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20 mai 2025

Notre-Dame


Malgré les troupeaux de touristes, le brouhaha constant, impossible de ne pas être saisie d'émotion en découvrant Notre-Dame dans sa splendeur renouvelée. C'était troublant de ressentir à la fois mon agacement devant l'énergie brouillonne de la foule, mon admiration pour les artisans du passé et ceux de cette renaissance au monde, et... un immense silence intérieur, l'espace d'une Présence invisible mais vibrante, vivante, incontestable. 

Comme si la cathédrale devenait une sorte d'écrin précieux pour un joyau impalpable - non pas un somptueux  artifice pour suggérer aux hommes l'existence d'un Dieu hypothétique, mais un espace d'accueil pour l'In-Fini, quel que soit le nom qu'on souhaite lui donner, un chant de louange devenu pierre et lumière non pas pour l'édification des masses mais comme un rappel, une invitation à s'ouvrir au moins à la question, quand bien même on n'aurait aucune réponse.

09 mai 2025

Une balade avec Elsa

22 mars 2025

Ordonnance de joie

C'est une question récurrente dans les métiers du soin, la façon dont nous nous chargeons de toutes sortes d'émotions qui ne nous appartiennent pas. Cette semaine, une drôle de dame m'a offert une image intéressante là-dessus - l'idée que cela repose aussi sur une croyance, celle qu'accueillir/aimer l'autre impliquerait de garder tout ce qu'il nous donne - un peu comme on se sentirait obligé de garder le cadeau moche offert par un proche. Elle dit, vous pouvez retenir l'information, sans garder la charge émotionnelle (ou lire le livre puis le faire circuler, autre comparaison intéressante). 

Et elle a lourdement insisté sur ces idées vaguement révolutionnaires : votre joie n'est pas un détail / votre vie compte autant que celle des autres. Ah, oui ? Une invitation à la joie - pas uniquement au plaisir, mais à la joie, sans enjeu et paisible - quelle que soit la forme qu'elle prenne mais un peu chaque jour. A votre façon à vous - une façon de vous nourrir/recharger par vous-même et pour vous-même. Laissez venir. Créez - pas sur un mode mental ou technique mais spontané. Laissez de la place à l'espièglerie, à la magie, à la légèreté - à ma Fée Clochette intérieure donc. Ça me va très bien, comme prescription !

Ce qui m'aide et me connecte aussi, c'est la culture - récemment, Carmen., époustouflante mise en abîme - féministe de surcroît - sur la création de cet opéra qui fête ses 150 ans, Nos assemblées, jolie réflexion - terriblement d'actualité - sur les façons de faire peuple, On ira, film léger et profond sur la liberté de choisir sa fin de vie, et j'attends avec impatience Coup fatal (musique baroque et danse "sapée" congolaise), mardi prochain, qui devrait être un concentré d'énergie atypique et de bonne humeur. Ah, et puis il y a eu aussi Histoire de Souleymane, bouleversant, et Flow, très joli...

01 mars 2025

L'Attachement

L'Attachement, c'est un drôle de petit film inattendu et délicat. Une série de portraits de "gens qui doutent", fragiles et forts, se débrouillant tant bien que mal avec la solitude et les deuils, la parentalité, le couple, et navigant entre l'amour et l'amitié dont les frontières sont parfois si floues - et alors ?

J'ai adoré.

Cette libraire si vivante, indépendante et tendre - "tu es tout et son contraire", lui dit son voisin.
Ce brouillage des frontières d'âge, des liens du sang et du coeur.
Cette infinie tendresse du regard posé sur la façon dont chacun des personnages essaie, à sa façon, d'avancer quand même.
La justesse et la douceur dans la parole de tous et chacun - ah, si seulement nous pouvions avoir toujours cette clairvoyance et cette délicatesse dans la vraie vie...
Et cette façon d'entendre, de devancer ce qui se dit à demi-mot, dans un infini respect de l'autre - ou comment une histoire de compote pour bébé permet à chacun de reprendre son chemin, non sans chagrin mais néanmoins avec une reconnaissance tendre de ce qui a été vécu.
Ces pères de sang ou d'adoption, mais unis dans la recherche du meilleur possible pour leurs enfants - qui m'ont évoqué cet autre joli film sur un père de coeur, Le roman de Jim. 
Les liens de Sandra avec ces petits enfants qui ne sont pas les siens, qui m'a évoqué si fort celui que j'ai avec les jumeaux. Cette intimité du corps - les câlins, les jeux, se mettre à hauteur d'enfant.
Et ce moment si bouleversant où elle remonte les bretelles d'Alex - qui le mérite par ailleurs largement - en lui faisant remarquer à quel point il est entouré d'amour... 

06 novembre 2024

Enchantement


...ou comment retrouver son âme d'enfant devant la magie renouvelée du Cirque du Soleil. Quand les lits s'envolent au ciel, que les marionnettes prennent vie et que les lustres dansent, comment résister ?

04 juillet 2024

Regards (un air de famille ?)

Si je n'avais pas répondu à cette annonce locale d'une photographe qui cherchait des rideaux ou des draps pour un décor de studio, je n'aurais pas rencontré Sylvie. Qui ne m'aurait pas proposé de servir de modèle pour un de ses projets pro. Auquel j'ai associé Elsa. Ce qui n'aurait pas permis que nous repartions avec de magnifiques portraits de toutes les deux, séparément et posés pour son projet, ensemble et naturelles en duo mère-fille. Et de nous faire une nouvelle amie ici. Le don appelle le don. Une absolue conviction pour moi, que j'espère avoir transmise à mes enfants. 

30 novembre 2023

Il était une fois

Peut-être tous les spectacles du Cirque du Soleil pourraient commencer comme cela - Il était une fois. Ce serait à chaque fois une histoire différente - il était une autre fois, mais ce serait toujours cet incroyable pouvoir de nous faire, à un moment, décoller du sol pour nous laisser émerveillés, bouche bée devant l'impossible - humains plus qu'humains et comme en apesanteur - un vélo volant, un acrobate sur rouleaux, d'accord, mais sur une balançoire ? La virtuosité technique disparaît derrière une poésie toujours renouvelée - une mer de nuages, des mains animées, un lion invisible, et j'en oublie. On aimerait imaginer le brain-storming qui précède la création de ces bijoux éphémères, ces rêves de gosse où tout est permis - machines volantes, dîner suspendu à quinze mètres du sol, homme-monde cachant dans son gros ventre une vraie petite personne. Pendant deux heures, j'ai retrouvé ce regard qu'on aimerait être celui de l'enfance - un émerveillement pur, un Oh ! sans réserves.

13 novembre 2023

L'un ou l'autre ?


Hier je suis allée voir Simple comme Sylvain, cette comédie douce-amère sur un improbable couple entre une prof de philo et un menuisier. La réalisatrice aussi s'intéresse à la philo, et en profite pour disserter sur les formes et les impasses de l'amour... Est-ce qu'il y a une troisième voie entre les amours conjugales qui s'étiolent au mieux en amitiés somnolentes dans un quotidien tue-désir et les coups de cœur (et/ou de cul) sans territoires communs ni projets imaginables ? Mais à quoi bon faire des projets, si tout est voué à se défaire ou à devenir un trompe-l’œil ? Est-ce que les amours sans engagement seraient finalement plus profondes qu'il n'y paraît, parce que l'absence de dépendance, de conventions obligerait à plus de respect et à plus de créativité, et à une forme d'honnêteté sur la fragilité des liens et des êtres ? Mais aussi, est-ce qu'il n'y a pas une forme de paresse, ou de lâcheté (et la garantie de déceptions récurrentes) dans le fait de ne pas chercher à construire quoi que ce soit ? Et puis, c'est quoi le bon dosage ressemblances sécurisantes / différences inspirantes ? Je ne sais pas... toujours pas !

27 septembre 2023

Se laisser surprendre

A force de ne voir que ce qui est recommandé-estampillé-validé par Télérama, le Monde ou France Inter, j'avais oublié ceci : le bonheur de se laisser surprendre. Ce soir j'ai vu quatre des films de fin d'études de la promo 2023 de la Femis, et je me suis laissée complètement embarquer dans ces courts ou moyens métrages, sans avoir la moindre idée de ce que j'allais voir ensuite. Un regard quasi-documentaire sur une traductrice de l'OFPRA, suivi d'une œuvre muette et kaléidoscopique - fragments de vie citadine ou champêtre, animaux, lumières, textures, suivie d'un improbable danseur dans une cabine de bateau pirate sur une mer déchaînée, suivi d'une fiction en noir et blanc sur un soldat déserteur de la guerre en Ukraine... 

Le tout introduit par des étudiants débordant d'humour et de créativité, malgré la gravité des sujets traités. L'année prochaine, je poserais bien deux jours de congés pour assister à la totalité des projections - la vitalité tous azimuts, ce côté pochette surprise, c'était inspirant - un privilège inattendu de notre travail auprès des étudiants. 

09 mai 2023

Personne n'est parfait

Le film s'ouvre sur un patient qui reprend La bombe humaine : "Je veux te parler, de moi, de nous..." - et c'est tellement ça. La frontière est si fragile entre patients et soignants, dans les lieux où l'on prend le temps d'accueillir la parole et l'être de l'autre. Les images et les lumières sont douces, comme les reflets de la Seine qui illuminent ces visages souvent marqués par la solitude et la souffrance. 

Doux aussi, le regard posé par le réalisateur sur ces êtres cabossés, dont il révèle l'humour et la poésie - tantôt involontaires, tantôt surgis au contraire d'une troublante profondeur. C'est ce que dit l'un d'eux - à la question "Vous avez eu un métier ?", il répond d'abord "Non..." - et puis, après un temps : "La poésie... mais ce n'est pas un métier, la poésie..."

09 avril 2023

Les petites lumières

Dans le premier film, on ne parle que d'amour, mais c'est l'anti-comédie romantique : rien n'est souligné, tout est suggéré, dans les silences, dans les regards, dans la sensualité des lumières et des matières... et c'est bouleversant. Un amour pudique, profond, plus entier d'être partagé, parce qu'il n'y a rien d'autre à faire que d'aimer. Ce moment où Mina dit à son homme, tu es l'homme le plus pur, le plus noble que je connaisse, c'est si beau, et si vrai de ces trois personnages généreux et tendres, si délicatement attentifs les uns aux autres - une infinie douceur, tellement rare. Moi qui suis de plus en plus souvent déçue par le cinéma, je suis sortie totalement sous le charme, et restée longtemps émue (j'avais également aimé récemment Empire of light, une autre histoire d'amour fragile et touchante elle aussi).

Dans le second, s'il est question en détail de braquages, de flingues et de peines de prison - c'est tout sauf un film de gangsters. Je verrai toujours vos visages - comme il est dit à la fin, c'est (là aussi), tout ce que notre époque déteste : prendre le temps, tisser des liens, accompagner les hésitations, les ambivalences, accueillir hors de tout jugement. Mettre des mots, chercher à comprendre, et en définitive, à réparer, ou tout au moins permettre à chacun de faire quelques pas dans cette direction. Alors, c'est vrai, il est peut-être un peu trop démonstratif, pédagogique, ce film ; et sans doute les choses ne se passent-elles pas toujours aussi bien. Mais rendre hommage à ce dispositif de la justice restaurative, qui est déjà un miracle en soi dans notre époque pressée et sans nuances, c'est beau aussi.

02 avril 2023

Nomades

27 février 2022

Normal People


Comme Les jeunes amants, vu récemment au cinéma, Normal People est un petit trésor de tendresse mélancolique, un hymne aux amours aussi profondes que maladroites (maladroites parce que si profondes ?), aux détails touchants, aux regards qui en disent long, à une authentique sensualité - dans l'un comme dans l'autre, les scènes de sexe sont infiniment érotiques et bouleversantes à la fois, parce qu'anti-pornographiques : il n'y est question que d'intimité, de respect - d'amour...

23 janvier 2022

Dans les yeux du monde


Steve Mac Curry au Musée Maillol, magnifique, un regard plein de profondeur sur l'humanité et la diversité... meilleure expo depuis longtemps. L'artiste disait, il ne faut pas chercher la photo parfaite, mais l'histoire, suivre l'histoire... et rester ouvert à tout sur la route, les meilleures images sont parfois faites sur le chemin et pas au point de destination. Comment ne pas être sous le charme ?

01 janvier 2022

Baptême

Ce premier matin de l'année, je suis allée marcher toute seule au bord de la rivière. Il faisait tellement beau ; les couleurs étaient magnifiques, le ciel bleu, l'eau vert translucide, si claire... j'ai eu l'impulsion de me déchausser pour y tremper les pieds (un peu fraîche pour une immersion totale, elle descendait des montagnes tout de même), de la boire au creux de mes mains aussi... comme un petit baptême païen, une façon de commencer l'année dans la fraîcheur et la lumière. 

Assise au bord de la rivière, j'ai laissé flotter mes pensées, retraversé divers moments de l'année écoulée, beaucoup chanté à voix haute aussi, et c'était très joyeux, un moment de communion, de connexion, de présence(s) invisible(s) - de beauté aussi, la clairière inondée de soleil, les perce-neige partout autour de moi, un premier matin du monde.

01 août 2021

28 novembre 2020

2020

Et dire que le 11 janvier 2015, même Renaud voulait embrasser les flics...

22 décembre 2019

Relax !


14 juillet 2019

Atypical

Je me suis fait cueillir. Ou séduire. Ou les deux. J'ai souri souvent, ou été émue par cette famille pas moins tendre ni moins branque que celle de This is us.

Parce qu'au-delà des troubles autistiques, tout ça me parle. Etre parent d'un adolescent pas exactement comme les autres. L'impact sur le couple, sur la fratrie, le regard des autres. La navigation entre des professionnels plus ou moins bienveillants, plus ou moins compétents. Etre une mère anxieuse et coupable par principe, prête à tout (et n'importe quoi) pour amortir la violence de la réalité, mais qui étouffe aussi sous la charge, cherche désespérément à faire exister la femme au-delà de la mère. La relation fusionnelle d'Elsa (!) avec Sam - parce que le père fait défaut, et qu'elle est seule à gérer le quotidien,  à affronter la réalité du handicap - tout au moins au début de la série.

Parce qu'au-delà des adolescents en souffrance, la série est aussi pleine de détails bien vus sur la façon dont tout système familial est violemment bousculé par le passage à l'adolescence puis vers l'âge adulte, l'entrée dans la vie amoureuse, les revendications d'indépendance, la perspective du départ de la maison. Cette solitude que chacun doit affronter, une fois tournée la page de l'enfance, l'âge de la famille idyllique (ou presque ;-)). Le divorce y confronte plus tôt, et bien plus durement - sans le refuge d'une continuité malgré tout - mais les questions sont les mêmes : comment les liens trouvent-ils une nouvelle forme ? Comment établir de nouveaux repères pour tous ? Car c'est Sam le dit : "That's what rituals do : they make everything OK."

09 juillet 2019

Se regarder en face

Drôle d'idée, que de faire du portrait de face, noir et blanc, sans sourire, un thème de travail déclinable à l'infini : sexagénaires, barbus, asiatiques, femmes sans maquillage, et aujourd'hui, quadragénaires - nés entre 1969 et 1979, c'est tout nous, ça ! J'ai d'abord été interrogative à la découverte des portraits de mes amies, incertaine de me sentir suffisamment bien dans ma peau ces jours-ci pour me confronter à une image que je trouvais sévère. Et puis finalement - plus je les regardais, et plus je les trouvais intéressants, dans leur nudité, dans leur vérité, dans ce qu'il supposaient justement d'acceptation, de pacification. Dans la force des regards aussi. Dans leur façon de dire voilà, c'est moi, sans mimiques et sans coquetteries, sans l'éclat du mouvement ou du rire, moi sans paravents et sans masque. 

Je suis contente d'avoir finalement tenté l'expérience : photographe ouvert, curieux des autres, qui prend le temps de la rencontre - peut-être la photo n'est-elle qu'un prétexte, et/ou un moyen de circonscrire la rencontre, de ne pas s'y perdre - il raconte que lors de la préparation de la série des femmes sans maquillage, il a été quelque peu débordé par les récits de vie, tant ce choix de se montrer totalement à nu n'arrivait pas au hasard dans le temps... je peux imaginer - femmes en rupture, en maladie, en deuil... des regards encore plus nus, une confrontation à soi plus radicale encore. La démarche est belle - et je suis contente de ce portrait.