27 avril 2020

Et pourquoi pas ?

Une épidémie mondiale est en train de se propager à une allure vertigineuse : l'OMB (Organisation Mondiale du BONHEUR ) prévoit que des milliards d'individus seront contaminés dans les années à venir.

Voici les symptômes de ce terrible état  :

1 - Tendance à se laisser guider par son intuition personnelle plutôt que d'agir sous la pression des peurs, idées reçues et conditionnements du passé.

2 - Manque total d'intérêt pour juger les autres, se juger soi-même et s'intéresser à tout ce qui engendre des conflits.

3 - Perte complète de la capacité à se faire du souci (ceci représente l'un des symptômes les plus graves).

4 - Plaisir constant à apprécier les choses et les êtres tels qu'ils sont, ce qui entraîne la disparition de l'habitude de vouloir changer les autres.

5 - Désir intense de se transformer soi-même pour gérer positivement ses pensées, ses émotions, son corps physique, sa vie matérielle et son environnement afin de développer sans cesse ses potentiels de santé, de créativité et d'amour.

6 - Attaques répétées de sourire, ce sourire qui dit "merci" et donne un sentiment d'unité et d'harmonie avec tout ce qui vit.

7 - Ouverture sans cesse croissante à l'esprit d'enfance, à la simplicité, au rire et à la gaieté.

8 - Moments de plus en plus fréquents de communication consciente avec l’Âme, Non-Duelle… Être, ce qui donne un sentiment très agréable de plénitude et de bonheur.

9 - Plaisir de se comporter en guérisseur qui apporte joie et lumière à tous plutôt qu'en critique ou en indifférent.

10 - Capacité à vivre seul, en couple, en famille et en société dans la fluidité et l'égalité, sans jouer ni les victimes, ni les bourreaux, ni les sauveurs.

11 - Sentiment de se sentir responsable et heureux d'offrir au monde ses rêves d'un futur abondant, harmonieux et pacifique.

12 - Acceptation totale de sa présence sur terre et volonté de choisir à chaque instant, le beau, le bon, le vrai et le vivant.

Si vous voulez continuer à vivre dans la peur, la dépendance, les conflits, la dysharmonie la maladie et le conformisme, évitez tout contact avec des personnes présentant les symptômes cités ci dessus .

Cette maladie est extrêmement contagieuse !

Si vous présentez déjà ces symptômes, sachez que votre état est irréversible.

Les traitements médicaux peuvent faire disparaître momentanément quelques symptômes mais ne peuvent s'opposer à la progression inéluctable vers le développement harmonieux 

Aucun vaccin anti-bonheur n'existe.

Comme le bonheur provoque une perte de la peur de mourir, qui est l'un des piliers centraux des croyances de la société matérialiste moderne, des troubles sociaux risquent de se produire, tels des grèves de l'esprit belliqueux et du besoin d'avoir raison, rassemblements de gens heureux pour chanter, danser et célébrer la vie, des cercles de partage et de guérison, des crises de fou-rire et des séances de défoulement de joie profonde collective.

Grand Hug et grand Sat Nam à tous les infectés !
PUISSENT TOUS LES ÊTRES DE LA TERRE ÊTRE HEUREUX... ET EN PAIX !

20 avril 2020

Une vie bouleversée

Je ne me souviens plus de la première fois que j'ai lu le Journal d'Etty Hillesum. Ni même comment ce livre est arrivé jusqu'à moi (Bobin ? Comte-Sponville ?). Mais je sais que c'est probablement un de ceux que j'aurai le plus relus. Celui que j'emmènerais sur une île déserte. J'adore Etty, comme une amie intime, une grande soeur de coeur. Parce qu'elle est tellement vivante, incarnée, désirante, tellement tendue entre le ciel et la terre, comme la Sagittaire que je suis, les sabots bien plantés dans la boue mais la tête levée vers les étoiles.

Etty qui, comme la petite Thérèse de Lisieux, dit : Je choisis tout. Qui écrit en 1942 à Amsterdam, alors qu'elle vit les brimades et les persécutions, voit venir la déportation : Je sais déjà tout. Et pourtant je considère cette vie belle et riche de sens. A chaque instant.

Etty qui tutoie Dieu ou ce qu'elle nomme Dieu en elle, et élargit son amour des hommes - au sens le plus terrestre, sensuel, amoureux du terme - jusqu'à l'amour de l'humanité. Dont les mots mêlent trivialité et spiritualité, humour et sagesse, racontent une histoire, celle de la fille qui ne savait pas s'agenouiller - et qui s'agenouille pourtant. L'histoire d'une âme qui n'en finit plus de s'élever malgré l'étau qui se resserre - parce que cette vie s'accomplit sur un théâtre intérieur : le décor a de moins en moins d'importance.

Etty qui témoigne sa gratitude pour chacun des petits bonheurs qu'elle vit tant qu'il en est encore temps - une chambre propre, un repas préparé, des livres, de bons amis, parce qu'elle voit tous ces possibles s'évanouir peu à peu, et dont les mots prennent une résonance toute particulière en cette période : Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.

Je ne sais pas à quoi ressemblera le monde d'après le virus, et moins encore celui d'après la bascule climatique. Mais je suis certaine que ce texte restera pour moi une source majeure d'inspiration - plus simplement, une source.

17 avril 2020

Ray's wisdom

...Everyone feels this way sometimes. All of us. Me too. About all I can do is to give you some suggestions of what works for me.
Brother, life is VERY realistic... but it ain’t real. None of this is real. I don’t put much stock in the idea that this world is all there is. This is a very, very small part of the infinite whole.
I like to think of myself as an actor in a play. I am playing a very small, but very important part in this play. This is not real, it is just a very realistic drama. A play. A movie.
This movie is a place where God can pretend that he is not God.
God isn’t a person. God is everything and everyone who has ever been. Every tse-tse fly and bacteria. Every stone and all the cosmos. We are all God.
You have forgotten who you really are. You are an infinitely powerful being. You have a purpose in life but you have forgotten what it is.
You are here to Love.
So.... how are you going to do this Love thing? Where to find it? You are going to need to take some small steps to pull yourself out of the pain... but you will find Love when you do.
What should you do? I am pretty sure that you are hoping to find answers to the big questions, that these answers will give you hope. But I think that you will find answers in the small things in life, not the big questions (...)

14 avril 2020

Parenthèse

C'est paradoxal, probablement politiquement incorrect, mais... ça va bien. Ça va de mieux en mieux, en fait. C'est embarrassant, presque culpabilisant, mais C'EST. Après la sidération des deux premières semaines, le sentiment de ne pas pouvoir décrocher de l'écoute téléphonique, les deux suivantes, il y a cette conscience croissante, individuelle mais aussi collective, d'un temps d'exception non pas uniquement dans la tragédie présente ou les catastrophes à venir, mais aussi possiblement fécond.

Mon amie Céline, CCF, nous parle de ce point de rencontre surprenant entre coronavirus et grossesse non désirée : l'irruption dans le quotidien de cet inattendu si difficile à réaliser, mais qui force à s'arrêter, et oblige à penser. Arrêt sur image. J'en suis où dans ma vie ? Et éventuellement, à côté de quoi suis-je passé.e ? A quoi vais-je devoir renoncer si je veux me retrouver ? Quel chemin choisir après tout ça ? 

Ce matin j'ai moi aussi écouté une femme longuement naviguer entre les question liées à la mort de son père et à son désir d'enfant. Elle qui s'était jusque-là bâti une vie à l'abri de toute incertitude et de tout questionnement, de toute rencontre avec elle-même comme avec l'autre, se trouve soudain elle aussi confrontée à la question de sa croissance en tant qu'être (qui ne va pas sans douleur), de l''existence de l'âme, de la nécessité du sens... Ses questions ne sont pas nées de l'épidémie ; et pourtant elles rejoignent un choeur qui me semble aller croissant, comme une grande interrogation existentielle, voire spirituelle, qui se répand comme une traînée de poudre, et me touche d'autant plus que je me sens comme entraînée dans ce mouvement (qui pour moi aussi, préexiste à la crise actuelle).

Je suis de plus en plus contemplative. Au ras des pâquerettes et le regard tourné vers ce qui en nous est plus grand que nous (et qu'on aperçoit très bien lorsqu'on a le nez dans l'herbe). Non, je ne l'ai pas fumée (l'herbe). Oui, je suis toujours bouleversée par ce qui se joue actuellement. 

Mais je suis aussi sensible à cette période de suspension, à ce qu'elle génère d'interactions nouvelles, avec ceux qui sont là auprès de moi comme avec ceux dont je n'entends plus que la voix, mais dans une parole possiblement différente, possiblement plus pleine. 

A l'absence de désir de consommation. A l'abandon des masques, au renoncement à l'agitation, à ce que Bobin appelle l'imaginaire du plein. Au questionnement de mon, de nos modes de vie. A mon émerveillement devant les mondes qui se déploient dans notre minuscule jardin - floraison du lilas, du muguet, du jasmin... et de ces humbles pâquerettes dont j'aime la modestie et la ténacité. Je ne suis pas loin de retrouver dans cette période la même plénitude qu'en bateau, le même retour à l'essentiel. 

Le même retour aussi à une certaine humilité, la même nécessité de faire confiance. Le lien en plus, ou vécu, ressenti différemment, peut-être.

La possibilité d'une présence en silence, ressentir l'être de l'autre - c'est peut-être la seule chose qui me manque.

12 avril 2020

Confinés

Celle qui se confine en secret avec son nouveau chéri
Celle qui partage avec son public un poème et une chanson "live" par semaine
Celle qui tangue dangereusement au bord de la crise suicidaire
Celle qui s'éteint de ne plus pouvoir marcher en forêt
Celui qui commence une vie sous le même toit en famille recomposée
Celle qui attend la ré-ouverture des frontières pour poursuivre son projet de PMA à l'étranger
Celle qui confine avec un chat infernal devenu adorable parce qu'il n'est plus jamais seul
Celle qui a vu sa gardienne monter les voisins contre elle parce qu'elle était malade
Celle qui n'a plus accès au traitement de sa maladie auto-immune parce qu'il contient de la chloroquine
Celle qui remet en question ses vieux schémas relationnels
Celui qui découvre la méditation et s'y applique
Celle dont l'appartement a été cambriolé alors qu'elle était confinée chez son amie
Celle dont le travail à l'hôpital la laisse complètement dissociée, anesthésiée
Celle qui offre un petit concert de harpe à ses amis sur WhatsApp chaque soir
Celle qui se sent bien mieux chez elle et n'a aucune envie d'en ressortir
Celle qui appelle le SAMU à chaque fois qu'elle fait une crise d'angoisse
Celui qui s'interroge sur son couple
Celle qui attend cet enfant qui ne vient pas
Celui qui se réjouit du départ à l'étranger de son compagnon
Celle qui n'a pas pu enterrer son grand-père
Celui qui organise une solidarité de voisinage
Ceux qui marchent sur la pointe des pieds dans une famille qui n'est pas la leur
Ceux qui n'en parlent pas, comme si rien ne pouvait altérer leur discours
Ceux qui ne supportent plus leur solitude
Ceux qui ne supportent pas de n'être jamais seuls
...aucun n'est indemne ; mais je suis touchée par ce qui se dessine entre les phrases, la prise de conscience de notre fragilité mais aussi de ressources inattendues, et l'envie croissante de vivre autrement, après.

10 avril 2020

En ton absence

Comment être présent en l'absence du regard, du corps, du non-verbal réduit à sa facette sonore - silence, souffle, tonalités de la voix...Comment écouter cet autre que je ne vois pas - a fortiori si cet appel est un premier contact, que nous n'avons même pas la représentation de l'autre ? Comment imaginer, au premier sens du terme ? En ce moment, c'est d'ailleurs bien cette capacité à imaginer ou non qui se révèle, soutient, nourrit, ou fait défaut et fragilise un peu plus.

Comment parler de cette qualité d'attention nécessaire, si différente de celle de la présence incarnée, de ce qu'elle a d'épuisant, et par conséquent de la tentation de la fuite qu'elle induit et permet - c'est si facile de jeter un coup d'oeil aux messages, de caresser distraitement le chat, de s'arrêter sur un gros titre, de se servir un thé...

Fuir, pour quelles raisons ? Parce que c'est toujours un petit peu ou beaucoup trop, d'avoir à recevoir la parole de l'autre dans notre espace privé, parce que c'est déstabilisant, cette porosité des frontières, et l'absence des sas habituels. Parce que cette angoisse que la personne déplie, ses incertitudes, ses interrogations, cette fois nous les partageons - certes avec notre histoire et nos ressources singulières, mais pour la première fois, nous partageons une situation identique, sommes soumis à la même temporalité. Comment métaboliser pour l'autre ce que nous peinons déjà à transformer pour nous-mêmes ? Comment garder une pensée alerte, là où l'angoisse, la peine ou la colère nous ralentissent sourdement ? 

Les premières semaines, j'aurai donc souvent fui. Dans l'idée d'amortir un peu la brutalité de cette configuration nouvelle, de la maintenir un minimum à distance. Avant de me rendre compte que cela augmentait mon épuisement : parce que je ne suis pas aussi multi-tâches que les adolescents, mais aussi parce que je me suis privée toute seule de ce qui fait l'intérêt de la rencontre, fût-elle téléphonique : la joie d'être là. De me rendre pleinement disponible. Celle qui s'enracine justement dans cette qualité de présence pour se renouveler, et qui se disperse autrement. 

Il y a tout à gagner, pour moi et pour l'autre, à faire une seule chose à la fois. Ce qui est, si je me souviens bien, une des définitions possibles de la méditation...

06 avril 2020

Le calme et la tempête : le calme

Ça fait trois semaines, et jusqu'ici je n'ai pas écrit une ligne. Trois semaines que je vis dans un espace-temps où il est difficile de penser, de formuler, de prendre du recul. Trois semaines que j'essaie de le faire cependant pour les étudiants de la permanence, pour ceux des patients du cabinet qui ne sont pas eux-mêmes trop sidérés pour poursuivre la rencontre. Trois semaines qu'après le dernier entretien de la journée, je n'ai plus assez de mots ni pour moi ni pour les autres.

Pourtant ici tout est calme. La vie à la maison est paisible, je sais Léo en sécurité aussi, le jardin prend ses couleurs de printemps, et nous savourons cet immense luxe d'une ouverture vers l'extérieur - nous déjeunons sur la terrasse, je travaille quelquefois au soleil, assise sur un tapis de pâquerettes. Elsa n'est plus seule, nous posons des jalons pour sa rentrée de septembre, là où nous semblions être dans l'impasse il y a encore quelques semaines. 

Les nôtres vont bien - nous avons aussi cette immense chance - quelques amis, quelques patients ont été bien malades mais sont déjà en convalescence, nos parents et proches sont en bonne santé à ce jour.

L'actualité ne rentre que de manière filtrée - pas de télévision, peu de radio, les articles du Monde auquel je me suis enfin abonnée - moins de bruit, plus de fond, et surtout, choisir - le moment, le thème, la qualité de l'information - enfin, dans les vertigineuses limites des incertitudes actuelles.

Un temps inédit, arraché aux transports, à un agenda perpétuellement surchargé, mais un temps pour le moment  finalement peu créateur, en tout cas sur les journées travaillées. Mon cerveau est indisponible - assez peu d'angoisse en tant que telle - une vague qui monte le soir parfois, ou un réveil précoce, la gorge serrée ou les larmes aux yeux à la lecture d'un article - mais pas davantage.

Peut-être aussi ce sentiment qu'il y aurait une forme d'indécence, dans ce contexte, à se montrer par trop affecté : nous ne sommes pas en danger ; nous ne sommes pas en première ligne ; notre environnement est incontestablement privilégié sur tous les plans.

Cette angoisse, je la ressens cependant dans ce ralentissement sournois, silencieux, ce bruit de fond constant dont j'essaie de me désengluer parfois - par un temps de méditation ou de prière, quelques postures de yoga, une lecture apaisante, un coup de fil affectueux.

Dans tout ce qui précède il y a de la gratitude à reconnaître, à ressentir - pour tout ceci, merci. Pour la santé, pour les liens, pour l'environnement de vie, pour ce rythme différent - malgré les inquiétudes financières j'apprécierais de travailler moins, pour pouvoir aller plus loin sur ce chemin qui nous oblige à nous tourner vers l'intérieur, à puiser dans nos ressources, notre imaginaire, à redécouvrir une certaine forme d'humilité aussi - comme en mer, il nous faut faire avec les éléments.

Je ne vois déjà plus comment ce monde pourrait revenir à une supposée normalité ; mais là encore, les suites économiques, politiques, sanitaires, sociales, écologiques sont à la fois tellement imprévisibles, démesurées et communes qu'à ce jour j'ai du mal à m'en faire pour nous individus - j'avance pas à pas, interrogative mais pour le moment tranquille. Non pas sereine - cette tranquillité n'exclut pas la peur, ni l'accueil de la peur - mais tranquille.