04 août 2025

Tu es qui ?

Extrait de la voix off de Johanne dans Rêves : « Tu avais conscience de mon désir et tu as eu du mal à résister. Tout le monde rêve de ça, non ? D’être désiré. Tu es qui, si personne te désire ? Personne. Tu n’es personne… Maman galère sur des applis où chacun ne pense qu’à soi et à satisfaire ses pulsions. Elle rencontre des hommes. Mais quand elle rentre, je vois bien qu’elle ne s’est pas sentie irremplaçable. Mamie, elle, n’essaie même plus. Elle cherche une consolation dans l’écriture. Elle aura beau s’oublier dans la poésie, les mots ne viendront jamais l’enlacer, comme elle dit. Elle ne rêve plus d’être irremplaçable pour quelqu’un. Son seul désir est de ressentir encore une fois de la chaleur humaine. Celle d’un corps. Je crois qu’elle y pense tout le temps. Moi aussi, je rêve de ça. »

D'être désiré.e ce n'est pas si compliqué (enfin à ce jour), mais si on remplace par, qui es-tu si personne ne t'aime, ça peut vite devenir vertigineux...

"C'est pas la peine de faire semblant
Tu sais on n'est pas des géants (...)" 
Comme le chantent les Brigitte.

Bref, ce soir-là je me suis laissée couler... mais le lendemain je me suis retrouvée :

02 août 2025

Go, lightly...

30 juillet 2025

Gracias a la vida

Je ne suis pas heureuse tout le temps. Personne ne l'est, ni ne peut l'être. Mais je le suis régulièrement. Et c'est déjà beaucoup.

(Une conversation au bord de la mer)

Gratitude à la vie donc, car ceci ne va pas sans une chance considérable. Et gratitude à moi-même, pour m'en donner les moyens aussi souvent que possible. A travers des choses très simples, pour la plupart non monnayables : les rencontres et les liens, les livres, la poésie de l'ordinaire, le chant, l'eau.

17 juillet 2025

Accalmie

Quelques jours sans écriture ? Oui. Je savoure. Un emploi du temps un peu moins débordant. La joie de savoir Elsa heureuse à la campagne. Des déjeuners, dîners, apéros, sorties tranquilles, des jours longs et ensoleillés. Du calme enfin, un petit frémissement de l'élan de vie, de la joie. Rien de spécial, la vie, avec un petit peu moins de bordel. 

01 juillet 2025

Pistes

Et puis quelques jours plus tard, il y a eu cet échange sur ce que serait la fonction paternelle, qui serait de soutenir l'élan singulier qui va permettre à l'enfant de créer son propre chemin, de se détacher des déterminismes de ses origines, parce que porté dans ce regard.

Et je me suis fait cette réflexion : à relire la Care Box, je crois que mes épuisements récurrents viennent aussi du fait ce que cet élan, je le soutiens seule depuis toujours - je le relance, ça flanche, j'y retourne, le perds à nouveau, recommence... je ne sais pas encore où, mais je sens que ça fait écho cette histoire, écho à la petite fille maladroite avec ses deux mains gauches, ses lunettes à cache et ses pieds en dedans, écho à ces rêves récurrents où toujours quelque chose m'empêche d'arriver, de terminer, d'être à l'heure, écho au contraste insaisissable autrement entre mon élan de vie, cette grande force joyeuse comme disait mon ami Charles, et ces plongeons - pas dans le noir non, mais dans l'épuisement oui, la guerrière est fatiguée, elle aimerait être vue, prise par la main. 

27 juin 2025

Les mains dans la terre, chapitre 2

Derrière la découverte de cette activité si nouvelle pour moi (ce qui est déjà en soi une grande joie), il y a une invitation, une belle rencontre, et une histoire. Celle de parents de jeunes adultes différentes qui construisent un lien de soutien, d'écoute, et pourquoi pas à terme, de créativité commune à destination d'autres parents comme eux. Il y a des gens qui nous ont prises sous leur aile - c'est comme ça parfois, la vie met des anges gardiens sur notre chemin. Ghislaine nous a fait rencontrer Bo et Ruby, Bo m'a invitée à venir mettre les mains dans la terre, et elle a également pris le temps d'établir un contact avec un photographe pour Elsa, qui va pouvoir l'accompagner pendant les jours de cet été où elle sera accueillie... par Ghislaine.

Pourquoi ? Parce que. Pour aucune autre raison que leur générosité. Parce qu'il y a des mains tendues, des cœurs ouverts, et parce que nous partageons cette conviction profonde que le don appelle le don, que l'énergie doit circuler, et faire naître des liens et des projets. Il y a là quelque chose de profondément émouvant pour moi, une infinie gratitude pour ces relais inespérés à un moment où je sentais ma propre énergie s'épuiser, et moi-même disparaître dans cet épuisement. Comme si au bout du découragement et de l'impuissance, quand on ne peut plus pour soi ou pour l'autre, quelque chose ou quelqu'un apparaissait... Leloup écrit ça quelque part je crois, la façon dont le fond de l'impasse annonce une transformation, un cycle nouveau.

Et aussi, je me suis confrontée à nouveau à ma maladresse acquise - acquise enfant dans le regard des autres, installée ensuite faute d'une pratique créative manuelle régulière. J'ai deux mains gauches, et pas du tout cette intelligence manuelle que j'admire sans réserve chez les personnes qui l'ont. Ce qui lève les questions suivantes : est-ce que ça aurait été différent si j'avais été accompagnée sur ce chemin enfant ? Est-ce que j'ai envie de persévérer, de vérifier si l'apprentissage d'une technique quelle qu'elle soit pouvait venir démentir cette vieille croyance ? Je dis si souvent que je peux être infiniment patiente avec les êtres, mais pas du tout avec les choses... 

Mais peut-être, oui - il y a comme une envie qui se fait jour d'essayer à nouveau de faire quelque chose de mes mains.

21 juin 2025

Les mains dans la terre, chapitre 1

Ou pourquoi la céramique peut être thérapeutique : ce fut une semaine de repos, de répit aussi : couper avec le travail, l'environnement quotidien, ça devenait vital, essentiel. Et le lien avec la nature, la joie de créer, et le beau, des nourritures qui sont  essentielles pour tous – et pas seulement pour les neurodivergents ! Arrêter TOUT.

Zéro charge mentale, même pas les repas ou le ménage : être prise en charge plutôt que de prendre en charge, être nourrie – sur différents plans – plutôt que de nourrir : enfin une  possibilité de se reposer, voire de régresser. 

Régresser : d'autant que les mains dans la terre appellent aussi l'enfant en soi (et plus le parent anxieux et hyper-responsable) : patouiller, barboter, faire des pâtés, le retour au sens du toucher, explorer un monde nouveau avec ses mains. Débrancher le cerveau gauche : organisation, hiérarchisation, analyse – et retrouver le cerveau droit : émotions, créativité, état de flow. Sentir : j'ai pris beaucoup de plaisir à enfoncer mes bras jusqu'aux coudes dans le bac de barbotine !

8 participants, 4 langues, ce qui a contribué plus encore à ce que le cerveau change de mode et de monde, j'ai adoré ça aussi.

Le groupe fait enveloppe, contient, porte, peut permettre alternativement de partager des préoccupations communes ou de parler de choses plus légères, plus individuelles – je pense par exemple au moment où j'ai parlé de mes essais en tango et en lindy hop avec Vilja : c'est un temps pour se retrouver SOI (en ce qui me concerne, retrouver mon goût pour expérimenter souvent des choses nouvelles pour le plaisir, sans aucune attente de résultats). 

Pareil pour la visite à Nancy, puis à Metz le lendemain, j'ai retrouvé ce plaisir de la découverte culturelle, qui a réveillé mon envie de voyager seule à nouveau. Bref, ces choses qui me définissent autrement que comme mère aidante d'une jeune femme handicapée. 

Les modalités d'animation de Bo  aussi sont très porteuses, comme on dit d'un mur qu'il est porteur ; cet équilibre entre un cadre clair et contenant : horaires, règles de fonctionnement, explications techniques, et en même temps une totale liberté d'expérimentation, mais en sécurité, c'est très Montessori !

Tous ces points auront bien apaisé mon système nerveux sur-stimulé et hyper-vigilant depuis des mois, m'auront permis de revenir dans ma fenêtre de tolérance et de la ré-élargir.

La concentration et le silence dans les différentes étapes peuvent aussi rappeler les bienfaits de la méditation – la meilleure définition qu'on m'ait donnée de la médiation c'est « faire une seule chose à la fois ». On pourrait comparer avec les états d'hypnose légère aussi, qui sont en eux-mêmes régénérants pour notre cerveau – le mouvement circulaire du tour s'y prête très bien.

Ce qui me semble profondément thérapeutique aussi, c'est la joie : commencer à voir un peu de progrès dans la pratique, chercher des idées pour l'émaillage, les échanges rieurs à table ou à d'autres moments, et surtout celle devant les réalisations finales : il y a quelque chose de jubilatoire après la dernière cuisson, aussi maladroits que soient les essais ! Et puis, partir avec quelque chose de concret dans la main. La trace d'un moment, et la fierté d'avoir fait quelque chose, de soi, pour soi. 

11 juin 2025

Chanter rend heureux


C'est la devise de Clairie, et là-dessus elle a bâti un projet génial - 10 chorales cette année (ce soir-là on en a réuni quatre), 16 ou davantage l'année prochaine. Bon en vrai je ne suis pas soliste, on s'est divisé certains couplets phrase par phrase, mais c'était un vrai kif ! Et même si je n'en suis pas à ma première chorale, c'est toujours aussi puissant de se retrouver portée par le son au milieu du chœur. Je re-signe des deux mains pour l'année prochaine, d'autant que le projet est porté par mon cher Pot Commun - et que notre petit groupe est super sympa, c'est très beau aussi la façon dont ça tisse des liens de voisinage inattendus et précieux, permet d'ébaucher de nouvelles amitiés.

10 juin 2025

Créer des liens

08 juin 2025

Comment il sait tout cela, lui ?

Elle pense à tout, tout le temps.

Elle pense à tout, comme si le monde dépendait d’elle, comme si le quotidien des autres reposait sur ses épaules. Elle se dit que si elle lâchait, ne serait-ce qu’un instant, tout s’effondrerait. Alors elle ne lâche rien, jamais.

Elle tient, elle soutient, elle retient.

Elle s’occupe des rendez-vous, des devoirs, des courses, des Post-its sur le frigo. Elle pense à ce qu’il faut faire, mais aussi à ce qu’il ne faut pas faire, pas dire - pour ne pas déranger, pour rester cette femme qui assure, qui pense à tout, et qu’on oublie de remercier justement parce qu’elle le fait trop bien (...).

Elle pense à cette colère qu’elle maquille en bonne humeur pour ne pas contrarier.

Elle pense à tout ce qu’elle ne dit pas, à tout ce qu’elle ne demande pas, à tout ce qu’elle attend en retour – qu’on remarque, qu’on prenne le relais, qu’on la devance peut-être, qu’on la libère enfin d’avoir toujours à penser pour tout le monde sauf elle.

Mais elle ne dit rien, parce que dire, ce serait se plaindre, ce serait expliquer, ce serait affronter ce regard-là : celui qui ne comprend pas pourquoi elle est épuisée alors qu’elle n’a « rien fait de spécial ».

Et pourtant, elle fait. Elle fait sans qu’on voie. Elle pense sans qu’on sache. La nuit, quand le monde dort, elle le porte en serrant les dents…

Il lui arrive d'imaginer ce que ce serait de ne plus rien penser, de s'asseoir sans lister dans sa tête, de ne plus faire l'horloge, la boussole affective, le moteur humain qui tourne pour les autres jusqu'à dérailler.

Et malgré tout elle continue. Elle continue parce qu'elle aime, parce qu'on compte sur elle, parce qu'elle est devenue cette femme qu'on admire pour sa force, sans voir combien cette force est faite de milliers de pièces fragiles.

Elle pense à tout, tout le temps. Et elle aimerait juste qu'on pense à elle avec la même tendresse, le même dévouement. 

Elle espère qu'on la voie pour ce qu'elle est, et pas pour ce qu'elle fait. Elle espère qu'on la tienne. Qu'on la soutienne. Qu'on la retienne. Qu'on lui tire la chaise et qu'on lui dose :"Repose-toi. Je suis là."

Valentin Auwercz, alias ptitcrayon

Tu ne vas quand même pas sortir comme ça ?

Ou, meilleur thème de soirée pour que chacun exprime sa forme de dinguerie préférée... 
ce qui nous a fait à tous un bien fou je crois.