25 octobre 2020

Tous les mercis du monde

Merci à Elsa, d’avoir donné l’alerte juste à temps ; et merci à Amaury, de l'avoir de tout son coeur poussée à demander de l'aide ce soir-là.

Merci à Ronan et Léo, pour leur double appel immédiat aux pompiers, pour leur présence tout au long de la nuit et ensuite et encore

Merci aux jeunes pompiers, d’avoir entendu ce que je disais sur la spécificité de cet empoisonnement, et pour leur humanité

Merci à Dylan, à Evan, et à leurs mamans d’avoir été là dans ces minutes de cauchemar absolu

Merci à David de s’être mis en route depuis l’Auvergne dès l’appel de Léo et de nous avoir accompagnées ensuite d’instant en instant

Merci au médecin des pompiers, arrivé dans un second temps, au sang-froid avec lequel il a pris ses décisions successives

Merci au jeune pompier venu me dire que les cris d’Elsa n’étaient pas dus à de la douleur mais à une crise de panique, au moment où je m’effondrais sur moi-même

Merci à Léo de nous avoir conduits derrière la voiture des pompiers, et de m’avoir arraché un sourire dans la salle d’attente en me disant, Maman, il est 1h16 : bon anniversaire, mon grand cœur…

Merci à l’équipe des pompiers d’être restée sur place avec celle de réa et probablement en ligne avec le centre anti-poisons, plus d’une heure à ce moment-là

Merci au médecin des pompiers de nous avoir adressé un mot avant de partir ensuite, même si à ce moment-là le message était terrifiant, et que j’ai perdu espoir une seconde fois

Merci à Ronan de m’avoir tenu la main pendant ces heures-là, qui ont été les plus sombres que j’ai vécues à ce jour, de m’avoir écoutée me préparer à la laisser partir s’il le fallait

Merci à Christine et Hubert, qui sont les premiers à avoir vu mes messages dans la nuit et à en avoir envoyé jusqu’au matin, pour leur présence et leurs prières

Merci à Marie, merci à la force et au réconfort que j’ai tirés de la prière cette nuit-là, merci pour ce qui ressemble fort à un miracle, merci pour l’amour qui nous a environnées sous tant de formes toutes ces heures et encore maintenant

Merci infiniment au jeune médecin de réa et à l’infirmière, venus après des heures de soins annoncer des choses si dures encore – intubation, coma artificiel, incertitude, mais début d’espoir

Merci infiniment, après l’avoir initialement exclu, de m’avoir laissée entrer en réa alors que la situation était encore instable, dans une salle de soins intensifs pleine de patients et dans cette période de Covid, d’avoir aménagé une intimité, un temps pour que je puisse lui parler pendant qu’elle était dans le coma, encore intubée, branchée et piquée de partout, avant de rentrer à la maison ; et de l’avoir à nouveau autorisé pour David lors de son arrivée une heure après

Merci à la Vie, et merci à Elsa, d’avoir entendu nos prières et notre amour

Merci au jeune médecin d’avoir redonné ensuite les informations que je n’avais pas réussi à assimiler la première fois, et de son honnêteté absolue sur les risques de séquelles dus à l’intoxication et au bref temps de « vrai » coma qui a précédé la mise en coma artificiel

Merci à l’équipe de nous avoir rappelés dès qu’ils ont pris la décision de la sortir du coma artificiel, pour que ses parents soient là à son réveil ; merci à la réa de la garde du matin pour la confirmation des nouvelles rassurantes – ces médecins sont si jeunes, avec de telles responsabilités…

Merci à tous les professionnels du KB, éreintés par la première vague de Covid, debout devant la seconde, et TOUS sans exception, de minuit à 19h le lendemain, dans trois services différents, d’une humanité et d’une douceur sans faille 

Merci à ces premières minutes d’une Elsa consciente, et même souriante, probablement shootée à l’O2 et à des morphiniques très puissants, râlant déjà après la tuyauterie qui l’immobilisait de partout

Merci à Ronan arrivé un peu plus tard avec des croissants et du café dans la salle d’attente, pour ce petit déjeuner partagé aussi avec Léo pour ne pas faillir à la tradition du croissant d’anniversaire. Même là. Surtout là !

Merci à mes Fab’3 de s’être manifestées dès leur réveil, et d’être là depuis

Merci pour le passage trop bref dans une vraie chambre en réa, mais qui nous a permis à toutes les deux de dormir quelques instants

Merci à David d’avoir conduit Léo et Jade à l’aéroport pour qu’ils aient un temps pour parler à un adulte de ce qu’ils avaient vécu cette nuit-là

Merci au psychiatre de liaison de s’être démené pour trouver une place en hospitalisation psy – bien trop vite à mon goût sur l’évaluation des conséquences possibles de l’intoxication, mais les places sont chères en réa par les temps qui courent…

Merci au Dr A. d’avoir rappelé dès qu’il a eu le message, de se préparer à assurer le travail de liaison avec le service d’accueil. Merci à Mme H.L., pour les mêmes raisons. Merci au Dr M., collègue et ami, pour ses messages rassurants, et pour le temps pris le lendemain pour nous aider à bâtir une ligne de conduite intérieure pour les jours qui viennent. Merci au Dr L. de m'avoir proposé un RV pendant ses vacances.

Merci à YoYo pour m’avoir appelée déjà deux fois pour me demander comment j’allais, moi

Merci à l’étrange presque sosie d’Hugo que j’ai croisé dans la rue alors que j’avais dans les bras les fleurs que je devais initialement porter avec Elsa sur sa tombe ce samedi, et qui a dit distinctement une fois arrivé à ma hauteur, Pardon, pardon. Merci au fleuriste qui n’a pas fait la corbeille que j’avais pourtant commandée, mais un bouquet magnifique, que j’’ai choisi de garder. 

Merci à la généraliste inconnue, la mienne étant souffrante, qui m’a écoutée avec tact et intelligence et arrêtée sans discuter et sans conditions, avec beaucoup de bienveillance.

Merci à Ronan d’avoir rangé le capharnaüm de la chambre d’Elsa, auquel je ne me sentais pas la force de toucher, pendant que j’étais chez le médecin,  puis de m’avoir emmenée au cinéma. 

Merci au torrent de larmes salvateur enfin arrivé, mais après la visite dans le relativement sinistre service de psychiatrie adultes samedi soir, avec son cortège de questions, de peurs et de renoncements à prévoir.

Merci à Marion d’être arrivée juste après ça avec sa bouteille de bon Bourgogne, et même les petits gâteaux apéro pour aller avec.

Et certainement encore bien des mercis à venir.