26 février 2010

Coup de coeur

Dans deux registres différents, des mots portés par la même voix tendre et déchirée :

Des mains de femme dans ma mémoire
Traces de souvenirs fragiles
Viennent caresser d'illusoires
Moments de bonheur tactile
Des mains de femme dans mon enfance
Qui me consolent et qui me guident
Et comblent de mon existence
Le vide

Des mains qui touchent à l'essentiel
Des mains qui parlent en silence
Et qui par les mots qu'elles épellent
Effleurent la magnificence
Des mains de femme

J'ai tant aimé les mains des femmes
Sur mes maux s'est posé le baume
D'une empreinte ou d'un jeu de paume
De mains de femme

Des mains qui travaillent le jour
Des mains qui caressent la nuit
Des mains usées dont les doigts gourds
N'auront jamais été vernis
Des mains qui s'insinuent, galantes
Et déboutonnent la pudeur
Et d'autres qui, chastes, se gantent
De la plus douce des candeurs
Comme des ceps des mains noueuses
Par trop d'automnes fatiguées
Des mains tremblantes et veineuses
Que les saisons ont inspirées
Des mains de femme...

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Quitte-moi, quittons-nous juste un peu trop longtemps
Pour que nous ressentions le bonheur d'être triste
Loin des yeux, loin du corps, pour que l'envie résiste
Que je te dise "Viens" et pour que tu me rêves
De l'aube qui se couche à la nuit qui se lève
Quitte-moi, quittons-nous juste un peu trop longtemps
Il faut que tu me manques, il faut que tu m'espères
Inconfortablement, sans l'ombre d'un repère
Il faut que le ressac de la vie nous chavire
Nous perde corps et biens, brise notre navire
Quitte-moi, quittons-nous juste un peu trop longtemps
Il faut qu'au téléphone, incertain, je bafouille
Que je tue le facteur quand il revient bredouille
Que je me broie les reins à vider aux ordures
La poubelle remplie d'habitudes trop mûres
Quitte-moi, quittons-nous juste un peu trop longtemps
Juste un peu trop
Quitte-moi, quittons-nous juste un peu trop longtemps
Pour que je foute au feu mes plus mauvais poèmes
Que j'aille au magasin des nouveaux stratagèmes
Pour que demain s'avance et qu'aujourd'hui s'arrête
Fais croire que tu vas chercher des... cigarettes

Yves Jamait