31 décembre 2022

Choisir la douceur, la suite de la suite

La douceur, c'est aussi une journée hammam avec Marion, le plaisir d'un long déjeuner avec Léo, faire de la pâte à sel, lire la fin de Moby Dick et revoir Klaus avec les jumeaux (et leur monter des lits superposés avec leur père), franchir le seuil de la nouvelle année dans le temps d'un câlin. Rien de compliqué... juste de la douceur.

26 décembre 2022

Choisir la douceur, suite

Choisir la douceur

Et décembre ? Décembre je n'ai pas eu le temps de le voir passer... une grippe et un Covid en trois semaines, Léo et Elsa malades tous les deux aussi, une charge de travail trop dense qui devrait m'amener à repenser mon modèle professionnel - mais comment ? Des bleus au coeur qui n'en finissent plus - les fragilités d'Elsa auxquelles nous nous écorchons encore parfois l'une et l'autre, un message de haine recuite vomie par son père le matin de Noël, les nouvelles de Patrice aussi, et mon impuissance devant ce naufrage inévitable... un décembre qui aurait pu n'être que glacial.

J'avais appréhendé ce Noël, l'absence de Bizzou, l'absence de Daniel, la peine des deux grands-mères, l'impossible lien pour Léo et Elsa avec Camille et Gabriel.

Un Noël qui aurait pu être si fragile, et que nous avons su rendre si joli cependant tous les quatre - d'abord le retour de Léo, et sa présence autour de ses grands-mères, la complicité autour des matches de foot regardés ensemble, et puis une jolie chapelle de bois pour que souffle quand même un peu de l'esprit de Noël, un dîner tout doux avec parmentier de canard façon Cyril Lignac (trop facile d'être bluffante), des chansons (ça c'est un tel bonheur pour moi, ce plaisir à chanter ensemble), un brunch tout simple, un spectacle sans prétention mais rigolo, Avatar tous les trois demain, et tellement de tendresse attentive de tous, même à distance - un petit colis de Gene, des messages aimants de YoYo, et les clins d'oeil des amis. Bonne résolution : de ce décembre, je ne garderai que la douceur, et l'admiration tranquille devant le courage, la bonne volonté et l'intelligence du coeur de tous.

30 novembre 2022

Enthousiasme

Après 8 mois de cheminement, je continue à grandir dans mon être-thérapeute avec la certification en Hypnose Ericksonienne Transpersonnelle... et si cette image peut paraître bien ésotérique à l'observateur extérieur, elle est riche de symboles pour moi. On pourrait la voir comme une marelle, du monde d'en bas au monde spirituel, de l'animal à l'esprit guérisseur, un chemin, un passage, une porte d'entrée qui traverse successivement le monde de la terre, celui de l'eau, celui de l'air et celui du feu... Une représentation des mondes et des niveaux multiples qui sont en nous, et que nous habitons ; des forces silencieuses ; de la dimension mystérieuse, inspirée (parfois !), de ce métier de passeur qu'est le métier de thérapeute. Au-delà de l'apprentissage de techniques, c'est une invitation à se laisser traverser par le souffle, quelque soit le nom qu'on lui donne - Dieu, l'Univers, la Source, l'Esprit...

Est-ce que je me sens d'ores et déjà hypnothérapeute ? Non. Je pense que c'est le fruit d'une longue expérience, et d'une pratique sans cesse interrogée et approfondie. Le formateur nous l'a d'ailleurs formulé explicitement. Est-ce que je mentionnerai cette dimension spirituelle auprès des patients ? Ce n'est pas nécessaire... mais pour certains, ce pourra être utile. Est-ce que je l'ai déjà rencontrée dans ma pratique encore débutante ? Oui. De façon frappante à deux reprises déjà - dans la clôture d'un cycle de deuil familial, dans la rencontre annoncée avec un objet symbolique...

26 novembre 2022

50 nuances de gratitude

C'est tellement chouette de vous voir tous, famille, amis, ceux que je connais depuis toujours, depuis des décennies, ou juste des années, et parfois moins. 

50 ans, ou l'âge de compter certaines amitiés en décennies, comme en témoignent les photos sur le mur de l’escalier... je ne sais pas vous mais pour ma part, je ne les ai pas vues passer, peut-être aussi parce que nous les avons traversées ensemble. Des années avec des joies et des peines, des fêtes, des fous-rires, des maisons de vacances, des naissances, des déménagements, des apéros et des petits et des grands changements de vie(s).

Je me souviens... d'une course en sac de couchage chez les parents de Cécile, nous avions treize ans ; que Lalie m'a tiré les cartes la première fois que je l'ai rencontrée ; de la petite chambre de Marion quai aux Fleurs et que Marguerite fut le bébé qui nous a donné envie d'en faire ; de week-ends char à voile avec Christine et Philippe ; d'un concert de Barbara au Châtelet avec Michaële ; de Moon River au mariage d'Antoine et Vincent ; d'une danse audacieuse de Ronan au Hameau, et d'avoir fait une déclaration d'amour à Ghislaine dans le même lieu magique ; des confidences à la machine à café du Fil Santé Jeunes ; de la maison de l'Ile de Ré, et de notre petite Mémé ; d'avoir retrouvé Nadia à New York ; d'avoir chanté grâce à Elsa des trucs que je n'aurais même pas osé imaginer, comme Hallelujah et Someone like you ; de coups de foudre amicaux pour Charlotte et les deux Cécile, de la petite flûte à papa et de la pince à cornichons avec Céline et Laurence. Je me souviens aussi très bien de la première fois où Samir est venu prendre un café rue de la Convention, il n'y a pas si longtemps. Et de tellement, tellement d'autres choses encore... 

50 ans c'est aussi l'âge d'avoir vu grandir mes enfants, et je suis si fière des deux, qui tracent chacun leur chemin singulier avec du courage, de l'intelligence et du cœur. J'ai élevé des petits gauchos-écolos-militants – et je ne vois pas comment il aurait pu en être autrement ! Je suis très heureuse de la relation que j'ai avec les jeunes adultes qu'ils sont aujourd'hui.

50 ans c'est l'âge où je peux me dire que la vie m'a apporté déjà tellement de bonheurs... je mesure ma chance. D'avoir une famille affectueuse. D'être en bonne santé. De faire un métier que j'aime. De vivre dans un lieu que j'ai choisi, et que j'adore ! D'être aimante et aimée.

C'est surtout réaliser la chance que j'ai d'être si bien entourée, par tellement de belles personnes, si différentes entre elles et qui apportent tellement de joie, de complicité et de tendresse à ma vie. Chacun, chacune, de près ou de loin, au quotidien ou ponctuellement, amène sa petite musique singulière, une couleur de plus à notre arc-en-ciel – et je n'oublierai jamais comment nous avons été soutenus, aidés et entourés, les enfants et moi, toutes ces dernières années. Sans vous tous, les bonheurs d'aujourd'hui n'auraient pas été les mêmes.

Vous réunir, c'est mon plus beau cadeau, et s'il en manque quelques-uns ce soir, je sais que c'est parce qu'ils ont été appelés par d'autres obligations, mais qu'ils auraient été heureux de répondre présent également. 

50 ans ce n’est ni un début ni une fin pour moi. C’est la continuité de ce que j’ai déjà construit jusqu’à aujourd’hui. Et je me réjouis à l'idée de partager plein de petits et de grands bonheurs avec vous dans les années à venir.

Je n'ai pas à ce jour de grands projets, je n'ai pas eu non plus de révélation sur un but à atteindre pour cette seconde partie de vie, mais j'ai trouvé mon chemin : DIRE OUI. Avoir confiance que ce qui est, est bien. Avoir confiance tout court. Je constate : le oui à l'inattendu, à l'imprévu, n'a amené que du bonheur dans ma vie ces derniers temps. 

Je vous aime, merci d'avoir tous répondu Présent ! Et maintenant, Champagne !

24 novembre 2022

Daniel


Je les trouvais si beaux ensemble, et racontais à qui voulait l'entendre comment ces deux-là s'étaient bien trouvés (si j'avais fait un casting de l'homme idéal pour Maman, il aurait furieusement ressemblé à Daniel). Et comment je trouvais absolument jubilatoire l'idée qu'on puisse vivre une histoire d'amour à 77 et 79 ans, quand on a l'un et l'autre pas mal de cicatrices au corps et à l'âme. Et comment j'aimais la façon qu'ils avaient de savourer la vie tant qu'elle est là - aller au cinéma, au théâtre, bien boire et bien manger, voyager - c'est elle qui l'a emmené à Venise pour la première fois. Et la tendresse amusée, pas dupe, qu'ils avaient chacun pour les petits travers de l'autre. J'aimais sa gentillesse, sa discrétion, sa générosité ; ses engagements sociaux et politiques. J'avais été très touchée qu'il accepte d'être, avec elle, caution pour mon logement ; et de le voir, il n'y a pas si longtemps, porter fièrement des chaussettes rigolotes que je lui avais offertes. Ce soir je suis si triste pour elle et pour lui... mais aussi reconnaissante pour cette invitation à vivre pleinement aussi longtemps que nous sommes vivants. 

PS : j'ai été très touchée qu'une petite-fille de Daniel me propose de lire ce texte lors des obsèques. Ce que j'ai fait, avec une profonde émotion. 

23 novembre 2022

Des fleurs, un bon fauteuil et des mots doux

...que demander de plus ?

J'ai failli râler ce soir-là, quand il est arrivé les mains vides - mais en moto, avant une sortie, évidemment ! Et puis je me suis tue, parce que la ligne silencieuse de ce lien reste, de part et d'autre - parce que tu ne me dois rien, alors tout ce qui vient est don. J'ai bien fait... et les fleurs m'attendaient à la maison. Et m'ont d'autant plus touchée qu'il avait retenu que de tous les bouquets, mes préférés sont, et de loin, les bouquets de fleurs blanches. 

Ce jour-là, il y a eu aussi tellement de petits messages, coups de fil, peut-être... 50 ? Et la vidéo montée avec amour par Léo... sur la photo, il y a aussi un autre cadeau qui me tient beaucoup à coeur, celui de Maman - cet amour de fauteuil club plein cuir dans lequel me lover avec plaid et chat pour bouquiner... un rêve très ancien réalisé. 

22 novembre 2022

Too

A la veille de mon anniversaire, il y a eu aussi cette amitié délicate comme un amour, ce lien improbable, joueur et poétique à la fois, cette capacité à faire naître des instants fragiles dans le banal comme dans l'exceptionnel. Nous avons bu un chocolat chaud, découvert une délicieuse librairie, acheté des recueils de poésie, manqué de peu un bar à champagne fermé ce soir-là, et puis nous sommes montés sur le toit du monde, pour admirer Paris à nos pieds... deux sales gosses, un enchanteur et un lutin-Lutens, une fleur de frangipanier derrière l'oreille.

21 novembre 2022

Poèmes

Je parlais avec tendresse d'un de mes patients, et Samir m'a dit en riant : mais il faut que tu arrêtes d'aimer tout le monde comme ça ! J'ai d'abord souri à mon tour, oui... et puis à la réflexion, j'ai rectifié - non, parce que c'est moi, je suis faite comme ça !

 J'ai aimé qu'il ait ce regard-là, sur cette tendresse irrépressible chez moi - et j'ai aimé aussi mon double mouvement, le besoin de défendre cet élan, fût-ce sur le ton de l'humour. Et puis quelques jours plus tard, je suis tombée sur ce texte-là :

 À cette superbe raison de vivre
- se taire et s'appliquer à une tâche matérielle, humble -
j'ajoute la lecture de poèmes.
Ce n'est pas une spécialité d'écrivain,
c'est une affaire commune :
les rayonnants d'amour savent que ceux qu'ils aiment
sont des poèmes de chair et d'âme.

Christian Bobin - Pierre, en hommage au peintre Pierre Soulages

Des poèmes de chair et d'âme... que c'est beau. Oui. En fait on devrait TOUJOURS avoir ce regard-là sur les êtres, non ?

17 novembre 2022

Halo


Je ne l'aurai appris que trois mois après, et sans autres détails sur ce qui s'est passé (je devine - le diabète, la dialyse, l'insuffisance rénale ou cardiaque) mais... il n'y aura plus de "- Hello Beautiful ! - Hello Halo-Tiger !", plus de SMILE ! Je ne retournerai pas en Jamaïque... alors, que reste-t-il ? Sans doute la plus belle et la plus inspirante de nos rencontres CouchSurfing, ce papa afro-américain parti faire le tour du monde avec ses garçons dans l'objectif de leur ouvrir les portes du monde - rien que ça. Une rencontre amicale, amoureuse, familiale, qui nous aura profondément influencés, les enfants et moi.

Et un trousseau de clés dont je me rends compte que, depuis notre rencontre, je les ai intégrées à ma vie, les transmettant autour de moi, à mes proches, à mes patients... 

- If your dreams don't scare you, they're not big enough
- What would you do if you coud not fail ? 
- What is the worst thing that could happen ?
- What's the alternative ?

-Thinking small, Halo, isn't easy or hard. It's just a habit. A habit with consequences. Same for thinking big.

I'm very spiritual. In that sense this has been an eye opening trip for me. My beliefs are that there is a God, I don't know what name he goes by. Jesus, Allah, who knows. He wants us to love each other as people, religion gets in the way of that, sometimes. God is in the people we have met, that accept us just as we are, that care for us as if we are part of their family. We are all his angels, and he puts us where he needs us to help someone. This has happened to me and for me. Some things could have no other explanation. It's happened to me several times on this trip already.

Il a été le premier à me parler des 5 langages de l'amour aussi... et de la nécessité d'être vigilants face aux dreamkillers

Ce soir j'ai replongé dans les photos de nos différentes rencontres, de celles avec nos enfants aussi - Léo est allé seul à Denver, Isaiah est venu au Kremlin... dans leurs photos de voyage, toujours en ligne, dans la présentation de son projet sur CouchSurfing - avant que peut-être, ses traces ne s'effacent. 


HALO'S HYMNS for HAPPINESS
1 Search out Happiness. It's looking for you too !
2 Transform someones life. Start with your own.
3 Look to connect with people. Eliminate strangers campaign.
4 When God winks, wink back (there are no accidents).
5 Be a superhero, fight FEAR (False Expectation Appearing Real).
6 Pour your passion, let it flow.
7 Thoughts become actions. Speak life to what you want.

- I'm a single father to 2 great young men. They are the reason my heart beats. I wish I was able to travel and explore the world when I was their ages, but I didn't have experiences like that. I'm about breaking cycles.

- I’ve come to the realization that through discourse with others we could eliminate a good deal of the mistrust and misgivings we have for people. It takes no work to see what’s different. We could find some common ground. It’s there ; we just have to look for it. 

- When I was a young man, I wanted to change the world. I found it was difficult to change the world, so I tried to change my nation. When I found I couldn't change the nation, I began to focus on my town. I couldn't change the town and as an older man, I tried to change my family. Now, as an old man, I realize the only thing I can change is myself, and suddenly I realize that if long ago I had changed myself, I could have made an impact on my family. My family and I could have made an impact on our town. Their impact could have changed the nation and I could indeed have changed the world. (~Author Unknown)

16 novembre 2022

Enveloppes

Elle est grande, très mince, très maquillée, tout de noir vêtue, un vague côté bad girl gothique qui se dément dès qu'elle ouvre la bouche - elle est charmante, courtoise, cultivée, et...porte beau sa détresse de long terme derrière un sourire radieux. Tout va bien, mais rien ne va : une famille aimante, créative, tournée vers le corps et la création - le sport, la danse, la musique - mais chez elle c'est le corps qui trinque, troubles alimentaires, troubles du sommeil, hypersensibilité au bruit. Les proches sont décrits comme attentifs et unis, mais son t-shirt, qui représente un petit renard et une lune blafards sur fond noir, affiche : Lonely Fox.

Deuxième entretien, il est étourdissant dans tous les sens du terme - brillant mais hypomane, a minima. Dilettante dans sa filière de maths de haut niveau, il se passionne aussi pour la philo et la psychologie. Ce jour-là, il me raconte une longue et multiple tentative de phlébotomie, échouée, un dimanche de désespoir, il y a deux ou trois ans ; ce jour-là aussi, il porte une chemise blanche tie and dye dont la partie rose foncé, artistiquement délavée, part du poignet pour aller jusqu'à la moitié du vêtement.

Cet autre, qui n'en finit pas de s'interroger sur le curseur entre le normal et le pathologique, et sur sa propre place sur ce continuum, vient avec une coiffure différente à chaque fois - la plus spectaculaire aura été une tour de dreadlocks surmontée d'un grelot qui évoque immédiatement la figure du fou du roi ; je l'aurai vu aussi arriver avec des vêtements intégralement trempés parce qu'il vient de pédaler une heure sous la pluie pour se rendre à notre rendez-vous, ses convictions lui interdisant d'utiliser des transports nécessitant des énergies fossiles.

Celui-ci vient se plaindre de récurrents "coups de pas bien", selon ses propres termes. L'anamnèse découvre des vagues de traumas successifs, comme une marée qui se retire en laissant apparaître un paysage rocheux chaotique et redoutable. Un père alcoolique et violent, mais qu'il a continué à voir longtemps après la séparation de ses parents ; deux frères aînés issus d'un premier mariage de la mère - qui vont mal aussi, père addict également ; la mère a récemment été diagnostiquée bipolaire... S'il a déjà vu des psys ? Oui, dans l'enfance et au collège, pour accès de violence incontrôlables. Sur son T-shirt s'étale cette question : IS THIS A MONSTER ?

14 novembre 2022

Grizzly

«Il reste d’une personne aimée une matière très subtile, immatérielle qu’on nommait avant, faute de mieux, sa présence. Une note unique dont vous ne retrouverez jamais l’équivalent dans le monde. Une note cristalline, quelque chose qui vous donnait de la joie à penser à cette personne, à la voir venir vers vous. Comme la pépite d’or trouvée au fond du tamis, ce qui reste d’une personne est éclatant. Inaltérable désormais.»

Christian Bobin

13 novembre 2022

Jubilons, acte I

Mais 2X50, ça fait beaucoup quand même...

06 novembre 2022

Dire Oui

Pas de projet ou de révélation, de but à atteindre pour cette seconde partie de vie, mais un chemin : dire oui. Avoir confiance que ce qui est, est bien. Avoir confiance tout court (...). Je constate : le oui n'a amené que du bon ces derniers temps (...).

Du coup j'explore un peu plus loin : est-ce que je peux dire oui aussi aux événements du passé ? Hum, ça c'est beaucoup plus difficile... mais en même temps, je vois, sous différentes formes, ce que ça m'a coûté de dire non à différentes étapes de ma vie. De lutter. De ne pas accepter ce sur quoi je n'avais pourtant pas de prise.

Un poème me vient, dont chaque phrase commence par, Je dis oui...

03 novembre 2022

Sur le fil

...à nouveau, des semaines-tunnels, le corps qui déraille un peu - une douleur aiguë au pied disparue presque aussi vite qu'elle était apparue, des vertiges, des nausées, des migraines, un épuisement qui se chronicise et décidément des questions sur l'impact sur le corps de ce métier de l'âme ? J'alterne entre l'enthousiasme - hypnose et EMDR continuent de produire des effets étonnants, mais j'ai encore tellement à apprendre... et le découragement, l'envie nette de fuir parfois. Mais il y a eu aussi cet élan joyeux à concevoir une fête pour mon désormais tout proche jubilé - le retour du G.O LuLu, les retrouvailles avec le spectacle vivant - Rien ne s'oppose à la nuit avec Lalie, Mixity avec Samir, Mots d'elles avec Michaële, une marche en forêt avec Annabelle et Emilie un soir de formation en hypnose, un dîner avec la lumineuse Charlotte. Ne pas oublier de voir le beau, le bon...

12 octobre 2022

Célébration


Difficile de ne pas verser ma petite larme émue - pour ce tout premier et très joli repas de fête dans notre nouvelle maison, pour la joie de Léo et le grand sourire d'Elsa, pour cette improbable famille multi-recomposée dont le dénominateur commun est l'amour, pour les petites attentions des grands-mères pour les jumeaux de Samir, pour l'absence de Bizzou aussi - si présent cependant. Ce matin encore, j'ai un petit sourire un peu embué, et tellement de gratitude pour tout cela.

10 octobre 2022

Toujours ou à nouveau vrai ?

Supprimer l'oppresseur revient à nier le problème, mais non à en trouver la solution. Car les hommes sont NOS hommes. Toute la difficulté tient dans l'usage de l'article ou du pronom. De défini/lointain au possessif/commun. (...) Nous aimons nos hommes, leur compagnie, leur corps, leur sexe. Nous aimons avec eux l'échange intellectuel, le jeu existentiel (...).

Les outrances de l'ère zéro du féminisme répondaient à un besoin de société. Mais elles ne pouvaient se prolonger au-delà du temps et de la démesure sans troubler notre propre histoire. Ce désordre massif se révéla porteur d'autres désordres féconds. Mais exiger une égalité totale, donc réductrice, ajouta l'excès à l'excès. La femme n'est pas l'homme et l'un n'est pas l'autre (...)

L'égalité ne prend son sens humaniste/féministe que dans la suppression de la hiérarchie. Et non par la disparition des différences.

Gisèle Halimi, Le lait de l'oranger

08 octobre 2022

Habiter un nouveau lieu

Ce week-end c'est la première fois depuis longtemps que j'ai du temps seule, au calme, et en fait j'aime bien, ça me reconnecte à d'autres facettes de moi. Le spectacle vivant avec le théâtre local hier, tout ce que j'aime, un théâtre engagé, vivant, littéraire et émouvant à la fois. Un premier passage au marché couvert après les patients de ce matin. Découvrir qu'il y a à Villejuif une petite librairie coopérative, sympa et engagée elle aussi, adhérer direct à leur asso, qui promeut la lecture auprès des enfants de la ville et prépare l'ouverture d'un café culturel.  Acheter un bouquin de plus. M'inscrire aussi à la médiathèque. Prévoir le repas d'anniversaire de Léo mardi, passer chez le caviste. Danser et chanter à tue-tête, seule dans cette nouvelle maison qui me ravit.  Ouvrir enfin mes cours d'hypnose pour préparer la validation de novembre. Papoter avec Elsa sur le coin de notre bar, et au téléphone avec mon copain voileux de Toulon – j'adore, on se parle tous les six mois et c'est comme si c'était la veille. Etre invitée à naviguer au printemps... Tomber amoureuse d'un duo piano-violoncelle. Ecrire... 

01 octobre 2022

Phrase du jour

"Je préférais le bordel des idées aux raisons closes."
Jean-Michel Ribes

27 septembre 2022

Drôles de zèbres

Semaine de reprise chez les étudiants - mais qu'est-ce que j'ADORE ce job, la diversité des profils, ces petits prodiges cultivés et fragilissimes qu'il s'agit d'apprivoiser dès la première rencontre - si l'interlocuteur ne va pas à leur vitesse, ils abandonnent - c'est un challenge à chaque nouvel étudiant... et certains lundis matin, c'est un peu raide pour moi au démarrage : est-ce que je peux d'abord reprendre un café s'il vous plaît ?

Souvent au-delà du scolaire ou du familial, ce qui permet de les accrocher, et qui parle d'eux bien mieux que leur pedigree académique, ce sont leurs centres d'intérêt, tout l'extra-scolaire, les œuvres artistiques, livres, films, musiques, les engagements militants ou les rencontres - qui les ont marqués... et là ça devient passionnant.

Depuis ce seul lundi, il y a eu - entre autres :

- ce touche-à-tout génial et ultra-engagé qui vient confier son angoisse face à un sentiment de persécution qu'il identifie, à juste titre, comme délirant (ce qu'il faut de confiance pour oser s'en ouvrir...)
- cette jeune femme sortie d'une seconde hospitalisation , enfin impliquée dans les soins, qui a eu cette intuition d'adopter un chien - prendre la responsabilité d'un être vivant pour mieux s'accrocher à la vie
- cette autre en double cursus qui arrive ultra-défendue, parle avec un débit de mitraillette mais laisse entrevoir peu à peu à la fois une souffrance profonde et une créativité artistique, un militantisme bien présents
- ce jeune homme apparemment bien dans sa peau qui confie sans ambages ses difficultés sexuelles et fait le lien, dans l'espace de cette première rencontre, avec une histoire transgénérationnelle de violence du masculin
- cette jeune autiste Asperger chinoise, qui force le respect par sa capacité d’adaptation et d'apprentissage de codes sociaux qui n'ont pourtant rien d'évident pour elle
- cette flamboyante étudiante d'une université prestigieuse dont la violence sous-jacente me glace, au-delà de son apparence et, pour le coup, de sa parfaite maîtrise des codes de son milieu
- cet étudiant chinois anglophone, dont j'ai déjà parlé, qui interroge ses limites relationnelles face à un potentiel directeur de thèse qui fonctionnerait un peu trop comme lui - ces petits virtuoses des maths ultra-rapides intellectuellement mais socialement démunis, potentiellement agressifs lorsqu'ils sont submergés émotionnellement
- cet amoureux de Rimbaud en transition entre deux universités, qui ne dépend plus de notre service mais revient faire le lien avant la prochaine consultation avec son psychiatre, estimant à raison que le filet de sécurité n'est pas assez resserré au vu de l'intensité de sa détresse
- ce "petit" nouveau - 13 ans en lycée plus qu’élitiste, 20 ans en M2 d'un domaine scientifique ultra-théorique, QI qui crève le plafond, et une solitude absolue car tellement incompris de son entourage depuis toujours...

C'est un privilège, de travailler avec et pour eux. Pour cela aussi, gratitude !

13 septembre 2022

08 septembre 2022

Le bleu du ciel

C'est tout ce que je vois depuis ma nouvelle chambre ; et la nuit, la lune et les étoiles. Nous y sommes... dans ce lieu, rêvé, imaginé depuis des mois. Je suis ravie, Elsa aussi, Léo... nous attendrons son retour de Berlin pour qu'il découvre ! J'aime tout, le petit escalier intérieur, les poutres apparentes, la cuisine ouverte, l'espace si lumineux de la grande pièce à vivre... un lieu qui coche toute les cases, proximité du métro, centre-ville et marché, charme de l'atypique. Un lieu rempli de bonnes ondes - si gardien du lieu il y a, il est bienveillant, cet endroit respire... et il est habité par l'espérance, l'énergie et l'amour investis dans ce projet, par nous bien sûr, mais aussi par Maman et à travers elle, par mes grands-parents, et encore par Samir qui en a assuré la transformation et l'emménagement - j'adore cette idée que le soin et le sens du détail qu'il apporte à ses chantiers aient rendu ma maison "habitée" avant même que j'y sois - et ce n'est pas terminé. A tous, aux anges gardiens visibles et invisibles et à la vie, gratitude...

07 septembre 2022

Faire surgir la parole

Vous savez ce que c'est une interview ratée ? C'est une interview où j'ai mal fait mon boulot, moi, pas l'invité. Je vais vous dire pourquoi, c'est parce que ma grand-mère et ma mère me l'ont toujours appris : tout le monde a quelque chose à dire, et tout le monde peut être passionnant, à condition qu'on puisse l'écouter, qu'on sache faire surgir cette parole, mais vous savez, c'est un travail, c'est un métier...

Augustin Trapenard

Je crois que c'est vrai aussi dans mon métier. La rencontre qui ne se fait pas, le suivi qui patine, l'ennui qui s'installe - c'est sans doute aussi parfois parce que j'ai mal fait mon boulot. En tout cas - cette humilité me parle, et ce présupposé aussi : tout le monde a quelque chose à dire, et tout le monde peut être passionnant. Avec un nouveau patient, le premier moment où j'entends sa petite musique singulière, où quelque chose - un tout petit détail quelquefois, m'émeut, je sais que notre travail a commencé. 

30 août 2022

At last

Après des mois de paperasses administratives, des semaines de suspense et quelques derniers jours franchement angoissés, ça y est ! J'ai les clés de notre nouveau nid sous les toits. Avec une gratitude infinie pour la courtière, qui s'est démenée par solidarité de maman solo travailleur indépendant, et à son complice de la Bred, réactif, impliqué et sympa, ça va me changer de la banque précédente. Juste avant que les taux ne flambent et que l'obtention de crédit ne devienne quasi impossible pour les gens dans ma situation - c'est sûr que sur le papier je n'étais pas la candidate idéale, ni la plus rentable. J'ai vraiment le sentiment que les portes se sont refermées juste derrière moi...

Et comme me l'écrivait un ami : ce jour-là, vous aurez 1. bloqué vos loyers sur 20 ans malgré l'inflation 2. transformé en épargne une dépense mensuelle contrainte 3. fait un placement qui ne peut que se valoriser (oui : 3 lignes de métro en 2025) 4. mis la première pierre à une future retraite probablement moins cata que prévu du coup. YESSS. Meilleur investissement de ma vie. 

15 août 2022

Atelier Climat


Bien sûr il y a les petites graines plantées - l'Espace des Possibles depuis des années, la sensibilisation précoce à travers des films comme Demain ou En quête de sens, et puis deux parents dans l'accompagnement de l'humain et la formation, et donc toute la fierté d'une transmission mais... à vingt-deux ans, JAMAIS je n'aurais été capable de concevoir et d'animer un atelier qui réunisse plus de vingt personnes et plusieurs générations, encore moins sur une thématique aussi complexe et brûlante que celle du changement climatique ; de proposer des outils de réflexion et des connaissances, mais aussi de créer du lien, de faire appel à l'émotion, de faire fonctionner la tête mais aussi de toucher au coeur. 

Un atelier pensé comme une véritable formation, dynamique de groupe, variété des outils, partage de ressources, retours d'expérience... Proposer cet atelier dans un contexte de lieu de vacances, sur des questions éminemment anxiogènes, il fallait oser ! Mais - la pédagogie et l'engagement écologique, ce sont les deux domaines où mon Léo donne toute sa mesure. Et j'ai cette conviction que lorsque nous sommes à cet endroit de justesse pour nous-mêmes, nous pouvons sinon soulever des montagnes, en tout cas faire bouger les lignes... 

Ce qu'il faut de maturité, d'intelligence, d'engagement, d'attention à l'autre aussi pour avoir mené ce projet à bien, c'est tout au crédit de ce jeune adulte que je n'en finis plus de voir grandir dans toutes ses dimensions de jeune homme, avec tellement d'amour et de fierté.

13 août 2022

Un demi-siècle d'amitié


 ...ou presque ! Un demi-siècle de Sissou, trente-huit ans d'amitié, et la joie de pouvoir identifier chacune des personnes sur cette jolie photo de famille. J'adore cette idée que nous connaissions nos compagnons, nos fratries, nos enfants, nos parents, cet endroit où la famille de coeur ne se distingue plus de la famille de sang... 

12 août 2022

Dire oui

Il y aurait plusieurs façons de les raconter, ces vacances. De façon gentiment distante, presque détachée - un cadre exceptionnel, des gamins adorables, un homme séduisant, que demander de plus ? Alors oui, le lac d'Annecy, c'est très beau : des eaux turquoise et translucides, une infinité d'activités possibles, à commencer par le plaisir inédit pour moi de nager au milieu des montagnes - et le tour en paddle en solo a été un moment magique. Sur le papier, tout est parfait, et dans la réalité, c'était parfait aussi. Mais ça ne serait pas rendre justice à la profondeur des émotions que j'ai vécues là-bas - et avec lesquelles je reviens.

Aux bouffées de bonheur récurrentes. A l'admiration sans cesse renouvelée devant la beauté de la nature. Aux retrouvailles avec l'enfance (voir post précédent), à ma tendresse débordante pour ces magnifiques jumeaux et pour leur père (dont la beauté ne m'émerveille pas moins). 

A la stupéfaction attendrie devant ce lien qui à ce jour déjoue tous les pronostics, où tout se fait si naturellement - le quotidien, les enfants, l'argent, la maison, tout roule, c'est si incroyablement tranquille. Au respect spontané des temps de retrait de l'autre - de lecture et de rêverie solitaire pour moi, donc... Aux allers-retours entre la raison qui dit non, et le coeur qui dit oui...

J'adore cette histoire improbable - parce que c'est ce qui en fait la beauté : elle n'était pas écrite, pas prévue, et pourtant elle est - et elle est lumineuse et fluide. Je suis profondément touchée par la façon dont cet homme silencieux m'a ouvert la porte auprès de ses enfants - et même de la famille élargie qui vit dans la région. J'aime sentir le respect et la curiosité tendre avec lesquels nous approchons nos grandes différences. 

Et, contrairement à ce qu'il en pense, j'adore aussi le fait de ne pas me projeter ni d'avoir d'attentes, mais de juste être - respirer côte à côte, nous endormir ensemble. Il y a là une liberté, une gratuité qui m'enchantent absolument. Peut-être est-ce que toutes les relations devraient s'écrire ainsi - dans ce respect infini de la liberté de l'autre  : c'est Rilke qui écrit quelque chose comme cela à propos de l'amour : deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant, et s'inclinant l'une devant l'autre.

09 août 2022

Jusqu'à la lune et retour

Peut-être que c'est comme faire du vélo, quelque chose qui ne s'oublie pas, même quinze ans après. En tout cas, je me suis coulée dans cette vie de famille imprévue comme je serais rentrée dans un bain chaud : tout en douceur et en détente, et comme si c'était hier. 

Et j'ai adoré. Sentir des petites mains se glisser dans les miennes. Aller à la bibliothèque puis lire des histoires. Chanter des rondes enfantines. Jouer aux sept familles.  Chahuter dans l'eau, les embarquer en canoë, en paddle, en vélo. Préparer des petits déjeuners, et des macaronis au gratin comme Mémé ! Et, posée dans un fauteuil, voir arriver la tornade Naïm qui m'a sauté dessus : "Câlin à deux !", suivi de près d'Imrane, pourtant plus long à apprivoiser : "Câlin à trois !" - ce jour-là, j'ai su que c'était gagné. 

Grâce à la confiance de leur papa bien sûr, mais aussi grâce à eux : jamais vu d'enfants de six ans qui se couchent sans problème, ne font pas (trop) de bruit le matin, mangent ou en tout cas goûtent ce qu'on leur propose, pleurent trente secondes pour une chute à vélo ou une piqûre de guêpe puis passent à autre chose, font une rando vélo de plus de vingt kilomètres sans protester, ne se bagarrent pas une seule fois en deux semaines mais sont au contraire constamment complices et solidaires, dans la négociation et pas dans l'affrontement...

Je leur ai offert un des livres fondateurs pour mes propres enfants, Devine combien je t'aime. Le lendemain, ils la connaissaient par coeur, cette histoire d'un petit lièvre (mais pourquoi pas deux ?) qui cherche à mesurer jusqu'où va l'amour... "Jusqu'à la lune, et retour."

22 juillet 2022


Mais je te laisse ça, comme une chanson tendre
Avec ta fantaisie qui fera beaucoup mieux
Et puis ma voix perdue que tu pourras entendre
En laissant retomber le rideau si tu veux, si tu veux

Léo Ferré, Le Testament

18 juillet 2022

L'envers du décor

Cependant... je m'inquiète. Avant ces quelques jours, je me sentais depuis longtemps épuisée, anxieuse, constamment sur trop de fronts à la fois. Ligne rouge franchie avant notre départ, avec une crise d'angoisse qui m'a obligée à quitter une représentation théâtrale en plein milieu, en m'effondrant sitôt sortie de la salle. 

Je n'en peux plus. 

Des patients lourds des derniers mois, des messages suicidaires de ma patiente alpha, et même des patients plus "légers" actuellement - chaque fin de rendez-vous est un Everest, à grimper à nouveau l'heure suivante. Pourtant, je fais mes premiers pas en hypnose, et me régale - mais peut-être en sous-estimant le coût énergétique inédit de ce travail en état de conscience modifié. 

Des incertitudes sans fin sur le devenir de mon projet d'achat d'appartement - avec ce qu'il draine de sécurité dans l'avenir ou non, de sentiment d'impuissance, de vulnérabilité et d'injustice - car ce n'est pas faute de travailler beaucoup, mais les banques n'aiment pas que j'aie deux jeunes adultes à charge et un seul revenu. A ce stade, je me permettrai de respirer à la signature définitive, soit pas encore.

Des dépenses incontrôlables qui s'accumulent - le budget initialement prévu pour travaux et équipements qui part en apport, les taux qui grimpent, le véto, le dentiste, le semestre de Léo à Berlin... De gérer seule l'essentiel des charges de notre maisonnée - et pas uniquement sur le plan matériel. 

De l'avocate supposée m'aider  rétablir un semblant de justice quant aux coûts et aux responsabilités parentales, si inepte que je suis parfois tentée d'annuler une procédure dans laquelle je ne fais plus confiance ni à elle, ni à la partie adverse. Pendant ce temps, un petit frère est né, ce que Léo a annoncé sur fond noir et sans autre commentaire sur son compte Instagram. 

De la course contre la montre pour espérer avoir bouclé travaux et déménagement en deux semaines fin août afin de ne pas payer le mois de septembre en double, et des to do lists qui vont avec cet objectif.

Des nouvelles - de l'économie, de l'écologie, de la politique locale et internationale, de la canicule qui m'affole - était-ce une erreur d'acheter sous les toits ? Je ne comprends plus, comme si ce monde s'auto-détruisait sous nos yeux impuissants... 

Bref, j'ai zéro recul, et impossible de décrocher, de réguler les pics d'angoisse, de dénouer cette gorge serrée en permanence, de modérer mon hypersensibilité en roue libre, de retrouver un peu d'énergie - même pendant les quelques jours à Trouville, malgré les irremplaçables bouffées d'oxygène par moments là-bas. Un stupide hamster dans sa roue, une éponge, saturée - d'habitude, c'est une force et un atout, mais là c'est autre chose, la sensation inconnue d'une limite franchie, d'un dérapage pour le moment hors de contrôle.

14 juillet 2022

Just kids

Il y avait longtemps que nous n'avions pas eu un temps hors Paris juste ensemble. Enfin presque : le dimanche précédent, les enfants et moi étions à Montlevon, et j'avais déjà retrouvé un petit goût de cette complicité, chanter à tue-tête en voiture, saisir les blagues au vol, découvrir un nouveau jeu. Et c'était joli aussi, la façon dont ils se sont éclipsés le temps que j'accompagne leur grand-mère endeuillée avec un peu de ma boîte à outils professionnelle.

Et puis à nouveau ces quatre jours au bord de la mer - sauvés in extremis par le prêt d'une voiture par Ronan, car trains annulés un 13 juillet, c'était sans espoir d'un plan B train, bus ou location de voiture. Quatre jours dans l'accueillante maison de Philippe et Marion, des baignades, des rires, une soirée blind tests et karaoké, un achat de maillot pour Amaury chez Texti, des glaces tous les jours (des huîtres, des crevettes et un Chablis bien frais aussi pour moi), et deux feux d'artifice. Me baigner en mer, un de mes plus grands bonheurs dans cette vie - cette sensation de me laver de tout, d'être portée, bercée, libre un instant. Des moments légers, jolis, pas parfaits - une engueulade, quelques larmes, du télétravail pour Léo et moi, mais des moments précieux tout de même, parce que si rares aujourd'hui. Je suis vraiment heureuse et pleine de gratitude que nous ayons pu partager cela - grâce aussi à l'amitié des proches, donc. Collectionner les moments plus que les objets reste ma ligne de vie, dans le double sens de guide de conduite et de point d'appui protecteur, comme en voilier...

26 juin 2022

...ni le jardin de son éclat

Un clin d'oeil au Mystère de la chambre jaune, ai-je appris en recherchant la phrase d'origine. Ici, ce sont les jardins de Bagatelle qui n'ont rien perdu de leur charme...

14 juin 2022

De plus en plus curieux

Comme dit Alice au Pays des Merveilles... 

OK, l'hypnose telle qu'on l'enseigne dans ce lieu s'annonce comme résolument transpersonnelle. Mais, si je suis absolument convaincue - pour en connaître plusieurs - que certains êtres ont la possibilité de se connecter à l'autre ou à un plus vaste réseau d'informations de façon plus ou moins médiumnique, je n'avais jamais pensé en être capable. 

Sauf que... de séminaire en séminaire, j'ai perçu sans qu'ils soient nommés le serpent-totem de Carine, les hortensias roses d'Annabelle, la peur dans les yeux de Richard ; quelque chose de l'histoire d'Emilie, qui signe la capacité de son corps à se régénérer même après des atteintes majeures ; et, plus fort et plus troublant, l'origine spirituelle du mouvement d'angoisse d'Annabelle suite à un exercice où pourtant nous n'avions pas travaillé ensemble. J'ai expérimenté aussi en tant que guide ce souffle venu d'on ne sait où, qui m'inspire des mots que je ne m'attendais pas à dire, mais qui sont ceux qui doivent être dits à ce moment-là. Pas toujours, loin de là. Mais de plus en plus souvent.

Wow. Décidément, je suis au bon endroit. Au bon endroit aussi pour recevoir de la tendresse - ce groupe est attentif, prévenant, contenant. Et de jolis retours : on m'y restitue ma douceur, ma stabilité, ma fiabilité, la confiance que je peux inspirer, tout en me permettant d'y être aussi hypersensible, à fleur de peau, que je le suis réellement - ce que je ne montre nulle part ailleurs, en tout cas pas de cette façon. Et, encore une fois, j'ai été émue aux larmes par un retour sur l'importance vitale de recevoir, lorsque l'on fait un métier de don - cadeau spontané autant que symbolique à l'appui. 

12 juin 2022

Un moment de grâce

Après un vendredi bien triste, un bonheur impromptu : Léo s'était proposé de me faire rencontrer ses meilleurs copains de promo. Oui, ceux-là même. Et nous avons donc improvisé un dîner apéro (impossible d'être 9 à table dans cet espace), squatté la "terrasse", parlé anglais, italien, portugais et espagnol (mais pas danois), évoqué Christiania et bien d'autres voyages, et surtout chanté, joué du ukulele et du piano. Elsa s'est jointe à nous en fin de soirée. Un condensé de tout ce que j'aime : mes enfants réunis, de la belle jeunesse plein la maison, de l'interculturel, des rires et des conversations plus sérieuses, et nous réunir autour d'un piano... 

10 juin 2022

Bizzou

Cher Bizzou,

La première fois que je t'ai rencontré, que je vous ai rencontrés, c'était au champ, dans la joyeuse famille de YoYo. Il n'y a... pas loin de trente ans ! Trente ans de souvenirs, ce serait trop long à évoquer, alors j'en ai gardé juste quelques-uns : le jour où tu m'as appris à danser la valse, la leçon de check avec Mémé, car vous étiez jeunes pour toujours, les parties de tarot, les innombrables cafés à toute heure et les petits cigarillos en cachette.

Tu étais comme un père pour moi, et tu as été un merveilleux grand-père pour Léo et Elsa. J'aimais ton inépuisable énergie – toujours un outil à la main, toujours à bricoler, réparer, jardiner. J'aimais savoir qu'ils pouvaient, que nous pouvions, toujours compter sur vous deux : prendre la route dans l'heure pour accueillir un enfant malade, poser un parquet ou un papier peint pour embellir notre quotidien, offrir des légumes du jardin plantés avec amour – YoYo, pas comme tes dahlias... Papi toujours prêt !

Papi, et Mamie, bien sûr... impossible de penser à l'un sans penser à l'autre, vous êtes inséparables, et vous êtes le plus joli témoignage de la possibilité de s'aimer une vie entière. Pour cela aussi, merci.

Mon souvenir le plus précieux n'est pas un souvenir, mais une émotion très intime et toujours vivace : plus que tout, j'aimais la tendresse silencieuse mais indéfectible que tu avais pour moi, et que je lisais dans ton regard si bleu. Plus que tout, j'aimais ta façon de nous aimer.

08 juin 2022

Fondre

 - Je me fais régulièrement draguer les lendemains des jours où j'ai fait l'amour avec toi (rayonnante ?) : citation du jour : Hé Madame vous avez fait tomber quelque chose ! (- ???) - Mon coeur, c'est mon coeur que vous avez fait tomber ! (Je sais c'est couillon mais... ça m'a fait sourire)
- Ça doit vraiment faire plaisir :-)
- Oui c'est joli !
- En même temps c'est normal tu ES rayonnante ! 

Quelques jours plus tôt :
- Quand est-ce que je te donne ton cadeau d'anniversaire ?
- Pas besoin c'est toi mon cadeau...

05 juin 2022

Tourisme local


Ou comment redécouvrir la ville avec un œil neuf grâce à une visite d'amie :
retrouver le Paris des expos / spectacles /petits restos et longues marches à pied. 

31 mai 2022

Presque rien

C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup... ce dîner d'anniversaire face à des jumeaux espiègles et intrigués. Des Spritz, des ballons verts et bleus, une pochette surprise de petits cadeaux et une lettre à lire un peu plus tard. Guère plus d'une heure, pour ne pas lasser la patience des enfants au restaurant, mais un petit moment qui compte.

29 mai 2022

Emergency exit

Ça devenait urgent en effet, les symptômes de burn-out devenant insistants : vertiges, migraines constantes, nausées... trop d'émotions absorbées, d'affects ingurgités, il était temps de détoxifier ! Deux luxes, la solitude, le bord de mer. 

Du temps pour lire (le fabuleux "Come as you are", d'Emily Nagoski) ;  pour chiller sur Netflix : revoir La Leçon de Piano (j'avais oublié la fin), ressentir un indéniable malaise devant le néanmoins désopilant Ni juge ni soumise ; pour écrire - une lettre d'amour, et une bouteille à la mer ; pour réfléchir : et si... j'arrêtais le salarié : travailler moins pour gagner plus, être entièrement libre de mon organisation et de mes choix, pourquoi pas ? Et aussi pour traîner au marché de Deauville, boire une bière ou un café en terrasse, et même m'offrir une douzaine d'huîtres et un verre de vin au soleil, juste pour moi.

21 mai 2022

Tissage

Cousu dans l'ourlet des semaines, il y a ce lien improbable qui perdure et se tisse, se cherche, s'interroge, depuis plus de quatre mois maintenant. Un petit miracle funambule qui rompt deux solitudes, un apprivoisement fragile qui ne se projette pas et pourtant s'affirme semaine après semaine comme un espace-temps de douceur tendre, un rêve semi-éveillé, si déconnecté des contraintes du quotidien. Des souvenirs se créent - des huîtres à Trouville, une cabane dans les arbres, une sieste sur la terrasse, un dîner au pied du Sacré-Coeur... des rites aussi, les mardis soirs, la moto, le sommeil partagé...

Je ne sais pas, où cette histoire nous mène, et je devine que la question serait plutôt, je ne sais pas, quand cette histoire se terminera ; je ne sais pas non plus si je préfère qu'il en soit ainsi, ou non ; je bataille (intérieurement) avec la conviction qu'il faut la laisser être, renoncer à poser trop de questions, ce qui est un exercice excessivement difficile pour moi. Mais je sais que cette rencontre nous fait du bien... qu'elle est un cadeau, à bien des titres.

"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves..."
W. Shakespeare

ou encore :

"It's under my skin but out of my hands..."
Tears for Fears

13 mai 2022

Quel métier...

Après les émotions aiguës de la semaine passée (voir ce billet), et cette histoire est malheureusement loin d'être terminée, il y a eu aussi cette scène surréaliste face à une jeune femme en furie, attaques au scalpel et délire à bas bruit, dont la violence des affects était telle qu'elle se traduisait à même mon corps au fur et à mesure, pic de rage, tremblements... de toute ma vie professionnelle, je n'ai rencontré cette violence d'impact émotionnel qu'à trois reprises ; et les trois fois, c'était absolument diagnostique : paranoïa, voire perversion en face. 

La veille, j'avais reçu en urgence  une étudiante franco-chinoise signalée par l'infirmière de son établissement ; entretien de crise suicidaire, clignotants tous au rouge - avec discours explicite : si cet entretien ne me retenait pas, je passais à l'acte aujourd'hui - pas comme une menace perverse pour le coup, mais comme un constat désespéré, l'appel à un arrêt immédiat de la souffrance. J'ai négocié le départ dans la foulée en service d'urgence, notre infirmière l'a accompagnée, elle est hospitalisée.

Ce même vendredi, il y a eu aussi cet étudiant en lettres qui attribue ses difficultés à son statut sociologique (le syndrome Edouard Louis), là où son inadaptation, sa déconnexion crèvent les yeux - nous avons fini par établir une communication fragile, mais là aussi je fais l'hypothèse d'une psychose encore endormie...

Puis en fin de journée les messages appels au secours de cette patiente expat' dont je n'avais plus de nouvelles, en crise comme c'était prévisible, couple de personnalités si fragiles et leur nouveau-né, seuls dans un pays étranger.

Ce n'est pas tous les jours comme ça, fort heureusement. Mais ce n'est pas tous les jours non plus que trois jours après, je reste migraineuse, nauséeuse, semi-déprimée-anxieuse, sans pouvoir attribuer cet épuisement à autre chose qu'aux détresses rencontrées ces deux dernières semaines - majoré peut-être par l'ouverture émotionnelle laissée par les jours de formation à l'hypnose. Quel métier...

10 mai 2022

Chamanes du langage ou médecine des mots

CE QU’IL Y A DERRIÈRE LE CŒUR 

On m’a parlé
des mots qui sont des pièges.
Le cœur en est un : l’âme vient deuxième.
L’important,
quand on écrit le mot cœur c’est de savoir
ce qu’il y a derrière. 

Pour moi, derrière, il y a trente ans de grands mystères
à propos de l’amour qui vient quand il veut et qui n’obéit
qu’aux flammes de son propre feu
il y a bien sûr ces hivers interminables où tout est gelé
en soi : on confond le passé et l’innocence,
on se persuade qu’enfin, à l’avenir, on saura vivre au chaud
dans les plis du silence. 

Derrière le cœur j’entasse des colères vivaces et des joies débordantes,
je cache des royaumes de fleurs séchées et des empires d’étoiles,
je protège des histoires que j’ai peur d’abîmer
et je me fiche qu’elles soient ou non des histoires vraies.
J’imagine plus que je ne réfléchis :
c’est là ma façon d’être au monde,
de ranger derrière un mot le dictionnaire entier,
de construire des maisons souterraines
et des cabanes perchées,
de faire d'un berceau une tombe
et d’un vieillard un nouveau-né. 

Ce qu’il y a caché tout près du cœur
c’est une peine d’un autre temps,
une mélancolie qui vient d’ailleurs –
une émotion coincée
entre l’ennui et la stupeur.
Alors je fais des barrages d’amour infini, de moments lumineux,
je dévie des vagues immenses sur des rochers de nuit,
le soir quand la lumière est rouge j’appelle en moi
la force des légendes,
des contes et des mirages,
j’accroche à mes oreilles des boucles de cheveux blonds
plus secs que le foin, plus blancs qu’un blanc matin, 
et je chuchote pour qui entend :

derrière le cœur
 il y a ce qui fut brisé et gardé là
pour ne point perdre les morceaux de la beauté.

Cécile Coulon

07 mai 2022

04 mai 2022

Choisir le lien

Cette semaine, il y a eu aussi la tentative de suicide d'une patiente à laquelle je me suis profondément attachée. Elle est sauvée - pour le moment. Mais les échanges que nous avons eus durant cette semaine, lorsque le pronostic était encore incertain, sont sans doute les plus bouleversants que j'ai vécus à ce jour dans ma vie professionnelle. Rien dans mon parcours ne m'a préparée à une telle situation : quand on n'a plus que son humanité et ses mains nues pour faire face, sans certitude sur l'issue. J'ai écrit ensuite bien sûr, pour moi, pour retrouver une distance plus juste, relancer ma capacité de penser cette situation et donc de l'accompagner au mieux de mes possibilités. Si cet écrit dans sa totalité n'a pas sa place ici, il me tenait à coeur d'en dire quelque chose, de garder une trace... 

Au-delà de son histoire singulière, cet accompagnement m'a définitivement confirmée dans une posture assumée, celle du sur mesure. Avec elle j'ai accepté de négocier point par point les diktats de la distance dite professionnelle officielle (...). Elle était parfaitement au clair avec ce qui était ou non de l'ordre du cadre classique et en comprenait le sens. Chaque décision d'un pas de côté a été nommée, et argumentée entre nous. Elle a pu me dire à quel point elle pensait essentiel, après avoir posé les bases du cadre, de pouvoir s'en abstraire pour établir un lien, créer la rencontre. 

(...) à quel point ma façon de chercher en permanence à me mettre à sa hauteur, à inventer des façons de nous rencontrer avait été précieuse, et à quel point elle avait été déçue de la distance (et parfois du rejet ou de la culpabilisation, tant son contact peut être déroutant parfois) de tous les autres soignants auxquelles elle a été confrontée, et il y en a eu beaucoup (...). J'ai pu lui dire que j'avais infiniment appris grâce à elle, et à sa question de savoir si je pensais que l'avoir rencontrée avait modifié ma pratique, j'ai pu répondre sincèrement, OUI.

30 avril 2022

Se mettre au vert


L'été dernier, j'ai adopté le principe des micro-vacances : en 4 jours, sortir de Paris, faire le plein d'oxygène, ici dans une jolie maison accueillante, et hop ! C'est reparti, avec une belle énergie. 

22 avril 2022

Fin de cycle 2

Je me serai beaucoup, beaucoup bagarrée avec ce psychanalyste pur jus qui m'a accompagnée ces trois dernières années. Et... je pense que sa façon d'affronter mon exaspération chronique a fait partie des points qui m'auront le plus aidée. Lui souffler dessus sans qu'il s'envole comme la maison en paille des trois petits cochons, transformer une partie de ma colère. Et lui qui ne s'était jamais départi de cette posture que je lui ai tant reprochée, a conclu notre dernière séance par un "Que les vents vous soient favorables !" qui m'a profondément touchée. 

18 avril 2022

Pâques

Un repas tout simple à la maison, et des anniversaires en avance, avant que nos étudiants partent faire leur tour d'Europe - Autriche, Italie, Portugal, Allemagne !

17 avril 2022

Sakura


Le Japon ? Non, le Parc de Sceaux... mais c'est assez pour être émerveillée par ce miracle éphémère, et ressentir la dimension sacrée de cette explosion du printemps, malgré la foule ce jour-là, ou peut-être aussi grâce à elle - comme si l'élan de vie se transmettait de la nature aux hommes. Familles rieuses, retrouvailles, rituels profanes ou non, une pluie de petits pétales roses comme autant de joies minuscules et légères... 

11 avril 2022

L'autre conscience

J'en rêvais depuis presque un an, du début de cette formation à l'hypnose... et je ne suis pas déçue. Ni par l'approche, résolument transpersonnelle, ni par le formateur, brillant et profondément humain à la fois, ni par le groupe, des adultes pour beaucoup en reconversion, donc à la croisée de plusieurs vies, ouverts et curieux. Un enseignement aux antipodes des "protocoles protocolaires" de l'hypnose dite médicale, ici centré sur la relation à l'autre et à soi, et sur la magie du verbe au sens premier du terme. Je vais me régaler... et penser que ce sera un plaisir renouvelé jusqu'en novembre - ce qui ne me paraît pas de trop pour intégrer cette nouvelle façon de travailler - me ravit absolument.  

Dysphorie d'espèce

Je me demandais si c'était possible d'être dysphorique d'espèce. Ceux qui sont dysphoriques de genre trouvent qu'ils ne sont pas nés dans le bon genre, moi je préfèrerais être neutre, mais en plus je préfèrerais ne pas être humain.

Dixit ma patiente TSA, qui avait d'ailleurs écrit, dysphorique d'espère ; toujours bouleversante, dans son mélange détonant d'intelligence aiguë, de désespoir profond et d'humour involontaire... 

08 avril 2022

Un nid sous les toits

Ce soir, j'ai visité pour la troisième fois ce qui sera peut-être notre prochaine maison. NOTRE maison, un rêve que je pensais inaccessible, un chez-moi à moi... nous mettre un toit sur la tête, préparer un peu de sécurité pour l'avenir, investir un lieu où il soit possible d'aller et venir, et surtout, de revenir. Un port d'attache, un point d'ancrage... 

Les premières recherches m'avaient découragée ; impossible de me projeter loin des métros, loin des commerces, dans ces clapiers tristes et défraichis, pelouses pelées, barres d'immeubles sans vie, cités dortoirs. Des plans carrés, des loggias tristes, un avenir impensable. Et puis il y a eu cette annonce qui mettait si mal en valeur un espace atypique, mais dans mes possibilités : un appartement sous les toits, où l'on accède par un petit escalier privé qui donne immédiatement la sensation d'être dans une maison,  avec une grande pièce à vivre où la cuisine n'existe que sous la forme d'un haut comptoir, laissant tout l'espace à la vie justement, et où les chambres se la jouent grenier sous les poutres. 

Un coup de coeur, un feeling dès la première visite : ce sera là. Ca va marcher. A six minutes du métro, et trois ou quatre d'un petit centre-ville. Et ce soir... il y a eu ce bonheur inattendu de n'être pas seule pour évaluer ce projet, imaginer les améliorations possibles, et surtout une main tendue, un appui fiable pour les réaliser. L'anti-syndrome de la petite poule rousse. Un immense soulagement, et, pour ma part, un grand élan de tendresse... en sortant, j'ai confirmé mon offre. 

31 mars 2022

Fin de cycle

Nous avions commencé à rencontrer Mathieu et Kamila, thérapeutes familiaux, dans de bien tristes circonstances. Et ce jour, nous sommes arrivés tous les trois joyeux des changements en cours - Elsa épanouie en service civique, Léo avec nous à la maison et plus engagé que jamais, moi dans nos projets d'achat d'appartement... et nous avons conclu qu'à ce jour, l'équilibre familial semblait suffisant pour clore ce cycle, et nous remercier tous du chemin parcouru ensemble - de cet engagement dans la parole qui nous laisse pour le moment au meilleur de ce que nous sommes.

27 mars 2022

Checked !

Ce week-end j’ai envie de (liste non exhaustive et non obligatoire 😂) :
-    Marcher sur la plage au soleil ✅
-    Me poser face aux vagues. Respirer. Prendre le temps. ✅
-    Mettre les pieds dans l’eau (plus, c’est pas sûr, mais possible que j’essaie !) ✅
-    Manger des huîtres avec un verre de blanc frais (citron ou vinaigrette ?) et une tartine de pain frais/beurre salé ✅
-    (...) ✅
-    Aller au marché ✅
-    Chanter (pas difficile, je fredonne tout le temps quand je suis heureuse). Danser – sur le sable, dans la maison ? ✅
-    (...) ✅
-    Déjeuner en terrasse ✅
-    (...) ✅
-    Envie de légèreté, tout ce qui nous pèse nous rattrapera bien assez tôt lundi…

17 mars 2022

Printemps

Elle a cherché toute seule. Rédigé lettre de motivation et CV. Elle s'est rendue à un entretien mené par deux adultes inconnus, dans un lieu nouveau. Et ils lui ont dit oui. Depuis presque deux semaines, Elsa est en service civique. Pour une belle association, et pour une mission qui a plus que du sens pour elle - sensibiliser les jeunes sur les thématiques liées au numérique - cyber-harcèlement et discriminations, dangers des écrans, de l'addiction aux jeux vidéos au revenge porn en passant par les fake news et les arnaques en ligne. Elle se lève le matin, parfois très tôt. Se forme, intervient déjà. S'intègre dans une équipe. Revient fatiguée mais enchantée, pleine d'une énergie inattendue, d'une confiance en elle toute neuve. Avec plein de choses à raconter, qui témoignent de sa sensibilité, de son intelligence, de sa créativité.

C'est fragile, peut-être. Ou peut-être pas, car elle a déjà anticipé les difficultés possibles de ce changement de vie radical, en a fait part aux encadrants. Et surtout, parce que c'est son projet, qu'elle a impulsé en toute autonomie, et qui la porte autant qu'elle le porte. Et moi, je suis toute émue d'être témoin de cette éclosion inattendue, et tellement heureuse pour elle...

15 mars 2022

Instantanés

Un brunch chaleureux avec Maman et Daniel pour la fête des Grands-Mères. Un restau libanais et un spectacle improbable avec mon filleul préféré (deux ans que le Covid nous privait de ce petit moment partagé). Un dîner chez les derniers vrais cocos de la Butte aux Cailles, à la SCOP Le Temps des Cerises. Un brainstorming au Pub Saint-Germain sur l'intégration d'athlètes russes dans une équipe olympique française. Un cocktail à la Felicita, la sensation retrouvée d'une accélération en moto - qui me fait toujours éclater de rire - cette sensation soudaine d'avoir des ailes. Une coupe de champagne (ou plusieurs) avec la blonde Cécile et la brune Nadia. La remise de diplôme de Léo. Un atelier chant avec la grande Elsa où interpréter avec jubilation J'aime pas, de Boris Vian. 

Autant de contrepoids, de contrepoints à l'affolant désordre du monde. Au vertigineux rapport du Giec, à la désolante campagne présidentielle, à la tragédie ukrainienne. A la façon dont tout cela affecte, angoisse, plombe les consultations et donc assombrit aussi mes journées. Aux drames singuliers aussi - les situations d'urgence s'accumulent chez les étudiants ces dernières semaines, suicide, incarcération, décompensation, disparition. Je suis passée au-delà de la fatigue. N'ose pas me faire arrêter, car les grilles de rendez-vous débordent. Mais... jusqu'à quand ?

13 mars 2022

La clé sur la porte

Bonheur du jour : Léo évoque les somptueux appartements haussmanniens ou les immenses maisons de campagne de ses petits camarades de Master à l'ESCP. Puis notre petit 54m2 où nous campons à 3, et parfois à 4 ou 5, parce que l'accueil de nos amis, de nos amours (et des amis de nos amours ou inversement) y est la règle. Une maison où les débats sur tous les sujets, les blagues, les confidences sont toujours les bienvenus. Il dit : je n'échangerais pas. Trop contente. Et assez fière. Je rends ça possible. A moi toute seule. Yesss !