26 juin 2018

Ivry-sur-Espoir

Ça me trotte dans la tête depuis longtemps - quelle forme d'engagement citoyen trouver. Aussi, quand j'ai entendu parler du Centre d'Hébergement d'Urgence pour les Migrants, destiné spécifiquement aux familles et aux femmes isolées et situé à deux pas de la maison, je me suis dit qu'il fallait que j'aille les rencontrer. Le lieu est exemplaire - super projet d'architecture, très justement primé, lumineux, propre, et très vivant du fait de la présence d'enfants de tous les âges et de toutes les nationalités.

La gestion est assurée par Emmaüs, d'autres associations sont présentes sur le Pôle Santé, géré par le Samu Social. Mon souhait à ce jour est plutôt de participer à des choses simples, plutôt qu'ajouter du psy (dont ils sont au demeurant déjà pourvus). Mais à voir... Le lieu donne envie en tout cas, laisse de la place à la souplesse dans l'engagement dans le temps (ce qui le rend possible), et à la créativité. A expérimenter au retour des vacances, mais comment refuser l'appel silencieux de cette minuscule gamine venue glisser sa main dans la mienne lors de la visite ? 

25 juin 2018

Le mieux est l'ennemi du bien

...disait Papi, et ça m'énervait, parce que je trouvais ça petit joueur, un peu désengagé. Mais parfois...

Il aura fallu pas mal de vagues émotionnelles depuis un an et demi (début des troubles sérieux), depuis 12 mois (hospitalisation temps plein), depuis 4 mois (hospitalisation de jour), depuis 3 semaines (le dernier entretien avec la psychiatre) pour que j'arrive à formuler ceci à Elsa, qui me reproche de lui mettre "trop de pression" (ce qui n'est pas faux) et de la considérer comme autant en souffrance que l'année passée (ce qui est résolument inexact) : 

Parce que je t'aime tellement, j'ai eu tellement peur, depuis tellement longtemps, et je me suis sentie bien trop seule face à cette angoisse. 

Alors oui, peut-être qu'aujourd'hui j'avance moins vite, par rapport à cette angoisse et à cette solitude, que toi tu ne guéris - et que ça me fait sur-réagir, souvent. C'est possible. C'est probable, même. OK.

Et probablement aussi que cette pression, mi-objective mi-subjective car largement interne, est contre-productive. Et sérieusement intriquée avec les blessures des adultes, et celles des enfants-dans-les-adultes.

Ce que je pense cependant, c'est que la vérité est bien plus complexe que ça - et qu'il reste des motifs d'inquiétude - a minima, d'interrogation. Mais d'accord, je prends, et vais faire ma part - sur l'angoisse et la solitude, et le sentiment d'injustice et de non-reconnaissance, qui ne sont pas nés avec les difficultés d'Elsa, mais trouvent leurs racines dans ma propre histoire et dans ce que la séparation d'avec David a laissé à vif. Pas tous les jours facile d'être parent, et adulte, et ex-enfant... et de repérer (le correcteur suggère, réparer :-)) les endroits où ça s'emmêle !

20 juin 2018

Voir les étoiles tomber

I try, I cry, I live, I die

J'avance sans peur dans la dead zone
De toute labeur tenir la chose
A marcher seule sur le volcan
Le feu déclenche parfois le vent

Le doute est un collier d'épines
Je reste pour percer l’énigme
L’énergie sismique qui nous guide
Déclenche parfois de longs soupirs

J'ai toujours aimé danser sur les chemins de traverse
Le temps est mon allié il n'y a rien que je regrette
Une seule crainte peut être à force de tant parier
C'est un jour ou l'autre de voir les étoiles tomber

Toujours je tremble face à l'éclipse
La lumière est mon meilleur guide
C'est contrôlé, pas de côté
Il faut être bien accompagnée

Toute chance n'est pas bonne à saisir
La peur du vide et ses abysses
Ne prenons plus les autoroutes
Où se posent nos pieds l'herbe repousse

J'ai toujours aimé danser dans les jardins de l'ivresse
Le temps est notre allié il n'y a rien que l'on regrette
Une seule crainte peut être à force de tant planer
C'est un jour ou l'autre de voir les étoiles tomber


Barbara Carlotti

Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas eu un coup de foudre pour une chanson :-)!

18 juin 2018

Ça me rappelle quelqu'un

Soixante-trois ans. Vouloir la vie comme si j’en avais trente. Un sac à dos épuisant. Des bouts de santé qui foutent le camp. Être au mieux avec la mémoire. En couleurs ou noir et blanc. Selon le bouleversement. Toi qui lis ce bouquin, j’écris le désir de la vie. Écrire à toutes pompes. Comme un fou. Ne pas savoir où aller. Se perdre. Me réfugier.

(...) -Écrire par tous les temps. Au bout des champs. Derrière l’horizon. Les phrases odeurs, les phrases souvenirs. Il y aura celles écrites, il y aura celles sans traces. Juste pensées. Juste vécues. Tout ne sera pas écrit. Trop d’intime à deviner entre les lignes.

- Richard Bohringer, L’ultime conviction du désir

Et j'espère que ça me rappellera moi, aussi, quand j'aurai cet âge.

16 juin 2018

Courant d'air

Où est la vie vivante, pour moi ? Dans ce qui a du panache, de la gueule, de l'allure - ce projet de voyage en Asie, sans tour operator mais à partir de nos envies (et des bons conseils de notre correspondant). Partir au Cambodge, je n'y aurais jamais pensé sans cette offre d'échange, et c'est ça qui me plaît, le Et pourquoi pas ? 

Dans l'émerveillement, les mondes fantastiques de TeamLab ou de l'Atelier des Lumières (Klimt),  la confrontation à la beauté mais ça ne suffit pas tout à fait, il faudrait créer, ce blog, ou les photos volées, instantanées, ce regard sur le monde. Je n'ai pas de talent particulier cependant, ou aucun qui m'habite assez (si ce n'est celui de créer des liens). Rien d'assez fort sinon pour me soulever au-dessus de moi-même, vivre de poésie et de musique - assez cultivée pour savourer, pas assez douée pour créer.

Dans la poésie, dans la surprise pensée pour l'autre, dans la petite attention ou la grande intention inattendues, ces Choses qui font battre le coeur, comme dans les listes de Sei Shonagon :
"Des moineaux qui nourrissent leurs petits.
Passer devant un endroit où l'on fait jouer de petits enfants.
Se coucher seule dans une chambre délicieusement parfumée d'encens.
Se laver les cheveux, faire sa toilette, et mettre des habits tout embaumés de parfum. Même quand personne ne vous voit, on se sent heureuse, au fond du coeur.
Une nuit où l'on attend quelqu'un. Tout à coup, on est surpris par le bruit de l'averse que le vent jette contre la maison."

Un graffiti dans la rue - L'imprévu c'est la vie.

Dans l'humain - donc souvent, dans mon travail, mais aussi dans une envie de sens qui dépasse ce cadre-là, d'engagement, mais comment ? Deux pistes en ce moment, à suivre, et une question : cet engagement, est-ce que ce serait "plus de la même chose", mettre en service mes compétences, ou au contraire revenir à la simplicité, à l'humilité, donner du temps, de la présence, et puis c'est tout ? Dans ces minuscules instants de grâce où l'autre me bouleverse, qu'il soit proche ou plus lointain. Quand un rayon de soleil, réel ou intérieur, vient se poser sur un visage...

Dans la découverte, l'apprentissage, l'exploration de champs nouveaux - apprendre à gratter quelques accords de ukulele, ces jours-ci. Et le défi des 7 jours de kifs, mais j'avais aussi aimé le challenge des photos du quotidien en noir et blanc, ou des films qui ont marqué nos vies - toutes ces invitations à une modeste créativité, à un partage. Et quand je chante, seule ou avec d'autres, et quand je danse, même si ça n'arrive plus du tout assez souvent.

Dans la chasse aux routines mortifères, aux idées arrêtées, fussent-elles dérisoires, changer de trajet, essayer un autre commerçant, prendre un petit déjeuner salé, décider de remettre des jupes droites et m'en trouver fort bien. Ce qui ronronne trop me tue (excepté le chat :-)).

Ce que suggérait le tirage de tarot proposé par Hugo : la structure, la stabilité retrouvée, oui, mais au service de la vie ! D'un nouveau cycle, d'un agrandissement de l'horizon : laisser l'air circuler.

04 juin 2018

Dans ta tête

Vous le connaissez, ce truc qui marche à tous les coups, vous fredonnez un air, ou encore plus sournois, vous y faites référence dans un texte écrit - et ça y est, votre interlocuteur l'a dans la tête - et plus c'est une ritournelle et plus il restera scotché, jusqu'au soir et parfois au-delà. Hier Léo m'a demandé s'il existait un mot pour désigner ça - la chanson-qui-colle. Ça manquait, alors avec Elsa nous avons décidé de l'inventer, mais on hésite encore : le glusson ou le glusong ?

03 juin 2018

Texto !

Ce serait une idée d'article, une recherche à faire, sur ce que l'informel et non orthodoxe texto, permet d'exprimer à son thérapeute, qui ne se dirait peut-être pas autrement. Et sur ce qu'il permet au thérapeute en termes de soutien ponctuel, signe de présence légère, assurance d'une continuité. Et sur la façon dont la gratitude - la reconnaissance ? - réciproque nourrit le lien thérapeutique. 

Ces petits cadeaux que j'ai envie de vous faire je ne crois pas que ce soit dans l'idée de faire une séance mutique mais bien un présent pour vous remercier du confort que vous m'apportez à travers votre présence, votre écoute, votre réflexion et votre sensibilité. Trop pudique, je n'ose pas en fin de séance vous le dire ainsi, tout comme je n'ose pas vous faire ce petit cadeau... Un jour peut-être. Merci beaucoup.

...votre message me touche. Je vais mieux car j'ai un peu mieux dormi cette nuit, et mieux respiré hier, la séance m'a fait beaucoup de bien (...). Merci pour vos conseils et votre précieux soutien, ils m'évitent de sombrer. 


Bonjour, comme promis je vous donne de mes nouvelles. L'opération s'est bien passée. La dernière séance m'a permis de passer un excellent weekend entre amis et d'appréhender l’opération avec sérénité et surtout sans angoisse. Mes parents étaient présents en pensée et cela m'a bien soutenue. Je vous remercie beaucoup pour votre aide et je vous dis à bientôt.