01 octobre 2011

Voie de passage

"Ce n'est pas parce qu'il ne t'est rien revenu, que ce n'est rien devenu… "

Nous ne savons jamais ce qui se perd ou ce qui reste, à quel moment nous avons fait un geste ou prononcé une parole qui sera peut-être décisive pour la suite d'une histoire, la nôtre ou celle de l'autre, d'un autre... quelles graines trouveront une terre favorable et s'enracineront, pour longtemps peut-être, et lesquelles se perdront.

Ni tambours ni trompettes, l'instant est passé, la phrase a été dite, sans que nul ne s'en aperçoive. Des semaines ou des années plus tard peut-être, on vous dira: "C'est le jour où tu m'as dit..." ou peut-être on ne vous dira rien, vous ne saurez jamais. Le début d'une amitié, les germes d'une rupture, ou même une rencontre de passage, une seule phrase, qui fait basculer d'un côté ou de l'autre...

Nous ne savons pas davantage ce qu'il reste d'un amour qui se termine, ni comment cette invisible empreinte évoluera au fil du temps. L'amour donné, reçu, ne disparaît pas mais devient autre, chemine en nous, à notre insu…

Ce que nous savons si peu faire : accepter ces changements d'état, dans les minuscules occasions comme dans les plus fondamentales... Accepter que les (meilleures !) choses aient une fin, qu'elles puissent avoir "fait leur temps", comme on dit ; que les liens se rompent ou se délitent, que les rencontres aient des saisons, et que cette "fin" ne soit pas triste, mais plutôt une occasion de se réjouir, que cela ait été...

Croyance : Ce qui a été peut être modifié, endommagé par ce qui a suivi, annulé par ce qui en sera dit ultérieurement. Certitude : Cela a été, quoi que cela devienne.

Croyance : Le présent bascule dans le passé qui bascule au mieux dans le doute, au pire dans l'inexistence. Certitude : Cela a été et cela fut vrai - et cela fut juste, au moment où cela fut. Cela a été et continue à faire partie intégrante de nous-même, à nous façonner autant que nous le façonnons, à nous faire vivre.