17 août 2011

Navigateurs

Je ne crois pas aux vies antérieures. Mais je ne vois pas d'autre explication à ce que je ressens dès que je pose le pied sur un bateau (bon, je n'ai jamais affronté de mer très agitée, non plus), ou même, à la simple visite de la Cité de la Voile la semaine passée. C'est antérieur à ce voyage fondateur vers la Corse il y a deux ans, même si la conjonction parfaite entre la liberté du voilier et la vérité du désir qui m'avait fait m'embarquer a fait de cette croisière un bonheur indélébile. C'est antérieur à la balade vers Houat ou Hoëdic il y a quelques années avec le père d'une amie - mais la sensation était déjà là. C'est antérieur encore à mes toutes premières expériences d'enfant, en Optimist, 420 puis catamaran, au petit dériveur de mes oncle et tante. C'est une mémoire mystérieuse, une affinité incontestable, qui se rapproche et se conjugue avec celle que j'ai pour les îles.

Quand on sait qu' ça existe / Quand on connaît l'bonheur / Tout le reste semble triste /Tout le reste fait peur / Quand on a plongé là / Qu'on s'est pris la fraîcheur / En pleine gueule, à pleins bras / On n'veut plus être ailleurs / Quand on connaît le ciel / Vu d'en bas, vu d' la mer / Quand on s' poudre au gros sel /Sous le fouet du grand air / Quand on sait comme c'est bon / D'se nettoyer l'esprit / En plein vent, sur le pont / D'un flottant paradis... (Lynda Lemay)

Dans les couloirs de la Cité de la Voile, j'ai rêvé longtemps devant les témoignages des grands navigateurs, ces fous de vagues et de vent, d'une liberté à peine imaginable pour nous autres petits terriens terrestres... suis revenue le coeur comme élargi - simplement pour avoir barré quelques minutes, le temps d'une brève sortie dans la rade de Lorient.