20 avril 2012

Ça commence bien

... le titre, c'est Extrêmement fort et incroyablement près. C'est important, les titres, celui-là arrive directement dans mon top 3 actuel, avec Et que le vaste monde poursuive sa course folle, et Le jour avant le bonheur.

Extrêmement fort et incroyablement près, c'est un roman inventif aussi bien dans le fond que dans la forme, le premier depuis longtemps qui m'ait émue aux larmes et fait sourire à la fois. C'est un récit choral atypique, narration intérieure du petit garçon, lettres du grand-père, journal intime de la grand-mère. C'est un récit du deuil et de la perte, un livre pour apprendre à vivre qui est apprendre à perdre et vivre cependant, formulation qu'Oskar - le petit garçon - ne renierait pas je crois.

Il nous faudrait des poches bien plus grandes, je me suis dit ça dans mon lit en comptant les sept minutes qu'il faut en moyenne aux gens pour s'endormir. Il nous faut des poches énormes, des poches assez grandes pour notre famille, et nos amis, et même les gens qu'on n'a jamais vus mais qu'on veut quand même protéger. Il nous faudrait des poches pour les districts et pour les villes, une poche qui pourrait contenir l'univers. Huit minutes trente-deux secondes... Mais je savais qu'il ne pouvait pas y avoir de poches si énormes. Pour finir, tout le monde perd tout le monde, il n'y avait pas d'invention pour dépasser ça, et alors, cette nuit-là, je me suis senti comme une tortue qui a tout le reste de l'univers sur son dos. Vingt-et-une minutes onze secondes... (...) Moi, je suis resté éveillé des heures et des heures. Buckminster s'est roulé en boule contre moi et j'ai conjugué un moment pour ne pas avoir à penser aux choses. Je suis, tu es, il/elle est, nous sommes, vous êtes, ils/elles sont, je suis, tu es, il/elle est, nous*...

Jonathan Safran Foer,
Extrêmement fort et incroyablement près