De mon collège de ZEP, je suis partie hier - dernier jour - dans la joie.
Parce qu'un gamin très dur et inquiétant (et qui le reste), pour lequel je me suis battue afin d'éviter une exclusion qui, à deux mois du brevet, aurait probablement entraîné une déscolarisation définitive, est parti la larme à l'oeil, en remerciant son professeur principal pour cette année (et avait, la veille, protégé un plus jeune d'une agression - or, c'est une histoire de ce genre qui lui avait valu la menace d'exclusion).
Parce que si une petite fille (genre Pimousse : petit mais costaud - en réalité ingérable) que j'attendais n'est pas venue, son professeur a pris l'initiative de venir me voir pour me dire, depuis que vous la suivez, Faïza fait des efforts visibles et des progrès en classe, assez pour que je l'aie mentionné sur son bulletin, et s'ouvre petit à petit. Mais après les vacances ? Nous verrons bien.
Parce qu'une jeune fille reçue la semaine dernière, prostrée et le regard fuyant, suite à une agression il y a un mois, est revenue me voir radieuse. Un entretien, peu de chose : replacer ce qui lui est arrivé dans un espace pensable - oui, c'est compréhensible d'être anxieuse, triste, etc., oui, la violence ici fait effraction, aussi parce qu'elle est insensée, imprévisible - dans un contexte familial (l'agression mineure qu'elle a subie ayant fait écho à une autre concernant ses frères, et qui fut autrement plus inquiétante) - dans son corps - la possibilité de se redresser, de respirer.
Pour moi c'est aussi à cela que sert cet espace - qui n'est pas un lieu de thérapie, mais aussi la possibilité d'une rencontre unique qui dédramatise, humanise.
Parce qu'une autre, à qui je demandais, lors de cette dernière rencontre, comment elle voyait ce petit bout de chemin que nous avons fait ensemble, m'a répondu : "C'était trop court". Point de vue que je partage - reste à souhaiter que ce travail puisse se poursuivre l'année à venir... Un petit bloc de colère celle-là aussi, mais une intelligence fine et un humour grinçant mais juste, qui fait partie de ses vraies ressources...
Ce n'est pas magique. Je ne me sens pas Zorro. Je suis bien consciente du poids du contexte social, familial, de ces enfants-là, du caractère transitoire, éminemment fragile, de ces petites victoires. Et qu'elles ne sont possibles que grâce à un travail de réseau avec l'infirmière, les CPE, la principale adjointe qui a porté ce projet atypique - une psychologue entre les murs, qui ne vient évaluer ni sanctionner, mais offrir un espace de parole avant tout à l'enfant. Un espace cadeau pour moi aussi - sur mesure, absolument dans l'esprit de ce que je souhaite faire de mon métier aujourd'hui.
Parce qu'un gamin très dur et inquiétant (et qui le reste), pour lequel je me suis battue afin d'éviter une exclusion qui, à deux mois du brevet, aurait probablement entraîné une déscolarisation définitive, est parti la larme à l'oeil, en remerciant son professeur principal pour cette année (et avait, la veille, protégé un plus jeune d'une agression - or, c'est une histoire de ce genre qui lui avait valu la menace d'exclusion).
Parce que si une petite fille (genre Pimousse : petit mais costaud - en réalité ingérable) que j'attendais n'est pas venue, son professeur a pris l'initiative de venir me voir pour me dire, depuis que vous la suivez, Faïza fait des efforts visibles et des progrès en classe, assez pour que je l'aie mentionné sur son bulletin, et s'ouvre petit à petit. Mais après les vacances ? Nous verrons bien.
Parce qu'une jeune fille reçue la semaine dernière, prostrée et le regard fuyant, suite à une agression il y a un mois, est revenue me voir radieuse. Un entretien, peu de chose : replacer ce qui lui est arrivé dans un espace pensable - oui, c'est compréhensible d'être anxieuse, triste, etc., oui, la violence ici fait effraction, aussi parce qu'elle est insensée, imprévisible - dans un contexte familial (l'agression mineure qu'elle a subie ayant fait écho à une autre concernant ses frères, et qui fut autrement plus inquiétante) - dans son corps - la possibilité de se redresser, de respirer.
Pour moi c'est aussi à cela que sert cet espace - qui n'est pas un lieu de thérapie, mais aussi la possibilité d'une rencontre unique qui dédramatise, humanise.
Parce qu'une autre, à qui je demandais, lors de cette dernière rencontre, comment elle voyait ce petit bout de chemin que nous avons fait ensemble, m'a répondu : "C'était trop court". Point de vue que je partage - reste à souhaiter que ce travail puisse se poursuivre l'année à venir... Un petit bloc de colère celle-là aussi, mais une intelligence fine et un humour grinçant mais juste, qui fait partie de ses vraies ressources...
Ce n'est pas magique. Je ne me sens pas Zorro. Je suis bien consciente du poids du contexte social, familial, de ces enfants-là, du caractère transitoire, éminemment fragile, de ces petites victoires. Et qu'elles ne sont possibles que grâce à un travail de réseau avec l'infirmière, les CPE, la principale adjointe qui a porté ce projet atypique - une psychologue entre les murs, qui ne vient évaluer ni sanctionner, mais offrir un espace de parole avant tout à l'enfant. Un espace cadeau pour moi aussi - sur mesure, absolument dans l'esprit de ce que je souhaite faire de mon métier aujourd'hui.