28 mai 2012

Coup de grâce

C'était la maison des barbecues de printemps, des anniversaires, des fêtes et des Noëls au coin du feu, la maison de ceux qui demeurent à ce jour mes beaux-parents, des gens que j'aime profondément et qui me le rendent de leur mieux, la maison dans laquelle je me suis mariée - de la porte à la mairie, de la mairie à l'église, il n'y avait qu'un pas. Une maison dans laquelle les photos de notre couple, de notre famille, de nos enfants, éclairent chaque pièce... une maison pour moi qui n'ai pas de maison. Un endroit sacré pour eux et pour moi, un lieu de paix et de simplicité.

Est-ce que c'était possible d'y emmener une autre femme, alors qu'aucune décision n'était posée, que le divorce n'est pas prononcé, alors qu'il n'y a pas de projet avec elle, alors que les blessures sont à vif pour chacun d'entre nous, enfants et grands-parents compris ? J'aurais voulu croire que non - il faut bien admettre que si.

Est-ce que c'était possible de tendre la main une dernière fois, malgré cela, de poser le plus délicatement possible ceci : la porte est encore ouverte, mais c'est le dernier appel, parce que je ne veux plus jamais avoir à recevoir ce genre de coups - et de me heurter à une nouvelle fin de non-recevoir ? J'aurais voulu croire que non, il faut bien admettre que si. 

Est-ce qu'il m'est possible de renoncer à ce qui a été patiemment bâti dix-sept années durant ? De dépasser cette conscience aiguë que, quel que soit ce que l'avenir me réserve, ou plutôt quel que soit l'avenir que je me construirai, rien ne pourra remplacer cette profondeur de lien, cette histoire partagée, cette... maison commune ? J'aurais voulu croire que non, il faut bien admettre que si.