31 décembre 2021

Galoper


Bien sûr, c'était un vrai cadeau cette balade à cheval au pied des montagnes, en pleine autonomie, de découvrir le plaisir de monter un animal qui réagit  aux invitations au lieu de suivre des chemins tout tracés, de le faire marcher dans la rivière, trotter et même galoper dans la nature. 

Mais l'expérience la plus forte, c'était peut-être celle de dépasser mes peurs, et de vivre une succession de premières fois : aller chercher un cheval en liberté dans un pré ; marcher près de lui en le tenant juste par le licol ; le brosser, coincée à ses côtés dans un minuscule espace en béton (le déplacer, passer sous l'encolure...) ; le préparer pour la balade. Trouver cette intimité toute nouvelle tellement apaisante que je me suis surprise à... lui faire un câlin. Un moment de pure présence au vivant, pour finir très joliment l'année.

28 décembre 2021

D'autres vies que la mienne


S'agit-il d'un reflet de mon inconscient, d'informations données par ce qui en nous est plus grand que nous, âme, univers, Source, ou le nom qu'on voudra bien lui donner - ou bien "réellement" de vies antérieures ? Je ne sais pas... mais j'avais l'intuition qu'il fallait combattre l'irrationnel par l'irrationnel, la déchirure par le merveilleux. J'ai voulu des réponses, j'en ai eu, sous la forme de trois récits étonnamment cohérents, trois éclairages possibles. Trois enseignements sur ce que peut être le travail de deuil, lorsqu'il se donne l'intention de garder le meilleur. 

Le premier parlait d'intégration consciente, de profondeur, de détachement ; le second d'amour inconditionnel, au-delà de tout jugement ; le dernier de créativité et d'une invisible source d'inspiration.

25 décembre 2021

Noël blanc


 Un chalet dans les Vosges, des sapins enneigés, et beaucoup de chaleur - poêle et sauna, mais surtout, beaucoup de tendresse et d'attention de tous. C'est joli de voir les liens avec Cyril et Clara, avec Gene, et tout ce qui a rendu possible un Noël qui aurait pu ne jamais avoir lieu, ou être par trop assombri par l'état si préoccupant de Patrice (par ailleurs arrondi, adouci par la maladie, plus paisible qu'il ne l'a jamais été). Des moments simples, bons repas, jeux de société, balades au bord du lac - quel plus beau cadeau que de se créer des souvenirs communs ? 


22 décembre 2021

Noël, première étape


 
Je me réjouis. Même si c'est un équilibre fragile, peut-être plus encore maintenant, des liens préservés, de la possibilité de célébrer ensemble, de partager encore, de réunir grands-parents et petits-enfants. Il nous faut mesurer notre chance... et en prendre soin.

18 décembre 2021

Exilée, suite

Alors bien sûr, il y a des choses jolies. Des mains qui se tendent, des liens qui se nouent ou se transforment. Des mots qui se partagent, des gratitudes inattendues. Que tu aies su le voir ou non, l'intelligence du coeur, la profondeur, la tendresse rayonnent chez ceux et celles dont tu t'es entouré. C'est beau, bouleversant parfois - une confidence, un courrier restitué, une photo oubliée - tant de choses peuvent venir éclairer la route, faire signe - "Et dans sa voix, j'entends parfois, un peu ta voix..."

Et des choses moins jolies - des vérités schizophréniques, des abîmes devinés, une telle sensation de vertige parfois... 

Et puis il y a ma vie, délivrée du mythe, de ce pacte enfantin du "Auprès de toi toujours" - qui m'est revenu pourtant, de là où je ne l'attendais pas. Et ma vie aujourd'hui, ma vie ces dernières années, c'est une succession de séparations, de pertes, de deuils symboliques ou réels, pour arriver aujourd'hui à une sensation d'isolement, de dénuement, de fragilité qui n'en finit plus de me submerger...

14 décembre 2021

Exilée


Nous avions pris les billets ensemble, et puis, tu n'es plus là... Le bien nommé Cabaret de l'exil n'est pas le meilleur spectacle de Zingaro que j'ai pu voir ; mais très certainement, il restera le plus intimement chargé d'émotions pour moi. Il a commencé dans une joie un peu folle, faire de ce moment une communion d'amour(s), ne pas laisser ta place inoccupée, l'inscrire dans un partage, un dialogue émouvant et profond. 

J'ai encaissé les premières images sans broncher, le grand manège de bois aux sols couverts de tapis, aux murs comme un musée de tous les spectacles passés ; le passage cette fois non au-dessus des boxes mais au travers de l'un deux ; les oies en liberté, l'odeur du vin chaud, les premiers cavaliers... et puis il y a eu cette si sensuelle danseuse en soie noire sur ce grand cheval frison, et mes larmes ont commencé à couler, j'aurais eu tellement envie de le prendre dans mes bras cet animal, de m'agripper à son encolure, de sentir cette puissance tranquille et chaleureuse, si rassurante, si vivante... et quand des colombes sont venues se poser sur le dos du même colosse noir aux pâturons blancs, en évident clin d'oeil à Ex Anima, que nous avions vu ensemble, je me suis effondrée. 

Je n'étais pas seule et c'était doux ; je me suis rassemblée, j'ai repris un peu de vin chaud, en sortant nous avons admiré le grand feu de joie qui clôture chaque représentation. Et pourtant depuis... le sentiment d'exil perdure. Comme au retour à la vie ordinaire après les mondes fantastiques de Zingaro, du Slava's Snowshow ou du Cirque du Soleil, ta mort me laisse légèrement hébétée, comme au sortir d'un rêve - les couleurs s'évanouissent, la réalité reprend ses droits, et j'avais oublié qu'elle pouvait être si crue, si rude...

07 décembre 2021

Au milieu du chagrin...


 Une oasis de douceur et d'élégance...

05 décembre 2021

Initiation

Je ne savais pas. A quel point le deuil était une affaire physique, incarnée. Le ventre qui se tord, le corps qui saigne hors de toute logique de cycle, les nausées, les insomnies, les kilos perdus et les somatisations diverses. Un truc viscéral. 

Je ne savais pas. Ce besoin vital de se relier au(x) vivant(s), de dire, de répéter, de partager, de raconter, de rencontrer ceux qui ont connu celui qui n'est plus là... de chercher des réponses qui ne peuvent pourtant exister que dans le coeur de notre coeur (et qui y sont, pour peu qu'on sache faire silence, quand la peine cesse de hurler). 

Je ne savais pas. Ce besoin vital de se relier tout court - tellement de fois chaque jour, tendre la main vers le téléphone, vouloir partager une image, une phrase, imaginer un moment à vivre ensemble, avoir l'élan de choisir un cadeau, et puis laisser la main retomber : plus jamais...

Je ne savais pas. Cet élan irrépressible, apparemment contre-intuitif, à se plonger dans ce qui fait lien, ce qui fait sens - écrits, photos, objets... non pour s'abîmer dans le chagrin mais au contraire pour l'apprivoiser, se souvenir, pouvoir dire - ceci a été. Commencer un récit...

Je ne savais pas. Le caractère à la fois essentiel dans le plus fort sens du terme, et dérisoire par moments, de cette volonté de voir du sens - des signes avant-coureurs, le déploiement d'une logique, et des signes ensuite, partout sur le chemin... de naviguer entre un glacial dés-espoir et la conviction très profonde d'une présence qui n'aurait en rien cessé d'aimer, de protéger, de soutenir.

J'apprends... encore, grâce à toi. 

23 novembre 2021

Grizzly de mon coeur

Quand je pense à toi, la première chose qui me vient c'est la densité de ta présence, la vibration de ta voix, la profondeur de ton regard qui prenait toutes les couleurs de la mer. C'est la force de tes mains, qu'elles soient à la barre d'un voilier ou se réchauffent autour d'un thé brûlant, ces mains qui savaient réparer, apaiser, combattre, guider, et tellement d'autres choses encore...

Quand je pense à toi je pense à ces îles atlantiques que tu aimais tant, au rythme des marées, flux et reflux, le temps change vite, le ciel se couvre, le grain n'est jamais loin... mais comme pour les îles océanes, il suffisait d'un rayon de soleil pour t'illuminer à nouveau, ton regard était alors comme un immense ciel bleu, lavé de tout, baigné d'une telle lumière...

Quand je pense à toi je vois cet homme qui exaspère ou séduit tour à tour, parfois les deux en même temps... ce Taureau qui incarne le courage et la persévérance, cette énergie tellurique, tellement irrésistible...

Quand je pense à toi je pense générosité profonde, et droiture - toi qui a joué avec toutes les limites ta vie durant, tu es pourtant un des êtres humains les plus intègres, les plus nobles que j'ai rencontrés.Un homme de parole, un grand seigneur, un homme de cœur, avec qui tout était bigger than life, plus grand que la vie, tellement au-dessus de la bêtise, de la mesquinerie, de la petitesse humaine...

Les humains, tu ne les aimais pas beaucoup ; il faut dire qu'ils t'ont si précocement et si souvent blessé, trahi, déçu... et pourtant, ils ne sont jamais parvenus à éteindre cette flamme d'amour en toi - c'est toi qui me l'as dit un jour : il vaut mieux être allumé qu'éteint. Cette flamme qu'une thérapeute t'avait restituée un jour de la façon suivante : au fond, vous êtes un transporteur d'amour...

Quand je pense à toi, je pense à cette intelligence aiguë, à cette lucidité ravageuse, à cette capacité à lire en l'autre comme dans un livre ouvert. A cette façon que tu as d'entendre ce qui n'est pas dit, de voir au-delà des apparences, de redonner courage, d'amener l'autre à être toujours un petit peu plus grand que lui-même, à faire un pas de plus... Cette capacité à insuffler de la vie, de l'élan, de l'espoir, à nous faire croire, à chaque fois, que la vie commence AUJOURD'HUI, toi qui as si souvent recommencé la tienne.

Quand je pense à toi, je pense à la tendresse infinie de ton cœur, à la profondeur du regard que tu savais poser sur les choses et sur les êtres, à ta sensibilité aiguë à la beauté sous toutes ses formes – à ton immense pudeur aussi, mal dissimulée par ton apparente brusquerie. 

Pour la façon dont tu as si souvent bouleversé ma vie, pour tout ce que tu m'as offert et qui ne sera jamais perdu, MERCI... Parce que je sais que de là-haut, tu vas continuer à veiller sur tous les êtres que tu aimais, MERCI... Parce que ton absence va nous inviter plus que jamais à vivre à la hauteur de ton âme, MERCI... Toi qui savais aimer comme personne d'autre au monde, tu avais tant de mal à te croire aimé : regarde, Hubert, regarde mieux : tu n'es pas seul, tu as été, tu es, tellement aimé...

14 novembre 2021

Lui


Lui il escalade les collines et il se promène sur les pics
Lui il pleure quand il dit je t’aime et il rigole les jours de deuil
Quand il a rien il partage tout, quand il a tout, là, je sais pas
Il prend sa douche sous la pluie avant d’aller bronzer à l’ombre
Et quand il hurle on n’entend rien mais quand y s’tait ça raconte tout
Quand il a mal il est vivant, mais au calme il pense à la mort
Quand il te mord, ça fait du bien, il a des sourires assassins
Quand tu sais tout, il fait l’idiot, quand tu sais plus, il est chez toi
Il a vingt-quatre points cardinaux, mais n’marche que dans une direction
Lui il connait la terre entière, mais jamais ne tutoie personne
Lui qui pousse dans le bordel, il te souhaite le repos chez toi

Il est perdu, oui, mais partout, il est discret, mais tu l’as vu
Il cause de rien mais il en sait, lui il s’enfuit quand on s’en fout
C’est la boucle du nœud de tout et c’est la niche des fragiles
Lui il te tape dans le dos sans jamais s’essuyer la main
Il a la caresse lointaine des gens dont on partage le sang
C’est celui qui n’est jamais là, beau comme une carte postale
C’est un genre de maître à penser qui t’amène au premier métro
C’est celui qui fait jamais gaffe quand ta gaffe te met les joues rouges
Lui il court loin devant ses pompes, jamais il s'trompe, il tente tout
Lui c’est l'timide accompli qu’a des ripostes terrifiantes
Lui c’est la source de la tendresse et le point d’interrogation

Loïc Lantoine, Lui

Le Coeur sur la table, réponses

Vous l'avez écrit : la réponse a vos questionnements infinis n'est-elle pas la confiance en vous-même, la confiance en la VIE ?

Se tenir debout, mais pas comme un roc immobile et statique sur laquelle la vie se fracasse, mais plutôt comme un roseau qui danse sous les caresses sous le vent, qui bourgeonne et fleurit sous le soleil et sous la pluie, qui prend toute la variété de ce que la vie lui offre, jamais statique même si au repos, jamais cassé même en pleine tempête, toujours en capacité de se redresser vers le soleil quand ses rayons le  caressent à nouveau...

13 novembre 2021

Le Coeur sur la table, questions

Ce matin j'ai eu un élan de joie en écoutant un podcast sur l'amour aujourd'hui (il me reste encore quelques épisodes à découvrir), une femme témoignait d'une relation longue et belle, mais jamais définie comme une relation de couple, qui accompagne sa vie depuis de nombreuses années, indépendamment de ce que l'un et l'autre vivent – ou non, suivant les périodes – de leur côté. Un lien magnifique, qui ne se fracasse pas contre quelque devoir ou quotidien que ce soit, qui reste, après des années un désir, un libre choix, un élan.

Elle en parlait comme de sa plus belle histoire d'amour – tellement de tendresse, un infini respect, le sexe important à certains moments, secondaire ou inexistant à d'autres, une connaissance et une acceptation profonde de l'autre, une solidarité, la joie de partager des moments d'exception, mais aussi d'être témoins du chemin parcouru, de l'infiniment précieux de ce regard constant, confiant, aimant...

Peut-être qu'on devrait toujours aimer comme ça. Peut-être ne peut-on aimer, véritablement, que comme ça. Dans l'infini respect de la vie de l'autre, et de la nôtre aussi. Évidemment, ça suppose d'assumer solitude, fragilité, angoisses diverses et variées, et mouvements de tristesse parfois, comme aujourd'hui... 

Pas comme un mouvement d'avidité (je veux TOUT, et ne rien choisir), au contraire, comme un lâcher-prise, ouvrir les mains, ne rien serrer, ne rien retenir... Si je quitte le récit social, prince et princesse, petite PME conjugale, mythes de la fusion, de l'éternel, de la prédestination, si je me fais suffisamment confiance pour me tenir debout toute seule, que reste-t-il ? La beauté de chaque rencontre...

Une autre témoignait de joyeuses périodes d'entre deux couples, mais toujours avec en toile de fond cette peur d'être seule, l'attente de la prochaine Histoire – qui arrivait, la ravissait, dans le double sens de la joie mais aussi de la perte d'elle-même, se délitait, et puis la ramenait dans ces moments vivants et libres – jusqu'au jour où elle a décidé d'assumer que ce qu'elle VOULAIT vivre, c'était précisément cette liberté, qui n'était pas synonyme de consommation effrénée ou de mépris de l'autre mais au contraire d'accueil de la singularité, de respect, de tendresse et d'une légèreté qui n'excluait pas pour autant la complicité, la solidarité, la sincérité – bien au contraire ?

05 novembre 2021

C'est quoi un homme en vie ?

Frédéric Dard aimait Michel Audiard. Simplement, il le dit :

"Qu'est ce qui nous prend, Michel, de mourir comme des cons, nous qui pourtant savions vivre. Nous l'avions compris que tout cela, la vie, la mort, les autres, n'était qu'un immense malentendu. Alors, parce que nous avions respiré un grand coup cette évidence, on passait outre. 

On faisait un peu semblant, juste pour dire : semblant d'écouter, semblant d'écrire, semblant de compter en banque, de voter aussi parfois, semblant d'être Michel Audiard et Frédéric Dard. [...]

On ne demandait qu'un peu d'amour et de vin rouge. On tissait notre liberté jour après jour. Ça, oui : notre liberté, Michel ! Parfois, au coin d'un bois, après une salve de calembredaines, on a hurlé un bon coup. Pas à la mort, Michel : à la vie. Elle était tellement plus redoutable, plus gueuse et féroce. J'ai encore dans l'âme certains de ces cris que tu as poussé par des nuits sans lune où tout ça devenait trop terrible à supporter. 

Des cris comme celui que lance Anthony Quinn à la fin de La Strada quand il comprend que la vie est finie et qu'elle a eu lieu sans lui. 

Michel, je nous revois en train de pisser, chez Lipp, des Bordeaux de qualité que nos moyens nous permettaient. On ressemblait à deux bourrins dans leurs stalles et on échangeait des répliques à cent mille balles pièces ! 

On se racontait nos maléfices, à mots couverts, on se débusquait les chagrins avec des voix sarcastiques et nos larmes rentrées s'en allaient à travers nos vessies. 

Ils vont passer et repasser tes films, mon drôle. Et dire comme quoi tu as été ceci, cela. C'est l'instant tragique des capotes anglaises nécrologiques. Chacun va sortir sa boîte de superlatifs. On va t'astiquer la mémoire. [...]

Moi, ce que je vais leur répondre à ces vernisseurs de cercueils, c'est que tu auras été un vrai bonhomme en vie et qu'il n'y a pas de mort qui tienne. Tu le resteras. 

C'est quoi un homme en vie ? C'est un homme qui comprend tout et devine ce qu'il ignore. C'est un homme qui transforme sa misère en chanson de salle de garde et qui se cache pour se gratter la peau de l'âme comme si c'était celle de ses couilles. 

Un soir, dans une chambre d'hôtel à Venise, j'ai lu d'une traite ton dernier livre : La nuit, le jour et toutes les autres nuits. 

J'ai reçu comme une balle dans la peau. Après l'avoir refermé, je me suis mis à chialer. Ces larmes, je l'ignorais, étaient un acompte sur le chagrin d'aujourd'hui. Comme je me sentais inconsolable, je t'ai écrit une longue lettre à laquelle tu n'as pas encore répondu. Mais ça ne fait rien, j'attendrai."

- Frédéric Dard

29 octobre 2021

Chienne de vie

Ce soir j'ai regardé Marley et moi, un vieux film grand public vu avec les enfants à sa sortie. Je pensais après la séparation, car je me souviens l'avoir vu seule avec eux. Au vu de la date de sortie, c'était avant, et pourtant je me souviens avoir tellement pleuré à l'évocation de cette vie de famille parfaite...  ce soir il me fait mesurer ce qui en moi s'est endurci, refermé, pour me protéger et rendre la vie vivable, à défaut d'heureuse. 

L'idée d'un amour complice, bienveillant, solidaire, inscrit dans la durée : encore possible ?
L'idée d'une histoire commune, de souvenirs partagés, d'épreuves traversées ensemble, d'un temps rythmé par les étapes de la vie vécues côte à côte - voir grandir nos enfants, nos petits-enfants, avoir un chien, un piano, une maison, un lieu où s'enraciner, où revenir, une sécurité affective, matérielle, symbolique bâtie pas après pas : définitivement cramé.
L'idée des enfants qui demandent tant mais offrent plus encore, de les voir déployer leurs ailes, exercer leurs dons, expérimenter en confiance, être, tout simplement, heureux : probablement jamais simple, et pour Elsa, cet écart abyssal entre ce que la vie lui promettait et ce qui est possible aujourd'hui...

Ce soir je n'ai pas le sentiment d'être devenue plus sage, ni plus courageuse. Je sens juste ça : que cette solidité apparente, cette combativité constante, efficaces au demeurant, peuvent être fissurées par un simple semi-mélo hollywoodien. Que je fais tellement bien comme si que je m'illusionne moi-même, m'arrime à l'idée que ce qui est est, et que je sais y attraper, et mieux, y faire naître, quelques instants de bonheur ou de poésie. Que je danse au-dessus du vide, pas de couple, pas de vie de famille, pas de sécurité, pas de lieu, pas d'à-venir à ce jour. Et pour aller "bien" là - je ferme mon coeur, et je ne m'en rends même plus compte. 

Jusqu'à ce qu'un film un peu stupide avec un gros chien fou me rende à moi-même, au moins quelques instants. A cette jeune femme, cette jeune mariée, cette jeune maman, tellement pleine d'énergie et d'espoir mais aussi tellement fragile, et si fleur bleue... et pourtant j'ai envie de retrouver cette ouverture de coeur-là, cette fraîcheur du regard, cette sensibilité aiguë dont je sais au fond qu'elle n'est pas loin. Mais qu'elles n'ont pas trouvé depuis si longtemps un lieu, une épaule, un coeur où se poser que je ne sais plus être autre chose que ce petit soldat organisé et volontariste...

24 octobre 2021

Un dimanche sur la Seine

23 octobre 2021

Léo Stardust

22 in Berlin

22 octobre 2021

Gratitude

Tu sais il est important que tu voies aussi la puissance de l'énergie de vie qui est là, en toi, ta fille, ta famille (...) Un an et quel chemin depuis, un an qui inscrit cette épreuve dans le passé et qui inscrit un avenir. Comment cet événement a écrit ton présent, que tu as dégagé par tes passages, ta volonté, par l'amour qui est en toi (...) C'est aussi confrontée à la mort que la Vie prend un autre sens.

Christine

Et puis ce jour, j'ai aussi enfin écrit aux pompiers qui étaient de garde il y a un an.

17 octobre 2021

03 octobre 2021

Dans un café

Au hasard d'une rencontre, si tant est que le hasard existe, il y a eu cette petite parabole sur le fait que si Dieu est partout, et le même partout, nous ne sommes pas, nous, les mêmes partout, et qu'il nous faut nous ménager des espaces où Le rencontrer ; et aussi cette invitation : non, la grâce ne se commande pas... mais elle se demande. 

29 septembre 2021

Mystère

26 septembre 2021

A l'amitié, l'amour, la joie

Comme le dit si bien Eric, nous sommes tous dépositaires de la mémoire des autres, garants de ce que chacun confie à chaque nouvelle rencontre, témoins de nos vies sur déjà quatorze années, si proches que c'est comme si nous connaissions aussi - c'est le cas pour certains - nos enfants, nos amours, nos parents. Comme il l'écrit : Nos retrouvailles, les trois becs, une petite église, des fleurs fraîches, des pas, le bleu du ciel, des éclairs, un léger vent, un rafraîchissement, la chaleur du soleil, des regards espiègles, des rires déployés, des conversations intrépides, des douces embrassades, des piqures de moustiques, des petites acrobaties, une boîte secrète, les prémices d'une belle aventure, merci, merci, merci de ces moments si délicieux, si joyeux. 

19 septembre 2021

Des joies simples

Tester la salle d'escalade qui vient d'ouvrir à côté de la maison lors des journées portes ouvertes - toute seule comme une grande, faire trois voies assurée par les monos du club, me régaler, m'amuser du fait que je semble être la seule femme de mon âge à grimper ! Beaucoup de jeunes, de familles où les mamans restent au sol. 

Me balader une après-midi entière dans le Marais avec Elsa - manger une glace chez Berthillon, flâner dans les friperies, trouver un cadeau clin d'œil pour l'anniversaire d'Eric, terminer l'après-midi avec une Pina Colada - ni expo ni ciné, juste le plaisir d'être ensemble. 

16 septembre 2021

Va, vis et deviens ;-)

Moi : Hey Dieu.
Dieu : Bonjour, mon coeur.
Moi : Je suis en train de m'effondrer.
Pouvez-vous me réparer?
Dieu : Je ne préfèrerais pas.
Moi : Pourquoi ?
Dieu : Parce que tu n'es pas un puzzle. 
Moi : Et toutes les pièces de ma vie qui tombent sur le sol ? 
Dieu : Laisse-les y rester un moment.  Elles sont tombées pour une raison.
Prends un peu de temps et décide si tu as besoin de récupérer certaines de ces pièces. 
Moi : Tu ne comprends pas !  Je suis en train de m'effondrer ! 
Dieu : Non - tu ne comprends pas.
Tu es en train de t'en sortir. 
Ce que tu ressens, ce ne sont que des douleurs de croissance.
Tu te débarrasses des choses et des personnes dans ta vie qui te retiennent. 
Tu ne t'effondres pas. 
Tu te mets en place. 
Détends toi. 
Respire profondément et laisse les choses dont tu n'as plus besoin se détacher de toi. 
Arrête de t’accrocher aux morceaux qui ne te vont plus. 
Laisse les tomber. 
Laisse les partir.
Moi : Une fois que j'aurai commencé à faire cela, que restera-t-il de moi ? 
Dieu : Seulement les meilleurs morceaux de toi. 
Moi : J'ai peur de changer.
Dieu : Je continue à te le dire - tu ne changes pas ! TU ES EN TRAIN DE DEVENIR !
Moi : Devenir qui ?
Dieu : Tu deviens celui pour qui je t'ai créé ! 
Une personne de lumière et d'amour et de charité et d'espoir et de courage et de joie et de miséricorde et de grâce et de compassion. 
Je t'ai fait pour plus que les pièces superficielles dont tu as décidé de te parer et auxquelles tu t'accroches avec tant d'avidité et de peur. 
Laisse ces choses tomber de toi. 
Je t'aime ! Ne change pas !
Deviens ! Deviens ! Deviens ! 
Deviens ce que je t'ai fait être. 
Je vais continuer à te le dire jusqu'à ce que tu t'en souviennes.
Moi : Voilà un autre morceau. 
Dieu : Oui. Laisse-le être.
Moi : Alors... je ne suis pas brisé ?
Dieu : Non - mais tu te brises comme l'aube.  C'est un jour nouveau. 
Deviens ! Deviens !
                                                                                                                               John Roedel

La question n'est pas de savoir si la vie a un sens, mais si nous sommes capables de de l'aimer. Ce n'est pas le sens qui est aimable, c'est l'amour qui fait sens.

André Comte-Sponville

11 septembre 2021

I am enough

Une soirée d'anniversaire, puis un dîner de copains - dans les deux cas, essentiellement des couples tout autour. Mais pour la première fois... de mon existence peut-être, ni sentiment d'envie ni mouvement dépressif : légèreté, liberté, disponibilité, bonheurs d'amitiés fidèles ou retrouvées. Que demander de plus ? Rien... aujourd'hui, je me suffis à moi-même.

09 septembre 2021

Graines

Quelques notes au vol après un entretien : à (me) raconter ces derniers temps, le constat est celui des dénouements... ça se desserre, partout, ça respire mieux, ça prend de la hauteur, ça se détend...

Faire attention à ce que l'on pense : pensar bonito. Penser bien pour agir bien, penser sans fermer les possibles, l'expansion plutôt que la contraction, à utiliser comme un repère intérieur : quand je pense de cette manière, est-ce que ça s'ouvre dans mon corps, dans mon cœur, ou est-ce que ça me referme ?

L'important ce n'est pas d'être heureux, c'est d'être tranquille...hier n'existe pas, demain non plus : il s'agit d'être présent, de revenir au souffle, au corps... en ce qui me concerne, plus facilement, au coeur comme boussole.

Avoir conscience que chaque petit geste, chaque pensée, chaque prière compte, comme une petite graine semée dans l'univers, un contrepoids minuscule à l'obscurité, à la destruction, au chaos.

Mon intention à ce jour ? Ne plus être séparée... la connexion.

05 septembre 2021

La la land

Des lala avec ma Lalie... grâce à la poétique et foldingue Camille, qui en lieu et place d'un concert propose une expérience vibratoire collective - je crois que c'est plus ou moins ce qui a été dit en guise d'introduction, une chorale éphémère de boucles sonores sur lesquelles elle vient improviser, poser son incroyable voix, cristalline, tellurique ou déchirante. Ludique aussi : nous avons chanté sur 1, 2, 3, A la belle étoile, Un crayon de couleur, Pipi caca, L'école les écoles, pour terminer avec notre souhait d'un Nouveau Monde... dans lequel tous les humains, chantants ou non, seraient inclus, bienvenus. Des invitations, incitations si simples, mais qui sont venus mobiliser des émotions profondes : Je donne de la lumière et j'en récupère, je donne donne donne... Un bain de bien-être et de joie enfantine, dont nous sommes sorties légères, comme neuves.

02 septembre 2021

Namaste

Je n'ai pas pris de photo ce jour-là, mais je n'oublierai pas - ce regard clair et lumineux, et derrière elle, une cascade de feuillages verts, et le soleil qui scintille sur le canal, et se reflète dans mon propre regard. Ce qui s'est dit est trop intime pour trouver sa place ici ; et pourtant je veux pouvoir y trouver une trace de ce moment-là, peut-être juste à travers quelques mots : amour, clarté, courage. Ou cette inscription sur un T-shirt, aperçue dans le métro quelques minutes avant notre rencontre : "Passeuses d'humanité".

Quelques jours plus tard, je lui ai adressé ceci : Bénies soient celles qui savent se connecter à leur plus simple humanité. De leurs paumes ouvertes elles prennent la main d'une sœur et œuvrent sans bruit. Elles sont présentes, dans le calme et la musique du cœur, et apportent leur soutien silencieux, celui qui dit en toute humilité, je te vois, je te soutiens.

27 août 2021

Synchronicités

Ce matin dans une interview de Clara Ysé, fille d'Anne Dufourmantelle, que j'aime tant aussi : 

Ils n'ont de force et d'armure que l'amour qui les unit et les engage à prendre soin l'un de l'autre. Entre eux est scellé un pace secret, de ceux qui se nouent durant l'enfance et doivent un jour être dénoncés, déliés, pour ne pas devenir des enfermements (...)

Il me semble qu'à le regarder j'ai intégré, dans mon corps même, l'idée que, dans le noir, on voit mieux les lumières, et qu'elles finissent toujours par s'allumer. Cette conviction, je l'appelle une foi - une foi sans dieu ni dogme mais programmatique : on imagine un avenir désirable, et c'est pour cela qu'il advient.

26 août 2021

Si grands !


 ...avant le départ de Léo pour Berlin, une jolie soirée tous les trois, dîner dans un lieu chouette et atypique proposé par Léo, marcher sur les quais, un temps partagé chaleureux et précieux - et simplement joyeux.

25 août 2021

Un déjeuner sur la coulée verte

Il a dit, peut-être il n'y a rien à dire, juste aimer et remercier en silence… parce qu'il n'y a rien d'autre à faire, parce qu'aimer c'est aussi comprendre là où l'autre en est - pas au même endroit, pas au même moment, pas dans le même élan, pas dans la possibilité d'entendre ou de recevoir. Merci, pardon, je t'aime peuvent se dire, et mieux, se vivre, dans le silence du coeur… parfois c'est le seul chemin possible, et parfois peut-être aussi, le meilleur ? 

Parce que renoncer aux mots c'est peut-être aussi renoncer à la tentative de maîtrise, à la tentation de la manipulation, à l'effort désespéré pour échapper à ce qui fait peur, ou mal, quitte à en faire porter le poids à l'autre ? Laisser être et aimer... 

20 août 2021

J'écris depuis ce silence

La narratrice de L'éternel fiancé se demande comment faisaient nos grands-mères quand elles étaient tristes. Cette question vous hante-t-elle ? 

Penser que pendant des millénaires les femmes ont été dans l'impossibilité totale de sortir de leur condition, ne serait-ce qu'une minute, pour pouvoir dire "Je ne me sens pas très bien, là", est un motif de grand tourment pour moi. J'ai besoin de prendre le temps d'écouter la sonorité de leur silence. Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'on passe directement de la femme ancienne, archaïque, profondément inscrite en nous toutes, à une femme qui a rompu les amarres. La table rase est nécessaire, mais elle me crée une petite tristesse, car on risque de casser quelque chose de précieux. Avant de hurler, écoutons la rumeur des voix trop longtemps étouffées, dans lesquelles il y a beaucoup à puiser. Avec la volonté de rendre grâce. J'écris depuis ce silence.

Interview d'Agnès Desarthe

 Voici déjà un mois et des poussières, nous avons vécu une aventure singulière ensemble.

Singulière car  hors du temps et de l'agitation du monde; 

Singulière car vous êtes toutes uniques, et que chaque lien tissé avec l'une d'entre vous restera unique.

Singulière car il n'est pas si fréquent d'ouvrir notre coeur, notre vie à des rencontres aussi authentiques .

Singulière car nous avons toutes œuvré ensemble à la guérison de nos blessures et à celles du monde.

Singulière , car nous sommes persuadées que l'empreinte sur nos vies de ce court , mais intense, séjour continuera , en conscience, ou plus souterrainement, son brave petit bout de chemin.

Que les jours, les semaines et les mois à venir vous soient doux, quelques soient les turbulences extérieures.

Les liens d'amour, d'amitié, de confiance noués, d'une vie éphémère ou pérenne, ne se cassent jamais. Ils nous nourrissent et ensemencent le monde. N'en doutez pas, si peu que ce soit.

V.

15 août 2021

Trois jours de lumière

07 août 2021

La Dame de Cassignas


Ce fut la découverte d'une région, d'une maison ; mais aussi et surtout des retrouvailles, une de ces amitiés que l'on peut reprendre deux jours ou deux années après avec le même élan, la même authenticité, la même qualité de rencontre. Et la joie de constater que les chemins, les réflexions, les interrogations s'entremêlent et se rejoignent, s'approfondissent en parallèle. J'y trouve un écho du stage de juillet - sororité, solidarité, force de guérison du féminin, et les mêmes partages : l'amour, la quête de sens et de spiritualité, la famille dans tous ses états, les épreuves de la vie, deuils, séparations, maladies, conflits... Et puis les petits bonheurs et grands plaisirs, faire les brocantes, boire du bon vin, assister à un beau spectacle en plein air, écouter comme une berceuse les histoires des familles attachées à ces villages - ceux qui y sont arrivés poussés par la guerre et la folie des hommes, ceux qui y vivent depuis toujours - l'humain, encore. 

04 août 2021

Me retrouver

J'avais oublié cette chanson de Jeanne Cherhal, que je retrouve ce matin, et qui m'émeut aux larmes, à nouveau... sans doute pas un hasard si je la redécouvre aujourd'hui. Comme si elle m'appelait à nouveau. 

Comme un rocher qui dure sous les gifles du sel
Comme un arbre solide sous les trombes d'eau
Comme un fruit qui mûrit après des nuits de gel
Une plaine asséchée qui retrouve de l'eau

Comme un acte d'amour pour les enfants qui restent
Comme un sursaut de rage de vivre malgré tout
Comme une force vive dans les plus petits gestes
Une promesse tenue une promesse de fou

Sont venus les désastres tu es restée debout
Sont venus les tristesses tu es restée debout
Tu es sans doute un peu plus vivante que nous... 
Femme debout

Face à la peur qui rode aux soirs de solitude
la douleur qui un jour s'est glissée à ton cou
Le chagrin qui revient comme une vieille habitude
Et les bras qui se sont refermés d'un seul coup

Sont venus les désastres tu es restée debout
Sont venus les tristesses tu es restée debout
Tu es sans doute un peu plus vivante que nous
Femme debout

03 août 2021

Credo

« Les choses arrivent à qui est disponible pour les vivre, les entendre ou les voir. C’est formidable d’être à la disposition de son destin.

Sinon, que se passe-t-il ? Rien.

Se laisser guider par son instinct, suivre des chemins inconnus où tout devient important. Avoir le sentiment d’être de nouveau un enfant. Être curieux du monde et apprendre sans cesse. Tout a du sens quand on est comme cela, en voyage dans sa vie. »

- Jacques Higelin

01 août 2021

23 juillet 2021

En famille

16 juillet 2021

Se ressourcer

When I don't know what to do or be lost along the way
I will be for you the light in the dark shining so softly... 

Notre-Dame du fond des âges,
Notre Dame du temps qui passe
prends pitié de nous
qui sommes de passage
sur la plage.

Notre Dame des flux et des reflux,
Notre Dame des allées et venues,
marche avec nous sur le sable
avant qu’à jamais s’efface
la trace de nos pas (...)

02 juillet 2021

Etonnants Voyageurs

01 juillet 2021

Dream Team

Depuis septembre, nous formons une belle équipe qui s'agrandit peu à peu ; depuis septembre, j'ai la chance de travailler avec des pros formidables, motivés, heureux de venir bosser ensemble ; cette équipe qui me fait aller en réunion même pendant mes vacances, même à Montsouris, juste pour le bonheur des échanges cliniques... 

Ce fut un privilège de pouvoir continuer à travailler en présentiel ces derniers mois ; et un bonheur ce pique-nique de fin d'année ce jour, riche en partages et en bonne humeur, cette joie simple : partager de bonnes choses dans la cour-jardin de l'ENS, boire un verre de rosé, et s'émerveiller de ce plaisir à collaborer qui nous porte et j'espère, se transmet aux étudiants que nous accueillons.

27 juin 2021

Transporteurs d'amour

Ca aurait pu, aurait dû être un moment difficile ; mais comment rester triste, quand la ronde des amis accompagne chaque instant - charger, décharger, remonter, ranger ? Un tuilage d'amour du matin au soir, commencé le week-end précédent avec Lalie, Cécile et Marc, accompagné tout au long de la semaine par les bons plans du Bon Coin avec Marion, et ce jour, là, Ronan, Stéphane, Hubert, et même Samir que j'ai revu avec plaisir, et puis Céline aussi, pour finir la journée en douceur, n'avoir plus qu'à se poser dans un espace d'ores et déjà habitable... une journée étonnamment simple et fluide, efficace et tendre. Une façon de lever la malédiction de la petite poule rousse, d'écrire une nouvelle page sous le signe de l'amitié, de remplir ce nouveau lieu de bonnes ondes - un lieu habité, où chacun aura laissé sa marque, posé sa patte, à sa façon. 

12 juin 2021

Prendre l'air



 

07 juin 2021

Pépites et gratitude

Pour ne pas oublier de voir le beau, le bon, l'amitié, la solidarité. Pour dire merci. Pour me rappeler que j'ai beaucoup de chance, aussi. Pour semer des cailloux de Petit Poucet à retrouver les jours où je me sens trop perdue. 

- La première terrasse après déconfinement : un tartare et un verre de vin avec Céline.

 - Un cours de chant à deux voix avec Cécile : quel plaisir de se retrouver dans la musique...

- Des retrouvailles avec Dominique, avec Michaële, après plusieurs années pour l'un, plus d'un an pour l'autre : deux déjeuners de quatre heures, et des échanges comme si c'était hier... 

- Une nouvelle amitié qui se construit doucement avec une lumineuse autre Cécile.

- Les mains de fée de mon ostéo, et celles des petites dames du Laï Thaï (et leurs détails délicats, la petite serviette chaude et parfumée sous la nuque, les fruits découpés et le thé ensuite...)

- Un ami d'Elsa, pas dupe car là depuis longtemps, qui me glisse entre deux portes, "vous êtes une bonne maman, ça se voit", et "vous êtes forte..." (pas toujours mon p'tit gars, mais tellement MERCI) 

  - Une impromptue balade à cheval en forêt de Rambouillet avec ma Lalie : un moment surréaliste au milieu du bordel actuel, et une vraie bouffée d'air.

- Sur un simple coup de fil, la promesse d'un camion et de bras pour le déménagement #merciGrizzly

- La perspective toute proche d'un week-end au bord de la mer avec les enfants grâce à Marion. Comme une bulle de lumière et d'eau salée à la fin de cette semaine. 

Merci.

04 juin 2021

So true

Victor : - You have a wild forest that will likely never be tamed in my opinion.
LuLu : - Never be "tamed"?
Victor : - There is something wild in you as a woman, and a human being, and you're not going to abandon it, i feel.

27 mai 2021

More than a bit lost

14 mai 2021

Enchantée, Aaron :-) !

13 mai 2021

Tellement d'amour

24 avril 2021

Mystère de la Terre...

Je m’en veux de ce cœur fermé, de ma colère, qui me blesse et blesse les autres, je me sens comme une brique rouge, debout, dure, dense et tranchante. Un pavé dans la mare ou dans la gueule. (...) il s’agit d’amour blessé, d’amour déçu devenu pierre à force de se recroqueviller, de se refermer sur lui-même pour parer les coups, continuer à vivre. Les deux coexistent, amour et colère, culpabilité et compassion. Je sais cela mais je ne trouve plus le chemin… ni ici, ni dans ma vie en ce moment.

(...) je prends conscience que les peurs « de surface » actuelles – l’argent, le lien avec les enfants, l’amour ou son absence sont autant de facettes de cette lutte pour ne pas mourir, non pas physiquement mais en tant qu’être vivant, aimant, espérant, un combat désespéré pour essayer de garder les conditions de vie minimales pour croître. Que je me raidis et m’abîme dans cette bataille, mais que c’est une question de vie ou de mort psychique, affective, spirituelle (...).

15 avril 2021

Trouver refuge


 

13 avril 2021

Diptyque de circonstance


 

09 avril 2021

Continuer malgré

 Je me souviens du bruit que fait le cœur
quand il s’effondre à l’intérieur :
il n’explose pas, il ne déborde pas,

non,
il se fend au milieu puis il tombe,
cœur rompu en plein cœur,  
ça ressemblerait presque
à une plaque de glace affaiblie par le soleil.

Les morceaux chutent comme ceux d’une fenêtre brisée :
personne ne les ramasse, on les laisse au même endroit,
le temps les couvre de mousse, de terre et d’images du bonheur.

Je fais ma vie en évitant de laisser les visiteurs
piétiner ce qu’il reste de moi-même :
je ne serai jamais solide comme un roc
mais plutôt comme une fleur.

Je cherche dans les livres, dans la mémoire des êtres silencieux,
comment continuer, malgré tout.

Avec des mains froides qui savent réchauffer.
Avec des mots terribles qui savent se coucher
pour veiller sur un sommeil
où les rêves font ce qu’ils veulent
de la beauté.

Continuer malgré tout :
maladies et morts sont déjà venues et viendront encore
dans les rues vides, les chambres étroites et les familles unies,
ces choses nous surprennent toujours quand nous les pensons loin
alors qu’elles cheminent avec nous, main dans la main.

Je me souviens du bruit que fait le cœur
quand il se rassemble dans l’ombre de la poitrine :
le silence.

Et soudain, le merle gris,
les grands yeux doux,
l’odeur des mandarines.

Cécile Coulon

28 mars 2021

Marcher du même pas

A l'arrivée de la Marche pour une vraie loi climatique, sur la place de la République, l'orateur nous a invités à regarder nos voisins. A constater le bonheur qu'il y avait à avoir marché ensemble, à être là, unis par la même vision, les mêmes priorités. Il faisait beau, j'avais une  bière fraîche à la main, Léo et Jade étaient quelques pas devant moi... et je me suis dit, oui, il a raison. Malgré l'épidémie, l'incompétence - ou le cynisme - des politiques, l'absurdité dans laquelle nous sommes plongés depuis des mois, ceci est un petit moment de bonheur. Et je me suis sentie pleine de gratitude, pour lui de me l'avoir fait remarquer, et pour tous les humains présents. 

24 mars 2021

Hallelujah

C'est toujours un plaisir, les cours de chant avec la grande Elsa - souvent, j'arrive en me disant que ce n'est pas une dépense tout à fait raisonnable, toujours, je repars pensant que je serais désolée si je devais me priver de cette parenthèse, de cette respiration intime, si vivante, de ce moment pour et avec moi-même.

C'est toujours un plaisir, mais aujourd'hui il  y a eu  quelque chose en plus, un instant suspendu... nous travaillons sur Hallelujah, de Leonard Cohen. La hauteur est confortable pour moi, je prends plaisir à faire résonner les graves, à savourer les montées de cet hymne puissant - je suis dedans, comme si j'étais (en)chantée - et je me fais cueillir par le refrain, de la puissance à la douceur, cueillie par une émotion que je n'ai pas vue venir, encore moins décidée - une vague fragile qui vient d'un ailleurs... le silence qui suit, nous ne le rompons pas tout de suite : un ange est passé.

16 mars 2021

La jolie phrase du jour

Nous sommes des alchimistes qui tentent (possiblement maladroitement) de transformer le plomb du quotidien en or du vivant.

Un patient...

13 mars 2021

Changer d'histoire

Une petite poule trouve trois grains de blé et décide de les planter. Elle demande de l’aide à ses amis, qui lui refusent. Elle fait alors elle-même pousser le blé. Puis, toujours seule, elle en fait de la farine, puis un gâteau. À chaque fois, ses amis ne veulent pas l’aider. Quand vient le moment de manger le gâteau, tous sont volontaires. Mais pour leur faire la leçon, la petite poule rousse refuse et mange son gâteau toute seule. 
 
... ou sinon, peut-être que c'est possible d'être juste une petite poule rousse au soleil :-). Ou une petite poule bleue ?
 
Quelqu'un m'a dit, aussi - telle que je vous vois, je pense que vous auriez tout de même partagé le gâteau, n'est-ce pas ? Oui. Merci de l'avoir deviné...

06 mars 2021

28 février 2021

Une journée paisible

22 février 2021

Est-ce que ça suffit ?

Je me sens si perdue ces jours-ci quand la nuit tombe. Je n'ose pas regarder en arrière, je n'ose pas regarder en avant.

J'ai peur du passé ancien, du temps des avancées confiantes, la main dans la main, des éclats de rire des enfants, du temps où tout était possible, où le mot foyer avait un sens, où la créativité amoureuse et réciproque allait de soi. Je m'interdis d'y penser. Je ne pense qu'à ça.

J'ai peur du passé récent, des espoirs déçus, d'un gyrophare dans la nuit, de cette maison où la vie s'enlise, où la parole ne circule pas. Je m'interdis d'y penser. Je ne pense qu'à ça.

J'ai peur de l'avenir, qui oscille entre une vie éteinte et une vie précaire, mais toujours dans une solitude croissante ; j'ai peur de ne pas trouver la force de continuer à accompagner mes enfants, seule - j'ai peur de la trouver aussi, comme c'est en fait déjà le cas depuis des années. Je m'interdis d'y penser. Je ne pense qu'à ça.

J'ai peur que le meilleur ne reste pas à venir - à l'échelle individuelle, familiale, sociale, à l'échelle de notre Terre aussi. Je m'interdis d'y penser. Je ne pense qu'à ça.

En attendant...quoi ? je ne sais pas, il me reste cette étincelle de vie qui me caractérise, cette envie de bonheur qui me remet debout sans cesse, m'invite à semer le chemin de mille petits instants précieux, un pas après l'autre, toujours. 

Chanter à tue-tête en voiture avec Elsa. Savourer un pot-au-feu de YoYo. Prendre un train, partir quelques jours. Marcher seule sur la plage. M'offrir une poignée de crevettes, une sole fraîche. Revoir un film de Sautet, un verre de Médoc médaillé à la main. Papoter des heures au téléphone, confronter les regards, me sentir accompagnée par la tendresse attentive de ceux qui m'aiment.

Lire, écrire, chanter, danser. Travailler aussi, mais oui : être émue aux larmes par une patiente, portée par une équipe stimulante et chaleureuse.  Est-ce que ça suffit ?

16 février 2021

Marcher sur les nuages

Cette semaine, une patiente italienne m'a appris que l'équivalent italien de "elle n'a pas les pieds sur terre" était "elle marche sur les nuages". J'adore ! Je n'ai malheureusement pas cette liberté, mais j'en retrouve la sensation à chaque fois que je m'offre le luxe d'un massage au Laï Thaï... Le paradoxe, c'est que c'est précisément cette sensation qui me fait redescendre sur terre, habiter à nouveau mon corps.

12 février 2021

Synchronicité

Quelques minutes après avoir publié le billet précédent, m'est arrivée cette possible réponse :
 
Sans une pensée ou un mot, elle a lâché prise.
Elle a lâché la peur.
Elle a lâché les jugements.
Elle a lâché la confluence des opinions qui bourdonnent dans sa tête.
Elle a lâché le comité d’indécision qui se trouve en elle.
Elle a lâché toutes les « bonnes » raisons.
Totalement et complètement, sans hésitation ni inquiétude, elle a lâché prise.
Elle n’a demandé de conseils à personne
Elle n’a lu aucun livre sur le lâcher prise
Elle n’a pas cherché dans les Écritures. Elle a juste lâché prise.
Elle a lâché tous les souvenirs qui la retenaient.
Elle a lâché toutes les angoisses qui l’empêchaient d’avancer.
Elle a lâché la planification et tous les calculs pour le faire correctement.
Elle n’a pas promis de lâcher prise.
Elle ne s’est pas renseignée dessus.
Elle n’a pas inscrit la date dans son agenda.
Elle n’a pas fait de déclaration publique, ni mis d’annonce dans le journal.
Elle n’a pas regardé la météo, ni lu son horoscope du jour.
Elle a juste lâché prise.
Elle n’a pas analysé si elle devait lâcher prise ou non.
Elle n’a pas appelé ses amies pour en discuter.
Elle n’a pas suivi une thérapie psychologique et spirituelle en cinq étapes.
Elle n’a pas appelé à la prière.
Elle n’a pas dit un seul mot.
Elle a juste lâché prise.
Personne n’était là quand c’est arrivé.
Il n’y a pas eu d’applaudissements ou de félicitations.
Personne ne l’a remerciée ou louée.
Personne n’a rien remarqué.
Comme une feuille tombée d’un arbre, elle a lâché prise.
Sans effort. Sans lutte.
Ce n’était ni bien ni mal.
C’était ce que c’était, et cela seulement.
Dans cet espace de lâcher prise, elle a laissé Être.
Un léger sourire est apparu sur son visage.
Une légère brise a soufflé à travers elle.
Et le soleil et la lune étaient désormais plus brillants.
Ernest Holmes

Elsa

Pas la petite (qui n'est plus si petite), mais la grande, ma prof de chant. Qui m'a cueillie, et mis les larmes aux yeux, en me restituant ceci : je te vois comme quelqu'un de très vivant et joyeux, une femme rayonnante, je pense que la vraie Lucile c'est ça, je le perçois par moments dans ton chant, mais je sens bien aussi que c'est comme si c'était étouffé, arrêté, comme si tu n'osais pas ou plus l'exprimer, le faire résonner dans ton corps aussi. Ce ne sont peut-être pas exactement ses mots, mais c'est indéniablement l'idée, et non moins indéniablement bien vu. Le message a d'ailleurs été redoublé dans la semaine... mais la question reste entière : quelle décision faut-il prendre ?

09 février 2021

Fluctuat

Je suis fatiguée, même épuisée, j'ai l'impression de toujours pédaler à fond comme un petit canard sous l'eau même si ça ne se voit pas.

C'est une patiente qui l'écrit, ce pourrait être moi parfois... en tout cas l'image de cet effort constant, mais invisible pour les autres, m'a beaucoup émue. 

Et puis, ça repart - la même écrit : ...à ce moment j'ai l'impression d'être au bout de ma vie, et puis je retourne au milieu. J'adore la poésie involontaire de cette compréhension littérale de l'expression, qui dit si bien l'équilibre - provisoirement - retrouvé.

30 janvier 2021

La Série des Nuages

De ce temps de travail de groupe je retiendrai deux choses, la possibilité d'apprendre à aimer même nos parts les plus sombres ; la possibilité dans le conflit de se situer autrement - sans hypocrisie, sans condescendance, juste ailleurs - si j'osais, je dirais, dans l'Amour, pas comme faux bon sentiment sirupeux mais comme compréhension élargie et joyeuse... Sur un point comme sur l'autre, ce n'est pas un acquis ! Mais un aperçu, une ouverture...

20 janvier 2021

Anti-fragile

Au hasard d'un documentaire, j'ai découvert le concept de l'antifragilité, soit la capacité d'un système non pas soit de s'effondrer soit de résister aux chocs qu'il subit en restant identique, mais de s'améliorer à partir de ces chocs. Une notion différente de la robustesse, de la simple adaptabilité ou même de la résilience donc... 

De manière générale, la fragilité renvoie à l’idée que quelqu’un ou quelque chose craint les imprévus, les chocs et le chaos. L’antifragilité c’est tout l’inverse : c’est lorsque quelqu’un ou quelque chose se renforce quand il est exposé à des facteurs de stress, des chocs, de la volatilité, du bruit, des erreurs, des fautes, des attaques, ou des échecs.

Comme l'arbre dont la branche coupée se divise en repoussant, lui offrant deux fois plus de vitalité ; comme ces céramiques japonaises réparées grâce à une injection de laque saupoudrée d'or ; le renforcement musculaire, la plasticité neuronale fonctionnent sur un principe similaire... l'idée me séduit beaucoup. 

Si ce qui ne nous tue pas... nous abîme un peu, peut-être cela nous enrichit-il aussi toujours, finalement.

19 janvier 2021

Silver lines

Ce jour-là, nous nous sommes dit que nous avions (entre autres) ceci en commun : savoir trouver, même dans ce qui est inconfortable, difficile, douloureux même, ce qui mérite d'être gardé, ce que nous en aurons appris, ou bien reçu. Et savoir aussi, de ce qui fut bon, garder le meilleur - comme une ressource  intérieure sur laquelle le temps n'a pas de prise : ce qui a été, est.

17 janvier 2021

Ama, et fac quod vis

Dimanche matin, je papote avec YoYo au téléphone, prends des nouvelles de leur encore très relative et fragile convalescence. Et puis, comme souvent avec elle, la conversation prend un tour inattendu et fort, sur la place de la prière, la force de l'intention bienveillante, puisque dit-elle, tout est lié. Ce qui rejoint absolument mes lectures et expériences du moment. Un monde interconnecté, que nous le sachions ou non, que nous le voulions ou non. 

Elle me rapporte une réflexion du maire, qui lui a dit, "Mais vous, ce n'est pas pareil". Ca m'intrigue, je l'interroge... Il parle de son invraisemblable capacité à ne pas juger, jamais. Et au-delà de cela, je pense que nous parlons de sa capacité à aimer. Comme si l'un était synonyme de l'autre : aimer, c'est ne pas juger / ne pas juger, c'est aimer...

Je lui dis que c'est une grande force ; elle me répond que oui, et qu'on peut l'offrir, comme un cadeau... bon, je n'en suis pas là, loin s'en faut. Mais quand j'aurai 84 ans, peut-être ? J'adore en tout cas, la simplicité sans fausse modestie et l'évidence avec lesquelles elle partage cela.

12 janvier 2021

Funambule

C'est une image qui me parle depuis si longtemps, cette impression d'un équilibre instable - je me souviens même avoir écrit un jour, de "déséquilibre instable", pour plus de flottement encore, d'un entre-deux fragile mais vivant. 

Aujourd'hui je le retrouve par instants mais avec bonheur : il est l'antithèse de cette sensation ces derniers mois d'être clouée au sol, engluée dans les lourdeurs cumulées de nos histoires individuelles et globales, ces confinements en poupées russes dont il devient si difficile de s'extraire pour garder un peu de créativité psychique, de licence poétique, de légèreté. Parfois, il y a un petit miracle, un moment-bulle... Et, comme le disait Catherine Meurisse sur Inter vendredi, la légèreté, ce n'est pas donné, c'est du boulot !

10 janvier 2021

De l'air !

Je ne sais pas pourquoi nous ne l'avions jamais fait avant ? Mais dans ce monde confiné, effrayé, de moins en moins respirable, quelle bouffée d'air salvatrice que ce week-end entre copines ! Non sans un brin de mélancolie peut-être : depuis quand rire, boire et manger ensemble, danser, chanter, marcher au grand air sans masque, sont-ils devenus de tels luxes qu'il est bouleversant, essentiel, presque miraculeux de les retrouver ?

06 janvier 2021

Ouvrir les fenêtres

Ce mercredi de rentrée, juste après un coup de fil qui m'invite à penser les possibles plutôt que l'impossible, il y a d'abord cette trentenaire qui ne supporte plus cette société qu'on nous prépare, ce monde qui ne ressemble en rien à celui où elle souhaite vivre. Et son intuition qu'il faudrait larguer les amarres pour de bon, ne pas chercher à négocier des sécurités qui n'en seront pas, et la retiendront dans cet élan vital, cette naissance imminente - douloureuse peut-être mais re-mise au monde.

Puis cette Italienne qui fêtera ses 50 ans en avril prochain, et qui arrive avec sa bucket list pour l'année, si pleine de projets et d'enthousiasme malgré ce monde (co)vidé de son sens, la ménopause qui guette, les soucis conjugaux, et la mélancolie de ce premier Noël sans les tortellinis de sa Mamma.

Puis cette jeune ingénieure Asperger qui déploie son désespoir d'appartenir au monde des hommes, qu'elle ne comprend ni n'estime guère, et qu'elle envisage de quitter parfois, mais qui termine la séance sur un vibrant hommage à la créativité du vivant.

Cette même semaine, il y a eu aussi cette jeune femme qui avance avec détermination dans la reconnaissance des abus qu'elle a subis adolescente (je l'entends dans son discours : ça y est, elle est passée, sortie de la confusion dans laquelle l'avait laissée l'agresseur). Cette autre qui arrive en annonçant son souhait d'interrompre les séances avant de se jeter à l'eau sur ce qu'elle n'osait pas encore aborder ; et cette autre encore qui de plus en plus, s'enhardit à parler ouverture de conscience, médiumnité, tarots et expériences para-psychiques...

Toutes me touchent par leur courage, leur confiance, leur lucidité ; si j'aime à penser que je peux avoir fait ma part dans leurs évolutions parfois bouleversantes, je leur dois aussi beaucoup : elles sont une inspiration, une respiration aussi - autant de rencontres qui existent certes dans une asymétrie, mais cependant dans une réciprocité. Pour le reste, comme l'écrit Giono : Je suis seulement l'ouvreur de fenêtres, le vent après entrera tout seul.