26 février 2017

Petite fleur

Ce n'est pas seulement un air de Sydney Bechet, c'est aussi mon fleuriste préféré. Conseil de Yoyo hier : multiplier les petites joies par 10. Diviser les grandes emmerdes par 10. OK. Je commence : ce matin, petit moment de grâce chez mes fleuristes préférées, un client aveugle s'est mis à improviser sur le piano de la boutique. Et je suis repartie avec un ravissant bouquet - je les connais désormais assez pour leur dire, voilà mon fond de porte-monnaie de marché, 8 euros cinquante, qu'est-ce que je peux faire avec ça ?

21 février 2017

Diver-Cité

Suis contente. D'avoir oeuvré pour que sur ce campus de 6000 étudiants, bientôt 7800, nous mettions en place des actions spécifiquement pour nos résidents LGBT. Importantes partout, indispensables pour des jeunes issus de pays ou de cultures où la différence est source d'exclusion, de violence, de poursuites légales, et qui viennent étudier en France avec l'espoir de trouver une terre d'accueil et d'ouverture où ils puissent être qui ils sont. La convention est signée, la permanence d'accueil individuelle est en place, le tout premier événement a eu lieu - et ma Cité continue à porter haut  ses couleurs multiples et ses valeurs fondatrices - un lieu de paix et d’ouverture, où la différence quelle qu'elle soit est une richesse à se partager, une chance commune.

16 février 2017

Sainte LuLu :-)

Le 16 Février, ce n'est pas seulement le surlendemain de la Saint-Glinglin, mais aussi ma fête. Personne ne le sait, et moi non plus, en tout cas, je ne l'ai pas en tête. Du coup, j'étais toute contente de recevoir sur les pistes un message de ma maman et un autre de ma petite grand-mère. #petitsbonheurs

12 février 2017

Respirer

J'avais oublié. Cette sensation de liberté, de vitesse, de plaisir. Cette nature incroyable, la lumière omniprésente, éblouissante, l'air si pur - comme si mes poumons se dépliaient à nouveau pour la première fois. La blancheur, la beauté, le silence. Des moments de jubilation simple, de pur mouvement silencieux - aussi magiques qu'à la voile : le sentiment d'être intensément vivante, enracinée dans l'instant présent. Là-haut aussi, comme sur la mer, la lumière et le vent...

Quelques jours, j'ai retrouvé cette impression d'être pleinement debout, de marcher sans béquilles, d'être à ma place. Tranquille, et rieuse, et joueuse - ça aussi, je l'avais oublié... En équilibre, légère, capable aussi d'échanges sincères, avec toute la force que confère la fragilité assumée : c'est là que j'en suis, c'est là où nous sommes. Et rassurée : je suis épuisée, mais pas cliniquement déprimée, puisque dès que la pression s'allège, je me retrouve.

Bien sûr, c'est seulement le temps de quelques jours, un miracle provisoire qui ne modifie pas le fond. Bien sûr, les réponses ne viendront pas de là - aucune des questions ouvertes actuellement ne se suffira d'une réponse simple, et il y a des actes à poser, pour les enfants, et pour moi, sur tous les plans. Mais que ce temps ait pu être à la fois un temps de vacance authentique, une respiration profonde, et un moment d'échange, et un espace dans lequel me reconnecter d'abord à moi-même, ressentir tout cela - c'est déjà un cadeau.

10 février 2017

Time out

(And far too many things for far too long). De ce soir à dimanche soir - je disparais des radars, Et je suis enfin seule, pour la première fois depuis des... mois ? ...années ? Pas d'enfants, pas d'amoureux, même pas de chat. Pas de patients, bien sûr. Pas d'heure de réveil, pas d'heure de repas, pas d'intendance, pas de conversations, pas de justifications, pas de responsabilités, pas de réflexion, pas de loisir qui exige plus que le Elle sous la couette avec un thé, pas de rumination sur tout ce qui reste à faire, sur les décisions de fond à prendre ou les rêves impossibles, pas de disponibilité pour qui ou quoi que ce soit : juste respirer, à la maison. Un luxe incroyable. Le plus beau des cadeaux.

07 février 2017

L'âge de faire

Un coup d'oeil à l'agenda parce que je me demande où est passée mon énergie la semaine passée ? Ah oui. Trois passages à Cochin pour Maman. Deux rendez-vous médicaux pour Elsa. Réaliser qu'il faudra du matériel pour que David emmène les enfants à la montagne, aller le chercher. Faire 18 lessives et deux sessions de shampooing pour cause de poux. Faire cette mammographie qui me faisait peur (tout est normal finalement, ouf). Accompagner 20 patients. Essayer un anti-dépresseur, me sentir complètement à l’ouest quatre jours, renoncer parce qu'il majore les symptômes anxieux et ceux de l'anémie. Faire avancer le monstre APB (réaliser à quel point ce sera bien plus long que ce que je croyais). Et les candidatures BAFA. Relancer le dossier de logement social, Free qui veut m'extorquer 150 euros pour un boîtier perdu qui date de 2004, faire la comptabilité de mon premier mois de libéral non auto-entrepreneur et mesurer les dégâts. Déperdition d'énergie majorée par l'inquiétude générée par les nouvelles, un psychopathe à la tête de la première puissance mondiale, du dégoût pour le bourbier français. 

01 février 2017

Déchargée

Pleurer pour un oui, pour un non. Parce que je crois avoir perdu mes clés. Parce que le ballon d'eau chaude est vide. Parce que je ne trouve plus mon agenda. Parce qu'il faut ressortir acheter du lait, du pain, du liquide vaisselle. Parce qu'il faut renvoyer un formulaire, rédiger un mail, écouter un énième patient, et que je ne m'en sens pas la force. 

Pour rien aussi, ou plus exactement pour rien d'observable, vague d'anxiété ou de chagrin qui monte, enfle et déferle, s'apaise ensuite. Parce que je n'arrive plus à me contenir, déborde sur ceux que j'aime, tristesse, colère, plainte - et que cette impossibilité de me contrôler ajoute encore à mon désarroi.

Mais aussi parce qu'une patiente me confie quelque chose de bouleversant, parce que le vendeur de crêpes est gentil ou parce que le SDF assis dans le froid me tord le coeur.

Parce que je tiens trop de choses toute seule, depuis trop de temps - et que je me sens quand même précaire, fragile, vulnérable malgré toute l'énergie investie sur tous les plans. Parce que je suis épuisée, sévèrement anémiée, et qu'il est difficile de déterminer ce qui appartient au physiologique et ce qui appartient au psychologique - mais ce qui est certain, c'est que les deux systèmes sont à bout, batteries à plat.

Peut-être c'est une bonne chose - la Wonder-Warrior-G.0 LuLu au tapis. Peut-être que comme le téléphone, il faut d'abord laisser la batterie se décharger complètement, demander de l'aide, me laisser porter, avant de pouvoir reprendre la route. Me dé-charger. C'est ça.