27 août 2020

Voilà, c'est fini...

Après dix-huit mois de collaboration joyeuse, et en partant pour un très beau projet ailleurs. Mais ça ne va pas sans un petit pincement au coeur, parce que ce n'est pas si fréquent, une institution à taille humaine, une direction de bonne volonté, une équipe de collègues psys multi-référentielle et psychiquement vivante. Souvent dans les équipes, le psy est le seul de son espèce...


Après la violence du départ de la Cité, le silence radio lors de celui de Fournier, partir ici avec un petit mot, un petit cadeau, mais aussi et peut-être sans doute surtout avec ce qui s'est dit lors des échanges informels autour d'un pique-nique ça fait un bien fou, et ça me laisse un brin nostalgique aussi. Il y avait longtemps que je n'avais pas entendu parler de mon implication, de ma générosité, de ma présence soutenante, de mon sourire aussi  - pourquoi attendons-nous toujours que les gens partent pour leur dire ce pour quoi nous les apprécions ? 

Pas si simple non plus, de se séparer des suivis encore en cours. J'en connais certains depuis mon arrivée dans l'association ; j'ai littéralement l'impression de les avoir vus grandir ! Avec d'autres, la rencontre s'est faite au téléphone pendant cette période d'épidémie ; même sans les avoir jamais vus, des liens forts se sont noués avec ces voix sans visages, pour lesquels la permanence a été un filet de sécurité, un fil d'Ariane... Je les ai confiés aux collègues remplaçants comme j'aurais déposé un bébé dans les bras d'un ami : avec beaucoup de douceur et un brin d'émotion. 

Avec eux aussi, ce temps est celui des jolis retours et des remerciements. Je viens de raccrocher d'un appel avec celle qui fut ma première patiente Apaso ; elle a pu me dire ce qu'elle voit du chemin parcouru, remercier pour le respect de son rythme (et Dieu sait que je me suis inspirée du renard du Petit Prince), et me faire part de son souhait de continuer ce chemin auprès des collègues : il n'y a pas de plus belle récompense pour moi, que cette jeune femme si difficile à apprivoiser ait aujourd'hui un peu plus confiance dans la rencontre avec l'autre, et dans la valeur de la parole.