01 juillet 2010

Tout Benoîtement

D'abord, il avait le respect des êtres, y compris sa femme, ce qui est rare (...).

On était partis un peu, si vous voulez, avec le contrat de Sartre et de Beauvoir, sur les amours contingentes, et les amours nécessaires (...).

Je trouve inhumain d'exiger de quelqu'un, aujourd'hui et dans nos milieux parisiens, dans nos métiers où les tentations sont incessantes, qu'il renonce à tout ce qui n'est pas vous. Je t'épouse, et ça veut dire qu'à partir de dorénavant, tu ne toucheras plus une autre femme, tu n'accepteras plus l'aventure, tu ne joueras plus jamais au jeu de l'amour et du hasard, tu n'auras plus accès à la liberté (...) ?

Mais c'est ça, une vie. C'est infantile, de croire qu'on fera l'économie de la souffrance. Aujourd'hui, une vie commune peut durer cinquante ans ! C'est inadmissible de se dire que pendant cinquante ans - une moitié de vie ou plus -, on ne connaîtra plus les commencements de l'amour, on ne vivra plus les premières minutes du désir, on se refusera l'excitante rencontre dans le train ou dans l'avion et que, à cause d'un voeu de fidélité qui souvent n'a plus de réalité physique intense, on se prive de moments uniques délicieux parfois. En plus, pour des écrivains, c'est faire provision de matériaux de construction !

Benoîte Groult, Mon évasion

La dame est née en... 1920 ! Et son autobiographie est un magnifique parcours de femme, inspirant à tous points de vue.