pas, et c'était vrai, une maison-jardin au milieu des causses, entre ciel et vallée - et si poétiquement mis en scène par ses deux créateurs, artistes et artisans tout à la fois. 


Les villages ravissants - Saint-Cirq Lapopie, Conques, les grottes - Pech Merle, Padirac, l'eau omniprésente (malgré la sécheresse), les arbres, les roches, le ciel qui se reflètent dans les cours d'eau - le calme enfin - si ressourçant. Le Musée de l'insolite, entre art brut et esprit Charlie, mais invitation à la rêverie, à l'exercice du regard aussi...

Les vacances de cette année n'auront pas été longues, ni lointaines ; et pourtant, cette semaine et celle avec les enfants à Antibes resteront parmi les plus charmantes des dernières années.

30 août 2019

Shallow

Tell me somethin' girl 
Are you happy in this modern world? 
Or do you need more? 
Is there somethin' else you’re searchin' for? 

I’m falling 
In all the good times I find myself longin' for change 
And in the bad times I fear myself 

Tell me something boy 
Aren’t you tired tryin' to fill that void? 
Or do you need more? 
Ain’t it hard keeping it so hardcore? 

I’m falling 
In all the good times I find myself longing for change 
And in the bad times I fear myself 

I’m off the deep end, watch as I dive in 
I’ll never meet the ground 
Crash through the surface, where they can’t hurt us 
We’re far from the shallow now 

27 août 2019

Ever after

Your inner being and his will always love each other (...). Lean in to this pain so it can wash through you and crop up less intensely in future. Remember it all, bless it even as you curse. Create a small ceremony (...) then get ready for what's next, you vibrant, wonderful woman !
Amy
So did I.

20 août 2019

Out of Africa



"...nous ne parlions de rien d’ordinaire (...) ni de quoi que ce soit qui fût étriqué ou concret. Nous vivions comme détachés du réel."

18 août 2019

Boucles

Et puis il y a le retour d'Elsa ce soir à l'internat, au pensionnat comme dirait sa grand-mère - autant de mots pour oublier que la vie n'est pas tout à fait comme elle devrait être, que les soins, la vie de famille en pointillés pour ne pas dire en miettes, la persévérance inépuisable autant qu'épuisante et la fragilité constante restent à l'ordre du jour - malgré nos sourires bravaches.

17 août 2019

Passage express !



10 août 2019

J'veux du soleil

... et on en a reçu, de la lumière, de l'amitié, de la générosité, du bleu plein des yeux. Ce qui vient en premier c'est la gratitude - pour tant de beauté - l'accès direct, constant à la mer, les levers de soleil, cette maisonnette simple et blanche comme un bateau à l'ancre, la bien nommée Coup de roulis. S'endormir en écoutant le bruit des vagues, le double coup du ressac sous les rochers comme un coeur qui bat.

Pour l'amitié qui nous a trouvé ce refuge de rêve, permis ce temps privilégié, cette intimité tranquille dont nous avions besoin tous les trois. Pour la confiance qui se transfère, l'accueil qui se partage, puisque le cabanon appartient à un ami de notre amie, un parfait inconnu qui nous a ouvert sa porte. (Plus inconnu maintenant, et tout à fait charmant).

Pour la vie de château quelques jours, cabanon sur le Cap d'Antibes, bateau invraisemblable (pour se rejouer Mamma Mia : Money money money...), journée dans les îles, restaurant de plage privée, wake-board pour Léo, virée shopping pour Elsa, Fly Fish pour tous. Rien d'indispensable au bonheur, rien qui ressemble à notre quotidien, et c'est justement ce qui fait le prix de chacun de ces instants : la conscience de l'exception, du privilège - tant de gratitude là encore.

Et puis il y a tous les petits bonheurs gratuits, saisis au vol : danser avec Elsa sur la terrasse, de jolies discussions avec Léo sur le chemin du club nautique, une minute de bonheur parfait le soir du dîner sur le bateau, me sentir submergée de tendresse pour tous les présents, sans rien en dire. Pas seulement à cause du ti'punch, mais pour les humains fragiles que nous sommes tous, la beauté des couleurs du soleil couchant, la douceur de l'air alors. Ma sauvageonne qui me dédie sans commentaires - surtout, sans commentaires - Ma merveille de Hoshi. Les enfants qui adoptent ma Ghislaine sans réserve - je ne les ai jamais vus hésiter quand il s'agit de reconnaître les personnes de coeur, et ça me touche absolument.


Nous avons de la chance. Beaucoup de chance.

31 juillet 2019

Shira

C'est l'histoire d'un transfert de confiance - une ostépathe consultée pour moi, qui m'a sollicitée pour un un drôle de challenge : patiente franco-américaine, trauma vieux de 35 ans + situation de crise au présent, à Paris pour un mois. Un cercle de femmes en quelque sorte : je me souviens avoir beaucoup aimé cette ostéo, je suis touchée qu'elle m'adresse une patiente, et... avant même le premier contact avec la personne adressée, j'ai un bon pressentiment : ça va le faire.

C'est une prise de risque aussi : ne pas se louper sur cette première adresse, ne pas promettre la lune sur un temps si court, donner un espoir raisonnable cependant, sans rien savoir à l'avance ni des traumas ni de la personne. J'ai bien fait. Je n'ai pas ressenti si souvent auparavant une alliance thérapeutique de cette qualité - ni que lorsque cette collaboration advient, devient responsabilité partagée, écriture commune, tout est possible.

Il y faut un peu de chance sans doute - ici une femme forte et touchante, un mélange rare entre un fonctionnement intellectuel de haut niveau et une possibilité de descendre dans l'émotion, de la soutenir et de la déployer par les mots, de se laisser associer et créer - le travail mené ensemble se terminera par "J'ai envie de raconter des histoires..." J'espère de tout coeur qu'elle le fera : elle a la générosité, l'intelligence et l'énergie vitale nécessaires.

Pari tenu : trauma traité - via l'EMDR, irremplaçable ici, ouverture sur la situation actuelle, pistes pour poursuivre le travail là-bas, de l'autre côté de l’Atlantique. 

Elle a revu l'ostéopathe avant son départ : le plus beau cadeau pour moi, c'est que celle-ci a constaté le changement énergétique, la levée du blocage inscrit dans le corps depuis si longtemps, la liberté retrouvée. Mais - cadeau aussi, la confiance donnée, l'intuition suivie, la prise de risque acceptée,  l'engagement dans le travail, pour cette femme comme pour moi - le cadeau ici est d'abord une rencontre, que je n'oublierai pas.

27 juillet 2019

L'ivresse des hauteurs


(...) tu savais que beaucoup de femmes
Ont une âme de guérisseuse
Elles ont posé leurs mains sur nous
On a tout de suite senti une chaleur se répandre
Dans tout le corps
Un courant d’énergie pure
Agissait à l’intérieur
Ce qui était tordu se redressait
Ce qui était obscurci s’éclaircissait
Ce qui était cadenassé se déverrouillait
Après tout a changé, on était
Vif, léger, ouvert, lumineux (...)

Arthur H

21 juillet 2019

Les Furtifs

"Les furtifs nous ont appris une chose : il n'y a pas de lendemains qui chantent. Il n'y a que des aujourd'huis qui bruissent."

Je ne lis jamais de SF. J'ai tort, peut-être. Mais le message autour des Furtifs est allé croissant, jusqu'au moment où je me suis laissée tenter. Je suis tombée dedans, j'ai avalé les sept cents pages en trois jours, et j'ai déjà envie de recommencer, parce qu'il est impossible d'embrasser tous les niveaux de lecture en une seule fois. C'est un livre-monde, foisonnant, incroyablement créatif et poétique - dans le genre, seul Hypérion m'avait fait cet effet-là, emmenée littéralement sur d'autres planètes.

Ici, c'est bien notre Terre, à peine avancée dans le temps, un brin augmentée, légèrement dystopique - à la Black Mirror : trop peu différente de ce que nous vivons pour ne pas être effarés par ce futur déjà si présent. Cest bien un roman, mais c'est aussi un essai - suffisamment pour que j'aie cherché (en vain) une bibliographie en fin d'ouvrage, avec l'envie d'approfondir, d'aller à la source - philo, socio, politique, critique radicale d'un libéralisme fou et sympathies évidentes pour toutes les ultra-gauches bigarrées, foutraques et rebelles. 

C'est bien un roman mais c'est aussi un poème, un texte oulipien, un calligramme où le fond, la forme, le son et l'écrit se répondent, se complètent, se poursuivent - à chaque personnage son lexique, ses signes, son registre de langage, il y a un boulot de fou là-dessous, un rythme, une musique, d'ailleurs le texte est accompagné d'un album, de créations radio qui brouillent encore la frontière entre les genres, entre la fiction et la réalité.

Pour moi l'histoire est presque secondaire - si ce n'est dans cette magnifique idée du furtif, de la réhabilitation de l'angle mort - les personnages sont indéniablement séduisants, mais tout cela est aussi un prétexte à déployer un monde, une ou plutôt des pensées multiples, des possibles, un hymne au vivant qui échappe à tout contrôle, un antidote au technococon qui nous isole et nous éteint, un appel à l'insurrection joyeuse. 

Tâtonner. Rater. Essayer encore. Rater mieux. Faire que nos expériences prennent corps, s'offrent le temps, ouvrent l'espace. Faire que quelque chose enfin se passe. Faire qu'il existe un dehors, une jungle, des ZAG et des zouaves, au zoo libéral qui nous encage. Du possible, sinon j'étouffe !

17 juillet 2019

A la claire fontaine

Ça fait un petit moment que je l'apprivoise, cet étudiant pakistanais avec qui nous communiquons en anglais, hypersensible, probablement HPI, traumatisé par des années de harcèlement au pensionnat dans l'enfance, cinquième d'une fratrie de six où semble-t-il, seul le premier et le dernier-nés ont trouvé grâce aux yeux d'une mère mariée bien trop tôt. Venu parce qu'il contrôle mal ses accès de rage, sa frustration, sa dépression qui prend parfois des accents mélancoliques, il peut aussi se montrer drôle, percutant, éminemment touchant.

La pension, il y est allé seul, parce qu'il était le plus prometteur, porteur des espoirs de la famille ; et de France, sur son maigre salaire de job d'étudiant, il envoie de l'argent à toute la famille, bien sûr. Pression financière immédiate ET obligation de réussite dans un environnement exigeant, parfois hostile : la norme, pour beaucoup des étudiants étrangers.

La semaine dernière, il m'avait émue en me restituant, à ma demande, ce qu'il avait retenu du chemin parcouru depuis quelques mois (quasiment tout, avec un degré de finesse et de précision inespéré). J'ai mesuré l'importance de nos rendez-vous, le repère qu'ils sont devenus dans une vie où tout ces derniers temps semble lui échapper - et l'ampleur de sa solitude, et par conséquent ce qui dans le lien est déjà soin - du simple fait d'être accueilli là, autrement.

Et cette semaine, je l'ai découvert "écriveur" - des pages et des pages d'un blog non publié,  littéraire (le blog est truffé de citations), et, alors qu'il termine une licence d'informatique, capable de citer de mémoire le cours optionnel de littérature française à son arrivée en France - les Calligrammes d'Apollinaire, la scène de la cassette dans l'Avare - et parmi les citations du blog, j'ai retrouvé un poème d'Eluard, et... le refrain d'A la Claire Fontaine. "But, did you know that is a sad love song, and not only a nursery rhyme ?" - oui, il savait. Il était même capable de le fredonner. Incroyable petit moment de grâce. 

14 juillet 2019

Atypical

Je me suis fait cueillir. Ou séduire. Ou les deux. J'ai souri souvent, ou été émue par cette famille pas moins tendre ni moins branque que celle de This is us.

Parce qu'au-delà des troubles autistiques, tout ça me parle. Etre parent d'un adolescent pas exactement comme les autres. L'impact sur le couple, sur la fratrie, le regard des autres. La navigation entre des professionnels plus ou moins bienveillants, plus ou moins compétents. Etre une mère anxieuse et coupable par principe, prête à tout (et n'importe quoi) pour amortir la violence de la réalité, mais qui étouffe aussi sous la charge, cherche désespérément à faire exister la femme au-delà de la mère. La relation fusionnelle d'Elsa (!) avec Sam - parce que le père fait défaut, et qu'elle est seule à gérer le quotidien,  à affronter la réalité du handicap - tout au moins au début de la série.

Parce qu'au-delà des adolescents en souffrance, la série est aussi pleine de détails bien vus sur la façon dont tout système familial est violemment bousculé par le passage à l'adolescence puis vers l'âge adulte, l'entrée dans la vie amoureuse, les revendications d'indépendance, la perspective du départ de la maison. Cette solitude que chacun doit affronter, une fois tournée la page de l'enfance, l'âge de la famille idyllique (ou presque ;-)). Le divorce y confronte plus tôt, et bien plus durement - sans le refuge d'une continuité malgré tout - mais les questions sont les mêmes : comment les liens trouvent-ils une nouvelle forme ? Comment établir de nouveaux repères pour tous ? Car c'est Sam le dit : "That's what rituals do : they make everything OK."

10 juillet 2019

GPS

Bonjour Lucile, j'ai écrit. J'ai le sentiment de renaître au monde. Merci.

Tu m'es source de vie.

I hope this slope ends here (...). Perhaps, the first two words of this sentence are keeping me alive: ‘I hope’.

Eh bien moi je le trouve très beau ce portrait !

Et quelques autres, pro ou perso. Derrière chaque phrase, une histoire, un contexte, un cheminement. En commun, la sensation que ces mots indiquent la même direction : celle où je suis juste, où je suis à ma place, celle où je peux donner, ou montrer, ou déployer, à ma très modeste échelle, le meilleur de ce que je suis. Le cadeau, c'est moins la gratification narcissique au passage que la boussole offerte : c'est par là qu'il me faut aller, c'est par là que je veux aller. C'est la conviction que ce qui m'en éloigne m'éteint, que ce qui m'en rapproche m'illumine. 

09 juillet 2019

Se regarder en face

Drôle d'idée, que de faire du portrait de face, noir et blanc, sans sourire, un thème de travail déclinable à l'infini : sexagénaires, barbus, asiatiques, femmes sans maquillage, et aujourd'hui, quadragénaires - nés entre 1969 et 1979, c'est tout nous, ça ! J'ai d'abord été interrogative à la découverte des portraits de mes amies, incertaine de me sentir suffisamment bien dans ma peau ces jours-ci pour me confronter à une image que je trouvais sévère. Et puis finalement - plus je les regardais, et plus je les trouvais intéressants, dans leur nudité, dans leur vérité, dans ce qu'il supposaient justement d'acceptation, de pacification. Dans la force des regards aussi. Dans leur façon de dire voilà, c'est moi, sans mimiques et sans coquetteries, sans l'éclat du mouvement ou du rire, moi sans paravents et sans masque. 

Je suis contente d'avoir finalement tenté l'expérience : photographe ouvert, curieux des autres, qui prend le temps de la rencontre - peut-être la photo n'est-elle qu'un prétexte, et/ou un moyen de circonscrire la rencontre, de ne pas s'y perdre - il raconte que lors de la préparation de la série des femmes sans maquillage, il a été quelque peu débordé par les récits de vie, tant ce choix de se montrer totalement à nu n'arrivait pas au hasard dans le temps... je peux imaginer - femmes en rupture, en maladie, en deuil... des regards encore plus nus, une confrontation à soi plus radicale encore. La démarche est belle - et je suis contente de ce portrait.

08 juillet 2019

Mike !

Ou Mik, ou Michaële. Amie depuis trente ans, pas croisée depuis six ans, relativement perdue de vue depuis dix, et retrouvée comme hier. En escale à Paris car actuellement à Wuhan avec son mari et ses quatre enfants - 9000 kilomètres entre nous,  et malgré tout cela, des chemins de vie et des questions qui se répondent, se ressemblent. Le temps d'un déjeuner place du marché Sainte-Catherine, pour un léger shoot de vie parisienne, une petite mousse en terrasse, un ciel vraiment bleu, cette ville si belle, et la liberté de tout (se) dire - autant de choses qui manquent semblent-il dans la lointaine Chine, mais pas dans notre lien ;-)

04 juillet 2019

La grille de l'évier, théorie

Ou comment un vieux monsieur désorienté par la mort toute récente de son épouse nous donne à vivre ce qu'est le déplacement en termes psychiques. Les obsèques ont eu lieu la veille, et voilà qu'il ne retrouve plus la grille de l'évier - ce petit morceau de métal qui filtre les débris alimentaires et protège les canalisations. Il s'inquiète, s'agite, interroge, retourne la poubelle, puis la cuisine : elle n'y est pas. Elle était là, depuis si longtemps, on ne fait plus ce modèle, elle est irremplaçable, où est-elle ? Il s'énerve, s'obsède, personne ne semble mesurer l'importance du problème - quelque chose de familier a disparu, qui ne peut être retrouvé.

Les mouvements psychiques ne sont pas toujours aussi transparents ; mais que nous les reconnaissions ou non, nous avons tous ces petites fixettes apparemment irrationnelles, ces préoccupations-écrans à ce que nous ne pouvons mettre en pensée : nos "petites grilles de l'évier".

01 juillet 2019

Peut-être

Cette femme dans ce film accomplissait exactement le même travail que toi, exactement le même : elle reliait les uns aux autres. Elle écoutait, veillait, confortait, acclimatait, tempérait. Elle faisait tenir ensemble une vie toujours en voie de morcellement.

Christian Bobin, La plus que vive

25 juin 2019

Happ'Hibou


20 juin 2019

Synchronicité

Après une relecture providentielle du Don du Pardon, je viens de relire Conversations avec Dieu. Quand dans le métro, j'ai vu une affiche pour une conférence de Neale Donald Walsch au Grand Rex, j'ai tiqué sur la date : aujourd'hui ? Il resterait des places ? Banco. Le bonhomme est lumineux et plein d'humour - et le discours un peu trop marketé, mais on s'en fout. C'était juste le bon moment, ou le moment juste. Pour écouter Dieu répondre à ces deux questions : quel est le prochain petit pas que je peux faire pour évoluer ? Et quel est mon don particulier - Florence Servan-Schreiber dirait, mon super-pouvoir ?

"Je parle à chacun. Tout le temps. La question n'est pas : à qui je parle, mais : qui écoute ?"

19 juin 2019

Incorrigibles optimistes

Attrapé au vol dans la rue, temps grisouille, un papa à sa petite fille qu'il tient par la main : "Ça va aller il y a un peu de ciel bleu là-bas !"

Voilà. C'est le regard qu'on devrait toujours trouver, toujours transmettre non ?

13 juin 2019

Imagerie

Deuxième perte auditive en deux  ans, deuxième IRM cérébrale de contrôle. Il paraît que j'ai un cerveau normal. N'importe quoi... :-) ! Marion : "Ils ont même pas trouvé une zone hypertrophiée du romantisme ?"

Apparemment non. La médecine passe parfois à côté de l'essentiel (qui comme chacun sait, est invisible pour les yeux). 

10 juin 2019

Un rêve (de) bleu

Evidemment, j'adore Pen Wern, qui reste une demeure d'exception, un petit paradis sur terre. Mais si je gagnais au loto, j'aurais un rêve beaucoup plus modeste, qui ressemblerait exactement à cette maison-là : une petite maison de pêcheur en pierre, avec des volets bleus et un petit jardin très fleuri, juste au bord de la mer. Une maison comme un dessin d'enfant, avec sa barrière, sa porte et ses volets colorés, bleu au-dessus, bleu autour, et le bleu de la mer si proche qu'on pourrait entendre les vagues les jours de tempête, et voir jusqu'à l'horizon les jours de lumière. En attendant le miracle, je lui fais un clin d’œil affectueux à chacun de nos passages en Bretagne. Je ne suis pas difficile, une petite sœur du même genre me conviendrait aussi ! Et si je rêve plus grand - alors ce serait la même sur une île - Bréhat ou Belle-Île. 

31 mai 2019

Fendre l'armure


30 mai 2019

Chabadabada

Ça ne m'arrive jamais ou presque, ce sourire ému, amusé ou attendri tout au long d'un film ? Pourtant, c'est peut-être ce qui pourrait me convaincre de retourner un peu plus au cinéma : que celui-ci m'émeuve à nouveau. 

Le cinéma devrait ressembler plus souvent aux films de Lelouch. La vie aussi. 

Plus de tendresse, plus de générosité, plus de mélancolie heureuse, plus de poésie bébête - ou non - Lelouch c'est comme la chanson pour moi, la chanson telle qu'en parlait Fanny Ardant dans La femme d'à coté : "J'écoute uniquement les chansons, parce qu'elles disent la vérité. Plus elles sont bêtes, plus elles sont vraies. D'ailleurs, elles ne sont pas bêtes."

Et puis Anouk Aimée est tellement belle, et puis, leurs voix à tous les deux, et puis, les images d'Un homme et une femme qui se superposent sont une telle invitation à vivre pendant qu'on est vivant... j'en suis sortie totalement sous le charme.