31 décembre 2007

Petits cailloux et coeur gros

Petits cailloux semés, petits cailloux qui (s') aiment, dans la fin de l'année un apaisement, en même temps qu'une fragilité accrue (à cru ?). Une boucle qui se boucle, des questions qui se re-présentent, se représentent, un très doux Calendrier de l'Après, mais quel après ? Des bonheurs partagés - la danse, la musique, lire ou écrire côte à côte, aller au cinéma ou au théâtre - un reflet des commencements, du temps d'avant - le constat de ce qui est et de ce qui n'est plus, inventaire triste et tendre... Demain ? Je ne sais pas.

Impossible – de ne pas voir le luxe dans lequel nous vivons – tant sur le plan matériel et physique que sur le plan psychique – ressources affectives, intelligence, capacité de prendre du recul, faire un pas de côté, respect, tendresse partagée… Mais… Ce désir au sens restreint – désir amoureux, sensuel, sexuel – comme au sens large – désir de vie, d’ouverture, de mouvement, d'autonomie, de créativité, d’authenticité – ce luxe ultime – comment lui faire une place juste ?

27 décembre 2007

Sujet de méditation (2)

...deux fléaux qui nous accablent :
les voleurs de temps et les voleurs de silence.


Chantal Thomas, Comment supporter sa liberté

25 décembre 2007

Noël blanc















Pour les enfants, une première découverte des sports d'hiver - luge, ski et patin à glace ; pour les parents, un chalet de rêve tout de bois et de neige revêtu, petits déjeuners somptueux et feu qui crépite dans la cheminée ; pour tous, un temps de trêve et de repos, tous les quatre - un temps suspendu, une respiration profonde dans l'air pur de la montagne.

22 décembre 2007

Exercer sa liberté ?

Je me suis rendue compte que j’avais de moins en moins envie que les personnes aillent mieux – au sens ordinaire du terme. Les gens sont en effet prisonniers de la cage qu’ils ont bâtie et tournent en rond à l’intérieur de celle-ci. (…) Ce qui m’importe le plus à présent est d’aider les gens à sortir de leur cage, d’ouvrir le cœur. (…) Ce qui est visé, c’est de devenir libre de sa propre prison. Mais qui veut vraiment être libre, libre de ses identifications à ses propres souffrances ? La plupart des gens ne veulent pas quitter leur cage, ils en veulent juste une plus belle où tout aille bien. Ce n’est pas cela être libre. (…) Le véritable arrêt des souffrances viendra en osant ce changement de regard qui permettra de voir que cet Amour, cette Joie, c’est moi, de voir que cette infinité, cette lumière, c’est moi. (…)

Cela rejoint une vérité spirituelle : nous créons sans cesse notre propre monde. Toutes les écoles de psychologie sont d’accord sur une forme ou une autre de répétition par rapport à la création de la souffrance, comme sur le fait que ce qui va guérir la personne est un apport d’amour sous la forme d’une alliance thérapeutique. (…) Les barreaux de la cage peuvent sauter. Les limites de la psychologie vont cependant faire que, s’il n’y a pas cette compréhension spirituelle profonde, une nouvelle cage va se reconstruire, plus confortable certes mais aucunement libératrice.


Bettina de Pauw, Psychologie et Spiritualité

21 décembre 2007

Sujet de méditation

Nous nous inquiétons souvent pour des choses
qui ne se produiront pas
ou contre lesquelles nous ne pouvons rien.

20 décembre 2007

Gratitude

Je ne crois pas grand-chose. Je ne crois même en vérité qu'en une seule chose. Mais cette certitude a coulé partout, a tout imbibé. Pas un fil de l'existence n'est resté sec. Elle tient en deux mots. La vie est sacrée. (...)

L'hommage aux origines. Ainsi commence tout processus d'humanisation. "De mon grand-père Vérus, j'ai reçu la noblesse de caractère et l'équanimité. De mon père, d'après ce qu'on m'en a rapporté et ce que je sais encore de lui, la modestie et le sens viril. De ma mère, la crainte de Dieu et la main ouverte, un style de vie simple. De mon arrière grand-père..." Ainsi devrait s'ouvrir, comme pour Marc-Aurèle, l'empereur et le sage, tout récit d'une vie.

Maxime Gorki, gavroche errant dès l'âge de neuf ans, orphelin et vagabond, dresse lui aussi dans sa biographie les stèles vivantes de sa gratitude : au cuisinier Smoury dont il fut le marmiton sur un bateau et qui lui fit lire ses premiers livres : Gogol et Dumas père. A Kolouchni, un homme hors-la-loi, un bossiaki, c'est-à-dire un va-nu-pieds qui lui ouvrit le coeur. A l'avocat Lanine, un homme généreux, un érudit qui reconnut "le désir féroce de s'instruire" de ce jeune homme blessé d'âme et de corps (une tentative de suicide l'avait estropié). Sur le navire d'immortalité du grand Maxime Gorki voyagent debout dans le vent, en frères de compassion, le cuisinier, le voyou et l'avocat. Leurs noms arrachés à l'oubli composent le premiers vers d'un hymne de gloire : Smoury, Kolouchni et Lanine...


Christiane Singer, N'oublie pas les chevaux écumants du passé

14 décembre 2007

Exils

Je ne me sentais chez moi nulle part... parce que je n'étais pas chez moi à l'intérieur de moi.

Chérif

13 décembre 2007

Récolte du matin

Léo quitte la cuisine : Salut, Maman sapiens sapiens... Je vérifie : Je suis la maman qui sait qu'elle sait ? Léo, avec un grand sourire : Oui !

Elsa fait tomber son biberon : Ah, il faudra qu'il apprenne à faire le casse-margoulette !

Dialogue de fous

- Il faudra le faire avec précaution...
- Oui, il faudra l'inviter !
- ???
- Bah oui, précaution...
- Ah oui, on devrait même en faire une invitée permanente...
- A condition qu'elle vienne sans son principe.
- Pourquoi ça peut être bien les principes ?
- Ah non, moi je maintiens, sans son principe. A la rigueur, avec son Prince Hop...

12 décembre 2007

Réveil

Hier soir mardi, les enfants ont reçu ordre de nous laisser dormir. Consigne : "Le premier qui se réveille se rendort !". Interdiction d'apparaître avant... 8h minimum. 8h01, Léo apparaît dans la chambre en poussant des Cocorico retentissants, puis simule une alerte aérienne en faisant tourner ses 2 lampes de poche. Après quoi, Elsa nous improvise une chanson... sans compter Chamade, qui vient nous saluer à petits coups de langue râpeuse. Ok, Ok, on se lève...

11 décembre 2007

Madeleines

Avec les enfants, regarder Le Kid, La ruée vers l'Or, Mary Poppins. Décorer un sapin plus haut que Léo. Ecouter les Fabulettes : C'était un petit sapin pique pique pique... Ouvrir les cases du calendrier de l'Avent.

Et seule sur la route dimanche, qui m'emmenait vers un grand-père peut-être pas loin du grand départ, une petite grand-mère désemparée, la déclinaison des châteaux de la Loire et le coeur qui se serre avec les kilomètres et les souvenirs d'enfance : Chambord, Chaumont, Loches, Blois, Amboise.

07 décembre 2007

Campagne dépression

C’est du Molière, Le Malade imaginaire, ou Knock : l’INPES persuade les gens que s’ils sont tristes, c’est qu’ils sont malades, et les incite à bouffer du médicament. Ce qui était considéré autrefois comme un mauvais moment à passer, un coup de pompe, un deuil difficile, est désormais "une maladie". La brochure dépression, diffusée à un million d’exemplaires, est une tentative d’endoctrination massive, parfaitement irresponsable. L’ambition est de remodeler vos émotions les plus intimes. C’est un "alien" qui s’insinue au plus profond de vous -même pour saboter tout ce que vous éprouvez. Il vous oblige à interpréter vos sentiments les plus humains dans le sens de la maladie.

On déprime quand on est malade de la vérité. Si on ne veut pas déprimer, il faut assumer la vérité, sa vérité. J’ai été touché par la phrase de Cécilia qui faisait la une d’un magazine au moment de l’annonce du divorce : "Je veux vivre ma vie sans mentir." Voilà l’antidépresseur le plus puissant.


Jacques-Alain Miller, interview pour Charlie Hebdo

26 novembre 2007

Fuite(s)

J’échappe
Ça m’échappe
Ca s’échappe

- Je ne suis pas là où je pense ?
- Vous n’y êtes pas du tout…

- Vous n'y êtes pour rien.
- Je n’y suis pour personne.

Derrière la vitre
Sur les carreaux
La pluie… rigole

Je perds le fil
Le lien se distend
Se distance
Tendresse
Absence

Goutte à goutte
Parfois
Quelques larmes
S’échappent.

24 novembre 2007

Debout !

Lulu's staying alive !!! Et bien justement, laisse donc ceux qui peuvent et veulent se bouger pour toi le faire !

Phrase décisive ;-). J'ai laissé faire... Retrouvé des amis. Découvert un nouveau bébé. Ouvert une boîte à secrets. Et une carte-lune. Dansé. Bu du champagne. Mangé des cannelés et des brownies. Soufflé des bougies. Et je suis repartie, les bras chargés de fleurs. (Question d'Elsa : Maman, est-ce que si je lâche les fleurs, elles s'envolent ? Ca me plaît. Un bouquet comme un ballon, qui s'élèverait doucement vers le ciel...).

23 novembre 2007

Elle Girl

Un fou rire de trois heures du matin.
(Message personnel).

22 novembre 2007

Eblouis

En pré-soirée d'anniversaire, un trip coquillettes (sur une idée originale de Léo) - vidéo-projection (sur une idée originale de Lulu). A la régie, David, à l'enthousiasme et à la bonne humeur, Elsa ! Comme dirait cette dernière, ouf que j'étais là...

19 novembre 2007

Barroso

Sur le thème de l'influence du psy (chiatre, chothérapeute, chanalyste ou ce qu'on voudra) : il y a influence - quoi qu'on en dise ; mais il s'agit de faire alliance avec la partie saine de l'autre - car il est aux prises lui, avec les parties blessées, souffrantes de son être, dont l'influence est souvent bien plus forte ! "Il est grand temps d'avoir un allié...". Et aussi un porte-voix - pour la vie en soi.

L'orientation c'est d'agir vers être soi-même - être en contact avec soi-même en changement - c'est le projet de la psychothérapie. Mais c'est dangereux - car on perd les aides, réelles ou imaginaires, qu'on avait jusque-là.

"La peur engendre la fuite ; la colère engendre la lutte ; la tristesse engendre le repli sur soi."

Mais le difficile c'est de changer...

16 novembre 2007

Ca tombe sous le sens

Gai et Pas-Gai sont dans un bateau. C'est toujours Pas-Gai qui rame.

Claude Ponti, Okilélé

14 novembre 2007

Talisman

A la maison, nous avons un gros oeil de verre bleu ramené de Turquie par une amie chère* - censé nous protéger contre malédictions diverses et mauvais oeil - justement. Récemment, Elsa l'a annexé à son profit, et maintenant elle dort avec l'oeil de verre bleu sous son oreiller ; mais ce qui me réjouit le plus, c'est la façon dont elle l'a rebaptisé : le "portabonheur".

*Commentaire de l'intéressée ;-) : Et tu peux lui dire qu'en turc on appelle ça un nazar bonçuk (nazar bondjouk en turc dans le texte).

Saisons

Léo, carnet pédagogique (bien fait) à la main, part à la chasse aux détails des toiles d'Arcimboldo : de quel tableau s'est échappé ce poisson ? Quelle ombre est également celle du lys du Printemps ? Ce tableau, lequel des quatre éléments représente-t-il ? Et moi je me régale, quand arrivé devant Le bibliothécaire, il me dit : je suis sûr que ton préféré, c'est celui-là !

I care

For every treasure lost and found
During my young days in the sun
When all the children loved to run
Fell so good when I was home
For I was never left alone
I had a Dad when I was down
When I was sad I had a Mum
For every long day in the heat
And every one night out of sleep
I have a memory to keep
I met you someday on the street
For every time I wasn't there
And all the things I couldn't share
For all the words friends wouldn't dare to sing
I care.

Syd Matters

Glace

Fin de matinée à la petite épicerie qui jouxte nos locaux - il fait gris et froid. Une femme encore jeune, le regard fuyant, les pieds nus dans les chaussures et les mains tremblantes, cherche dans son porte-monnaie de quoi régler deux flacons de mauvaise vodka, demande au vendeur de les sortir de leur cartonnage et les glisse dans son sac. Misère ordinaire - nue - glaçante...

Qu'est-ce qu'elle fait dans la Care Box, la dame à la vodka ? To care : j'aime ce mot, qui dit à la fois la précaution, l'attention, la responsabilité, le souci, l'importance, le soin. I care.

12 novembre 2007

Recevoir son clown

Nous partons du principe que le clown est un être autonome et qui est déjà présent en nous. Totalement autre, mais aussi totalement nous-même. Notre travail consistera à nous ouvrir à lui, en nous ouvrant préalablement à nous-même. On ne fait pas le clown, on le "laisse faire". C'est ce que nous appelons "recevoir son clown". Le clown est à la fois totalement nous-même et totalement (un) autre. Il est cette partie de nous à la fois la plus originale et la plus universelle, la plus personnelle et la plus mythique, la plus intime et la plus spectaculaire, la plus quotidienne et la plus éternelle. En conclusion, avec le clown on ne rit pas de soi mais avec soi.

Week-end fabuleux - le professionnel qui anime ça a une pêche d'enfer et ça a été un pur bonheur d'être juste dans le plaisir et dans le jeu - zéro visée didactique ou professionnelle, rien que du plaisir... Difficile à raconter - les exercices sortis de leur contexte n'ont sans doute pas beaucoup de sens. Mais - ça fait appel à l'enfant libre et à la créativité en soi - suppose dépassées des résistances qui seraient massives dans un contexte de groupe thérapeutique - et ça marche... Comment ? Parce que son approche du clown, et de l'homme, est pétrie de bienveillance (parfois rude, la bienveillance - ou tout au moins exigeante) et de profonde humanité.

Pour ceux qui auraient envie de s'y essayer : http://www.royalclown.com/

06 novembre 2007

Bribes

Hier en première partie du spectacle déjanté d'Eric Antoine (Illusion ou réalité ?), un illustre inconnu dont je retiens une phrase : "... et là, vous pouvez constater de visu que vous êtes dans une situation stable : vous ne pouvez absolument pas bouger !".

A la Grande Halle de la Villette, un spectacle sensible et poignant, Femmes de parloir, monté par deux comédiennes non professionnelles - ancienne détenue, aujourd'hui psychothérapeute, ancienne visiteuse, auparavant journaliste - derrière un mur de lettres de prison qui s'ouvrent au fur et à mesure, comme autant de fenêtres...

Au fond de la piscine, donner un grand coup de talon pour remonter - expérimenter une force nouvelle, celle de pouvoir choisir de ne pas plonger, tenir debout.

Dans un café parisien, au lieu des habituelles radios incolores, inodores et sans saveur, une atmosphère tranquille - un album jazzy, soft, tranquille, une phrase entêtante attrapée au passage "Help is coming - as long as you believe...". Renseignements pris, il s'agit d'Ayo - et l'album se nomme, Joyful.

30 octobre 2007

Kapla Trip

1h30 de bonheur : l'atelier Kapla pour les petits et les grands. Une belle histoire :

Né en Hollande, Tom van der Bruggen est le créateur des planchettes KAPLA. Après avoir étudié l'Histoire de l'art, il a ouvert une boutique d'antiquités où il restaurait des meubles. A 25 ans, cet amoureux des vieilles pierres vend sa boutique pour réaliser son rêve : construire un château en France. De passage dans l'Aveyron, il s'éprit d'une ferme en ruine qu'il voulut transformer en un beau château, avec tourelles, douves et porte cochère. Il imagina alors les plans de cette demeure en la réalisant en miniature avec des cubes en bois. Bien vite, il s'aperçut que les cubes étaient trop massifs pour reproduire certaines parties telles les toitures, planchers et linteaux.

Il eut alors l'idée de remplacer ces prismes par des planchettes de taille identique, fondée sur la progression des chiffres impairs : 1,3,5. Trois épaisseurs pour une largeur et cinq largeurs pour une longueur. Ce volume, à mi-chemin entre la brique et la pierre, la planche et la poutre, permettait désormais des réalisations ayant la précision d'une œuvre d'art et la stabilité de la pierre. Il baptisa ses planchettes KAPLA. C’est une abréviation de "Kabouter plankjes", qui veut dire "Planchettes de lutin" en hollandais. Avec les planchettes KAPLA, les enfants comme les adultes peuvent désormais bâtir et créer toutes sortes d’architectures, d’animaux, de créatures extraordinaires...

28 octobre 2007

Sourires de la semaine

- Tester (et approuver) un nouveau concept d'anniversaire pour pioupious : le déj' d'anniversaire. Les mômes sont ravis d'échapper à la cantine, à ses files d'attente et à sa gastronomie approximative, de manger avec les doigts des tas de choses diététiquement incorrectes, de prendre un repas tous ensemble - le temps de souffler les bougies, d'ouvrir les cadeaux, de faire un jeu ou deux et hop ! A l'école. Pas le temps de mettre l'appartement sens dessus-dessous, de se chamailler, de trouver le temps long... parents pas essoufflés, ravis aussi. Banco !

- Avoir, du coup, à nouveau envisagé de faire une vraie fête pour mon propre anniversaire. Reste à trouver un concept aussi motivant pour les trente-cinquenaires !!! Visiter un lieu. Rêver d'un autre.

- M'offrir un bijou en forme de papillon. Penser liberté, légèreté. M'entendre dire : métamorphose.

- Aller chercher en même temps que les croissants la livraison du nouveau Harry Potter (affectueusement commandé pour moi par David) chez ma libraire préférée, spécialement ouverte aux aurores pour l'occasion.

- Faire des journées trop longues, entretiens et animations de groupe. Y trouver néanmoins du sens, et donc du plaisir. (Pour les recettes du bonheur, voir le délicieux Voyage d'Hector, autre bonne lecture de la semaine). En redemander - sous la forme d'un groupe auto-géré.

- Découvrir grâce à la baby-sitter (c'est pas fabuleux ça, une baby-sitter qui fait des cadeaux d'anniversaire ? Et des chouettes cadeaux, en plus ?) - le Cranium version familiale, qui nous promet d'excellents moments.

- Découvrir un joli film d'animation sur l'apprivoisement des peurs de la nuit, baptisé Nocturna (dans quelques salles parisiennes).

- Aller manger des moules à la crème au bar du Soleil, sur la plage de Deauville. Tremper les orteils dans l'eau (froide). Terminer le Harry Potter sur le chemin du retour.

Est-ce à dire que je n'ouvre jamais un journal pour m'enquérir de la situation extérieure, reste aveugle et sourde aux inévitables et parfois lourdes galères des proches et des moins proches, et que je vis moi-même dans un petit Eldorado protégé par des charmes puissants ? Non. Justement. Est-ce que je ferme un oeil pour ne voir le verre qu'à moitié plein ? Encore moins. J'ai les deux yeux ouverts. Parfois pleins de larmes. Mais aussi pleins de vie.

24 octobre 2007

Ad hoc

Léo se compte maintenant parmi les lecteurs de Tintin. Aussi ce matin je l'entends apostropher sa soeur : Bachi-Bouzouk ! Va-nu-pieds ! Scolopendre ! Sarkozy ! (Véridique).

Désarmant

Dans un grand élan de politique incorrection, je m'insurge : J'en ai marre du quart monde moi - j'veux m'occuper des bobos ! David, avec douceur : Mais, tu t'occupes déjà, des bobos...

Jeux de maux

Mais pourquoi... fait-on ces métiers du soin ? Je songeais à cela - tout en conduisant mon fidèle destrier à deux roues - quand me vint une évidence inattendue, autour du thème de la réparation. Les soignants ne seraient-ils pas d'anciens soi-niés ? Soi-niants ? Des soi-niés plus ou moins bien soignés...

Ceux qui sont mûs par le désir de réparer l'autre, et de se réparer eux-mêmes, faute d'avoir eu, une place initiale suffisante pour le soin de soi... Ceux qui s'oublient eux-mêmes et perdent leur chemin... Ceux qui espèrent encore, une hypothétique réparation, au double sens de raccommodage et de dédommagement... Ceux qui réparent l'autre pour qu'il prenne (enfin) soin d'eux, ceux qui se réparent eux-mêmes en réparant (mais toujours dans une forme d'insuffisante auto-suffisance)...

Je pense au nourrisson savant, de Ferenczi, bébé thérapeute de sa mère (Oh ! Ta mère !), au faux-self de Winnicott - à tout ce qui peut nous amener à prendre soin de l'autre pour prendre soin de nous-mêmes, ou dans l'espoir qu'il prenne soin de nous... et à ne pas habiter notre propre place ?

22 octobre 2007

Blague psy du jour ;-)

Mieux vaut un vrai restaurant qu'un faux self !

20 octobre 2007

Grand Jacques

Y a des allumettes au fond de tes yeux des pianos à queue dans la boîte aux lettres - sur la terre comme au ciel tête en l'air - la vie quoi le bordel... Sur la scène du Bataclan Higelin fait le Jacques, éructe des conneries, se lance dans de grandes envolées lyriques, esquisse un pas de danse, braille sa tendresse et son désespoir (67 ans Higelin ? Incroyable...) - improvise un duo avec Camille qui s'est incrustée sur scène à la fin du concert - Pour toi, mon amour - je voudrais avoir - une longue longue longue et large queue - de paon - et termine avec Pars - et surtout ne te retourne pas...

09 octobre 2007

Petites flammes

Hier, je suis allée m'asseoir quelques instants dans l'église Sainte-Anne - celle où a été baptisé mon fils. Un lieu de calme et de silence dans la ville, où se recueillir - à mes yeux, non plus en lien avec une hypothétique présence tutélaire et bienveillante, mais déjà - en lien avec moi-même - me re-poser. Aux pieds de la Vierge, que je regardais sans la voir, j'ai été touchée par cette multitude de petites flammes fragiles déposées là par des mains d'hommes ou de femmes - quoi qu'il advienne de ces lumineuses demandes, elles témoignaient pour moi au moins de la présence, de la souffrance, et de l'espérance humaines. Je suis restée longtemps - ou bien quelques minutes - je ne saurais pas dire - un instant suspendu(e), hors du temps.

04 octobre 2007

Laissez les enfants pleurer

Laissez les enfants pleurer ne tarissez pas leurs larmes
Elles lavent elles désarment ce qui les fait chavirer
Laissez les enfants verser ces ruisseaux qui les apaisent
Et s’en vont noyer les braises de leurs chagrins insensés
Laissez – laissez-les

Empêchez que l’on réprime cette rosée légitime
Ils ont des fleuves à arroser laissez
Laissez les enfants pleurer
Avant qu’on les abîme

Laissez les enfants rêver ne les cassez pas d’avance
Donnez-leur au moins la chance d’apprendre un jour à voler
Laissez les enfants choisir des chemins qui vous dépassent
N’effacez jamais leurs traces vous les verrez revenir
Laissez – laissez-les

Ne souffrez pas qu’on dédaigne la lumière qui les baigne
Ils ont des richesses à donner laissez
Laissez les enfants rêver
Avant qu’on les éteigne

Laissez les enfants grandir ne renforcez pas les cages
Ne craignez pas les orages ni les torrents à franchir
Laissez les enfants gagner le droit d’étendre leurs ailes
Dans la lumière nouvelle d’une vie à inventer
Laissez – laissez-les

Ils vont s’envoler ensemble un même ciel les rassemble
Ils ont des sommets à gravir laissez
Laissez les enfants grandir
Avant qu’ils nous ressemblent...

Anne Sylvestre

01 octobre 2007

Last Pious News

Elsa s’approche du placard où se trouve la poubelle : C’est bien là qu’on range les légumes ?

Elsa trouve que sa chaussure est trop serrée : Maman, j’ai mal au poignet du pied ! Lulu : Tu sais comment il s’appelle le poignet du pied ? Elsa, fièrement : La chenille !

Léo (après une première assiette laborieuse) : Maman je veux encore de la soupe s’il te plaît ! Tête incrédule de la Lu, sourire radieux du Léo : C’était une blague !!!

Oiseau de passage

De notre rencontre ce jour, je garde pour ma part ces mots : en partance. "C'est intenable, d'être toujours en partance...". Etre en partance - ça je peux... le transitoire qui dure, l'intenable qui s'installe, le gérondif infini, nouvelle conjugaison : en partant(ce)... Un ami à moi disait - tu es toujours sur le qui-vive. Une figure qui se répète, se dessine, s'intensifie - se démultiplie - l'entre-deux, l'intenable, pour moi et aussi sans doute, pour ceux qui m'aiment - parce que jamais tout à fait là, toujours un peu ailleurs.

30 septembre 2007

Une sorcière comme les autres

5O ans de chansons, un concert exceptionnel : Anne Sylvestre chante pour « les rescapés des Fabulettes, les amoureux de la Petite Josette » son répertoire pour adultes – salle conquise d’avance qui fredonne chacune de ses chansons tendres ou engagées. Premier rappel, cette chanson clin d’œil à ceux qui ont grandi avec les Fabulettes, deuxième rappel, Une sorcière comme les autres nous met, à ma maman et à moi, la larme à l’œil – aujourd’hui, c’est Elsa qui écoute la Petite Josette – après le troisième rappel, l’arrivée sur le plateau de ses proches une rose à la main et T’en souviens-tu la Seine reprise en chœur par la salle illuminée, c’est Anne qui pleure…

Et moi je ressens, plus que jamais, la force immédiate de la chanson qui touche au cœur, réunit les générations - à chaque âge ses favorites mais en partage l’émotion, la connivence, l’humour – à chaque album sa brassée de souvenirs. Les amis d’autrefois s’ils entendent ça, les amis du passé, vont se rappeler…

29 septembre 2007

Signes extérieurs de bonheur

C’est quoi le bonheur ? Une belle maison, des enfants radieux, un chien ou bien un chat ? C’est quoi le bonheur – une image d’Epinal, des petits mariés de sucre qui prennent la poussière sous une cloche de verre, les vertes et trompeuses montagnes de la Mélodie du Bonheur ?

C’est quoi le bonheur – suivre les saisons du cœur, voyager sans bagages, ouvrir sa porte à tous les vents – mais s’endormir, vieillir, mourir, seul(e) ? Un choix mais par défaut, une liberté factice, une solitude certaine... Alors ?

Et toi, l’exilé :
Etre de passage, toujours de passage
Avoir la terre pour auberge
Avoir pour tout bien des choses d’emprunt
Ne pas avoir d’ombre, mais des bagages
A moins que demain, demain ou jamais...

Asturias

Alors ? Ce que je cherche aujourd’hui ce sont – au-delà des apparences ou des chimères – ce que je cherche aujourd’hui ce sont – les signes intérieurs de bonheur.

Comme le disait la Mistinguett

Une semaine d'intoxication aiguë au meilleur de ses chansons plus une préparation spéciale Zaza à l'idée de voir une princesse qui chante et danse en robes féériques (Tu vois Elsa là elle devient blonde - Alors Maman ça existe la magie ? demande ma fille avec de grands yeux émerveillés) - mais : bilan de l'opération, à l'expo Dalida à l'Hôtel de Ville, Elsa et Léo se sont amusés comme des petits fous dans les cabines de karaoké, sous les yeux amusés des adultes étonnés qu'ils connaissent ce répertoire. Bingo ! Et moi - j'adore - les chansons sentimentales et la disco à paillettes - c'est comme si c'était fait pour moi.

Petit miracle

Une information scolaire sur les relations amoureuses en banlieue, c'est bien souvent un petit groupe d'origines ethniques diverses qui se regardent en biais, histoire de voir qui pourrait se permettre de parler de "ça", braver les tabous familiaux, religieux et communautaires. C'est souvent un discours prêt-à-porter, virginité jusqu'au mariage et "moi, je ne mange pas de ce pain-là." Discours dont je ne suis pas dupe, dans la mesure où j'ai souvent vu jusqu'à la moitié d'entre elles en consultation individuelle avant !

Hier, petit miracle : un petit groupe aussi bigarré qu'à l'habitude, mais immédiatement interactif, d'abord sur les incontournables du lieu, notions anatomiques de base, cycle féminin, contraception - puis sur de bien plus vastes sujets - les questions de "réputation", le regard des garçons sur les filles et inversement, le plaisir (rarement abordé spontanément dans ces groupes), les liens entre la qualité de la relation et ce qu'on sent dans son corps, entre le corps et le sentiments (le coeur est-il vraiment le siège des émotions ? suite à une question sur les transplantations !), l'homosexualité, la sexualité des personnes âgées... Même pas peur ! Et pour moi, un vrai bonheur.

27 septembre 2007

Essentiels

L'amour, comme toutes les grandes réalités, n'existe pas, c'est à toi de le créer. La vie n'a pas de sens, c'est à toi de lui en donner un. Nous sommes sur terre pour cela, nous nous aimons pour que la vie ne soit pas absurde et pour que la mort n'aie pas le dernier mot. (...)

Pour ceux qui voudraient faire l'économie de la souffrance et de la mort, les séparer de la vie, il y avait là quelque chose à comprendre : la mort n'est pas l'ennemie, elle ne peut nous prendre que ce que nous n'avons pas donné.


Jean-Yves Leloup, Une femme innombrable

19 septembre 2007

16 septembre 2007

13 septembre 2007

Histoire de chat

Il faisait pipi dans la maison, signe incontestable selon le professionnel consulté d'un malaise psychologique : Il voulait nous dire quelque chose, n'avait pas trouvé sa vraie place dans la famille. Ne supportant pas plus de laver la couette du lit de Lucie chaque jour ou presque, que de nous retrouver en pleine "thérapie familiale" chez un ... vétérinaire (!), excluant les anxiolytiques pour chat qu'on nous a proposé, nous avons pris une grosse décision : Lui ouvrir la porte. Surmonter notre peur qu'il ne revienne pas, et laisser à ce chat de gouttière la liberté d'aller explorer le quartier. Depuis il revient ronronnant, il dort, il mange, il est heureux.

Céline


(Dans le même ordre d'idées - me semble-t-il - et dans une critique de film, cette semaine : On peut aimer pour toujours, mais pas tout le temps.)

10 septembre 2007

Objets blessés

Réparer, restaurer, recoudre, consolider, colmater… "Objets blessés" aborde le thème inexploré de la réparation locale par les populations autochtones. L’exposition porte sur les collections africaines du musée du quai Branly, et présente 110 « objets blessés » choisis parmi les 500 objets réparés de la collection (60 000 pièces).

C'est l'idée de la "réparation", qui m'a guidée jusqu'au musée : en Occident - on jette ; en Afrique, on répare - non seulement pour des raisons économiques, mais aussi dans un respect du sens, du rite, de la transmission inter-générationnelle, et de l'objet lui-même, dont j'ai l'impression qu'il nous échappe complètement. En ouverture de l'exposition, un court métrage où l'on nous explique que lorsqu'un objet est cassé, la première question est : comment cela est-il arrivé ? Et que réparer un objet avant d'avoir interrogé cela, est comme une insulte à celui-ci...

Les causes de détérioration des objets sont multiples : l'usure du temps, les accidents, les termites, le climat... Cette détérioration est perçue non seulement comme un fait matériel mais aussi comme le signal d'un dérèglement social. La décision de réparer ou de remplacer un objet cassé est donc très importante. En réparant un objet cassé, on répare aussi le culte et la société même. (...)

L'objectif de la réparation n'est donc pas de redonner à l'objet son aspect originaire, mais, d'une façon plus subtile, de recomposer un équilibre perturbé, en faisant commencer une nouvelle vie à l'objet cassé et en lui faisant retrouver sa fonction rituelle ou d'usage courant. Ainsi, la réparation fait partie de l'objet recréé, et elle est toujours visible. En concrétisant la volonté de conservation et de renouvellement, la réparation indique l'importance qui est donnée à un objet par un individu ou par une collectivité. (...)

En filigrane, l'idée que l'objet, c'est beaucoup plus que l'objet - qu'il s'agisse d'un objet rituel ou usuel. J'ai toujours eu du mal à m'imprégner de ces objets ethnographiques, liés à des cultures ou à des pratiques qui me sont étrangères ; ici, leur fragilité révélée, l'intervention visible de la main humaine me les a rendus enfin accessibles...

D'autres acteurs, le griot, le marabout ou encore un membre de la société des masques peuvent intervenir aussi bien dans la décision de réparer que dans l'acte de la réparation, ce geste donnant à son tour du pouvoir à celui qui le réalise. Nous ne connaissons pas l'histoire de la réparation de chacun des objets présentés. Ces masques nous interpellent : Comment ont-ils été cassés ? Qui a décidé de les réparer et qui les a réparés ? Ont-ils gardé ou renouvelé leur pouvoir après la réparation ?

Difficile de ne pas rêver aussi, aux fêlures humaines et à ceux qui en prennent soin...

(Musée du Quai Branly, jusqu'au 16 septembre).

La mêlée des cultures

J'avais très envie de découvrir le musée du Quai Branly ; aussi, ce dimanche, nous sommes partis tous les quatre en vélo - avec en tête, le projet de découvrir une expo temporaire - Objets blessés. A l'arrivée, une succession de petits bonheurs inespérés : l'accès libre à tous les espaces (premier dimanche du mois), un jardin superbe, une journée dédiée aux pays participants à la Coupe du Monde de Rugby - concerts de fado, didjeridoo, polyphonies géorgiennes, contes du monde entier, dégustation de spécialités diverses... et un espace muséographique remarquable, lumineux, original, immédiatement accessible aux enfants : des arts vivants. Sur le toit, un terrain de rugby reconstitué, une pelouse artificielle depuis laquelle nous pouvions contempler tout Paris - les enfants étaient enchantés, et nous complètement sous le charme.

05 septembre 2007

La vérité sort de la bouche des enfants

Elsa aime Camille : "Qu'est-ce qu'il y a dans le sac des fiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiilles - qu'est-ce qu'il y a dans la tête des hommes ?". Au fait, qu'est-ce que tu crois qu'il y a dans la tête des hommes, lui demandé-je ? "L'amour !", me répond-elle du ton de l'évidence.

Diplomatique Léo : "Mammie a de petites fesses, mais elle les met dans de grandes culottes". Le même, à la question, qu'est-ce que tu voudrais être quand tu seras plus grand ? répond : "Poli et élégant."

04 septembre 2007

Nourrir ce qui rend heureux

Si tout est nourriture, comme le disent les Ecritures de toutes les traditions, alors il est de notre devoir de veiller à ce qui nous nourrit. Et comment reconnaître la qualité de cette nourriture si ce n'est au degré de joie qu'elle nous procure ? Nourriture du coeur, de l'esprit, du corps. Nourriture qui allège, crée de l'espace, décrispe ce qui était jusque là lourd et serré.

Nourrir ce qui rend heureux, c'est entrer dans une dynamique, dans un chemin de transformation personnelle. C'est un acte vital qui, loin d'être égoïstement replié sur lui-même, irradie à l'extérieur et peut engager les autres vers le même processus. Car quand la joie brille dans un regard, elle illumine en retour celui qui la contemple.

Nourrir ce qui rend heureux, c'est refuser les habituelles sollicitations à trouver le bonheur dans un avoir toujours plus, pour retrouver en soi la source vivante et en prendre soin.

(Brochure Terre du Ciel été 2007)

03 septembre 2007

Education Nationale

Rentrée scolaire : mardi 4 septembre, qu'ils disaient... Moyennant quoi, en ce lundi 3 septembre, je m'apprête à passer une journée tranquille avec mes pioupious, acheter les fournitures, une nouvelle paire de baskets pour Léo, une parka pour Elsa...

8h24, Léo descend tranquillement nous chercher des croissants, 8h25, Léo revient sans croissants avec l'air passablement inquiet : "Maman, je crois qu'il y a un problème, y a plein d'enfants avec des cartables dans la rue..." - 8h27, Léo part comme une flèche avec son cartable tandis que je termine d'habiller la Zaza en quatrième vitesse.

Bon, ça leur vaudra quelques séances de psy dans quelques années j'imagine... mère indigne !!!

29 août 2007

Le lieu magique

Dans la voix de Marie, je retrouve une enveloppe, un bien-être - un lieu où vivre est bon - où vivre est simple, tranquille. Un lieu sans pensées, parce qu'elles s'effacent d'elles-mêmes, au fur et à mesure. Intuition : c'est de là qu'il faut partir, laisser la tête, et ce vouloir à toute force comprendre, maîtriser, anticiper, diriger. Intuition : c'est de là que part la force - dans ce laisser-être. (...)

Marie dit : c'est pendant ces temps de repos, que la pensée apprend. Elle dit aussi - laissez ça - reposez-vous. Lâchez ça... C'est le début du mouvement qui est intéressant - qu'est-ce que ça change ? (...)

Quoi qu'il advienne, ceci m'appartient. Je peux en être délogée, m'en exiler moi-même, me perdre en chemin, cet espace demeure. Demeure, comme une maison que je peux quitter, retrouver, mais qui reste la mienne. Le vrai "lieu magique" - c'est celui du laisser-être.

Et puis, Alain : "Apprendre à se protéger sans se défendre."

Et puis, Adriana : "J'essaie d'accorder mon pas à celui de l'existence, mais je boîte."

22 août 2007

Choses entendues

A propos de l'impression angoissante d'être sur une route déjà tracée : "Ben oui, ça n'est pas possible d'aller tout droit en se disant qu'il n'y a rien d'autre à attendre que le péage...".

Et, dans le même ordre d'idées : "Laisse-moi aller en enfer en zigzaguant."

18 août 2007

Première nouvelle

De retour du bout du monde, je t’imagine, toi que je ne connais pas, toi que je n’ai jamais vue. Mes fantasmes défilent, je te dessine en pensées, j’ajuste ton portrait.

Maintenant, tu es à mes côtés. Je te parle, tu souris, tu es belle : mes désirs me transportent. Je suis fait pour les rencontres. Je te glisse un « je t’aime », comme ça, comme pour te garder. Tu souris, tu me regardes ; tu t’évanouis en moi.

- « Ne disparais pas ! Tu es sans passé ; laisse-moi t’offrir un présent. Depuis notre première seconde, je t’aime à te regarder. ».

Je ferme mes yeux ; ils reflètent ta lumière. Je ne suis pas fait pour les adieux. Je suis seul avec toi et dis à voix haute un « je t’aime », à double destinée - à toi, à moi, dans le même mouvement.

- « Que c’est simple d’aimer, parfois plus que de vivre ». Et toi de répondre : - « Tu m’aimes, mais je ne sais rien de toi, je ne sais rien de moi ; je ne sais pas d’où je viens, je ne sais pas ce que je veux. Je ne crois en rien. ». - « Prie alors, ça aide à croire ! ». Et je rajoute moins rieur : « Tends ta main, tu verras la mienne ». Et tu pleures.

J’attends que tes larmes te rendent force. J’entends alors à petits mots : - « Auras-tu la gentillesse de ne jamais me juger, de m’aimer comme je serai ? ». Et moi de répondre : - « Comment le saurai-je, si je ne sais pas qui tu seras ? C’est n’importe quoi… »

- « Non, ça commence à devenir quelque chose, comme la vie par exemple ! ». Je t’écoute rajouter : « Quand tu ne sais pas, c’est tout propre, tu peux remplir comme tu l’entends. Alors ?».

- « Tu as raison. D’où je viens, les sages disent : « ce qui est dedans n’est pas dehors ! ce qui est avant n’est plus après ! ». D’accord ! Vivons. Que ce nouvel accord soit source de création ».

Et toi de proposer : - « Pour notre première histoire, donnons-nous un nom ? Pas celui qui porte le passé ; celui qui s’invente au fil de notre livre, celui qui s’écrit page après page… »

- « Que dirais-tu de ‘Première Nouvelle’ ? ». - « Quelle bonne idée, cette double naissance ! ». Et tu rajoutes dans l’éclat de ton rire : « C’est comme Adam et Eve ! ».
David

13 août 2007

Un bouquet d'amour


12 août 2007

Vendée Globe

Trois semaines : une semaine pour décélérer (avec plus ou moins de cahots, c'est que la machine était un peu emballée depuis quelques temps), se frotter à la vie de famille 24h sur 24 (mais qu'est-ce que je fais là ?) - une semaine pour profiter : barque sur le Marais Poitevin, parc et cinéscénie du Puy du Fou, acro-branches (un vieux rêve - réalisation au-delà de mes espérances !!!), une journée nostalgie à l'Ile de Ré - les enfants qui se font des amis chaque semaine et parlent franco-anglo-néerlandais, et la piscine, la plage, soleil et pages écrites et lues, écouter Mika en boucle - une semaine pour se poser, se rencontrer à nouveau, ouvrir des horizons...

Entre les livres choisis avant de partir, et avec ce mouvement de valse à trois temps, une étrange correspondance - choix de vie, quête de sens, école buissonnière et chemins de traverse, mais la même recherche intérieure - dans l'auto-biographie de Leloup, les Leçons particulières d'Hélène Grimaud, le témoignage de Christiane Singer, les romans de Benoîte Groult, d'Elie Wiesel et de Philippe Grimbert - dans les lectures professionnelles même - bouquins sur l'hypnose, la gestalt, la bio-énergie - une espèce de fil conducteur, tous chercheurs, en chemin vers l'ouvert, le complexe, le multiple...

Et puis la Vendée est quand même cet endroit où l'on peut voir des affiches pour "La fête de la bouse, open international de tonte de moutons" (véridique), ou encore, "Grenouille party, dégustation non-stop de cuisses de grenouille" ! Ca ne s'invente pas...

20 juillet 2007

Ca commence bien...

Léo : Elsa des fois elle me gonfle grave ! Lulu pouffe de rire. Léo : Pourquoi tu te marres ? Lulu : Mais tu viens juste de la retrouver ! Et puis, c'est la façon dont tu le dis... c'est du langage familier. Léo : Je sais... mais on est en famille non ?

Elsa bougonne au motif que Léo a eu deux coloriages et elle un seul. Je l'envoie gentiment promener et ajoute, le bureau des plaintes est fermé ! Et là, j'entends Léo marmonner : C'est normal Papa il est pas là, alors le bureau des plaintes il est fermé...

18 juillet 2007

Trop-plein

Il a dit - il n'y a rien de physiologique - uniquement de l'émotionnel, pas seulement les derniers mois mais quelque chose de beaucoup plus ancien, de structurel - c'est votre manière à vous... il faut des mots. Mais des mots j'en ai, et des espaces pour les accueillir... simplement il y a des jours où ça ne suffit pas. Où c'est le corps qui trinque, le corps dont il faut prendre soin.

Hier je disais à une collègue -il est temps que je parte en vacances, je ne retiens plus les histoires des gens... comme si ma mémoire s'effaçait au fur et à mesure, saturée. Ce n'est pas tout à fait vrai bien sûr, il suffit d'un visage, d'une voix - mais quand je vois le nom sur le carnet de rendez-vous - rien...

Dans les 48 dernières heures, une révélation d'incestes transgénérationnels (jamais parlée hors famille auparavant), les prémices du cycle de la violence conjugale (violences verbales, jalousie délirante - un bébé de trois mois), une agression sexuelle dans l'enfance partiellement recouverte par une providentielle amnésie (qui voile probablement de l'intra-familial), l'agressivité passive de deux dépressives dont une dysmorphophobique, et pour terminer - un cas d'école sur les joies de la répétition et l'IVG comme symptôme - même âge, même contexte, même croisée des chemins - l'illusion de ré-écrire l'histoire, de maîtriser sa propre vie. Vivement les vacances.

Pépites

"Une dynamique souvent vérifiable m'interpelle pourtant. Tous les êtres sont émouvants de bonté et d'amour - même s'ils l'ignorent eux-mêmes, c'est ainsi qu'ils m'apparaissent - jusqu'à la sensible ligne de démarcation où viennent suppurer les conseils, le savoir théorique fraîchement acquis ou même ancien et qui doit à tout prix être communiqué. A ce moment se produit une dégradation des composantes chimiques de la relation : le visiteur a succombé au désir "d'aider" ! L'unicité, la singularité totale de la relation est perdue - car dans la rencontre de l'autre - ici, ce voyageur des mondes que d'aucuns appellent le malade -, n'est respectueux que le non-savoir radical. Ce qu'il vit, il est le tout premier à le vivre."

Et aussi :

"Un jour, tu seras. C'est cette promesse glanée dans un regard d'adulte qui a constitué mon trésor. L'éducation n'est qu'un tissage de regards."

Christiane Singer, Derniers fragments d'un long voyage

16 juillet 2007

Two weeks in Paris ;-)

Après le gentiment branque film de Julie Delpy, je joue à mon tour la touriste dans ma ville - cure de cinéma (aussi : Persépolis), déjeuners en terrasse, dîners improvisés, Paris by night en scooter... Presque aussi bon que ces flâneries sans homme et sans enfants, le luxe de pouvoir décider : j'ai la flemme... La flemme de courir dans le XVIIIème même pour écouter Marc Perrone, la flemme d'affronter la foule du Trocadéro un jour de feu d'artifice, la flemme d'aller voir le film de Lola Doillon alors que je peux rentrer et me faire couler un bain moussant.

Ce jour, pas de flemme mais une journée de vacances, Jardin des Plantes et Jardin des Pâtes... (Devant la vipère du Gabon... ah bon ?). Non, pas de vipère ni de Vincent Delerm, mais des échanges animés avec un couple d'autruches, une bébé orang-outang rétive à la pose photographique, et un petit renard de Sibérie. Et beaucoup de complicité - un grain de folie partagé, sans doute.

Au retour, un détour par la Fnac, le plein de livres pour l'été : L'absurde et la grâce, de Jean-Yves Leloup, les Leçons particulières d'Hélène Grimaud dont j'avais aimé les Variations sauvages, La touche étoile de Benoîte Groult, Un désir fou de danser, d'Elie Wiesel et Un secret, de Philippe Grimbert, trois dont j'attendais la parution en poche, un bouquin de Roustang sur l'hypnose, et les Derniers fragments d'un long voyage, de Christiane Singer. Suis comme une enfant devant une pochette surprise - par lequel vais-je commencer ?

Last but not least : savourer un melon en riant aux éclats toute seule devant La Noiraude, vache hypocondriaque et caractérielle : Vous en avez déjà mangé de l'herbe, vous, Docteur ?

15 juillet 2007

France Musique

14 Juillet, ah non, 15 du coup, 2h38, je suis réveillée par les premières mesures fortissimo d'un concerto pour piano bien connu (Chopin ? Rachmaninov ?). Le jeu est fluide, expressif, je souris dans mon lit en me demandant qui peut bien écouter du Rachmaninov à fond la caisse - mais pourquoi non, ça change du hard-rock du voisin. Et puis les morceaux se succèdent, le tempo est un peu rapide, certains sont inachevés, le répertoire change - quand les premières notes de Memory retentissent je me lève, curieuse... et constate que ce qui résonne dans la cour n'est pas un enregistrement, à la fenêtre de l'immeuble d'en face j'aperçois le clavier du piano, une chemise blanche, de longs cheveux attachés - et dans l'appartement deux ou trois jeunes personnes qui s'affairent, fin de soirée sage où l'on range la cuisine avant de partir.

En bas, trois jeunes cachés par les arbres applaudissent et commentent, je devine leurs ombres projetées sur le mur, les vois même esquisser une passe de rock. Petit moment de poésie et d'entente cordiale entre voisins - j'applaudis à mon tour, je suis la seule dans les étages mais au moins n'y a-t-il pas eu de protestations. En bavardant avec eux ensuite, j'apprendrai que notre soliste d'un soir a dix-huit ans, qu'il s'appelle Benjamin et qu'il a commencé le piano à l'âge de trois ans... Qui a dit que ça craint, les HLM parisiens ? Et que les jeunes d'aujourd'hui, etc, etc..?

14 juillet 2007

Vide-grenier

C'est le temps de ne rien faire, le temps d'être seule, le temps de profiter, de ranger aussi, l'intérieur et l'extérieur, et même, l'ordinateur ! En ouvrant les uns après les autres des fichiers aux noms oubliés, j'ai retrouvé ceci (2002) :

Jouer le jeu
Etre dans les temps
Simultanément
Etre ailleurs
Caresser ce rêve
Vivre quelques-unes de toutes ses vies
De toutes ces vies…
Danser au-dessus de l’abîme
Faire un pas de côté
Quitter la piste
Esprit voltigeant ailleurs…
Petites fugues
Voies (voix) parallèles
S’autoriser la discordance…
Pour respecter ses harmonies.
« Une valse à quatre temps
C’est beaucoup moins dansant… »
Nous ne choisissons pas toujours
De rompre les cadences
De rompre les rangs
De rompre les liens…
De la contrainte naît l’improvisation
Pas de création sans un cadre préalable,
Ne serait-ce que pour en mieux sortir…

Et aussi cela - sur les mots :

Le mot silence… celui qui contient tous les autres. Le mot fragile… l’idée d’une tension, d’un être sur le fil, toujours au bord de la chute… « Ce qu’il y a de bien avec les fêlés, c’est qu’ils laissent passer la lumière. » Le mot souffle… celui qui anime ; plus doux que l’étymologiquement proche enthousiasme. Plus modeste aussi, l’enfant qui soupire, la brise légère, plutôt que le mistral ou la tramontane… Le mot fertile, et ses promesses de moissons.

Je ne crois pas à la possibilité d’infliger la vie à quelque mot que ce soit… Ne sont vivants que ceux qui circulent d’un être à l’autre, que ceux qui s’inscrivent dans une histoire, dans une rencontre. Après… on ne devrait jamais relire les lettres d’amour… Les livres peut-être – peut-être pas : après l’éblouissement, il est trop tard… Pourtant : relire les mots, et même les lettres des autres, Kafka etMilena, Apollinaire et Lou…

Je réalise : je n’aime pas les mots pour eux-mêmes, même quand ils ont un joli son (tintinnabuler ; fragrance ; escarcelle…) mais pour les liens qu’ils tissent. Pour les forêts d’images qu’ils font parfois croître en nous. Pour les chambres d’écho qu’ils mettent en résonance… Pour leur extraordinaire capacité parfois à nous atteindre en profondeur, et bien plus loin que ne le pourrait une caresse. Parce qu’ils abolissent momentanément la distance à cet Autre, qu’il soit assis près de moi, ou à portée de voix, ou à portée de lettre… Parce qu’ils nous ouvrent la porte au « mentir vrai », à la création de mondes.

Trésors partagés ;-)

"Bateson s'est toujours méfié du désir volontaire et conscient de provoquer des changements. Il y voyait l'ombre de cette angoisse existentielle que l'homme s'évertue à exorciser en apportant des réponses partielles et prématurées aux grandes interrogations de l'existence. Pour lui, la meilleure réponse à une question était d'arriver à formuler une question plus large, plus englobante. Certainement pas de donner une recette précise qui, si elle nous permet de "piéger" les hasards des changements ou de l'évolution des systèmes, risque fort d'amputer, fût-ce par ignorance, certaines boucles de régulation essentielles, laissant ainsi des cicatrices inesthétiques dans le tissu de la structure qui relie les êtres et les choses dans le monde naturel."

*********

"Ce qui compte ce n’est pas de savoir si on est bon ou mauvais, ce qui compte c’est de savoir quelle part on élit…".
C’est réduire l’humanité à un certain manichéisme, certes, et il faudrait trier ou savoir ce qui permet de distinguer le bon du mauvais, mais j’ai trouvé que cela militait activement pour la vie.

Ces trésors n'ont rien en commun (quoi que...), si ce n'est d'avoir été partagés par des êtres que j'aime, d'être passés de la mail box à la care box.

12 juillet 2007

Picture Box ?

Filmer, voilà ce que j'ai voulu faire, pour piller, pour ne rien perdre, pour retenir l'enfance, pour garder quelque chose du regard des hommes et de l'instant.

C'était naïf et présomptueux, comme de cueillir sous la tuile déplacée le rayon de soleil avec la main et le glisser entre les pages d'un livre. (...) J'épinglais des instants. J'ai aimé faire cela mais je n'ai regardé le monde que dans l'étroire fenêtre de mon appareil. J'ai aimé tricher avec le vécu, j'ai inventé, recousu, sculpté autrement la réalité proposée. J'ai occulté une part de l'essentiel. J'ai filmé l'instant sans le vivre jamais. J'avais peur de le perdre.

J'étais rémoin. Difficile de mettre le coeur en image. Pourtant, c'était cela aussi, parfois, la poésie, l'autre regard, le jeu des mots, des assemblages qui étaient le sens même.

Bernard Giraudeau, Les dames de nage

29 juin 2007

Just married

"Vous ne pouvez pas progresser sur la route des autres. Avancez et tracez votre propre voie en marchant. Ne croyez pas que des chemins vous attendent et qu'il vous suffit de les emprunter. C'est impossible. Votre voie se créer sous vos pieds et elle n'a de sens que pour vous, ne l'oubliez pas. L'oiseau dans le ciel ne laisse aucune marque. Après son passage le ciel est aussi pur qu'auparavant. Tous les oiseaux peuvent voler, mais chacun accomplit son propre vol." Osho Rajneesh

Nous choisissons de croire que certains oiseaux peuvent voler de concert, partager les mêmes branches, le même bout de ciel.


Les mariés prennent place dans les fauteuils de l'église, face à l'assemblée. Elsa : Maman, c'est le roi et la reine ?

Sur le livret de messe : Léo et Anatole apportent les alliances. Léo, tout fier : T'as vu, j'étais dans le journal !

Lulu : Je ne vais pas parler longtemps, juste vous inviter, ainsi que toutes les personnes présentes, à un court voyage… Un voyage autour de tout ce que nous avons fait, tout ce que nous faisons tout au long de nos vies, pour la première fois.

Premier cri, premiers pas, premier cartable… Premier vélo sans petites roues, premières lignes tracées d’une main malhabile, premiers amis, premiers arpèges au piano, premières vacances sans papa-maman, premiers examens, premiers stages, première voiture… premiers souliers à talons hauts, premier costume-cravate…

Premières soirées étudiantes, premiers amours, premiers baisers, premiers chagrins… premiers excès ? Non… vous étiez des gens raisonnables – du moins est-ce ce que nous allons continuer à faire croire à vos parents… Premier patient, premier boulot, premières responsabilités… ah, et aujourd’hui, première direction de chorale aussi !!!

Mais aussi, toutes ces premières fois que nous vivons sans y penser – parfois sans les voir : la première fois que vous avez goûté tel ou tel plat, la première fois que vous êtes allés dans tel ou tel endroit… toutes ces premières fois minuscules dont la tradition dit – c’est la première fois ? Fais un vœu…

Nous avons évoqué votre première rencontre ; ce que nous vous offrons aujourd’hui, pour saisir et retrouver toutes ces premières fois à venir, cet « album des premières fois ». parce qu’à deux c’est deux fois meilleur !

Le livre commmence par… une photo de ce jour, et la légende suivante – il fallait bien vous taquiner un peu : La première fois où nous nous sommes mariés !!!

Ce que nous vous souhaitons, c’est d’y inscrire beaucoup d’autres premières fois : la première fois où nous sommes partis en voyage de noces, la première fois où je t’ai dit que j’étais enceinte, la première fois où nous l’avons senti bouger, notre première maison… Toute une vie de premières fois, toutes les petites et grandes premières fois à venir. Ensemble.

28 juin 2007

Bilan de formation

Après dix-huit mois de travail – voici le bilan de formation que nous avons proposé, chanté, dansé, joué, à l’équipe de formatrices qui nous a accompagnés tout au long de cette belle aventure :

…la distance… l’écoute…

Marly : Marly c’est fini et dire que c’était la ville de nos premières amours Marly c’est fini je ne crois pas que j’y retournerais un jour

Le conseil conjugal : …chabadabada chabadabada… conseillez-moi badabada une dernière fois badabada…

L’entretien individuel : encore des mots toujours des mots les mêmes mots… rien que des mots… paroles paroles paroles…

Contraception : Le plastique c’est fantastique le caoutchouc super doux nous l’affirmons sans complexe nous sommes adeptes du latex + IVG : Non, non tu n’as pas de nom non tu n’as pas d’existence tu n’es que ce qu’on en pense…

Couple et sexualité : Déshabillez-moi… mais pas tout de suite… pas trop vite… (…) et vous : Déshabillez-vous !

Adolescence : Allô maman bobo maman comment tu m’as fait j’suis pas beau allô maman bobo c’est pas drôle d’être un ado

L’entretien de couple : Comment ne pas perdre la tête serrée par des bras audacieux car on croit toujours aux doux mots d’amour quand ils sont dits avec les yeux…

Parentalité : Prendre un enfant par la main pour lui chanter des refrains pour lui donner la confiance en son pas prendre un enfant contre soi…

Animations scolaires : Afin de nous ôter nos complexes ô gué ô gué on nous a fait des cours sur le sexe ô gué ô gué (…) Tout tout tout vous saurez tout sur le zizi !

Familles en crise : C’est à babord qu’on chante qu’on chante c’est à babord qu’on chante le plus fort…

Travailler avec les acteurs sociaux : On vous souhaite tout le bonheur du monde et que quelqu’un vous tende la main que vos chemins évitent les bombes qu’ils mènent à un tendre jardin

Interculturalité : On la trouvait plutôt jolie Lili elle arrivait de Somalie Lili dans un bateau plein d’émigrés qui venaient tous de leur plein gré vider les poubelles à Paris

Vieillissement : Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux même riches ils sont pauvres ils n’ont plus d’illusions et n’ont qu’un cœur pour deux

Non rien de rien non je ne regrette rien ni le bien qu’on m’a fait ni le mal tout ça m’est bien égal non rien de rien non je ne regrette rien c’est payé oublié balayé je me fous du passé !

Adieu monsieur le professeur on ne vous oubliera jamais et tout au fond de notre cœur ces mots sont inscrits à jamais adieu monsieur le professeur…

18 juin 2007

L'appel du réel

Ce qui finalement donne mouvement à notre vie, ce n'est pas un quelconque message, la découverte de significations nouvelles (de ce point de vue la vie n'a pas de sens), mais le fait d'habiter pleinement nos sens et notre chair, d' "écouter" les battements de notre être, de porter l'attention la plus vive au présent (ce cadeau ?) que nous fait la vie et que nous prenons trop négligeamment pour une banalité quotidienne. Quand nos fixations au passé sont lâchées et ne nous barrent plus l'accès au présent, quand nous sommes attentifs avec tous nos sens à notre vie immédiate sans cesse en ad-venir-devenir, la question du sens ou du non-sens ne se pose même plus, il y a adhésion à la vie et orientation par là même. C'est le goût de la vie et de la rencontre de l'autre qui devient alors le moteur.(...)

A l'inverse, l'intellectualisation est le nec plus ultra des mécanismes de défense et de fermeture. Tout mouvement de rationnalisation tend à clôturer et à supprimer en fait l'espace de conflit et de désir, c'est à dire à exclure l'affectivité et la vie.(...)

Le sujet sentant n'est pas le sujet du savoir, la conscience affective n'est pas la conscience intellectuelle et c'est pourquoi il n'y a aucune raison de caractériser l'expérience sensorielle ou l'épreuve émotionnelle comme illusoire, trompeuse, confuse et obscure. Ce n'est que dans le domaine du savoir que l'on peut parler du vrai et du faux, du confus et du clair.

Alain Amselek, L'appel du réel

16 juin 2007

De là-bas

Prends du rhum arrangé (qui dérange plus qu'il ne remet en place...). "ti ou pa ben da ta tete, pel mi" (si t'es pas bien dans ta tête, appelle moi...). J'ai vraiment confiance dans le chemin que tu prends. C'est escarpé, mais "toi petit cabri, toi passer pa' tout !" et moi ? "mi avé toi". Fort.

Funambule

D'un côté, le vide - l'abandon, l'absence, la disparition. De l'autre - le trop-plein - envahissement, dépendance, instrumentalisation. Dans le lien à l'autre, trouver l'équilibre, rester debout sur le fil.

Il y a quelques jours, une autre disait - faire un pont entre soi et l'autre - cet espace qui sépare et relie, permet que l'espace de chacun soit protégé, et aussi que la rencontre se fasse à un rythme possible, et que chacun puisse revenir chez soi - "S'il n'y a pas de pont, si l'autre saute de mon côté ou moi du sien, il n'y a plus d'espace propre - plus de place pour se rencontrer...".

13 juin 2007

Histoire d'Ogre

Ce matin il y a du soleil, et les enfants à vélo - tous les trois nous partons voir Shrek 3, fondre devant les yeux doux du Chat Peauté et rire aux facéties de l'âne.

Langage universel

Trois heures du matin, je suis réveillée par un bruit de pleurs - la maman en position veille constante que je suis dresse l'oreille - d'où cela vient-il ? Pas de derrière la cloison, les enfants dorment paisiblement, pas de la cour, sur le balcon la plainte est presque inaudible, mais de mon lit je l'entends comme si la personne sanglotait à mes côtés - une adulte qui pleure à gros sanglots d'enfant, une voix qui module une plainte universelle, où les mots ne sont pas reconnaissables mais le sens évident - un chant d'abandon, de révolte, de désespoir - on devine un interlocuteur dans les temps de silence, sans percevoir sa voix...

Peut-être encore plus parce que je ne comprends pas ce qu'elle dit, enfin tente de dire, à travers ses larmes, sa peine m'atteint directement au coeur - une émotion qui se transmet intacte, sans passer par les mots mais par ce qui en nous reconnaît ce chagrin-là, un chagrin qui appartient à l'enfance, à la fragilité - au plus humain en nous. Au plus fort de la peine, une phrase s'est détachée, elle parfaitement audible - Mais qu'est-ce que je vais faire maintenant ?

07 juin 2007

70, 80... 2007

70 : chez deux amies des enfants hier, aperçu un Télécran. Un cadre rouge. Deux boutons blancs. Et des dessins en escaliers.

80 : ...rien que pour la tête stupéfaite des enfants devant la plaque blanche qui se colore lentement, faisant apparaître visages et couleurs, ça valait le coup. D'acheter un Polaroïd.

2007 : mais un peu eighties aussi - après la pop acidulée des Scissors Sisters, ai découvert Mika. Pas fan de Grace Kelly, apparemment le hit de l'album, mais bien partie pour écouter en boucle Relax, take it easy et Lollipop. A recommander aux amateurs de Abba, Queen et des Bee Gees.

01 juin 2007

La jeune fille et la mort

Suite à un séminaire sur la mort ce week-end, des notes à la volée :

Pourquoi c’est la perspective de la mort, qui nous donnerait l’énergie de boucler certaines choses – et pas celle de la vie ??? Qu’est-ce qui m’empêche de vivre de mon vivant ??? Et le poids des mots, mots d’amour ou de haine, qui fait qu’ils ne seraient dicibles qu’à la condition de ne pas prendre le risque de leurs conséquences – mais aussi cette question – quel sens ça aurait, de régler ses comptes sans retour possible, sans échange possible ?

...nos engagements auprès de ceux qui vont mourir – est-ce qu’on fait les choses pour eux, pour nous-mêmes, pour eux en nous – pour le « Nous » d'eux… Elargir à nos engagements auprès des vivants. Ce que je fais pour l’autre – patient, ami, amant – est-ce que je le fais pour moi, pour lui, pour nous ? Quelle est la part juste, le « dosage » respectueux de soi et de l’autre ? Ne pas imposer son besoin propre – ne pas le renier non plus… le reconnaître, déjà, n’est pas toujours si simple !

...la façon dont notre rapport à la mort (et à nos premières expériences de séparation d’une façon plus large) conditionne notre façon d’être en lien...

Et ce cadeau : « Franchir une nouvelle étape vers un lien possible ».

30 mai 2007

La Care Box dort...

...l'écriture s'en va ailleurs. Lettres, journal, écrits cliniques, mémoire en préparation... Quelquefois je lève la tête, attrape au vol un instant - une marche sur la plage à la nuit tombante, à fredonner Aznavour, un thé invisible improvisé dans une voiture, un stage en maternité longtemps attendu, une matinée tous les quatre à la ludothèque, la cascade des Buttes-Chaumont, une après-midi d'entretiens dont je sors épuisée mais heureuse, un nouveau-né endormi, Les chansons d'amour, film funambule... la vie est là, mais je suis ailleurs !

Et puis la vie, elle ne passe pas comme tu imagines. Elle va son chemin. Et toi le tien. Et ce n’est pas le même chemin. Alors... ce n’est pas que je voulais être heureuse, non. Je voulais... me sauver de tout ça, voilà : me sauver. Mais j’ai compris tard de quel côté il fallait aller. On croit que c’est autre chose qui sauve les gens : le devoir, l’honnêteté, être bon, être juste. Non. Ce sont les désirs qui sauvent. Ils sont la seule chose vraie. Si tu marches avec eux, tu seras sauvée. Mais je l’ai compris trop tard.

Si tu laisses le temps à la vie, elle tourne d’une drôle de manière, inexorable : et tu t’aperçois que là où tu en es maintenant, tu ne peux pas désirer quelque chose sans te faire du mal. C’est là que tout se complique, il n’y a aucun moyen de s’échapper, plus tu t’agites, plus le filet s’emmêle, plus tu te rebelles et plus tu te blesses. On ne s’en sort plus. Quand il était trop tard, c’est là que j’ai commencé à désirer. De toute la force que j’avais. Je me suis fait tant de mal, tu ne peux même pas imaginer.

Alessandro Baricco

16 mai 2007

Poésie pure

Fait découvrir ce soir aux enfants Le ballon rouge et Crin-Blanc - que j'avais vus à l'âge de Léo, et dont je me souvenais étonnament bien. Ce que je n'avais pas observé alors, c'est à quel point les deux récits sont structurés sur le même modèle - la pureté de l'enfance, ou de l'animal, face à la violence du monde - et la fuite, l'évasion - dans Crin-Blanc, peut-être la mort - comme seule issue possible... Quasi-absence de dialogues, dramaturgie minimale - et langage universel - Léo comme Elsa ont parfaitement suivi l'une et l'autre histoire - et aimé les deux.

Etre parent ?

Quand l'âge, l'état de santé, la situation familiale et professionnelle, mais surtout l'histoire passée, et les circonstances de la grossesse rendent la décision d'interruption inévitable - autant qu'intolérable - justement parce que - l'âge, l'état de santé, etc, etc... que dire face à ce chagrin-là ?

Ce qui m'est venu - ce qui s'est imposé à moi, c'est que peut-être, cette décision d'interruption serait sa manière à elle - la seule possible, à cause d'impératifs internes autant qu'externes, d'être parent. Que dire, je ne prendrai pas le risque de faire naître un enfant dans ce contexte, je ne prendrai pas le risque que l'histoire se répète, quels que soient mon désir et ma peine, parce que cette grossesse inattendue est celle de la dernière chance - c'était déjà agir en mère, que dans ce temps et cet espace, cette décision encore suspendue à un fil - elle était - mère.

14 mai 2007

Germination

L'humeur change avec la météo - la pluie m'assombrit mais un rayon de soleil suffit à me rendre le coeur léger - et je grandis grâce à ce qui me vient des profondeurs - sur lesquelles je n'ai pas de prise - et à ce qui me vient du ciel. Dans mes racines et dans mes branches, il y a un monde - il y a du monde ! En ce moment on peut y voir, un terrible bébé, un Saint-Bernard indécrottable, un moineau un peu effaré, une girouette et deux boussoles, quelques sachets de graines pour préparer les semailles, et - certainement - un raton-laveur.

09 mai 2007

Smallworld

Un enfant d'amis fait admirer ses poissons rouges à Léo et Elsa : Avant, il y en avait quatre, mais il y en a un qui est parti au ciel. Léo : Ah bon, c'était un poisson volant ?

Nous plaisantons avec les enfants sur le fait que ce n'est pas toujours drôle d'être petit. Elsa, indignée : ah oui, c'est pas drôle d'être enfermée avec des parents dans une maison pendant 6 (?) ans !!!

J'aide Elsa à finir son dessert : Une cuillérée pour Chamade, une cuillérée pour Léo, etc... Je suis à court d'inspiration, quand elle me souffle : une cuillérée pour Ségolène ?

Grand-mère vient d'être opérée du genou. Impressionné par la taille du pansement, le petit voisin compatit : Tu as dû beaucoup pleurer ?!?

C'est le soir de l'anniversaire de Zaza, nous lui faisons un grand câlin à quatre mains au lit. Elle déclare : Papa, maman, j'ai un cadeau pour vous... c'est moi !!!

07 mai 2007

Tout petit monde

C'est un tout petit monde où s'abritent nos saisons
Petite boule ronde sous les ailes d'un avion
Et partout des gens qui dansent pour oublier un instant
La nuit et le silence et les peines du présent
C'est un tout petit monde l'eau le soleil et le sel
Les naissances et les tombes et l'essentiel et le ciel
Partout la même prière d'une mère qui attend
Que baisse la fièvre dans les mêmes yeux d'enfant
C'est un tout petit monde fragile au creux de nos mains
Balançant ses secondes entre tellement et rien...

Jean-Jacques Goldman

Ben qu'est-ce qui me prend ce soir - je ne suis pas toujours si sentimentale (quoi que...) - ni si littéraire ;-))) ? Je ne sais pas - mais c'est ça que je sens, et je me sens ça - vivante et vulnérable.

06 mai 2007

Consigne de vote

Sur une affiche de Sarko, une main anonyme a griffonné : Sans lui, tout devient paisible. Et, sur la liste des bureaux de vote - Où voter dans le 13ème ? une autre a ajouté : A gauche !

30 avril 2007

Voulez-vous danser Grand-Mère ?

Il y a cinquante ans, un accordéoniste renommé était en tournée dans une petite ville de province. Il demanda alors, où se trouvait la plus modeste des noces fêtées ce soir-là, et leur offrit une soirée de danse encore gravée dans leurs coeurs aujourd'hui.

C'est ce que nous contaient mes beaux-parents, attablés avec famille et amis pour leurs noces d'or, quand retentirent les premières notes de La Java Bleue... surprise que nous leur avions réservée. Emotion, larmes de joie, l'espace d'un instant nous étions hors du temps... Et nous avons dansé - rejoints par les tables voisines ! - au son joyeux et mélancolique de l'accordéon.

(Dans la boîte à trésors aussi, la valse de notre mariage, surprise dans la surprise préparée par un mari attentif puisque notre propre anniversaire de mariage n'est que dans quelques jours...)

21 avril 2007

Présidentielle

J'ai peur j'ai la trouille j'ai les foies j'ai les boules la pétoche
La liste est trop longue on nous bousille le monde tout y cloche
Pourrie l'atmosphère plus d'été plus d'hiver marée noire
Barbus enragés princes avides de pétrodollars

Mais où est donc le capitaine du navire
Les moussaillons boivent le bouillon ça tourne ça vire
Personne ne sait plus naviguer
Tous nos filets sont emmêlés
Et les p'tits poissons font la gueule
Les voilà prêts à s'accrocher
A l'oeil de verre et au délire
Du premier capitaine Crochet
Qui pue la haine et la friture
Y a pas à dire

Les temps sont durs

Quand ça pisse le sang j'essuie mon p'tit écran plein d'barbaque
Quand ça crève de faim je flippe et j'y peux rien faut qu'je zappe
Les p'tits à fond d'cale il paraît qu'c'est un mal planétaire
Dans tous les bateaux tout l'monde fait pas dodo en première


Moi je fais l'gros dos perdu dans ce chaos je m'rassure
Je mords avec rage dans mon p'tit bout d'fromage tant qu'il dure
Y a plein d'étrangers qui piqueraient bien les clefs d'ma maison
Chez moi comme chez eux y a plus d'amour heureux plus d'saison

Michèle Bernard, Les temps sont durs

18 avril 2007

Trêve

Vivre en maillot de bain dans l'herbe, manger des brochettes, se faire cocooner dans une atmosphère sereine - pas de non-dits encombrants, pas d'animosité rentrée... une totale liberté d'être, dans une affectueuse simplicité.

Travailler un tout petit peu, pour le plaisir de redescendre aussitôt dans le jardin pour jouer au loup (Elsa : Tu veux une brochette d'agneau le loup ?), chanter des chansons, imprimer des coloriages trouvés sur internet (et colorier aussi !). Regarder Elsa faire pipi debout contre le cerisier. Jouer aux dominos, au Rummykub, au Chromino. Relire L'amant de Lady Chatterley, avoir sous le coude L'Oeuvre au Noir - parce qu'il faut du temps et de la disponibilité pour savourer le bonheur de relire ses classiques. Voir le chat s'émanciper - de la maison au jardin, et du jardin au village. Boire du lait de la ferme, manger des oeufs frais pondus - des choses que même le plus bobo des Parisiens n'oserait pas espérer ! Construire une cabane sous la table du jardin. Etre entourés d'une nuée d'enfants, car les petits voisins ne s'y trompent pas, c'est la maison du bonheur ici...

N'avoir momentanément pas d'autre charge matérielle que de jouer avec les enfants, de les rincer le soir quand ils sont saturés de poussière et de soleil, de leur lire une histoire - n'avoir donc plus aucune charge, rien que le plaisir d'être dans un espace où chacun se retrouve, grâce à la diligente intendance de beaux-parents chaleureux.

12 avril 2007

Histoire de oufs

...une dame maghrébine de plus de soixante ans entre dans mon bureau. Dans son discours passablement décousu, je comprends qu'elle est adressée par l'assistante sociale, qu'elle se croit victime d'un complot de la famille de son mari (qui a bientôt 80 ans), et que celui chercherait à lui jeter le mauvais oeil - et à l'empoisonner, pour plus de sûreté ! - pour en épouser une plus jeune.

Ce qu'elle veut ? Rien moins que je serve d'intermédiaire, pour que le mari reconnaisse et explicite ses supposées pratiques suspectes ! Malgré l'aspect pathétique - et manifestement assez délirant - du discours, je ne peux m'empêcher de sourire... Elle n'entend pas que mes possibilités ne s'étendent guère à la magie noire, et en désespoir de cause, je lui propose, si lui le souhaite, de le recevoir. Et là, elle s'arrête, me sourit d'un air entendu et complice et déclare - mais c'est lui qui va dire qui je suis folle !

11 avril 2007

Happiness Box

Face à la Seine, un pique-nique inattendu -
deux verres de vin, un souper fin, et beaucoup d'amour.

Alleluia

Une jeune fille de 16 ans qui dit, voilà, j'ai "eu ma première fois" - et si c'était à refaire je le referais, même si je ne suis plus avec ce garçon, et ça s'est bien passé, et je me suis découverte différente - une jeune fille de 16 ans qui s'émerveille de son propre désir, questionne avec naïveté les thèmes de la sexualité humaine - et repart souriante, étonnée et ravie que le Centre soit un lieu de parole possible sur tous ces sujets - et pas une espèce d'usine à distribuer des pilules - une jeune fille qui dit, bien sûr, je suis musulmane, je n'étais pas censée le faire mais, ça va bien avec ça, une jeune fille qui dit - même si on se prend la tête il y a beaucoup d'amour dans ma famille - ça existe donc ?!?!

Je ne sais pas, ce qu'elle venait chercher - elle savait qu'elle n'était pas enceinte, ne souhaitait pas de contraception dans l'immédiat - peut-être juste ce qu'elle ne pensait pourtant pas pouvoir y trouver, cette parole échangée : un adulte qui accueille sa joie de devenir femme, un bonheur à partager. Mais je sais ce qu'elle m'a apporté - un vrai rayon de soleil au milieu d'une consultation souvent chargée en drames - une joie contagieuse.

Démasquée

Un médecin inconnu m'établit un dossier : Profession ? Psychologue. Il lève un sourcil : Psychologue ? Je croyais que toutes les psychologues avaient des grosses lunettes et un air rébarbatif ? Vous n'êtes pas du tout dans le moule vous ! (Je sais. J'peux pas m'en empêcher - ça s'voit tout de suite. :-)))

08 avril 2007

Zamille

Pourquoi tu m'appelles Zazou alors que j'm'appelle Zaza ?
Pourquoi tu m'appelles Babouche alors que j'm'appelle Dora ?

(Les amateurs reconnaîtront Janine - sauce Zaza).

07 avril 2007

Cérémonie d'ouverture...

...des vacances de Pâques : les vacances ont été officiellement déclarées ouvertes à la Foire du Trône, où Zaza a mangé sa première barbapapa (yeux écarquillés), où les enfants ont pêché les canards, tiré à la carabine (enfin, Léo !), roulé-boulé dans la maison parcours d'obstacles, où David a fait son tour annuel de manège-lessiveuse-sensations-fortes et Lulu réalisé un rêve de presque enfant, en gagnant à la ficelle un grand tigre blanc.

04 avril 2007

Les mots et les gestes

Ils ont une petite trentaine - elle replète, diabétique, enceinte - lui maghrébin au français hésitant, sec et fermé en début d'entretien, sourire lumineux ensuite. Ils sont venus ensemble, parler de violences qui l'ont envoyée quinze jours auparavant à l'hôpital.

Bien sûr, l'acte reste inexcusable - inacceptable - et cela sera dit, au cours de l'entretien - et que si un coup reçu fait mal, le coup porté par quelqu'un que l'on aime fait deux fois mal. Le reste, est l'affaire du médico-judiciaire.

Mais je mesure, ce qu'il a fallu d'amour à ces deux-là pour ne pas aller au bout de leur rage meurtrière de l'autre jour - ne pas se séparer sur-le-champ - venir consulter avec l'envie et l'espoir que cela ne se reproduise pas. Et je mesure ce qu'il lui a fallu à lui de courage pour mettre son orgueil dans sa poche et venir demander de l'aide, affronter le regard d'une étrangère sur des affaires généralement considérées comme absolument privées.

A mettre des mots, sur ce qui s'est joué dans les gestes, nous avons repéré les points de fragilité qui ont déclenché la violence - au-delà de l'anecdotique, une histoire de vêtements à ranger, des enjeux majeurs de confiance, de respect, de sécurité dans ce couple encore fragile - identifié aussi des situations antérieures dans lesquelles ils avaient su trouver les mots - et proposé des pistes pour l'avenir.

Une seule rencontre - ils n'étaient pas demandeurs d'un suivi - pour offrir un espace de non-jugement, d'une parole possible, un lieu où ils savent maintenant pouvoir revenir. Une seule rencontre, ne saurait évidemment suffire... mais donner à penser, réintroduire la parole, - cela vaut. Même une fois.

Laitière

Elsa traite Chamade de vache sous prétexte qu'elle mange systématiquement ses bouquets de pâquerettes. Mais, elle donne pas de lait, objecté-je ? Si, regarde, là y a son p'tit puits, elle donne du lait avec ses gamelles !!!

02 avril 2007

Menues joies

Ecouter avec les enfants les Chansons pour (se réveiller, dire bonjour, avoir un bonbon...) d'Anne Sylvestre.

Prendre un thé à la menthe en terrasse à Ménilmontant - avant quatre heures d'interventions scolaires épuisantes !

Se faire offrir un tiramisu par notre pizzaïolo préféré.

Entendre Elsa m'accueillir en disant, regardez c'est ma maman, ma vraie maman, et puis dire en partant, à tout à l'heures les copines, on est copines pour toute la vie !

Profiter des "Jours Passion" Etam.

Lire le nouveau Elle devant un grand verre de lait et une tranche de brioche avec du Nutella.

01 avril 2007

Nauséeux

Un court extrait d'un entretien entre Sarko et Michel Onfray. La misère, la souffrance sociale, physique et psychique, résultantes d'un déterminisme génétique - "tares" incurables donc, et dont nous pourrions alors de surcroît nous estimer socialement quittes ?

M. O. : Je ne suis pas rousseauiste et ne soutiendrais pas que l'homme est naturellement bon. À mon sens, on ne naît ni bon ni mauvais. On le devient, car ce sont les circonstances qui fabriquent l'homme.

N. S. : Mais que faites-vous de nos choix, de la liberté de chacun ?

M. O. : Je ne leur donnerais pas une importance exagérée. Il y a beaucoup de choses que nous ne choisissons pas. Vous n'avez pas choisi votre sexualité parmi plusieurs formules, par exemple. Un pédophile non plus. Il n'a pas décidé un beau matin, parmi toutes les orientations sexuelles possibles, d'être attiré par les enfants. Pour autant, on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons.

N. S. : Je ne suis pas d'accord avec vous. J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense.

Contre-poison

C'est de nos fragilités, que nous tirons nos forces - c'est là qu'est la source de notre vitalité, de notre créativité - le cadeau offert par notre histoire, quelle qu'elle ait été. Copyright : Eric W.

Le temps de vivre

Quatre week-ends d'affilée, sans horaires ni rendez-vous - Bobin écrit quelque part, ne pas céder à l'imaginaire du plein. Des semaines absurdement surchargées, mais - qu'est-ce qu'on fait ce week-end ? Rien...

Manger sans heures, improviser des rencontres non programmées, faire de longues siestes, prendre des bains, fabriquer des éléphants et des avions en papier, jouer à la Wii, laisser chacun vaquer à ses occupations, se trouver à deux, à trois ou tous les quatre, câliner le chat, faire du vélo - ce jour, aller réveiller des souvenirs d'enfance au Jardin des Plantes, observer les orang-outangs, déjeuner d'une crêpe au soleil, et ce soir, pour célébrer les treize ans de notre rencontre, regarder ensemble La Mélodie du Bonheur : Do, le do, il a bon dos, ré, un rayon de soleil, mi, c'est la moitié d'un tout, fa, c'est facile à chanter - sol, la terre où vous marchez, la, l'endroit où vous allez, si, c'est siffler comme un merle - et nous revenons à do !

30 mars 2007

Moineau

Tu grandis vite en ce moment, regarde tes ailes ! Elles poussent tellement vite que bientôt tu vas t'envoler, et je ne te verrai plus !

(Trans)former

Elle a dit, c'est important, trouver de la souplesse, parce que pour être thérapeute il faut pouvoir offrir cette souplesse, cette ouverture... une autorisation à ne pas se faire violence, à respecter son rythme propre. Elle a dit, il n'y a pas quelque chose comme une bonne ou une mauvaise élève... ce n'est pas important, ne pas tout faire.

Elle a dit, vous ne trouverez pas tout, dans le sens de l'exhaustivité - mais vous trouverez à votre arrivée, le tout dans cette continuité, de tout ce qui s'est déposé auparavant. Elle a dit quelquefois un petit bout suffit à comprendre, et à avancer - comme dans le temps d'un entretien il n'y a pas tout, et ce n'est pas grave...

Elle a dit, quelquefois ce n'est pas la raison raisonnable, la raison raisonnante, qui permet de prendre la meilleure décision... il faut examiner tout cela bien sûr. Mais peut-être décider ailleurs. Ne pas cloisonner... mais imaginer comment les différents espaces de votre vie, peuvent se nourrir les uns et les autres...

Accepter le risque - l'incomplétude - l'imprévisible - d'être ce que je suis - là où j'en suis - accepter d'être accueillie comme je suis - là où j'en suis - est-ce que je peux imaginer plus formateur ?

26 mars 2007

Présence

C'est un vieux monsieur, pétillant d'intelligence et de spiritualité, pétri d'humanité - un thérapeute qui n'a plus rien à prouver, mais tout à transmettre. Ce que j'ai retenu de ce qu'il nous a dit - c'est qu'aujourd'hui il ne voit plus de différence entre la rencontre thérapeutique - ici via l'hypnose mais, je pense, toute rencontre authentique - et la méditation - une expérience d'une profonde présence à soi, reliée à la présence d'un autre également présent à lui-même.

Comme j'associais avec le lien mère-enfant, il a acquiescé, et puis ajouté, oui - il n'y a pas de plus beau cadeau que l'on puisse faire à un être - cette présence, et cette disponibilité...

Hook

Hier soir, projection privée à la maison, plateau télé et câlins sur canapé, tous les quatre et le chat. Les enfants ont adoré le méchant Pitaine Crochet et les batailles rangées entre les pirates et les Enfants Perdus, mais voici le message que nous en avons retenu :

- Tu as des enfants qui t'aiment. Ils aimeraient jouer avec toi... Tu crois que ça durera toujours ? Bientôt Jack ne voudra même plus que tu viennes voir ses matchs... Nous avons quelques années privilégiées à passer avec nos enfants tant que ce sont eux qui veulent de notre présence. Ensuite c'est toi qui leur courras après pour un peu d'affection... Ca va si vite Peter... quelques années, et c'est fini. Tu ne fais pas assez attention... et tu passes à côté d'eux.

24 mars 2007

Un pied devant l'autre

Dans ce qui a été parcouru, il n'y a plus à marcher.
Dans ce qu'il reste à parcourir, il n'y a pas encore à marcher.
Sans ce qui a été parcouru et ce qui reste à parcourir,
il n'y a pas de marche possible.

Nagarjuna, 2ème chapitre du Thé

23 mars 2007

Vraie bonne idée

Les ambulanciers ont remarqué que très souvent lors d'accidents de la route, les blessés ont un téléphone portable sur eux. Toutefois, lors des interventions, on ne sait pas qui contacter de ces listes interminables de contacts. Les ambulanciers ont donc lancé l'idée que chacun rentre dans sa liste des contacts, la personne à contacter en cas d'urgence sous le même pseudonyme. Le pseudonyme internationalement connu est ICE (= In Case of Emergency). C'est sous ce nom qu'il faudrait entrer le numéro de la personne à contacter utilisable par les ambulanciers, la police, les pompiers ou les premiers secours. Lorsque plusieurs personnes doivent être contactées, on peut utiliser ICE1, ICE2, ICE3, etc. Facile à faire, ne coûte rien et peut apporter beaucoup.

Deux jours

Un couple, la soixantaine, en crise depuis 20 ans, - des hamsters affolés dans la roue du malentendu perpétuel, je t'appelle ici tu me réponds là, je ne te comprends pas, tu me rejettes, je te fuis, et ainsi de suite.

Un autre couple - garder une grossesse inattendue au risque de faire chavirer la fragile barque familiale - mais franchir l'interdit de l'avortement, dans son corps et dans sa tête, quand on a un toit, quand on s'aime, comment cela irait-il de soi ?

Encore un autre couple, perdu dans la recherche des torts de l'un, des torts de l'autre, un couple sans paroles - sans autre langage que l'attaque ou la fuite. Ils sont venus, pourtant - et revenus...

Une fuite en avant dans les grossesses, un premier deuil périnatal, un second, une fausse-couche, en moins de deux ans, et l'intuition qu'arrêter le cycle des malheurs, ne peut passer que par la recherche d'un sens. L'agir - une nouvelle grossesse déjà en cours, un déménagement - et le recours à la parole, dans le même mouvement.

18 ans, une première IVG sous la contrainte, une nouvelle grossesse dans un contexte qui semble effarant - le futur père est incarcéré et refuse cette paternité, la famille est ravagée par l'alcool, la jeune femme n'a ni qualification ni travail - mais elle dit, j'aime cet homme, mais elle dit, je rêve d'un enfant depuis que je suis toute petite, mais elle dit, une seconde IVG m'est impensable, mais elle dit, entre les lignes - c'est la seule voie de salut que je peux non pas imaginer mais mettre en oeuvre, l'espoir fou que ce que je n'ai pas reçu, je puisse me le donner en le donnant à cet enfant, l'idée que sa naissance me donnera l'énergie que je n'ai pas pour moi seule, celle de quitter ma famille, d'inventer une autre vie.

Une autre jeune femme, à nouveau enceinte mais dont la préoccupation est de faire venir son bébé de sept mois né et resté au Mali, lancée dans les dédales administratifs d'une hasardeuse régularisation d'un enfant qui n'est pas né sur le sol français, quand elle même n'a qu'un titre de séjour provisoire...

Une autre encore, dont l'échographie vient de lui apprendre que l'IVG médicamenteuse n'a pas fonctionné, et qui se trouve aujourd'hui à l'extrême limite du délai légal - et dont la situation vient réveiller d'autres drames passés, incluant une très tardive IVG à l'étranger - une jeune femme prise au piège entre deux terreurs, celle de la répétition d'un acte qui se manifeste par l'angoisse de ne pas se réveiller suite à l'anesthésie, celle de se retouver à nouveau en situation d'assumer seule un enfant, ce qu'elle a déjà vécu, et très mal vécu.

Et quelques autres... deux jours de travail.

18 mars 2007

Messages personnels

Sur la page de garde d'un livre qui m'a été prêté cette semaine, une surprise : "Le 11 mars 2007 : Tu pars en vadrouille, tu quittes mon étagère pour une nouvelle découverte. Tu es en bonne compagnie. Je te partage." Le prêteur m'avait invitée auparavant, à ajouter mes propres notes et réflexions sur les pages... l'idée me plaît. D'un partage.

Et, dans ma boîte mail ce matin : "Bon dimanche - oublie pas de prendre du temps de ne rien faire... ce qui augmente et crée du temps."

Et encore : Des fois ça fait du bien au cerveau, aussi, d'oublier qu'on en a un.

11 mars 2007

Shantaram

Ses mots simples, sans beauté, ont été l'expression la plus claire de ce que tous les prisonniers, et quiconque a vécu assez longtems, connaissent bien : la souffrance tient toujours à ce que nous avons perdu. Lorsque nous sommes encore jeunes, nous pensons que la souffrance, c'est quelque chose qu'on nous a fait. En vieillissant - quand la porte de métal se referme en claquant, d'une façon ou d'une autre -, nous comprenons que la mesure de la véritable souffrance tient à ce qui nous a été enlevé. (...)

Qu'est-ce qui caractérise le mieux l'espèce humaine, m'avait un jour demandé Karla, la cruauté ou la capacité d'en éprouver de la honte ? (...) C'est le pardon, qui fait de nous ce que nous sommes. (...) Sans ce rêve, il n'y aurait pas d'amour, car tout acte d'amour est en partie une promesse de pardon. Nous continuons à vivre parce que nous pouvons aimer, et nous aimons parce que nous pouvons pardonner.(...)

Mais je les aimais encore. Je n'avais pas le choix. On ne peut pas tuer l'amour. On ne peut même pas le tuer avec de la haine. On peut tuer le fait d'être amoureux, ce qui est adorable ou aimable. On peut tuer tout ça et le faire disparaître sous le plomb d'un regret intense, mais on ne peut pas tuer l'amour en soi. L'amour est la recherche passionnée d'une vérité autre que la sienne et, une fois qu'on l'a ressenti honnêtement et complètement, l'amour dure toujours. Chaque acte d'amour, chaque moment où le coeur s'ouvre, est une partie de la bonté universelle : c'est une partie de Dieu ou de ce que nous appelons Dieu, et elle ne peut pas mourir.

Gregory David Roberts, Shantaram

Week-end sans la montre

Du temps pour lire. Pour prendre un bain. Pour être seule. A deux. Avec les enfants. Pour voir Léo faire (enfin) du vélo sans petites roues. Pour jouer avec les perles à repasser. A cache-cache. Pour manger des crêpes au soleil dans le parc de Bercy. Pour jouer avec Elsa et Léo à "Ce soir, c'est vous qui nous couchez !" : pipi, j'ai soif, j'veux mon doudou, nan, pas çui-là, j'ai pas eu de câlin, etc, etc... Pour contempler le désordre environnant, sans s'affoler (encore un chapitre, avec le chat sous la couette, plutôt). Organiser un grand bal des princesses et mettre nos robes roses rien que pour danser sur de la disco tous les quatre au milieu du salon (tête du livreur du Casino quand on lui a ouvert avec nos chaussures de soirée et la musique à fond). Pour prendre un petit déjeuner parfait avec des oranges pressées, des oeufs coque et des croissants frais, en écoutant Thierry Titi Robin, Ces vagues que l'amour soulève - surtout la plage (!) 11, celle avec les cris de mouettes et le violoncelle. Le printemps est (presque) là.