31 octobre 2012

Fifty shades of Grey

Pourtant, j'étais dans la cible : ménagère de moins de 50 ans, grande consommatrice de comédies romantiques et lectrice avertie de Pauline Réage. Mais là, vraiment, c'est à mourir... de rire ? Une espèce de  monstrueux croisement entre Harlequin (l'étudiante méritante et l'irrésistible millionnaire) et S.A.S (pour la  misogynie simpliste des scènes de sexe, paradoxalement plutôt soft).

Morceaux choisis : "- Après vous, dit-il avec un signe de sa main aux longs doigts manucurés. Mon coeur menace de s'étouffer - parce qu'il est dans ma gorge, en train d'essayer de me sortir par la bouche - tandis que je me dirige vers le rayon des accessoires électriques" (sic !) - sans parler de cette jeune vierge peu effarouchée qui se "rengorge" sous les compliments après... sa première expérience de fellation (mais à quoi pense le traducteur ?), ni de ses orgasmes aussi systématiques que dévastateurs, explosifs, et autres sommets de créativité littéraire érotique. Oh my God ! Conseil d'amie : ne l'achetez pas, je vous le prête - je vous le donne, même. Ou relisez Histoire d'O, autrement plus troublant... 

26 octobre 2012

Reconnaissance

Où ailleurs qu'aux Glénans croiser la route d'un gentleman franco-américain chercheur en ethnologie et professeur émérite au CNRS ? De notre exquis dîner d'hier soir, outre des histoires passionnantes et une belle sincérité dans l'échange, j'ai retenu trois choses :

- Une philosophie de vie que je partage, et qui se résume à vivre au présent, à savoir mesurer ses attentes, et  à cultiver l'art de la gratitude.

- L'idée que les liens humains sont par nature des liens dits faibles - mouvants, libres, et donc voués à l'évolution et à la disparition, qui permettront l'établissement de nouveaux réseaux, et ainsi de suite. Un scandale pour l'obsédée du lien et de la question de la perte que je suis - mais une vérité aussi évidemment...

Le même disait plus tôt que je ne sais quel peuple d'Asie du Sud-Est considère que sept mariages est un nombre optimal - reflet de la volatilité de nos investissements et garantie d'un maillage social resserré grâce aux familles recomposées (et tant pis pour notre Occident qui crie à la mort de la famille nucléaire comme signe de la déliquescence de notre société...).

- Et que les "voileux" sont pour beaucoup "de grands tendres partis bouder au fond des mers" - mais ce secret-là, je le connaissais déjà... :-)

23 octobre 2012

Lucidités

"Je suis une montagne de sable (elle fait le geste, de quelque chose qui s'effrite, s'éparpille) et il faut sans cesse remettre de l'eau pour qu'elle ne s'effondre pas..." - c'est la patiente de Lapsus.

Un autre : "De toute façon les gens qui vont bien ce sont ceux qu'ils ne savent pas qu'ils sont malades non ? C'est que je ne voudrais pas être le seul !". Le même se définit comme nomade (no mad ?). 

Cette façon d'approcher au plus près leur douleur, chez les plus souffrants, me bouleverse régulièrement - sens de l'image percutante ou conscience tragique de leur fragilité - le second cite souvent René Char : "La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil."

P'tit drôle

Léo, en toute innocence bien sûr :
- Qui est-ce qui lit le petit bonheur du jour ce matin ? 

13 octobre 2012

Sillage

Pour moi qui rêvais de (re)prendre la barre de ma vie, avoir entre les mains celle d'un superbe voilier de 12 mètres a été une expérience magnifique - je ne compte plus le nombre de fois où j'ai soupiré "Mais quel bonheur !" - au cours de cette semaine. Partir au large en gardant les pieds sur terre, beau projet ;-)...

Je me suis entendue dire avant mon départ qu'être en bateau me faisait exactement le même effet qu'être amoureuse (sans les ennuis qui vont avec :-))) : plénitude, densité, confiance. C'est vrai - je suis radieuse sur les photos, et reviens à la terre ferme avec une sensation de sécurité intérieure retrouvée (au moins dans cet espace !).


D'autres bonheurs : dormir en bateau, le soleil qui se lève derrière la barre à roue, les échanges tous azimuts avec notre équipage et avec les autres bateaux, écouter chaque soir des histoires de mer - belles ou terribles, croiser la route de passionnés.

Des sensations aussi - à la gîte par force 6-7, assise à la proue, ou grimpée tout en haut du mât (commentaire de ma petite grand-mère, 87 ans : J'aurais adoré ça ! la même voudrait voler en parapente pour son 90ème anniversaire...)

Avoir gagné si incroyablement vite en autonomie, bonheur partagé par mes deux complices du stage Azur, Emilie et Max, rencontrer Charles, et Loli, et Damien, et Yves, notre moniteur - humanité, humour, fluidité - pour moi les rencontres humaines sont un bonheur à égalité avec la mer... Deux stages, deux séries de belles rencontres - bonne pioche ou vraie communauté d'esprit aux Glénans, malgré nos différences d’horizons et divergences d'opinions ? Les parcours de vie, les métiers, les voyages ne sont pas les mêmes - mais ils ne sont jamais banals...

Des voyageurs, des curieux de tout, des humains aptes à vivre ensemble dans un espace restreint tout en gardant une attention à l'autre, et... de bons vivants (apéritif chaque jour, confit de canard et quiches lorraines maison, huîtres le dernier soir).

Et l'idée que ce bateau magnifique est un peu à moi - à hauteur d'1/14 000ème, dixit l'un des moniteurs du bateau d'à côté, de retour d'une navigation hauturière - 1/14 000ème, ça suffit amplement à mon bonheur.


06 octobre 2012

Les jeunes filles aux cheveux blancs

Trois rôles de fille, cet automne. Trois personnages qu'on ne voit pas à l'écran dans une autre configuration que seuls, sans attaches. Mari, enfants, s'ils existent, sont loin sur la photo ou inaccessibles au téléphone. Ces trois personnages ont la fragilité et la liberté afférentes à l'état de jeune fille. Jeunes ? Oui, elles ont en commun de ne pas être capables de "faire dame", et cette incapacité n'a rien à voir avec leur état-civil. Comme de très jeunes filles, elles sont en rupture et elles ont la vie devant elles.
Interview Isabelle Huppert.

03 octobre 2012

Sélection naturelle

Elsa et Léo négocient âprement le partage du stock de billes de la maison - alors que Léo n'y joue plus depuis longtemps (mais, la loi de l'offre et de la demande...). Je lui fais remarquer qu'il est tout de même gonflé, et me vois gratifier de la théorie suivante : "Alors, en bas de l'échelle des billes, il y a les élèves, après il y a les bons joueurs, après il y a les arnaqueurs, et tout en haut, il y a les grands frères..."

Le lendemain, Elsa et moi croisons des musiciens ambulants qui interprètent la Paloma. "Moi j'aime bien les musiciens comme ça, me dit-elle, ça met du bonheur dans la rue..." (Ben, les p'tites soeurs, c'est quand même chouette aussi).