14 avril 2011

Malaise dans la civilisation

...pour le mépris de l'humain, de l'intime, mais aussi de la jutice et de la dignité qui éclatent de façon de plus en plus nauséabonde ces jours derniers - en une semaine, le voile, les jurés en correctionnelle, la pénalisation des clients de la prostitution, l'effarante loi sur la psychiatrie, et j'en passe - sans parler des démantèlements de fond de l'éducation, de la santé et de la justice...

Coup sur coup, deux jolis coup de gueule sur ce mépris du sujet : celui de Caubère, dans Libé, sur la pénalisation des clients de prostituées, qui défend vigoureusement le droit à une certaine forme de "gratuité" du sexe tarifé entre adultes consentants - comme espace de liberté, et stigmatise l'obscénité des médias qui mettent en scène les "chasses policières" à des clients nécessairement considérés comme agresseurs - de prostituées nécessairement victimes et décérébrées.

Et dans le Monde celui d'une avocate à la Cour, maître Dosé, qui s'interroge sur la peine hors justice, publique, et sans fin infligée à Bertrand Cantat - une "mise au pilori qui finit par devenir l'instrument d'une dictature de l'émotion, celle des victimes", un "fantasme propre à nos sociétés, celui d'éliminer socialement tout condamné ayant purgé sa peine, de nettoyer le corps social". Bref, des questions qui vont bien au-delà de l'affaire Trintignant. Sans parler de la peine intérieure, elle à perpétuité, d'un homme qui fut violent au-delà de l'imaginable mais n'en reste pas moins un homme, et dont la sensibilité écorchée est bien antérieure au drame ?

Discutable, tout cela ? Mais oui, ô combien, et tant mieux. Ce qui me terrifie, c'est de vivre dans un Etat où l'on n'en discute plus.