09 mai 2023

Personne n'est parfait

Le film s'ouvre sur un patient qui reprend La bombe humaine : "Je veux te parler, de moi, de nous..." - et c'est tellement ça. La frontière est si fragile entre patients et soignants, dans les lieux où l'on prend le temps d'accueillir la parole et l'être de l'autre. Les images et les lumières sont douces, comme les reflets de la Seine qui illuminent ces visages souvent marqués par la solitude et la souffrance. 

Doux aussi, le regard posé par le réalisateur sur ces êtres cabossés, dont il révèle l'humour et la poésie - tantôt involontaires, tantôt surgis au contraire d'une troublante profondeur. C'est ce que dit l'un d'eux - à la question "Vous avez eu un métier ?", il répond d'abord "Non..." - et puis, après un temps : "La poésie... mais ce n'est pas un métier, la poésie..."

25 avril 2023

Bonbons des Vosges


Ça devient viscéral ce besoin de sortir de Paris à intervalles réguliers. Ça me questionne parfois - est-ce qu'il y a un moment où ça va devenir impératif d'aller vivre ailleurs ? Du coup c'était chouette d'avoir la chance de m'évader dans une maison au pied des montagnes, et pendant huit jours, de ne rien faire, à part me balader, bouquiner, cuisiner (des Bredele de Pâques !), visiter de jolis villages, manger une choucroute, et même coudre, en tout cas expérimenter l'usage de la machine. Avec deux grands-mères aussi bavardes que gourmandes et deux chats sympa - un excellent casting donc. Un petit saut chez Clara et Thibaud pour constater les progrès d'Aaron, un autre à Lampertheim - moins de progrès hélas. Du temps et de l'espace... enfin.

21 avril 2023

Haut-le(s)-coeur(s)

"Un ordre social est machinal. Il nous agit. On l'a toujours déjà oublié.

Mais toute machine est machinée. Un ordre social est machiné par quelques hommes pour machiner tous les autres hommes. Et plus il va machinalement, moins il va humainement. Ainsi, des intérêts humains - très humains - produisent des rapports inhumains.

Ce qui se voit uniquement en s'extirpant de la langue générale : depuis un ailleurs, le machinal ressemble souvent à une torture énigmatique.

(...) La norme une fois posée, elle n'est plus questionnée. C'est comme ça qu'on fait. La norme est invisible, même si elle est partout, même si elle est atroce. On ne la voit plus, on la prolonge." 

Sandra Lucbert, Personne ne sort les fusils

Un livre coup de coeur mais aussi coup de poing. Qui relate le procès Orange, mais aussi bien plus largement dénonce la novlangue néolibérale, et la façon dont elle soutient, justifie, invisibilise la violence du monde du travail et la folie destructrice du capitalisme forcené. C'est brillant - et terrifiant. Ce mépris assumé de l'humain, que l'actualité politique, sociale, écologique met en évidence jour après jour - les quelques hommes qui machinent et dirigent ne prenant même plus la peine de faire semblant d'être au service du collectif. 

Personne ne sort les fusils - et pourtant il y aurait de quoi.

15 avril 2023

Illuminations

Dans la sécurité du cercle de femmes, je nomme cette façon que nous avons d'encaisser en permanence, toutes et tous, des micro-chocs (ou pas micro d'ailleurs) qui s'accumulent, s'additionnent, finissent par nous fabriquer une peau apparemment épaisse, un supposé détachement - une armure si poreuse en réalité. Un risque majoré par nos métiers - cette façon de nous effacer devant l'émotion de l'autre, de faire comme s'il n'y avait pas d'impact sur nous-mêmes - ou si peu, juste assez pour lui communiquer une empathie profonde, donc encore à son service.

Je me demande comment ce serait, si je m'autorisais à ressentir pleinement, constamment, ce qui vient me chercher, m'atteint, me bouscule - invivable, probablement, la peau de mon âme (ou de mon ventre ?) est en réalité si fine et sensible...

L'autre apprentissage de cette rencontre, en tout paradoxe, c'est cependant la possibilité de choisir : accueillir l'émotion, la laisser me traverser - acceptation salutaire ; ou pas, et c'est jouissif aussi : je constate que j'ai le choix, que je peux dire non, prendre de la distance, refuser le pathos interne et externe.

A plusieurs reprises l'idée s'impose que ce choix est toujours possible, se laisser abuser ou pas par les apparences, comme si là je pouvais toucher du doigt concrètement le fait que tout cela est un jeu, une projection, une fiction – la vie qui (s')expérimente, rien de plus.

Et puis il y a eu cette jolie de phrase de C. sur son étonnement devant la persévérance de la nature, le bourgeon qui ne se pose pas de questions mais croît et fleurit au printemps, quelques soient les circonstances extérieures... la vie têtue, inébranlable.

09 avril 2023

Les petites lumières

Dans le premier film, on ne parle que d'amour, mais c'est l'anti-comédie romantique : rien n'est souligné, tout est suggéré, dans les silences, dans les regards, dans la sensualité des lumières et des matières... et c'est bouleversant. Un amour pudique, profond, plus entier d'être partagé, parce qu'il n'y a rien d'autre à faire que d'aimer. Ce moment où Mina dit à son homme, tu es l'homme le plus pur, le plus noble que je connaisse, c'est si beau, et si vrai de ces trois personnages généreux et tendres, si délicatement attentifs les uns aux autres - une infinie douceur, tellement rare. Moi qui suis de plus en plus souvent déçue par le cinéma, je suis sortie totalement sous le charme, et restée longtemps émue (j'avais également aimé récemment Empire of light, une autre histoire d'amour fragile et touchante elle aussi).

Dans le second, s'il est question en détail de braquages, de flingues et de peines de prison - c'est tout sauf un film de gangsters. Je verrai toujours vos visages - comme il est dit à la fin, c'est (là aussi), tout ce que notre époque déteste : prendre le temps, tisser des liens, accompagner les hésitations, les ambivalences, accueillir hors de tout jugement. Mettre des mots, chercher à comprendre, et en définitive, à réparer, ou tout au moins permettre à chacun de faire quelques pas dans cette direction. Alors, c'est vrai, il est peut-être un peu trop démonstratif, pédagogique, ce film ; et sans doute les choses ne se passent-elles pas toujours aussi bien. Mais rendre hommage à ce dispositif de la justice restaurative, qui est déjà un miracle en soi dans notre époque pressée et sans nuances, c'est beau aussi.

03 avril 2023

02 avril 2023

Nomades

Pâques avant les Rameaux

31 mars 2023

Du coin de l'oeil

Ce n'est pas tout le temps mais... depuis quelques semaines je me fais surprendre par des pointes d'angoisse, ou des pics de chagrin, sans raison immédiate apparente, même si en cherchant... le contexte politique, écologique et social, l'absence de Chamade, la surdité obstinée du père de mes enfants, la maladie de Marion, les grands-parents qui se fragilisent, et l'absorption quotidienne des affects qui se déversent dans mon bureau - angoisse, colère, deuils - y participent.

La remarque anodine d'une collègue, l'histoire douloureuse d'un étudiant, l'atmosphère des manifs, tout semble appuyer à la fois sur un sentiment de vulnérabilité et de solitude, pourtant pas totalement justifiés, et sur un appel urgent au temps, à l'espace, au besoin de prendre un vrai recul, mais comment ?

Trop longtemps sans quitter la ville, sans rupture d'un rythme intense, sans les petites libertés ou les menus luxes que ce qui était un (cependant très relatif) confort financier permet aujourd'hui de moins en moins ? Mon corps est lourd, ma concentration fluctuante, c'est comme s'il y avait un petit nuage noir que je m'efforçais de maintenir sans cesse en périphérie de mon champ de vision - dont j'ai l'intuition qu'il est la somme des émotions et des besoins petits ou grands que je mets de côté jour après jour - pas le temps, pas la place, et puis ce pli pris d'être toujours en réception, qui fait que je m'étonne, dans les rares moments où je dis quelque chose de moi-même qui ne soit pas de surface.

 Ce matin, une étudiante m'a demandé si mes patients se souciaient parfois de savoir comment j'allais, et si, dans ce cas, je leur répondais sincèrement. C'est une bonne question...

25 mars 2023

Qui êtes-vous ?

"Quand je demande à ceux que je rencontre de me parler d'eux- mêmes, je suis souvent attristée par la pauvreté de ma moisson.

 On me répond: je suis médecin, je suis comptable...j'ajoute doucement: vous me comprenez mal.

Je ne veux pas savoir quel rôle vous est confié cette saison au théâtre mais qui vous êtes, ce qui vous habite, vous réjouit, vous saisit ?

 Beaucoup persistent à ne pas me comprendre, habitués qu'ils sont à ne pas attribuer d'importance à la vie qui bouge doucement en eux. 

On me dit: je suis médecin ou comptable mais rarement: ce matin, quand j'allais pour écarter le rideau, je n'ai plus reconnu ma main...ou encore: je suis redescendu tout à l'heure reprendre dans la poubelle les vieilles pantoufles que j'y avais jetées la veille; je crois que je les aime encore...ou je ne sais quoi de saugrenu, d'insensé, de vrai, de chaud comme un pain chaud que les enfants rapportent en courant du boulanger. 

Qui sait encore que la vie est une petite musique presque imperceptible qui va casser, se lasser, cesser si on ne se penche pas vers elle ?

Les choses que nos contemporains semblent juger importantes déterminent l'exact périmètre de l'insignifiance: les actualités, les prix, les cours de la Bourse, les modes, le bruit de la fureur, les vanités individuelles. 

Je ne veux savoir des êtres que je rencontre ni l'âge, ni le métier, ni la situation familiale; j'ose prétendre que tout cela m'est clair à la seule manière dont ils ont ôté leur manteau.

 Ce que je veux savoir, c'est de quelle façon ils ont survécu au désespoir d'être séparé de l'Un par leur naissance, de quelle façon ils comblent le vide entre les grands rendez- vous de l'enfance, de la vieillesse et de la mort, et comment ils supportent de n'être pas tout sur cette terre. 

Je ne veux pas les entendre parler de cette part convenue de la réalité, toujours la même, le petit monde interlope et mafieux: ce qu'une époque fait miroiter du ciel dans la flaque graisseuse de ses conventions ! 

Je veux savoir ce qu'ils perçoivent de l'immensité qui bruit autour d'eux. 

Et j'ai souvent peur du refus féroce qui règne aujourd'hui, à sortir du périmètre assigné, à honorer l'immensité du monde créé.. 

Mais ce dont j'ai plus peur encore, c'est de ne pas assez aimer, de ne pas assez contaminer de ma passion de vivre ceux que je rencontre".

Christiane Singer

22 mars 2023

Chamade


Elle est arrivée pour les sept ans de Léo, Elsa n'a pas de souvenirs sans elle. Ce qui signifie qu'elle partageait nos vies depuis bientôt dix-sept ans maintenant : les joies, les chagrins, les changements, les déménagements, les secrets et les découvertes. Un petit témoin silencieux qui a épongé bien des peines, reçu bien des confidences... et aussi des milliers de "câlins obligatoires". Le Chat Chou voyait tout, sentait tout, mais avait le bon goût de ne pas commenter, disais-je souvent !

Des yeux verts impeccablement fardés de noir, des oreilles un poil démesurées (mon petit fennec...), des coups de tête affectueux et des quarts d'heure de folie, et puis un roucoulement qui n'appartenait qu'à elle, "un chat qui fait un bruit d'oiseau". Ces derniers temps, c'était une très vieille dame de plus en plus malade, efflanquée et grognon. Ce mercredi, les enfants et moi l'avons accompagnée chez notre gentil vétérinaire pour qu'elle s'endorme pour sa dernière sieste - avec tellement d'amour que lui aussi avait les larmes aux yeux (un amoureux des chats, mais aussi de l'humain, nous a-t-il dit en partant). 

17 mars 2023

Le sens de la famille

Je profite aussi du bonheur d'être avec mes grands, ce temps suspendu, tous les trois à la maison, avant l'envol définitif de Léo - et puis Elsa aussi commence à imaginer son départ possible... alors, comme je l'ai toujours fait, mais avec un petit pincement au cœur supplémentaire, j'essaie de nous forger des souvenirs. Hier, le "concert-au-cinéma" de Ben Mazué-Grand Corps Malade-Gaël Faye, "un concept chelou" comme disait GCM, mais rigolo - on a dansé et applaudi comme si on était à Pleyel... 

Je n'avais pas réalisé à quel point ce thème de la parentalité habite les textes des trois artistes, du coup je me suis laissée cueillir, et puis ce matin j'en ai découvert un autre encore, et c'est tellement ça :

(...) Si jamais j'devais tout perdre, si la roue faisait demi-tour
J'n'aurais besoin que d'leur présence pour que la vie reste facile
Peu importe c'qu'il y a sur la table, c'qui compte c'est qui il y a autour

C'que j'ressens, je veux leur dire, j'crois qu'j'ai l'sens de la famille (...) 

Grand Corps Malade, encore lui.
Peu importe ce qu'il y a sur la table, ce qui compte c'est qui il y a autour...

14 mars 2023

Après l'école


Ce n'est presque rien et c'est beaucoup, ce petit rab' de famille et d'enfance - ce soir, j'ai joué au jeu de l'oie avec les jumeaux pendant que leur père préparait le dîner, et si cette fois nous n'avons pas lu d'histoire (un de mes moments préférés, un gamin de chaque côté sous la couverture, et maintenant, ils lisent un peu à tour de rôle aussi), j'ai aimé les parties de chatouilles et le chahut tous les quatre sur le lit, jusqu'à l'heure des bisous de bonne nuit. Des bonheurs simples, gratuits, inespérés - que je ne pensais pas voir revenir avant d'être peut-être grand-mère un jour... j'adore. J'adore aussi voir leur père, souvent si soucieux, sourire dans ces moments-là, et sentir l'amour qu'il a pour eux. Le lendemain, Naïm m'a solennellement demandé si j'étais là le week-end prochain, parce que, a-t-il dit, "on pourrait aller au ciné tous les quatre" - et de me décliner le programme des films à l'affiche pour les enfants. Bon, Sacrées momies, ça ne me fait pas rêver mais...

12 mars 2023

Bonheur à demeure

Ce devait être un week-end au bord de la mer. Et puis les dépenses à prévoir, la fatigue, la météo plus que maussade nous ont fait renoncer. Au lieu de cela, nous avons bricolé. Enfin... nous avons commencé par une virée Leroy-Merlin, puis Samir a bossé, et moi j'ai fait le grouillot, et barbouillé un peu de peinture par-ci, un peu de vernis par-là. Résultat des courses, on a passé un week-end délicieux - j'adore le regarder travailler, chercher des solutions, être attentif à chaque détail... et je suis tellement contente du résultat ! D'autant plus précieux que c'est le cadeau commun de mes 50 ans, et que dans les couleurs, les éclairages, les matières, il y a donc un petit peu de l'amour de chacun, et beaucoup du savoir-faire de mon artisan préféré... comme dans toute la maison.

10 mars 2023

J'avance à l'autre...

(Que c'est beau...)

Etre ensemble, écouter les moments de vie que mes proches me racontent, recevoir leurs conseils, c'est mon carburant. J'avance à l'autre, et lorsque nous nous quittons, je garde dans mon coeur toute la richesse de nos échanges.

Isabelle Maurer, Je ne baisserai plus les yeux

08 mars 2023

Warrior Girl

Ce n'est pas que ce soit une bonne nouvelle, loin de là. Et j'espère que ce ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir. Mais j'avoue : annoncer un cancer via une pochette-surprise "cancer reveal" - (clin d’œil aux gender reveal parties) pour les amies proches avec tablette de chocolat et flacon de CBD de secours, c'est fort. Très, fort. Fallait bien ça, pour encaisser la nouvelle ; mais qui y aurait pensé, sinon elle ?
#mescopinesdéchirent

07 mars 2023

Sans illusions


...mais quand même...

03 mars 2023

Une fleur parmi les fleurs

Quelquefois c'est un alignement d'étoiles - Marion m'avait parlé de ce fleuriste adorable, reconverti après une autre vie professionnelle, Sandrine avait soufflé l'idée de la rencontre-immersion avant le début d'une formation, et j'ai franchi la porte de la ravissante boutique d'Hervé comme un petit coup de poker, pour voir.

Résultat au-delà de toute espérance : s'il ne prend pas d'alternants, oui, il accueille pour quelques jours des aspirants fleuristes, et d'ailleurs, plus largement, coache des gens en reconversion. Et... c'est la gentillesse même, attentionné, sensible au beau et à l'humain, éco-responsable, bien implanté dans un quartier charmant. J'y ai accompagné Elsa, ça a matché tout de suite, et ce soir je l'ai vue revenir radieuse et enthousiaste, avec ses premiers bouquets - et déjà décidée à le faire changer d'avis sur l'alternance. Sa joie communicative ce soir... rien n'aurait pu me faire plus plaisir.

01 mars 2023

Dans la cour des grands

Un jour vous avez un bébé blond et joufflu et puis... le jour d'après il intègre un Ministère et se fait courtiser par des cabinets de conseil d'envergure internationale, naviguant dans des sphères dont vous n'avez aucune idée. Mais c'est toujours le même Léo, confiant, aimant et drôle, et je suis tellement heureuse pour lui de toutes ces portes qui s'ouvrent - ou plutôt qu'il a ouvertes, à force de sérieux et d'engagement.

J'espère que son idéalisme ne se brisera pas sur les grèves du monde économique et politique, et qu'il pourra y mettre son tout petit grain de sable, ou de sel. Et qu'il se laissera cependant le temps de vivre, de voyager, et d'aimer.

18 février 2023

Un samedi soir sur la Terre

On pourrait se dire que c'est un samedi ordinaire - quelques patients, un déjeuner de copines, faire des courses, une lessive, finir un film sur Netflix, récupérer un bouquin à la librairie et tomber dedans : pas de grandes dépenses, pas de sortie culturelle, pas de dîner en ville, pas de fête jusqu'au bout de la nuit - juste la maison pour moi seule.

Et pourtant l'émotion à fleur de peau, touchée dix fois dans cette journée - par le désespoir de telle patiente à la séparation de ses parents. Par la confiance de  tel autre qui se laisse entraîner dans un état hypnotique profond à la rencontre d'un traumatisme oublié.

Par l'authenticité des échanges avec mon amie - la vie, la mort, l'amour, pas de small talk entre nous. Par le discours de Julianne Moore dans le bouleversant Still Alice, sur la maladie d'Alzheimer : qui sommes-nous encore lorsque nous perdons la mémoire ? Par le magnifique L'année de la pensée magique, journal de deuil de Joan Didion (le bouquin de la librairie).

Par les associations d'idées qui m'ont fait plonger, via la musique (ce bonheur d'être seule pour écouter à plein volume et chanter), d'abord dans mes années chorale de gospel, en commençant par This little light of mine puis The storm is passing over et Song in my soul. 
Puis ramenée vers d'autres temps  - c'est fou la puissance d'évocation de la musique, comme celle des parfums - Illumina, Days like this, Calma y tranquilidad, Rude, Alegria, juste les premières mesures suffisent à me connecter à des états, à des visages, à l'atmosphère de ces journées-là - ce soir je réalise à quel point je suis comme une éponge gorgée d'émotions, de blessures à peine cicatrisées, mais je me sens pleinement vivante.