31 décembre 2015

Lumière

En cette dernière soirée de l'année 
Se souvenir qu'il est toujours temps...
Temps d'aimer et temps de recevoir
Temps de changer et temps d'accepter 
Temps de recommencer et temps de partir
Temps de renaître et temps d'espérer 
Temps de promettre et temps d'agir 
Temps de vivre... tout simplement.

...oui mais lequel :-)?


27 décembre 2015

Contradictions


24 décembre 2015

Veiller

Comme on veille au grain, comme on veille un enfant, ou quelqu'un qui s'en va... une idée proche de ce que j'ai voulu pour cette Care Box, une tendresse attentive, un souci de l'autre, prendre soin des détails, du repas, du choix d'un cadeau pour chacun (ou de plusieurs !). Une bulle parfaite et fragile. Une illusion partagée, un chef-d'oeuvre commun, le temps d'une veillée - comme si tout était comme avant, et en mieux, quand rien n'est comme avant. Ce qui me ramène à une idée plus ancienne, celle que les histoires d'amour seraient avant tout la possibilité d'un récit commun... mais alors là, de quelle histoire s'agirait-il ? Et, de tous les scénarios possibles maintenant, lequel écrire ?

Quoi qu'il advienne... ou non, c'était joli : la messe de Noël et son signe de paix, pour une fois vivante, vibrante ; une pluie de cadeaux attentionnés ; un repas confectionné avec amour de l'apéritif au dessert ; des rires, de la bonne humeur, de la fluidité, et même, des chants et des danses, Léo ayant fait danser toutes ces dames, même son arrière-grand-mère !

Après les arbres il y a deux ans, cette fois, j'ai choisi de redistribuer une (petite) partie du budget cadeaux en dons solidaires : aussi chacun des invités a-t-il reçu une carte indiquant un don fait en son nom à une association caritative : un cartable avec ses fournitures scolaires, un ballon de foot, un oreiller et des couvertures, des arbres fruitiers, et même, pour Yoyo et Bizzou, cinq poules et un coq ! J'aime aussi beaucoup les cadeaux à vivre - un spectacle familial, deux en fait : un à partager avec ma mère et ma grand-mère, et un autre avec David et les enfants - ce qui devient comme une petite tradition, que j'aime beaucoup. Le lendemain, j'ai aussi invité les enfants à découvrir Out of Africa sur grand écran - ce n'était pas parmi les cadeaux, mais pour moi, c'en était un ! J'avais une ferme au pied des collines du Ngong...

Veiller...oui, nous veillons. Faisant de notre mieux. Tous !

22 décembre 2015

Un joyeux pré-Noël

...et puis il y a le remède (provisoire :-)?) au billet précédent, les liens qui traversent les âges, des ados devenus adultes devenus parents de bébés devenus enfants qui seront bientôt de jeunes adultes... et le temps d'une soirée il y a ce sentiment d'appartenance et de continuité, et de la joie partagée, une ronde de petits cadeaux, du champagne et des gourmandises de toutes sortes, des private jokes et de la complicité, de la fluidité dans les échanges et tellement de références communes, une forme d'humour semblable, des souvenirs sur plusieurs générations - les maisons, les chiens, les absents, les petits travers des uns et des autres, les sagas familiales, et maintenant les enfants qui conduisent, voyagent, cherchent leur voie professionnelle...

Et puis le lendemain, un autre petit Noël, tout aussi doux, improvisé et tendre, enveloppant comme une couette moelleuse et chaude ;-)!

20 décembre 2015

Back home

Bien sûr, c'est un film intéressant, à la construction originale - un kaléidoscope très humain de souvenirs, fantasmes, rêves, flashes-back, points de vue multiples et diffractés, en écho au métier de l'héroïne, photographe de guerre. Bien sûr, ce sont tous d'excellents acteurs, à commencer par l'adolescent dont le nom n'apparaît pourtant pas sur l'affiche aux côtés de ses aînés. Mais ce n'est pas cela qui m'a le plus touchée... peut-être plutôt cette démonstration du décalage irréductible des points de vue - l'ado qui inquiète le père a finalement des préoccupations de son âge et de la créativité à revendre, la mère, la femme des souvenirs de l'un n'est pas celle de la mémoire de l'autre - et de quel droit imposer une version plutôt que l'autre ? Et la solitude qui en découle, cette impression de n'appartenir nulle part, d'être toujours dans l'attente d'un ailleurs, ici ou là-bas... et la tendresse cependant, maladroite et profonde... il y a quelque chose qui me parle, là, qui ressemble fort à ma propre intranquillité.

15 décembre 2015

Ikigai

Je ne sais pas pourquoi.
Ou peut-être, pas encore.
Mais il me semble qu'il y a quelque chose d'important là. 

12 décembre 2015

En apesanteur

Le Cirque du Soleil, la compagnie XY : dans la démesure et la féerie de l'un, la sobriété de l'autre, on retrouve un même parti-pris, celui de l'humain dans toute sa créativité, sa force et sa fragilité. Quand je pense qu'un abruti de politique s'en est ouvertement pris aux formations qui préparent à ces métiers de faiseurs de rêve, autrement dit, à la beauté du geste, à la capacité d'émerveillement, à l'illustration soir après soir de la force du collectif et de la nécessité de la confiance en l'autre (pas de filets ni pour l'un ni pour l'autre ; mais une incroyable concentration, précision, et solidarité), je reste incrédule... Je préfère rester sur les mots qui terminent le spectacle de la compagnie XY : "A un élève d'école de cirque qui me demandait si c'était vrai que nous faisions trois colonnes à cinq, j'ai répondu que nous faisions quelque chose de beaucoup plus difficile : nous nous mettons d'accord."  Et de conclure : "Tout seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin."

05 décembre 2015

Mémé rocks !

C'était parfait : une jolie région, un gîte chaleureux, un restaurant-librairie-salon-de-thé, la famille réunie et pas de fausses notes, juste beaucoup d'amour. Pour la petite Mémé, il ne fallait pas un long discours ! Alors, nous avons choisi d'évoquer avec elle des souvenirs partagés, et des souvenirs, il y en a... à l’île de Ré, beaucoup, à Meaux et à Amboise, aussi. A travers les nombreux objets qu'elle a confectionnés pour tous, les décorations de tables de fêtes, les photos... et ce que nous ne pouvions pas matérialiser, nous l'avons dessiné, et fait deviner - pêche-surprise aux petits objets, dessins, abécédaire, autant de chouettes façons de faire participer ses six arrière-petits-enfants. Et de lui rendre un peu de la créativité dont elle a fait si longtemps preuve à notre intention - c'est notre tour maintenant (mention spéciale aux marque-place en biscuits-Scrabble de Delphine !).

90 bougies... mais elle ne veut pas de canne, ou alors, quand elle sera vieille. "Je veux être debout jusqu'au bout !", m'a-t-elle dit un peu plus tard. 

03 décembre 2015

Patientes

Bonjour
J'avais juste envie de vous dire merci.
Merci d'être présente et à l'écoute. Vous faites partie du cercle des personnes qui arrivent à me maintenir en vie et cela est inestimable.

Bonjour,
Une fois n'est pas coutume, je vous écris pour vous annoncer que je vais bien ! (...) Nous rentrons à Paris mardi prochain, et dès que j'aurai de nouveau la possibilité de téléphoner en France je prendrai rdv pour vous voir au centre (...).

Dans ce temps où je sens bien que je flirte avec le burn-out, je crois tout aussi inestimable de recevoir ce genre de messages. Qui me laissent émue bien sûr, mais aussi infiniment sérieuse - avec l'impression de tenir au creux de mes mains quelque chose de si fragile, si précieux... Pour l'une comme pour l'autre, le chemin parcouru ensemble se compte en années. Et cet "ensemble" n'a rien de facile. Mais j'ai la conviction d'y avoir moi aussi beaucoup appris, beaucoup reçu.

(Ce matin, j'ai testé un gadget Facebook qui permet de déterminer les mots que j'emploie le plus souvent sur ma page ; et un des premiers en occurrence était "Merci". Ça m'a enchantée.)

28 novembre 2015

Les cousins à Paris

Depuis le temps que Paul et Chloé voulaient voir la maison de Léo et Elsa... et la tour Eiffel, et la Joconde, et Notre-Dame, et aussi cette toute chouette expo aux Arts Décoratifs sur l'Ecole des Loisirs, où nous avons retrouvé les albums de plusieurs générations, Max et les Maximonstres, Les trois brigands, mais aussi les Ponti, et Léo, et Calinours, et les livres de Solotareff et de Jeanne Ashbé... une expo-madeleine, toute tendre et nostalgique, avec des dessins originaux et les albums mis à disposition, et des carnets de croquis sous chaque oeuvre pour les petits gribouilleurs et les artistes en herbe. 

23 novembre 2015

Plus de douceur

Cette année, il y aura eu un repas avec mon père chez Tempero, et un autre avec ma mère à l'Avant-Goût - mes deux tables préférées dans le quartier. Une pluie de petits messages du monde entier - c'est là que CouchSurfing a un effet magique : messages en anglais, en espagnol, et même en flamand traduit par Google (collector !), avec mention spéciale à celui de Mémé "Etre grand-mère pour la première fois, quelle joie, la vieille Mémé t'embrasse très tendrement" et à celui de Léo "Bon anniversaire à la meilleure maman du monde, à celle qui nous a élevés et qui est si courageuse et géniale !". Des fleurs incroyables (et un pull plume ;-)). Un massage salvateur. Des retrouvailles avec Françoise, la sage-femme qui m'a accompagnée pour Elsa, pour préparer un chouette projet. Un mot de gratitude d'une patiente. Des cousins à Paris, et ça aussi, c'était de la vie joyeuse, exubérante, et gourmande aussi.

21 novembre 2015

Une semaine après

Posté par David sur le blog de Co-Options. En individuel avec mes patients, en groupe avec les étudiants, dans les échanges avec les collègues, avec les amis, j'ai vécu les mêmes choses, entendu ou prononcé les mêmes phrases. Touchée par le respect des patients, la sobriété des étudiants, sensible cependant aux vagues d'angoisse, de chagrin, de peur, de colère qui ont déferlé sur tout un chacun, aux réminiscences de situations traumatiques et de deuils passés - et par conséquent sur nous, soignants, accompagnants, entretien après entretien, groupe après groupe. 

Peut-être c'est cela, qui m'a donné l'envie de partager ce texte - faire toucher du doigt ce que signifie être en situation de recevoir, de rassurer, d'accueillir - et ne mesurer qu'ensuite l'impact sur soi, démêler ce ce qui nous appartient en propre, en tant qu'humain tout aussi vulnérable que les autres, de ce qui a été déposé, déversé, vomi, confié, partagé, des heures et puis des jours durant...

Une semaine après les attentats du 13 novembre 2015

J’ai accompagné sept groupes cette semaine, et j’ai invité les participants à partager leur vécu sur ces événements.

L’authenticité, l’émotion, le choc, la peur, le ras-le-bol, la colère, tout y est passé. Sans jugement sur ce qui venait, j’ai d’abord été touché par l’implication de chacun dans sa parole. Tout le monde a été touché. Chacun pourra ici peut-être s’y retrouver.

Pas de commentaire, juste un partage des mots, dans le désordre comme ils sont venus.

Qu’est-ce que ça me fait ?
« J’avais besoin de m’informer, je suis resté sur BFM jusqu’à 3 heures, j’étais scotché ».
 « J’ai de la colère et envie de pleurer en même temps ».
 « J’ai appelé, j’avais besoin de savoir, de me rassurer sur mes proches, sur mes collègues ».
« Ca me rappelle le RER en 1995, le train gare de Lyon en 88 » ; « La Côte d’Ivoire », « moi le Liban », « la guerre en France » pour les plus anciens, et « le Togo en 91 où ça tirait à balles réelles ».
« J’imaginais que venir en France me permettrait de ne plus jamais revivre ça. Le bruit, les morts, les balles… ».
 « J’ai peur, on n’est pas en sécurité, je ne me vois pas ressortir dans Paris ».
« J’étais heureux de ne pas être à Paris ce week-end là, mais à la fois tous mes amis y étaient ».
« Sortir de chez moi pour travailler, ça m’a fait beaucoup de bien ».
« J’ai 30 ans, et ce que je représente a été attaqué. J’ai le sentiment d’être la proie ».
« Ça me fatigue, même quand on essaye de se couper, on ne peut pas ».
« Charlie pouvait cliver, ceux qui sont Charlie d’un côté et les autres ; là, ça pouvait être tout un chacun ».
« Je me sens fatigué, affaibli ».
« Ça me rassure d’avoir vu des gens dehors après les attentats, dans la rue, au stade en Angleterre, c’est possible ».
« Je suis sensible aux bruits, au bruit des sirènes ».
« CA va passer mais je me sens vigilante, je n’ai pas les mêmes filtres que d’habitude ».
« Je ne peux pas parler, ma sœur est inquiète, il faut la rassurer, et ma mère en rajoute ».
« Je vais arrêter de porter le voile, il y a trop de mauvais regards sur moi ».

 Heureusement …
« J’ai passé le week-end en famille, j’avais mes trois enfants avec moi ».
« J’ai reçu des appels de ma famille, des amis ».
« Je ne suis pas touché directement mais des amis à moi le sont. Je leur ai proposé de venir à la maison ».
 « J’ai mis une bougie, j’ai osé ressortir »
« Je devais y être » ; « ça pourrait être moi, c’est mon lieu de sortie, de vie… ». « C’est égoïste, mais j’ai de la chance ».

Qu’est-ce que j’en pense ?
« Va où tu veux, meurs où tu dois ».
« Il faut penser aux autres pays ; tous les jours des attentats, relativiser ».
« Qu’est-ce qu’on peut faire ? Il n’y a pas de solution, peut-être avancer différemment, et non ne plus vivre »
« Faire avec le fait de faire sans, sans le sentiment de sécurité ».
« On ne peut pas faire du mal comme ça, gratuitement ».
« D’habitude, la peur ne fait que peur ; mais là il y a un vrai risque ».
« Avant les familles tenaient les générations ; maintenant les parents n’ont prise sur rien du tout ».
« Je n’avais pas compris que ça allait si mal ».
« C’est arrivé au Petit Cambodge ; je vais être mon Petit Thérapeute ».
« Je n’ai pas aidé cette mère qui s’est effondrée, je ne l’ai pas bien écoutée, j’étais moi-même sous le choc ; mais je pourrai revenir la voir et lui parler un autre jour ».

Que faire de mieux ?
Mettre un avertissement « interdit -12 ans » sur l’écran de la télé, ne serait-ce que pour indiquer aux parents de protéger les enfants des images répétées, non-filtrées.
Etre attentif aux plus fragilisés, car les défenses psychiques sont sensibilisées. Mettre un peu de douceur dans les relations à la maison comme dans la rue, dans le métro.
Revenir à son sourire, aux petits mots gentils avec son voisin, sa voisine. Remettre du lien social, gratuit.
Ne pas me culpabiliser ni avoir honte de regarder de travers certaines personnes, pendant un temps peut-être, tant la vigilance est exacerbée.
Etre attentif aux personnes ayant coupé les liens avec leurs parents, leurs frères et sœurs, ceux qui se retrouvent isolés de leur système familial, premier environnement social et régulateur.
Expliquer des termes méconnus dans leur sens spirituel et souvent mal utilisés dans les médias, notamment le chemin personnel que représente « faire son djihad ». Revenir également au Coran qui n’utilise jamais le mot de martyr.
Qu’un terroriste potentiel souhaite vraiment faire son djihad, et comprenne qu’il s’agit là de combattre son désir de mort, sa haine, sa violence, sa colère, ses désaccords : combattre en somme son terrorisme intérieur.
Que les institutions, les entreprises, les familles, prennent le temps d’accompagner la violence générée par leur système et à tout niveau.
Prendre le temps de parler après. Et quand on peut, prendre le temps de faire parler.
Prendre le temps de comprendre, par exemple « comment ça commence pour être terroriste ? ».
Etre pris dans la télé et son déluge, mais aussi dire stop à un moment, quand c’est trop et même avant ; choisir quand aller rechercher l’information, choisir la taille de son écran aussi, de la télé à la tablette pour diminuer l’impact de l’image.
Questionner l’autorité à poser en tant que parent ; prendre aussi le temps d’expliquer, d’écouter.
Remercier Facebook pour avoir lancé une alerte permettant de savoir qui était en sécurité parmi « mes amis » parisiens.
Comprendre qu’un échec ou qu’un drame est une étape, que demain existe, et après-demain aussi.
Prendre le temps de lire, de mettre à distance, de s’informer et de penser autrement.
Les attentats rappellent des souvenirs passés. Voir en quoi il y a des similitudes entre deux événements, mais ne pas en rester là en montrant qu’il y a aussi et toujours des différences.
Les témoignages sont ancrés dans le réel, des faits, du vu ou du entendu. Rapidement, l’émotion est aussi présente. Proposer d’allumer une bougie, prier, méditer, envoyer de l’amour peut permettre de changer de niveau d’ordre et de passer par le symbolique ou par un rituel de soin.

Et vous, comment ça va ?

20 novembre 2015

Groupe de parole post-attentats

C'est pas tellement pour le poil qui brille et l'auto-satisfaction... mais plutôt pour le soulagement et la fierté. Car Dieu sait que j'ai énormément appréhendé ce moment-là, préparé à l'arrache en bouquinant la nuit sur les groupes en debrief post-traumatique en plus de ces journées de consultations à chaud déjà si chargées d'émotion. Parce que je ne me sentais pas le droit de me louper sur ce coup-là. Alors oui, ça fait du bien, ça donne du sens, ça me rappelle pourquoi par moments c'est OK de faire ce métier où la frontière entre le professionnel et l'implication personnelle est parfois si dangereusement mince, et l’épuisement jamais très loin. 

Un vrai grand merci de cette soirée ô combien nécessaire... Animer une telle discussion nécessite une implication et concentration profondes, la capacité d'agir et réagir en fonction des dires des uns et des autres... Une soirée menée d'une main de maître appréciée de tous et une soirée qui ne peut que renforcer et rendre légitime le travail du RSI ... Au vu des résidents et surtout des directeurs.

Mes remerciements personnels et aussi institutionnels, ce soir nous avons eu une soirée aux couleurs de la cité multiculturelle et à la hauteur de nos valeurs. 

Milles mercis 
Amicalement 
B.

19 novembre 2015

Tout petit tout doux

Jeudi matin, dans le métro - une maman voilée, une petite fille dans une poussette, je souris à la gamine et je m'installe à côté, mais debout. Et puis je sens une toute petite menotte qui se glisse dans la mienne, joue avec mes doigts, cherche à attirer mon attention - c'est la petite fille, elle sourit, ne me lâche plus, la maman sourit à son tour - un tout petit moment de douceur, dans un monde qui en a bien besoin. 

Juste après, démarrage d'une formation sur l'accueil des migrants, exercice sur les prénoms comme moyen de rencontrer l'autre, l'amener à partager quelque chose de son parcours sans être dans les questions intrusives, et lorsque je parle du mien (à un Chika-Abdulramane-Nicolas dont les prénoms retracent en effet le chemin accidenté de sa vie), ce cadeau : la lumière ? Mais c'est génial ça comme prénom ! Tu es obligée de rayonner, tu ne peux pas te cacher ! Plus tard lors de la restitution dans le groupe, il dira aussi, mais moi, si j'avais une femme qui m'annonce qu'elle s'appelle lumière, je trouverais ça trop beau ! Joli...

14 novembre 2015

Aimons-nous vivants

(oui, c'est kitsch ; mais c'était tellement de circonstance, qu'on se surprendrait presque à trouver la chanson pas si stupide, d'un coup... :-))

C'était le jour que j’avais choisi pour fêter mon anniversaire. juste avec les très proches, mais les très proches, et leurs amours, et leurs enfants, ça fait vite une petit vingtaine. On aurait pu annuler, mais on a eu besoin, ce soir-là, de se rassembler. De garder l'élan. De se tenir chaud. De parler aussi - mais pas trop, pour laisser aussi la place aux rires, aux chansons, à la gourmandise. Sans doute, ce n'était pas un anniversaire comme les autres - et j'aurais certes préféré qu'il soit fêté dans un tout autre contexte. Mais peut-être aussi n'avons-nous jamais ressenti aussi fort l'importance de ces amitiés de toujours ou presque, la joie apportée par la complicité entre nos enfants. 

J'ai apprécié la part de fantaisie apportée par le thème musical retenu, celui des duos plus ou moins probables : Julio Iglesias et Janis Joplin interprétant My way en espagnol, Sardou et Mireille Darc chantant Le Requin Chagrin, mais aussi Cali et Patti Smith, Camille et Matthieu Chedid... le choix de Roxane : le duo de Papageno et Papagena dans la Flûte enchantée, la classe ! Et la minute d'émotion à l'interprétation live de Manhattan-Kaboul, préparé avant les événements de la veille, bien sûr.

Et en fin de soirée, les mouflets agglutinés devant Non mais t'as vu c'que t'écoutes, qu'ils connaissent tous par coeur, et les rires des adultes - pas de doute, il y a des références communes dans le type d'humour, et tellement de souvenirs - je me revois encore chez les Baude devant Le Magnifique ou les Blues Brothers à leur âge. De la douceur, de la douceur et encore de la douceur, comme un antidote, un baume pour le coeur.

13 novembre 2015

Love is All

Tout a été dit, écrit, et pire, montré sur ce qui s'est passé ce soir-là. J'éprouve un profond dégoût pour la façon dont cela a été traité, pour les micros mis sous le nez des survivants, le harcèlement des familles endeuillées, la récupération politicarde avant même la fin des heures de l'urgence. Pour la haine vomie, pour le relais accordé aux paroles nauséabondes par les médias mêmes qui prétendent s'en défendre, pour les détails sordides exhibés et les récits terrifiants et/ou hagiographiques sur des hommes ou des femmes qui auraient peut-être apprécié un peu plus de discrétion ou de retenue, s'ils avaient été encore là pour donner leur avis.

Ce n'est pas ce que j'ai choisi d'en garder, ce n'est pas ce que j'ai souhaité dire à mes enfants. Très vite, je leur ai parlé de ma conviction que si tant d'êtres humains avaient échappé au piège du Bataclan, c'est parce que d'autres avaient gardé leur calme au milieu du chaos, ouvert des voies de secours, pris par la main, rassuré, apaisé de parfaits inconnus, posé des garrots de fortune, soutenu vers les sorties, etc. 

Très vite je leur ai parlé de l'incroyable courage des policiers, des soldats, des équipes hospitalières qui ont dressé un hôpital de campagne avant même que la zone soit sécurisée et se sont relayés jour et nuit dans les blocs opératoires. 

Très vite je leur ai parlé - et il n'est pas un patient, pas un étudiant qui ne l'ait mentionné - de l'émotion face à l'avalanche de messages de partout dans le monde, pour demander des nouvelles, adresser amour et soutien, accompagner par la prière. Des proches bien sûr, mais aussi des amis lointains, par la distance ou la fréquence - comme une chaîne d'attention et de tendresse tout autour du monde. Du bouton Facebook qui m'a d'abord agacée (cliquer alors que j'étais bien au chaud chez moi m'ayant semblé sur le moment indécent) avant de m'émouvoir : rassurer d'un geste, aller au-devant du besoin des autres de respirer plus tranquillement, même à des milliers de kilomètres de là, c'était simple et utile, juste. Quelqu’un l'a fait pour moi. Ça m'a touchée. J'ai laissé faire. 

De la dignité des proches de disparus, de cet époux et père qui se retrouve seul avec un tout-petit et affirme son refus de la haine dans une tribune que tous les étudiants ont lue - et nombre de mes proches aussi, ouvrant une voie vers la lumière : ne pas tomber dans le piège, rester unis, rester humains, refuser la haine pour affirmer la vie. De notre envie de nous réunir, de nous réchauffer, de dire "je t'aime" à ceux qu'on aime. De faire un bras d'honneur et de lever nos verres, mais aussi, de nous engager davantage, d'aller vers plus d'ouverture et de mixité encore.

Bref, ce que j'avais envie de partager à cette date-là, c'est cet extrait de Love Actually : Toutes les fois que je déprime en voyant ce qui se passe dans le monde je pense à la zone d'arrivée des passagers de l'aéroport de Londres. De l'avis général, nous vivons dans un monde de haine et de cupidité. Je ne suis pas d'accord. J'ai plutôt le sentiment que l'amour est présent partout. Il n'y a pas toujours de quoi en écrire un roman, mais il est bien là : père et fils, mère et fille, mari et femme, copains, copines, vieux amis.

Quand les deux avions ont frappé les tours jumelles, à ma connaissance aucun des appels téléphoniques de ces gens qui allaient mourir ne contenait de messages de haine ou de vengeance : c'était tous des messages d'amour. Si vous cherchez bien, j'ai la désagréable impression que vous constaterez qu'en définitive, nous sommes cernés par l'amour.

01 novembre 2015

Rester

J'ai la bougeotte. Partir, découvrir, naviguer, planifier des mois à l'avance un voyage à l'étranger, j'adore. Juste l'imaginer - j'ai déjà des petites étoiles dans les yeux. Mais pour ces vacances-là, j'ai choisi de rester à la maison, avec les enfants. Une semaine à rythme lent, à glandouiller, à papoter, à improviser. A faire des trucs incasables dans le tourbillon quotidien aussi : renouveler nos passeports (voir plus haut :-)), mettre à jour les vaccins, emmener Elsa voir un podologue, faire les analyses qui traînent depuis des semaines...

Une semaine qui permette de prendre le temps de cuisiner pour un anniversaire familial pour Léo - ma première blanquette maison ! (Si on m'avait dit qu'un jour ça me ravirait autant...:-)). Pour aller trois fois au théâtre (merci Starter) : un one-woman show sur Georges Sand avec Maman, Une vie sur mesure avec Ronan et les enfants (l'histoire d'un garçon... différent qui rêve de faire de la batterie), un show de magie malicieux et poétique. Et deux fois au cinéma - le dernier Woody Allen, et Lolo, avec Léo ! De découvrir Daria. Pour manger chez Hippopotamus, faire des photos rigolotes tous les trois dans le photomaton, un moment de complicité rieuse. Pour faire un super-brunch avec les Tagnard, se voir une expo entre filles au Musée des Arts Décoratifs (avec chocolat chaud à l'Intercontinental ensuite) et laisser les p'tits gars partir faire un tennis à Chateaufort. Récupérer le Léo seulement le lendemain, en profiter pour faire du shopping dans le Marais avec Elsa, et se regarder toutes les deux un film de filles. Expérimenter de ne rien faire de spécial, feuilleter ELLE en sirotant le septième thé de la journée, découvrir un jeu débile et addictif (Agar.io). Je n'ai même pas beaucoup lu, alors que j'ai une pile de bouquins en attente sur ma table de chevet ! 

J'ai retrouvé ma bonne humeur de la rentrée, le plaisir d'être avec les enfants, de m’émerveiller qu'ils aillent bien, qu'ils soient beaux, et drôles, et intéressants (oui bien sûr, ce sont mes enfants :-) ! mais plus sérieusement, je pense au genre d'émerveillement exprimé par Marie Cardinal dans la Clé sur la porte, cette stupéfaction heureuse à voir croître des êtres si proches et si différents à la fois, les regarder tâtonner, essayer, grandir...). On est tous les trois d'accord : c'étaient d'excellentes vacances. 

28 octobre 2015

Dégagement

Il y a un envoûtement, un enchantement à comprendre et à être compris les uns par les autres, mais cela peut aussi constituer une limite, être régressif et adapté à ce qui perdure en nous du jeune âge. En vérité, ce peut être la défense la plus approuvée culturellement contre d'autres sortes d'expériences qui ne sont pas sujettes à la compréhension, avec lesquelles la compréhension n'a rien à voir (...).Ce n'est pas l’accroissement de la connaissance de soi que Freud a décrite, mais ses limites. L'histoire qu'il raconte est celle du besoin de passer l'âge du besoin d'être compris et de comprendre. L'enfant a besoin que ses parents le comprennent, soient suffisamment attentifs pour ses besoins et ses peurs, et ensuite il a besoin d'en être sevré. La psychanalyse est, en fait, le traitement qui sèvre les gens de leur compulsion à comprendre et à être compris. C'est une post-éducation en non-compréhension. 

Adam Phillips, La meilleure des vies

La fin de la psychanalyse / la maturité comme deuil du tout comprendre et du tout compris, comme renoncement à la sur-interprétation, à la maîtrise de soi et de l'autre, comme acceptation du mystère... en voilà une idée séduisante !

L'antidote aux interprétations sauvages des étudiants en psychologie et des psychanalystes (?) médiatiques, la mise en perspective des approches thérapeutiques consolantes et régressives : un temps pourtant nécessaire et utile, mais qui appellera un sevrage, pour ouvrir à la liberté.

Renoncer enfin à ce que l'autre soit cette mère idéale qui comprendrait tout, devinerait tout, pardonnerait tout, puisque désormais nous saurions que quelque soit notre avancement sur le chemin de notre désir, une part échappera toujours, et d'abord à nous-mêmes...

17 octobre 2015

Filles et garçons

Zaza, de sa voix la plus mini-pouffe : "Les hommes, c'est tous des briseurs de cœur !"
Léo, du tac-au-tac : "Les filles, c'est toutes des briseuses de couilles !"

Ludmila fait sa bat-mitzvah. Dans une synagogue à l'autre bout de Paris.
Zaza, hilare : "Elle peut pas faire sa bat-mitzvah à l'église Jeanne d'Arc, comme tout le monde :-)???"

N'empêche que c'était chouette de voir que - pour la première fois, cette année, dans une communauté progressiste, les petites filles peuvent maintenant porter le Livre et le lire devant tous - autrefois, c'était un honneur réservé aux garçons.

29 septembre 2015

Ils grandissent...

Hier soir en me croisant dans le couloir, Zaza me saute spontanément dans les bras :
- "Maman, j'crois qu'on est une famille heureuse."
Je ne sais pas d'où ça lui venait, mais je suis sûre que c'est bon à entendre :-).

Ce n'est pas l'avis du Léo, qui traîne des pieds en venant me confier son téléphone pour la nuit : "C'est comme si je partais au GOULAG ! (Voilà à quoi ça sert, les programmes d'histoire...) Comme si je devais donner un organe vital alors que je suis encore vivant !".

En attendant, l'enfant martyr vient d'obtenir sa (bonne) conduite accompagnée. Pas si malheureux que ça, donc ?!? Moi, ça m'fait tout drôle en tout cas...


25 septembre 2015

London Calling

Un fantasme londonien devenu réalité : on dirait qu'on partirait en Eurostar, qu'on serait logés gratuitement dans le centre de Londres, qu'il ferait toujours beau et qu'on se dispenserait de presque tous les clichés touristiques - pas de Westminster, pas de Buckingham Palace, pas de joyaux de la reine ou de corbeaux de la Tour de Londres. Mais des fish and chips, un petit déj avec bacon and eggs (and beans), des bus et des cabines téléphoniques rouges et des théâtres du West End. On dirait qu'on tournerait le dos au British Museum et même à la Tate (shocking !) pour aller fouiner dans les allées de Camden ou traîner sur le charmant marché aux fleurs de Columbia Road. Qu'on trouverait notre caution culturelle dans l'expo WeiWei à la Royal Academy of Arts, mais que ce serait plus rigolo de flâner le nez en l'air, de marcher au soleil le long de la Tamise ou dans Soho la nuit, de regarder la Coupe du Monde de Rugby dans un pub surpeuplé et de se demander s'il y a vraiment un "type" anglais. Que ce serait marrant de croiser Philip, Maya et Amma. Bref, si j'avais imaginé un week-end à Londres juste parfait... je crois qu'il aurait ressemblé exactement à ça. 

15 septembre 2015

For me Formidable

J'avais rêvé de le voir, une première et peut-être, une dernière fois. Reculé devant les prix prohibitifs. Je me suis laissée cueillir par une offre Starter de toute dernière minute. Et j'ai bien fait. 

Le petit grand Charles annonce la couleur, dès les premières minutes : 91 printemps, une mémoire un peu défaillante - "Bien sûr, j'ai un prompteur, comme beaucoup d'autres, s'amuse-t-il. Simplement, moi je le dis !". Un artifice vite oublié, devant ce show de deux heures sans entracte, qui alterne ces chansons gravées dans les mémoires d'au moins quatre générations et des compositions plus récentes, délicates - même si la totalité du répertoire est de toute façon marquée par le temps qui passe, la solitude, une nostalgie jamais amère cependant.

De temps en temps la voix s'efface et tremble devant une orchestration un peu lourde, à d'autres moments elle explose intacte dans des morceaux de bravoure qui font monter les larmes aux yeux du public devant cette incroyable, bluffante énergie, comme s'il était soulevé par la musique (je pense à Désormais, que j'adore...). A d'autres moments elle retrouve, dans l'intimité du piano-voix, sa tendresse et son timbre si familiers : Hier encore, Non, je n'ai rien oublié...

"Qu'est-ce qu'une chanson ? interroge-t-il à un moment. Pour moi c'est d'abord un texte - un texte assez fort pour tenir tout seul, sans le soutien de la musique". Et de commencer à réciter, "Lorsque l'on tient entre ses mains Cette richesse d'avoir vingt ans Des lendemains plein de promesses (...) Il faut boire jusqu'à l'ivresse Sa jeunesse..."

Le concert s'est ouvert sur Les émigrants, imposant immédiatement un silence au-delà de tout commentaire ; et s'est conclu en apothéose, 4500 personnes debout (je pensais aux derniers concerts de Barbara, au Châtelet) sur un triple rappel avec La Bohème, Emmenez-moi et J'me voyais déjà - "Mes traits ont vieilli bien sûr Sous le maquillage Mais la voix est là Le geste est précis et j'ai du ressort...". Je suis sortie très émue, le suis encore ce matin ; je n'étais pas la seule je crois - je sentais les spectateurs touchés, admiratifs, bouleversés par cette force et cette fragilité si étroitement mêlées, et si palpables - ce sentiment d'avoir vécu un moment rare.

PS : Le commentaire de Yoyo, le lendemain :  "Fragile et fort comme... beaucoup de femmes que je connais bien !!! Charles "ébranle" aussi les hommes ! Sans oublier l'émotion que l'on doit ressentir... de le voir si "petit" sur une aussi grande scène !"

14 septembre 2015

Trait d'esprit

Une de mes patientes a fait son mémoire de fin d'études en histoire de l'art sur le dessin humoristique, et tout spécialement sur ceux du New Yorker. Elle explique très bien comment elle trouve une réponse à son angoisse dans ces vignettes qui synthétisent en une seule image une telle complexité d'émotions ou de situation - je la cite : "Je cherche le moment que je vous avais une fois décrit, où toutes mes idées s'assemblent  et s'unissent et je trouve enfin le silence dans mon esprit." Nul doute qu'elle aurait aimé celui-ci...:-)

07 septembre 2015

Rappel


02 septembre 2015

Laboratoire

Si j'avais pu faire une lettre au Père Noël sur les critères du cabinet partagé de mes rêves, je crois qu'il aurait ressemblé exactement à ça. Un lieu féminin, cosy, tapissé de bouquins, dans un immeuble charmant, bien desservi et à deux pas de chez moi et de mes autres lieux de travail. Un lieu bien inscrit dans mes différents réseaux professionnels, appartenant à une collègue de collègue qui m'a plu dès la première rencontre - humour et profondeur, vitalité psychique, simplicité - un feeling immédiat que cette mise en commun se passerait bien, et que le lieu répondrait à mon souhait de développer mon activité libérale en toute liberté. Je suis enchantée !

29 août 2015

Colorado

Bien sûr, il y a eu les terres rouges, quelques bisons, une overdose de donuts, de nouilles ramen et de poker. Mais surtout, il y a la joie de voir mon Léo grandi, autonome, complice avec des gamins du bout du monde, bien dans ses baskets, attentif aux autres (prendre le temps de papoter avec la grand-mère en fauteuil roulant, faire spontanément, lui qui n'est pas un grand bavard, la conversation à Maggie) et apprécié de tous : serviable, indépendant, intéressant, les retours des adultes font plaisir à la maman ! Ainsi que la lettre qu'il a de lui-même écrite avant de partir à la Jobson family :

Dear Halo, Dear Maria,

All that month spent with the 6 of you - with the cats - and with your friends was definetely awsome ! It will be one of the greatest trips in my whole life. I liked everything, from the poker to the food. I also loved talking to you, and the freedom I had. I hope that I can see you again in Paris, or maybe in another beautiful place in the world. Thanks for everything you did for me. 

23 août 2015

Relier

Le grand Léo est parti quatre semaines dans le Colorado. Grâce à qui ? Grâce à Halo. Mais Halo est tombé malade, et si Léo a vu quand même un peu le Colorado, c'est grâce à Maggie. LuLu a hébergé (après Halo, puis Maggie) Philip, un autre ami de Halo - gentleman londonien sexagénaire. Le soir de son arrivée, il me faisait rencontrer la famille de Srinivasan, un sculpteur indien établi à... Paimpol ! Et qui va en week-end à Londres à la fin de ce mois ? C'est LuLu. Avec un peu de chance, j'y verrai Maya ! La même Lulu a fermé puis ouvert quelques cartons de déménagement chez Marion ; mais qui a gagné un beau bureau de grande fille ? C'est ZaZa ! Le verre en bord de Seine avec Johanna et Bruce, nos échangeurs de New York d'il y a deux ans, rien que du bonheur, et d'autres routes qui se croisent, car ils avaient vu, comme... Philip et moi, les expos du palais de Tokyo, et je les ai invités à aller visiter... la Cité Universitaire. Qui m'a remis sur la piste Starter, autrefois beaucoup fréquentée avec David, Cécile et Marc ? Ce sont Vincent et Antoine. Mais la première personne invitée au théâtre avec mon tout nouvel abonnement, c'est ma maman ! Au mariage de Zazou à Batz, c'est encore une autre histoire, mais pas moins forte : des amitiés qui entrecroisent les liens sur quatre générations et deux branches d'une même famille, quelques larmes partagées pour les absents et beaucoup de rires. Bref, ça se croise, s'entraide, se connecte, ça rhizome !

21 août 2015

Happy Friday

30 juillet 2015

Le plein d'amour siou'plaît !

Ça pourrait être un billet de vacances comme les autres, plein de photos et de petits moments magiques. Ça en sera peut-être un, il y a matière : les enfants en voilier, le sentier aquatique de Port-Cros, le feu d'artifice depuis le bateau à Toulon, les lumières de l'aube au mouillage à Porquerolles, le café du matin sur le port, le Mucem et la Cité Radieuse, la maison de Fontvieille avec sa piscine et son immense jardin, les longues heures de lecture paisible au bord de l'eau, le festival d'Avignon, le week-end chez les cousins, l'émerveillement de Victor devant les villages provençaux qui me les a fait revoir d'un oeil neuf : les Baux, Gigondas, Séguret...

Ça pourrait être un billet de gratitude (ou de légère frime ;-)) - météo optimale, paysages somptueux et variés, luxueuse maison d'échange (piscine, clim, écran géant, vrai baby-foot, barbecue, verger et potager... jusqu'au chat intérimaire, pour ne pas être en manque de Chamade :-)). 

Ça pourrait être un billet Télérama :
- la réconfortante expo du Mucem sur les lieux saints partagés (un espoir dans ce monde de brutes ?), son introduction aux spécificités de la culture méditerranéenne (j'ai bien retenu ma leçon : berceau de l'agriculture, des monothéismes, de la démocratie et des grands voyages) et l'architecture exceptionnelle du musée
- la visite inespérée d'un appart de Le Corbusier resté intact à la Cité radieuse et mis à disposition par sa propriétaire, une galeriste parisienne (ces instants inespérés qui surgissent au hasard des vacances)
- trois spectacles à Avignon (de l'art de choisir un spectacle qui puisse convenir à une pré-ado, un ado, et un anglophone certes littéraire et francophile mais anglophone tout de même) 
- un parcours Van Gogh à Arles (mais pas les Rencontres de la Photographie, trop chères)
- le plaisir de la lecture : un Vargas, Sous les vents de Neptune, le meilleur à ce jour ; Les Brumes de l’apparence, bien meilleur que le roman de gare qu'il semblait être ; l'auto-biographie de Depardieu, Ça s'est fait comme ça ; et prendre le temps de relire, Le comte de Monte-Cristo à cause du Château d'If, Les Mots pour le dire, Cent ans de solitude...

Mais l'essentiel de ces vacances pour moi, ce qui aura sans contexte été un bonheur, un cadeau, une ressource, ce qui a fait de ces vacances une réussite, un vrai lieu de re-création, c'est l'humain. Etre accueillis par Yves et Agnès comme par une famille de cœur - leur attention aux détails, aux enfants, leur profonde bienveillance. Ce joli moment où Yves a pris le temps d'aider Elsa à apprivoiser les sombres herbiers de Posidonie, afin qu'elle ne se prive pas du plaisir de la baignade, qu'elle ne reste pas dans sa peur : ensuite, elle ne voulait plus sortir de l'eau, mission accomplie ! Ce qu'on sent de vie amicale, chaleureuse autour d'eux, bateau ouvert, maison ouverte - un peu comme à la maison...

L'improbable, transitoire et bilingue famille formée avec Victor les deux semaines suivantes - un drôle de pari, cohabiter avec un ami étranger, et deux ados, et finalement, une évidence : même sur un mode amical, c'est bon qu'il y ait un homme autour - un autre adulte à qui parler, un relais, quelqu'un à qui déléguer deux choses que je n'aime pas faire, à savoir conduire et... préparer le barbecue (oui, c'est un cliché sexiste, et alors ? :-)), mais surtout une présence discrète et respectueuse, des échanges sincères, un intérêt commun pour la culture sous toutes ses formes, des regards similaires... une étonnante et parfois légèrement troublante douceur. Et puis, Victor est probablement le seul des mes amis à discuter de Derrida au petit-déjeuner, ou à évoquer spontanément des poèmes "dans la vraie vie" : voir ici et là. 

La visite de Marcel venu pour nous de Montpellier (ou comment CouchSurfing a changé notre vie, nous créant des liens partout dans le monde - je me souviens de Theresa faisant le trajet OKC-New York pour nous revoir : ici Marcel, la rencontre avec Victor, le prochain départ de Léo pour le Colorado, merci qui ?), les retrouvailles avec les cousins (y a-t-il de bonnes vacances sans passage à Cairanne ? là aussi, maison et table ouvertes, joyeux bordel, etc.), la journée simple et lumineuse avec David quand il est venu chercher Elsa, le croisement impromptu avec la Flying Mémé à la gare d'Avignon : le plein d'amour, siou'plaît !

28 juillet 2015

Monet refuses the operation

Ca marche aussi pour les autres génies, Van Gogh était omniprésent dans nos paysages de Provence... Un cadeau de Victor, qui fait écho au texte de Milena Busquets sur le regard ci-dessous : "Ce que nous pensons n'est pas si important que ça, c'est ce que nous voyons qui compte"...

Doctor, you say there are no haloes
around the streetlights in Paris
and what I see is an aberration
caused by old age, an affliction.
I tell you it has taken me all my life
to arrive at the vision of gas lamps as angels,
to soften and blur and finally banish
the edges you regret I don't see,
to learn that the line I called the horizon
does not exist and sky and water,
so long apart, are the same state of being.
Fifty-four years before I could see
Rouen cathedral is built
of parallel shafts of sun,
and now you want to restore
my youthful errors: fixed
notions of top and bottom,
the illusion of three-dimensional space,
wisteria separate
from the bridge it covers.
What can I say to convince you
the Houses of Parliament dissolves
night after night to become
the fluid dream of the Thames?
I will not return to a universe
of objects that don't know each other,
as if islands were not the lost children
of one great continent. The world
is flux, and light becomes what it touches,
becomes water, lilies on water,
above and below water,
becomes lilac and mauve and yellow
and white and cerulean lamps,
small fists passing sunlight
so quickly to one another
that it would take long, streaming hair
inside my brush to catch it.
To paint the speed of light!
Our weighted shapes, these verticals,
burn to mix with air
and change our bones, skin, clothes
to gases. Doctor,
if only you could see
how heaven pulls earth into its arms
and how infinitely the heart expands
to claim this world, blue vapor without end.

Lisel Mueller

05 juillet 2015

Un endroit où se cacher

En feuilletant le bouquin en partant de la fin, j'ai pensé : N'importe lequel d'entre nous pourrait être un sujet de roman, sans savoir comment l'histoire se termine. Par contre, quelqu'un qui ne vous connaît pas du tout pourrait le savoir, rien qu'en feuilletant les feuilles de votre vie d'une main indifférente. Et ça m'a fait flipper. 

Joyce Carol Oates, Un endroit où se cacher

03 juillet 2015

Résonances

Nous voyons tous des choses différentes, nous voyons tous toujours les mêmes choses, et ce que nous voyons nous définit absolument. Nous aimons instinctivement ceux qui voient comme nous, et nous les reconnaissons tout de suite. Mettez un homme au milieu d'une rue et demandez-lui : "Qu'est-ce que tu vois?". Dans sa réponse il y aura tout, comme dans un conte de fées. Ce que nous pensons n'est pas si important que ça, c'est ce que nous voyons qui compte (...).

...nous ne sommes jamais aussi forts que lorsqu'on est amoureux et que l'on nous aime, et cette expérience met la barre si haut que, dans mon cas du moins, seule la brève étincelle du sexe peut servir de substitut, l'amour de basse intensité ne marche pas, parce qu'il n'existe pas (...). 

- Mais les types qui me plaisent sont ceux qui me donnent envie d'être plus intelligente.
J'ajoute à voix basse :
- En temps normal, ils me donnent envie d'être plus bête.
- Eh bien, ma petite chérie, s'exclame la fille en riant. Tu es bien exigeante. 

Milena Busquets, Ca aussi, ça passera.

29 juin 2015

Inside Out

...quelle drôle d'idée de l'avoir titré Vice-versa ? Sens dessus-dessous aurait déjà été mieux... Le film est fabuleux. Incroyablement inventif, en même temps que très juste. Destiné aux enfants de tous les âges. Bouleversant. J'ai retenu mes larmes dix fois - à chaque évocation de la famille en fait - et cette petite Riley, enfant ou pré-ado, a tellement de choses en commun avec mon Elsa de cette année... Et déjà pendant le court métrage. Bref. 

Mais ce qui m'a émue tout particulièrement ce matin, c'est d'entendre une patiente de longue date m'en parler. Une patiente d'origine étrangère que j'ai connue recluse dans l'appartement qu'elle partageait avec sa soeur, au chômage, logorrhéique, avec un évident besoin de prise en charge aussi médicamenteuse que j'ai mis des mois à négocier. Une patiente qui aujourd'hui travaille en CDI, avec un visa longue durée, et vit de façon parfaitement autonome. Qui a apprivoisé au moins un peu sa peur de l'autre, fréquente des cours d'art collectifs, s'est remise à dessiner. Une patiente qui a démonté une partie des dragons infantiles pour arriver à une perception de plus en plus nuancée et finalement tendre de ses proches, et à une bien meilleure reconnaissance de ses besoins à elle. Et qui m'a dit ce matin que le film l'avait fait penser au cheminement que nous avons fait ensemble, à son acceptation progressive de la complexité de ses propres émotions et de celles des autres. Cadeau !

25 juin 2015

Donner des ailes

Parce qu'il n'y a pas d'âge pour réaliser ses rêves
Parce qu'il y a des projets qui apportent autant de joie à ceux qui les préparent qu'à ceux qui les vivent
Parce que nous avions confiance qu'elle serait ravie et en pleine forme à l'atterrissage
Parce que la vie doit passer avant les peurs
Nous l'avons fait !
Pour ses 90 ans, et dans le plus grand secret, ses trois petits-enfants et six arrière-petits-enfants ont offert à Mémé le baptême de parapente dont elle rêvait depuis des années. Au-dessus du Lac d'Annecy.
Pour ses 100 ans, Léo lui proposait de franchir le mur du son en Rafale, mais elle préférerait tester le Wingsuit ;-).

21 juin 2015

En chantant

(...) Des coups de blues, des coups de fil,
Tout recommencera au printemps
Sauf les amours indélébiles (...)
Louane

La vie c'est plus marrant, c'est moins désespérant en chantant (...).
Michel Sardou

15 juin 2015

Rester éveillés

Le premier texte est tragiquement d'actualité, éclaire autrement les débats actuels sur l'accueil des migrants de la Méditerranée : nous n'en sommes pas encore tout à fait là. Mais nous y allons. Le deuxième gagne à être lu en entier, fait écho : sommes-nous si totalement impuissants ? Nous avons la main sur notre façon de consommer, sur l'éducation de nos enfants ; de nouveaux modèles de consommation et d'échange, de pensée du collectif, se développent. Quelles sont nos priorités ?

Vu aussi La Vague, hier, avec Léo : ça fait froid dans le dos. Parce que toutes les conditions sont réunies pour voir émerger de tels mouvements de groupe. Parce que la démonstration est implacable, et la question, incontournable : et nous, qu'aurions-nous fait ? Là encore, la question de l'éducation se retrouve au centre : ceux qui gardent leur capacité de pensée sont ceux auxquels on a donné cette force-là. 

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Welzer montre comment une société peut lentement et imperceptiblement repousser les limites du tolérable au point de remettre en cause ses valeurs pacifiques et humanistes, et sombrer dans ce qu'elle aurait considéré comme inacceptable quelques années auparavant. Les gens s'habitueront (et s'habituent déjà) aux événements climatiques extrêmes, aux épisodes de disette ou aux déplacements de population. Les habitants des pays riches s’habitueront aussi très probablement à des politiques de plus en plus agressives envers les migrants ou d'autres Etats, mais surtout ressentiront de moins en moins cette injustice que ressentent les populations touchées par les catastrophes. C'est ce décalage qui servira de terreau à de futurs conflits.

Comment tout peut s'effondrer, Pablo Servigne et Raphaël Stevens

Notre modèle de société montre son inadéquation, son incapacité à continuer. Si nous nous y accrochons, ce sera le dépôt de bilan planétaire (…) La civilisation moderne est la civilisation la plus fragile de toute l’histoire de l’humanité. Plus d’électricité, de pétrole, de télécommunications et la civilisation s’écroule. Elle ne tient sur rien du tout (…). 

Le rôle de l’éducation est souverain : et si on éduquait les enfants au contentement et non à l’avidité permanente ? Une avidité stimulée par la publicité, qui affirme qu’il nous manque toujours quelque chose. Cette civilisation du besoin chronique et permanent, sans cesse ressassé, installe dans les esprits la sensation de manque. Le phénomène de la vie, ce qui fait que nous existons, devrait avoir une place dans l’éducation des enfants (…). Aujourd’hui, les jeunes ne savent pas quelle place ils auront et s’ils auront une place dans l’avenir. Ce système-là peut-il encore perdurer ? Non. Il ne faut donc pas s’illusionner et se raconter des histoires : notre système arrive à ses limites. Il faut maintenant que l’imagination se mette en route, pour en créer un autre.

L’exigence fondamentale, c’est que tout le monde puisse manger, se vêtir, se soigner. Voilà ce qu’une civilisation digne de ce nom devrait pouvoir fournir à tout le monde. Aucun bonheur n’est possible sans la satisfaction des besoins vitaux. 

(…) Qui enrichit ces gens-là ? C’est nous. Ils s’enrichissent parce que des gens insatiables achètent de plus en plus, parce que toute une communauté humaine leur donne les pleins pouvoirs. Ils n’existent que parce que nous les faisons exister. Nous donnons très peu de place à ce qui est indispensable, à ce qui amène véritablement la joie. Et nous ne mettons aucune limite au superflu.

Pierre Rabhi, interview Bastamag

07 juin 2015

Chaleur humaine

J'adore les moments improbables, totalement inattendus : ce soir au pub un peu tristounet du coin de la rue (mais ouvert le dimanche et éclairé par un rayon de soleil), rencontre du troisième type entre un Africain body-buildé, une femme vieillissante, écrivain franco-britannique, et moi-même - et des échanges étonnants sur les familles - parents, enfants, fratries, les rêves - voyager en combi Volkswagen ou en bateau, le racisme, la solitude, quelques phrases qui fusent en anglais, et beaucoup de douceur qui circule - une tendresse perceptible, des humains réciproquement bienveillants.

05 juin 2015

Médecine douce

Mon remède à tout, mon échappée belle : la voile. Il n'y a rien qui me soigne de tout, me porte, me donne des ailes, comme le bateau... Avant même d'y être : je me suis allégée dès l'arrivée en gare de Toulon, je chantais en faisant le marché pour l'avitaillement - et longtemps après - la sensation de tanguer qui demeure, l'esprit lavé de tout, comme neuf.

Psy ou spi, comme dirait Milie ? Bah, les deux, mais là, spi. Un univers sans contraintes et sous la protection attentive d'Yves, un monde clos et flottant, sans autres devoirs que ceux qui contribuent au bien-être de tous - veiller aux repas (merci le marché !), partager l'apéro, papoter comme on ne le fait parfois qu'avec les inconnus, sans image à préserver ou objectifs à servir - juste pour le plaisir de l'échange. Loin de la terre, des news et des réseaux, en plein contact avec l'eau et le ciel, la lune qui se lève, le vent qui joue à cache-cache - en bateau, j'ai l'impression d'être "moi, mais en mieux". Et aussi de trouver un espace protecteur, réparateur, qui répond à un profond besoin d'être délestée parfois de mes responsabilités, bercée, insouciante.

J'ai appris des mots nouveaux, pas le vocabulaire marin (que je commence à maîtriser), mais ceux de notre (somptueuse) zone de nav' : "A m'ment donné" pour au bout d'un moment, "de longue" pour souvent ou depuis longtemps, "dégun" pour personne ou rien

J'ai aussi dépassé un peu ma trouille des manœuvres de port - pas peu fière d'avoir fait la dernière pour rentrer à Toulon, de nuit. Apprivoisé encore un peu plus la carte et la règle de Cras. Et retrouvé quelque chose de ce mythique départ en Corse, moment fondateur de mon amour de la mer : apprendre, oui, mais pas comme une fin en soi - apprendre pour naviguer d'un endroit sublime à un autre (Porquerolles, Port-Cros, Le Levant), pour savoir quand lâcher le contrôle (gilets et chaussures remisés dans les cabines), pour décider de plonger dans l'eau turquoise, pour improviser une course avec un bateau inconnu. Bref, la rigueur, oui - mais au service de la liberté. Jamais stage croisière n'aura mieux porté son nom, et c'est très bien ainsi : après tout, le but ultime n'est pas de savoir faire des empannages parfaits ou de récupérer un homme à la mer en trois minutes, mais bien de naviguer...

C'était chouette de le partager avec ma cousine préférée - qui s'est adaptée à vitesse grand V et dont la joie faisait plaisir à voir, de retrouver Yves, de découvrir un nouvel équipage : le minot, la brute et le méchant, dixit notre chef de bord - à dire vrai, beaucoup d'humour et de gentillesse de tous côtés -  et même un attachant "nouveau sauvage", anarchiste et marginal vivant à l'année sur son bateau avec femme, enfant et chien - un fracassé comme je les aime... mais un amour à distance prudente, désormais.

A peine atterrie, déjà l'envie de repartir, avec la chance d'avoir un horizon à court terme, puisque j'y emmène les enfants dans un mois  : un autre rêve qui se réalise, leur ouvrir la porte de ce monde de la mer et du vent.

27 mai 2015

Rhizome

Je ne vais pas frimer, je n'ai pas lu Deleuze - mais dans ce que j'ai compris de la notion de rhizome, il y a quelque chose qui me parle intuitivement - un réseau protéiforme, non hiérarchique, proliférant - qui fait écho à mon intérêt pour la mise en lien, la circulation de l'information, la création de réseaux.

"...un rhizome est un modèle dans lequel l'organisation des éléments ne suit pas une ligne de subordination hiérarchique — avec une base, (ou une racine, un tronc), offrant l'origine de plusieurs branchements, mais où tout élément peut affecter ou influencer tout autre.

...tout attribut affirmé d'un élément peut affecter la conception des autres éléments de la structure, ainsi qu'influer sur les processus actifs parmi le maillage. Peu importe sa position, (la réciprocité est de mise entre tous les items), à tout moment l'initiative, autant que la validation, peuvent s'établir au moment nécessaire et suffisant.

Etant polymorphe (voire polycéphale ...) le rhizome n'a par conséquent, pas de centre (...) Sa direction peut être inopinée, sa progression chaotique. Et simultanément il n'a ni début ni fin institués par avance : il intègre l'aléatoire dans l'épanouissement de sa virtualité (...)"

Donc, hier, à la maison : expérience rhizomique :-) - dans cette mise en lien de collègues, amis, voire amis-collègues, sans projet très arrêté autre que de créer un lien incarné, une progressive re-connaissance, et de voir ce qu'il en sort - idées communes, réseau de réseaux, échanges de représentations, projets en pré-gestation. 

20 mai 2015

Parée !

"L'urgent est fait, l'impossible est en cours, pour les miracles, prévoir un délai." Adolescente, j'avais ça sur mon agenda... 

J'en suis là : je tiens l'équilibre, seule, l'urgence est parée. Pour l'impossible, c'est en cours : portage de projets novateurs, travail de réseau, stratégies de moyen terme sont en place pour, à plus un an ou deux, être moins précaire en termes de contrat et de finances. Idem pour une solution logement. Rien n'est acquis, mais tout ce qui pouvait être fait a été fait. 

En cours de construction : la conviction qu'il ne sert à rien de se ronger les sangs à propos de ce sur quoi on n'a pas de prise. Donc dans l'immédiat : chômage, maladie, retraite - vis-à-vis desquels je suis sans protection : GET OUT OF MY MIND !


La cohérence et la vigilance par rapport aux enfants - imparfaite, mais au mieux de mes forces, toujours. Pour les proches - autant que possible. La disponibilité pour les patients - peut-être est-ce que c'est un des points les plus fragiles, ces jours. Pour garder cependant l'équilibre, le psy, la supervision, le yoga, les déplacements en vélo, la méditation, la respiration, les médecines douces plutôt que la chimie - fait aussi. Une vie en cohérence avec mes valeurs - CouchSurfing, HomeExchange, Babyloan, Blablacar, Colibris, La Ruche qui dit Oui, les TED Talks... de plus en plus. L'ouverture à la possibilité d'une vraie rencontre, même si je me rends bien compte à quel point je suis devenue un chat sauvage - j'essaie aussi, les jours où je m'en sens la force.

Alors... je ne veux plus qu'on me dise qu'il faut que je trouve la force en moi-même. Parce que je n'ai pas d'inquiétude là-dessus : la force, je l'ai, et je la mets en oeuvre tous les jours. Et je voudrais QUAND MEME parfois être un bébé qu'on berce, une femme qu'on aime.

16 mai 2015

Rainbow Picnic

On avait la météo contre nous, la date aussi (un samedi de week-end prolongé). Mais aussi la volonté de faire (ou de fer !) - pour que la Cité s'ouvre aux thématiques LGBT, grâce à ou en dépit de la diversité culturelle qui y règne. Combien des pays qui y sont représentés criminalisent l'homosexualité - et les différences (culturelles, religieuses, politiques) en général ? Combien d'étudiants, sur les 6000 du campus, sont venus en France en espérant, pas toujours à raison, pouvoir y vivre leur vie sans peur, en toute liberté ? Pourtant, cet accueil de la diversité sous toutes ses formes est au coeur du projet du lieu - porteur d'un projet de paix et de rencontre entre les adultes de demain (qui n'est pas la moindre de mes raisons d'aimer y travailler !).

Alors, OK, sous les parapluies (au moins au début), nous n'étions pas très nombreux. Une trentaine, peut-être un peu plus. Mais j'ai été bluffée par la qualité des débats, portés par de pourtant très jeunes volontaires. Par l'esprit bon enfant, festif, des animations, incluant un twister géant. Et touchée par les retours des organisateurs sur mon implication dans le projet, et sur la présence de mes enfants, qui ont choisi de rester, ont écouté les débats, échangé avec les animateurs - et c'est vrai que c'était chouette, cette sensation d'alignement entre le discours que je leur tiens et ce que je soutiens dans ma vie professionnelle et personnelle : l'ouverture à l'autre, la parole qui circule - un message qui reste à mon avis la meilleure des préventions contre la peur, la haine et le repli sur soi. 

12 mai 2015

Printemps

Juste parce qu'ils me feraient presque croire à l'amour ces deux-là ! A la possibilité de (se) reconstruire, de faire des projets, de s'engager. Parce qu'ils étaient trop mimi, avec leurs bouquets l'un pour l'autre. Parce qu'il y a là une forme d'évidence - entre eux, avec nous - valeurs partagées, culture, humour, générosité, fluidité avec et entre les gamins (qui ne sont plus des gamins...) mais surtout je crois un parti-pris commun (voir post précédent), celui de choisir la vie. 

10 mai 2015

Voulez-vous danser Grand-Mère ?

Ils sont venus ils sont tous là, et la Mamma est (presque) en pleine forme pour ses 70 ans ! Une belle occasion pour dire l'attention, l'affection, chanter tous ensemble, danser, évoquer des souvenirs... et se régaler, bien sûr. 

Un défi aussi : pas de père, pas de compagnon, pas de frères et soeurs pour préparer ensemble, donner de l'élan. Un défi à l'histoire qui se répète, aux liens brisés ou douloureux, à la tristesse sous-jacente. Un défi en écho aux mots de David : Je sais que ta force est de partager, de proposer. De tenir aussi. Ce sont trois mots qui portent ta capacité d'aimer (l'IPhone propose d'ailer !).

Défi relevé : ce fut une très belle journée au dire des uns et des autres. Des moments émouvants, de l'amour qui circule, en musique ou en chanson, quatre générations qui se sont donné la main pour aider, jouer, célébrer ensemble. 

"Sur un air qui vous rappelle
Combien la vie était belle..."
Oui. Et c'est un choix. Une décision. 
Rendre la vie aussi belle que possible, toujours. 

Lucile (avec deux ailes)