19 octobre 2010

Prévention

Je me rends bien compte, pour animer des séances de prévention collective ET recevoir ensuite les individus suite à des prises de risques, du décalage irréductible entre les messages de prévention, les savoirs plus ou moins approximatifs, le discours, et les actes.

Mais je suis désolée de constater que la plupart des recherches font l'impasse sur ce que nous savons pourtant que nous sommes : des êtres divisés entre des désirs contradictoires, entre corps et pensée. Des singularités irréductibles à quelque savoir extérieur que ce soit...

Le postulat reste immanquablement celui d'un individu rationnel, cohérent, observable, réduit à ses comportements ou à son "identité" supposée : migrant, gay, jeune... et qu'il s'agirait donc d'éduquer (quand ce n'est pas de ré-éduquer).

La position intermédiaire : "N'essayons pas de convaincre, contentons-nous de faire réfléchir", représente déjà une avancée appréciable. Mais encore insuffisante, je crois.

Aussi ai-je été ravie de découvrir le rapport de recherche remis à l'ANRS par un dénommé Lisandre, qui lui énonce les théorèmes suivants : ce que l'on fait n'est pas ce que l'on dit // celui qu'on écoute est celui qu'on aime // ce que l'on dit n'est pas ce qui est entendu // celui à qui l'on parle n'est pas celui dont on parle // celui qui passe à l'acte est celui qui ne parle pas, la meilleure arme préventive est donc la parole.

De quoi refonder entièrement le travail en prévention, n'est-il pas ? Seul hic : ce rapport a été remis en 1994. Décidément, le sujet divisé divise...