28 février 2011

Prague, quatre jours d'escale

...tout a été dit je pense, sur cette ville magnifique, musée d'architecture en plein air ( c'est Rilke qui dit ça je crois - ou Apollinaire ?..), dans les petites rues de laquelle il fait bon se perdre. Dans mon album du coeur - cet album invisible mais si précieux, qu'en restera-t-il ?

La soirée à l'Opéra - très démocratique là-bas, pour une émouvante Traviata (aussi pour la fête bohême du 2ème acte, d'une sensualité... inattendue ; et pour le cosaque à barbe et longs cheveux de la baraque à crêpes, juste après, qui écoutait lui aussi... de l'opéra - le même, d'ailleurs : Libiamo...).

Une initiation au snooker au Café Louvre (pour l'émotion fragile avant, et aussi, les journaux européens annonçant une nouvelle chute de dictature dans le monde arabe, celle de la Libye).

Une visite guidée franco-espagnole du quartier juif (pour le mémorial et les dessins d'enfants de la synagogue Pinkas, et le vieux cimetière, à l'atmosphère incroyablement habitée).

Le Pont Charles la nuit, le Pont Charles le jour, désert ou grouillant de touristes, par grand froid ou réchauffé d'un beau soleil...

La Maison Municipale, délire Art Déco qui n'est pas sans rappeler la Casa Batllo à Barcelone, pour ses incroyables détails qui font appel à tous les métiers de l'artisanat : ferronerie, verrerie, céramique, menuiserie.

Les bières locales, le goulasch épicé et brûlant, les cafés 1900 magnifiquement restaurés qui offrent de petites haltes bienvenues aux promeneurs fatigués (et un peu frigorifiés il faut bien le dire).

Le musée Mucha, dont l'histoire est si étroitement liée à l'avénement d'une nation tchèque indépendante - ce qui est presque un pléonasme, compte tenu de l'histoire du pays : hussites s'élevant contre les catholiques avant l'avènement du protestantisme, nobles moldaves en rébellion contre l'empire austro-hongrois, peuple portant démocratiquement les communistes au pouvoir avant de les contester activement puis de les renverser sans violence - la "Révolution de velours" dès décembre 1989...

20 février 2011

Lu, vu, entendu

Déshabillez-mots : sur scène, les deux comédiennes chroniqueuses de France Inter interviewent tour à tour le viril Déclic, la redoutable Décision, la pénible Pusillanimité, et même le charmant Onanisme - pour finir par une sensuelle déclaration d'amour à la Lecture.

Au cinéma, Sex friends (le titre original était meilleur, No strings attached), parfait film de filles pour la Saint-Valentin, soulève cette intéressante question : peut-on vraiment n'être que sex friends (et le rester) ? La réponse est attendue - c'est une comédie romantique, mais la question demeure.

(Ah, et je crois qu'il faut arrêter de faire semblant de mépriser ladite Saint-Valentin : le 14 et le 15, je n'ai pas un(e) patient(e) qui n'ait pas mentionné ce qu'il/elle avait fait, pas fait, souhaité, redouté, reçu, offert...)

Le livre des brèves amours éternelles
(quel titre magnifique...) tient ses promesses (voir post Retenir) - face aux grandes utopies ou aux grands drames humains (ici, ceux de la Russie d'avant la chute du Mur), un éloge de l'instant, du fugace et du don...

Enfin vu les Monologues du vagin ! Jubilatoire, émouvant, sensuel, drôle et tragique à la fois... Tout y passe, les poils, un hilarant "atelier du vagin", l'excision, les premières règles, toute la gamme (!) des gémissements, le viol, la naissance, et les questions indiscrètes : et si votre vagin portait un vêtement, lequel serait-ce ? Et s'il pouvait parler, en deux mots, que dirait-il ? Le plus émouvant peut-être, cette parole de femme qui témoigne de sa réconciliation avec cette partie de son corps si secrète, intime, dissimulée, parce qu'un homme a su prendre le temps de la regarder ...

Le meilleur remède...

... au post Presque rien ?

Ne me dites pas qu'à peine éclose
La fleur de l'âge se flétrit
Je vis avec ce genre de rose
Au parfum tout juste fleuri

Le temps qu'il a mis à figer
Sur son regard quelques ridules
D'autres ont tenté de les cacher
En maquillage ridicule

Bien sûr la jeunesse suppose
Quelques atouts innocents
Qui font que le regard qu'on pose
Sur elle semble vite indécent

La facilité qu'une jupe
A de se lever me ravit
Mais voilà je ne suis pas dupe
De ces fausses facéties

Ne cherche pas à vouloir
Arrêter le temps
J'aime la beauté dont il te pare
Et dont je suis l'amant
Ne cherche pas à vouloir
Arrêter le temps
J'aime la beauté dont il te pare
Mmmh

Les filles de papier glacé
A peine au sortir de l'enfance
Viennent tout juste éveiller
Le plus sensible de mes sens

Elles ont pourtant la fraude habile
Dans leur refus d'être des mômes
Et trompent les yeux les plus subtils
De leur sensualité fantôme

Mais être une femme suppose
Bien d'autres arguments
Que ceux que ces filles exposent
Inexorablement

Si ton corps galbe cette jupe
C'est mon regard que tu ravis
Mon âme que tu préoccupes
Et mon corps qui crie merci

Ne cherche pas à vouloir
Arrêter le temps
J'aime la beauté dont il te pare
Et dont je suis l'amant
Ne cherche pas à vouloir
Arrêter le temps
J'aime la beauté dont il te pare
Mmmh...

Yves Jamait

Presque rien

Ça ne prévient pas quand ça arrive
Ça vient de loin
Ça c'est promené de rive en rive
La gueule en coin
Et puis un matin, au réveil
C'est presque rien... (Barbara)

Chez la longue dame brune, c'est le mal de vivre ; et chez moi, depuis quelques temps, c'est presque rien aussi – des rondeurs qui s'installent, deux ou trois bobos inattendus, une ligne de menton un peu moins nette, quelques cheveux blancs, des cernes qu'une bonne nuit de sommeil n'efface plus...

Rien que de très normal, rien d'affolant non plus – j'ai conscience de ce luxe inouï, habiter un corps qui bouge, parle, danse, nage, respire, jouit, bref, vit, à ce jour sans douleur – tout simplement vit. Mais d'où me vient alors, cette envie d'appeler au secours ?

16 février 2011

Humilité

Accepter de ne pas comprendre. Et d’offrir à celui ou celle qui parle cette capacité à ne pas savoir ensemble – partager un espace d’impuissance, humanisé d’être partagé. Pressentir que quelque chose est à l’œuvre, qui ne se laissera pas saisir comme cela - et que ce n’est peut-être ni le lieu ni le moment - ou déjà le lieu, mais pas encore le moment.

Ou bien - comprendre et n'en rien dire, laisser cet autre qui parle suivre son propre chemin, qui conduira peut-être vers de toutes autres issues, inédites - accepter, jusqu'à un certain point, de se laisser modeler par son attente...

Cette femme qui souffre depuis des mois d’une "relation" qu'elle désigne de ce nom mais qui n’existe que dans ses rêves – non que cet homme n’existe pas, mais elle n’a (ni n’a eu) d’autre contact avec lui que des textos épisodiques et banals.

Cette autre qui pleure de renoncer à une grossesse non désirée d’un compagnon qu’elle n’aime pas – sans vouloir ou pouvoir dire quoi que ce soit de ce chagrin.

Cette autre encore qui s’étonne qu’à l’annonce d’une grossesse imprévue, son très sporadique amant ne lui dise pas simplement « fais ce que tu veux, ça m’est égal… » - comme si l’annonce d’une paternité possible était un non-événement, et l’embryon une réalité simplement biologique qui ne concerne qu’elle seule (alors même qu’elle n’a pas de désir d’enfant très défini, ni ne se projette dans un avenir où cet enfant semble avoir la moindre réalité).

Cet homme qui revient à quelques mois de distance après un unique rendez-vous, dépose un récit de rêve trop transparent pour le prendre au pied de la lettre, et repart sans vouloir reprendre date.

Cet autre qui ne vient que pour faire le compte-rendu de l’avancement de ce qu’il appelle « ses dossiers » - une enfance violente et malheureuse, des prises de risques aux conséquences graves, un deuil à venir et… son projet d’arrêt du tabac – le tout traité avec la même impassibilité, et de manière à ne laisser aucun espace à la question, à l’émotion, au vacillement qui pourraient surgir…

Et tant d'autres encore...

11 février 2011

Petits drôles

Gaïa : - C'est quoi ton signe biologique ?
Elsa : - ???
Gaïa : - Ben, oui, ton signe de l'espace ! Moi, je suis Jumeaux !

Nous regardons une vieille version de Michel Strogoff. Le héros (acteur inconnu au bataillon, pas de la première jeunesse et relativement corpulent) apparaît.
Lulu : Ah bah j'suis déçue, je m'attendais à un jeune premier !
Léo, toujours aussi sarcastique : - Ben tu vois, c'est un vieux dernier...

05 février 2011

Retenir

"Notre erreur fatale est de chercher des paradis pérennes (...). Cette obsession de la durée nous fait manquer tant de paradis fugaces (...). Leurs éblouissements surgissent dans des lieux souvent si humbles et éphémères que nous refusons de nous y attarder."

Andreï Makine, Le livre des brèves amours éternelles

03 février 2011

Diagnostic

N'est pas dépressif celui qui peut rire de ce qui le fait pleurer.
(Copyright David)