31 mai 2008

Concision

Tout part d'une légende peut-être, celle de cette invitation faite à l'écrivain américain Ernest Hemingway d'écrire une nouvelle en six mots. Et de son oeuvre, vertigineuse : A vendre : chaussures bébé, jamais portées.

Fabuleuse contrainte d'écriture - et réponse irréprochable. Relance mon envie, un jour, d'animer des ateliers d'écriture...

28 mai 2008

Parallèles

Dans le courrier d'une amie ce jour, matière à méditation, et un sourire - comme souvent, je constate que nous nous avançons sur des chemins parallèles...

"C'est aussi toucher les limites de ce que je fais pour l'autre et de ce que je fais pour moi, et l'espace que l'on se donne mutuellement, aussi dans l'absence... (...) je ne veux plus donner, en amour ou en amitié, en attendant quelque chose en retour, je ne veux plus donner en espérant que ça va apporter du soulagement, du bien être, du confort, un mieux vivre, et donc un changement. Je veux du partage en paroles, et en actes, et je saurai désormais dire non si ça ne me nourrit pas."

Et, un peu plus loin : "L'instant présent c'est tout." L'instant présent c'est tout - pas plus, pas moins, sagesse bouddhiste, hier n'est plus, demain n'est pas encore - l'instant présent c'est Tout.

21 mai 2008

Sagesse du fou

Les enfants ne sont pas des imbéciles, ils savent très bien d'où viennent les bébés mais ignorent d'où viennent les adultes.

Tomi Ungerer, interview TRA.

Trop la classe

Une pépite du dernier album de Maxime Le Forestier, Restons amants. Textes ciselés, impertinence élégante, mélodies intemporelles - et d'un album à l'autre un univers qui va vers l'épure sans perdre de sa cohérence - ici, un duo avec la belle Emmanuelle (Béart), L'hymne à la soie.

Je suis venue pour te les dire
Dans le plus doux tissu qui soit
Ces choses qu’on garde pour soi
Tant qu’on s’aime encore c’est-à-dire

Que dans ces douceurs honni soit
Qui pense amour ou même désir
Pour toi seulement comme tu respires
Tu gardes tes dessous de soie

Soit tu déchires soit tu t’en vas
Chacun pour soi

Fini le jeu perdue la mise
Oublie ce que tu aperçois
Par la meurtrière de soie
Qui s’ouvre au cœur de la chemise

Et ce regret que je perçois
Je vais le jeter sur des feuilles
Où je t’effleure où je t’effeuille
Sur le papier ça va de soi

Soit tu me cueilles doucement soit
Chacun pour soi

Ecris les vers écris la prose
Les plus jolies pages qui soient
Si tu te plains tu me déçois
Ecris mon prénom si tu l’oses

Je garderai quoi qu’il en soit
Pour toutes mes amours à venir
Transparent comme un souvenir
Caché dans un foulard de soie

Soit du plaisir soit ces mots-là
Chacun pour soi...

15 mai 2008

Bad boys

Elsa : Moi j'adooooore les pirates. Parce que leur métier c'est d'être jolis.

13 mai 2008

Je suis terrible depuis 5 ans

(C'est le T-shirt que nous avons fait faire à Elsa pour son anniversaire).

Elsa veut épouser tout ce(ux) qui lui plaisent. Je lui conseille d'épouser un homme bon. Et aussi un homme m(â)l(e?), me rétorque-t-elle. No comment.

Question du soir : maman, pourquoi il est sacré Charlemagne ? (Ben, parce qu'il a inventé l'école... mais quand même, sur le moment, il y a eu un blanc de parents perplexes.)

Question en voiture : maman c'est quoi les péchés capitaux (Léo) ? Et c'est quoi la luxure ? Euh... on t'expliquera quand tu seras plus grand, mon chéri.

Bubulle est mort. Il est parti au ciel du paradis des poissons, ça c'est la mer ! commente la Za.

12 mai 2008

Retrouver

Le temps. L'autre. Soi. Prendre le temps... de laisser être, de se laisser sentir, d'accueillir ce qui vient, ce qui est. Autant d'instants pleins - parce que dans cet instant, je me trouve là où je suis - je me trouve là où je suis - dans un lieu d'être :

Je dis espace j’entends ce point où le silence se fait en nous
Où nos jardins se font secrets, où nous pouvons entendre
La source oubliée et tranquille sans laquelle nous ne serions pas.
Où sommes-nous ? - nous sommes là où nous nous arrêtons...
Là où nous jetons nos armes, là où nous posons nos masques
Là où nous respirons - en silence.


Dans Paris ensoleillé, balades à vélo ou à pied, expos - deux regards de femmes sur les hommes, Sophie Calle et Camille Claudel - et un regard d'homme sur les femmes - Jonvelle, un shiatsu improvisé sur les pelouses du rond-point des Champs-Elysées, quelques bières fraîches en terrasse (blanches, avec une rondelle de citron), re-découvrir le quartier Saint-Germain. Ce qui ne se laisse pas si facilement saisir avec des mots, c'est l'accordance qui s'instaure à nouveau - sans mots et sans projet, un mouvement naturel... la liberté d'être soi avec l'autre.

Plus tard, des bonheurs simples à retrouver - une flûte de champagne dans le jardin, un hamac sous les cerisiers, les enfants qui improvisent avec le théâtre de marionettes qu'Elsa a reçu pour son cinquième anniversaire, ma belle-maman qui joue Roses de Picardie à la mandoline.

06 mai 2008

Changement

Ce qu'elle redoute aussi c'est la perte de la maîtrise. Elle se demande comment elle va pouvoir se repérer et manoeuvrer dans ce nouvel univers. Mais ce qui est plus grave et qu'elle soupçonne, c'est que le changement ne va pas s'arrêter et qu'elle n'a aucune garantie de la stabilité du système relationnel nouveau qui va être instauré.

Elle a raison :
accepter le changement, c'est accepter qu'il soit permanent, que plus rien ne soit figé, sinon la vie qui a recommencé à proliférer retournera à la pourriture. Bien plus, c'est admettre de ne pas être le centre ; c'est plutôt entrer dans un mouvement qui nous donne une place, laquelle se modifiera sans cesse en fonction du temps, des circonstances et des personnes. Changer, c'est donc peu ou prou se laissser faire par une mobilité sans relâche.

François Roustang, Savoir attendre

03 mai 2008

Liberté

Face à la liberté qui va peut-être s'exercer, le seul respect convenable se traduit dans le renoncement à tout pouvoir. Le pouvoir que le patient m'avait octroyé en espérant par là éviter le risque, je dois le lui rendre et n'en faire aucun usage. Je ne peux pas ne pas souhaiter qu'il fasse le pas, car c'est l'intérêt et la passion de mon métier ; et cependant, je dois me tenir ici à la fois présent et à l'écart, m'installer tranquille dans mon incapacité radicale.

François Roustang, Savoir attendre

01 mai 2008

Tante Pititi

Dans ma famille de cœur – ma famille choisie, il y a désormais une dame de bientôt 70 ans, qui parle net et boit sec, à moins que ce ne soit le contraire, mais qui a gardé intacte sa capacité de jouir de la vie et de s’émerveiller – une dame au grand cœur et au jugement sûr. Une dame qui s’amuse de raconter que sa demeure est une ancienne maison close, accueille les enfants à bras ouverts et s’est offert pour Noël une ravissante dînette en porcelaine dans un panier de pique-nique – pour elle.

Elle vit dans les îles – moitié de l’année dans celle de Saint-Louis, et l’autre à l’Ile de Ré – dans une immense maison ancienne dans laquelle sont venus s’accumuler les héritages successifs d’une famille nombreuse et cosmopolite. Meubles anciens, tapisserie d’époque, profonds canapés de soie fleurie, portraits de famille, piano demi-queue dans l’immense salon aux deux cheminées – et pourtant la vie passe dans ces murs – jouets d’enfants, canard lumineux incongru, un désordre subtil qui évoque plus la brocante que l’antiquaire…

Dans ses paroles – l’attention aux très petites choses, à l’histoire des objets et des êtres qui l’entourent, une tendresse à fleur de peau, une pointe d’humour et de distance, et un je ne sais quoi de résolument ouvert, généreux, politiquement incorrect qui m’a absolument ravie. Il n’y a pas tant d’êtres vivants – et encore moins à cet âge. De ces êtres qui nous mettent en contact avec la vie en nous, ouvrent un chemin : c’est possible.