22 juillet 2022


Mais je te laisse ça, comme une chanson tendre
Avec ta fantaisie qui fera beaucoup mieux
Et puis ma voix perdue que tu pourras entendre
En laissant retomber le rideau si tu veux, si tu veux

Léo Ferré, Le Testament

18 juillet 2022

L'envers du décor

Cependant... je m'inquiète. Avant ces quelques jours, je me sentais depuis longtemps épuisée, anxieuse, constamment sur trop de fronts à la fois. Ligne rouge franchie avant notre départ, avec une crise d'angoisse qui m'a obligée à quitter une représentation théâtrale en plein milieu, en m'effondrant sitôt sortie de la salle. 

Je n'en peux plus. 

Des patients lourds des derniers mois, des messages suicidaires de ma patiente alpha, et même des patients plus "légers" actuellement - chaque fin de rendez-vous est un Everest, à grimper à nouveau l'heure suivante. Pourtant, je fais mes premiers pas en hypnose, et me régale - mais peut-être en sous-estimant le coût énergétique inédit de ce travail en état de conscience modifié. 

Des incertitudes sans fin sur le devenir de mon projet d'achat d'appartement - avec ce qu'il draine de sécurité dans l'avenir ou non, de sentiment d'impuissance, de vulnérabilité et d'injustice - car ce n'est pas faute de travailler beaucoup, mais les banques n'aiment pas que j'aie deux jeunes adultes à charge et un seul revenu. A ce stade, je me permettrai de respirer à la signature définitive, soit pas encore.

Des dépenses incontrôlables qui s'accumulent - le budget initialement prévu pour travaux et équipements qui part en apport, les taux qui grimpent, le véto, le dentiste, le semestre de Léo à Berlin... De gérer seule l'essentiel des charges de notre maisonnée - et pas uniquement sur le plan matériel. 

De l'avocate supposée m'aider  rétablir un semblant de justice quant aux coûts et aux responsabilités parentales, si inepte que je suis parfois tentée d'annuler une procédure dans laquelle je ne fais plus confiance ni à elle, ni à la partie adverse. Pendant ce temps, un petit frère est né, ce que Léo a annoncé sur fond noir et sans autre commentaire sur son compte Instagram. 

De la course contre la montre pour espérer avoir bouclé travaux et déménagement en deux semaines fin août afin de ne pas payer le mois de septembre en double, et des to do lists qui vont avec cet objectif.

Des nouvelles - de l'économie, de l'écologie, de la politique locale et internationale, de la canicule qui m'affole - était-ce une erreur d'acheter sous les toits ? Je ne comprends plus, comme si ce monde s'auto-détruisait sous nos yeux impuissants... 

Bref, j'ai zéro recul, et impossible de décrocher, de réguler les pics d'angoisse, de dénouer cette gorge serrée en permanence, de modérer mon hypersensibilité en roue libre, de retrouver un peu d'énergie - même pendant les quelques jours à Trouville, malgré les irremplaçables bouffées d'oxygène par moments là-bas. Un stupide hamster dans sa roue, une éponge, saturée - d'habitude, c'est une force et un atout, mais là c'est autre chose, la sensation inconnue d'une limite franchie, d'un dérapage pour le moment hors de contrôle.

14 juillet 2022

Just kids

Il y avait longtemps que nous n'avions pas eu un temps hors Paris juste ensemble. Enfin presque : le dimanche précédent, les enfants et moi étions à Montlevon, et j'avais déjà retrouvé un petit goût de cette complicité, chanter à tue-tête en voiture, saisir les blagues au vol, découvrir un nouveau jeu. Et c'était joli aussi, la façon dont ils se sont éclipsés le temps que j'accompagne leur grand-mère endeuillée avec un peu de ma boîte à outils professionnelle.

Et puis à nouveau ces quatre jours au bord de la mer - sauvés in extremis par le prêt d'une voiture par Ronan, car trains annulés un 13 juillet, c'était sans espoir d'un plan B train, bus ou location de voiture. Quatre jours dans l'accueillante maison de Philippe et Marion, des baignades, des rires, une soirée blind tests et karaoké, un achat de maillot pour Amaury chez Texti, des glaces tous les jours (des huîtres, des crevettes et un Chablis bien frais aussi pour moi), et deux feux d'artifice. Me baigner en mer, un de mes plus grands bonheurs dans cette vie - cette sensation de me laver de tout, d'être portée, bercée, libre un instant. Des moments légers, jolis, pas parfaits - une engueulade, quelques larmes, du télétravail pour Léo et moi, mais des moments précieux tout de même, parce que si rares aujourd'hui. Je suis vraiment heureuse et pleine de gratitude que nous ayons pu partager cela - grâce aussi à l'amitié des proches, donc. Collectionner les moments plus que les objets reste ma ligne de vie, dans le double sens de guide de conduite et de point d'appui protecteur, comme en voilier...