16 juin 2018

Courant d'air

Où est la vie vivante, pour moi ? Dans ce qui a du panache, de la gueule, de l'allure - ce projet de voyage en Asie, sans tour operator mais à partir de nos envies (et des bons conseils de notre correspondant). Partir au Cambodge, je n'y aurais jamais pensé sans cette offre d'échange, et c'est ça qui me plaît, le Et pourquoi pas ? 

Dans l'émerveillement, les mondes fantastiques de TeamLab ou de l'Atelier des Lumières (Klimt),  la confrontation à la beauté mais ça ne suffit pas tout à fait, il faudrait créer, ce blog, ou les photos volées, instantanées, ce regard sur le monde. Je n'ai pas de talent particulier cependant, ou aucun qui m'habite assez (si ce n'est celui de créer des liens). Rien d'assez fort sinon pour me soulever au-dessus de moi-même, vivre de poésie et de musique - assez cultivée pour savourer, pas assez douée pour créer.

Dans la poésie, dans la surprise pensée pour l'autre, dans la petite attention ou la grande intention inattendues, ces Choses qui font battre le coeur, comme dans les listes de Sei Shonagon :
"Des moineaux qui nourrissent leurs petits.
Passer devant un endroit où l'on fait jouer de petits enfants.
Se coucher seule dans une chambre délicieusement parfumée d'encens.
Se laver les cheveux, faire sa toilette, et mettre des habits tout embaumés de parfum. Même quand personne ne vous voit, on se sent heureuse, au fond du coeur.
Une nuit où l'on attend quelqu'un. Tout à coup, on est surpris par le bruit de l'averse que le vent jette contre la maison."

Un graffiti dans la rue - L'imprévu c'est la vie.

Dans l'humain - donc souvent, dans mon travail, mais aussi dans une envie de sens qui dépasse ce cadre-là, d'engagement, mais comment ? Deux pistes en ce moment, à suivre, et une question : cet engagement, est-ce que ce serait "plus de la même chose", mettre en service mes compétences, ou au contraire revenir à la simplicité, à l'humilité, donner du temps, de la présence, et puis c'est tout ? Dans ces minuscules instants de grâce où l'autre me bouleverse, qu'il soit proche ou plus lointain. Quand un rayon de soleil, réel ou intérieur, vient se poser sur un visage...

Dans la découverte, l'apprentissage, l'exploration de champs nouveaux - apprendre à gratter quelques accords de ukulele, ces jours-ci. Et le défi des 7 jours de kifs, mais j'avais aussi aimé le challenge des photos du quotidien en noir et blanc, ou des films qui ont marqué nos vies - toutes ces invitations à une modeste créativité, à un partage. Et quand je chante, seule ou avec d'autres, et quand je danse, même si ça n'arrive plus du tout assez souvent.

Dans la chasse aux routines mortifères, aux idées arrêtées, fussent-elles dérisoires, changer de trajet, essayer un autre commerçant, prendre un petit déjeuner salé, décider de remettre des jupes droites et m'en trouver fort bien. Ce qui ronronne trop me tue (excepté le chat :-)).

Ce que suggérait le tirage de tarot proposé par Hugo : la structure, la stabilité retrouvée, oui, mais au service de la vie ! D'un nouveau cycle, d'un agrandissement de l'horizon : laisser l'air circuler.