18 novembre 2018

Berceuses

Quand la vie me secoue, j'aime me réfugier dans les lieux de création, dans le spectacle vivant, là où une poignée de fous vient se risquer sur scène pour élargir notre horizon, nous faire respirer plus grand, nous rendre un tout petit plus beaux dedans (mais de quelle folie faut-il être atteint pour décider cela - je vais vivre de cela - je serai saltimbanque - ou marin ?)

Mercredi dernier j'étais au Rond-Point pour suivre Gamblin sur les mers du monde avec Thomas Coville ; dès la librairie, le bar du théâtre, j'avais déjà l'impression d'être arrivée dans mon refuge - dans ma maison d'être, celle des mots qui se lisent, se disent, se partagent - un endroit que les soucis du quotidien, les inquiétudes plus ou moins triviales n'effleurent même pas, une bulle momentanément préservée.


Ce fut une heure et quart de bonheur - une correspondance quasi amoureuse, la mer et le dépassement de soi, la danse, la voile, un lien hors normes, une histoire de rencontre où la pudeur, l'humour, la poésie naviguent de concert - un texte et des voix qui portent, une leçon d'amitié et d'écriture.

Samedi nous avons retrouvé Gauthier Fourcade - clown philosophe et maladroit, enchanteur à ses heures, qui nous a emmenés dans les vertiges de l'impossibilité de faire des choix... Une démonstration surréaliste, contre les déterminismes mais en faveur de la magie ordinaire.

Et dimanche, embarquement pour le projet de bateau-atelier de Titouan Lamazou quai Branly - première escale en peinture, mais un bateau réel prendra la mer en 2020, embarquant artistes et scientifiques pour aller à la rencontre de ce monde si beau et si fragile.

Trois rêveurs, qui ont bercé une semaine autrement trop dure, trois échappées belles, trois moments de gratitude.