31 décembre 2020

De l'espoir pour 2021

30 décembre 2020

Jeanette

La vérité est une chose très complexe pour tout un chacun (...). Nous taisons tant de ces choses trop douloureuses. Nous faisons le vœu que ce que nous pouvons raconter apaisera le reste, l'atténuera d'une façon ou d'une autre. Les histoires sont là pour compenser face à un monde déloyal, injuste, hors de contrôle. Raconter une histoire permet d'exercer un contrôle tout en laissant un espace, une ouverture. C'est une version, mais qui n'est jamais définitive. On se prend à espérer que les silences seront entendus par quelqu'un d'autre, pour que l'histoire perdure, soit de nouveau racontée. En écrivant, on offre le silence autant que l'histoire. Les mots sont la part du silence qui peut être exprimée.

Jeanette Winterson, Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Et c'est juste une des perles de ce petit trésor... quel bonheur de lecture ! J'ai ri souvent, été émue aux larmes tout autant. Et ça faisait longtemps, si longtemps que je n'avais pas éprouvé le besoin de lire un crayon à la main, pour retrouver ensuite chacun des passages qui m'est allé droit au coeur, longtemps que je n'avais pas eu immédiatement envie d'offrir ce même livre à ceux que j'aime, longtemps que je n'avais pas négocié avec le temps pour finir la page, le chapitre, le livre avant de revenir à la vie dite... normale. 

25 décembre 2020

Un Noël si fragile

Ce Noël-là aura tenu du miracle. Pour que nous soyons tous encore là... et là aussi les absents  mais présents dans nos coeurs - Covid chez YoYo et Bizzou, Patrice à l'hôpital la veille des fêtes, tous à peu près debout finalement. Parce qu'il aura fallu aussi qu'après la maladie de Léo, tous nos tests soient négatifs pour que ce modeste temps ensemble, après ces longs mois de distance, soit possible. Parce que nous sommes tous si fragiles encore qu'il aurait suffi d'un rien pour que l'atmosphère vire à l'orage. Mais nous avons réussi. A improviser avec les contraintes du moment, les anxiétés sous-jacentes, les chagrins silencieux, un Noël funambule dont nous pouvons, je crois, tous être fiers.

24 décembre 2020

Voilà.

20 décembre 2020

12 décembre 2020

Let it snow, let it snow, let it snow...

Et puis quelquefois, il y a des petits moments de grâce et de douceur, qu'il faut savourer : aller chercher de la déco de Noël, faire le sapin 2020 (en écoutant l'incontournable Quand Noël s'en vient d'Anne Sylvestre bien sûr, et Mariah Carey, et White Christmas...), piquer un fou rire en essayant de dessiner avec de la fausse neige sur les vitres, préparer des muffins au chocolat avec NOTRE recette : l'espace d'un après-midi, la vie fut joyeuse et chaleureuse. J'ai été très émue qu'Amaury ait souligné notre plaisir à partager ces moments en famille, et les échanges affectueux entre nous. J'ai tellement le sentiment parfois que c'est un temps révolu... mais pas cette après-midi-là. Et sa réflexion m'a fait l'effet d'un grand bol de chocolat chaud (avec des petites guimauves !)

11 décembre 2020

Garder la flamme

- L'enfance ça représente quoi pour vous, Anouk ?
- Peut-être c'est ce qu'on était avant qu'on nous fasse tout ça. Cette chose qui était intacte et qui, tous les jours, risque de s'abîmer, voire de s'éteindre, et qu'il faut rallumer, c'est... Des fois je vois les enfants dans les poussettes, les petits enfants, et je me souviens d'avant, quand je savais pas que la vie ce serait... comme ça, je me souviens que j'avais confiance. Et cette confiance, elle est tous les jours abîmée, et tous les jours, je veux la rallumer. 

Anouk Grinberg dans Boomerang

05 décembre 2020

Vivante

Ici, je peux entendre battre mon coeur.

03 décembre 2020

 
 
LE CREDO DE L'OPTIMISME.
« Je suis optimiste parce que je trouve le monde féroce, injuste, indifférent.
Je suis optimiste parce que j'estime la vie trop courte, limitée, douloureuse.
Je suis optimiste parce que j'ai accompli le deuil de la connaissance et que je sais désormais que je ne saurai jamais.
Je suis optimiste parce que je remarque que tout équilibre est fragile, provisoire.
Je suis optimiste parce que je ne crois pas au progrès, plus exactement, je ne crois pas qu'il y ait un progrès automatique, nécessaire, inéluctable,un progrès sans moi, sans nous, sans notrevolonté et notre sueur.
Je suis optimiste parce que je crains que le pire n'arrive et que je ferai tout pour l'éviter.
Je suis optimiste parce que c'est la seule proposition intelligente que l'absurde m'inspire.
Je suis optimiste parce que c'est l’unique action cohérente que le désespoir me souffle.
Oui, je suis optimiste parce que c'est un pari avantageux : si le destin me prouve que j'ai eu raison d'avoir confiance, j'aurai gagné ; et si le destin révèle mon erreur, je n'aurai rien perdu mais j'aurai eu une meilleure vie, plus utile, plus généreuse. »
 
- Eric-Emmanuel Schmitt

28 novembre 2020

2020

Et dire que le 11 janvier 2015, même Renaud voulait embrasser les flics...

27 novembre 2020

Humilité

Tiago Rodrigues, metteur en scène

(Peut-être cela a-t-il toujours été vrai... 
mais nous en prenons conscience seulement maintenant ?)

26 novembre 2020

Une bouffée d'air frais

 "Il faut fuir l’incrédulité ricanante, enflée de sa propre importance, fuir les triomphants prophètes de l’échec inévitable, fuir les pleureurs et vestales d’un passé avorté à jamais et barrant tout futur.

Et surtout, surtout, disons à nos enfants qu’ils arrivent sur terre quasiment au début d’une histoire et non pas à sa fin désenchantée. Ils en sont encore aux tout premiers chapitres d’une longue et fabuleuse épopée dont ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire, les inévitables auteurs.

Il faut qu’ils sachent que, ô merveille, ils ont une œuvre, faite de mille œuvres, à accomplir, ensemble, avec leurs enfants et les enfants de leurs enfants.

Disons-le, haut et fort, car, beaucoup d’entre eux ont entendu le contraire, et je crois, moi, que cela les désespère.

Quel plus riche héritage pouvons-nous léguer à nos enfants que la joie de savoir que la genèse n’est pas encore terminée et qu’elle leur appartient."

Ariane Mnouchkine

20 novembre 2020

Belles et rebelles


Parce que la chaleur humaine et les rires partagés passent avant la crainte du virus. Choisir entre deux urgences, aller à l'essentiel : être en lien, être ensemble. Encore meilleur parce que c'était une surprise ! Je ne pouvais pas rêver plus beau cadeau - nous voir tous réunis ce soir-là.

15 novembre 2020

Un envoi d'Elsa


12 novembre 2020

Je n'ai pas vu les sables mouvants

Ce soir j'ai reçu par la Poste un cadeau qui m'a fait fondre en larmes. De la part d'une jeune femme que j'ai accompagnée jusqu'à l'été dernier. Ce cadeau est le premier tome du journal d'une renaissance, le récit de ces mois qui l'ont vue sombrer, puis se remettre debout, et de ce qui l'a conduite jusque là. Un petit livre imprimé en auto-édition, illustré de dessins originaux, accompagné d'une lettre rédigée par la jeune femme sur une face, par sa mère sur l'autre.

Celle-ci écrit : (...) si la vie est faite de rencontres, nous sommes heureux que vos chemins se soient croisés. Même éloignée (confinement, puis retour en province), vous lui avez encore tenu la main (...). Nous ne vous connaissons pas, mais nous sommes heureux que d'autres puissent bénéficier de votre écoute et de vos conseils. 

L'étudiante elle, a pris le temps de marquer les pages me concernant d'un petit signet. Si vous pouviez les lire, surtout celles de la fin, c'est en ces pages que réside mon véritable cadeau. 

Je les ai lues bien sûr. Et oui, ces dernières pages sont un inestimable cadeau, qui tombe à point nommé, dans ces jours où me hante la tentation d'abandonner, de changer de métier, de cesser de me confronter sans relâche à la détresse psychique alors que l'impuissance me submerge quant à celle qui règne à la maison. Alors merci à vous Chloé, d'accord, je vais continuer. Vous m'avez redonné courage.

Last but not least : le livre s'appelle "Je n'ai pas vu les sables mouvants". Et il est sous-titré "Partie 1 : Comprendre et accepter l'épuisement". Ce même soir, Anna D. m'a dit, si j'étais votre médecin, je vous ferais hospitaliser. Parce que ce n'est pas chez vous que vous allez pouvoir vous reposer. Et aussi quelque chose sur la folie qu'il y a à ne pas reconnaître ses propres limites pendant qu'il en est encore temps. Ces deux messages, ce même soir - ça m'interpelle, comme une paire de claques aimantes et vigoureuses - et toi, est-ce que tu les vois, les sables mouvants ?

11 novembre 2020

Un jour gris

08 novembre 2020

Un monde parfait

C'est un monde parfait, presque aussi parfait qu'il est plat...

Ces jours-ci j'ai constamment les chansons des Innocents dans la tête - comme une tentative de me relier à celle que j'étais hier et qui me semble si loin déjà, ou simplement, parce que ces bribes me parlent d'aujourd'hui, comme ici

Sans l'espoir d'apprendre à leur apprendre
À ne pas compter les heures
Qui s'enroulent et qui meurent
Que leur dire ?
Qu'ils viennent sur terre juste pour y répandre
Un peu d'amour et quelques cendres (...)

Ou encore :

Et je m'éloigne pour savoir enfin tout ce qu'on gagne à n'être qu'en chemin
Je vais à Bang-Bang sécher au vent mon coeur humide de ses rêves qui fondent           
M'échouer à Bang-Bang trouver le temps d'attendre un guide qui n'est pas de ce monde
Qui sait ?

Ou même celle-ci, qui parle si délicatement du dés-espoir...

Partir, rouler jusqu'à la mer
Prendre un navire, voir s'éloigner la terre
Partir, maintenant ou jamais
Ou jamais

Jodie, c'est là que tu descends
Jodie, referme ton roman
Referme la page, laisse partir ce train
Tu sais, le grand voyage ce n'est pas pour demain
Jodie, tu descends là
Jodie, tu descends là
Jodie

03 novembre 2020

Réciprocités

Contre toute attente, je suis heureuse de pouvoir continuer à travailler. Pour des raisons matérielles évidentes, mais aussi et surtout parce je garde ma liberté d'aller et venir. De sortir de la maison. D'échanger avec d'autres humains, de me confronter à d'autres détresses que celles qui règnent ici. D'être émue par d'autres êtres, pour qui la vie n'est pas plus simple ; d'être touchée par leur courage et leur engagement dans leur volonté d'aller sinon bien, en tout cas de leur mieux ; et, parce que nous avons les patients qui nous ressemblent sans doute (je n'ose pas écrire, que nous méritons), j'ai le sentiment d'être parfois moi-même aidée par la teneur de nos échanges, comme dans le billet précédent. 

Parce qu'ils sont inspirants, me donnent envie de lire, d'écrire, de voir ce film dont ils parlent, et même de danser. Il y a celle qui profite de cette immobilité forcée pour explorer toutes les nuances d'une chanson au travers d'un projet de chorégraphie. Celui qui interroge sa représentation du couple et de la fidélité en faisant dialoguer son projet de mémoire et sa propre expérience. 

Il y a celle qui me raconte l'apprivoisement de ses peurs au hasard d'une sortie au parc d'attractions, son émerveillement lors d'une dernière visite au Louvre, juste avant le confinement - la façon dont la beauté l'a emportée, et le partage de cette émotion avec la classe qu'elle accompagnait. Celui qui raconte comment la littérature et l'histoire le sauvent, lui qui relit Camus, Dante et les stoïciens. 

En fait, même si ceux qui parlent le langage de la culture et la création me touchent tout particulièrement, j'ai le sentiment de recevoir de chacun. Et dans ce moment, c'est une ressource inespérée et précieuse.

01 novembre 2020

Ouvertures

Une patiente artiste me dit, paradoxalement, peut-être que nous les intermittents du spectacle sommes les mieux armés pour vivre cette période : cette incertitude constante, nous l'avons acceptée, nous savons la vivre ; et nous avons nos mots, nos musiques, notre capacité de créer et de symboliser, toujours à notre portée...

La même me raconte que, lorsqu'un attentat a lieu dans un pays du Maghreb, pendant 24h, les médias ne diffusent plus que des versets chantés du Coran. Nous sourions à l'idée que l'idée risque de ne pas prendre en France ; mais sérieusement, 24h de prière et de musique, un temps de deuil et de retour à soi, le silence imposé aux commentateurs de toute espèce, à la récupération obscène, aux experts de leur propre discours, ce ne serait pas une magnifique idée ?

30 octobre 2020

Aujourd'hui, je suis perdue

Ce qui a fait un trou à mon âme, est l'absence dans votre discours du mot culture (...). Nous sommes indispensables à l'âme humaine, nous aidons à la soigner (...). Aujourd'hui je suis perdue. Je sais, je veux le croire, les lieux de culture ouvriront à  nouveau et on pourra retourner dans les librairies acheter un livre qu'on glissera dans sa poche comme un porte-bonheur, un porte-vie. Mais hier soir quelque chose s'est brisé dans mon coeur, je ne sais pas bien quoi - peut-être, l'espérance. Et c'est terrible pour moi. (...) Je voulais juste que vous mesuriez avec cet oubli, combien vous avez écorché les rêves de ceux qui font rêver, et se sentir vivants.

Ariane Ascaride, lettre ouverte au Président de la République, lue dans Boomerang ce matin. 

Plusieurs fois en larmes à l'écoute d'Inter ce matin : bouleversée par la colère froide de Sfar, le déchirant suicide de Juliette restitué par la danseuse étoile Léonore Baulac, et enfin la lettre d'Ariane Ascaride. Car tout fait écho, résonne double pour moi ici, la souffrance d'un monde qui me berce, me nourrit et m'inspire depuis toujours, qui m'est une respiration essentielle en effet, et le garant de ce que nous appelons encore civilisation ; et ma propre souffrance, qui pourrait se dire à travers tous les mots d'Ariane, à commencer par ceux-ci :  Aujourd'hui, je suis perdue (...) - quelque chose s'est brisé dans mon coeur. Et cette sensation, que oui, il y a un après, je sais, je veux croire, mais - quelque chose est brisé.

29 octobre 2020

Echappée

Quelques heures avant le confinement, aller voir la mer. Respirer sans masques. Rire pour des bêtises. Ne parler de rien. S'offrir un dernier restaurant. S'émerveiller quand c'est possible. Juste quelques heures. Merci. 

25 octobre 2020

Tous les mercis du monde

Merci à Elsa, d’avoir donné l’alerte juste à temps ; et merci à Amaury, de l'avoir de tout son coeur poussée à demander de l'aide ce soir-là.

Merci à Ronan et Léo, pour leur double appel immédiat aux pompiers, pour leur présence tout au long de la nuit et ensuite et encore

Merci aux jeunes pompiers, d’avoir entendu ce que je disais sur la spécificité de cet empoisonnement, et pour leur humanité

Merci à Dylan, à Evan, et à leurs mamans d’avoir été là dans ces minutes de cauchemar absolu

Merci à David de s’être mis en route depuis l’Auvergne dès l’appel de Léo et de nous avoir accompagnées ensuite d’instant en instant

Merci au médecin des pompiers, arrivé dans un second temps, au sang-froid avec lequel il a pris ses décisions successives

Merci au jeune pompier venu me dire que les cris d’Elsa n’étaient pas dus à de la douleur mais à une crise de panique, au moment où je m’effondrais sur moi-même

Merci à Léo de nous avoir conduits derrière la voiture des pompiers, et de m’avoir arraché un sourire dans la salle d’attente en me disant, Maman, il est 1h16 : bon anniversaire, mon grand cœur…

Merci à l’équipe des pompiers d’être restée sur place avec celle de réa et probablement en ligne avec le centre anti-poisons, plus d’une heure à ce moment-là

Merci au médecin des pompiers de nous avoir adressé un mot avant de partir ensuite, même si à ce moment-là le message était terrifiant, et que j’ai perdu espoir une seconde fois

Merci à Ronan de m’avoir tenu la main pendant ces heures-là, qui ont été les plus sombres que j’ai vécues à ce jour, de m’avoir écoutée me préparer à la laisser partir s’il le fallait

Merci à Christine et Hubert, qui sont les premiers à avoir vu mes messages dans la nuit et à en avoir envoyé jusqu’au matin, pour leur présence et leurs prières

Merci à Marie, merci à la force et au réconfort que j’ai tirés de la prière cette nuit-là, merci pour ce qui ressemble fort à un miracle, merci pour l’amour qui nous a environnées sous tant de formes toutes ces heures et encore maintenant

Merci infiniment au jeune médecin de réa et à l’infirmière, venus après des heures de soins annoncer des choses si dures encore – intubation, coma artificiel, incertitude, mais début d’espoir

Merci infiniment, après l’avoir initialement exclu, de m’avoir laissée entrer en réa alors que la situation était encore instable, dans une salle de soins intensifs pleine de patients et dans cette période de Covid, d’avoir aménagé une intimité, un temps pour que je puisse lui parler pendant qu’elle était dans le coma, encore intubée, branchée et piquée de partout, avant de rentrer à la maison ; et de l’avoir à nouveau autorisé pour David lors de son arrivée une heure après

Merci à la Vie, et merci à Elsa, d’avoir entendu nos prières et notre amour

Merci au jeune médecin d’avoir redonné ensuite les informations que je n’avais pas réussi à assimiler la première fois, et de son honnêteté absolue sur les risques de séquelles dus à l’intoxication et au bref temps de « vrai » coma qui a précédé la mise en coma artificiel

Merci à l’équipe de nous avoir rappelés dès qu’ils ont pris la décision de la sortir du coma artificiel, pour que ses parents soient là à son réveil ; merci à la réa de la garde du matin pour la confirmation des nouvelles rassurantes – ces médecins sont si jeunes, avec de telles responsabilités…

Merci à tous les professionnels du KB, éreintés par la première vague de Covid, debout devant la seconde, et TOUS sans exception, de minuit à 19h le lendemain, dans trois services différents, d’une humanité et d’une douceur sans faille 

Merci à ces premières minutes d’une Elsa consciente, et même souriante, probablement shootée à l’O2 et à des morphiniques très puissants, râlant déjà après la tuyauterie qui l’immobilisait de partout

Merci à Ronan arrivé un peu plus tard avec des croissants et du café dans la salle d’attente, pour ce petit déjeuner partagé aussi avec Léo pour ne pas faillir à la tradition du croissant d’anniversaire. Même là. Surtout là !

Merci à mes Fab’3 de s’être manifestées dès leur réveil, et d’être là depuis

Merci pour le passage trop bref dans une vraie chambre en réa, mais qui nous a permis à toutes les deux de dormir quelques instants

Merci à David d’avoir conduit Léo et Jade à l’aéroport pour qu’ils aient un temps pour parler à un adulte de ce qu’ils avaient vécu cette nuit-là

Merci au psychiatre de liaison de s’être démené pour trouver une place en hospitalisation psy – bien trop vite à mon goût sur l’évaluation des conséquences possibles de l’intoxication, mais les places sont chères en réa par les temps qui courent…

Merci au Dr A. d’avoir rappelé dès qu’il a eu le message, de se préparer à assurer le travail de liaison avec le service d’accueil. Merci à Mme H.L., pour les mêmes raisons. Merci au Dr M., collègue et ami, pour ses messages rassurants, et pour le temps pris le lendemain pour nous aider à bâtir une ligne de conduite intérieure pour les jours qui viennent. Merci au Dr L. de m'avoir proposé un RV pendant ses vacances.

Merci à YoYo pour m’avoir appelée déjà deux fois pour me demander comment j’allais, moi

Merci à l’étrange presque sosie d’Hugo que j’ai croisé dans la rue alors que j’avais dans les bras les fleurs que je devais initialement porter avec Elsa sur sa tombe ce samedi, et qui a dit distinctement une fois arrivé à ma hauteur, Pardon, pardon. Merci au fleuriste qui n’a pas fait la corbeille que j’avais pourtant commandée, mais un bouquet magnifique, que j’’ai choisi de garder. 

Merci à la généraliste inconnue, la mienne étant souffrante, qui m’a écoutée avec tact et intelligence et arrêtée sans discuter et sans conditions, avec beaucoup de bienveillance.

Merci à Ronan d’avoir rangé le capharnaüm de la chambre d’Elsa, auquel je ne me sentais pas la force de toucher, pendant que j’étais chez le médecin,  puis de m’avoir emmenée au cinéma. 

Merci au torrent de larmes salvateur enfin arrivé, mais après la visite dans le relativement sinistre service de psychiatrie adultes samedi soir, avec son cortège de questions, de peurs et de renoncements à prévoir.

Merci à Marion d’être arrivée juste après ça avec sa bouteille de bon Bourgogne, et même les petits gâteaux apéro pour aller avec.

Et certainement encore bien des mercis à venir.

17 octobre 2020

Marie-qui-défait-les-noeuds

 La prière est, dans la vie spirituelle, le moment privilégié pour entrer en relation avec Dieu. Mais ce qui déroute immédiatement celui qui prie, c’est qu’on ne sait pas prier, qu’on fait ce qu’on peut, car Dieu est plus grand que nous et on ne peut le manipuler. Cette découverte-là rend humble et vaccine contre la tentation d’un fanatisme : on ne maîtrise pas Dieu, on essaie simplement de lui parler en silence.

Pour un chrétien comme moi, le Christ est venu révéler que Dieu nous aime infiniment. Et cet amour infini et gratuit nous effraie ; on essaie donc de mettre des formes, du rite, pour se protéger de ce vertige. La prière doit permettre d’aller vers l’acceptation de cet amour, d’être aimé sans conditions, alors que nous préférons si souvent posséder les choses par nos efforts afin qu’elles nous appartiennent.

Mais l’amour, humain ou divin, ne se possède ni ne se garde en réserve. Apprendre à être aimé est donc apprendre à ne pas posséder : c’est, en ce sens, un exercice de pauvreté. Mais il apporte la vie, car il se renouvelle tous les jours. Le fanatisme, en s’attachant infiniment à des objets finis, se condamne à mourir avec eux.

Adrien Candiard

13 octobre 2020

Sweet and wild


 

10 octobre 2020

Du baume au coeur


 Envie de partager avec vous ce petit moment de grâce : je croise souvent ce couple de personnes âgées, elle est malade je pense, ils marchent néanmoins tous les jours dans le parc des Beaumonts. Ce matin, elle est peut-être fatiguée... alors ils restent là, assis devant la prairie, et IL CHANTE ! Il lui chante du Léo Ferré, du Brassens... et elle sourit. C'est si beau !
Céline

06 octobre 2020

Le Meilleur des Mondes

Je relis le Meilleur des Mondes, que je n'avais pas ouvert depuis le lycée. Je suis ahurie par la pertinence de ce texte de 1932, et l'acuité avec laquelle il anticipe une société qui ressemble si fort à la nôtre - sans même la très douteuse consolation du "bonheur" (traduire : sécurité) pour tous. Abasourdie par le cynisme ravageur du discours de l'Administrateur - et si émue par cette question de la beauté et de la vérité qui nous font si cruellement défaut actuellement, sacrifice de la culture à d'absurdes "normes" sanitaires et asservissement par la peur, soigneusement entretenue par une propagande omniprésente orchestrée par une classe politique qui court comme un poulet sans tête derrière des économies soit moribondes (l'industrie pétrolière), soit mortifères (les GAFA), soit les deux.

Je ne sais pas vivre dans ce monde-là, qui me donne envie d'éteindre la radio, de cesser de voter. Je ne sais pas vivre dans un monde où il m'est permis, et même recommandé, de me forcer un passage dans un wagon de métro bondé pour aller travailler, mais interdit de boire un verre avec des amis ou d'aller au concert. Où des médias respectables font l'amalgame entre conspirationnistes ineptes et citoyens exerçant légitimement leur droit d'interroger certaines décisions, et de garder un minimum de bon sens, voire une vision que nos dirigeants semblent avoir perdue depuis longtemps. Où la désobéissance est une dissidence. Où il n'a jamais été plus clair que je suis tolérée et même requise comme rouage (pourtant si négligeable) du système économique et politique, mais pas comme être humain pensant, relationnel, créateur, pour lequel rien n'est plus vital que le lien, la culture, et l'accès à une nature si possible non agonisante.

Je m'éteins dans ce monde utilitaire et absurde à la fois, sans ambition, sans envergure et sans rêves, qui génère chez moi un dégoût et une colère de plus en plus profonds. 

Restent la beauté. L'humanité. Le souffle. Comme une pluie bienfaisante, le monde enchanté du Moulin jaune, la parole enflammée de Gisèle Halimi portée par Richard Berry au théâtre, la poésie intacte de Brassens ressuscitée par la voix délicate de Pauline Dupuy - ce plaisir de la langue, de la musique, cette délicatesse du regard et du sentiment qui me manquent si fort.

29 septembre 2020

Une voie de service et d’amour

J’aime ce métier car il est joie et tendresse, il sent bon la naissance en notre demeure. La seule petite «permission de conseil», que je m’autoriserais pour aider les personnes qui veulent être au chevet des  mourants, c’est de vraiment travailler sur elles sans relâche et sans cesse, d’être authentiques et de se libérer de toutes peurs et conditionnements… et pour finir, mais c’est le plus important, de faire confiance en la croissance et en la valeur de ceux qu’on leur confie : les patients. Cela en développant en eux «la voix de lait», par les trois axes qui sont : la prière, la méditation et l’introspection. (On peut prier tout en étant athée...)

Eric Dudoit

Je crois que c'est vrai de tous les thérapeutes, et pas seulement en soins palliatifs ? J'y reconnais en tout cas ce à quoi j'aspire, ce vers quoi j'avance doucement...

28 septembre 2020

Nietzsche revisité

 Tout ce qui ne tue pas... abîme un peu.

Mathias Malzieu

20 septembre 2020

Le Pique-Nique Orange

Le Moulin Jaune, composition : beaucoup de Pays des Merveilles, un peu de Peau d’Âne, un brin de la fête étrange du Grand Meaulnes, des réminiscences de l'Espace des Possibles et la douce dinguerie du Slava Snowshow, puisque Slava lui-même est le fondateur de ce lieu féérique.

Un lieu où des fenêtres s'ouvrent dans la rivière, où les arbres poussent dans des faïences bleues, où les théières volent et où circulent des êtres improbables, faune vaguement illuminé, carotte dansante ou patriarche silencieux - Slava himself. Nous sommes allés de surprise en surprise, le jardin déborde d'idées poétiques et de coups de folie, de démesure romantique aussi, un lit flottant sur le Morin, un piano ailé, un bar tapi dans le ventre d'un sous-marin-gallion...

J'adore le sens du détail - entrée offerte aux rousses, roux, et Leroux, aux plus beaux costumes, buffets orange - oeufs de saumon, melons, Spritz et bière ambrée... les bonnes idées à chaque pas, atelier de couronnes automnales, guitariste mélancolique, maison-citrouille ou campement tsigane... une journée magique. Nous reviendrons, c'est sûr ! 

18 septembre 2020

Naviguer au portant

...c'est retrouver mon Elsa joyeuse, créative et affûtée, mais mûrie par ces années si difficiles, surprenante parfois, dans le regard qu'elle porte sur le monde mais aussi dans ses questions venues de nulle part - l'autre jour, en voiture : Maman, est-ce que les poissons boivent de l'eau ? J'aime beaucoup ces surgissements d'un cheminement de pensée imprévisible et silencieux, qui sont sa signature depuis l'enfance.

...c'est ressentir une gratitude infinie pour ce lycée atypique qui lui offre la possibilité de retrouver le plaisir d'apprendre, de créer de nouveaux liens, d'interagir avec des adultes stimulants et engagés dans leur enseignement. Et pour la chaîne de transmission des mères et grands-mères, qui lui permet d'être inscrite dans ce lieu.

...c'est me sentir fière de mon Léo, à nouveau major de promo, qui a su se trouver un stage puis un travail dans une période pourtant pour le moins chaotique... le voir grandir, tâtonner, oser peut-être un peu plus qu'autrefois se dévoiler, quitte à laisser voir davantage ses fragilités - et savoir que c'est tant mieux. 

...c'est me réjouir de cette prise de poste sur une création de projet (j'adore), résultat d'une collaboration entre deux très belles structures, l'une de soin et l'autre d'enseignement. Et retrouver cette population étudiante que je trouve si émouvante dans leur remarquable capacité à mettre des mots sur ce qui les habite, et si gratifiante aussi - car à cet âge (presque) tout est encore possible, et je vis comme un privilège cette possibilité d'accompagner l'émergence de l'adulte à venir.

...c'est constater que quelques discussions de couple récentes, loin d'avoir déstabilisé davantage la relation, semblent avoir amené une petite musique un peu différente, un peu plus légère. Même si elles sont restées en suspens, le fait d'avoir osé énoncer les questions de fond ouvre à un équilibre sans doute fragile, mais relativement apaisé.

...c'est sentir qu'à travers tout cela se manifeste aussi un élan vital retrouvé, que je soutiens autant que possible à travers le chant, la méditation, le yoga, une reconnexion précieuse à la Vie.

15 septembre 2020

Chagrins d'enfants

Il y a cette jeune femme d'une trentaine d'année, qui a perdu son père il y aura bientôt dix ans, mais laisse chaque mois sur le numéro de portable de celui-ci un long message où elle lui confie ses joies et ses chagrins, et les événements de sa vie au jour le jour.

Il y a cette autre femme, la quarantaine passée, qui n'a jamais eu d'enfant, mais garde dans son sac à main une paire de chaussons roses - loin de la renvoyer à cette absence qui pourtant l'obsède, ils incarnent sa rêverie, un invisible bébé idéal.

Et celle-ci, qui a perdu sa petite fille d'un cancer pédiatrique, petite fille dont la minuscule photo se trouve être affichée exactement au coeur de la mosaïque géante de Septembre en or (une collecte pour Gustave-Roussy) sur la tour Montparnasse - soit juste en face des fenêtres de son bureau.

Et cette autre encore, qui à six ans pleurait à chaque décollage d'avion, parce que de tout son coeur, elle voulait partir pour un ailleurs...

30 août 2020

L'Esprit souffle où il veut...

J'ai toujours beaucoup aimé cette phrase ; j'ai ressenti ce souffle à deux reprises cette semaine, sous deux formes très différentes, mais qui l'une et l'autre interrogent notre rapport à ce qui nous dépasse...

Chez ce patient, scientifique de haut niveau, modèle de rationalité, qui a perdu son père très jeune et s'est vu offrir pour son anniversaire (et à l'âge auquel son père est décédé) une troublante visite chez un medium, qui s'est de surcroît déroulée entre deux étranges "coïncidences". Au moment où il partait pour se rendre au rendez-vous, il a croisé un motard roulant sur la même moto que son père (un modèle ancien donc, qu'on ne voit plus nulle part) ; quand il en est revenu, le motard, qui n'habite pas son quartier, repartait...

Chez cette autre, jeune infirmière qui a pris la vague du COVID en service de réanimation, puis est partie faire une retraite de yoga dans les montagnes - ce qui représentait un énorme challenge pour elle (groupe inconnu, pratique récente, rupture avec ses repères habituels). Et qui m'appelle en larmes, non de chagrin mais d'émotion : elle est restée là-bas, en se mettant au service de la communauté. Elle pleure, mais de bonheur, en disant que c'est la première fois qu'elle se sent baignée dans l'Amour, et dans une vie simple qui a du sens pour elle. Elle hésite à rentrer à Paris, à continuer à contribuer à un système de soins de plus en plus déshumanisé et maltraitant, pour les soignants comme pour les soignés. Sa joie me bouleverse, ses interrogations aussi...

En aucun cas je n'ai envie de ramener leurs témoignages à des concepts cliniques, et moins encore à de la pathologie, même si je connais les fragilités de l'un et de l'autre. J'ai plus envie de me faire toute petite devant le mystère...

28 août 2020

Simple, basique

Quelquefois, le bonheur, c'est aussi simple que ça : finalement, les enfants sont là pour le dîner, et puis Jade nous rejoint, et puis Evan aussi, je cuisine en chantant avec Léo, un verre à la main, on beugle tous les deux dans la cuisine, on se filme en train de faire les cons avec Chamade dans le rôle de Simba dans l'Histoire de la vie, Ronan revient avec les super flans de la Kremlinoise, et la vie est belle quelques heures. 

27 août 2020

Voilà, c'est fini...

Après dix-huit mois de collaboration joyeuse, et en partant pour un très beau projet ailleurs. Mais ça ne va pas sans un petit pincement au coeur, parce que ce n'est pas si fréquent, une institution à taille humaine, une direction de bonne volonté, une équipe de collègues psys multi-référentielle et psychiquement vivante. Souvent dans les équipes, le psy est le seul de son espèce...


Après la violence du départ de la Cité, le silence radio lors de celui de Fournier, partir ici avec un petit mot, un petit cadeau, mais aussi et peut-être sans doute surtout avec ce qui s'est dit lors des échanges informels autour d'un pique-nique ça fait un bien fou, et ça me laisse un brin nostalgique aussi. Il y avait longtemps que je n'avais pas entendu parler de mon implication, de ma générosité, de ma présence soutenante, de mon sourire aussi  - pourquoi attendons-nous toujours que les gens partent pour leur dire ce pour quoi nous les apprécions ? 

Pas si simple non plus, de se séparer des suivis encore en cours. J'en connais certains depuis mon arrivée dans l'association ; j'ai littéralement l'impression de les avoir vus grandir ! Avec d'autres, la rencontre s'est faite au téléphone pendant cette période d'épidémie ; même sans les avoir jamais vus, des liens forts se sont noués avec ces voix sans visages, pour lesquels la permanence a été un filet de sécurité, un fil d'Ariane... Je les ai confiés aux collègues remplaçants comme j'aurais déposé un bébé dans les bras d'un ami : avec beaucoup de douceur et un brin d'émotion. 

Avec eux aussi, ce temps est celui des jolis retours et des remerciements. Je viens de raccrocher d'un appel avec celle qui fut ma première patiente Apaso ; elle a pu me dire ce qu'elle voit du chemin parcouru, remercier pour le respect de son rythme (et Dieu sait que je me suis inspirée du renard du Petit Prince), et me faire part de son souhait de continuer ce chemin auprès des collègues : il n'y a pas de plus belle récompense pour moi, que cette jeune femme si difficile à apprivoiser ait aujourd'hui un peu plus confiance dans la rencontre avec l'autre, et dans la valeur de la parole. 

22 août 2020

Amsterdam

C'était joyeux, de faire découvrir la ville à Ronan ; et de découvrir qu'au quatrième passage, je ne me lasse pas de ses canaux paisibles, des longues balades à pied, ni d'aller saluer Van Gogh et Vermeer (j'ai redécouvert la Femme en bleu, qui me touche plus encore que la Laitière). Un séjour beau comme un cliché, avec des vélos, des fleurs et des paradis (gentiment) artificiels, une balade au Vondelpark et des maisons à pignons aux façades penchées. Quelques bonus cependant, deux petits musées moins fréquentés, le House Boat Museum et le Canal House Museum, une visite privée en vélo sur le thème du Street Art dans le quartier des chantiers navals, et surtout un hébergement de rêve, dans un house boat aux hôtes attentionnés. Ce plaisir de prendre le petit déjeuner sur notre petite terrasse privée, ou de plonger dans le canal après les longues marches...

Amsterdam bis

Drogue, prostitution, COVID : ce que je trouve intéressant dans cette ville, c'est la cohérence de leur approche, avant tout pragmatique : ne pas ignorer le problème, mais chercher à l'encadrer intelligemment, en faisant appel à la responsabilité du citoyen, et non en l'infantilisant ou en le culpabilisant. Ce serait tellement bien, si nous nous en inspirions un peu... Avec la conscience que cette approche a aussi ses risques et ses limites ; mais le postulat de base me semble tout de même plus juste : s'appuyer sur la conscience, la réflexion, la liberté, bref, ce qui permet de croître en humanité.

15 août 2020

Il paraît...

Il paraît qu'en Bretagne il pleut souvent - mais pas dans "ma" Bretagne, ou alors le temps de buller une après-midi au frais, ou de laver un ciel d'orage.

Il paraît que les vacances en maison de famille génèrent inévitablement tensions et conflits ; c'est sans doute assez vrai, mais pas si cette famille n'est pas complètement la vôtre, ni si vous êtes habité(e) par un regard tranquille sur tous sans exception, un regard qui peut tout au plus être brièvement assombri par un instant d’agacement, mais qui revient vite vers la tendresse. 

Il paraît que même les dragons les plus apparemment féroces se révèlent parfois simplement être maladroits, ou peut-être malheureux - et plus attentionnés qu'on ne pourrait le croire. Il paraît aussi que les enfants grandissent beaucoup plus vite que ce que l'on pensait...

De plus en plus avec le temps j'ai la sensation d'entendre tout ce qui n'est pas dit, de ressentir les émotions qui circulent entre les uns et les autres. Ce n'est pas toujours confortable, mais c'est riche d’enseignements, et me ramène immanquablement à cette petite phrase de la grand-mère de Theresa : What is not to love ?

Il paraît qu'on oublie souvent de remercier pour ce que l'on a : j'ai l'impression de ne jamais avoir eu autant ce sentiment de gratitude, cette conscience des petits moments de bonheur qui s'ajoutent les uns aux autres, et de la chance d'avoir de surcroît des amis, anciens ou nouveaux, à deux pas de cette maison d'exception, dans cette région magnifique.

Pour vivre heureux, vivons perchés ;-)
Il paraît que ces petits moments de bonheur se nichent partout pour peu qu'on y soit attentifs...

Dans le mouvement du corps : danser avec Oriane dans la salle des mariages, nager un peu au large, randonner sur les falaises de Plouha avec Ronan, faire la course avec Audouin (perdre lamentablement bien sûr), ouvrir les bras pour un câlin - et finir par faire sauter les barrières du COVID pour rétablir les bisous, mais chut !

Dans une amitié naissante aux échanges à coeur ouvert sur la plage de Trégastel. Dans un coucher de soleil aux lumières blondes. Dans la joie d'entendre le rire d'Elsa, adoptée par sa brochette de cousins de coeur. Dans les questions  futées d'Aymeric, dont j'aime décidément beaucoup le côté pince-sans-rire. Dans une toute dernière baignade, joueuse et douce...


Dans des sensations d'enfance : un peu de volley en fin de journée sur la plage, chahuter avec le chien, enterrer Marin dans le sable jusqu'au cou. Dans le plaisir d'évoluer avec aisance à quinze ou vingt mètres du sol à l'accrobranches, sans m'obliger pour autant à faire le saut dans le vide qui conclut le parcours. 

Dans la créativité invraisemblable de la nature au jardin de Pellinec. Tellement de diversité dans ces couleurs, formes, textures, parfums, et la main de l'homme qui ici enfin ne force rien mais protège, agence, caresse... Pellinec est le rêve réalisé d'un amoureux fou du végétal, et ça se sent - ce n'est pas un jardin comme les autres.

Dans un café pris au soleil sur le port de Paimpol. Dans la saveur des huîtres, que j'ai appréciées vraiment pour la toute première fois (penser à faire un voeu). Et dans celle, inimitable, des galettes caramel beurre salé - mes absolues préférées : mais quel dommage de mettre ce caramel dans des crêpes ?!?  #teamgalettes

Dans la profondeur de certains regards - je pense tout particulièrement à la bienveillance rayonnante de celui de Cécile, à la douceur infinie de celui d'Audouin, à ce qu'il y a de tellement touchant dans la vulnérabilité et la gentillesse de celui de Mamé.

Il paraît que la beauté sous toutes ses formes nettoie le coeur et le regard : de ce temps de vacances, je reviens lumineuse. 

20 juillet 2020

Right in time

It's impossible for certainty and curiosity to exist in the same moment. To discover new things, let go of the known and be open to every possibility.
Headspace

18 juillet 2020

Aiguebonne


Mon coeur lavé par l'eau vive d'Aiguebonne la bien-nommée... un passage initiatique de "je suis hors-sol, déconnectée" à "je suis baignée par la rivière", puis de "je suis dans la rivière" à "je suis la rivière".

J’ai eu dernièrement des explosions d’évidence : 
la beauté du paysage me signalait que je perdais
une partie cruciale de moi-même, que j’étais
en train de me dérouler, comme une pelote. 
Or, un être humain n’est pas une ligne tremblante
mais bien une boule compacte, parfois violente, 
douce en surface, qui tient dans une paume 
et n’a peur d’aucune pente (...)

Soudain on comprend qu’aucune histoire 
ne finit quand on prononce chaque matin 
ou chaque soir le prénom de celle ou celui
qu’on aime. On comprend les persistances
du passé et les promesses de l’avenir : 
on quitte les maisons qu’on rêve de construire. 
Soudain on détache de son cœur des coquilles
fêlées : on se demande s’il vaut mieux 
être moins lourd de peines, ou plus de vérités. 
Cécile Coulon

14 juillet 2020

Toulon


Bon, finalement, il ne s'appelle pas Vent Debout, Veille-au-Grain ou Chasse-Rafale... 
mais c'est quand même le bateau du bonheur. 

12 juillet 2020

Cairanne

Rien que le meilleur en si peu de temps, des êtres et des lieux que j'ai tant de plaisir à retrouver, des moments partagés, d'autant meilleurs qu'ils n'étaient pas prévus !

Retrouver cette maison du bout du chemin, du bout du monde, les enfants grandis, le chien qui grisonne - non sans une certaine émotion, nous avons tellement de souvenirs là-bas.

Savourer un familial déjeuner provençal sous le mûrier (un vrai cliché de film français, les engueulades en moins, mais le prosecco qui pétille, l'odeur du gigot, les cris des gamins dans la piscine...)

Descendre la Sorgue en kayak, tous ensemble, c'était chouette de partager ça, de retrouver ce trio de cousins, ce sentiment d'un lien dans le continuité, naturel et joyeux.

26 juin 2020

#lesamiscestlavie


19 juin 2020

Carillon

Je commence à jouer avec le carillon et c'est délicieux, les sons sont comme une caresse, une petite pluie amicale et bienfaisante, je suis celle qui fredonne la chanson et le bébé "enchanté" à la fois, je recommence, déplace le son, fais sonner une note, découvre jusqu'où aller exactement pour produire un son, ou plusieurs, ou aucun, c'est un moment de pur jeu et de vrai bonheur. 

Je prends conscience de ceci : pour le carillon comme pour l'âme, pas de contact, pas de rencontre, pas de musique. Quand je ne suis pas en contact avec ce qui me fait vibrer, je reste silencieuse, absente, éteinte. Au mieux, le son est étouffé... Je veux que ça sonne, je veux que mon âme chante à nouveau, ne plus en étouffer ni les larmes ni les rires - ni l'ombre, ni la lumière.

Faire halte

Parce qu'il faut vivre au quotidien, et essayer dans la mesure du possible de ne pas additionner nos angoisses, parce qu'il faut soutenir l'espoir, la possibilité d'un projet, j'oublie - provisoirement. 

J'ignore plus ou moins délibérément les stratégies d'évitement, pourtant omniprésentes. Je dénie l'anormalité de la situation, sa durée, les traumas cumulés, la fragilité de chaque moment, le traitement médicamenteux. Parce que ce n'est pas vivable autrement - pour personne. Parce qu'il faut donner une chance au meilleur. Parce que rien n'est certain, mais qu'il est nécessaire de croire. Parce que chaque petit moment de dialogue, de légèreté, de soins, est une maille retissée, une conquête provisoire mais toujours émouvante. 

Je propose - des appuis, du soin, des aménagements. C'est une attention constante, un questionnement sans fin sur le trop, le pas assez, le judicieux instant après instant. J'essaie. Et j'échoue sans cesse, bien sûr.

Et puis... il suffit d'un détail, pour que les paravents tombent, et que le vertige revienne. L'impossibilité de faire seule une course simple, d'aborder même de loin un aspect scolaire, la souffrance qui explose en détresse ou en colère devant le constat commun de cette insupportable vulnérabilité envahissent à nouveau l'espace. L'impuissance réciproque, face à l’humeur incontrôlable comme aux angoisses paralysantes, ajoute à la peine, à l'inquiétude quant à l'avenir.

Je ne souhaite à aucun parent d'être confronté à la souffrance profonde, durable de son enfant, tout en étant dans l'impossibilité de le soulager. A fortiori si celui-ci a toute l'intelligence et la sensibilité requises pour en mesurer les implications possibles. Je suis bouleversée par son courage, dont je sais qu'il n'est pas forcément perçu comme tel par notre entourage, parce que comme le dit le Petit Prince, c'est tellement mystérieux, le pays des larmes. Celui de la souffrance psychique aussi.

Je sais que je vais retrouver le mien, de courage. Et que nous allons continuer à remonter nos manches, réajuster nos sacs à dos, et reprendre la marche. Et que comme le dit mon amie Lalie, on n'est pas à l'abri d'avoir de la chance ! Mais ce matin... j'avais besoin de poser cette douleur, là.

01 juin 2020

28 mai 2020

Toute ressemblance...

Un Etat qui se projette en mère toute-puissante est un Etat fascisant. Le citoyen d'une dictature revient au stade du bébé : langé, nourri et tenu au berceau par une force omniprésente, qui sait tout, qui peut tout, a tous les droits sur lui, pour son propre bien. L'individu est débarrassé de son autonomie, de sa faculté de se tromper, de se mettre en danger. 

Virginie Despentes, King Kong Théorie, 2006

...bref, débarrassé de son identité de sujet singulier, et de ce qui fait aussi sa capacité (et son bonheur) de vivre... Nous y sommes non ? Obéissants, parqués, infantilisés, abreuvés de peurs construites par les dirigeants, bien sages derrière nos black mirrors, priés de de ne pas accompagner nos proches en fin de vie, fliqués par des hélicoptères sur les plages, taxés pour le soutien d'industries dévastatrices et mourantes, abrutis par des statistiques absconses qui ont pour principal effet de nous empêcher de penser les questions de fond...

23 mai 2020

Un optimiste

Je ne veux pas mourir sans avoir vécu toutes ces choses que je ne connais pas.
H.

22 mai 2020

Il faut vivre

Il faut vivre, l'azur au-dessus comme un glaive
Prêt à trancher le fil qui nous retient debout
Il faut vivre partout, dans la boue et le rêve
En aimant à la fois et le rêve et la boue
Il faut se déplacer d'adorer ce qui passe
Un film à la télé, un regard dans la cour
Un coeur fragile et nu sous une carapace
Une allure de fille éphémère qui court
Je veux la chair joyeuse et qui lit tous les livres
Du poète au polar, de la Bible à Vermot
M'endormir presque à jeun et me réveiller ivre
Avoir le premier geste et pas le dernier mot
Étouffer d'émotion, de désir, de musique
Écouter le silence où Mozart, chante encore
Avoir une mémoire hypocrite, amnésique
Réfractaire aux regrets, indulgente aux remords

Il faut vivre, il faut peindre avec ou sans palette
Et sculpter dans le marbre effrayant du destin
Les ailes mortes du Moulin de la Galette
La robe de mariée où s'endort la putain

Il faut voir Dieu descendre une ruelle morne
En sifflotant un air de rancune et d'espoir
Et le diable rêver, en aiguisant ses cornes
Que la lumière prend sa source dans le noir
Football, amour, alcool, gloire, frissons, tendresse
Je prends tout pêle-mêle et je suis bien partout
Au milieu des dockers dont l'amarre est l'adresse
Dans la fête tzigane et le rire bantou
On n'a jamais le temps, le temps nous a, il traîne
Comme un fleuve de plaine aux méandres moqueurs
Mais on y trouve un lit et des chants de sirènes
Et un songe accroché au pas du remorqueur
Jamais ce qui éteint, jamais ce qui dégoûte
Toujours, toujours, toujours, ce qui fait avancer
Il faut boire ses jours, un à un, goutte à goutte
Et ne trouver de l'or que pour le dépenser
Qu'on s'appelle Suzanne, Henri, Serge ou que sais-je
Quidam évanescent, anonyme, paumé
Il faut croire au soleil en adorant la neige
Et chercher le plus-que-parfait du verbe aimer

Il faut vivre d'amour, d'amitié, de défaites
Donner à perte d'âme, éclater de passion
Pour que l'on puisse écrire à la fin de la fête
Quelque chose a changé pendant que nous passions.

Claude Lemesle  (chanson pour Serge Reggiani)

11 mai 2020

Clinique pour le temps présent

Cette étrange clinique au téléphone me donne parfois l'impression d'être le passe-muraille, de voyager d'un monde à l'autre, bien plus que lorsque je reçois les patients dans une unité de lieu et de temps. 

Comme si je me transportais de bulle en bulle, invisible et pourtant apparaissant subitement dans leur environnement intime et quotidien - dont je ne vois cependant rien. Le regard est absent, mais la voix chuchote au creux de l'oreille, le souffle est si proche mais le corps est manquant, et l'image des bulles successives m'évoque irrésistiblement la scène d'Amélie Poulain où elle se demande combien de couples ont un orgasme à ce moment-là. 

Décidément, les questions de distance, de sensorialité, d'intimité vue ou voyeuse sont omniprésentes dans cette nouvelle configuration ! Sauf demande expresse des patients, j'ai choisi de ne pas voir, évitant la vidéo autant que possible. La lucarne plus ou moins figée altère mon écoute, me rend moins disponible à ce qui s'exprime, aux subtilités de la voix. Les décalage de temps, même légers, me perturbent, la confrontation à ma propre image là où j'ai besoin de m'effacer pour accueillir l'autre également.

Là où l'autre habituellement vient, demande, ne serait-ce qu'en se présentant à son rendez-vous, il faut aller le chercher ; jusque dans les silences qui ne sont plus, ou tellement moins, un temps de retour sur soi, mais un risque renouvelé de discontinuité de la présence...

Cette situation inédite génère aussi une parole différente. Chez celui-ci elle s'appauvrit, bute sur le réel dont le récit impossible s'enlise lentement. Chez cet autre elle se déploie, libérée du regard - comme un écho du dispositif analytique ? Pour les plus inquiétants, elle se hache, déraille ou se referme sur elle-même...

Chez tous ou presque elle interroge les priorités, les choix de vie, le sens - qui se heurtent à une seule certitude, celle de l'incertitude.

Chez moi aussi la parole tangue, se fait un peu trop proche ou un peu trop lointaine, insuffisamment soutenue par une enveloppe institutionnelle qui se désagrège et incontestablement plus affectée qu'en temps normal par mes propres mouvements psychiques. Un temps épuisant que ce temps présent. Jamais la locution "faire attention" n'a aussi bien porté son nom, il s'agit vraiment d'un acte, d'une volonté renouvelée, d'un effort différent. De mon mieux, je (me) fais attention.

05 mai 2020

Patiences

C'est un homme en profonde souffrance, qui décrit sa difficulté à se lier, se relier aux autres comme un handicap, une "malformation" - ce sont ses mots - qui s'enracine dans un deuil traumatique à l'âge de quatre ans. Il déploie cette thématique de l'attachement impossible, d'une incapacité première à maîtriser ce qui lui semble être une évidence pour tous les autres - c'est comme si je n'avais jamais appris à faire mes lacets ! dit-il. Et soudain l'image fait sens, il associe sur l'âge de ce traumatisme qui est justement celui où l'on apprend à faire ses lacets, à nouer des liens... nous sommes émus tous les deux par la justesse de cette intuition - par cette pensée qui relie.

C'est une jeune scientifique probablement Asperger, enchantée d'être confinée chez elle, ce qui lui permet de poursuivre ses recherches sans être perturbée par les interactions humaines souvent indéchiffrables pour elle. Aujourd'hui notre échange a porté sur les avantages comparatifs entre être un humain et être un robot (nous avions des points de vue différents...) et son regret de ne pas pouvoir se mettre sur Off ; sur l'organisation sociale des fourmis ; sur la possibilité de l'émerveillement devant le monde naturel, qu'elle préférerait à l'activisme destructeur de l'homme : simplement observer ; sur les limitations trop humaines de nos systèmes de compréhension du vivant. Elle est dans l'incapacité de répondre à la question : comment allez-vous ? qui suppose un décodage des émotions qui lui est étranger et la plonge dans la perplexité. Mais elle s'anime sur ces sujets, se laisse rencontrer là, dans un touchant mélange de rigueur scientifique et de poésie involontaire.

C'est une élève infirmière faisant fonction d'aide-soignante dans un service Covid, qui attire mon intention sur un autre effet secondaire de l'interdiction des visites en réanimation : comment investir un patient sédaté s'il n'y a personne pour nous raconter son histoire, pas d'entourage pour l'inscrire dans un réseau de sens, de liens, nous le rendre proche, émouvant ? Et de me raconter l'histoire d'une collègue qui s'était attachée à un patient à travers le récit si amoureux que lui en faisait sa femme lors de ses visites - mais ça, c'était avant...

27 avril 2020

Et pourquoi pas ?

Une épidémie mondiale est en train de se propager à une allure vertigineuse : l'OMB (Organisation Mondiale du BONHEUR ) prévoit que des milliards d'individus seront contaminés dans les années à venir.

Voici les symptômes de ce terrible état  :

1 - Tendance à se laisser guider par son intuition personnelle plutôt que d'agir sous la pression des peurs, idées reçues et conditionnements du passé.

2 - Manque total d'intérêt pour juger les autres, se juger soi-même et s'intéresser à tout ce qui engendre des conflits.

3 - Perte complète de la capacité à se faire du souci (ceci représente l'un des symptômes les plus graves).

4 - Plaisir constant à apprécier les choses et les êtres tels qu'ils sont, ce qui entraîne la disparition de l'habitude de vouloir changer les autres.

5 - Désir intense de se transformer soi-même pour gérer positivement ses pensées, ses émotions, son corps physique, sa vie matérielle et son environnement afin de développer sans cesse ses potentiels de santé, de créativité et d'amour.

6 - Attaques répétées de sourire, ce sourire qui dit "merci" et donne un sentiment d'unité et d'harmonie avec tout ce qui vit.

7 - Ouverture sans cesse croissante à l'esprit d'enfance, à la simplicité, au rire et à la gaieté.

8 - Moments de plus en plus fréquents de communication consciente avec l’Âme, Non-Duelle… Être, ce qui donne un sentiment très agréable de plénitude et de bonheur.

9 - Plaisir de se comporter en guérisseur qui apporte joie et lumière à tous plutôt qu'en critique ou en indifférent.

10 - Capacité à vivre seul, en couple, en famille et en société dans la fluidité et l'égalité, sans jouer ni les victimes, ni les bourreaux, ni les sauveurs.

11 - Sentiment de se sentir responsable et heureux d'offrir au monde ses rêves d'un futur abondant, harmonieux et pacifique.

12 - Acceptation totale de sa présence sur terre et volonté de choisir à chaque instant, le beau, le bon, le vrai et le vivant.

Si vous voulez continuer à vivre dans la peur, la dépendance, les conflits, la dysharmonie la maladie et le conformisme, évitez tout contact avec des personnes présentant les symptômes cités ci dessus .

Cette maladie est extrêmement contagieuse !

Si vous présentez déjà ces symptômes, sachez que votre état est irréversible.

Les traitements médicaux peuvent faire disparaître momentanément quelques symptômes mais ne peuvent s'opposer à la progression inéluctable vers le développement harmonieux 

Aucun vaccin anti-bonheur n'existe.

Comme le bonheur provoque une perte de la peur de mourir, qui est l'un des piliers centraux des croyances de la société matérialiste moderne, des troubles sociaux risquent de se produire, tels des grèves de l'esprit belliqueux et du besoin d'avoir raison, rassemblements de gens heureux pour chanter, danser et célébrer la vie, des cercles de partage et de guérison, des crises de fou-rire et des séances de défoulement de joie profonde collective.

Grand Hug et grand Sat Nam à tous les infectés !
PUISSENT TOUS LES ÊTRES DE LA TERRE ÊTRE HEUREUX... ET EN PAIX !

20 avril 2020

Une vie bouleversée

Je ne me souviens plus de la première fois que j'ai lu le Journal d'Etty Hillesum. Ni même comment ce livre est arrivé jusqu'à moi (Bobin ? Comte-Sponville ?). Mais je sais que c'est probablement un de ceux que j'aurai le plus relus. Celui que j'emmènerais sur une île déserte. J'adore Etty, comme une amie intime, une grande soeur de coeur. Parce qu'elle est tellement vivante, incarnée, désirante, tellement tendue entre le ciel et la terre, comme la Sagittaire que je suis, les sabots bien plantés dans la boue mais la tête levée vers les étoiles.

Etty qui, comme la petite Thérèse de Lisieux, dit : Je choisis tout. Qui écrit en 1942 à Amsterdam, alors qu'elle vit les brimades et les persécutions, voit venir la déportation : Je sais déjà tout. Et pourtant je considère cette vie belle et riche de sens. A chaque instant.

Etty qui tutoie Dieu ou ce qu'elle nomme Dieu en elle, et élargit son amour des hommes - au sens le plus terrestre, sensuel, amoureux du terme - jusqu'à l'amour de l'humanité. Dont les mots mêlent trivialité et spiritualité, humour et sagesse, racontent une histoire, celle de la fille qui ne savait pas s'agenouiller - et qui s'agenouille pourtant. L'histoire d'une âme qui n'en finit plus de s'élever malgré l'étau qui se resserre - parce que cette vie s'accomplit sur un théâtre intérieur : le décor a de moins en moins d'importance.

Etty qui témoigne sa gratitude pour chacun des petits bonheurs qu'elle vit tant qu'il en est encore temps - une chambre propre, un repas préparé, des livres, de bons amis, parce qu'elle voit tous ces possibles s'évanouir peu à peu, et dont les mots prennent une résonance toute particulière en cette période : Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.

Je ne sais pas à quoi ressemblera le monde d'après le virus, et moins encore celui d'après la bascule climatique. Mais je suis certaine que ce texte restera pour moi une source majeure d'inspiration - plus simplement, une source.