31 décembre 2010

I wish you a merry Christmas...

Un Noël en Alsace, dans des paysages enneigés comme il n'en existe habituellement que sur les cartes de voeux ! Un Noël chaleureux, rythmé par des repas délicieux et de vrais échanges - souvent dans l'intimité de la cuisine, mais aussi, le soir du réveillon, autour d'une jolie discussion sur la façon dont les grands courants spirituels et humanistes se rejoignent. Des frère et soeur aujourd'hui devenus de jeunes adultes - et de chouettes jeunes adultes - comme ils ont grandi depuis notre mariage, dont nous avons revu la vidéo à cette occasion... Bref, Noël 2010, excellent cru.

Dans la foulée, une douce journée jeux de société et confidences au coin du feu, famille de coeur cette fois. Un chiot cocker adorable fraîchement arrivé sur ses papattes maladroites, et, pour clore la journée, Some like it hot en home cinema pour quatre adultes et cinq enfants ravis. Une adaptation de la Flûte Enchantée pour les enfants, inventive et joyeuse. Des hommes et des dieux, enfin - poignant. Revu aussi le superbe Les caprices d'un fleuve, suite à la lecture du Marin à l'ancre de Giraudeau. Des journées flemmardes et joueuses. En bande-son, tous les standards de Noël, d'Ella Fitzgerald à Mariah Carey. Quelques jours de douceur dans un monde de brutes... et ce soir, un réveillon improbable mais qui s'annonce plein de charme.

27 décembre 2010

Alzheimer

Les familles, les soignants, se rassurent ainsi : il ou elle est perdu dans son monde, ne vous inquiétez pas, et ça vaut mieux comme ça. Une idée bien réconfortante, devant ces établissements remplis de personnes âgées immobiles et silencieuses.

Mais - lorsque nous sommes allés voir ma grand-mère, j'ai eu le sentiment qu'elle me reconnaissait, même si son signe de tête en assentiment à ma question n'est peut-être pas un indice tout à fait suffisant. Et Elsa s'est vue gratifier d'un chaleureux "Bonjour ma chérie !" - juste avant qu'elle ne retombe dans son mutisme.

Lorsque nous lui avons dit au revoir, j'ai eu l'impression de voir son regard perdu se voiler de tristesse, comme si elle avait compris ; et je n'ai pas pu m'empêcher de penser que, si veille quelque part en chaque être un autre niveau de conscience que celui du corps épuisé, elle savait peut-être, comme moi, que cet au revoir pouvait être le dernier...

25 décembre 2010

Noël au balcon


22 décembre 2010

Beauty tips

Les phrases suivantes ont été écrites par Audrey Hepburn, que l'on avait interrogée sur ses secrets de beauté.

1. For attractive lips, speak only words of kindness.
2. For beautiful eyes, look for the good in others.
3. For a slim figure, share your food with the hungry.
4. To have a beautiful hair, let a little boy or girl stroke it at least once a day.
5. For poise, walk with the knowledge you never walk alone.
6. People, even more than things, have to be restored, renewed, revived, reclaimed and redeemed : never throw out anyone.
7. Remember, if you ever need a helping hand, it's at the end of your arm. As you get older, remember you have another hand : the first is to help yourself, the second is to help the others.
8. A woman's true beauty is not in her figure, in the way she dresses, in the clothes she wears, or in the way she does her hair. A woman's beauty is seen in her eyes, because they are the window to her soul, the place where love dwells.
9. The beauty of a woman is not on superficial fashions. A woman's true beauty is reflected in her soul. In her kindness and loving care, and in the passion she shows.
10. A woman's true beauty increases with years.

A l'opposé...

...de ce qui précède en termes de prise en compte de l'humain et de la relation dans le soin, il y a ce vieux médecin, qui, interrogé par une femme enceinte sur l'hygiène alimentaire et les compléments nutritionnels (notamment la supplémentation en fer et en acide folique, aux conséquences potentiellement sérieuses), l'a renvoyée vers... Google. Idem pour les informations sur les médicaments (n'importe qui peut accéder en ligne au Vidal - hélas). Et de blaguer en disant qu'il a inversé la proposition : Don't ask Google, ask me. S'il en est fier...

Histoires

21 ans, elle est enceinte pour la 3ème fois, veut garder cette grossesse-là, ce qui a entraîné son exclusion de la famille. Elle occupe clandestinement la chambre du foyer de jeunes travailleurs de son compagnon - au parcours chaotique également, placé à 13 ans, actuellement sous contrat jeune majeur (et donc, en risque de perdre sa place au foyer). Elle a appelé le 115, qui lui demande un certificat de grossesse, mais ne réalise pas que le CHRS ne sera pas la solution, et qu'elle y croisera des détresses bien plus aiguës que la sienne. L'échographie dit, qu'elle peut encore faire marche arrière. Mais montre aussi une petite silhouette déjà assez individualisée...

Comme pour la jeune femme de Question de vie, ce désir de garder la grossesse semble défier la raison. Et comme pour la jeune femme de Question de vie - je suis prête à parier qu'il sera pourtant le plus fort. Rien d'autre à faire que de garder une grande humilité - et d'accompagner au mieux...

63 ans, en couple avec une femme de 15 ans sa cadette, papa d'un petit garçon de 3 ans, et malheureux... c'est que la sexualité déraille - mais après avoir essayé les petites pilules bleues, prescrites par son médecin, après avoir réfléchi à la pertinence d'une démarche individuelle, nous éclairons ce qui me semble une évidence : les troubles de l'intime sont toujours la rencontre de deux histoires singulières, mais aussi un symptôme inscrit dans une dynamique relationnelle...

Ce qui le rend émouvant, c'est sa capacité à s'engager dans la recherche de solutions, à faire, dans son discours, de la place à l'autre, et à son désir à lui de protéger la relation avec la femme et avec l'enfant. Il y a tant d'autres entretiens dans lesquels le seul discours est celui de la plainte narcissique, dans lesquels l'autre n'existe pas...

Elle a 20 ans, elle est arrivée du Mali il n'y a pas si longtemps, elle était hébergée par sa soeur et son beau-frère, parents d'un bébé tout juste arrivé au monde. Logement insalubre, incendie, drame - seuls le bébé et cette jeune femme ont survécu. En France elle n'a qu'un fiancé, qui l'accompagne ce jour. Elle est quasi-mutique, plus ou moins cataleptique.

Lui décrit de façon bouleversante l'enfer qu'il vit au jour le jour, face à une situation dont il n'a pas les clés. Je ne sais pas comment était cette jeune femme avant le drame, mais je présume une fragilité antérieure. Aujourd'hui elle a manifestement décompensé, et il explique qu'il ne la reconnaît plus, qu'elle reste des heures dans le vague, dont elle ne sort que pour des cauchemars éveillés, qu'il l'a parfois fait hospitaliser en urgence - ce qui est un excellent réflexe mais ne change pas la situation en profondeur, d'autant qu'elle arrête les traitements sitôt sortie.

Evidemment hébergés, sans-papiers, sans travail... ce qui le rend invraisemblablement touchant, c'est son obstination à prendre en charge l'intolérable, à espérer des "retrouvailles", au sens où "elle ne se retrouve pas" - dit-il à plusieurs reprises. Lorsque je risque une question sur la famille restée au Mali, il hausse les épaules et dit que là-bas, les "êtres perdus", quand ils ne répondent pas à la médecine traditionnelle, sont abandonnés à leur sort - et que lui ne l'abandonnera pas. J'explique, il faut des soins réguliers, gratuits, faciles d'accès pour qu'ils n'aient pas à se risquer dans les transports en commun, adresse vers la psychiatrie de secteur. Mais je pense qu'ils reviendront...

24 ans, papa d'un petit garçon de 4 ans qui vit en province, et pour lequel il s'inquiète beaucoup depuis l'arrivée d'un beau-père, mais pour lequel il n'arrive pas à mettre en place une organisation de visites. Il a repris des études, il est en foyer, ce qui ne lui permet pas de l'accueillir, n'a guère d'argent, mais surtout, il se sent démuni face à ce petit garçon, et aussi dans une peine si profonde qu'elle entrave son désir néanmoins sincère de rester en contact. Son ancienne compagne travaille activement à l'effacer autant que possible de sa vie et de celle de l'enfant, et son histoire familiale à lui le laisse désemparé - c'est le terme qu'il emploie - face à cette situation. La justice suit son cours - et ce cours est bien lent... En attendant, le Point Rencontre semble une option intéressante, qui leur permettra d'avoir un lieu, des jouets, la médiation d'un professionnel par rapport au couple, une présence tierce par rapport à l'enfant...

21 décembre 2010

Merci pour le chocolat

Hier soir, première des Emotifs Anonymes - deux fois meilleur de nous être vus refuser l'accès à la salle, soi-disant complète, et de nous être faufilés quand même, parce que c'est vraiment ce film-là que nous avions envie de partager. Des émotifs émouvants, dans lesquels chacun peut, à des degrés divers, reconnaître ses maladresses, ses failles et ses faux-pas... Des émotifs qui évoquent irrésistiblement les Gens qui doutent, d'Anne Sylvestre.

J'aime les gens qui doutent
Les gens qui trop écoutent
Leur cœur se balancer
J'aime les gens qui disent
Et qui se contredisent
Et sans se dénoncer
J'aime les gens qui tremblent
Que parfois ils nous semblent
Capables de juger
J'aime les gens qui passent
Moitié dans leurs godasses
Et moitié à côté
J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons
J'aime ceux qui paniquent
Ceux qui sont pas logiques
Enfin, pas "comme il faut"
Ceux qui, avec leurs chaînes
Pour pas que ça nous gêne
Font un bruit de grelot
Ceux qui n'auront pas honte
De n'être au bout du compte
Que des ratés du cœur
Pour n'avoir pas su dire :
"Délivrez-nous du pire
Et gardez le meilleur"

J'aime les gens qui n'osent
S'approprier les choses
Encore moins les gens
Ceux qui veulent bien n'être
Qu'une simple fenêtre
Pour les yeux des enfants (...)

Anne Sylvestre

18 décembre 2010

L'empreinte de l'ange

Ce matin, j'ai raconté à Elsa cette légende qui veut qu'avant leur naissance, un ange pose son doigt sur les lèvres des nouveaux-nés - comme un "Chut..." - pour leur faire oublier tout ce qu'ils savent du monde d'où ils viennent. Ce qui m'a valu cette ébouriffante question : Maman, quand je suis née, tu étais là ou tu étais dans la pièce à côté ?

Après être restée un moment interloquée (et avoir bien ri, aussi...), j'ai compris qu'elle voulait simplement savoir si j'avais vu l'ange...

16 décembre 2010

Ils sont fous...

...ces Romains : avons piqué un bon fou-rire hier avec les enfants, en imaginant ce que pouvait signifier : compter en chiffres romains. Alors, ça donne (lire à haute voix) : hi ! hihi ! hihihi ! hiv ! vé ! véhi ! véhihi ! véhihihi ! ixe ! x ! xi ! xihi ! etc, etc...

14 décembre 2010

Gratitude

"Merci vers le haut, merci vers le bas, merci à l'espace entre les deux, merci dans toutes les directions, merci à ceux qui me permettent d'être heureuse aujourd'hui et merci à moi-même".

J'avoue, j'ai été grognon souvent ces jours. Malade, fatiguée, frigorifiée, épuisée psychiquement par des patients, des groupes, et... des proches trop chargés de souffrances, et par mes propres doutes. Incapable de prendre du recul. Peut-être le serai-je à nouveau demain. Mais là, tout de suite, je retrouve un espace intérieur pour juste me réjouir de ce qui est.

13 décembre 2010

Mon bébééééééé...

...est parti ce matin sac au dos pour une journée à Aix-La-Chapelle avec sa classe d'allemand. A 6h30, coup d'interphone rigolard des copains qui partaient en même temps vers la gare du Nord (accompagnés d'un parent tout de même), et puis petites voix : C'est Léo ! Il arrive ! - et moi, j'ai raccroché doucement, un peu émue quand même !

Dans le même ordre d'idées, premier ciné sans papa-maman - mais avec un de ses meilleurs amis... Bon, faut dire, 2h25 des Reliques de la mort, Harry Potter 7, première partie, j'étais moyennement motivée.

06 décembre 2010

Nouveaux nez

Dimanche passé, une journée-plaisir : ça clown de source ! Tout en douceur, tout petit groupe, climat de simplicité et de sécurité. Avec le plaisir enfantin de se déguiser, de jouer - au sens créatif du play - d'être parfois drôles et parfois maladroits, empruntés, suspendus - mais toujours accueillis. Une excellente façon de se désencombrer la tête - d'entrevoir aussi, les ressorts du (sou)rire : amplification, miroir, décalage, lâcher-prise, vérité.

Deux remèdes

Deux griffes sur le coeur ces jours, l'absence de l'un, la peine sans fin de l'une. Mais là, j'ai trouvé apaisement :

...j'ai choisi d'explorer la douleur de l'absence d'un être aimé. Il m'est aussitôt apparu que cette douleur était une maladie guérissable (...). Plutôt que de t'enfermer dans le chagrin ou l'indifférence, cultive les sensations que l'être aimé a laissé en toi, redonne vie, dans tes dedans, à la tendresse, à la douceur. Si tu revivifies ces instants de bonheur passés, si tu les aides à pousser, à s'épanouir, à envahir ton être, la distance peu à peu se réduira, la douleur s'estompera. (...) Je me suis émerveillé de ce pouvoir et de mes capacités à explorer cette vaste bibliothèque que j'avais en moi. Alors j'ai choisi, entre mille autres choses, une journée d'amour éblouissante et douce. (...) Je suis entré dedans. (...) J'ai pensé, pourquoi ne ferais-je pas de ce jour-là, de temps en temps, ma prière du matin ?

- Faire que son enfant soit plus léger que soi, c'est un grand bonheur pour un père, et pour un homme pauvre, une grande fierté (...). Il nous a dit que chacun, quelle que soit sa vie, devait faire tout ce qui était en son pouvoir pour se débarrasser de ses propres fardeaux et malédictions, afin de ne pas avoir à les charger, au moment de quitter le monde, sur le dos de son propre fils. Car selon lui nos peines ne s'effaçaient pas avec nos existences, elles demeuraient vivantes, et nos enfants en héritaient aussi naturellement que l'on hérite d'un âne ou d'une maison lézardée.

Henri Gougaud, Les sept plumes de l'aigle

02 décembre 2010

Naître au monde

Achever de naître au monde et à soi-même.
Ne pas achever avant l’heure de vivre, d’imaginer, de créer.
Aider les autres à avoir une vie achevée.

Sacrifier avec élégance, avec sobriété, avec humour,
aux exigences contraires des principes de plaisir et de réalité,
de répétition et de différenciation,
de constance et de changement.

Marier le masculin et le féminin dans l’esprit,
l’immobilité et le mouvement dans le corps.

Tolérer l’angoisse et la joie, la haine et le rire.
Maintenir l’amour dans l’écart
entre l’abandon à l’autre et l’abandon de l’autre.

Déjouer les séductions, les perversions, les ruses
de la pulsion de mort.
Retourner le négatif contre lui-même.
Nier, trancher, s’arracher, transgresser, pour progresser.
Envelopper, déplier, dérouler, s’emboîter
pour exister, pour co-exister.
Pour donner indéfiniment, de notre humaine finitude,
une forme jamais définitive.

Didier Anzieu

01 décembre 2010

Question de vie

23 ans, études tôt arrêtées, une expérience comme AMP auprès d'enfants handicapés, un retour aux études dont elle se rend compte qu'il ne sera pas couronné de succès. S'amuse, comme elle dit - profitant d'une vie d'étudiante qui n'aura été qu'un court répit (bien fragile : elle est hébergée, vit d'aides précaires). Mais... elle est enceinte... et dans l'entretien je sens bien que l'idée de l'IVG est loin d'être arrêtée, et puisque la date déterminée par l'échographie nous le permet, je lui propose qu'on se revoie tranquillement quelques jours plus tard.

Second entretien, elle arrive, contre toute attente, accompagnée de son partenaire. Elle envisage de garder sa grossesse - avec ou sans lui. Il ne le souhaite pas, mais il est là, ne conçoit ni de chercher à imposer son souhait ni de se désintéresser du sort d'un éventuel enfant. 21 ans, tout autant en galère qu'elle - pas d'études, pas de travail - mais étonnamment structuré, responsable, respectueux. Un entretien rare - de par son positionnement à lui, tout aussi rare. Un entretien où il aura été possible d'explorer des pistes aussi variées que leurs contextes familiaux respectifs, et donc leurs représentations de la parentalité, l'avenir de leur relation - clairement positionnée, initialement, sous le signe du non-engagement, les circonstances de la grossesse, les représentations de l'avortement...

Je pressens que, dans son impossibilité à elle de renoncer - à ce jour - à cette grossesse, se jouent à la fois des questions de rempart contre la dépression (quel autre projet autrement ?) et de répétition familiale (elle n'a jamais connu son père, ses relations avec sa propre mère sont très difficiles). Je suis touchée aussi par sa douceur à lui, dans un contexte où il est tributaire d'une décision unilatérale qui l'engagera durablement... et inquiète pour les deux - car les aides et minima sociaux ne suffiront pas à leur assurer une vie décente, ni ensemble, ni séparément - et que cet enfant potentiel est de toute évidence un possible candidat au placement familial.

Que vont-ils pouvoir négocier, en eux-mêmes, l'un avec l'autre, et avec la réalité ? Puisque le délai le leur permet, je leur ai proposé une nouvelle rencontre.

Une semaine plus tard : ils ne sont pas venus. Mais ont pris la peine d'appeler, et repris rendez-vous pour la semaine prochaine - ensemble. Besoin de temps, encore...

29 novembre 2010

Bookcrossing & Birthday

Chaque année à la même époque, j'ai un fantasme récurrent : susciter des rencontres entre les gens que j'aime, et qui appartiennent à des horizons, ou à des strates de vie, différents. L'édition 2010 - autour du partage des livres - aura été particulièrement douce. Bien sûr, le vin chaud aux épices, brûlant et parfumé, a pu aider :-).

Mais au-delà de ça - une fois les livres choisis, et parfois négociés ! il y a eu un petit moment de grâce à entendre chacun dire - voilà pourquoi j'ai eu envie de partager celui-ci - ou bien pourquoi je l'ai choisi - le titre, la couverture, quelques lignes - et à bifurquer vers d'autres titres, d'autres histoires, les livres jamais terminés, les achetés mais jamais lus, et ceux lus et relus.... Un moment rond, parfait, tranquille, dans une jolie qualité d'écoute. Voir des amis repartir avec des listes de titres - sur un petit carnet, mais aussi (j'ai les noms !) griffonnés sur une serviette en papier, ou même sur le dos de la main, les mots doux, au moment du départ ou sur la boîte mail le lendemain, quel bonheur...

Les absents présents par leurs livres (j'en ai même reçu par la poste !), la mise en voix talentueuse des premières pages d'un roman que nous avons par conséquent tous eu envie d'emporter, l'adoption des livres restés ophelins (je n'avais pas pu m'empêcher d'en déposer plusieurs), les voyages de La Princesse de Clèves dans l'ascenseur (car les livres voyagent ou ils ne voyagent pas !), les gourmandises à partager, les petits cadeaux bien vus et délicats, quel bonheur...

Juste un monde

Mon plus joli cadeau d'anniversaire...

Je ne me limite pas
A ce qu'il faudrait faire ou pas,
Fais ci, fais ça, les conventions qui font les lois,
Ce n'est pas pour moi

Je veux juste un monde
Où l'amour est la loi
Juste un nouveau monde,
Bien loin du quant à soi

Les personnes que j'aime me prennent comme je suis,
Elles font tourner les moulins de mon coeur,
Un jour à deux, une semaine ou une vie
T'es sincère, un peu brut, même pas peur

Je veux juste un monde
Où l'amour est la loi
Juste un nouveau monde,
Que je ne connais pas

Je ne sais pas où cela me mène
Mais la vie me danse comme ça
Je sais pourquoi parfois tu m'aimes :
Je suis femme, je suis libre, et vraiment là

Je veux juste un monde
Où l'amour est la loi
Juste un nouveau monde,
Entre toi et moi

David

22 novembre 2010

Cousins de coeur

Nos enfants n'ont pas de cousins. Enfin, pas de vrais cousins. Mais... il y a les enfants des amis de toujours, ou presque - ces amis témoins de nos vies - parfois aussi témoins de mariage, parrains et marraines, etc. Et quand on les mélange - ces enfants que nous avons vus naître, ça ressemble quand même drôlement à une famille de coeur. Hier à la maison ils étaient sept entre 6 et 12 ans - et même un huitième, petit voisin adopté au passage, et le temps d'une après-midi de novembre, même sans cheminée, les Pictionnary et autres Taboo ont eu un petit goût de fête de famille - chocolat chaud et clémentines compris.

20 novembre 2010

Colloques

Le premier - sur la prévention des violences sexistes et l'éducation à la sexualité. Gargarismes, ronds-de-jambe, pieuse exhortation à faire encore davantage. Oubli : tant qu'il n'y aura pas plus de moyens humains, tant que les dits moyens humains seront payés au royal salaire de neuf euros de l'heure, je ne vois pas comment tous ces magnifiques projets pourront voir le jour. Neuf euros de l'heure - le prix alloué à l'éducation et à la prévention.

Tant que l'Adjoint à je-ne sais-plus-quoi à la Mairie, seul homme de la tribune, se félicitera d'oeuvrer parmi ces femmes remarquables, mais se tirera sans avoir le respect élémentaire d'écouter leurs interventions, j'aurai du mal à croire aux grandes déclarations d'intentions.

Tant que j'entendrai des insanités du genre, la différence des sexes est une construction idéologique et sociologique (et donc dans un futur meilleur nous serons tous enfin pareils), j'aurai juste envie de quitter la salle - ce que j'ai fini par faire. Egaux car semblables - sans moi. Egaux ET différents, et heureux de cette différence, qui nous fonde, nous enrichit, nous réjouit - oui. Mais de cette belle différence, et de la nécessité de marcher main dans la main, dans cette assemblée quasi-exclusivement féminine, je n'ai pas entendu parler...

Le second colloque au contraire - fêtant les 25 ans de l'association Pikler - fut un bonheur. Bernard Golse, a commencé par souligner que nous vivions dans une société experte en production de biens inutiles mais aussi d'individus de plus en plus en défaut d'humanité. Et ensuite ?

Des professionnels se sont succédé pour expliquer comment, grâce à Emmi Pikler, ils travaillent au jour le jour dans un accompagnement humanisé, respectueux, sous le signe du lien et de la parole, auprès des plus petits (maternités, crèches, pouponnières...). Dans une attention aux plus petits détails, dans un respect infini de tout ce qui peut soutenir l'accès à l'autonomie et à l'authenticité affective - une véritable éthique du Care, qui trouve toute sa place dans cette Box !

La directrice de l'Institut Pikler en Hongrie, une très vieille dame (et fille d'Emmi Pikler elle-même), est venue tout exprès de Budapest partager dans un français émouvant son émerveillement intact et transmettre l'essentiel de l'esprit qui anime cette approche.

Loczy, c'est le "petit village hongrois" : des résistants à la pensée unique, productiviste et comportementaliste - la démonstration par l'exemple de ce que signifie réellement le mot prévention (et des moyens que cela exige - en temps, en disponibilité, en élaboration, en collaboration) - l'antithèse des creux discours de la veille : voir aussi .

Entendre témoigner des équipes qui vont bien, qui s'interrogent, qui mettent en oeuvre cette idée "Loczyenne" des poupées russes (l'institution entoure les professionnels, qui à leur tour entourent les enfants), qui gardent intérieurement vivant le sens de leur démarche, m'a fait un bien fou. Redonné envie, et foi dans l'idée que c'est possible.

15 novembre 2010

La chanson

Celle qui entre par une oreille
Trouve l'autre fermée
Et ressort par la bouche
La chanson... (Claude Nougaro)


A la maison, c'est un jeu - involontaire souvent, volontaire parfois : l'un fredonne, et l'autre se retrouve sans savoir pourquoi à siffloter La chanson des Barbapapa, un jingle de pub ou Les demoiselles de Rochefort... chez nous, la musique est contagieuse ! Et jubilatoire, quand c'est un fait exprès.

Ca peut donner lieu à des dialogues savoureux, aussi : Elsa, c'est toi qui m'a encore mis La Banane dans la tête ? (Normalement, si vous la connaissez, là, vous êtes cuits : ça fonctionne aussi par écrit).

Et à de petits moments de poésie, quand un ouvrier dans la rue chantonne Come Prima, ou encore l'autre jour, le préposé à l'accueil de la Poste, l'Amant de Saint-Jean... Je suis repartie avec (l'Amant hein, pas le postier). J'aime beaucoup cette idée - d'un air qui circule et voyage à travers la ville. Sous les ponts de Paris s'envole une chanson...

14 novembre 2010

Esquisses

Cette année, envie de légèreté, de création, de partage. D'expérimentation aussi : le tango, la danse orientale, et ce week-end, la sanguine, ici. Les enfants sont là ? Pas de problème - au contraire : j'adore l'idée qu'ils soient en contact avec des adultes de tous âges et de tous horizons, mais vivants - je les ai donc pris sous le bras et nous sommes partis dessiner chez Marie-Madeleine. J'ai été bluffée par la capacité de concentration d'Elsa, qui est revenue enthousiaste. Et Léo, qui aime dessiner à peu près autant que moi j'aime disons le foot ou les jeux sur ordinateur, y a finalement pris plaisir aussi... Prochaines envies : la peinture, et le clown.

13 novembre 2010

Tissages

Un des passages que je préfère, en littérature, est extrait des Villes impossibles, d'Italo Calvino. Calvino y décrit une ville imaginaire, baptisée Eufemia, où les marchands de toutes nations se rassemblent à chaque solstice et à chaque équinoxe pour échanger des marchandises. Mais ils ne se retrouvaient pas à Eufemia uniquement pour faire commerce d'épices, de bijoux, de bétail ou d'étoffes. Ils y viennent pour se raconter des histoires - pour, littéralement, échanger du vécu.

Et voici comment ils procèdent : ces hommes, écrit Calvino, se rassemblent la nuit autour de feux de joie et chacun lance un mot tel que "soeur", "loup", "trésor enfoui". Ensuite, chacun tour à tour raconte une histoire personnelle de soeur, de loup, ou de trésor enfoui. Au cours des mois suivants, bien après avoir quitté Eufemia, lorsqu'ils traversent le désert, seuls à dos de chameau, ou voguent vers la lointaine Chine, ces marchands combattent leur ennui en draguant leurs souvenirs. Et ils découvrent alors qu'ils ont vraiment échangé leurs souvenirs - que, comme l'écrit Calvino, "ils ont échangé leur soeur pour une autre soeur, leur loup pour un autre loup" (...).

C'est ça, l'intimité : les histoires qu'on se raconte dans le noir. Ces bavardages nocturnes et paisibles illustrent pour moi, plus que toute autre chose, la curieuse alchimie du couple. Car, lorsque Felipe a évoqué pour moi la nage de son père, je me suis approprié cette image liquide, je l'ai cousue soigneusement dans l'ourlet de ma propre vie, et à présent, je la transporterai partout avec moi, aussi longtemps que je vivrai, même quand Felipe ne sera plus là : ses souvenirs d'enfance, son père, son fleuve, son Brésil - tout cela aussi est devenu une part de moi.

Elisabeth Gilbert, Mes alliances

10 novembre 2010

Simone

C'est mon deuxième prénom - celui de mes deux grands-mères (avec un "n" de différence). Enfant, je ne l'aimais pas. Adolescente, encore moins : un prénom de vieille ! Aujourd'hui, j'aime beaucoup mon second prénom. C'est qu'il a de belles marraines : les homonymes Weil et Veil, et Simone de Beauvoir, femmes d'amour et de combat, des "sorcières comme les autres", comme le chante Anne Sylvestre.

Mais surtout, j'aime l'idée que ce prénom désigne les petites filles, les jeunes filles et les femmes qu'ont été mes grands-mères. J'aime me rappeler qu'avant d'être une Mémé, une Mammie, une Grand-Mère, une Granny, on est avant tout, et pour tous les autres, une femme. Et, puisque je me plonge en ce moment dans les paroles de femmes (Benoîte Groult, Annie Leclerc), je m'interroge avec tendresse sur ce qu'elles ont vécu en tant que femmes...

Simonne a épousé un homme qu'elle connaissait depuis l'âge de 5 ans, grandi dans la même rue qu'elle. Simone a perdu son père à 13 ans, et la vie n'a plus jamais été la même. Simonne a accouché à 19 ans, seule sur une base militaire, sans autre aide qu'un médecin de l'armée pas vraiment préparé à ce genre d'événement. Simone a rencontré en 1942 un jeune ingénieur bien loin de sa Lorraine natale, et je porte sa bague de fiançailles. Simonne a travaillé toute sa vie et sait tout faire de ses dix doigts. Simone n'a jamais travaillé autrement que comme épouse modèle et faire-valoir de son brillant mari, qui l'a prodigieusement gâtée en retour. Lors du décès de celui-ci, elle s'est retirée du monde réel, dont elle ne reconnaît plus les habitants. Simonne est bien vivante - c'est la grand-mère du post Mémé-même-pas-peur.

Et moi - je suis fière de mon second prénom.

08 novembre 2010

Lecteurs voyageurs

Ca me trotte dans la tête depuis un moment, faire une série de photos sur le thème de la lecture dans le métro, le bus, sur les quais ou dans les abribus... Mais je ne me le permets pas - expliquer, négocier, interrompre - par définitition ! - cet instant d'intimité qu'est la lecture, je ne m'y vois pas - voler ces images, encore moins.

Alors - puisque l'outil de ce blog n'est ni le pinceau ni la caméra, j'ai décidé d'y épingler mes lecteurs voyageurs avec les mots. Un post évolutif donc, à compléter avec le temps...

- Journées du Patrimoine, file d'attente : au milieu des gamins bruyants et des retraités curieux, un homme jeune - mais pas un étudiant - est plongé dans L'Illiade. Inattendu... et élégant. Non ?

- RER B, une femme adulte, une vaste partition d'orchestre déployée sur les genoux. Le nom de l'oeuvre est invisible, elle n'a pas d'étui à instrument (ou un tout petit ? me revient un dessin de Sempé où l'on voit un musicien se préparer pour le concert, avant d'aller solennellement donner UN coup de triangle), elle bat la mesure au fur et à mesure qu'elle déchiffre - et j'essaie d'imaginer ce qu'elle entend.

- Ligne 3, un homme abondamment barbu est penché sur un volumineux Coran écrit en caractères arabes, enluminé comme un livre du Moyen-Age. Lui aussi chante dans sa tête.

- Ligne 6, rame bondée, une jeune fille s'accroche à la barre centrale et à Cent ans de solitude, et je l'envie, de lire ce livre pour la première fois - et pour la protection je pense efficace que peut offrir la prose de Garcia Marquez contre la foule et l'incivilité environnantes.

- RER, métros, bus, partout, des lecteurs de Métro, 20 minutes, et autres feuilles gratuites. Ceux-là me font peur : cette information soi-disant neutre, massivement diffusée, de quelles manipulations faciles pourrait-elle faire l'objet ?

- A suivre...

Trintignant, à propos du théâtre : Que ça ne laisse pas de traces ! Ce qui est beau, pour un acteur, c'est ce moment qui vit, qui meurt, qu'on ne retrouvera jamais plus. Qui ne sera jamais figé sur une pellicule, comme au cinéma, mais qui sera superbement perdu. Ce qui est beau et terrible à la fois, c'est ce sentiment de perte-là, d'éphémère. L'idéal d'un acteur serait de mourir à la fin de la scène...

J'ai goûté à cette même violence de l'instant quand je faisais de la photo. Des photos de gens, anonymes, et surtout sans qu'ils s'en rendent compte. J'avais déjà l'idée d'être metteur en scène, cinéaste ; et j'étais persuadé que pour en être un bon, il fallait être voyeur. Je me suis donc appliqué, je tenais mon appareil caché, Je prenais des clichés sans être vu. Et j'avais tant de joie à attendre - parfois des heures ! - que la lumière tombe sur un visage comme je l'avais imaginé que je me suis dit que ce n'était même plus la peine de mettre des pellicules. C'était le rêve autour de la photographie qui importait, et appuyer sur le déclencheur : c'était ce geste-là seulement qui était beau, et bien plus que toutes les photos ! Des années durant, j'ai ainsi "photographié". Sans pellicule.

04 novembre 2010

Bonne question

Elsa relit pour la nième fois l'hilarant "Comment on fait les bébés" de Babette Cole, notamment sa page favorite : Voici quelques exemples de Papa et Maman au travail - où l'on peut voir les parents faire l'amour sur un ballon sauteur, ou allongés sur une planche de skate....

Commentaire de Léo : Bah, moi je sais comment on fait les bébés ! Mais ce que je ne comprends pas, c'est comment on fait les grandes personnes...

01 novembre 2010

Tango si !

De cette semaine de découverte du tango à l'Espace, que dire ?

La chance d'avoir débuté avec deux couples de professeurs d'exception, internationalement reconnus ? Les similitudes troublantes avec le tantra, dans la danse entre le masculin et le féminin, la circulation d'énergie, l'invention instant après instant, la fluidité qui naît du lâcher-prise, l'exigence à la fois d'autonomie personnelle et d'ajustement à l'autre ?

Le plaisir de pouvoir faire quelques pas ensemble, après cette semaine intensive de découverte non seulement d'une danse, mais d'une culture (deux cours quotidiens, pratiques, bals, films tango, conférence tango, etc...) ? La sensation de littéralement voler sur la piste, conduite par un danseur semi-professionnel (mais pédagogue, et... indulgent :-)) - alors même que je ne sais rien faire d'autre que marcher, faire un demi-tour et esquisser de temps à autre un timide huit arrière ou avant ?

L'émotion devant les démonstrations des "maestros", et notamment celle de Claire et Dario, mes préférés dans la pédagogie comme dans la danse...

Et puis, tous les bonheurs de l'Espace - liberté, bord de mer illuminé par un soleil inespéré, atelier d'écriture avec Madeleine, pour moi, et de taille de pierre, pour David, chants devant la cheminée, soirées de danse déchaînée (notamment lors de la soirée des tubes ringards, parfaitement à mon - mauvais - goût), retrouvailles et belles rencontres... Dont deux drôles de dames - vous pouvez les trouver ici et - pleines de vie, d'humour et d'expérience, auxquelles je me suis entendue dire (après un nombre non négligeable de flûtes de champagne), "Quand je serai grande, je voudrais être une femme comme vous !"

29 octobre 2010

Prends-moi pour une oie !

Ou : Cyrulnik me gave. Parce que cet ancien éthologue, et donc spécialiste du comportement animal, a fait son fond de commerce d’un déterminisme qui humainement me révulse (et qui fait le lit des thérapies comportementales et de la médicalisation à outrance de la souffrance psychique).

Nous ne sommes pas les oisons de Lorenz. Et nous ne sommes pas des êtres exclusivement environnement-dépendants. Le malaise a commencé avec la série sur la résilience (idée pourtant initialement sympathique) : en bref, soit on est résilient, soit on ne l’est pas – et nos capacités de résistance à une situation traumatogène sont déterminées par un environnement initial suffisamment bon. Autrement dit – si on a souffert du premier temps, on souffrira au second – et voilà pour l’espoir.

Ce que nie Cyrulnik à mon sens, c’est ce qui nous fait humains (et non oisons) : la conscience de notre liberté, et la responsabilité qui en découle.

Ce qu’il sous-entend, c’est que le changement ne peut advenir que de l’extérieur : si l’environnement change, alors je peux être différent. Ce que je défends, c’est que ma (seule) liberté réside dans la possibilité de changer moi-même – avec de l’aide si nécessaire – au lien d’attendre que très éventuellement l’environnement (et dans les relations humaines, l’autre) change.

Ce qu’il induit, c’est le discours de la passivité, de la plainte et de la victimisation : l’environnement (ma famille, mon patron, mon conjoint, la société) est seul responsable de ma souffrance. Ce que je défends, c’est que je suis responsable non des hasards de la vie mais de ma posture interne face à ce que je ne maîtrise pas.

Ce qu’il entretient par conséquent, c’est une position désespérée : puisque je ne peux pas faire en sorte que l’autre change (et encore moins la société), je suis donc condamné à la douleur (avec un bénéfice secondaire non négligeable : celui de me dispenser de toute responsabilité). Ce que je défends, c’est la possibilité de l’espoir, du changement, de l’engagement dans ma propre vie.

Et ce qu’il scie au passage, c’est la branche sur laquelle il est assis en tant que psychiatre : car si son déterminisme s’avérait exact, toute tentative d’élaboration psychique serait rigoureusement inutile – et par conséquent, toute proposition de travail thérapeutique serait nulle et non avenue, en tout cas vouée à l’échec. Ce que je défends, c’est que le travail thérapeutique soutient le passage à une posture interne responsable et potentiellement créative.

21 octobre 2010

Medecine Books

Ni l'un ni l'autre ne sont de la grande littérature, j'en conviens. Et contrairement à mes habitudes, je n'en ai isolé aucun extrait. Le prix est plutôt décerné "pour l'ensemble de l'oeuvre", dans la catégorie : Livres qui rendent la vie légère.

"L'île des Gauchers" est une utopie amoureuse, créative et impertinente - un stimulant renversement de nos perspectives affectives.

"Mange, prie, aime", sous ses allures de "Bridget Jones à l'ashram", est possiblement un petit traité de guérison émotionnelle et spirituelle - et Dieu (!) soit loué qu'il soit possible d'écrire à partir de la profondeur avec humour et légèreté.

"Un mot sanskrit est apparu dans le paragraphe : ANTEVASIN. Il signifie : "celui qui vit sur la frontière". (...) On peut vivre sur cette ligne chatoyante entre son vieux mode de pensée et sa compréhension toute neuve, tout en restant dans une phase d'apprentissage."

Voilà : sous leur apparente futilité - ces deux livres, pour qui les lit avec son coeur, vivent sur la frontière.

19 octobre 2010

Prévention

Je me rends bien compte, pour animer des séances de prévention collective ET recevoir ensuite les individus suite à des prises de risques, du décalage irréductible entre les messages de prévention, les savoirs plus ou moins approximatifs, le discours, et les actes.

Mais je suis désolée de constater que la plupart des recherches font l'impasse sur ce que nous savons pourtant que nous sommes : des êtres divisés entre des désirs contradictoires, entre corps et pensée. Des singularités irréductibles à quelque savoir extérieur que ce soit...

Le postulat reste immanquablement celui d'un individu rationnel, cohérent, observable, réduit à ses comportements ou à son "identité" supposée : migrant, gay, jeune... et qu'il s'agirait donc d'éduquer (quand ce n'est pas de ré-éduquer).

La position intermédiaire : "N'essayons pas de convaincre, contentons-nous de faire réfléchir", représente déjà une avancée appréciable. Mais encore insuffisante, je crois.

Aussi ai-je été ravie de découvrir le rapport de recherche remis à l'ANRS par un dénommé Lisandre, qui lui énonce les théorèmes suivants : ce que l'on fait n'est pas ce que l'on dit // celui qu'on écoute est celui qu'on aime // ce que l'on dit n'est pas ce qui est entendu // celui à qui l'on parle n'est pas celui dont on parle // celui qui passe à l'acte est celui qui ne parle pas, la meilleure arme préventive est donc la parole.

De quoi refonder entièrement le travail en prévention, n'est-il pas ? Seul hic : ce rapport a été remis en 1994. Décidément, le sujet divisé divise...

Tête en l'air

Joyeux Anniversaire Jaaaaaacques... Hier un Zénith entier, debout pour fêter les 70 ans d'un homme qui, c'est sûr, mourra de son vivant. Trois heures de concert menées tambour battant, sur la terre des damnés solitaire étranger aux vérités premières énoncées par des cons (...) coeur battant coeur serré par la colère par l'éphémère beauté de la vie !

16 octobre 2010

Modou

"Je te donne la vie pour unique désir."

Un cadeau sur un petit papier plié, tiré au hasard, lors d'une belle soirée ici. Une soirée toute simple, pour se sentir vivant, en lien, en corps (encore ? encore !), enjoués, ensemble.

Je pensais au Petit Prince et à ses questions sur l'amitié, à la réponse du Renard - c'est une chose trop oubliée... Voilà - au fur et à mesure que je découvre la Biodanza, il me semble que c'est de cela qu'il s'agit, un rappel à ceci : en lien, enjoués, ensemble.

Ah, et un merci spécial à la Grenouille et au Crapaud, qui ont gardé nos têtards.

14 octobre 2010

L'ombre d'un doute

Est-ce que toutes les histoires d'amour ne seraient que des fictions partagées ? Une histoire "où l'on s'en va deux cueillir en rêvant..." - qui naîtrait de la volonté partagée d'y croire, et s'arrêterait lorsque l'un ou l'autre serait atteint d'une progressive ou subite "crise de foi" - comme dans ces récits où les pays imaginaires n'existent qu'aussi longtemps qu'ils ont des lecteurs pour y croire, des enfants à émerveiller ?

Une histoire que chacun se raconte à sa manière bien sûr, mais avec cette idée d'un territoire imaginaire commun - encore que certains de ces territoires survivent à la rupture (et la provoquent, éventuellement) - le point final parfois se déplace.

Une nouvelle, un haïku, une tragédie, une histoire à l'eau de rose ou un roman-fleuve, remanié, repris, raturé, une oeuvre ouverte toujours sur un à suivre...

Aimer ce serait, écrire à quatre mains - une histoire qu'on se raconte à deux...

12 octobre 2010

Papivores

De temps en temps, il y a de jolies surprises... Une collaboration s'ébauche avec la Cité Universitaire Internationale. A cette soirée-forum, je suis déjà dépaysée - variété des langues, des cultures, des allures - et un niveau d'études absolument inédit parmi les publics avec lesquels je travaille habituellement. Une association de bookcrossing, Le Bouquin Volant, a profité de l'occasion pour mettre à disposition des milliers de volumes gratuits, et c'est un bonheur de voir ces étudiants du monde entier, mais francophones, repartir les bras chargés - avec des sacs et des cartons débordants pour certains d'entre eux - de livres de toutes sortes.

J'ai fouiné à mon tour, bien sûr. Offert à un nouvel interlocuteur Le soleil des Scorta (dédicacé par l'auteur). Reçu en retour Mal de pierres. Conseillé Terre des oublis à un étudiant vietnamien. Trouvé une édition originale du livre de Benoîte Groult, Ainsi soit-elle. Discuté de l'art et de la manière de partager notre goût de la lecture avec nos enfants. Bref - me suis sentie chez moi...

Valeurs

With money you can buy a house, not a home. With money you can buy a clock, not time. With money you can buy a bed, not sleep. With money you can buy a book, not knowledge. With money you can see a doctor, not buy good health. With money you can buy a position, not respect. With money you can buy blood, not life. With money you can buy sex, not love.

Liste non exhaustive. Qui donne à réfléchir, non dans la façon dont elle met l'argent au centre, mais dont elle l'exclut au contraire de tout ce qui, en définitive... compte.

11 octobre 2010

Bonne question

- Dis-moi, y a-t-il encore d'autres voix intérieures, comme toi, que je ne connais pas ?
- Et comment ! Il y a beaucoup d'autres voix en toi qui n'ont pas eu l'occasion de s'exprimer. Crois-tu que je suis la seule ?
- D'accord, mais pourquoi se cachent-elles ?
- Elles ne se cachent pas. Elles sont là. Mais c'est toi qui ne les vois pas. Tu ne les perçois pas parce que tu ne regardes pas de leur côté. Depuis des années, tu accordes toute ton attention à Miss Intelligence Pratique, à Miss Cynique Intello, à Miss Ego Ambition et à Dame Derviche. En dehors de ce fameux quatuor, tu ne vois personne d'autre.


Elif Shafak, Lait Noir

Et moi, à quelles voix intérieures ai-je accordé mon attention ? Et lesquelles ai-je bien pu laisser de côté ?

Erreur de casting

Un petit moment d'agacement, à la lecture du dernier Marie-Claire...

Des stars, actrices, chanteuses, mannequins, et pour la 700ème couverture, une lectrice. Formidable !

ET, à quoi ressemble la lectrice de Marie-Claire ? A une… star, actrice, chanteuse, mannequin… 19 ans, blanche et blonde aux yeux verts, taille mannequin – à l’instar de ses deux «dauphines» (miss Poitou-Charentes et miss Limousin, je présume ?). Quelle audace dans le casting !

Moi qui pensais bêtement que la lectrice de Marie-Claire était une… femme – entre 30 et 60 ans, faisant un bon 40-42 (taille de la Française moyenne) et assumant ses rondeurs, élevant ou ayant élevé ses enfants, tout en étant une femme active et inscrite dans la société à travers un emploi et/ou des engagements associatifs, et… ayant une certaine expérience des hommes, de leurs petits défauts et de leurs grandes qualités, et de la vie en général…

Une femme avec un vécu, une profondeur, quelques rides et beaucoup d’humour – bref, une femme à laquelle j’aurais aimé ressembler – au lieu de me demander qui pouvait bien être la nouvelle starlette en couverture du dernier numéro ?

A moins que… mais bon sang mais c’est bien sûr, ce doit être ça… il doit y avoir une erreur… ce ne serait pas plutôt la gagnante du casting « Jeune et Jolie » ?

10 octobre 2010

Communion

Léo est baptisé. Nous ne l'avions pas inscrit au catéchisme - les rituels et dogmatismes chrétiens étant trop loin de notre inscription dans la spiritualité à ce jour. Mais sa grand-mère a pourvu à son éducation religieuse - ainsi qu'à celle d'Elsa - de la meilleure façon qui soit : à travers son propre engagement dans la vie paroissiale, sur un mode à la fois critique et créatif, cohérent avec les valeurs du christianisme plus qu'avec les rigidités ecclésiastiques ; et en invitant les enfants à des messes animées par un abbé sensiblement dans le même esprit, notamment dans l'ouverture aux petits enfants et à l'autre, à l'étranger, à la différence - ce qui représente une vraie prise de position dans ces petits villages majoritairement d'extrême-droite.

Moyennant quoi... notre Léo a demandé l'autorisation de faire sa communion privée, ce qu'il a fait ce week-end, est revenu l'autre jour avec l'envie de s'inscrire à l'aumônerie. Et, même si je ne le partage pas exactement sur ce mode, ce chemin me réjouit, et me touche, et je l'accompagne bien volontiers - bien plus que si nous avions cherché à lui imposer quoi que ce soit.

01 octobre 2010

Clochard existentiel

Dans le bus un homme - alcoolique ? psychotique ? marmonne en boucle d'une voix pâteuse : "Un qui, qui suis-je ? il y a toujours un qui... Malraux disait - il est mort Malraux : juger, ce n'est pas comprendre... qui je suis, moi ? Est-ce que j'aime la vie que j'ai ? Un qui, il y a toujours un qui..."

Les voyageurs l'ignorent, sourient vaguement, ou baissent la tête ; et je me demande : combien sommes-nous à nous sentir concernés par ce qu'il interroge ?

30 septembre 2010

Je suis une crypto-réac

Parce que, j'avoue - je suis assez d'accord. Pas tout le temps. Pas à sens unique. C'est ce qui fait la différence, peut-être. Mais : féministe ET féminine. Autonome ET fleur bleue. Attentive ET sensible aux marques d'attention. So what ?

Etre un homme, c'est prendre ses responsabilités, c'est essayer de soulager de plus en plus la vie des femmes, c'est essayer d'être à l'écoute, d'avoir une main un peu plus forte que celle de la mère quand on tient un enfant pour traverser la rue. Etre un homme, c'est ne pas trouver efféminé de faire des choses galantes et de s'occuper de sa femme comme un bijou (...). Il y a une époque où on a dit aux hommes que ça ne faisait pas viril d'aider une femme à mettre son manteau, de faire le tour pour lui ouvrir la porte, de lui donner du feu et de se lever de table quand elle se lève et d'attendre de passer sa commande avant qu'elle-même ne l'ait fait. C'est faux.

Vincent Lindon

27 septembre 2010

Mémé-même-pas-peur

Celle qui se réjouit de ce qu'elle a mais ne se plaint pas de ce qu'elle n'a pas, sait rire de tout à commencer par elle-même, ne dédaigne pas l'humour absurde ou noir, est venue passer un week-end avec nous - comme une grande (quoique ne dépassant pas le mètre cinquante-trois), toute seule par le train, sans le dire à ses filles qui le lui auraient probablement déconseillé. Une grand-mère déterminée et vivante, qui n'est pas sans me rappeler celle du très joli Poetry, vu cette semaine...

Elle a monté sans sourciller les deux fois trois cents marches qui mènent tout en haut du dôme du Sacré-Coeur (bientôt 85 ans !), et s'est baladée avec nous sur les quais de Seine pour le festival Spectaculaire - balade impromptue où nous aurons croisé les girls du Moulin-Rouge, un animateur d'atelier de comedia dell'arte, une chorale, le Grandiloquent Moustache Poésie Club, et des professeurs de tango... Je ne connais pas beaucoup de gens de cet âge capables de s'adapter à l'imprévu, de patienter pendant que les petits expérimentent un logiciel de création en 3D présenté sur un stand, de déjeuner sans couverts d'une pizza en plein vent... et de se réjouir du tout !

PS : Du cours de tango, j'ai retenu ceci : l'homme dirige, avec son coeur...

Katerine

Il est partout dans les médias - en couverture des Inrocks et de Chronic'art - mais que faut-il penser de l'inclassable Katerine ? Formidable canular, blague régressive pour écoliers attardés, ou, comme le laissent entendre certains articles, oeuvre méta-philosophique qui convoquerait à la fois Debord et le zen, offrant un démontage critique sans concession de nos réflexes de consommation, de langage et de pensée ? Ni l'un ni l'autre, à mon sens, ou peut-être un peu des deux... Toujours est-il que "Philippe" est un album vraiment drôle (ce qui n'est pas si fréquent), suffisamment rythmé pour donner envie de danser dans le salon ou de siffler sous la douche, à partager avec les enfants qui se délectent des gros mots et provocations "hénaurmes" du personnage - et peut-être effectivement, bien moins bête qu'il n'en a l'air...

23 septembre 2010

Et le souffle devient signe...

Permettez-vous d'être libre dans votre vie.

E.B.

20 septembre 2010

Pas de danse

Je ne sais plus combien j'ai essayé de cours de danse. Le classique, à six ans : expérience traumatique. Le modern jazz, à l'adolescence - et puis à nouveau, jeune adulte. La salsa, en stage de week-end. Rien de très concluant - j'ai déjà du mal avec la droite et la gauche, alors, faire marcher séparément les bras, la tête et les jambes (attends, je compte !)...

Mais...

Il y a eu la liberté de danser retrouvée au Hameau, et celle de la Biodanza, qui m'a redonné le plaisir du mouvement, le simple plaisir d'habiter mon corps - et tout ce chemin d'être-devenir femme, ces dernières années.

Cette semaine, deux pas (de danse) décisifs : me suis inscrite à un cours de danse orientale. Et - même pas peur ! - David et moi avons pris notre première leçon de Tango - exercice préparatoire au stage prévu à la Toussaint. Bonheurs : apprivoiser cette danse magnifique, que j'aurais crue à priori inaccessible. Le faire ensemble. Le soir même, aller esquisser quelques pas évidemment maladroits mais ravis parmi les danseurs du quai d'Austerlitz.

17 septembre 2010

Constat

Je crois que j'aime les hommes à failles...

Matinales

Elsa a récupéré la veste matelassée-surpyjama d'une petite amie. Ce n'est pas que la saison l'exige déjà, mais elle ne la quitte plus : "Elle est où ma veste du matin et du soir ?". C'est vrai que ça vous a une toute autre allure qu'une simple "robe de chambre"...

Lorsque le réveil se met en marche, et bien que j'en change régulièrement la mélodie, le chat arrive pour me saluer. Parfois suivi d'un Léo, puis d'une Elsa. C'était le cas, ce matin - le chat allongé sur mon ventre, un enfant au creux de chaque épaule. "Maman, ton coeur ronronne !", a dit Elsa.

Elsa toujours : "Moi, c'que j'adore dans les tartines grillées, c'est le grille-pain !"

16 septembre 2010

Paillettes

Halle Freyssinet, un show de strip-tease dit burlesque - cet art féminin et féministe de l'effeuillage, érotisme créatif et bon enfant si bien illustré par les danseuses de Tournée - sensuelles, décomplexées, drôles, et profondément humaines. Le plus joli ? Une coulisse improvisée, à peine masquée par un tissu noir qui, s'il donnait aux danseuses l'illusion d'être à l'abri des regards, laissait au spectateur une vison un peu voilée, poétique, de ce vestiaire de filles - la blondeur d'une chevelure, l'éclat des strass, la blancheur d'une peau.

09 septembre 2010

De l'art...

...de s'occuper de ses fesses, suite.

Lorsque nous faisons une vraie crasse à quelqu'un, nous le ressentons dans notre corps. Lorsque nous réagissons simplement à ce qu'il attend de nous, c'est dans notre tête que cela se passe (et si cela descendait dans le corps, c'est que nous n'aurions pas su voir à quel point nous étions contaminés par ses exigences).

Votre point de repère,
c'est votre intentionautrement dit, votre coeur. Seule votre intention, votre recherche de justesse, peuvent être un guide – la façon dont l'autre reçoit, interprète votre parole ou vos actes lui appartient – vous n'en êtes en rien responsable. Soyez vigilante à l'intention - c'est la clé.

E. B.

Eloge des femmes mûres

Mes souvenirs, je l'espère, seront une lecture instructive, mais ce n'est pas pour autant que les femmes auront pour vous plus d'attirance que vous n'en n'aurez pour elles. Si, au fond de vous-même, vous les haïssez, si vous ne rêvez que de les humilier, si vous vous plaisez à leur imposer votre loi, vous aurez toute chance de recevoir la monnaie de votre pièce. Elles ne vous désireront et ne vous aimeront que dans l'exacte mesure où vous les désirez et les aimez vous-même – et louée soit leur générosité (…)

Comme nous ne nous reprochons plus de ne pas obéir à des préceptes éthiques absolus, nous nous flagellons avec les verges de la perspicacité psychologique. Nous nous comprenons trop bien pour condamner nos actes ; désormais, ce sont nos intentions que nous condamnons. Nous étant libérés d'un certain code de conduite, nous suivons un code d'intentions pour parvenir aux sentiments de honte et d'angoisse que nos aînés éprouvaient par des moyens moins élaborés. Pourtant, nous continuons à expier la création : nous nous considérons comme des ratés, plutôt que d'abjurer notre foi en une perfection possible. Nous nous accrochons à l'espoir de l'amour éternel en niant sa validité éphémère.


Stephen Vizinczey, Eloge des femmes mûres

06 septembre 2010

Premiers entretiens

"Mais je ne voudrais pas rendre responsable de ma vie quelqu'un d'autre que moi-même !?" Une éventuelle future patiente, à propos de sa crainte de s'enliser dans un discours de la plainte, ou de la stigmatisation des parents (ou de devenir dépendante de la psy ?). Pas mal, pour une débutante ? Qui fut rassurée par l'idée que la finalité de ce travail était justement de pouvoir, autant que possible, prendre la responsabilité de sa propre vie....

Et une autre, à qui je parlais de la nécessité de s'engager dans le travail thérapeutique, m'a fait une jolie réponse du berger à la bergère, en osant dire à quel point elle avait été déçue d'une confrère soudainement partie pour une mission humanitaire en Afrique. Autrement dit : m'engager, je veux bien, mais vous engagerez-vous vous même, ou serai-je encore abandonnée ? Excellente question, pas si fréquente lors d'un premier entretien...

Bien vu

Tu m'as envoyé ce message : "J'ai trouvé mon Vélib' finalement ! Ca change la vie...". J'ai entendu : "J'ai trouvé la Vie Libre finalement ! Ca change ta vie...".

Eric

05 septembre 2010

Rentrée

Suggestion de Léo : passer (au moins !) une fois par mois un moment seul avec chacun de ses parents. OK. Dont acte : première sortie, les 56 étages de Montparnasse, puis pique-nique au Luco. Et ce commentaire so sweet - sachant de surcroît qu'il était sérieusement stressé par son entrée en 6ème - Si c'était pas une si bonne journée, j'aurais eu envie de retourner au collège dès aujourd'hui. D'une pierre deux coups alors, et une fin de semaine semble-t-il réussie !

Et puis, un petit goût de vacances dans les balades à vélo et pique-niques à Vincennes puis au parc de Bercy - profiter des derniers rayons de soleil...

01 septembre 2010

Croissance

Les possibilités et les chances que nous offrent les relations humaines d'apprendre et de grandir sont illimitées. Si nous voulons pleinement saisir cette occasion, il faut tout d'abord que nous soyons prêts à abandonner nos idées traditionnelles sur la façon dont les êtres humains - en particulier mari et femme - ont à vivre et à se conduire l'un par rapport à l'autre. La seule chose qui devrait être considérée en tant que fondement de la réalisation de nos relations individuelles, c'est ce qui naît de notre vécu et de notre compréhension authentiques.

Gerd Ziegler, Tarot, miroir de tes relations

23 août 2010

Boussole

D'une certaine manière, peut-être que c'est tant mieux. Il ne faut pas se sentir sans cesse approuvé. Sinon, on se laisse aller à une sorte de confort. Il faut coûte que coûte parvenir à ne pas s'abolir ni à être dans le ressentiment. Le sentiment de confort et la rancoeur sont les deux écueils entre lesquels j'essaie de naviguer.

Linda Lê (qui parle de l'écriture, mais...)

18 août 2010

Décollage immédiat (2)

Louons l'attachement... mais ne l'achetons pas !
**********************
Pendant ce stage, j'ai vu ton coeur grandeur nature.

(Copyright : David)

15 août 2010

Décollage immédiat

Du nez contre la vitre, ou encore sur le guidon.

De l'autre-doudou, de l'autre-béquille, de l'autre responsable de toutes mes félicités - et de tous mes malheurs.

De l'identification à mes pensées négatives, croyances douloureuses, émotions immédiates.

Du petit vélo mental, pour revenir dans le corps et la circulation de l'énergie.

Des îles séparées, pour retrouver la terre commune.

De l'agressivité et de la jalousie, pour inventer des issues nouvelles.

Des bricolages/manipulations/fabrications, pour ressentir ce qui est dans l'instant - envie, peur, désir, tristesse, colère, tendresse, et pour l'offrir à l'instant suivant.

Des projections inévitables, pour rencontrer ma solitude, celle de l'empereur et non celle du mendiant.

Des anxiétés acquises, quant au contact des coeurs ou des sexes.

Des représentations toutes faites, pour laisser par exemple place à la révélation suivante : il est possible de faire l'amour avec l'air. Si, si.

Ou à une autre bien plus étonnante encore : là, tout de suite, maintenant, je peux être délivrée des blessures et des colères qui entravent notre relation ; à cette seconde, je peux choisir de te voir comme si c'était la première fois - et c'est, la première fois. A cette seconde au moins. Et ça change tout.

07 août 2010

Espace

...des Possibles : un espace où (se) rencontrer, inventer, jouer, se re-créer, se décentrer pour mieux se retrouver. Un lieu en liberté où la danse, l'écriture, le jeu, le bien-être, la réflexion, sont à la carte, dans un rythme et dans un temps choisis. Biodanza au jour le jour, Qi Qong, soirée - magnifique - de chants sacrés, fasciathérapie, atelier d'écriture malicieux, watsu délicieux - autant de moments remarquables, et de belles rencontres humaines.

Un atelier tonique aussi, à propos de L'art de s'occuper de ses fesses - rappel bienvenu sur la responsabilité et la finitude. Florilège (copyright : Raymond Le Golvan) :

- Etre thérapeute pour moi aujourd'hui c'est soutenir le passage de l'enfant, qui n'a que des besoins et des droits, à l'adulte, qui n'a que des devoirs (à commencer par celui de s'occuper...)
- Si je ne m'occupe pas de MES fesses, je m'oublie, je perds mon temps, et j'assassine l'autre.
- Passer du mythos : (se la) raconter, au logos : nommer (de façon engagée, sans fard, cf parole impeccable, opérante) - pour revenir, autrement, au mythos...
- Le senti... ment aussi ! (cf nuages dans le ciel chez Sudheer - ne pas s'identifier à ce qui nous traverse...)
- "Dieu est dans les détails" (Einstein). Et le Diable est dans les détails qu'on se refuse à voir ! TOUT est là...
- "Vouloir changer là où je suis bloquée" versus "simplement observer là où tu te bloques"...

Un atelier qui rappelle à la confiance et à l'humilité nécessaires, à la capacité de se rendre disponible, de ne pas attendre que tout soit donné...

Et du même coup, une clé pour lire l'impatience, l'exigence, et l'incivilité parfois, surprenantes dans cet espace de développement de l'humain en nous, des usagers du lieu : l'Espace des Possibles, c'est aussi le risque du narcissisme - "comme je m'aime dans ce sentiment que tout m'est possible" - et de la toute-puissance "tout m'est donc dû, et dans l'instant".

La communauté reste cependant l'esprit du lieu, et la diversité des multiples propositions d'atelier, la possibilité de participer à la vie de l'Espace (jardinage ou plonge, temps pour les enfants ou corvée d'épluchage), la spontanéité des contacts (à l'apéritif, avec les voisins de tente ou... dans les douches, collectives !) en font néanmoins un lieu légèrement utopique, rêve d'un monde où nous serions libres de cultiver et de partager nos talents et de serrer dans nos bras les humains croisés sur la route.

J'en suis revenue avec un projet : trouver les moyens d'y retourner en famille. Mettre de l'argent de côté. Demander au Père Noël des tentes et des sacs de couchage. Bâtir une proposition d'atelier à co-animer, ensemble. Emmener nos enfants dans ce lieu qui serait aussi un paradis pour eux - liberté dans la sécurité, et créativité en liberté.

28 juillet 2010

Juste ça

Aujourd'hui, beaucoup de gens ne se sont rien dit
N'ont rien vu et n'ont rien écouté
Aujourd'hui tu m'as réveillé avec du thé, des caresses
Et des baisers, j'étais si heureux que tu existes
Et il faisait beau, si beau, si beau...
Il faudra que je le dise
A quelqu'un
Pour qu'ils ne soient plus si nombreux
A mentir demain...

Jacques Higelin

27 juillet 2010

Viennois

Gare Saint-Lazare, ligne 14, une valse de Strauss envahit tout l'espace. Ou plus exactement, un chef d'orchestre en chair et en os dirige des musiciens de papier - mais le son est excellent, et l'effet saisissant. Une invitation au voyage - pour une compagnie d'aviation ? - je ne sais plus... mais le résultat était indiscutablement poétique.

Nosologie

Les jeunes médecins sont bien peu préparés à la chose psychique. Aussi, devant cette crise d'angoisse aiguë qui se donnait des airs de menace d'infarctus, ou encore d'AVC, l'interne de garde aux urgences a-t-il préféré doctement diagnostiquer - en l'absence de résultats d'examens alarmants - un "virus d'été" (pourtant à priori inconnu des manuels de médecine ?). Remise de ses frayeurs, la patiente, qui n'est pas dupe, en rit encore...

Ce serait une histoire drôle - si elle n'était pas si représentative de ce courant de plus en plus dominant qui tend à proposer un modèle prétendument scientifique : symptôme - syndrome - réponse comportementale ou neuro-chimique au détriment de la singularité et de la complexité de la vie psychique - modèle de plus en plus imposé à l'exclusion de tout autre...

Rappel

...la vie commence au-delà de la zone de confort...
(et j'ai tendance à l'oublier, parfois).

25 juillet 2010

La tête dans les étoiles

De vacances en vacances, sur le trajet du retour, un rituel s'installe : alors les enfants, qu'est-ce que vous avez aimé ? Cette année : le parcours aventure (acrobranches), les vachettes d'Intervilles (hélas...), la plage tous les jours et le bateau gonflable, le maillot du Barça et la petite robe Desigual ramenés de notre escapade à Barcelone (la casa Batllo est passée à la trappe mais pas l'appart - gigantesque - que nous avions trouvé pour une nuit, tant pis !), le feu d'artifice tiré juste au-dessus de notre tête, sur la plage... l'incontournable passage à Cairanne, sans lequel les vacances ne seraient pas tout à fait les vacances.

Et les adultes ? Le traditionnel repas au Château de Jau (qui a eu les honneurs du Télérama de la semaine dernière), la soirée théâtre impromptue aux Estivales de Perpignan (une adaptation vocale déjantée d'une nouvelle de Maupassant, et le Grandiloquent Moustache Poésie Club), les parties de Pictionary et de Trivial Pursuit (avec règles revisitées !), et deux romans délicieux : Au Bon Roman - un fantasme pour lecteurs papivores - et L'ombre du vent, roman feuilleton addictif !

24 juillet 2010

Sale môme

Retour de plage tardif, j'ai la flemme de préparer un repas pour quatre et exprime à voix haute mon envie qu'une bonne fée, un lutin quelconque, bref un coup de baguette magique fasse apparaître un repas tout prêt, de préférence frais et savoureux. Léo, mi-amusé mi provocateur : "Bah, c'est facile, suffit de demander à Maman...".

08 juillet 2010

Avant les vacances

Je vais où la vie va...
Présent infini.

(E)laborieux

Définitions possibles de la psychothérapie :

- Le travail thérapeutique rend moins con - parfois ! Mais ce parfois, change tout...

Et, après le constat qu'en relisant quelques écrits pourtant anciens, les fondamentaux étaient déjà là : c'est toujours moi. Mais c'est moi en mieux !

07 juillet 2010

Hold the magic

- J'ai besoin de magie moi aussi !
- On a TOUS besoin de magie...


(... non ?)

05 juillet 2010

Old school ?

Suis passée au Chat Pitre, faire le plein de livres pour les enfants cet été. Souvenirs d'enfance, d'une des rares choses vraiment partagées avec mon père, qui m'a fait découvrir, de Fnac en Fnac, les grands classiques : Dr Jekyll et Mr Hyde, L'île au trésor, Le lion. Ai acheté pour Léo, Dr Jekyll et Mister Hyde, L'île au trésor, Le lion. Et pour Elsa, qui les regarde en dessin animé, Les Malheurs de Sophie, et aussi, les Contes de la Rue Broca. Rien qui aie moins de quarante ans, et même beaucoup plus, donc. Mais aussi, rien que je ne puisse partager avec eux...

Devant les jaquettes cheap des productions contemporaines, devant les interminables sagas d'heroic fantasy (et les niaiseries à base de princesses/starlettes/sorcières en herbe), je reste pensive... il y a peut-être des perles à découvrir là-dedans - mais comment ?

Pour moi-même, Les déferlantes, un roman de Nick Hornby et un autre de Toni Morrisson, un autre encore de Geneviève Brisac (déjà presque fini, déja décevant). Il va falloir se lever tôt pour être à la hauteur de la revigorante autobiographie de Benoîte Groult ! Mon nouvel ami le Manuel de Psycho-Pathologie Clinique (on ne rigole pas s'il vous plaît... une pensée ouverte, multi-référentielle, argumentée, pédagogique, ce n'est pas si fréquent dans ce champ-là). Et plusieurs bouquins d'Osho, décidément inspirant. Penser à y ajouter un recueil de poèmes. Un patient citait Char ce matin, La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil, phrase qui a enchanté mes lectures adolescentes... pourquoi pas ?

04 juillet 2010

Tendresses

...pudique, râpeuse, utopique, désespérée d'Amalric pour "ses" filles dans Tournée (qui est aussi un manifeste féminin/féministe à l'énergie communicative, et un hymne à la liberté du coeur et du corps).

...délicate, aérienne, mélancolique de L'illusionniste, qui enchante le regard d'une enfant devenant femme et lui rend la liberté en même temps qu'il lui livre son secret : Magicians do not exist.

...émouvante et rugueuse à la fois, entre Depardieu et Gisèle Casadesus, dans la Tête en friche, qui évoque si fort un autre couple improbable, celui d'Harold et Maude...

...universelle, et se passant fort bien de mots, dans le touchant Bébés, tourné aux quatre coins du monde par Alain Chabat.

...hésitante, maladroite, touchante de Daniel Prévost dans Les Petits Ruisseaux, et puis de plus en plus habitée : l'histoire d'un retour à la vie, et ce message : il n'y a pas d'âge. Il y a la vie qu'on se fait - notre capacité à saisir ou non l'instant.

03 juillet 2010

Tantra

Le Tantra ne vous attirera pas au début, parce qu'il vous demande de vous abandonner, pas de vous battre. Il vous demande de flotter, pas de nager. Il vous demande de vous laisser aller dans le courant, pas de remonter le courant. (...)

Seul votre coeur bat, le mental n'est pas là. Il devient une méditation naturelle. Si l'amour ne peut vous aider à méditer, rien ne le pourra parce que tout le reste n'est que du superflu, du superficiel. Si l'amour ne peut aider, rien ne le pourra ! (...)

Le Tantra débute avec vous comme vous êtes, le Yoga débute avec vous selon ce que vous pourriez être. Le Yoga débute par la fin, le Tantra débute par le commencement. Il est toujours bon de commencer par le commencement, parce que si vous commencez par la fin, vous vous créez des difficultés inutiles. Vous n'êtes pas la fin, l'idéal. Vous voulez devenir un dieu, un idéal, et vous n'êtes qu'un animal. Et cet animal se déchaîne à cause de cet idéal de dieu. (...)

Les situations changent tous les jours ; il n'est donc pas nécessaire de prendre des décisions à l'avance. Voilà le défaut : vous essayez de décider. Chaque fois que vous décidez d'avance, la décision est imposée par le mental. Et vous ne lâchez pas prise. Quand vous vous abandonnez, vous laissez les choses s'organiser d'elles-mêmes.

Après, vous n'y pensez plus, vous ne faites plus de projet. Vous ne forcez pas l'avenir à s'adapter à vos idées. Vous vous permettez simplement d'aller vers le futur en vous adaptant à lui, en vous adaptant à la totalité. (...)

Et c'est la différence entre les émotions négatives et les émotions positives. Si vous prenez conscience d'une certaine émotion, et que l'émotion se dissout par la prise de conscience, elle est négative. Si en prenant conscience d'une certaine émotion, vous devenez l'émotion et que l'émotion s'étend et devient votre être, elle est positive.


Osho

01 juillet 2010

Tout Benoîtement

D'abord, il avait le respect des êtres, y compris sa femme, ce qui est rare (...).

On était partis un peu, si vous voulez, avec le contrat de Sartre et de Beauvoir, sur les amours contingentes, et les amours nécessaires (...).

Je trouve inhumain d'exiger de quelqu'un, aujourd'hui et dans nos milieux parisiens, dans nos métiers où les tentations sont incessantes, qu'il renonce à tout ce qui n'est pas vous. Je t'épouse, et ça veut dire qu'à partir de dorénavant, tu ne toucheras plus une autre femme, tu n'accepteras plus l'aventure, tu ne joueras plus jamais au jeu de l'amour et du hasard, tu n'auras plus accès à la liberté (...) ?

Mais c'est ça, une vie. C'est infantile, de croire qu'on fera l'économie de la souffrance. Aujourd'hui, une vie commune peut durer cinquante ans ! C'est inadmissible de se dire que pendant cinquante ans - une moitié de vie ou plus -, on ne connaîtra plus les commencements de l'amour, on ne vivra plus les premières minutes du désir, on se refusera l'excitante rencontre dans le train ou dans l'avion et que, à cause d'un voeu de fidélité qui souvent n'a plus de réalité physique intense, on se prive de moments uniques délicieux parfois. En plus, pour des écrivains, c'est faire provision de matériaux de construction !

Benoîte Groult, Mon évasion

La dame est née en... 1920 ! Et son autobiographie est un magnifique parcours de femme, inspirant à tous points de vue.

28 juin 2010

CyberMémé

...84 ans, écrit des sms en fonétik et signe "bz". Mdr.

27 juin 2010

The Flood

En complète adéquation avec le stage (voir post Ouvertures)... c'est comme ça, au moment juste, le livre, la citation, la chanson juste, nous tombent entre les mains (celle-ci m'aura été indiquée trois fois en moins d'un mois...) L'autre bande-son possible, ce pourrait être aussi Je veux, de Zaz.

Broken people get recycled
And I hope that I will
Sometimes we’re thrown off our pathways
What I thought was my way home
Wasn’t the place I know

No i'm not afraid of changing
I’m certain nothing’s certain
What we own becomes our prison
My possessions will be gone
Back to where they came from

Blame, no one is to blame
As natural as the rain that falls
Here comes the Flood again

See the rock that you hold onto
Is it gonna save you
When the earth begins to crumble ?
Why d’you feel you have to hold on ?
Imagine if you let go (...)

Push away the weight that pulls you down
Ride the waves that free you from the dark ?
Don’t trust your eyes
It's easy to believe them
Know in your heart
That you can leave your prison

Don’t trust your mind
It’s not always listening
Turn on the lights
And feel the ancient rhythm (...)

Katie Melua

26 juin 2010

Ouvertures

Le Tantra n'est décidément pas ce divertissement sexy (et club de rencontre plus ou moins déguisé) pour Occidentaux que l'on imagine quelquefois - en tout cas, pas . Mais un espace d'alignement sexe-coeur-âme - à moins que ce ne soit le contraire - peu importe, puisqu'il s'agit justement de faire circuler l'énergie entre ces portes intérieures. Ce n'est pas de tout repos - car que peut-on, au moins dans un premier temps, y trouver d'autre que nos limitations, nos blessures, nos répétitions et nos peurs ? Un espace où je retrouve à méditer cette phrase - cadeau de mon ami JP : C'est ce qui ne va pas, qui va. C'est là ce qui fait travail, ouvre à de l'inédit.

Le Tantra me parle une langue que je reconnais - dans la recherche de la conscience, du non-jugement, de la détente. Dans l'appel à la responsabilité, et à la possibilité de choisir, toujours. Dans la traque impitoyable de nos projections comme de notre toute-puissance. Dans la reconnaissance de l'état d'amour comme étant notre nature profonde. Dans la possibilité de choisir le centre plutôt que la périphérie, l'existence plutôt que l'ego. Dans la célébration du silence. Une langue ancienne et familière... un chant qui sonne juste, un pas de danse avec la vie.

25 juin 2010

Amazing Grace

Parce qu'il y a des petits moments comme ça.

Un bar d'hôtel club de jazz - un public de touristes plutôt âgés, probablement argentés mais un rien blasés - et pourtant : des musiciens magnifiques (écouter leur version de Down by the riverside), une vitalité irrésistible - assez pour se lever et danser - nous étions les seuls, and so what ? - suffisamment de générosité pour passer par-dessus un lieu et une acoustique qui ne leur rendaient pas justice et communiquer tout de même une belle énergie - sufisamment d'humilité pour accéder à ma demande de nous offrir un petit Happy Birthday au début de leur dernier set... juste un moment de grâce. Thanks Lord ;-).

19 juin 2010

Le chat de la Marie-Galante

Fin de journée sur une terrasse face à la mer, un chat se chauffe tranquillement aux derniers rayons du soleil, et je m'approche pour lui faire un brin de causette. Surgit alors le propriétaire du restaurant, qui l'a recueilli complètement esquinté par d'autres humains - fractures multiples, chat écorché au sens propre du terme - et qui me dit - ce que j'aime chez ce chat, c'est qu'il est resté gentil, qu'il va vers les gens, qu'il est confiant... et ça me touche, quand des étrangers s'intéressent à lui. Bien sûr, mais je n'ai aucun mérite : les survivants au coeur tendre, je les aime aussi...

(Merci d'avoir pris la peine d'écrire ces quelques belles phrases. J'avais déjà compris que vous étiez une belle personne à votre remarque, "J'aime les survivants de tout poil." Bien à vous, Y.C.)

18 juin 2010

Belle-Ile


12 juin 2010

Quarante


...années du David fêtées ce week-end - en musique, en rires et en chaleureuse amitié. Amis de longue ou plus fraîche date, parents, enfants réunis dans la joie - une soirée qui semblait bien aléatoire il y a encore deux ou trois mois... Un buffet pléthorique, et des carnets de chant grands ouverts - mais ça, ce sont des classiques de la maison.

Le plus joli ? Un quatuor multi-générationnel totalement improvisé - piano - violon - guitare - mandoline, générations 30, 40, 50 et 70 ans représentées. Mais aussi, ma maman qui nous a interprété un texte gentiment coquin du 17ème siècle, les tours de magie du Léo, et la Zaza qui nous a mis la larme à l'oeil en ouvrant la soirée de son papa avec Toi + moi + tous ceux qui le veulent...

10 juin 2010

Elsa vue par Mamie

Papy, Mamie et Elsa terminons la journée en faisant notre prière du soir,
et, à un certain moment, Elsa me dit :
- "Je ressemble à Maman"
et je lui réponds "Oui, Elsa, mais tout en ressemblant à ta maman,
toi aussi, tu es UNIQUE aux yeux de Dieu."
Elsa réfléchit, et me dit : - " Et les jumelles" ? !!!
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Papy et Elsa m'aident à étendre le linge qui venait d'être lavé : serviettes, gants, etc......,
et arrive le moment où les sous-vêtements en coton doivent être étendus aussi.
Papy donne à Elsa une culotte à Mamie, et Elsa crie fort :
- " Oh ! une URGENCE" !
Arrive la culotte à Elsa et la prenant délicatement, elle dit doucement :
- "Une petite urgence"!!!
-----
Elsa adore la Nutella et comme chaque jour, je lui demande :
- "Que veux-tu goûter Elsa ?"
Et invariablement, Elsa me répond "comme d'habitude".
Et au même moment, Elsa chante en gesticulant :
- "Comme d'habituuuuuuuude" !!!

09 juin 2010

Léoland

Lulu arrive dans la chambre des enfants : Debout les crabes, la mer monte !
Léo, depuis sa mezzanine : Chouette, elle va me faire un câlin alors...

L'année prochaine, Léo va à Claude-Monet.
David : Tu sais qui c'était ?
Léo : Un illusionniste (sic) ! Bon, un peintre, hein...
Lulu : Oui mais de quelle école ?
Léo : Ben de Claude-Monet !
(Certes...)

Léo : Je t'aimeuh ma môman !
Lulu : Oui, moi aussi mon lapin...
Léo, triomphant : Ben oui mais moi au moins j'te l'montre !
Ok, ok... échec et mat.

07 juin 2010

Journées ordinaires

15 ans. Enceinte. Mais de 6 mois. Comment faire passer à la maman, qui l'accompagne, et à la jeune fille, frappées de stupeur après l'échographie, qu'il ne s'agit pas d'organiser une IVG à l'hôpital, ni même à l'étranger, mais de l'inscrire, et rapidement, à la maternité ? Quel tact possible, quand le couvercle d'un "indéniable déni" est soulevé avec une telle violence ? Garder mes questions pour moi. Organiser le concret immédiat. Proposer un autre rendez-vous.

21 ans. Tout le temps mal au ventre - j'avais écrit, au centre... - accompagnée par le petit copain. Ce qui est rare, et la plupart du temps, bien. Sauf que... petit copain sorti, elle vit avec la peur de tomber enceinte (10 pilules du lendemain en quelques mois, ce qui est énorme), elle est navrée d'avoir offert sa virginité à un type très contrôlant et qui quoi que musulman comme elle ne sera pas accepté par sa famille, elle n'a aucune envie d'une sexualité dont elle ignore tout et qui ne lui procure aucun plaisir... Je ne suis pas surprise, qu'elle aie mal au ventre... Envoyée quand même chez le médecin. Non que je m'inquiète d'une origine physiologique ; mais parce que je sais que ma collègue sera assez fine pour lui prescrire, outre la pilule, une... suspension des rapports sexuels jusqu'à nouvel ordre. Histoire qu'elle puisse retrouver un peu de temps et d'espace pour penser, et peut-être, re-décider.

60 ans. Séropositif. Narcissique (très). Riche (très). Cultivé (très). Dans une solitude à crever... derrière les paillettes d'un monde fashion-arty auquel il appartient encore. Très probablement inacessible à un travail thérapeutique, tant la façade est fragile, et la violence au-delà, massive.

26 ans. Marocain. Fiancé. Très diplômé, comme sa promise... qui vient d'arriver en France, découvre la liberté, les sorties entre copines, la mode, une relative autonomie financière... Elle a 16 ans dans sa tête, et comment lui en vouloir ? Elle aspire à s'amuser - probablement dans un respect réel de leur projet d'avenir - il aspire à construire, au long terme, à faire des économies aussi longtemps qu'ils travailleront ici, à vivre tranquille, il est sérieux, réfléchi, responsable - trop ? - ce n'est la faute de personne, mais voilà : si elle a 16 ans dans sa tête, et lui 40, quelles sont leurs chances de retrouver un chemin commun ?

Et quelques autres...

Fiche de poste

Elsa lit la 4ème de couverture d'un Pomme d'Api Soleil : Des questions pour réfléchir sur qui je suis et qui est l'autre. C'est comme ton métier ça ? demande-t-elle. Exactement. Je n'aurais su mieux dire !

03 juin 2010

Decameron

...il paraît qu'il y a une page MySpace en préparation. En attendant, ce sont trois musiciens hors pair qui offrent une autre vie à un répertoire rare : la musique italienne du XIVème siècle. Une musique d'autrefois, mais avec une vitalité et une énergie bien d'aujourd'hui, qui la rend accessible, joyeuse, étonnamment moderne... si on y ajoute une petite chapelle invisible au pied de Montmartre, un public confidentiel mais conquis, ça compte comme vrai moment de bonheur.

Et puis, c'est comme les autres Ephémères : les humains vivants - par opposition à ceux qui ne sont jamais nés, passionnés, quelle que soit leur passion, assez fous pour parier sur leurs rêves, ça rend la vie tellement plus belle...

01 juin 2010

Lutinette

Elsa : - Moi, j'ai un prince charmant et deux chevaliers !
Lulu : - Notre coeur est assez grand pour aimer plusieurs personnes à la fois...
Elsa, du ton de l'évidence : - Bah oui hein !

29 mai 2010

Chers amis, bonjour !

La question à 1000 francs, ce soir, 19h45 : Maman, est-ce que c'est vivant une molécule ?

AAF

Affordable Art Fair - un salon de galeries du monde entier, présentant des oeuvres originales à prix raisonnables. Enfin, raisonnables... Pris le risque d'y emmener les enfants. Méga-récompensée : ils ont adoré. La variété des techniques, voir de plus près, donner leur avis. Tester l'atelier de gravure (graveur accessible, adorable, aux oeuvres délicates et poétiques), et celui de modelage. Tout un monde de créativité, d'art désacralisé. Léo, après quelques explications sur les rapports entre l'art et le monde marchand : Mais, est-ce qu'il vaut mieux acheter une oeuvre chère ou deux oeuvres pas chères ? Lulu : Il vaut mieux acheter... une oeuvre que tu aimes. Qui te parle. Qui te fait rire. Qui t'émeut. Qui te plaît, quoi !

Ephémères

Il y a des instants tellement ténus, subtils, qu'ils s'évanouiraient à être déposés dans la Care Box. Des rencontres.... Un photographe anglo-japonais aussi peintre qui fait des choses très belles mais ne sait parler que timidement de son travail, un homme de pouvoir qui pourrait bien être aussi un homme de coeur, un chanteur lyrique qui prépare un concert de musique italienne du XIVème siècle, une blogueuse de mode qui tient une boutique-galerie, très concernée par les dimensions éthiques, artistiques et écologiques des créateurs qu'elle soutient, une conseillère d'éducation qui a su rester vivante psychiquement dans un établissement difficile, et propose aujourd'hui des projets qui ré-ouvrent à du collectif intelligent, des voisins - et le sentiment d'appartenir un peu plus à ce quartier, pour avoir simplement bavardé autour d'un bon verre de vin... Bonheurs.

28 mai 2010

Walid

6ème, une bonne bouille au grand sourire. La prof s'inquiète - une bonne prof, un peu mère poule, attentive, protectrice, parfois un peu trop, mais... Qu'est-ce qu'on lui reproche à ce jeune homme ? D'avoir séché une semaine. Alors - les petits dealers, le racket, la cité craignos au pied de laquelle est implanté le collège, certes... Mais il n'y a pas toujours matière à dramatiser.

Comme un gamin pris en faute, il avait juste voulu échapper à une punition, espérant que le collège oublierait ses dernières âneries - rien de grave au demeurant - s'il disparaissait un peu de la circulation. Et comme un gamin aussi, il s'est fait remonter les bretelles par les grands frères qui tiennent les murs en bas de chez lui - pourquoi t'es pas à l'école, tu ne vas pas faire comme nous, si on avait su on aurait plus bossé, alors retourne en classe, p'tit con. Walid n'a pas perdu son temps donc, en tout cas moins qu'en allant faire le zozo en cours de géo. Il est content de revenir. Et moi, je n'ai rien de plus à lui dire. Good job, les grands frères.

Funambules

Il y a deux sortes de gens.

Il y a ceux qui vivent, jouent, et meurent.

Et il y a ceux qui ne font jamais rien d'autre que de se tenir en équilibre sur l'arête de la vie.

Il y a les acteurs.
Et il y a les funambules.


Maxence Fermine, Neige.

(Le même éblouissement simple que lorsque j'ai découvert Soie, ou Novecento, pianiste)

27 mai 2010

Who let in the rain ?

Things like this can always take a little time
I always thought
We'd be together down the line...

Cindi Lauper

Boussole

Il a dit - il y a une question que l'on ne vous posera sans doute pas avant d'entrer dans une éventuelle nouvelle formation, mais je vous invite à y réfléchir.

Il existe trois sortes de thérapeutes. Ceux qui identifient leurs patients à leur(s) symptôme(s). Ceux qui identifient leurs patients à leur inconscient. Et ceux, dont je crois être, qui identifient leurs patients à leur Etre.

Ce qui suppose d'accepter la confrontation, l'interrogation sur la frontière avec le spirituel.

26 mai 2010

A mère pilule ?

Il voulait savoir - mais pourquoi, une psy dans un Planning Familial ? Alors je lui ai parlé de cette jeune fille de 16 ans, venue demander peut-être la pilule - "mais j'sais pas", peut-être à être examinée par la gynécologue - "mais j'sais pas", et qui venait surtout - sans le savoir en effet, déposer sa peine de ne pas pouvoir parler à sa mère de ce bouleversement d'une première histoire d'amour - non qu'elle n'aie pas essayé, mais celle-ci lui avait signifié son refus d'en savoir quoi que ce soit, dévalorisant au passage la relation et le petit ami.

Parler du décalage entre ce qu'ellle savait qu'elle devait faire - avoir une contraception adaptée, entrer dans un suivi médical de jeune (presque) adulte, et son chagrin de devoir faire la démarche seule - elle qui se sentait si proche de sa mère il y a encore peu. Parler de séparation, de ce que grandir implique de laisser derrière soi, et du sentiment d'être bien seule parfois, entre cette maman qui ne veut pas la savoir grandie, et le petit ami qui s'agace de ne pas être accueilli par sa famille à elle.

Parler de femme à femme, d'une génération à l'autre... et repartir avec une ordonnance, certes, mais aussi, j'espère, un tout petit peu plus de légèreté - un tout petit pas de plus sur le chemin de devenir femme.

24 mai 2010

Week-end

Du muguet et du lilas du jardin. Du soleil. Un manuel de psycho-patho intelligent (je sais, on peut être surpris que ce soit une joie à part entière. Mais c'est le cas). Quelques étoiles sous les arbres. Une longue balade à vélo, parce que "On ne va jamais si loin que lorsque l'on ne sait pas où on va" (la phrase est attribuée à Colomb, c'est presque trop beau, non ?). Encore du soleil. Un rapide coup d'oeil aux Champs recouverts de verdure - mais verdure invisible sous la marée humaine, et donc fuite vers des endroits plus calmes et plus frais. Des échanges fluides, et vrais. Une pause dans la cour de l'hôtel particulier qui abrite désormais la maison Ralph Lauren (et une petite robe en mousseline de soie noire à tomber - dans une autre vie ?). Un pique-nique à la pointe de l'ïle de la Cité - premier pique-nique, premières cerises - deux occasions de faire un voeu. Toujours du soleil... assez pour décider d'offrir aux enfants, restés à la campagne, un pont par-dessus le pont, jusque mercredi.

Copie conforme

Moi j'ai aimé : la mobilité du visage de Juliette Binoche - de plus en plus belle - les émotions qui la traversent au rythme des lumières du ciel de Toscane, ce qu'il y a avait de poésie - de mélancolie aussi - dans ce jeu qui n'en était pas un, et par là même accédait à une autre forme de vérité - mise en abîme d'une réflexion sur l'art dans ce qu'il a de factice et pourtant d'universel ?

Quand Juliette dit, Reste, à la toute fin du film, on ne sait plus si elle joue encore, ou si le jeu est déjà terminé. Mais justement - est-ce que c'est Juliette elle-même - avec cette sincérité qu'elle dégage quel que soit son rôle ; la femme qu'elle joue - et qui n'a pas de nom ; la femme jouée par cette femme sans nom - et qu'elle est aussi, vraiment ? Une femme qui cherche un regard - une main sur l'épaule - une femme qui dit - Reste, voit l'autre partir, et sourit quand même. Une femme...