27 juillet 2018

Lâcher prise

De la nécessité de pouvoir me déprimer. Parce que ça fait sept ans que je lutte pour continuer d'avancer, faire des projets, offrir une belle vie aux enfants « quand même », me relever toujours. Et dix-huit mois qu'avec la maladie d'Elsa, cette lutte est devenue non plus de maintenir de la vie, mais déjà de survivre psychiquement. Je suis épuisée, j'ai besoin de faire le deuil de ce qui ne sera plus, de regarder cette dernière année et de pouvoir dire à quel point c'était intolérable. Arrêter de tout tenir, d'être un bon petit soldat. Arrêter d'être dans le soin, partout, tout le temps, avec tous. Me laisser plus de place, enrayer la machine contre-dépressive. Accepter d'être vulnérable, pouvoir demander à être accueillie, rassurée, bercée.


Maintenant c'est possible - parce qu'Elsa va mieux, parce que je suis plus en sécurité sur tous les plans. Maintenant c'est possible, parce que les enfants ne sont pas là, que je ne travaille qu'a minima ce mois-ci. Souffler. Ralentir. Pleurer quand c'est nécessaire, et rire quand c'est possible. Redécouvrir qu'il peut y avoir une lueur de sérénité dans le chagrin, quand celui-ci est juste. Ne rien faire mais le faire bien, me suggérait mon ami Stéphane.

PS : quelques jours plus tard Léo m'a envoyé cet extrait de livre : "Je ne veux plus de tes mensonges, c'est fini ! Arrête de vouloir être la plus forte partout... tout le temps, je m'en fous, Mom ! Tu m'entends... Je m'en fous. Ce n'est pas pour ça que je t'aime. Je t'aime quand tu ne penses pas comme moi et que tu me le dis. Je t'aime quand tu me dis "Non !". Je t'aime quand tu n'aimes pas toujours ceux que j'aime. Je t'aime quand tu as peur et que tu me l'avoues. Je t'aime quand tu es jalouse. Je t'aime pour rien. Je t'aime pour tout. Je t'aime sans raison. Je t'aime parce que je suis capable de t'aimer."