26 février 2010

Coup de coeur

Dans deux registres différents, des mots portés par la même voix tendre et déchirée :

Des mains de femme dans ma mémoire
Traces de souvenirs fragiles
Viennent caresser d'illusoires
Moments de bonheur tactile
Des mains de femme dans mon enfance
Qui me consolent et qui me guident
Et comblent de mon existence
Le vide

Des mains qui touchent à l'essentiel
Des mains qui parlent en silence
Et qui par les mots qu'elles épellent
Effleurent la magnificence
Des mains de femme

J'ai tant aimé les mains des femmes
Sur mes maux s'est posé le baume
D'une empreinte ou d'un jeu de paume
De mains de femme

Des mains qui travaillent le jour
Des mains qui caressent la nuit
Des mains usées dont les doigts gourds
N'auront jamais été vernis
Des mains qui s'insinuent, galantes
Et déboutonnent la pudeur
Et d'autres qui, chastes, se gantent
De la plus douce des candeurs
Comme des ceps des mains noueuses
Par trop d'automnes fatiguées
Des mains tremblantes et veineuses
Que les saisons ont inspirées
Des mains de femme...

******************

Quitte-moi, quittons-nous juste un peu trop longtemps
Pour que nous ressentions le bonheur d'être triste
Loin des yeux, loin du corps, pour que l'envie résiste
Que je te dise "Viens" et pour que tu me rêves
De l'aube qui se couche à la nuit qui se lève
Quitte-moi, quittons-nous juste un peu trop longtemps
Il faut que tu me manques, il faut que tu m'espères
Inconfortablement, sans l'ombre d'un repère
Il faut que le ressac de la vie nous chavire
Nous perde corps et biens, brise notre navire
Quitte-moi, quittons-nous juste un peu trop longtemps
Il faut qu'au téléphone, incertain, je bafouille
Que je tue le facteur quand il revient bredouille
Que je me broie les reins à vider aux ordures
La poubelle remplie d'habitudes trop mûres
Quitte-moi, quittons-nous juste un peu trop longtemps
Juste un peu trop
Quitte-moi, quittons-nous juste un peu trop longtemps
Pour que je foute au feu mes plus mauvais poèmes
Que j'aille au magasin des nouveaux stratagèmes
Pour que demain s'avance et qu'aujourd'hui s'arrête
Fais croire que tu vas chercher des... cigarettes

Yves Jamait

Zazaland

Elsa mange ma petite Mémé de baisers : "Arrête, tu vas m'user !", se défend celle-ci. " Mais Mémé, tu es déjà usée", répond Za.

Maman, comment ça s'appelle déjà, tu sais, les casseroles maigres ? Ah, oui, les poêles...

Elsa explique ce qu'elle fait à la natation : Alors, on descend dans le bassin jusqu'à poser le pied "à terre dans l'eau".

14 février 2010

Valentine's Day

Here we are so close to the end now
Still holding on and trying to pretend now
Clinging to love we both know is dying
We've tried and tried to find the solution
But Darling
All our dreams have been played out
Still we go on hopelessly trying

How many times can we say good-bye
How many times can we see love die
How many times can we give it one more try
Before we really say good-bye
Good-bye


We're so in love but wrong for each other
Each hurt that heals brings on another
Both of us abusing
Both of us using
Darling
It's time to stop pretending
There's just no way to rewrite our ending
We're caught in this game
And we both know we're losing, but

How many times can we breakup and makeup
Both of our hearts refusing to wake up
Just can't go on and on
Living a lie
Though I'll always love you...

Dionne Warwick

10 février 2010

Dans le mille

Suis toujours étonnée de la façon dont les livres nous tombent entre les mains, au moment juste.

Quand des pertes significatives éveillent, chez l'humain, ces trébuchements de l'être et ces oscillements entre vivre et mourir, il faut qu'un autre soit là, comme au commencement. Non pas pour faire cesser les mouvements de cet univers binaire, mais plutôt pour prendre la mesure de leurs contraintes psychiques et des dangers imaginaires non actuels qui les agitent (...).

Mais si la fille peut se résoudre à renoncer à la position phallique, elle est gagnante, dans la mesure où elle a la possibilité de se défausser sur la fonction phallique masculine en se disant : "S'il se tient droit, je n'ai pas à le faire." Elle peut alors s'identifier à l'homme qui se tient et qui a quelque chose qui se tient, un destin possible de la position féminine étant de transmettre son phallisme à l'homme désiré.

Ouriel Rosenblum, Le maternel, l'enfant merveilleux de la féminité

Corps et psychisme pulsionnel : je me construis et m'étaye bien en effet sur et à partir de cet Autre social et familial d'une part et d'autre part sur le somatique (...). Bien sûr, cet Autre doit répondre, à côté des besoins physiologiques, à mon besoin de sécurité psychique, c'est-à-dire soulager la souffrance, protéger des oppressions, tempérer les émotions, et en accord avec mon rythme.

Tout cela est suffisant pour me permettre des conditions suffisamment bonnes de survie. Pas pour devenir un sujet humain, c'est-à-dire vivant et désirant.

C'est l'apport de Freud d'avoir su trouver qu'il n'existe pas de sujet sans Autre du désir, de l'amour et du plaisir (...).

La succession des stades qui me permettraient, par simple maturation, d'arriver à un moment où je saurai m'y prendre avec l'amour, le désir, les autres, où je deviendrais opérationnel : tout ceci n'existe pas. C'est même le choc de la désillusion adolescente (...).

Et, toujours à propos du travail avec les adolescents :

Et on se retrouve à devoir entendre une polyphonie peu représentable et dont la mise en mots directe paraît quasi impossible. Ici reparaît l'infans, comme celui qui ne peut pas parler parce qu'il y a trop à dire et à penser. Car à qui s'adresse-t-on (...) ?
- A celui qui est encore sonné et laissé sans voix par le coup du pubertaire ? Cette génitalisation qui transforme le corps, périme les instances psychiques et les théories sexuelles datant de l'Oedipe, et rend inopérantes les défenses face aux pulsions d'inceste et de meurtre ?
- A celui qui est meurtri par les séquelles anciennes infantiles des attaques désubjectivantes des maltraitances ?
- A l'enfant que ses parents ont laissé tomber, incapables de contenance autrefois et aujourd'hui ?
Une seule bouche pour trois voix, ce n'est pas assez.


Patrick Ayoun, Recoupements

09 février 2010

Vivante

Quand je me sens debout. Quand je me "vois entendre" quelque chose à ce que me dit cet enfant, ce patient, cette équipe (ce thérapeute, ce superviseur...) - autant de liens où circule la vie. Quand je suis seule, et entière dans cette solitude. Quand je me sens portée par un regard, par un projet, par un geste. Quand les échanges avec les enfants se font posés, calmes, profonds, et que je me laisse surprendre par la sagacité de ces petites têtes. Quand je retrouve intacte ma capacité à donner et à recevoir, que l'amour sous toutes ses formes peut circuler dans sa vérité. Quand je sors d'un espace de travail en me disant, voilà, c'est pour cela que je fais ce métier là. Quand l'amitié se décline en éclats de rires, en menues attentions, en partages simples. Quand je chante. Quand je danse. Quand j'écris. Quand je marche dans cette ville, que j'aime, profondément. Mais aussi dans la nature. Quand je sens quelque chose comme... les poumons du nouveau-né qui se déploient - ça fait mal, mais un monde nouveau s'ouvre alors / mes ailes qui se déplient - jusqu'où ? peut-être plus amples, et plus solides que ce que je crois, ou crains, parfois...

08 février 2010

Le Refuge

Le scénario est bien mince. Mais Isabelle Carré, toujours aussi lumineuse. Et cette femme qui se laisse flotter, dans un moment de deuil et de transition, émouvante... tout comme l'idée du refuge, d'un endroit de solitude où il serait possible d'aller, quand cela serait nécessaire. J'ai aimé aussi la place accordée au désir et à ses errances, désir d'enfant ou non, identité sexuelle vacillante, au plus près des fluctuations d'un fragile ressenti.

Quelque chose échappe, voilà : les personnages ne contrôlent pas leur vie, mais s'approchent l'un de l'autre avec une certaine douceur ; les choses ne sont pas "comme elles devraient être" - grossesse sous méthadone, deuil précoce, histoires d'abandon, désirs plus ou moins légitimes - et pourtant il flotte quelque chose de ténu, de subtil, et de simplement humain.

04 février 2010

Arrêt sur image

Une petite phrase à retenir, sur la possibilité - et la nécessité - quand on prétend à la place de soignant, de pouvoir être son propre thérapeute. Pas dans une autarcie toute-puissante - le travail sur soi et la supervision restent indispensables, mais comme l'intégration de quelque chose de ces accompagnements - la création d'un "thérapeute interne", ou quelque chose d'approchant. En écho avec une autre phrase, la semaine passée - sur ce qui contre toute apparence a en fait déjà été traversé, déjà été intégré.