01 février 2017

Déchargée

Pleurer pour un oui, pour un non. Parce que je crois avoir perdu mes clés. Parce que le ballon d'eau chaude est vide. Parce que je ne trouve plus mon agenda. Parce qu'il faut ressortir acheter du lait, du pain, du liquide vaisselle. Parce qu'il faut renvoyer un formulaire, rédiger un mail, écouter un énième patient, et que je ne m'en sens pas la force. 

Pour rien aussi, ou plus exactement pour rien d'observable, vague d'anxiété ou de chagrin qui monte, enfle et déferle, s'apaise ensuite. Parce que je n'arrive plus à me contenir, déborde sur ceux que j'aime, tristesse, colère, plainte - et que cette impossibilité de me contrôler ajoute encore à mon désarroi.

Mais aussi parce qu'une patiente me confie quelque chose de bouleversant, parce que le vendeur de crêpes est gentil ou parce que le SDF assis dans le froid me tord le coeur.

Parce que je tiens trop de choses toute seule, depuis trop de temps - et que je me sens quand même précaire, fragile, vulnérable malgré toute l'énergie investie sur tous les plans. Parce que je suis épuisée, sévèrement anémiée, et qu'il est difficile de déterminer ce qui appartient au physiologique et ce qui appartient au psychologique - mais ce qui est certain, c'est que les deux systèmes sont à bout, batteries à plat.

Peut-être c'est une bonne chose - la Wonder-Warrior-G.0 LuLu au tapis. Peut-être que comme le téléphone, il faut d'abord laisser la batterie se décharger complètement, demander de l'aide, me laisser porter, avant de pouvoir reprendre la route. Me dé-charger. C'est ça.