25 décembre 2014

Un point à l'envers, un point à l'endroit

Un point à l'envers, les angoisses d'Elsa, qui ne trouve pas vraiment sa place dans tout ce nouvel environnement et part à l'école la boule au ventre - et manque, souvent.

Un point à l'endroit, le laser game suggéré par Léo avec nos amis - treize grands enfants hilares dans un labyrinthe obscur, et le goûter qui s'en est suivi.

Un point à l'envers, la suspicion de souffle au coeur pour Elsa - mais finalement qualifiée de non organique et donc bénigne par la cardiologue.

Un point à l'endroit, les bons résultats des enfants, félicitations pour l'une et compliments pour l'autre.

Un point à l'envers, les ondes de choc du 20 novembre qui n'en finissent plus de me submerger, augmentées de la défaillance simultanée et radicale de mon Hibou.

Un point à l'endroit, les honoraires enfin versés à la veille de Noël.

Un point à l'envers, les inquiétudes matérielles croissantes, revenus qui diminuent, charges qui augmentent, l'absence de protection à court et à long terme.

Un point à l'endroit, cette veillée de Noël aimante et paisible en famille, notre famille, étonnamment fluide, jusque dans l'intégration de notre charmante vieille-dame-voisine, que je ne voulais pas laisser seule ce soir-là.

Un point à l'envers, pour le déluge de larmes la veille en retournant des tiroirs à la recherche d'une nappe...

Un point à l'endroit aussi pour le repas entièrement fait de mes blanches mains, moi qui ne suis pourtant pas une pro des fourneaux !

Un point à l'envers pour les blessures d'enfance à ciel ouvert, les peines et les solitudes qui se font écho, les nuits sans sommeil.

Un point à l'endroit pour la ressource trouvée dans la beauté au musée Jacquemart-André, une jolie idée de ma maman pour ce 25 décembre sans les enfants.

Un point à l'endroit pour une rencontre à peine esquissée, un point à l'envers parce qu'elle s'est aussitôt évanouie, me laissant à l'infinie vulnérabilité de ces jours-ci.

Un point à l'endroit pour les retrouvailles avec Novecento - découvert avec David, lu à haute voix à Léo, vu en film avec Elsa - ici porté par la voix d'André Dussolier au Théâtre du Rond-Point. Pour ce temps partagé tous les quatre, dans une émotion complice.

Un point à l'envers, parce que je les vois faire si peu de choses juste avec leur père...

Un point à l'endroit pour la G.O LuLu, qui les aura aussi emmenés voir Les Héritiers, et la Fondation Vuitton, et faire du patin à glace sous la verrière illuminée du Grand Palais.

Un point à l'envers, comme mon coeur en les suivant, seule, sur la glace. Ou comme ce point d'interrogation récurrent - cette énergie de vie, où est-ce que je la trouve, et qu'est-ce qu'elle me coûte ?

Un point à l'envers, la crise d'angoisse aiguë qui m'a arrêtée sur une aire d'autoroute en emmenant les enfants à Montlevon - l'accélérateur qui renâclait, et la panique et les sanglots venus d'un coup - trop de responsabilités, de solitude, d'impuissance.

Un point à l'endroit, l'amour qui circule là-bas, débordant et pudique à la fois, les photos de l'autre femme qui disparaissent, un repas du soir comme un repas de fête, coquilles Saint-Jacques et Chardonnay.

Un point à l'envers, la conscience aiguë de l'extrême fragilité de l'état de santé de Bizzou, de la dégradation progressive de celui de Maman - et l'impuissance, là aussi.

Un point à l'endroit, les bonnes nouvelles des très proches - amours qui se (re)construisent, nouveau job, enfants qui vont bien...

Et 2015, ce sera comment ?

A suivre...