05 octobre 2025

Retrouvailles


L'année prochaine, ça fera 20 ans qu'on se retrouve une fois par an, et qu'on se raconte nos vies, qu'on marche dans nos pas - joies, drames, étapes de vie, petits et grands soucis, projets et rêves. Et des projets, ils n'en manquent pas ! Le dernier en date, Joëlle part faire un trek sur l'Annapurna pour ses 70 ans, voilà, faut pas (toujours) avoir peur de prendre de l'âge, Laurence est un courant d'air, nouvelle vie amoureuse, ateliers de massage, festivals de musique, projets d'habitat partagé, Eric se réinvente en AESH (après chef d'entreprise, faut le faire), je ne sais pas encore ce que fera Isa mais je suis sûre que cela va nous donner des idées, à Céline et à moi.

Cette année j'étais ravie de les accueillir à la maison, de partager des choses très simples - faire le marché, une balade au parc, une après-midi jeux au Pot Commun, un tour au MacVal - pas besoin d'aller loin ou de faire de grandes dépenses, juste être ensemble, ça suffit.

15 septembre 2025

Que des liens (2)

Ce qui a rendu ces moments néanmoins chaleureux, c'est qu'au-delà des silences passés et présents de ceux qui nous précèdent, Cyril, Clara et moi avons un vrai lien. Qui continue d'évoluer et de s'approfondir dans ces conditions pourtant difficiles, et je trouve, pour le meilleur, avec beaucoup d'intelligence et de simplicité. 

C'était un vrai plaisir de passer du temps avec Clara sur ces trois jours, de retrouver Cyril même si nous nous sommes croisés, et de constater que dans des circonstances habituellement génératrices de tensions, nous sommes tous les trois présents - chacun avec ses forces et son contexte propre, et dans le respect des possibilités de chacun.

Nous sommes très différents mais nous avons ceci de commun je crois, une vraie attention à l'autre, une forme d'intelligence relationnelle - et une vraie gentillesse. C'est précieux. J'aime beaucoup le lien des adultes que nous sommes devenus.

Que des liens

Nous n'emporterons rien que l'amour que nous aurons donné, je crois que c'est Bobin qui écrit ça quelque part...

Faire le tour de l'appartement de Papa et Gene ce week-end, avant qu'il ne soit vidé, rénové et loué pour financer leurs places en maison de retraite, c'est une méditation sur l'absurdité de l'accumulation matérielle. Il restera si peu de choses - parce que nous avons nous aussi déjà créé nos maisons à notre image, parce que les objets s'usent, se démodent ou se dévaluent, parce que les goûts diffèrent, parce qu'il est éventuellement plus satisfaisant de donner que de brader. Dans quoi ça tient, une vie ? Quels objets familiers nous parlent de ceux qui ne sont plus là ? En l'occurrence, de ceux qui sont encore là sans plus y être vraiment - ce qui rend tout ceci encore plus étrangement mélancolique je crois.

Les objets autrefois soigneusement choisis, et parfois payés cher s'avèrent globalement impropres à la revente ; et finalement, les plus émouvants n'ont pas ou peu de valeur marchande - des photos, des écrits, quelques secrets - là où il reste un peu de l'être finalement. 

C'est touchant et tellement triste à la fois - car l'un comme l'autre auront été si peu à même de partager ce qui les animait en profondeur. Je ne suis pas sûre de connaître la ravissante jeune femme de ces photos baignées de soleil et de sensualité (mais je sais qu'elle peignait de magnifiques aquarelles et jouait de l'orgue), ni l'homme qui a rédigé ces textes ésotériques ou engagés pour ceux qu'il désignait comme son autre famille (mais je salue sa culture encyclopédique, son goût pour les livres et l'opéra, et son infatigable pugnacité).

Leurs longues solitudes nous privent aussi de la possibilité de ces témoins, là où il y a eu tellement de silences : 

C'est pas toi qui me fais pleurer c'est ceux et celles qui t'ont aimé
Qui me dévoilent des épisodes parfois aux antipodes
De la personne que j'ai connue, du toi que j'ai entraperçu
Qui me partagent des histoires auxquelles j'aimerais tellement croire...
(Zaz, Que des liens)

Qu'avons-nous manqué, qui ne nous sera jamais conté par d'autres voix ?

Au passage la question m'a traversée aussi - et si je disparaissais demain, que trouverait-t-on de moi qui n'appartenait qu'à mes jardins secrets ? 

De Papa j'ai gardé un lourd cendrier de cristal que j'ai toujours vu posé sur son bureau - et autrefois chez mes grands-parents. Quelques "planches" rédigées par lui. Et puis il y a une vraie joie à ce que Cyril et Clara aient accepté que je ramène ses appareils photo à Elsa - justement parce que là il s'agit bien d'une transmission - ce qui n'aura été donné ni par le lien ni par les mots de son grand-père passe ici par l'accès à un matériel que je n'aurais jamais pu lui offrir. J'ai découvert aussi des photos des parents de mes grands-parents, incroyable !

De Gene j'ai gardé - avec l'accord de Clara - un joli manteau aussi chaud qu'enveloppant et une étole - l'élégance, la discrétion, les belles matières, et les "couleurs Gene" comme disait mon père, soit toutes celles de l'automne. Deux objets qui l'évoquent avec beaucoup de douceur.

Des bijoux de notre grand-mère commune, j'hésite encore à garder une bague - peut-être. Pour qu'il reste quelque chose, j'ai presque envie d'écrire, pour qu'il ne reste "pas rien", et tant pis pour sa valeur marchande, ou une éventuelle transformation de bijou - c'est telle quelle qu'elle me la rappelle le mieux.

Non, nous n'emportons pas grand-chose, et je ne suis pas fâchée que mes récents déménagements m'aient d'ores et déjà obligée à tellement m'alléger. Est-ce que ça me donnera la sagesse d'y réfléchir à deux fois avant le tout prochain achat - oui, peut-être un peu plus qu'hier en effet. 

14 septembre 2025

Deuil blanc

C'est ce deuil sans clôture qui est celui des proches toujours en vie mais plus ou moins absents à eux-mêmes, plus ou moins revenus à un état d'enfance.

Ce deuil dont je me protège en restant tellement à distance, quand bien même je suis en visite.

Ces moments suspendus où les mots n'existent plus, où je cherche dans ton regard la possibilité d'être reconnue - peut-être, peut-être pas, comment savoir avec certitude ? Ce sourire fugitif, m'est-il destiné, est-il seulement destiné à quelqu'un ? Derrière ce regard si souvent absent, quelle conscience demeure-t-elle, et si elle demeure, comment peut-elle tolérer cet environnement ?

Cet homme qui fut brillant, cultivé, séduisant, ce petit garçon joufflu, ce père imprévisible et distant, où sont-ils maintenant ? C'est si étrange cette fragilité physique, le fait que tu acceptes mon bras pour te relever et faire quelques pas hésitants, et si déchirant ces mots qui s'éteignent avant même d'avoir franchi tes lèvres.

Ce que tu as aimé, ce qui t'a ému, ce qui t'a fait vibrer, ces trésors perdus dont tu ne nous as pas parlé, comment affronter le fait que nous n'y aurons jamais accès, alors même que tu es encore là ? Et, au-delà de ces précieuses singularités - finalement transitoires, sait-on où se réfugie l'âme dans ces lieux ? 

Oh, bien sûr, les lieux en question sont clairs, modernes et propres, et les aides-soignantes ont l'air très gentilles, mais, mais... dans ce monde de zombies immobiles ou perdus dans la répétition infinie du même geste, ou de mots vides de sens, comment ne pas te souhaiter le moins de conscience possible, une vie de nouveau-né dont la sécurité est assurée et dont les besoins essentiels sont satisfaits ? Une vie de nouveau-né, mais la tendresse en moins... 

Mieux vaut que tu ne penses pas. Mieux vaut ne pas y penser. 

25 août 2025

Echappée

21 août 2025

Humaniste


 La tendresse de Doisneau, en balade au Musée Maillol avec Elsa...

15 août 2025

Famille


Des vacances à nouveau sous le signe de l'eau donc, mais aussi de la famille - Guillaume et Delphine à Annecy, Cyril, Lika et la toute petite Chloé en Suisse. C'est précieux, de prendre le temps de se voir en dehors des évènements ritualisés, de partager un peu de quotidien, et aussi de se souvenir ensemble - de ceux qui ne sont plus là ou qui ne sont plus tout à fait eux-mêmes, de confronter nos mémoires, de compléter parfois les puzzles des non-dits familiaux. C'est très simple et doux la vie avec Cyril et Lika - deux vrais gentils, attentifs à l'autre - et si nous vivons dans des sphères totalement différentes, avec des opinions parfois très divergentes, cela ne gêne en rien la rencontre, au contraire, cela l'enrichit.

Et c'est joli aussi de voir ce sur quoi nous nous rejoignons - l'empathie, la volonté d'apprendre, de comprendre et d'avancer, et... la musique de l'émotion, de la chanson française à texte aux grandes voix noires américaines. Nous avons partagé un joli moment à revoir les photos de leur magnifique mariage, il y a deux ans, et à évoquer le soin si perceptible avec lequel ils ont préparé ce moment de partage avec tous leurs proches, et qui dit beaucoup d'eux-mêmes - la volonté de faire naître de la joie plutôt que d'éblouir, d'accueillir, de créer des souvenirs communs - Cyril dira quelque chose de semblable autour de sa passions pour les bons vins - moins pour le prestige de l'étiquette que pour le plaisir partagé.

J'ai téléchargé du coup nombre de très belles photos du mariage que je n'avais pas eu l'occasion de voir, mais ici j'ai envie de partager celle-ci - qui dit je crois quelque chose d'un lien que nous sommes heureux de faire vivre au-delà de la distance géographique.

08 août 2025

Swan twins

Je les ai vus grandir pendant trois ans, nous avons partagé des rires, des jeux, des câlins, des lectures, des vacances... et puis ces jours-ci ils partent pour un an vivre au Maroc avec leur maman. Pour un an, du moins théoriquement, mais reviendront-ils vraiment, et quand ils reviendront, est-ce que moi je serai encore là ? Même si nous nous sommes moins vus cette année, ça me fait de la peine je crois. Ils sont finalement passés me dire au revoir à la maison - ça me tenait vraiment à coeur, j'ai tellement aimé ce rab' inespéré de vie de famille, la joie et la tendresse partagées.

Pendant que j'étais à Annecy j'ai fait la rencontre de ce cygne et de ses deux petits - deux boules grises duveteuses qui dérivaient, endormis sur le Thiou, je n'ai pas pu m'empêcher d'envoyer la photo à Samir, à quelques kilomètres de là.

07 août 2025

Créature aquatique


L'eau qui accueille, nettoie, régénère - difficile pour moi d'imaginer des vacances sans ces baptêmes répétés, ces immersions complètes dans l'eau transparente... Je ne jurais que par la puissance de la mer, mais l'eau des lacs finalement c'est merveilleux aussi. Une eau fraîche sans être froide, sans marées, sans méduses ou crabes, joueuse, qu'on la survole, qu'on y navigue ou qu'on y plonge. Après une année chaotique, le pari de l'eau a finalement été gagnant - aucune anxiété, aucun chagrin ne résistent longtemps à la liberté absolue que je ressens au moment où je disparais sous la surface, dans le bleu et la fraîcheur, nageant à grandes brasses pour sentir mon corps vivant, fluide et puissant à la fois. A cette sensation d'en ressortir comme neuve, lavée de tout et si légère...

Et comment ne pas tomber amoureuse de toutes les nuances de bleu-vert de ce lac... c'est Bo qui m'a fait réaliser ceci : ce qu'il y a de magique et de puissamment réparateur dans le fait de pouvoir physiquement me fondre dans ma couleur préférée : un rituel secret, sacré offert par l'élément eau, si simple et miraculeux à la fois.

04 août 2025

Tu es qui ?

Extrait de la voix off de Johanne dans Rêves : « Tu avais conscience de mon désir et tu as eu du mal à résister. Tout le monde rêve de ça, non ? D’être désiré. Tu es qui, si personne te désire ? Personne. Tu n’es personne… Maman galère sur des applis où chacun ne pense qu’à soi et à satisfaire ses pulsions. Elle rencontre des hommes. Mais quand elle rentre, je vois bien qu’elle ne s’est pas sentie irremplaçable. Mamie, elle, n’essaie même plus. Elle cherche une consolation dans l’écriture. Elle aura beau s’oublier dans la poésie, les mots ne viendront jamais l’enlacer, comme elle dit. Elle ne rêve plus d’être irremplaçable pour quelqu’un. Son seul désir est de ressentir encore une fois de la chaleur humaine. Celle d’un corps. Je crois qu’elle y pense tout le temps. Moi aussi, je rêve de ça. »

D'être désiré.e ce n'est pas si compliqué (enfin à ce jour), mais si on remplace par, qui es-tu si personne ne t'aime, ça peut vite devenir vertigineux...

"C'est pas la peine de faire semblant
Tu sais on n'est pas des géants (...)" 
Comme le chantent les Brigitte.

Bref, ce soir-là je me suis laissée couler... mais le lendemain je me suis retrouvée :

02 août 2025

Go, lightly...