Elle a dix-huit ans, elle est rieuse, elle vient avec une amie - et quand je lui annonce, oui, vous êtes enceinte - l'amie ne peut se retenir - elle est enceinte elle-même, de quatre mois, et dit - si j'avais su, je ne l'aurais pas gardé.
Elle revient, seule, quelques jours plus tard - elle souhaite garder sa grossesse, elle s'apprivoise, elle raconte, la mère enceinte au même âge, l'éducation par sa grand-mère là-bas en Guyane, la grand-mère enceinte très jeune aussi... Nous évoquons le transgénérationnel, mais aussi le travail à prévoir de dégagement des projections de l'une et de l'autre - ton histoire, ce n'est pas mon histoire. L'absence des hommes, son propre père, toxicomane, décédé aujourd'hui. Elle raconte, l'arrivée en France à dix ans auprès d'une mère-enfant qu'elle ne connaît pas, les beaux-pères qui défilent, la cohabitation à quatre dans un studio avec son frère adolescent, la solitude, le sentiment d'être adulte trop vite, trop tôt.
Elle raconte, le petit copain guyanais - considéré par la communauté comme un bon-à-rien "comme mon père", venu en France pour elle mais hébergé en province, une autre famille en pièces détachées, l'immaturité, la violence qui affleure, sa sensibilité aussi. Sa joie de devenir père, l'élan redonné d'une assise professionnelle, l'envie qu'il a de prendre soin d'elle - mais aussi - l'influence du groupe, le côté vélléitaire, l'absence de figure paternelle.
Elle raconte, une histoire déjà longue - quatre ans à cet âge c'est l'éternité, les rapports épisodiques, jamais de contraception, et la peur installée d'une stérilité puisque, chance ou hasard, il n'y avait jamais eu de grossesse jusque-là.
Doucement, nous tissons des liens, inscrivant cet enfant qu'elle a choisi de faire naître dans une histoire, au croisement de deux lignées - ni meilleures ni vraiment pires que d'autres - c'est elle-même qui observe les répétitions, interroge avec douceur ce que son amoureux a vécu, nuance son propos... Autour de cet embryon encore imperceptible, pour elle à peine pensable - et dont elle découvre avec émotion que la date probable de naissance coïncide avec son propre anniversaire (se mettre au monde ?) - j'ai le sentiment que nous ébauchons un nid de paroles et d'émotions... A la proposition de revenir continuer ce travail, poursuivre le chemin, elle répond : oui.
Elle revient, seule, quelques jours plus tard - elle souhaite garder sa grossesse, elle s'apprivoise, elle raconte, la mère enceinte au même âge, l'éducation par sa grand-mère là-bas en Guyane, la grand-mère enceinte très jeune aussi... Nous évoquons le transgénérationnel, mais aussi le travail à prévoir de dégagement des projections de l'une et de l'autre - ton histoire, ce n'est pas mon histoire. L'absence des hommes, son propre père, toxicomane, décédé aujourd'hui. Elle raconte, l'arrivée en France à dix ans auprès d'une mère-enfant qu'elle ne connaît pas, les beaux-pères qui défilent, la cohabitation à quatre dans un studio avec son frère adolescent, la solitude, le sentiment d'être adulte trop vite, trop tôt.
Elle raconte, le petit copain guyanais - considéré par la communauté comme un bon-à-rien "comme mon père", venu en France pour elle mais hébergé en province, une autre famille en pièces détachées, l'immaturité, la violence qui affleure, sa sensibilité aussi. Sa joie de devenir père, l'élan redonné d'une assise professionnelle, l'envie qu'il a de prendre soin d'elle - mais aussi - l'influence du groupe, le côté vélléitaire, l'absence de figure paternelle.
Elle raconte, une histoire déjà longue - quatre ans à cet âge c'est l'éternité, les rapports épisodiques, jamais de contraception, et la peur installée d'une stérilité puisque, chance ou hasard, il n'y avait jamais eu de grossesse jusque-là.
Doucement, nous tissons des liens, inscrivant cet enfant qu'elle a choisi de faire naître dans une histoire, au croisement de deux lignées - ni meilleures ni vraiment pires que d'autres - c'est elle-même qui observe les répétitions, interroge avec douceur ce que son amoureux a vécu, nuance son propos... Autour de cet embryon encore imperceptible, pour elle à peine pensable - et dont elle découvre avec émotion que la date probable de naissance coïncide avec son propre anniversaire (se mettre au monde ?) - j'ai le sentiment que nous ébauchons un nid de paroles et d'émotions... A la proposition de revenir continuer ce travail, poursuivre le chemin, elle répond : oui.