29 mai 2018

Un an

Hier dîner épatant avec David et les enfants. Objectif : bilan de l'année, de chacun sur chacun et sur lui-même. Étonnant de voir que nos deux ados non seulement jouent le jeu mais tiennent le processus tout le long du repas et l'enrichissent - et Dieu sait que cette année a été dense en événements et en émotions pour tous... 

Nous avons beaucoup ri, beaucoup pleuré (d'émotion, définitivement tous des hyper-sensibles), et pour ma part j'ai été très touchée par la finesse et la précision de ce qui s'est dit. Émue aussi de retrouver ce mélange ultra-fluidité - rapidité - un regard, une tendresse, une forme d'humour, des valeurs qui sont la co-création familière et familiale dans laquelle nos enfants ont baigné, et dont ils sont si évidemment les héritiers. 

De les voir mûris, grandis par les épreuves et les bonheurs de cette année, et pourtant si proches des promesses de leur enfance - et pour Elsa c'est d'autant plus remarquable qu'elle a dû parcourir une longue boucle pour se retrouver. Peut-être c'est elle qui a fait le chemin le plus dur... mais un chemin vers la lumière.

Mais Léo n'a pas perdu son temps non plus : BAFA, permis, Brevet de secouriste, concours brillamment réussis, maturité gagnée et la perspective de quitter la maison, vivre une nouvelle étape vers l'autonomie fort de tout ce qu'il a vécu aussi comme frère, comme petit ami, comme fils.

Et leurs parents ? Grandis par la tempête aussi, des choix de vie qui se posent, une nouvelle vie et une nouvelle maison pour moi, des projets de famille(s), des avancées pro, le départ de Mémé - qui veille de là-haut sur nos projets grâce à Grand-Mère - la vie quoi, le bordel, comme disait le grand Jacques.

Un chouette moment, sur la Butte aux piafs.

27 mai 2018

Bonheurs


On a bien fait d'attendre Mai pour fêter crémaillère et PACS : journée radieuse, champagne dans le jardin, batailles au pistolet à eau. Et la brillante admission de Léo à l'IMT. Et la Fête des Mères. Et les amis de toutes nos vies qui se mélangent et dont les visites s'égrennent au long de la journée. Trop chouette !

24 mai 2018

Sex and the City

Ça faisait longtemps - après dix ans de Planning, d'interventions scolaires, d'écoute téléphonique - que je n'avais pas eu le plaisir d'un échange de groupe autour de la sexualité - ici porté par un collectif d'étudiantes motivées et malignes, qui nous a offert un contexte parfait pour une intervention vivante et engagée ! Psy - Conseillère Conjugale - Gynécologue - Militante féministe, nos regards croisés se sont complétés à merveille, et nous aurions pu je crois largement dépasser les deux heures prévues... 

Un beau lieu, un petit cocktail, des animations et interventions qui venaient relancer notre quatuor, qui s'est trouvé tout de suite - les prises de parole ont été fluides, parfois émouvantes, parfois drôles, la salle très participative, y compris les hommes présents, pour notre plus grand bonheur. 120 jeunes adultes de toute la Cité, des questions intéressantes, du partage de ressources, de vidéos, de livres, du débat mais respectueux et constructif - un des petits moments de grâce que peut offrir la Cité. 

22 mai 2018

Aligot

Pourquoi l'aligot ? Parce que je pense à ce long fil qui se tire et n'en finit plus - ou au fil d'Ariane, plus littéraire, ou aux rhizomes qui s'entremêlent... Il y a quelques années, j'ai lu Mon traître et Retour à Killybegs, et commencé à découvrir Sorj Chalandon. Ce qui m'a donné envie d'aller voir l'adaptation théâtrale du Quatrième Mur (qui m'a laissée K.O). Qui m'a fait écouter l'interview du même Chalandon dans le Grand Atelier, et fait découvrir son réseau d'inspirateurs, incluant Isabelle Autissier. 

(J'adore ces émissions - le Grand Atelier et Remèdes à la mélancolie, qui donnent accès à ce qui porte ceux qui nous portent - oeuvres, auteurs, musiques, films, comme une façon d'entrer dans les bibliothèques de leurs têtes, de converser avec leurs amis.)

Ces écrivains engagés, qui écrivent au plus près du réel, développent mon envie de cette littérature qui n'est pas évasion dans la fiction mais ouverture au monde à travers elle (récemment aussi, Les petites chaises rouges, d'Edna O'Brien ; en cours, Désorientale, de Negar Djavadi). Qui m'ont amenée à lire sur l'Irlande du Nord, sur le Liban, sur la Serbie, sur l'Iran. 

Ce qui m'a amenée aussi à lire La voix de ceux qui crient, bouquin clinique et documentaire cette fois d'une psychologue d'Avicenne qui travaille avec les migrants. Indication de Télérama, comme, sur le même thème, le documentaire sur cet avocat qui défend les réfugiés déboutés par l'Ofpra. C'est nouveau pour moi, la culture pas uniquement comme pont vers la création, la poésie, l'imaginaire, mais comme clé du réel... un nouvel espace à explorer.

Et puis une petite phrase en cadeau : Tu es la part claire de mon âme.

18 mai 2018

Alliés

Dans ce métier, il y a des moments où c'est chaotique, laborieux, confrontant - est-ce que je sers à quelque chose, est-ce que je suis à ma place, est-ce que c'est la bonne intervention, la distance juste, le bon timing ? Est-ce que j'ai vraiment l'envie, ou la force, de supporter l'agressivité à peine voilée de celle-ci, la noirceur obstinée de celui-là ?

Et puis il y a des moments où c'est tout simplement fluide. Des moments où l’alliance dans le lien donne des ailes, allège, éclaire - et je suis de plus en plus persuadée que quel que soit le référentiel théorique, c'est elle qui fait à minima la moitié du chemin. Hier matin quatre patients, dont deux retrouvés - ils reviennent après un an, deux ans, la vie a changé mais le lien interne demeure, et le dialogue reprend.

Il y a cette jeune femme que j'ai rencontrée au bord de la décompensation après un drame familial, bataillant pour terminer une thèse, et que je retrouve mariée, jeune maman, avec un travail intéressant et gratifiant ; cet homme gay qui s'est défait d'une relation maltraitante et s'apprête à devenir père ;  cette patiente toujours en crise mais dont je sens comme elle s'accroche à la bouée de nos rencontres, et dont le courage me touche ; cette autre dont je pensais que je n'arriverais jamais à la sortir du deuil mortifère de sa mère (il y a vingt ans de cela), et qui aujourd'hui me donne une leçon de vie alors même qu'elle est à son tour atteinte par la récidive d'un cancer. Les humains sont incroyables... et les accompagner, un privilège.

17 mai 2018

You

You, c'est le vous et le tu, le vous du respect que je porte à la femme de tête enthousiaste, engagée, volontaire qui a si bien accompagné équipes et résidents à la Cité jusqu'à ce dernier jour ; you, c'est la tendresse pour la femme au grand coeur mal cachée - pas cachée du tout :-) ! - derrière la Directrice, pleine d'humour - cette distance amusée si british - et d'attention sincère pour l’autre.

Il y a beaucoup de qualités qui me manqueront chez Beverley, car ils ne sont pas si nombreux les managers qui savent faire confiance, voir le meilleur en l'autre, faire grandir leurs troupes. Et j'ai une immense gratitude pour le cadeau qu'elle me fait en partant, la promesse tenue : pouvoir pour de bon poser mes valises à la Cité, où comme elle le dit si joliment, on peut faire le tour du monde en traversant le parc.

10 mai 2018

Ascension


02 mai 2018

Idiosyncrasie

J'adore ce mot, à la fois pour son côté mystérieux et désuet, et aussi pour l'idiotie présente comme en écho, ou le idem, qui a la même racine - là où nous ne sommes qu'obstinément semblables à nous-mêmes. Il me revient ce passage de La plaisanterie de Kundera : "Je suis idiote, c'est possible; mais les autres ne le sont pas moins avec leur scepticisme mondain, je ne vois pas pourquoi je devrais renoncer à ma bêtise pour adopter la leur, je ne veux pas couper ma vie en deux, je veux que ma vie soit une, d'un bout à l'autre."

(Et soit dit en passant, je trouve assez magique qu'avec une bribe de citation qui voltige dans votre esprit, il soit possible de retrouver l'original sur le web, quasiment à coup sûr).

Bon, pourquoi l'idiosyncrasie aujourd'hui ? Parce que je m'interroge sur nos marottes, nos fixettes, nos points aveugles récurrents, ces petites (ou grandes) névroses qui sont comme notre signature. J'en identifie plusieurs chez moi - dont ce blog témoigne abondamment, y compris d'ailleurs dans son existence même : écrire pour ne pas laisser disparaître, garder une trace ; écrire pour donner forme, voir apparaître ce que l'on n'attendait pas.

Ce jour : ma capacité à ressentir au présent ce qui est passé, à retrouver l'émotion intacte, et préférentiellement ce qui est lumineux (quitte à écarter ce qui ne l'est pas) ; c'est une force souvent (continuité, persévérance,  capacité à redonner sa chance à l'autre, émerveillements renouvelés), mais aussi un danger (déni, décalage, illusion, nostalgies insensées). C'est comme ça, mais force est de constater que, pour le pire et pour le meilleur, c'est... moi.