29 septembre 2020

Une voie de service et d’amour

J’aime ce métier car il est joie et tendresse, il sent bon la naissance en notre demeure. La seule petite «permission de conseil», que je m’autoriserais pour aider les personnes qui veulent être au chevet des  mourants, c’est de vraiment travailler sur elles sans relâche et sans cesse, d’être authentiques et de se libérer de toutes peurs et conditionnements… et pour finir, mais c’est le plus important, de faire confiance en la croissance et en la valeur de ceux qu’on leur confie : les patients. Cela en développant en eux «la voix de lait», par les trois axes qui sont : la prière, la méditation et l’introspection. (On peut prier tout en étant athée...)

Eric Dudoit

Je crois que c'est vrai de tous les thérapeutes, et pas seulement en soins palliatifs ? J'y reconnais en tout cas ce à quoi j'aspire, ce vers quoi j'avance doucement...

28 septembre 2020

Nietzsche revisité

 Tout ce qui ne tue pas... abîme un peu.

Mathias Malzieu

20 septembre 2020

Le Pique-Nique Orange

Le Moulin Jaune, composition : beaucoup de Pays des Merveilles, un peu de Peau d’Âne, un brin de la fête étrange du Grand Meaulnes, des réminiscences de l'Espace des Possibles et la douce dinguerie du Slava Snowshow, puisque Slava lui-même est le fondateur de ce lieu féérique.

Un lieu où des fenêtres s'ouvrent dans la rivière, où les arbres poussent dans des faïences bleues, où les théières volent et où circulent des êtres improbables, faune vaguement illuminé, carotte dansante ou patriarche silencieux - Slava himself. Nous sommes allés de surprise en surprise, le jardin déborde d'idées poétiques et de coups de folie, de démesure romantique aussi, un lit flottant sur le Morin, un piano ailé, un bar tapi dans le ventre d'un sous-marin-gallion...

J'adore le sens du détail - entrée offerte aux rousses, roux, et Leroux, aux plus beaux costumes, buffets orange - oeufs de saumon, melons, Spritz et bière ambrée... les bonnes idées à chaque pas, atelier de couronnes automnales, guitariste mélancolique, maison-citrouille ou campement tsigane... une journée magique. Nous reviendrons, c'est sûr ! 

18 septembre 2020

Naviguer au portant

...c'est retrouver mon Elsa joyeuse, créative et affûtée, mais mûrie par ces années si difficiles, surprenante parfois, dans le regard qu'elle porte sur le monde mais aussi dans ses questions venues de nulle part - l'autre jour, en voiture : Maman, est-ce que les poissons boivent de l'eau ? J'aime beaucoup ces surgissements d'un cheminement de pensée imprévisible et silencieux, qui sont sa signature depuis l'enfance.

...c'est ressentir une gratitude infinie pour ce lycée atypique qui lui offre la possibilité de retrouver le plaisir d'apprendre, de créer de nouveaux liens, d'interagir avec des adultes stimulants et engagés dans leur enseignement. Et pour la chaîne de transmission des mères et grands-mères, qui lui permet d'être inscrite dans ce lieu.

...c'est me sentir fière de mon Léo, à nouveau major de promo, qui a su se trouver un stage puis un travail dans une période pourtant pour le moins chaotique... le voir grandir, tâtonner, oser peut-être un peu plus qu'autrefois se dévoiler, quitte à laisser voir davantage ses fragilités - et savoir que c'est tant mieux. 

...c'est me réjouir de cette prise de poste sur une création de projet (j'adore), résultat d'une collaboration entre deux très belles structures, l'une de soin et l'autre d'enseignement. Et retrouver cette population étudiante que je trouve si émouvante dans leur remarquable capacité à mettre des mots sur ce qui les habite, et si gratifiante aussi - car à cet âge (presque) tout est encore possible, et je vis comme un privilège cette possibilité d'accompagner l'émergence de l'adulte à venir.

...c'est constater que quelques discussions de couple récentes, loin d'avoir déstabilisé davantage la relation, semblent avoir amené une petite musique un peu différente, un peu plus légère. Même si elles sont restées en suspens, le fait d'avoir osé énoncer les questions de fond ouvre à un équilibre sans doute fragile, mais relativement apaisé.

...c'est sentir qu'à travers tout cela se manifeste aussi un élan vital retrouvé, que je soutiens autant que possible à travers le chant, la méditation, le yoga, une reconnexion précieuse à la Vie.

15 septembre 2020

Chagrins d'enfants

Il y a cette jeune femme d'une trentaine d'année, qui a perdu son père il y aura bientôt dix ans, mais laisse chaque mois sur le numéro de portable de celui-ci un long message où elle lui confie ses joies et ses chagrins, et les événements de sa vie au jour le jour.

Il y a cette autre femme, la quarantaine passée, qui n'a jamais eu d'enfant, mais garde dans son sac à main une paire de chaussons roses - loin de la renvoyer à cette absence qui pourtant l'obsède, ils incarnent sa rêverie, un invisible bébé idéal.

Et celle-ci, qui a perdu sa petite fille d'un cancer pédiatrique, petite fille dont la minuscule photo se trouve être affichée exactement au coeur de la mosaïque géante de Septembre en or (une collecte pour Gustave-Roussy) sur la tour Montparnasse - soit juste en face des fenêtres de son bureau.

Et cette autre encore, qui à six ans pleurait à chaque décollage d'avion, parce que de tout son coeur, elle voulait partir pour un ailleurs...