"...elle racontera ses souvenirs traumatiques avec plein de détails parfois violents pour celui qui l'écoute car, et c'est là une marque du trauma, le récit traumatique "traumatise" en retour celui qui l'écoute, à un moindre degré certes, l'effet ne peut être comparé, mais la marque traumatique existe sur l'autre dans la rencontre thérapeutique - c'est ce qui marque que la rencontre a eu lieu (...).
Qu'est-ce qui fait partie de la transmission intergénérationnelle et qu'est-ce qui n'en fait pas partie ? Quelles sont les conditions qui font qu'un événement ne sera pas transmis, ou du moins ne sera pas transmis comme un événement traumatique impensable et destructurant ? Il faut ici discuter la nature du trauma individuel ou collectif, la capacité de celui qui le vit de le subjectiver, de lui donner un sens, de lui faire servir d'humus aux racines de l'arbre de vie sans les enserrer dans une gangue mortifère."
Marie-Rose Moro, Enfants d'ici venus d'ailleurs