14 septembre 2018

Richard

Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponibles
A certaines heures pâles de la nuit
Près d'une machine à sous, avec des problèmes d'hommes simplement
Des problèmes de mélancolie
Alors, on boit un verre, en regardant loin derrière la glace du comptoir
Et l'on se dit qu'il est bien tard...

Richard c'est cette chanson de Ferré, c'est aussi ce Bohringer dont je suis amoureuse depuis l'adolescence - depuis C'est beau une ville la nuit, et  dont la langue parle directement à mon coeur :

"Nous ne sommes responsables que de poésie."
"En fait, il était conteur. Il écrivait avec sa voix. Le son des mots. Il était sculpteur de phrases."

Cette voix... ce phrasé, ce rythme... je l'ai entendu ensuite dans une interview parler de sa rencontre avec le jazz, et de ses premiers écrits : "J'avais pas la syntaxe, mais j'avais la syncope". Et la tendresse à fleur de peau, et la séduction vertigineuse des grands fracassés, ceux qui n'ont plus rien à perdre et se débrouillent pour le perdre tout de même. Ce désespoir trop bon prétexte à tous les excès, et cette profondeur du regard, cette générosité invraisemblable qui les rachète en un mot, en un geste.

Hier, sur la scène du théâtre de l'Oeuvre - je l'ai trouvé beau.