19 février 2008

Les p’tits philosophes

La marraine de Léo lui a offert un livre de philo adapté aux plus jeunes - nous explorons donc l’un et le multiple, la nature et la culture… Léo en redemande, c’est vrai que le livre se prête aux débats et aux digressions, ouvre des possibles plus encore qu’un livre d’histoires.

Ce soir, nous parlons de l’apparence et de l’être. Léo trouve un exemple : tu vois là, on dirait une petite sœur… eh bien en fait, c’est un cauchemar !!!

ET, à propos de raison et passion – Lulu commente : il faut un peu des deux… Léo : oui, il faut la passion pour avoir envie d’inventer, et la raison pour penser comment faire. (Là, j’avoue, je fus épatée).

15 février 2008

Chaleur humaine

même si nous n'appelons pas, nous pensons fort à vous et sommmes tout à fait prêts à vous accueillir ensemble ou par morceaux... et serions ravis d'avoir de vos nouvelles... par n'importe quel moyen... Surtout, rappelle-toi que notre porte est toujours ouverte sans aucune condition que celle de ne pas être ailleurs !!!

L'essentiel

Elsa nous raconte à sa façon l'histoire de Roule Galette. Léo : Elle a dit l'essentiel, plus un petit peu. Moi, surprise de voir un si gros mot dans une si petite bouche : C'est quoi Léo l'essentiel ? Léo : L'essentiel, c'est ce qu'on ne peut pas enlever. Ca m'en bouche un coin, et je médite un instant sur cette réponse avant de demander : Et pour toi Léo, c'est quoi l'essentiel ? - Vivre avec mon chat ! dit-il. Et pour Elsa ? Avoir une maison à moi, pour moi toute seule, répond-elle. La présence tranquille et affectueuse, gratuite, du chat, l'espace propre et l'autonomie - ma foi, ils ne manquent pas de pertinence, ces enfants-là...

12 février 2008

A quoi ça serre ? ;-)

Ca serre au corps : ca serre au cœur et à la gorge.
Ca serre au cœur : ca serre, l’impuissance, l'inquiétude et la peine…
Ca serre à la gorge : les mots viennent difficilement, l’écriture se tarit.

Ca serre - la peine retenue, le "stock de larmes en cours". Ca serre - la responsabilité, la crainte de faire les mauvais choix. Ca serre - l'histoire passée, qui vient se superposer à l'histoire actuelle... Ca serre aux absences anciennes, ça serre aux présences nouvelles. Ca serre aux entournures, ce temps qui s'étrique, qui m'étrangle. Ca serre les Je t'aime qui n'ont pas été dits, ceux que l'on voudrait dire, et qui ne peuvent plus l'être. Ca serre de vouloir si fort, et de pouvoir si peu... Nager contre le courant - ça sert à rien, ni à personne ! Serrer les fesses, serrer les poings - serrer entre mes doigts ce qui se défile, ce qui se défait... à qui ça sert ? Je croyais tenir un trésor - mais j'ai les mains vides.

Ca sert à quoi tout ça, ça sert à quoi tout ça
Ne me demandez pas de vous suivre
Ca sert à quoi tout ça, ça sert à quoi tout ça
Il nous reste si peu à vivre

Maxime Le Forestier

11 février 2008

Histoires

Jeudi, Juno, sur les grossesses adolescentes - drôle, incisif, tendre sans mièvrerie, répliques redoutables... Dans le même esprit, Didine, avec Géraldine Pailhas, lumineuse. Les mêmes fêlures, la même tendresse qu' Ensemble c'est tout, que L'élégance du hérisson, qui mériterait bien d'être porté à l'écran lui aussi - plume acérée, personnages simultanément hauts en couleurs et si justes - un regard dont je me sens proche, hors de la caricature ou du cynisme, mais encore capable de s'enchanter... Et puis ce jour - Into the wild - âpre, lyrique, entier - bouleversant.

06 février 2008

Faire un enfant

Elle a dix-huit ans, elle est rieuse, elle vient avec une amie - et quand je lui annonce, oui, vous êtes enceinte - l'amie ne peut se retenir - elle est enceinte elle-même, de quatre mois, et dit - si j'avais su, je ne l'aurais pas gardé.

Elle revient, seule, quelques jours plus tard - elle souhaite garder sa grossesse, elle s'apprivoise, elle raconte, la mère enceinte au même âge, l'éducation par sa grand-mère là-bas en Guyane, la grand-mère enceinte très jeune aussi... Nous évoquons le transgénérationnel, mais aussi le travail à prévoir de dégagement des projections de l'une et de l'autre - ton histoire, ce n'est pas mon histoire. L'absence des hommes, son propre père, toxicomane, décédé aujourd'hui. Elle raconte, l'arrivée en France à dix ans auprès d'une mère-enfant qu'elle ne connaît pas, les beaux-pères qui défilent, la cohabitation à quatre dans un studio avec son frère adolescent, la solitude, le sentiment d'être adulte trop vite, trop tôt.

Elle raconte, le petit copain guyanais - considéré par la communauté comme un bon-à-rien "comme mon père", venu en France pour elle mais hébergé en province, une autre famille en pièces détachées, l'immaturité, la violence qui affleure, sa sensibilité aussi. Sa joie de devenir père, l'élan redonné d'une assise professionnelle, l'envie qu'il a de prendre soin d'elle - mais aussi - l'influence du groupe, le côté vélléitaire, l'absence de figure paternelle.

Elle raconte, une histoire déjà longue - quatre ans à cet âge c'est l'éternité, les rapports épisodiques, jamais de contraception, et la peur installée d'une stérilité puisque, chance ou hasard, il n'y avait jamais eu de grossesse jusque-là.

Doucement, nous tissons des liens, inscrivant cet enfant qu'elle a choisi de faire naître dans une histoire, au croisement de deux lignées - ni meilleures ni vraiment pires que d'autres - c'est elle-même qui observe les répétitions, interroge avec douceur ce que son amoureux a vécu, nuance son propos... Autour de cet embryon encore imperceptible, pour elle à peine pensable - et dont elle découvre avec émotion que la date probable de naissance coïncide avec son propre anniversaire (se mettre au monde ?) - j'ai le sentiment que nous ébauchons un nid de paroles et d'émotions... A la proposition de revenir continuer ce travail, poursuivre le chemin, elle répond : oui.