...l'écriture s'en va ailleurs. Lettres, journal, écrits cliniques, mémoire en préparation... Quelquefois je lève la tête, attrape au vol un instant - une marche sur la plage à la nuit tombante, à fredonner Aznavour, un thé invisible improvisé dans une voiture, un stage en maternité longtemps attendu, une matinée tous les quatre à la ludothèque, la cascade des Buttes-Chaumont, une après-midi d'entretiens dont je sors épuisée mais heureuse, un nouveau-né endormi, Les chansons d'amour, film funambule... la vie est là, mais je suis ailleurs !
Et puis la vie, elle ne passe pas comme tu imagines. Elle va son chemin. Et toi le tien. Et ce n’est pas le même chemin. Alors... ce n’est pas que je voulais être heureuse, non. Je voulais... me sauver de tout ça, voilà : me sauver. Mais j’ai compris tard de quel côté il fallait aller. On croit que c’est autre chose qui sauve les gens : le devoir, l’honnêteté, être bon, être juste. Non. Ce sont les désirs qui sauvent. Ils sont la seule chose vraie. Si tu marches avec eux, tu seras sauvée. Mais je l’ai compris trop tard.
Si tu laisses le temps à la vie, elle tourne d’une drôle de manière, inexorable : et tu t’aperçois que là où tu en es maintenant, tu ne peux pas désirer quelque chose sans te faire du mal. C’est là que tout se complique, il n’y a aucun moyen de s’échapper, plus tu t’agites, plus le filet s’emmêle, plus tu te rebelles et plus tu te blesses. On ne s’en sort plus. Quand il était trop tard, c’est là que j’ai commencé à désirer. De toute la force que j’avais. Je me suis fait tant de mal, tu ne peux même pas imaginer.
Et puis la vie, elle ne passe pas comme tu imagines. Elle va son chemin. Et toi le tien. Et ce n’est pas le même chemin. Alors... ce n’est pas que je voulais être heureuse, non. Je voulais... me sauver de tout ça, voilà : me sauver. Mais j’ai compris tard de quel côté il fallait aller. On croit que c’est autre chose qui sauve les gens : le devoir, l’honnêteté, être bon, être juste. Non. Ce sont les désirs qui sauvent. Ils sont la seule chose vraie. Si tu marches avec eux, tu seras sauvée. Mais je l’ai compris trop tard.
Si tu laisses le temps à la vie, elle tourne d’une drôle de manière, inexorable : et tu t’aperçois que là où tu en es maintenant, tu ne peux pas désirer quelque chose sans te faire du mal. C’est là que tout se complique, il n’y a aucun moyen de s’échapper, plus tu t’agites, plus le filet s’emmêle, plus tu te rebelles et plus tu te blesses. On ne s’en sort plus. Quand il était trop tard, c’est là que j’ai commencé à désirer. De toute la force que j’avais. Je me suis fait tant de mal, tu ne peux même pas imaginer.
Alessandro Baricco