05 juillet 2023

Lars

C'est une rencontre de hasard comme on en fait dans les ports - un homme solitaire sur un magnifique bateau, venu confirmer l'hypothèse de Charles sur les marins qui sont "ces grands tendres partis bouder au fond des mers". Ici un étranger récemment veuf, qui après de graves soucis de santé avait formé avec son épouse un projet de tour du monde - et qui se retrouve seul à bord, avec un chien pour seul compagnon.

De Lars je garde une série de clichés solaires - son arrivée dans le plus simple appareil, sa complicité avec le chien Hans, le repas délicat qu'il nous a préparé, le cappuccino qu'il m'a spontanément offert tôt un matin, livré en annexe s'il vous plaît, un récit de vie au travers des tatouages qui couvrent le haut de ses bras - mais aussi un sentiment de profonde mélancolie.

Du charisme, de l'humour, mais une infinie solitude - des enfants adultes qui vivent au loin, aucun ami intime, une blessure paternelle que l'on devine entre les lignes (I looked in my father's eyes...) - une sincérité touchante aussi, lorsqu'il évoque sa vie à bord - les rencontres de mouillage qui amènent une brève chaleur humaine, une joie éphémère mais le renvoient tôt ou tard à la cabine trop grande et trop vide où le sommeil ne vient pas. Pour le moment il est perdu et l'admet - lost in translation. Au lendemain de cet échange il me dira : Merci d'avoir posé les vraies questions.