31 décembre 2009

Special gifts

L'après-midi du 31, un Petit Moment de Bonheur Parfait - ou PMBP (on peut aussi parfois découvrir, dans les recoins les plus inattendus, des Petits Moment de Bonheur Furtifs, ou PMBF) à écouter Dionne Warwick - You walk on by... en préparant un maxi gâteau au chocolat pour la soirée du réveillon. De fil en aiguille - merci Deezer, j'ai retrouvé une perle que je pensais perdue (ceux qui ont vu Shrek 3 se souviendront de l'arrivée chez Merlin - une phrase d'intro et : mais c'est QUOI déjà cette chanson ?).

A ceux de la "garde du coeur" qui passent régulièrement ici, en cette fin d'année j'avais envie d'offrir ceci. Pour l'attention, la présence, la tendresse...

Et aux lecteurs inconnus, cela. En souvenir de la soirée qui a suivi : Petit Moment de Bonheur Jubilatoire. (Aux précédents aussi, qui y reconnaîtront mon goût immodéré pour une certaine forme de chanson française...).Comme quoi, à bien y regarder - le bonheur n'est jamais si loin...

25 décembre 2009

Moment de grâce

...à regarder avec Elsa le ballet de Prejolcaj. Poésie et créativité - le miroir sans tain derrière lequel la marâtre voit évoluer Blanche-Neige, les nains qui dansent en apesanteur (avec des élastiques à la Decouflé) sur les parois de la mine, la sensualité et l'élégance des esprits de la forêt... Double bonheur, à voir Elsa maintenir son attention une heure et demie devant un ballet - elle qui aime tant les histoires racontées, parlées - et devant son décodage subtil du langage de la danse et de la mise en scène, vraiment féérique.

24 décembre 2009

La part du pauvre

Sur la jolie table dressée devant la cheminée, je compte une assiette de plus. La part du pauvre ? Celle de l'absent ? Quoi qu'il en soit, l'idée me plaît. Et j'aime plus encore, que cette place ait été finalement occupée - par le prêtre de la paroisse. Parce que personne d'autre que ma belle-mère au grand coeur n'aurait pensé à lui demander à la sortie de la messe si quelqu'un l'accueillait ce soir-là...

Et puis, ce n'est pas tous les jours que l'on prend un repas de Noël avec un abbé (très) gourmand (le curé des Trois messes basses ?), et rieur - le voir échanger avec Léo des blagues sur la chasse aux éléphants roses aura été un grand moment.

Père Noël

Elsa mène l'enquête. Interroge les adultes. Confronte les réponses. Relis les planches de Pico Bogue sur la question, sans se laisser démonter. Annonce à qui veut l'entendre qu'elle va se cacher ce soir pour vérifier si un gros bonhomme en rouge arrive chargé de paquets. La sentant hésitante, je lui demande : Mais au fond, est-ce que toi tu as envie d'y croire, au Père Noël ? Sa réponse est : Oui. Et ce que je lui ai confirmé - à défaut de l'existence du barbu, c'est bien son droit à avoir envie d'y croire (et mon attention à lui laisser la possibilité de le faire).

PS : A la sortie de la messe de Noël, Léo persifle sur la bedaine du Père Noël. Elsa prend sa défense : Le Père Noël il est PAS gros, c'est une légende !.. (Comprenne qui voudra).

22 décembre 2009

Indémodable










20 décembre 2009

Protection rapprochée

Sur la scène de Grease (cadeau des dix ans de Léo), Frenchie espère l'arrivée d'un ange gardien, qui lui dirait quelle décison prendre et quel chemin choisir. Ca me dirait bien aussi (pour Noël ?). Même moins disco que celui de Frenchie (tombé du ciel en costume argenté et brushing pièce montée). Il paraît que nous en avons tous un. Que le secret serait de ne rien vouloir, mais de simplement se mettre à l'écoute...

Interdit d'interdire

L'école interdit les écharpes (quand il fait - 5°? le jeu du foulard ? en grande section ?). Les fèves dans les galettes des rois. Les jeux de cartes. Les boules de neige. Les glissades dans la cour. Ce serait aussi simple d'interdire les enfants, non ?

15 décembre 2009

Cassé...

Elsa parle de Camille, son amoureux de moyenne section qui a déménagé voilà un an et demi, mais qu'elle n'a pas oublié. - Mais Elsa, tu n'étais pas aussi un peu amoureuse de Ryan, l'année dernière ? - Bah si, mais il a TROP changé, on dirait que son cerveau a rétréci !

14 décembre 2009

Oeil de lynx

Un collègue que je connais très peu me suggère amicalement d'aller me faire plaindre un brin par la hiérarchie, histoire de négocier un peu de temps pour respirer. Il marque un temps, et puis il ajoute : "En même temps, je crois que tu es un peu comme moi non ? Toujours le sourire, tout va très bien ?!".

13 décembre 2009

Pico Bogue


Je ne suis pas très BD ; mais c'est le coup de coeur du mois. Lu d'une traite en librairie, et quand même acheté, c'est un critère !!! Issu de l'imagination d'une maman scénariste et de son fils illustrateur, Pico est un croisement de Calvin et de Mafalda. BD pour tous les grands enfants - à partir de 8-10 ans, mais lire aux plus petits et expliquer certains gags c'est chouette aussi... C'est tendre, bien vu, parfois féroce, et VRAIMENT drôle. Ce n'est pas tous les jours que je m'esclaffe franchement en lisant seule...

12 décembre 2009

Rectificatifs

-"Je suis un chat d'appartement, qui ne trouvera peut-être jamais le courage de quitter son panier, sauf si la vie l'y oblige."
- "Tu es peut-être un chat d'appartement, mais qui grimpe aux rideaux, secoue les coussins du canapé, et ne rêve que de filer par la fenêtre ???"

ET, à propos de mon besoin d'être protégée : "Moi je crois que tu es une grande fille, tout à fait capable de se débrouiller toute seule. Tu n'as PAS besoin d'être protégée ; tu as besoin de chaleur - comme nous tous...".

Ok, ok... et merci.

10 décembre 2009

Sac

01 décembre 2009

Julianna

Elle a dit : "Je crois qu'il commence à découvrir que la relation peut avoir de la valeur en elle-même, et non forcément subordonnée à un éventuel projet, à un éventuel futur". Une autre façon de parler de ce qui reste à mes yeux une des plus belles déclarations d'amour qui soit : "Je suis simplement heureux que tu existes."

27 novembre 2009

Mamie Yoyo

(Suite au post : Parents indignes)
Je n'aurais pas voulu être à la place de Elsa lorsque la dame lui a répondu qu'elle n'avait pas de télé !!!
J'ai eu les larmes aux yeux .......Quelle vieille mamie je fais !

Il y a 40 ans environ, nous regardions la télé en famille et/ou amis, c'était une soirée TELE ! Ce n'était pas encore la société de consommation. Et il y avait une clé pour ouvrir cette télé ! Donc autrefois, la télé était une récompense, une réunion, et non pas une habitude..... C'était très, très bien. Que de bons souvenirs familiaux et amicaux.

Une petite "histoire" entendue hier soir sur la 3, une vraie émission sur l'état de notre planète :
- Un grand-père africain avait besoin, pour travailler, d'un chameau,
- Le père d'une voiture,
- Le fils, de deux voitures,
- Et le petit-fils aura un besoin urgent pour travailler.......d'un chameau.

Mamie Yoyo

26 novembre 2009

Arpèges

Jeudi soir, salle Pleyel. Devant l'Orchestre de Paris - plus de cent musiciens réunis, un très vieil homme entre en scène à petits pas mesurés, et s'asseoit au piano. Le temps d'un concerto, il est transfiguré : énergie, profondeur, subtilité - la musique emplit l'espace, j'observe ses mains qui volent sur le clavier, caressent les touches, dans le reflet du couvercle noir. Puis il se lève - retrouve son âge et sa fragilité - juste avant qu'il ne franchisse la porte des coulisses, je vois le jeune chef prodige (trente ans à peine) accompagner son aîné d'une délicate main posée sur l'épaule...

Lors du rappel, une oeuvre pour piano solo - et l'émotion des autres musciens, perceptible - la salle retient son souffle, et je mesure ce que doit être pour des gens qui ont consacré leur vie à la musique ce privilège : être parmi ceux qui auront joué avec Aldo Ciccolini.

Old friends

Ceux qui nous connaissent le mieux ?
...j'espère (...) que tu continues à marier ton besoin de construction, de conformité avec celui d'aventure et de transgression... toujours avec cette même poésie un peu fleur bleue qui résiste à tout ! Voilà comment on pourrait le dire : tu es comme un très beau coloriage qui dépasse un peu :-)

Copyright : Géraud

Il n'y a pas longtemps, je déplorais auprès de Marion mon indécrottable sentimentalisme. Réponse (avec sourire indulgent et affectueux) : Bah, c'est aussi ce qui fait ta beauté !

25 novembre 2009

Vocabulaire

Depuis quelques temps est instaurée, le dimanche, la minute des gros mots - soixante secondes qui nous permettent d'apprécier la progression du niveau de vocabulaire de nos enfants grâce à leur fréquentation assidue des établissements scolaires. Bon, c'est un rituel que j'approuve modérément pour ma part, mais qui est plébiscité par les autres membres de la famille, alors... (quoi que... me demande ce que le chat en pense...)

Mais ce mercredi, en contrepartie, Elsa a proposé la minute des beaux mots. Délicieuse initiative, n'est-il pas ?

23 novembre 2009

Ego trip

Ce matin dans le métro, mon téléphone sonne et je réponds à un message d'anniversaire. Saisissant à ma réaction le contexte de l'appel, les Parisiens habituellement si stressés et pressés se mettent à me chanter en choeur Happy Birthday... (Ben voyons, et à esquisser une petite choré genre Fame aussi pendant que tu y es... Info ou intox ? Intox, évidemment. Mais j'avoue que l'idée a fait naître au moins un sourire dans la rame... le mien.)

22 novembre 2009

Parents indignes

Dans un charmant restaurant italien, nous déjeunons à côté d'une famille avec deux enfants - un petit garçon et un bébé, avec laquelle nous échangeons quelques mots. Au moment de partir, Elsa tente : Maman, je suis sûre que eux c'est une VRAIE famille. Ah bon, et qu'est-ce qui te fait dire ça ? Eh bien, me répond-elle d'un air malin, je suis sûre que EUX ils ont la télé.

Au coup d'oeil - bobos parisiens déjeunant avec leurs enfants dans le Marais - un peu comme nous, en d'autres termes ;-) - je me dis que j'ai moi aussi un coup à tenter, et pose la question à la maman : Voilà, ma fille vient de me dire qu'elle pense que vous êtes une vraie famille, parce que vous avez certainement la télé. Franc éclat de rire de la maman, et désappointement d'Elsa : non, ils ne l'ont pas non plus...

21 novembre 2009

Choses lues, choses vues

C'est le nom d'une expo originale dans la grande salle de lecture de l'ancienne Bnf - des dizaines de moniteurs vidéos qui montrent des inconnus (ou non) en train de lire de grands textes de la littérature - de l'Antiquité aux contemporains. Ce lieu de silence bruisse donc de nombreuses voix, et l'on y retrouve le plaisir enfantin de la lecture à voix haute, celui de se faire lire une histoire... Un dispositif atypique dans un lieu rare - qui fermera ensuite à nouveau ses portes avant de renaître dans quelques temps en Bibliothèque de l'Histoire de l'Art.

Au même endroit, les tirages poétiques de Michaël Kenna - des petits formats aux lumières étranges et au grain unique - paysages-haïkus d'où se dégagent mystère et silence... Mes préférés furent ses portraits d'arbres ; voici ce qu'il en dit : J'aime connaître intimement un arbre... Je passe un bon moment à en faire le tour, j'essaie de le connaître. En fait c'est comme si je lui parlais. J'essaie d'être respectueux et surtout j'aime revenir vers lui deux ans, cinq ans plus tard, aussi souvent que possible.

Robes de rêve

Depuis des années, je rêve devant les robes de Zélia. A la faveur d'une visite à la BnF historique, je traverse avec mon Elsa rue de Richelieu : viens, je vais te montrer un endroit magique.

La Zaza tire la langue devant les robes de princesse en vitrine, demande à entrer - matières somptueuses, couleurs chatoyantes, accessoires délicats - c'est vrai que c'est irrésistible. Nous avons alors la chance de faire la connaissance de... Zélia elle-même, petite fée rock'n'roll et survoltée, qui nous raconte d'un trait son nouveau projet - mettre le rêve à portée des petites filles, et pas seulement pour le cortège du mariage de la tante Bidule - mais pour qu'elles soient les princesses qu'elles sont vraiment (comme chacun sait).

Ce qu'elle transmet, c'est son énergie - l'énergie de qui est porté par son désir. Et d'évoquer pêle-mêle les petites mains marocaines qui créent des merveilles et la mafia russe, l'univers du luxe (...ou supposé tel) et les arts martiaux... un éventail déployé, vivant, et non dénué d'humour et de recul - aussi haut en couleur que ses robes. (Commentaire d'Elsa : J'ai pas tout compris, ce qu'elle a dit ? :-)))

Et de proposer à Elsa d'essayer juste pour le plaisir une délicieuse robe bustier imprimée de petits chats - une tout comme celles des grandes, avec une large ceinture de soie et de la dentelle noire... et une petite cape de laine tout droit sortie d'un conte de fée.

Quant à moi, j'ai eu un coup de foudre pour celle que la créatrice a dessinée pour les 20 ans de sa fille - une robe bustier courte (roses de velours noir, soie fuschia, laçage dans le dos) - essayée avec les longues bottes de cuir que je portais ce jour-là, et que j'aurai bien complétée d'un Perfecto...

Au retour de l'expo, en passant devant la boutique, Elsa me demande : Maman, on peut encore aller rêver ? Et c'est décidé : plus tard, elle ne veut plus être acrobate-photographe, mais créatrice de robes de rêve.

19 novembre 2009

La bonne distance

...telle que définie par Lévi-Strauss : ...cet idéal moral des peuples autochtones qui régit les meilleurs voisinages, ni trop près parce que se connaissant trop les jeunes gens se battraient, ni trop loin parce que, ne se connaissant plus, les jeunes gens se battraient tout autant.

Me demande si ça ne vaudrait pas aussi pour les couples ?

16 novembre 2009

Valeurs sûres

La médecine du travail m'a trouvé une tension trop basse, mais déclarée apte tout de même ! Je le sens... j'ai le vertige souvent, trop souvent. Le coeur et le hara qui se rappellent à moi tour à tour - contraction - douleur.

Ai traversé le week-end en conjuguant ce qui m'est le plus cher - la tendresse vigilante des proches, la vie avec les enfants (les nuages sont prêts, quoi que pas encore accrochés, et Elsa progresse au Cluedo !), partager avec eux ce qu'il est convenu d'appeler culture et qui m'est bien plus précieux encore - à travers une exposition sur les légendes arthuriennes à la BnF (livres anciens somptueux, Elsa ébahie : des livres écrits et illustrés à la main ?.. et nouveau film-culte à la maison : Sacré Graal !), et un film, ou plutôt un montage de trois petits films d'animation des années 20, Les contes de l'Horloge magique - atypique et poétique.

14 novembre 2009

Pet Shop Girls

Elsa est inquiète - elle est fâchée avec Joséphine (sa meilleure amie depuis la petite section de maternelle) depuis plusieurs jours pour une sombre histoire de Pet Shop (qui ne leur appartenait d'ailleurs pas). Elsa - avec son grand coeur habituel - a fait plusieurs tentatives auprès de Jo, mais petites et grandes s'en sont mêlées, et la situation semble un peu figée.

Devant son inquiétude, je lui propose d'inviter Jo le lendemain - pour qu'elles puissent à nouveau se parler et jouer ensemble. Elsa, soulagée : "Oh oui Maman, j'espère qu'on va se réconcilier, parce qu'on a déjà vécu beaucoup de vies ensemble !".

13 novembre 2009

Quinzaine

Ai le sommeil et la pensée vagabonds. De la dernière quinzaine, quelques idées pour la Care Box surnagent... Partager deux, non trois plaisirs de lecture - La Ferme africaine, dépassant de loin le déjà inoubliable Out of Africa - le regard de Karen Blixen magnifie encore une Afrique déjà mythique, et son observation des humains est un régal...

"J'aurais aimé savoir si cette insouciance achevée était due à une ignorance totale de la méchanceté du monde, ou à une connaissance approfondie de celle-ci et à sa compréhension. Au fond, qu'il n'existe pas de serpents venimeux ou que l'on soit immunisé contre leur venin après des injections sans cesse plus fortes de leur venin, cela revient au même. Ce vieil homme avait un visage de petit enfant qui n'a pas encore appris à parler, que tout intéresse et que rien ne surprend."

Et puis le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates - roman épistolaire qui se lit d'un trait - ce n'est pas un grand livre, mais c'est un vrai bonheur. Dans la même lignée, le dernier Gavalda - L'échappée belle (qui n'a rêvé de faire l'école buissonnière à la perspective d'un mariage assommant ?), qui m'a beaucoup fait rire et même arraché une larme.

Idem pour Away we go - dernier film de Sam Mendes (Lalie, l'as-tu vu ?) - parfait antidote à la Dolce Vita - même en version remastérisée j'en suis sortie avec la nausée - alors que le Mendes réconcilie avec l'humanité - foutraque, bancale, mais plutôt portée à faire de son mieux - dans l'ensemble.

A part ça ? Les enfants ont une chambre refaite de neuf. Parquet clair et murs blancs, à l'exception d'un mur tapissé de ciel qui sera prochainement redécoré suite à un projet d'atelier "Nuages" à la maison. Une idée d'Elsa, pour une fois approuvée par Léo !

A part ça ? Deux guerriers épuisés ont déposé les armes. Reste à savoir comment transformer la trêve en élan - sans y perdre ce qui a émergé - si douloureusement - de nos singularités... (J'aime beaucoup ce mot - singularité, qui m'évoque irrésistiblement, insularité - et donc les îles - étendues autonomes, battues par les vents et les flots, mais souvent si belles...)

10 novembre 2009

La mamma et la putain

Ce mardi après-midi, dans la banlieue nord : sur la ligne du RER déjà, du béton à perte de vue, une gare sale, ouverte à tous les vents, mal pensée au possible - et tant pis pour les personnes lourdement chargées, les femmes avec des poussettes, ou ceux qui doivent déjà s'y rendre en voiture avant de prendre encore un train pour Paris.

Dans l'espace public, pas une seule femme ; dans le troquet sinistre à la sortie de la gare, je suis la seule - et la seule Blanche. Malaise... Ah si, en voici quelques-unes, tirant leurs chariots dans les allées du marché tout proche. Derrière les femmes voilées, sans silhouette et sans âge, un stand de lingerie pornographique (je ne vois pas d'autre mot ?) digne des plus sordides sex-shops.

Leur attirail, caricatural, me ferait sourire, si mes consultations ne m'avaient mise si souvent en contact avec les drames de ce monde où la femme ne peut être que mère ou putain (ou pire) - mais dans tous les cas, inexistante en tant que sujet.

01 novembre 2009

Faire l'arbre


J'l'ai fait ! Aux Buttes-Chaumont. Et ça fait exactement cet effet-là : les racines s'enfoncent dans la terre, et les branches s'élèvent jusqu'au ciel... La sensation ? Celle qu'on ressent dans les rêves où l'on vole.

La phrase du week-end ? Il vaut mieux être allumé qu'éteint.

31 octobre 2009

Cristallin

Dans le jardin le long des quais d’Austerlitz, en passant sous un pont, une voix étrange et superbe – un chant pénétrant – musique médiévale, probablement un chant religieux – et dans un premier temps, impossible d’identifier la provenance du son. Jusqu’à apercevoir, dans un renfoncement, un étrange petit homme à tête de faune – l’air tout droit sorti du Songe d’une nuit d’été. Probablement haute-contre – il précisera ensuite, falsetti, ce qui désigne l’extraordinaire amplitude de sa tessiture.

Il ne fait pas la manche, il n’arrête pas les passants – il ne répète pas non plus, puisque pas une fois je ne l’entendrai revenir sur un phrasé ou une note. Puisqu’il se veut invisible, je m’installe à mon tour discrètement juste à la sortie du pont, sous le charme. Le son roule, tourne, m’apaise… un bon quart d’heure plus tard, je sors de mon rêve éveillé, comme nettoyée de l’intérieur, et reprends ma promenade.

Au retour il est toujours là, et je vais à sa rencontre… Ce qu’il chantait tout à l’heure ? Après des chants du XIIIème siècle, des chants bien plus anciens encore, chants de guérison dont j’ai en effet ressenti la bienfaisante vibration.

Il est gai, malicieux presque – à la fois extraordinairement cultivé et technique, et joueur. Il ne vit pas de son art, mais accepte de chanter pour d’autres – anniversaires, inaugurations, funérailles – moins c’est classique et plus il s’amuse, raconte un vernissage dans lequel il était lui-même… peint, et chantant en ventriloquie – son amusement devant les invités incapables de trouver la provenance du chant.

Dans son discours, pêle-mêle, la musique, l’ésotérisme, les passerelles entre musique et architecture, la note de tel ou tel ou tel bâtiment ou de tel ou tel être, une réflexion cadeau sur nos auras – mais chut, dit-il, je n’en dis pas plus : la suite sera pour la prochaine rencontre…. – une allusion aux recherches d’Emoto sur les effets du son sur l’eau, le sable, nos cellules, un prénom – polonais – prédestiné : Karol...

Une carte de visite ? Il n’en a pas. La prochaine rencontre ? Quand elle se fera. Quand les conditions météo le permettent, il se produit parfois le vendredi soir dans la Cour Carrée du Louvre, sur un répertoire plus baroque – il y a ses aficionados paraît-il – je le crois volontiers…

30 octobre 2009

Ai retrouvé mes 17 ans

...dans la voix de Sinead O'Connor ;-)

26 octobre 2009

All that you have

Oh my mama told me
Cause she say she learned the hard way
Say she wanna spare the children
She say don’t give or sell your soul away
Cause all that you have is your soul (...)

I was a pretty young girl once
I had dreams I had high hopes
I married a man he stole my heart away
He gave his love but what a high price I paid
And all that you have is your soul

Why was I such a young fool
Thought I’d make history
Making babies was the best I could do
Thought I’d made something that could be mine forever
Found out the hard way one can't possess another
And all that you have is your soul (...)

Here I am waiting for a better day
A second chance
A little luck to come my way
A hope to dream a hope that I can sleep again
And wake in the world with a clear conscience
And clean hands
Cause all that you have is your soul

Tracy Chapman

22 octobre 2009

Petit grand sage

- Dis Maman, tu crois que je vais avoir les cadeaux que je veux pour mon anniversaire ?
- Je ne sais pas, je ne sais pas ce que tu aimerais comme cadeaux ?
- Bah, moi non plus...
- Mais alors, comment tu vas savoir si ce sont ceux que tu voulais ?
- Ben comme ça, ce sera ceux-là !

19 octobre 2009

Grand-mère l'a dit

Delphine se balade, Titouan vient de s'endormir, Antonin veut une histoire, la première qui me tombe sous la main : "Anatole en est certain, les grands aussi ont des doudous. Mais ils ne veulent pas le dire, c'est tout."

Changez tout

Je veux aller où l'air est plus doux,
Où la colombe vole en-dessous,
Où le printemps entre un jour comme un fou,
Vous saisit au revers,
Au détour d'un chemin vert
Et vous dit : Ca va pas comme ça.

Changez tout, changez tout.
Vot'monde ne tient pas debout.
Changez tout, changez tout, changez tout.

Je veux aller dans l'après-midi
D'un jour où rien n'est interdit,
Où le bonheur, sans faire de comédie,
Vous salue sans manières
Et vous parle à cœur ouvert
Et vous dit Qu'est-c'que t'as bien fait
D'changer tout, changer tout,
Pour une vie qui vaille le coup.
Changez tout, changez tout, changez tout.

Michel Jonasz

Neruda

Il meurt lentement
Celui qui ne voyage pas,
Celui qui ne lit pas,
Celui qui n’écoute pas de musique,
Celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux.

Il meurt lentement
Celui qui détruit son amour-propre,
Celui qui ne se laisse jamais aider.

Il meurt lentement
Celui qui devient esclave de l'habitude
Refaisant tous les jours les mêmes chemins,
Celui qui ne change jamais de repères,
Ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu.

Il meurt lentement
Celui qui évite la passion et son tourbillon d'émotions
Celles qui redonnent la lumière dans les yeux
Et réparent les coeurs blessés

Il meurt lentement
Celui qui ne change pas de cap
Lorsqu'il est malheureux au travail ou en amour,
Celui qui ne prend pas de risques
Pour réaliser ses rêves,
Celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
N'a fui les conseils sensés.

Vis maintenant !
Risque-toi aujourd'hui !
Agis tout de suite!
Ne te laisse pas mourir lentement !
Ne te prive pas d'être heureux !

Pablo Neruda

18 octobre 2009

Attention fragile

Quand Léo est rentré de chez ses grands-parents ce soir, il a dit, la maison paraît vide. Ce que j'ai d'abord pris au pied de la lettre - j'ai profité du week-end pour ranger toutes les pièces. Avant de saisir que peut-être, il fallait l'entendre d'une autre façon...

Avons fait des crêpes, préparé tous les trois des petites décos pour ses 10 ans vendredi, relu ce soir le délicieux Livre des grands contraires philosophiques, pages raison et passion, liberté et nécessité. La vie est presque comme d'habitude, sauf qu'elle n'est pas, comme d'habitude...

Mais ces moments d'échange autour d'un livre au calme sur leur lit le soir restent un instant privilégié pour leurs questions de tous ordres (et Dieu sait qu'il y en a en ce moment), et un grand, grand bonheur.

PS

...au post Colères. Ce gamin que j'avais fait mettre à l'abri (avec un dossier accablant monté avec l'infirmière et l'assistante sociale) - a été rendu par le service concerné au père, qui a montré patte blanche, fait amende honorable, demandé de l'aide, mea culpa, promesse de suivi familial, etc. Bilan de l'opération ? Depuis, il a disparu. Le collège n'a pas de nouvelles, l'association qui était supposée le suivre non plus. Il peut être au pays, à l'hôpital, séquestré chez lui - tout est possible. Certes, le juge des enfants est maintenant sur le coup. Mais s'il est en Algérie... PUTAIN MAIS COMMENT C'EST POSSIBLE QU'ILS L'AIENT LAISSE PARTIR ??? Ce gamin qui m'avait dit, en observant le ventre arrondi de notre assistante sociale, "Ce bébé, j'espère qu'il n'aura pas la même vie que moi..."

16 octobre 2009

Choc des cultures

Il a treize ans, sweat à capuche, acné de rigueur et grosses baskets. Son horizon culturel ? Le rap, les magazines de foot et, probablement, les pornos sur internet, même s'il ne s'en vante pas. Il trouve les profs trop nazes, et affirme qu'ils n'enseignent que ce qu'ils aiment.

A l'entendre énumérer (non sans humour d'ailleurs) ce qu'il travaille en cinquième, je me le demande ; mais surtout, je mesure l'ampleur du décalage et le choc des cultures : sa prof de français se propose de lui faire étudier La farce de maître Pathelin, en musique il fait de la... flûte à bec, le prof d'anglais se contente de repasser les vieilles bandes magnétiques que son grand frère a connues dix ans avant lui - et tout le reste est à l'avenant. Je ne dis pas que j'approuve son désinvestissement scolaire ; mais je peux le comprendre.

De toute façon, il s'en fout - livré à lui-même, il ne se couche pas avant deux heures du matin, et donc, en classe - il dort...

15 octobre 2009

My Favourite Things

Suite à ma recherche pour le post "So cute", j'ai aussi trouvé ce qui suit (so Care Box !) :

Raindrops on roses and whiskers on kittens
Bright copper kettles and warm woolen mittens
Brown paper packages tied up with strings
These are a few of my favorite things

Cream colored ponies and crisp apple struedels
Doorbells and sleigh bells and schnitzel with noodles
Wild geese that fly with the moon on their wings
These are a few of my favorite things

Girls in white dresses with blue satin sashes
Snowflakes that stay on my nose and eyelashes
Silver white winters that melt into springs
These are a few of my favorite things

When the dog bites
When the bee stings
When I'm feeling sad
I simply remember my favorite things
And then I don't feel so bad

12 octobre 2009

Premiers recours

La Care Box s'agite, la Lu se calme. (J'avais écrit, se clame... c'est une idée oui - me dire, m'affirmer.) J'avais envie d'un billet-tribut à ce qui est recours depuis toujours - j'ai parlé des livres il y a peu, mais, également transmise par ma maman, une gratitude pour les créateurs de tous ordres, qui inspirent, éclairent, nourrissent.

Pour le beau portrait de femme de Non ma fille, tu n'iras pas danser. Pour la loufoquerie intacte du Quatuor, ex-Violons Dingues. Pour la radicalité du Prophète. Pour la mélancolie poétique, la drôlerie cruelle de Mary and Max - touchée au coeur par cette déclaration d'amour à la fragilité humaine, et au lien. Pour la voix de Maurane au service des textes de Nougaro - autre magnifique histoire d'amitié, et de filiation artistique.

Pour le bonheur de transmettre à mon tour - ce week-end, les enfants ont découvert l'euphorisant Chantons sous la pluie - en VO, ce qui n'était pas un choix mais la magie de la danse et des couleurs a emporté leur adhésion. Et su apprécier, pour le plus grand bonheur de leur maman, un spectacle sur Prévert d'abord pas si facile, une scénographie originale dans laquelle le public se déplace au coeur d'un labyrinthe vaguement inquiétant mais aux belles trouvailles lumineuses (théâtre d'ombres, praxinoscope, jeux de miroirs).

11 octobre 2009

Mettre à la cape

Lorsque la tempête est telle qu'il n'est plus envisageable, à ce moment-là, de choisir et encore moins de maintenir un cap, il reste la possibilité de mettre à la cape : réduire la voilure au maximum, mettre grand-voile et foc à contre, de façon à ce que le bateau ne gîte plus, mais reste au contraire aussi stable que possible. Afin déjà de ne pas sombrer, puis de garder la liberté de mouvement nécessaire - la dérive induite crée au vent un remous protecteur contre les vagues déferlantes, dit Wikipedia... Enfin - rester à la barre.

08 octobre 2009

Tilt !

Les enfants qui rejettent avec force la vie de leurs parents ont peur de vivre ce que ces derniers ont vécu. De le revivre, parce qu’ils l’ont déjà vécu (…). La peur de revivre ce que le père et la mère ont vécu est viscérale, elle n’obéit ni à la logique ni à la raison. Retrouver confiance dans une relation unique demande à retrouver en soi une qualité d’union du père et de la mère qui n’a jamais existé. A réconcilier le père et la mère (…)

Comme pour ceux qui ont souffert d’une absence, l’autre ne peut être qu’absent. « Quand j’ai besoin de lui, il n’est jamais là. Mon père non plus n’était jamais là. » Il est des besoins dont la réponse se fait attendre depuis si longtemps qu’ils ne peuvent plus se dire, même se penser. L’autre a été et continue à être absent, dans sa présence, dans son écoute, dans son attention à l’autre (…)

Catherine Bensaïd, Jean-Yves Leloup, Qui aime quand je t’aime ?

So cute

Rentrer de concert et trouver la baby-sitter scotchée devant La mélodie du Bonheur (film-culte à la maison), baby-sitter qui demande à rester encore un peu, "parce que c'est sa séquence préférée" (celle dans laquelle les soeurs s'interrogent sur ce qu'il convient de faire de l'ingouvernable Maria : Oh, how do you solve a problem like Maria? How do you hold a moonbeam in your hand?), ça n'est pas adorable ça?

07 octobre 2009

Les idées floues

J’aimais mieux avant
Quand pour mes beaux yeux
Tu perdais tout ton temps
Quand tout simplement
Je t’allais comme un gant
A l’étroit à présent
Dans ton regard mon ange
Quand au fond je sens
Qu’si t’avais du cran
Tu t’en irais vlan
De larmes de fond en boniments
Comment peux-tu ficher le camp
On valait quand même autre chose

(Refrain 1) Quel fichu sentiment
Ces idées floues
On méritait mieux quand même
Je sais tu t’en fous
C’est un brouillon
Des trémolos qui valent au mieux
Quelques clous

J’aimais bien avant
M’allonger sur tes ailes
Pour passer le temps
C’était plus facile
C’était différent
Non pas de solo maintenant
Tâchons encore d’être élégants
On valait quand même autre chose

(Refrain 2) Ces idées floues
Y a comme un serment qui gêne
Je sais tu t’en fous
C’est un soupir un frisson qui ne vaut pas
Ces trois francs six sous

T’en vas pas maintenant
Raccrocher les gants
De dérapage en boniments
Tâchons de redresser avant
Que ça n’ressemble plus à grand-chose…

Enzo Enzo

Ca vaut d'être écouté, c'est

06 octobre 2009

Mots du mois

Un câlin entre adultes désorientés dans la cuisine. Léo se glisse derrière moi : "Moi, je me mets dans la chaîne calinentaire", rigole-t-il !

Elsa cherche son pantalon : "- Où étais-tu quand tu l'as enlevé hier ? - Attends, je retourne dans le passé en arrière... Bingo !"

Papi va étendre la dernière machine de linge pendant que Elsa essaie de "grimper" sur le gros tracteur vert qui se trouve sur la terrasse. Papi appelle Elsa : "Elsa, veux-tu me donner un coup de main" ? Elsa lui répond : "Non, merci, je me donne déjà un coup de main pour monter sur le tracteur" !!!

05 octobre 2009

Colères

...contre les médecins qui s'arrogent le droit de choisir la contraception de leurs patientes, et les histoires tragiques qui en découlent : 20 ans, une IVG tardive, une grossesse extra-utérine, une IMG, un bébé de 7 mois, et une nouvelle grossesse, non désirée... Elle avait réclamé un stérilet pourtant, bien consciente que la pilule n'était pas adaptée à son mode de vie (et à ses démêlés internes avec la maternité, mais ça, c'est une autre histoire...). Mais Mademoiselle, vous êtes trop jeune pour le stérilet, et puis, il y a des risques d'infection (ce qui est médicalement inexact), la pilule, c'est très bien...

...contre le médecin qui accueille comme un chien dans un jeu de quilles une jeune femme enceinte de trois mois, sans papiers, qui vient se faire prescrire les premiers examens, et s'en débarrasse en l'adressant sans même un coup de fil préalable vers... une structure privée qui ne la prendra pas, puisqu'elle est sans papiers, et que les femmes qui veulent accoucher chez eux doivent s'incrire dès le retard de règles...

...contre la loi française, qui ne permet pas de mettre immédiatement à l'abri un mineur qui vient déclarer qu'il est gravement maltraité depuis des années, détails sordides à l'appui - du genre de ceux qu'on n'invente pas - s'il ne porte pas de marques de coups précisément ce jour-là...

...contre le médecin scolaire du collège précédent dudit mineur, qui lui avait constaté, mais s'est contenté de convoquer le père (que pensez-vous qu'il arriva ?).

Des colères, oui, et de menues joies aussi, quand il est possible d'enrayer la machine, de rattraper le coup, de proposer un autre accueil - quand la personne le permet encore...

27 septembre 2009

Au coeur

Dans les turbulences du moment, ce qui est inscrit dans les lignes de Winckler (voir post précédent) est un fil rouge. L’espace où je me sens être, où je me sens être ce que je suis, une petite grande dame, grande dame en devenir, j’espère. Oh bien sûr pas toujours, et avec une grande humilité, et beaucoup d’incertitudes. Mais de rencontre en rencontre, c’est une constante : c’est la place où je souhaite être, celle où je peux être ce que je suis de meilleur.

Dans les consultations, dans l’espace d’écoute en collège aussi. Ce vendredi, deux enfants encore, trop tôt adultes... Un qui aura su mettre des mots sur sa réaction violente face à un éducateur de l’établissement, reparti apaisé (si on avait exigé de voir ma mère sur-le-champ, alors qu'elle est alitée depuis plusieurs semaines et encore en attente d'un diagnostic - comment aurais-je réagi ?).

Un autre, première entrevue, déjà catalogué futur irrécupérable, qui a pu énoncer son besoin d’être regardé autrement, son souhait de faire de sa vie autre chose que son frère tout juste majeur, plus ou moins squatteur, plus ou moins dealer, déjà abonné aux gardes à vue, maintenant à l’âge d’une véritable incarcération. Conscient de tout ce qui l’entraîne sur ce chemin, mais pas encore désespéré – peut-être encore en capacité de reprendre la barre… Un gamin sensible, pas bête, qui peut peut-être encore ne pas devenir Un prophète de notre temps...

Me suis fait remonter les bretelles, les jours passés : ce que tu es vraiment est là – cesse de te battre pour tes amours d’enfance, pour tes peines d’enfance – quand tu es dans cet espace c’est là que tu donnes ta pleine mesure…

Et aussi, quand je larmoyais sur les dites peines d’enfance (et ma terreur de les voir se rejouer), sur le mode, s’il n’y avait pas eu tout ça j’en serais pas là, une affectueuse engueulade : et ALORS ? Tu crois vraiment que tu as à te plaindre, de là où tu en es ? De la personne que tu es devenue, aussi à travers tout cela ? Ouais. OK.

26 septembre 2009

Livres-ressources

Comme toujours – les livres comme compagnons de route – livres qui réchauffent, accompagnent, prennent par la main…

La mariée mise à nu, Nikki Gemmel. En poche, ce qui ne gâte rien ! Un journal de femme, 35 ans, mariée, avec encore tant de choses à découvrir de sa féminité, de sa sexualité… Deux années du journal d’une femme qui se découvre, se révèle, s’invente, trébuche et se relève. Un bouquin bouleversant, drôle, cru, érotique, dérangeant – un livre qui dit souvent tout haut ce que nous pensons tout bas, mais ne dirions jamais au grand jamais à haute voix. Un livre à offrir à ses amies, à ses sœurs, à toutes les autres femmes. Et aux hommes aussi, pour qu’ils apprennent, pour qu’ils comprennent…

Et Le chœur des femmes, de Martin Winckler. Bien sûr, j’y suis comme chez moi : la contraception, l’IVG, les relations amoureuses, ces consultations à mains nues et à cœur ouvert, où l’on reçoit si souvent autant que l’on donne – c’est mon quotidien, mon (extra)ordinaire professionnel. Mais au-delà de cela, c’est aussi un livre à mettre entre toutes les mains – celles des engagés des Plannings Familiaux et des services d’obstétrique, celle de tous les internes en médecine avant qu’il ne soit trop tard, celles des femmes pour qu’elles puissent s’y reposer, celles des hommes pour qu’ils sachent – celles des thérapeutes et futurs thérapeutes aussi… Quelques perles :

Quand on pose des questions, on n’obtient que des réponses.

Elles savent toujours de quoi elles souffrent.

Le soignant, c’est celui à qui le patient prend la main.

Tu ne sauveras peut-être jamais personne. Mais tu peux soulager et soigner presque tout le monde. Choisis.

Tout le monde ment. Les patients mentent pour se protéger. Les médecins mentent pour garder le pouvoir.

Qui soignes-tu en cet instant ? Eux, ou toi ?

Le docteur est pressé. Le soignant est patient.

Partage ce que tu sais. Elles te le rendront au centuple.

Oublie le secret, souviens-toi du chagrin.

Ce qu’une femme ressent est plus important que ce que tu sais. Et ce que tu crois compte beaucoup moins que ce qu’elle ne dit pas.

23 septembre 2009

Questions

Décidément cette Care Box, qui se voulait élégante et légère, qui privilégiait la pudeur, est quelque peu à la dérive - comme la plume qui l'encre (l'ancre ?). Si elle devient un joli moyen de dire - sans grandes conversations pour le moment douloureuses, vacillantes - après tout pourquoi pas...

C'est le mot du moment - pourquoi pas. Quand l'éventail des possibles est à ce point déployé, il y a une certaine légèreté à laisser aller, ne rien exclure. Et une redoutable exigence, à maintenir ouvert, garder la possibilité de se laisser surprendre.

Que dire ?

Merci... pour les messages on ou off, l'amitié vigilante. Pour les gestes anonymes aussi - un cafetier qui, désemparé par mes larmes sur le trottoir et à court de mots, est venu me tendre un verre d'eau, une préparatrice en pharmacie qui, à son conseil sur un contour des yeux, a ajouté spontanément, "Moi, vous savez, mon remède c'est la crème glacée... n'importe quel parfum, mais j'aime bien pistache."

Que dire encore ?

Je ne sais pas. S'il faut se battre ou renoncer. S'il faut laisser couler - dans le sens d'une acceptation, ou dans celui d'une philosophie : cela aussi passera, la patience suffit. Ce qui est juste. Si la vie propose un changement - ni de quel changement il s'agit. Ce qui est possible. Ce qui est souhaitable. Pris dans la déferlante, comment savoir ce qui appartient à la peur et ce qui appartient à l'amour, ce qui appartient à la tête, ce qui appartient au corps et ce qui appartient au coeur ?

22 septembre 2009

Pleure pas

Pleure pas
L'amour s'en va
Mais tu le savais déjà
C'est mieux d'être seule
Que de se mentir à deux
Quand tout se désagrège,
Quand l'amour se défait,
Quand l'habitude est un piège
Où l'on s'est enfermé
Laisse aller ma chérie,
Laisse aller, viens
On ira Rue de Vam chercher pour toi
Ces boucles d'oreilles en cristal, comme tu aimais autrefois.
J'ai vu ce matin qu'il est sorti chez Moussia
Ce livre d'Eluard que tu attendais, je crois.
Pleure plus, c'est bien d'être venues
Dans ce parc Montsouris
Où tu jouais, lorsque tu étais enfant.
C'est fou comme Paris est séduisant, aujourd'hui
Viens, asseyons-nous près du kiosque à roudoudou
Tu sais, quand le désir
N'est plus le désir,
Quand, dans un regard,
On ne se reconnaît plus,
Si tu ne tremblais plus
Quand tu l'entendais venir,
Si tu ne savais plus
Le rejoindre partout, n'importe où,
Laisse aller ma chérie, laisse aller
Allez viens, ma petite fille, viens
Allons rue de Vam te chercher ces boucles en cristal
On rentrera par la rue du petit lézard gris.
Regarde comme Paris est superbe aujourd'hui
Allez, pleure plus, ma chérie
Pleure plus, mon enfant
Pleure plus, pleure plus, ma chérie...

Barbara

13 septembre 2009

Lunambule

Sur le fil, entre l’angoisse qui s’infiltre, s’agrippe (mais n’est pas de l’amour, mais une marée noire, qui englue et noie, moi, toi, et le lien, et le temps) - et – les élans d’amour vrai, qui se heurte à la crainte d’embarrasser, à la peur de n’être pas reçu, s’élance quand même, se réjouit quand il est accueilli, partagé, s’étonne de pouvoir (parfois !) rester tranquille quand il ne peut pas l’être (et c’est un bel apprentissage).

Sur le fil, entre les moments de déchirure, de fermeture, d’incompréhension, de découragement, de dés-espoir, et des instants de grâce – une qualité de relation, d’intimité, d’intelligence réciproque, de rencontre auparavant jamais touchée. Il y a du bonheur là-dedans ! Un bonheur inédit, vivant, joyeux, aux possibilités créatives infinies – et que je n’échangerais certes pas pour le statu quo d’il y a quelques années… ah ça non ! Un bonheur où la femme et l’homme que nous sommes peuvent enfin se reconnaître, se re-connaître… J’aime l’homme que tu es, que tu es devenu, que tu deviens – ou que tu as toujours été mais qui aujourd’hui apparaît, s’incarne, rayonne. Et il en est de même pour moi.

Sur le fil, entre des blessures d’enfance, des blessures de femme qui s’entremêlent – et – une légèreté qui touche parfois à l’insouciance – pourquoi me soucier de ce sur quoi je n’ai pas prise (mais jusqu’où, ai-je cependant la possibilité et le devoir d’agir ?), une gravité dansante, vivante : le cœur serré mais ouvert

Sur le fil des questions de tout lien inscrit, construit dans une durée : faut-il tolérer ou bien affirmer ? faut-il dire la vérité ou bien se taire pour épargner, pour protéger ? faut-il laisser échapper ou persévérer ? ces autres rencontres à laquelle la vie nous amène, faut-il savoir y renoncer (et quel serait le moment juste alors) ou simplement les accueillir – puisqu’elles sont ce qui est, à ce jour (« J’honore chaque lien d’amour… », disait Nadia) - même si c’est difficile – et au risque de s’y perdre (dans toute l’ambiguïté du terme) ?

Sur le fil, entre l’envie par moments de reprendre la main de la seule manière qui serait – briser avant de voir, peut-être, (se) briser – et la confiance – quels que soient le temps, la forme, notre lien est unique, est premier ; ce n’est pas l’amour qui est mis à l’épreuve, mais la patience du cœur à accompagner une évolution, un chemin de transformation que j’ai parcouru moi-même, que je respecte fondamentalement chez toi

Sur le fil, mais dans la main d’une vie qui donne sans compter : dans cette traversée, et quelle qu’en soit l’issue, je ne suis pas seule. L’amour, l’amitié, le soin attentif veillent, là où je les attendais, et aussi là où je ne les attendais pas… et je sais pouvoir compter sur mes propres forces.

Sur la piste d’un secret qui délivre – que je devine mais auquel je ne me sens pas encore la force d’oser le OUI : ce oui inconditionnel qui embrasserait d’un même geste la possibilité d’une séparation et celle d’un nouveau départ, hors de l’exigence d’un quelconque délai. Un oui qui se libérerait de la peur – cette peur qui retient les possibles, enraye le mouvement de la vie, marchande, corrompt même ce que je désire le plus profondément… Un oui de confiance : oui à l’espace des possibles ouverts par une éventuelle séparation, oui à la liberté de nous choisir à nouveau, dans une nouvelle profondeur et avec toute la créativité et l’amour dont nous sommes capables…

A ce jour – je sens combien pour moi ce oui reste conditionnel, effrayé, douloureux. Un oui qui aurait encore drôlement une tête de non ! Mais je suis sur le chemin.

28 août 2009

Deux fils entrelacés

Le temps d’un stage, deux fils entrelacés – celui d’un espace de lumière et de paix, celui d’une douleur déchirante…

Des retrouvailles avec la part spirituelle en moi – fil d’or qui se dérobe parfois, refait surface, disparaît à nouveau, mais ne s’est jamais perdu tout à fait.

La nécessité de tolérer l’ambiguïté, les moments où l’on est ou bien se croit perdu – de la nécessité de la crise pour toute croissance.

« Nous sommes des bêtes de norme. »

Trop en trop peu de temps. Trop tôt. Trop vite. Trop tôt même pour savoir où exactement je suis atteinte.

Une demande, dans toute l’ambiguïté là aussi du terme : je souhaite que tu honores la femme en moi.

Comme un accouchement : entre la violence des contractions, des espaces de joie profonde, inespérée.

Si le couple se fonde dans l’amour, le projet, la sexualité – que nous reste-t-il, qui ne soit pas blessé ?

Laisse Marine être Marine - laisse l’instant présent être l’inconnu.

L’amour ce n’est pas, ne peut pas être dans l’effort, qui sépare de l’amour au contraire… ce n’est pas non plus la « récompense » de nos stratégies pour être aimé.

Retrouver la première enfance : celle qui est pur cœur, accueille ce qui est, sans projections ni anticipations – celle qui est traversée toute entière par les larmes ou la colère, et l’instant d’après jubile.

L’autre n’est jamais le responsable de ma souffrance – c’est toujours MA prison – l’autre est juste une chance éventuelle de m’en sortir enfin, de m’en sortir moi-même…

Générer cet amour en moi et l’agrandir – ce qui ouvre l’amour en l’autre – et l’accueillir – car pour recevoir aussi il faut une terre fertile..

Méditation : l’amour est en moi (inspir) / je suis dans l’amour (expir). Quelques secondes – le temps d’un sourire, plus de distinction, plus de limites, une unité… Le sourire vient quand c’est juste – la joie comme guide.

La vigilance à nos interprétations – cf. Ne fais pas de suppositions… Autant que possible, ne rester qu’avec ma roue.

Une goutte d’eau qui se croirait séparée de l’océan…

Une question (et une seule) au seuil de la mort : est-ce que j’ai aimé ?

Rien à faire. Rien à forcer. Rien vouloir. Et tout se fait tout seul.

Sortir de la plainte, pour s’orienter vers l’action juste ou la demande.

Donner toujours un petit peu plus que ce que tu reçois.

Nos mots nous créent. Passer déjà de, je suis comme cela à, je suis souvent comme cela à, je suis de moins en moins comme cela. And so on.

L’amour est entre nous ce qui grandit et nous grandit (Yvan Amar). Si différent de la satisfaction de mes ou de tes besoins… Accéder à cet espace d’amour est toujours un chemin de solitude – un chemin exigeant : il s’agit de trouver cet amour en MOI – ce choix est toujours possible.

...vous êtes cette personne qui s'est toujours relevée - a continué d'avancer...

Exercice : laisser être la tristesse, l'accueillir - sans s'y noyer. Discipline... Respirer. Accueillir. Traverser.

Une voie possible : honorer chaque lien d'amour. Une prière : puissé-je demeurer dans cette énergie d'amour.

Pas forcer pas anticiper pas vouloir... Demeurer à la fois dans l'incertitude absolue et dans la paix. Putain d'exercice !

"Tu montes la plus haute marche de ta vie, tu te sépares du cocon pour aller vers l'expansion de l'existence".

Nous sommes des "manquovores"... Il n'y a plus de manque ? Vite un manque ! A remplir par un geste compulsif, un semblant de satisfaction éphémère... trop obnubilés par le manque, nous passons à côté des bénédictions dans notre vie. S'exercer à la gratitude, à la re-connaissance (voir l'histoire des traces de pas).

A reconnaître que la vie veille - et ce stage-là, dans ce moment-là, en est l'évidence : au moment de la plus grande douleur, un espace de présence et de compassion.

Gratitudes : découvrir la puissance de la méditation, et sa vérité : il n'y a qu'à laisser être : let it be. Les émotions traversantes, les pensées parasites, les instants de paix profonde, et les élans de joie : let it be. La confiance : si je peux trouver des instants de grâce dans un moment pareil, alors c'est que faire le choix de l'ouverture du coeur est toujours possible. Et quand je n'y arrive pas, ne pas me juger pour cela, mais persévérer : un coeur faillible mais patient.

21 août 2009

Pious holidays

En direct des mails-addicts grands-mères :

"Elsa est calme, sait s'amuser dans la cour, s'occuper des fleurs, faire de longues promenades à vélo. (Jusqu'au Château de la Ville au Bois !). Des amis sont venus avec leurs petits-enfants et tous les trois ont été sages et intéressants pendant toute la soirée. Un autre soir, Elsa aime que l'on fasse du barbecue, et ensuite danse, un très bon moment ! Elle a fait six tours de manège, un manège ancien installé à Reims.

Pendant qu'il faisait très chaud, il a bien fallu que je me mette aux jeux de société dont Elsa est la grande spécialiste !

Une superbe perle de Elsa : "Monter sur un vélo, c'est pareil que monter sur un cheval, sauf qu'il n'a pas de pédales !!

Une autre : "Papi, gonfle mes pneus car ils sont moelleux" !!

Et une autre : "Ici, partout, ça sent l'air des vaches" !
Je me souviens d'une conversation avec Elsa :
Je lui demande : Comment fais-tu pour avoir autant d'idées et de les créer ?
Elsa me répond : "Déjà, tu réfléchis, et après, c'est comme si, il y avait, un mode d'emploi dans ma tête !!!

Un autre moment percutant :

C'est la fête à Artonges et Elsa me demande une "barbe à papa" que j'achète avec plaisir.
Sur la place du village, il y a là, une superbe "mare aux canards" ! Elsa me demande : "Mamie, une seule partie ? OK, Elsa.
Le jeune homme de service lui tend une ligne et me dit : 5 euros SVP !
Je dis doucement à Elsa : c'est cher pour une partie ! Et Elsa me répond sur un petit ton sec et pointu : "Oh ! 5 euros, ce n'est quand même pas du délire !!!"

"C'était VRAIMENT très beau à toutes heures ... Et Léo s'est régalé de tout, il n'y a que ses cours de tennis que je n'ai pu photographier, étant moi-même occupée dans ce créneau. Il a adoré l'équitation dans ce cadre superbe, l'accrobranches au-dessus du torrent ; n'a pas rechigné aux petites randos avec cueillettes. Et a trouvé le temps de faire le cahier de devoirs de français CM1 !

A la montagne , on bronze encore mieux qu'à la mer : Léo a un corps musclé, tout doré ! Mais les oreilles ont, un peu, cramé !!!"

15 août 2009

Mettre les voiles

Une succession ininterrompue de premières fois.
Le premier souvenir, peut-être le plus fort, c'est la traversée... Quand le jour tombe, quand les côtes disparaissent, quand les phares peu à peu s'éteignent... Je ne suis jamais allée dans le désert ; mais je crois que c'est à cela que ça doit ressembler : être un tout petit point perdu entre deux immensités, une voûte étoilée vierge de toute nuisance lumineuse humaine, et la mer immense, à perte de vue... Un tout petit point qui suit une invisible route - et la nécessité corrélative de faire confiance. Un petit point dérisoire et si vivant, un petit point qui traverse l'angoisse de la nuit et de l'inconnu et découvre le bonheur d'être seul à la barre, à guetter le premier rayon du soleil. Ce qui vient alors, est un chant ; et quelque chant que ce soit, c'est un Magnificat.

(mais aussi, la parole pleine engendrée par ce temps suspendu...)

Un autre souvenir ce sont les animaux - un invraisemblable banc de cachalots, des dauphins prudents mais curieux, un phoque esseulé, une libellule qui restera à bord jusqu'au retour... un instant unique de jeu, je ne vois pas d'autre mot, avec une petite raie volant sur un fond de sable blanc.

(et puis, dormir bercée par la houle, nager en haute mer, faire un feu de bois flottés sur les galets, planer à l'avant du bateau, les yeux dans les voiles...)

Un autre encore, c'est la communion avec la nature - la prise de conscience d'être dans un environnement limité en eau douce, en énergies diverses - le respect naturellement inspiré par la beauté de l'environnement, la présence des quatre éléments : le geste écologique devient alors une évidence, le constat de l'absence de désir de consommation aussi, et l'envie grandissante de fuir l'agitation des ports... La tombée des enveloppes sociales - s'habiller, se coiffer, se maquiller, pour quoi ? Un autre rapport à l'ordre aussi - quand la mer s'agite, et elle ne prévient pas nécessairement, le verre qui casse, la bouteille mal refermée, les objets qui valsent ne deviennent pas seulement un inconfort, mais un danger... là comme ailleurs, l'exigence d'une qualité de vigilance.

Un autre encore, l'acquisition d'un autre vocabulaire - bouts et drisses, aussières, taquets - grand et petit foc, gênois, trinquette... d'autres repères - cet autre bateau encore si loin dans la nuit, vient-il vers nous ou passera-t-il son chemin sans nous croiser ? L'idée si belle qu'au-delà des instruments modernes de navigation, rassurants mais toujours faillibles, il suffit d'une carte, d'une règle et d'un compas pour tracer sa route. Penser un instant à la folie des grands navigateurs, partis non seulement sans GPS mais aussi sans carte, à la rencontre de mondes improbables.

13 août 2009

Résonances

Il est vrai que j'ai reçu un sacré don avec la naissance : celui de tout magnifier. Il ne m'a jamais tout à fait quittée et je le retrouve dans cette allégresse profonde qui, magré tout, m'habite. (...) Notre devoir le plus impérieux est peut-être de ne jamais lâcher le fil de la Merveille. Grâce à lui, je sortirai vivante du plus sombre des labyrinthes. (...)

Excursion d'été en Tchéquie avec deux fils ! Il en reste comme une poudre d'or sur les doigts ; toute la grâce est là dans le halo d'une après-midi bleutée et dans mon regard noyé de fierté. Ainsi, ce qu'au premier degré nous ne vivons pas, pris que nous sommes au filet des humeurs, se vit dans une profondeur qui ne risque aucune altération. (...) Est sauvé depuis toujours ce que nous avions pourtant vécu avec tant de négligence ! Quelle immense compassion a la vie pour nous !

Christaine Singer, Derniers fragments d'un long voyage

10 août 2009

Estivale

Le même goût des bonheurs présents, sans parasitage passé/futur – revenir dans un lieu d’enfance avant sa vente probable (mais même là, la possibilité de lâcher), et revoir quelques-unes des personnes qui l’habitaient déjà il y a vingt ans, savourer le menu immuable et les vins du château de Jau, inscrire les enfants pour des cours de voile là où j’allais enfant puis adolescente (pas peu fière, de les voir terminer leur stage avec leur petit livret de marin apprenti, force du vent, matériel utilisé, etc.)… arriver par inadvertance aux abords d’une plage nudiste, goûter le soleil sur la peau… emmener les enfants visiter la Réserve Africaine, un labyrinthe de maïs, et même voir – à leur demande expresse ! – un spectacle de taureaux-piscine.

Un peu plus tard en Provence, nous retrouvons avec joie les cousins qui attendent leur deuxième bébé (une petite fille, cette fois) et la maison des vendangeurs, la chaleur écrasante qui oblige à la sieste, les fruits et légumes exubérants des jardins locaux. Leçons de natation pour les petits, visite régressive du musée Haribo et dîner impromptu dans la vieille ville d’Uzès (en deux tables s’il vous plaît : enfants ravis de passer commande comme des grands, parents ravis de pouvoir dîner en tête-à-tête), et, plaisir inédit, un festival de théâtre de rue à Pernes-les-Fontaines – trois jours de spectacles gratuits à travers le village, jongleurs, comédiens, musiciens, clowns…

Au nombre des plus jolis moments, un étrange jardin des poètes plongé dans la nuit mais habité de créatures illuminées (!) par un abat-jour sur la tête assemblant parfois leurs voix pour déclamer poèmes et histoires, bibliothèque à ciel ouvert autour d’un samovar de thé à la menthe, improvisations (existe-t-il des vers sans T ? il y en a un, à la fin des Yeux d’Elsa – dont le « nom de jardin secret » fut : Papillon). Elsa qui lut toute seule la dernière phrase d’un poème brésilien devant les promeneurs attendris : Il y a un fil de lumière entre moi et moi frais débarqué. On y trouvait aussi petites annonces farfelues : Ombre musclée cherche lueur fragile pour la protéger, ou encore Europe cherche constitution humaine, et un écrivain public pour lui confier nos secrets (Secret-Terre).

05 août 2009

Etonnement

Fin de l’année passée (et des précédentes…) : fatigue accumulée, sommeil capricieux, angoisses stériles, agitation consommatrice – d’énergie, d’argent, de disponibilité - irritabilité fréquente autant que vaine. Cet été – à l’organisation pourtant tardive, non exempte de doutes, et avec un petit budget (lieux familiaux, très peu de restaurants, aucun achat compulsif - ce qui est un exploit !) : le luxe d’une vaste étendue de temps, et une étrange tranquillité, bénéfice inespéré d’un passage qui s’est fait sans bruit : celui d’une conjugaison au présent.

Très peu d’hier, et encore moins de demain : ce qui semblait une angoisse majeure, sans doute pas définitivement écartée, s’est diluée dans un être-là, être bien, sans doute fragile mais délicieux. Que sont devenues les ruminations et anticipations dont j’ai pourtant le secret ? Aucune idée. Au début d’Impacts – voir post du même nom – j’avais émis le vœu suivant : avoir moins peur. Eh bien, je ne sais pas par quelle voie cela a bien pu passer, mais pour le moment au moins – je n’ai plus peur.

Un temps qui permet le temps pour soi et pour l’autre, le temps seul et le temps à partager. La certitude tranquille qu’il y aura un temps pour tout permet une qualité de présence incomparable. Une qualité de parole aussi – dans une recherche de vérité qui va croissant et réinvente la relation.

Moins d’écriture, moins de lectures – mais de stimulantes, à laisser décanter sans les recouvrir par d’autres, sur lesquelles revenir : Lucien Israël (voir les posts ci-dessous) s’avère être un compagnon exigeant et bourru, mais qui tombe à point nommé, tant sa pensée vient résonner avec ce qui m’habite.

Léo (qui me voit penchée sur le portable, quoique à l’ombre du mûrier et au chant des cigales) me dit : Il faut que tu t’arrêtes de penser, c’est les vacances.

25 juillet 2009

Franchir le pas

Entre le premier aspect, la première formulation : « il est important de satisfaire une certaine attente » et la deuxième formulation : « ce n’est important que pour nous », il y a un gouffre, une faille par-dessus laquelle il nous faut sauter. Cette faille nous menace, il faut que nous la franchissions. C’est ça le pas à franchir ! Cette faille pourrait s’exprimer par « ça n’a aucune importance ». Entre « c’est important pour l’autre » et « ça n’est important que pour nous » il y a ce passage menaçant, ce passage devant lequel bon nombre de gens échouent, ne fût-ce que provisoirement, ce passage du « ça n’a pas d’importance ».

C’est un piège. Le piège de la dépendance, le piège qui s’illustre dans ce que je vous rappelais tout à l’heure de la fonction du témoin. Tout se passe, au moment de ce piège ou de la chute dans ce piège, dans cette béance, tout se passe comme si notre existence n’avait de d’intérêt qu’à être valorisée par un autre désirant, par un témoin (…) comme si notre désir n’avait de valeur, n’avait d’importance que parce que justement un autre comptait sur nous, que c’était en fait le désir d’un autre. (…) Suivre son propre désir, c’est témoigner envers soi-même de l’aptitude à un risque qui, lui aussi, comporte la mort. Mais l’aliénation vise à une garantie de vie qui prolonge peut-être l’existence mais au détriment du sujet.

Lucien Israël, Marguerite D. au risque de la psychanalyse

Nosographie

L’obsessionnel, répète, l’obsessionnel essaie que rien ne change, tente que rien ne change par opposition du coup à l’hystérie qui va s’avérer créatrice. Le démon créateur que l’on peut repérer chez chacun a ceci de démoniaque qu’il passe son temps à tenter de rompre les amarres. Rompre les liens qui nous rattachent à un certain passé et qui nous obligent à remplacer ce passé mythique par une création nouvelle. Ce qui fait que l’hystérie n’est une névrose que du point de vue de la stabilité obsessionnelle ou, à la limite, de la certitude délirante. Si l’institution est fondée sur la stabilité, sur l’absence de risques, il est évident que la création hystérique va, elle se fonder sur le risque. Il n’y a de création que s’il y a possibilité de ratage. L’obsessionnel, dans les bons cas, ne rate que ses actes manqués.

Lucien Israël, Marguerite D. au risque de la psychanalyse

Amour

La solution qui serait à inventer ce serait celle d’un lien sans contrainte, c’est-à-dire la transformation d’un lien en une relation. La solitude évoquée plus haut (…) devient disponibilité créatrice, mais elle ne s’acquiert qu’au prix de l’arrachement à cet objet, qu’au prix de l’arrachement et du renoncement à ce reflet de soi-même, pour être capable de construire dans ce lieu ou à ce lieu laissé vide, pour être capable d’inventer quelque chose qui n’était pas prévu au programme. (…) …comme si l’amour n’existait que conformément à une représentation idéale valable pour tous ? Alors qu’il n’y a d’amour que dans la mesure où une certaine création permanente, donc paradoxale, donc violente existe, sinon cette création disparaît, on vit l’amour des autres. Ce qui serait peut-être un symptôme à étudier, à moins que des autres parentaux nous obligent à vivre l’amour qu’ils n’ont pas su créer.

Lucien Israël, Marguerite D. au risque de la psychanalyse

23 juillet 2009

Thérapeutique

« Nombreux sont les cas où le retour à la santé d’un enfant anxieux peut être hâté par une position et un comportement de compréhension, ce qui veut souvent dire observation non intervenante d’un médecin non angoissé. » D.W. Winnicott

Le dessein de l’organisme était, selon Freud, de mourir à sa façon. Winnicott, qui allait développer un sens tout à fait différent de ce qu’est une vie, ajouterait à cela que le dessein de l’individu était de vivre à sa façon, ce qui, pour lui, incluait l’acte ultime, non conforme, d’être en vie quand il mourrait. Adam Phillips, Winnicott ou le choix de la solitude.

Une biographie mais aussi revue critique à lire absolument, comme invitation à la liberté et à la créativité cliniques, au non-empiètement comme thérapeutique, à la défense inconditionnelle de l’intime intimité comme signe de notre absolue singularité et comme irremplaçable moteur de notre croissance psychique.

21 juillet 2009

Rétrospectif

Pourquoi suis-je aussi triste, quand je repense à ce temps-là ? Est-ce le regret du bonheur passé ? (…) Est-ce de savoir ce qui vint ensuite, et que ce qui se révéla ensuite était en fait déjà là ? Pourquoi ? Pourquoi ce qui était beau nous paraît-il ensuite détérioré parce que cela dissimulait de vilaines vérités ? (…) Parce qu’on ne saurait être heureux dans une situation pareille ? Mais on était heureux ! Parfois le souvenir n’est déjà plus fidèle au bonheur quand la fin fut douloureuse. Parce que le bonheur n’est pas vrai s’il ne dure pas éternellement ? Parce que ne peut finir douloureusement que ce qui était douloureux, inconsciemment et sans qu’on le sût ?

Bernhard Schlink, Le liseur

20 juillet 2009

Mots d'été

Elsa : Mais Maman l’oursin c’est pas le petit de l’ours ???

Elsa pleurniche : Je me suis cassé le genou ! Léo : Dommage que tu ne te sois pas cassé la langue…. Elsa : Ca se peut pas la langue c’est un mollux (sic) !

13 juillet 2009

Impacts

Après l’Odyssée de l’an passé, un nouveau voyage commence… Ne rien raconter, pour ne pas trahir la créativité des propositions de Patrick et de Cathy (pour en savoir plus, c’est ). Mais donner envie… Un voyage en trois escales – la finitude, l’agressivité, le désir – quelle meilleure ouverture à ce temps de vacances, de vacance, avant la prise de nouvelles fonctions, l’expérience d’une nouvelle alliance ?

Ce qu’il en reste – des visages, un immense sentiment d’amour et de gratitude, de réconciliation, avec moi-même et avec l’humanité – à travers ces humains en quête, fragiles, impliqués, courageux, chancelants, magnifiques. Ca m’évoque le sketch de Nougaro sur la plume d’ange – qu’un seul humain te croie avec ta plume, et le monde sera sauvé – alors, avec trente humains comme ceux-là, que n’est-il pas permis d’espérer !

Et encore, un mot, sur une carte de tarot : Richesse – avec immédiatement, ces questions : ce dont je me sens riche aujourd’hui, qu’est-ce que j’en fais ? Et aussi – comment je le partage ?

Impacts, ce sont aussi des phrases – inscrites sur un tableau : Que ta parole soit impeccable… Quoi qu’il arrive, n’en fais pas une affaire personnelle… Ne fais pas de suppositions… Fais toujours de ton mieux… Fais passer ton ressenti avant ton besoin de comprendre… Remplace la parole par un geste… Honore le silence.

Mais encore, des phrases vivantes, encore portées par les voix qui les prononcèrent : M’ouvrir ou mourir… Tu coupes et t’en rejoues… Ce serait la maison du bonheur, même à fort loyer je suis preneur… Qu’est-ce qu’on s’emmerde avec la parole de l’autre (sur notre vulnérabilité face à la sexualité)… La femme en toi mais encore la mère, la fille, l’amante, la pute, la sainte… (en écho, « moi je suis une femme, mère, fille, amante, salope – oui, salope – et ce que je voudrais, c’est dire aux femmes que je les aime, peut-être encore plus que les hommes, et que les hommes ici rendent hommage à cette femme sacrée en nous »)… Ne pense pas trop vite en ou/ou – n’insulte pas l’avenir… Rappelez-moi au désordre – ces stages ça fout le bordel dans ma vie !

OUI. Et du bordel comme ça j’en veux bien encore – j’en veux bien autant qu’il y en aura, j’en veux bien chaque été parce que ça me nourrit tout au long de l’année qui suit, parce que ça me pousse en dehors de mes retranchements, parce que ça me fait VIVRE.

11 juillet 2009

Jours sans enfants

Ce qui signifie, le temps de paresser, de flâner dans Paris comme si nous découvrions la ville – à Vélib, l’expo Cartier-Bresson à la MAP, le village Saint-Paul où nous sommes tombés sous le charme d’une calligraphe japonaise, les cocktails du Pub Saint-Germain et le tartare parfait du bistrot Pères et filles, la bonne humeur contagieuse du film Good Morning England – à pied, le retour tranquille à la maison. Même pas, l’envie de voir des amis – à deux, comme pour une nouvelle rencontre.

07 juillet 2009

Fêlure

There’s a crack in everything, that’s how the light gets in. Leonard Cohen, 75 ans, élégance totale. Ecouter le Live in London, pour les orchestrations sensuelles, définitives. Ce qui n’est pas sans m’évoquer la phrase d’Audiard, qui portait dans son coeur les fêlés, parce qu’ils laissent passer la lumière…

03 juillet 2009

Impalpable

Pour être tout à fait juste en cette période, il faudrait mettre aussi dans la Care Box des instants qui ne se laissent pas facilement saisir avec des mots... Des échanges amicaux, profonds - de ceux qui nous font sentir plus vivants, d'être en contact avec la même vie, le même désir, le même appel chez l'autre. Une terrasse près de Bastille, et l'autre, au pied de Montmartre. Des bonheurs de famille - un rythme différent, le temps d'aller à la piscine, au cinéma, de faire des cabanes dans le salon et d'y dormir... Le constat qu'à situation égale par ailleurs, la lumière change contamment, et parfois du tout au tout selon les heures - nuées d'orage, pluie interminable et grise, vent déchaîné ou rafraîchissant, grands ciels dégagés et ensoleillés.

02 juillet 2009

Whatever works

...vivons n'importe quoi qui marche, qui rend heureux - serait-ce du n'importe quoi tout court aux yeux des autres. Telle est, en substance, la devise de ce film pour aujourd'hui, où n'agit plus aucun remède universel. C'est une devise pragmatique, qui a de quoi étonner chez un supposé intello comme Woody Allen - il aimait autrefois se peindre en idéaliste malmené par la vie. Et comme ce qui marche un moment ne marche pas toujours, c'est aussi un éloge vivifiant du mouvement, du provisoire, du hasard (...).

Whatever works - à la condition de ne blesser personne, comme le dit Boris, le personnage principal - qui, bien que soi-disant misanthrope avéré, ajoute aussi qu'il est absurde de refuser la plus petite opportunité de recevoir mais aussi d'offrir de la joie dans cette vie. Hédonisme forcené ? Pessimisme pragmatique (notre condition de mortels restant la trame de fond du film) ? Je ne sais pas. Mais nous en sommes sortis le sourire aux lèvres - au-delà des situations énormes, des répliques savoureusement décapantes - à voir en VO, du happy end même pas obligé, quelque chose sonne profondément juste là !

27 juin 2009

Petites victoires

De mon collège de ZEP, je suis partie hier - dernier jour - dans la joie.

Parce qu'un gamin très dur et inquiétant (et qui le reste), pour lequel je me suis battue afin d'éviter une exclusion qui, à deux mois du brevet, aurait probablement entraîné une déscolarisation définitive, est parti la larme à l'oeil, en remerciant son professeur principal pour cette année (et avait, la veille, protégé un plus jeune d'une agression - or, c'est une histoire de ce genre qui lui avait valu la menace d'exclusion).

Parce que si une petite fille (genre Pimousse : petit mais costaud - en réalité ingérable) que j'attendais n'est pas venue, son professeur a pris l'initiative de venir me voir pour me dire, depuis que vous la suivez, Faïza fait des efforts visibles et des progrès en classe, assez pour que je l'aie mentionné sur son bulletin, et s'ouvre petit à petit. Mais après les vacances ? Nous verrons bien.

Parce qu'une jeune fille reçue la semaine dernière, prostrée et le regard fuyant, suite à une agression il y a un mois, est revenue me voir radieuse. Un entretien, peu de chose : replacer ce qui lui est arrivé dans un espace pensable - oui, c'est compréhensible d'être anxieuse, triste, etc., oui, la violence ici fait effraction, aussi parce qu'elle est insensée, imprévisible - dans un contexte familial (l'agression mineure qu'elle a subie ayant fait écho à une autre concernant ses frères, et qui fut autrement plus inquiétante) - dans son corps - la possibilité de se redresser, de respirer.

Pour moi c'est aussi à cela que sert cet espace - qui n'est pas un lieu de thérapie, mais aussi la possibilité d'une rencontre unique qui dédramatise, humanise.

Parce qu'une autre, à qui je demandais, lors de cette dernière rencontre, comment elle voyait ce petit bout de chemin que nous avons fait ensemble, m'a répondu : "C'était trop court". Point de vue que je partage - reste à souhaiter que ce travail puisse se poursuivre l'année à venir... Un petit bloc de colère celle-là aussi, mais une intelligence fine et un humour grinçant mais juste, qui fait partie de ses vraies ressources...

Ce n'est pas magique. Je ne me sens pas Zorro. Je suis bien consciente du poids du contexte social, familial, de ces enfants-là, du caractère transitoire, éminemment fragile, de ces petites victoires. Et qu'elles ne sont possibles que grâce à un travail de réseau avec l'infirmière, les CPE, la principale adjointe qui a porté ce projet atypique - une psychologue entre les murs, qui ne vient évaluer ni sanctionner, mais offrir un espace de parole avant tout à l'enfant. Un espace cadeau pour moi aussi - sur mesure, absolument dans l'esprit de ce que je souhaite faire de mon métier aujourd'hui.

25 juin 2009

En vrac

...c'est un peu comme je suis... Que disait le Tarot d'Osho, début juin ? Ah oui - au coeur l'Intégration, encadrée de la Totalité et du Voyage, parachevée par le Créateur, par la voie de la carte Suivre le courant... mais en première carte - avant ces promesses qui restent à tenir, la Répression.

De ces semaines, qu'est-ce qui émerge ? Un anniversaire lumineux - autant que musical. La réunion pour les futurs CP... Une réponse positive, pour un poste longuement attendu - et là - il y a des promesses à venir - créativité, responsabilité, horizon ouvert. L'attente de la reconduction très espérée du point Ecoute. Fêtes d'école, gala de danse, animations diverses pour les enfants, pique-nique au Parc Floral. Une acceptation de principe pour un D.U. qui m'intéresse, l'idée insistante d'un temps de bénévolat, peut-être . Un livre bouleversant - D'autres vies que la mienne, d'Emmanuel Carrère. Et un autre de Marie de Hennezel, qui reste une balise interne, récurrente, une certaine idée de la rencontre humaine avant que théorique, et de l'envie de ré-ouvrir à une dimension spirituelle... Et encore - une matinée pour installer une boutique, jouer à la marchande - et parler vrai, dans un troquet de Ménilmontant.

Et puis des mots, des mots, des mots, jusque tard dans la nuit, et qui résonnent encore longtemps après, la recherche d'un chemin, le plus juste et le plus vrai possible, le vertige, au bord de lâcher des modes, des mondes, des démons anciens... Alors - Répression, ou Intégration ?

08 juin 2009

Très juste

"Il n'y avait pour elle aucune possibilité de coexistence entre la méchanceté gratuite et l'intelligence." (Françoise Sagan, La Chamade)

Françoise n'est pas gentille, elle est trop lucide pour ça : elle est bienveillante. L'un et l'autre ont l'intelligence absolue, comme on a l'oreille absolue, la clairvoyance suprême qu'on appelle aussi la bonté. Celle qui s'abstient de juger, qui ne perd pas de temps à s'agacer de ce qui ne peut être changé. Un entendement qui prend du recul, plutôt que la perspicacité, qui s'acquiert à force d'épier autrui. (...) La bêtise est un manque d'imagination, la méchanceté, un à priori de sottise. Avec un respect souverain de la liberté d'autrui, Sartre comme Sagan voient l'être humain tel qu'il est, avec sa dignité et ses blessures. Aucun des deux n'est croyant, ils pratiquent pourtant avec authenticité l'amour du prochain. Ils ont le coeur intelligent.

Marie-Dominique Lelièvre, Sagan à toute allure

Intermittente du social

36 ans, multi-diplômée, analysée, supervisée, formée - le tout à mes frais bien entendu - et dans une absurde précarité... A ce jour - je ne sais pas comment je vais travailler l'année prochaine.

Parce que la société dans laquelle nous vivons ne propose aucune reconnaissance ni en termes de statut ni en termes de salaire aux métiers comme le mien. Que je vais de vacations (ni congés, ni maladie, ni chômage) en contrats précaires, dépendants de subventions qui elles-mêmes dépendent non de la qualité du travail effectué mais des fluctuations des orientations politiques locales. Parce que la Mairie de Paris - mais elle n'est pas la seule - ne me propose, à mon niveau de compétence et d'expérience, qu'une rémunération inférieure à celle d'une femme de ménage non déclarée. Parce que j'ai fait le pari de la refuser, dans l'attente d'un projet qui n'en finit plus d'être reporté.

Parce qu'au-delà de l'inquiétude croissante en ce qui me concerne (et restant bien consciente que je ne suis pas la plus à plaindre), je suis en colère de vivre dans un pays qui semble avoir de l'argent pour plus de consommation bling-bling, plus de sauvetage d'entreprises véreuses, plus de flics partout - mais pas pour l'enseignement, le médical, le social. Il n'est pas certain, que mon action dans un collège défavorisé soit reconduite, faute de financement ; mais le contribuable va peut-être payer pour que l'on installe des portiques de détection d'armes à l'entrée de ce type d'établissement... Suis écoeurée.

07 juin 2009

Fête des Mères

Cette année, pas de collier de nouilles, de bougeoir en pâte à sel - pas même un mot le matin, un dessin ou une carte, leur père ayant légèrement zappé la question. Mais un cadeau autrement plus précieux...

Hier soir, au moment du coucher, Léo m'interpelle - à très juste titre - sur le fait que les livres qui parlent de "comment on fait les bébés" n'expliquent en réalité jamais vraiment comment on les fait... Tu veux dire, ce qu'on entend par faire l'amour ? Acquiescement de l'intéressé. S'en est suivie une très jolie discussion sur la sexualité - sur le corps, sur le plaisir, les sentiments - une fois informé des aspects pratiques, Léo ayant naturellement enchaîné sur des questions autour de la relation - commnt dire qu'on est amoureux, pourquoi les humains ont parfois plusieurs relations amoureuses dans leur vie, etc...

Quant à la Zaza - un brin jalouse du long temps que j'avais consacré à son grand frère, elle s'est saisie de la projection de Home vendredi (à voir absolument, même si le constat est accablant) pour lancer des questions autour de l'écologie, du recyclage - avec des mots tout simples, et des remarques pertinentes... Cadeau.

06 juin 2009

Douceur

Quand j'étais petite, je rêvais d'avoir une maison, un piano et un chien. Nous avons un appartement, un piano et... un chat ! Piano qui cette semaine est passé du clavier électronique au vrai piano - cet élégant instrument laqué de noir, qui habite l'espace physique et sonore comme aucun autre. Autour de ce piano, j'ai vu jouer Léo, qui prend des cours depuis peu, entendu ma mère fredonner du Barbara et mon beau-père une chanson d'Aznavour - que demander de plus ?

01 juin 2009

Artistes en herbe

Ce jour au Centre Pompidou, des ateliers en veux-tu en voilà, pour cause de week-end Art en famille. Aussi nous avons joué avec des rétro-projecteurs (opacité et transparence, formes et silhouettes), fabriqué des bonshommes fil de fer à la Calder (et vu l'expo ensuite), participé à une grande fresque collective sur le parvis, visité un labyrinthe habité par des anges de papier de soi(e), et sauté sur des trampolines à l'image des Chinatowns du monde. J'ai rarement vu musée se mettre autant à la portée des enfants, et gratuitement encore...

28 mai 2009

You get it

Je n'ai plus les mots exacts, mais du film "Une nuit à New York", une phrase me reste dans la tête, petit éclair de vérité au hasard d'un dialogue : "En fait ce sont Les Beatles qui avaient tout compris. Ce que nous cherchons tous, ce n'est pas un marathon de baise, ni une histoire d'amour plus ou moins éternelle, mais simplement ceci : I wanna hold your hand."

27 mai 2009

Blague psy du jour

Définition possible de la "mère juive" (ou toute autre mamma un brin abusive) : celle qui tient le cordon... et les bourses !

21 mai 2009

Ascension

Oui mais ascension de quoi ..? D'un passage un peu angoissé-bluesy, à la veille d'un week-end solo - les uns et les autres partis, et moi retenue... une ombre au tableau, insaisissable mais quelques jours opressante. Et finalement ? Ai profité d'une vraie solitude, sans même éprouver le besoin de sortir. Sauf pour me racheter des rollers (l'inscription en club me paraissant finalement un peu ambitieuse), et prendre un cours en groupe mais... seule aussi (les nouveaux rollers s'étant révélés pas du tout adaptés à mon faible niveau !) Ai bouquiné, re-re-revu Out of Africa (Redford est toujours aussi beau mais son personnage est passablement déplaisant, finalement, avec le recul...), rangé un peu, bullé avec le chat. What else ?

Et d'autant plus pleinement apprécié aussi des moments de bonheur amical - un film-de-filles... entre filles, une chouette expo sur l'histoire du jazz au Musée du Quai Branly, le dernier Almodovàr, une balade en Vélib' - sans contrainte horaire aucune, pas de pioupious à aller chercher, pas de baby-sitter à ramener, le temps de prolonger l'instant.

17 mai 2009

Douceur angevine

Il y a des groupes qui se promettent de se revoir, et puis tournent la page, parce que la vie, les enfants, la course des jours... Et puis il y a des petits miracles - aidés par le côteaux-du-layon, la grande cheminée d'une ancienne demeure du XVème transformée en gîte, les balades dans les vignes... Mais avant tout par un vrai désir de garder le lien, l'intimité tissée tout au long de dix-huit mois de formation, il y a deux ans déjà. Au point que tout est bon pour n'en pas revenir : erreurs de route, crevaison, train manqué, clés oubliées, coup de blues au retour... Des chansons, de la danse, un petit air d'accordéon, des échanges et des rires, sur la vie, l'amour, les hommes, les femmes, les enfants - Laurence a raison, les lendemains de fête sont particulièrement propices aux confidences, à la parole. Et ce groupe, à la confiance donnée, à la tendresse partagée. Le temps de poser ses valises, d'ouvrir la porte, et il faut déjà repartir ? Mais tant mieux aussi, pour ce goût de trop peu, qui laisse la place au désir d'autres retrouvailles...

15 mai 2009

Cyclique

"Je pars complètement épuisée par une lutte dérisoire contre la dépression due au vide sidéral (...). Nuits d'insomnie, au rythme de la radio pour ne pas penser. Hauts-le-coeur, voire vomissements dès le lever à l'idée d'une nouvelle journée (...). Un peu d'apaisement, le soir, quand je peux me dire que c'est toujours une journée que je n'aurai plus à faire (...)"

Et ainsi de suite. Qui est-ce ? Ma mère, meurtrie et involontairement meurtrière, une fois de plus... Savoir repérer les pièges de la rhétorique dépressive ne protège pas. Et l'adulte que je suis n'est pas moins impuissante que l'enfant que j'étais - peut-être même est-elle plus atteinte encore - par l'inéluctable retour de cette blessure jamais soignée, et par ce qui s'y attache de violemment mortifère.

Un point d'appui possible dans un échange de ce week-end peut-être (voir : Douceur angevine), l'idée d'exprimer ma confiance dans sa capacité à déterminer son propre chemin, quel qu'il soit... Veiller à laisser à l'autre la responsabilité de sa vie. Plus facile à dire qu'à faire. Mais vital.

14 mai 2009

Premières fois

Première balade rollers pour les trois grands et Za à vélo, premiers sushis pour les enfants, première quiche et premier gâteau au chocolat préparé par les petites mains, première manucure pour Elsa - cadeau des 6 ans de la part de son papa (Papa pour mon prochain anniversaire je veux le MEME cadeau) ! Premier brunch d'anniversaire, avec atelier Déco'patch pour tout le monde (y sont pas beaux nos poissons ?)... Première vanne qui tue sur fond de Mika home made (C'est l'ordinateur qui se sent mal ou c'est Papa qui chante comme un canard ?) La vie avec les enfants est une suite ininterrompue de premières fois...

11 mai 2009

Convictions

Je ne conçois pas de m’occuper de l’autre sans l’aimer. Etre dans une disposition affective particulière où l’empathie se conjugue à l’accueil, à quelque chose d’inconditionnel et de bienveillant, au-delà des mots et des théories, qu’il n’est plus possible de décrire, ni de conceptualiser, à moins de le dénaturer. Quelque chose qui ne peut que se vivre. Quelque chose qui donne sa mesure et se révèle dans l’intensité de la présence à l’autre, quelque chose de l’ordre de l’être avec l’autre, un « cum », un avec, que le mot de compassion et certaines formules confessionnelles ou poétiques tentent d’approcher et de restituer maladroitement. Aucun mot, aucune pensée, aucune représentation n’est capable de rendre compte pleinement de ce qui peut se vivre et se manifester à l’instant même de la relation.
C. S., inédit.

C'est ça. C'est exactement cela pour quoi je travaille. Ca n'arrive pas toujours, ce miraculeux équilibre, cette intuition qui va ouvrir une porte, cette provocation mesurée qui va desserrer les vannes, cette rencontre humaine que les mots ne sont plus là que pour habiller, quand l'essentiel du thérapeutique se joue ailleurs (Cf Roustang, qui dit cela très bien : au commencement était le corps. Et Yalom, citant cette étude recensant les "incidents critiques" en thérapie, vécus comme les moments de bascule par les patients, et qui sont ces moments de sortie du cadre, de simple humanité. Loin, bien loin des théories savantes...)

Retrousser ses manches pour affronter un deuil, oser aborder une hospitalisation précoce en pédo-psychiatrie, affronter les racines de sa solitude, tenter de lancer une fragile passerelle père-fils après des violences en acte - ils ont du cran ces humains... Et je ne saurais pas les accompagner sans les aimer, de cet étrange amour qui se fait léger, invisible, n'encombre pas, mais laisse tout l'espace...

08 mai 2009

Toute ressemblance...

...et tels sont pour lui les êtres de chair et de sang qui traversent sa vie, absents à sa mémoire quand il leur tourne le dos et, lorsqu'ils rentrent à nouveau dans le champ de sa perception, présents d'une présence qu'il ne comprend pas. (...) Et ce voile, c'est sa raideur d'autocrate éperdu, dans la perpétuelle angoisse que l'autre, face à lui, se révèle autre chose qu'un objet qu'il peut à loisir écarter de sa vision, dans la perpétuelle angoisse que l'autre, en même temps, ne soit pas une liberté qui reconnaisse la sienne... (...) il fuit, il fuit l'insoutenable. Son désir de l'autre, sa peur de l'autre.

Muriel Barbery, Une gourmandise

Mais encore ? Presque rien... j'ai eu mon père au téléphone, c'est tout.

02 mai 2009

Nouvelle alliance

Et puis ce « nous » qui se tient un peu à l’écart, à égale distance de l’un et de l’autre. Un complice qui se jette en avant quand il faut parer les coups, renouer, unir. Un « nous » qui garde le sourire, qui broie les violences, qui gomme les grands mots, qui remet les événements à leur place. Un « nous » bourré de sagesse qui sait comment agissent les couples, comment ils se font ou se défont, pourquoi ils se jouent des tours, s’essoufflent, s’aiment moins, s’aiment à nouveau, peut-être pour toujours. Les années l’ont façonné, modèle, enrichi. Il sait ce qui mérite patience, il distingue ce qui est passager de ce qui est indestructible. Un « nous » qui se gagne, mais qui demeure fragile, exposé. Exposé comme tout ce qui compte. Un « nous » sans repos, qui combat, qui affronte, qui traverse parce que cela vaut la peine de traverser. Un « nous » qui vient de l’amour, qui va à l’amour, parce que le temps est l’une des dimensions de l’amour.

Andrée Chédid

Onze ans après jour pour jour, quinze ans après notre rencontre, ce texte choisi pour notre mariage a trouvé sa place, ou plus exactement, il l'a toujours eue, mais il l'a... quelque chose comme "trouvée-créée".

01 mai 2009

Deezer

Pour certains, j’enfonce peut-être des portes ouvertes, mais la révélation familiale de la semaine, c’est DEEZER.

Une discothèque en ligne illimitée, gratuite, légale ? Ca existe. Une interface incroyablement fluide, avec la possibilité de recherche par titres, artistes, genres – ça existe. La possibilité de se constituer des playlists personnelles à l’infini, de les partager, de les mélanger, de les conserver, d’y adjoindre des titres de sa discothèque personnelle ? Ca existe. Des radios thématiques sans pub, des radios « intelligentes », déclinaison autour d’un artiste choisi par vous-même, l’accès à des clips et des vidéos de concert ? Ca existe. L’accès à Deezer depuis le téléphone mobile n’importe où grâce au 3G ? C’est possible.

Moyennant quoi, toute la famille coince là-dessus pendant des heures, et Léo entame sa cinquième page de playlist perso (où l’on perçoit l’influence déplorable de sa mère : Dalida, Cloclo…. Et Mika. Entre autres.) Mais j’ai fait découvrir aussi à Elsa La Gadoue, Les brunes qui comptent pas pour des prunes, et retrouvé le générique de Ponyo. Pour ma part, j’ai exhumé quelques perles des années 80 (Kolé Séré, Knock on Wood…), me suis fait un best of Comédies musicales (Hair, Hello Dolly, Grease, West Side Story, que j’ai fait découvrir aux enfants), enfin écouté Berry (délicieux Bonheur…), et, après un émouvant récital sur Barbara hier soir, retrouvé dès aujourd’hui les rares chansons que je ne connaissais pas déjà par cœur : L’île aux mimosas, Sables mouvants, Pleure plus, et… Hop là !