Bien sûr, c'est un film intéressant, à la construction originale - un kaléidoscope très humain de souvenirs, fantasmes, rêves, flashes-back, points de vue multiples et diffractés, en écho au métier de l'héroïne, photographe de guerre. Bien sûr, ce sont tous d'excellents acteurs, à commencer par l'adolescent dont le nom n'apparaît pourtant pas sur l'affiche aux côtés de ses aînés. Mais ce n'est pas cela qui m'a le plus touchée... peut-être plutôt cette démonstration du décalage irréductible des points de vue - l'ado qui inquiète le père a finalement des préoccupations de son âge et de la créativité à revendre, la mère, la femme des souvenirs de l'un n'est pas celle de la mémoire de l'autre - et de quel droit imposer une version plutôt que l'autre ? Et la solitude qui en découle, cette impression de n'appartenir nulle part, d'être toujours dans l'attente d'un ailleurs, ici ou là-bas... et la tendresse cependant, maladroite et profonde... il y a quelque chose qui me parle, là, qui ressemble fort à ma propre intranquillité.